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LE TEMPS D'UN RP

La Belle et l'Inconnu [Nash]

Ismerie
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Ismerie
Sam 16 Sep - 9:55
Le contexte du RP
Mise en situation

La situation
Ivy Howard, fille unique du duc de Norfolk, est une jeune femme très obéissante et consciente de ses responsabilités. Bien qu'elle n’apprécie guère l'idée de se marier à un inconnu, elle n'en dit rien à sa famille et obtient de son père le droit de correspondre avec le mari qu'on lui a choisi, afin de mieux le connaître et ainsi apaiser son anxiété le jour du mariage. Ce qu'elle ignore cependant, c'est qu'un autre homme s'est emparé malgré lui de ses missives suite à la mort de l'homme à qui les lettres devaient revenir. Pourra-t-elle le démasquer lors de son séjour auprès d'elle ? Rien n'est moins sûr, car il se pourrait que l'inconnu, par son apparence proche de celle de son ex-fiancé, arrive également à entourlouper la famille de la jeune femme. Quelles sont ses intentions envers elle ? Des intentions loin d'être nobles bien malheureusement pour elle... à moins que cela puisse changer ?

Contexte provenant de cette recherche



Ivy
Howard

J'ai 22 ans et je vis au Château d'Arundel, dans le Sussex de l'Ouest, en Angleterre. Dans la vie, je suis héritière et femme à mariée et je m'en sors bien, je suppose. Sinon, grâce à ma chance/malchance ?, je suis fiancée à un inconnu et je ne sais pas quoi en penser.

Informations supplémentaires ici.
Elle avait toujours obéi à sa famille, elle n'avait jamais élevé la voix contre eux, elle ne s'était jamais montrée ingrate, et elle ne les avait jamais désespérés non plus. Enfant déjà, elle n'avait jamais été une habituée des caprices, et la gamine bien élevée et choyée qui n'avait jamais manqué de rien avait imprimé dans son esprit la chance qu'elle avait d'être la fille d'un noble au cœur d'un pays si grandiose. Pourquoi se plaindre alors, au risque de devenir ingrate ? Non, Ivy ne souhaitait pas être ce genre de progéniture, et elle mettait tout en œuvre pour faire la fierté de ses parents. Alors, lorsqu'ils lui annoncèrent qu'ils lui avaient choisi un fiancé, et qu'il lui fallait l'épouser dans quelques mois, elle ne dit rien, du moins rien de désagréable, elle ne posa qu'une seule et unique question : «Pourrais-je entrer en contact avec lui ? » C'était là l'unique façon pour elle d'apaiser l'anxiété de l'inconnu, et de se rassurer au moins quant à la personnalité de son prétendant. Au moins, ce n'était pas un vieil homme, lui avait assuré sa mère, mais elle ne possédait aucune information essentielle sur lui, et elle souhaitait rectifier cela par le biais d'une correspondance. Son père accepta qu'elle lui écrive, et alors elle s'était attelé à la tâche, un après-midi dans sa chambre. Elle avait noirci le papier quelques heures avant que le soleil ne se couche.

« Cher Lord,
J'ignore ce qui vous a poussé à accepter une union avec ma personne, j'imagine en toute franchise qu'il doit s'agir d'abord d'une motivation pécuniaire, et je n'en suis nullement insultée, car mes parents m'ont sans doute fiancée à vous dans le but de me mettre sous la protection d'un homme possédant toutes les qualités requises pour hériter de notre fortune familiale. Tout est une question de transaction, de mon côté comme du vôtre, mais j'aimerais, si vous le souhaitez, y ajouter d'autres notions. Des notions moins froides, plus humaines. Si nous ne pouvons tomber amoureux, alors je souhaiterais au moins que nous puissions développer une amitié profonde, et être respectueux l'un de l'autre. Pour tout vous dire, j'angoisse à l'idée de me marier à un inconnu, et quand bien même je fais confiance à mes parents dans le choix de mon prétendant, entretenir une correspondance avec vous me permettrait d'apaiser mes peurs quant à notre future union, et peut-être cela vous permettra-t-il à votre tour de consolider votre envie de nous unir avec moi, ou au contraire vous donner la possibilité de briser votre promesse, si cela est votre souhait.
Dans l'attente d'une réponse de votre part,
Lady Ivy Howard. »


Elle avait ensuite bien mal dormi, lisant et relisant sa lettre afin de vérifier qu'elle n'avait pas fait de faute d'orthographe, qu'elle avait su articuler sa pensée avec clarté pour ne laisser aucune ambiguïté. Au final, elle s'était endormie bien tard, encore peu certaine d'expédier sa lettre le lendemain. Mais elle tendit finalement l'enveloppe qu'elle avait cacheté à son père, qui lui faisait suffisamment confiance pour ne pas épier les mots qu'elle avait couchés seule sur le papier. Il confia la lettre à son majordome personnel, lui faisant confiance pour s'assurer que la missive puisse rejoindre rapidement l'homme à qui elle était destinée. Et Ivy avait croisé les doigts, pour que ses mots ne heurtent pas cet inconnu, car il est vrai qu'elle avait été plutôt franche quant à la nature de leur union, et que son fiancé soit suffisamment curieux à son sujet pour lui offrir une réponse positive. Car elle n'osait imaginer l'horreur que serait le fait de réaliser que son père l'avait lié à un homme dont il n'était pas certain des qualités. Ivy savait que ses parents la chérissaient, et elle espérait qu'ils l'aimaient suffisamment pour s'être assuré que leur fille, à défaut de faire un mariage d'amour, trouverait en son mari un compagnon de vie comme cela avait été le cas de ses parents il y a plus de vingt ans de cela.
Nash
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Nash
Sam 30 Sep - 19:28

Elijah Wilde
J'ai 27 ans et je vis dans un taudis, en Angleterre. Dans la vie, je suis simple Sergent et je m'en sors au mieux. Sinon, grâce à ma vie passée sur les tranchées, je suis célibataire et je le vis plutôt normal, essayant de faire le deuil de ces enfants que je n'aurai jamais.
Il était là, débout, regardant un homme mort parmi tant d'autres. Cependant, plusieurs choses frappaient de plein fouet le Sergent. Tout d'abord, le cadavre appartenait à un Capitaine, un Officier. Mais le plus troublant restait sans nul doute la ressemblance évidente entre les deux individus... Les corps jonchaient sur le sol mais celui du Capitaine ressortait davantage que les autres, même dans la mort, sa prestance, son charisme et son leadership le rendaient "vivant". Comme si, sans pouvoir parler, il ordonnait aux vivants de le regarder, de le contempler une dernière fois dans ce qui semble être sa dernière demeure... Mais, une idée folle, saugrenue, abominable même, germa au fond du Sergent Wilde... Et si... ? Pourrait-il ? Non. Il pourrait mourir pour cela ! Mais... Au fond, qu'a-t-il à perdre ? Une vie qu'il passe en attendant la prochaine ? Ce n'est pas une vie... C'est une attente. L'attente de la mort, qui viendra un jour, certainement tôt, le voir, lui. Et l'emportera. Mais au fond, peut-être est-ce cela, sa seconde vie. Oui, cela doit être cela. Il n'a rien à perdre, ni famille, ni amis, ni fortune. Aujourd'hui... Le Sergent Wilde est mort, longue vie à... Bonne question. Qui est-ce ? 

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Cela fait deux jours qu'il dupe le monde entier, y compris sa propre personne. Il commet des impairs dans les lois de savoir-vivre, il a un parlé fort étrange ces derniers temps, il est... Tout simplement plus le même ! En deux journées, l'ancien Sergent Wilde a cru mourir au moins 7 fois. Pour cause, usurpation d'identité ! Lui, un simple fils de sauvage qui prend la place du fils d'un Duc. Le monde ne tourne plus rond ! C'est la mort qui l'attend, à n'en pas douter ! Pourtant, lord Cavendish a aussi changé en bien, pour ses hommes. Il se montre plus brave sur le champ de bataille. Plus féroce, animé par la rage de vaincre et de vivre. Le fils du Duc est devenu un Homme, un Vrai. Car à n'en pas douter qu'il y a quelques jours, il n'aurait nullement hésité à utiliser ses hommes comme bouclier face aux tirs ennemis. Ha ! Quel lâche ! Comment le Sergent Wilde, réputé pour sa bravoure et certes, son impulsivité, a-t-il pu ressembler à s'y méprendre à un homme aussi pathétique que Lord Phillip Cavendish ? Est-ce pour cet homme méprisable que Elijah Wilde est mort ? Quelle importance ! Il va redorer son blason ! Le blason de cet homme qui n'est pas lui mais celui qu'il a choisi de devenir au détriment du concerné. Il apprendra de ses erreurs, de ses échecs. Et il saura. Être celui qui n'a jamais été mais celui qu'il sera. Bientôt... Fort heureusement pour lui, il sait lire et écrire. Sa tante était baronne, elle lui a permis d'entrer dans une école réservée aux garçons de noble (bien que lui, du fait de son statut, n'a réussi à rentrer que grâce à l'argent de sa tante) et d'apprendre les rudiments qu'un noble devrait maîtriser à n'en pas douter. 

Eli~ Phillip soupire, la nuit se fait sentir. Puis, une personne arrive en criant "Le courrier est arrivé ! Lord Cavendish, une lettre vous est adressée". "Fort bien, déposez-la sur le lit". Fit-il tandis qu'il lisait un livre. Cela l'étonne d'ailleurs. Une lettre... Il est au front depuis ses 18 ans mais à aucun moment, il n'avait reçu de nouvelles de sa famille... Voyant que le jeune homme était toujours là, devant lui, Phillip soupire "Rompez Soldat Jack". Ce dernier le regarde étonné, de savoir que lui, futur Duc, sait comment il se nomme. Et oui, il connait leur nom. Peut-être pas à tous mais à une majorité. Certes, il a appris les noms de chaque homme pour une raison : pallier à cette réputation que le Phillip originel lui a légué ! Apparemment, Cavendish serait, selon les rumeurs, un homme méprisable et imbu de sa personne... Rhaaa ! De tous les crétins dont Wilde aurait pu ressembler, il a fallu que cela soit lui ?! Wilde aussi, a eu des échos sur lui. Et franchement, ils ne sont pas fameux !  

Finalement, il décoche le sceau qu'il y a sur cette lettre, il l'admet, il ne sait pas à qui il appartient. Heuu. QUOI !? COMMENT CELA UNE "UNION" !? Ha ! Ouf, ce n'est pas par amour. Il aurait eu du mal à jouer les fiancés transits. Huuum... En soi, si cela lui apporte une situation financière plus importante encore que maintenant, il ne va pas refuser. Sa tante lui avait dit d'ailleurs, de chasser les dotes. Mais étant donné qu'il était dans les rangs de l'armée, il n'en avait guère eu le temps... Mais maintenant, il n'est pas -enfin bon, il ne l'a jamais été- chasseur de dotes ! Il est devenu noble mais également un homme pour qui les parents ont choisi un bon parti. Cela le navre de ne pouvoir choisir une femme qu'il aimera pour de vrai mais... Il suppose qu'il ne peut tout avoir ! Il y a quelques jours, il n'avait rien. Aujourd'hui, il possède un rang d'officier, il est fils du Duc, héritier de ce titre, et il a une fiancée. Il a de quoi être un homme comblé ! Ce n'est pas une femme qui va ternir son bonheur. Il n'accomplira que son rôle, faire un héritier, voire deux, et ensuite, elle sera libre de vaquer à ses occupations. Quelles qu'elles soient. Qu'elle fasse des bâtards si cela lui chante, il n'en aura cure. Tant qu'il garde sa position, que son secret ne se révèle pas au grand jour, il coulera des jours paisibles... Où il coulera pour une femme.

"Chère mademoiselle Howard, 
Ceci n'est pas une lettre d'amour, ni une lettre d'affection. Vous m'excuserez la brutalité de mes mots, qui je vous assure, ne désirent en aucun cas être la raison de vos futurs maux, mais... Si je vous écrivais en cet instant que je vous aimais et que c'était pourquoi notre mariage inéluctable aurait lieu, il s'agirait là d'un mensonge qui ferait affront à notre relation naissante. Et ni vous, ni moi, ne méritons pareille insulte. J'éprouve à votre égard, un respect solennel. Je ne peux vous promettre le bonheur à mes côtés, moi qui ne suis qu'un choix commun entre nos deux parents... Mais je peux vous promettre d'essayer. Je m'excuse... Je ne sais comment parler à la gente féminine, moi qui n'aie adressé des mots tendres qu'à ma chère mère... J'ai passé ma vie au front, je n'ai de paroles et de conversation que celles d'homme à homme. Et il serait bien effronté de ma part d'écrire savoir quelle position est votre... Je comprends votre inquiétude... Pour tout avouer, j'éprouve la même à votre égard. Sans offense ! Cependant je dois bien admettre qu'une alliance entre nos deux familles est une chose officielle, concrète. C'est une responsabilité que nous portons tous les deux pour l'honneur de nos familles respectives qui un jour, deviendra la même. 

Je sais ma plume frêle. Je n'ai plus l'habitude d'écrire des lettres. Excusez-moi pour mes tâches d'encre et mes ratures. Je pourrai recommencer cette lettre et vous en rendre une parfaite. Mais vous qui voulez voir l'humain en moi, de part cette lettre à la plume défaillante, j'espère vous montrer la sincérité qui est mienne lorsque je vous écris sans faiblir : Je partage votre envie, dès lors, à défaut de me voir comme un fiancé, voyez en moi, un ami. Je vous lirai et je vous répondrai tel que je le ferai pour une personne envers qui j'éprouverai une amitié certaine. Je sais très bien que cette dernière ne naîtra pas de suite, sachez juste qu'à défaut d'être un homme et une femme promis à un même destin, nous pourrions être des amis et des correspondants promis à un même destin. La différence ne se résume qu'à quelques termes mais ce sont ceux-là même qui font toute la différence... Ne le pensez-vous pas ? 

En espérant que ma lettre permettra d'apaiser ces doutes qui vous tourmentent. 
Signé l'ami que vous ne connaissez pas encore, Lord Phillip Cavendish."
Ismerie
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Ismerie
Dim 15 Oct - 22:46

Ivy
Howard

J'ai 22 ans et je vis au Château d'Arundel, dans le Sussex de l'Ouest, en Angleterre. Dans la vie, je suis héritière et femme à mariée et je m'en sors bien, je suppose. Sinon, grâce à ma chance/malchance ?, je suis fiancée à un inconnu et je ne sais pas quoi en penser.

Informations supplémentaires ici.
Ivy avait craint de ne pas recevoir de réponse, et le temps qui s'était écoulé entre l'envoi de sa lettre et la réception de la missive de l'inconnu qu'elle se devait épouser lui avait paru incroyablement long. Suffisamment long pour que la jeune femme commence à songer à son histoire, à sa destinée toute tracée, aux privilèges qui étaient les siens mais qui la gardait prisonnière de tant d'attentes qu'elle avait commencé à voir le vernis craqué sous la surface lisse et sans défauts. Mais elle avait tout oublié à la réception de la lettre, de la réponse qu'elle attendait tant, et cela avait été instantané. C'était comme si les doutes qu'elle avait eut quant à la décision de ses parents s'étaient envolés dés lors que la lettre fut entre ses mains. Mais elle avait également conscience qu'il lui restait à connaitre le contenu de cette dernière pour être certaine qu'elle ne s'était pas trompée.

À la lecture de ces mots, Ivy découvrit la brutale honnêteté de l'homme, une honnêteté à laquelle elle ne s'était absolument pas préparée, car honnêtes, très peu de personnes l'étaient autour d'elle. D'abord l'éthique, les apparences, et ensuite l'honnêteté, cela avait toujours été ainsi. Par conséquent, c'est avec une certaine décontenance qu'elle lut une à une les paroles qui lui étaient adressées, sans savoir quoi en penser. Devait-elle se sentir soulagée d'être tombée sur un homme suffisamment honnête avec elle pour qu'elle n'ait pas à craindre qu'il lui mente ? Sans aucun doute, mais ce terrain lui était tellement inconnu, et c'était presque comme si elle était entrée dans un autre monde. Qu'un homme ne lui fasse pas de beaux discours, qu'il avoue même éprouver une certaine angoisse à l'idée de s'unir avec une inconnue, c'était presque irréel. D'ordinaire, on se contentait de se sourire en se déclarant très heueux, et on gardait les appréhensions pour soit. Il lui parlait d'honneur aussi, l'honneur oui... l'honneur qu'elle avait toujours porté sur ses épaules, un honneur dont le poids lui pesait un peu plus chaque jour, mais elle n'allait pas se confier à ce sujet tout de suite. Car bien que cette réponse pourrait la pousser à vouloir en apprendre plus sur cet homme, comme cela lui donnait envie de se dévoiler à lui, Ivy demeurait prudente. Elle ne connaissait pas la gente masculine, et son manque d'expérience la poussait à rester très prudente. L'apparence de sa lettre aussi, qui semblait authentique dans sa maladresse, pouvait être interprété de mille manières, par la sincérité d'un homme qui n'apprécie guère les convenances, ou par une mise en scène fortement bien pensée. Mais ce genre de technique... cela serait bien la première fois qu'Ivy en verrait. Qu'importe, elle prit un temps pour penser à la réponse qu'elle allait donner à cet homme qu'elle connaissait un tout petit peu plus désormais, mais encore trop mystérieux pour ne pas espérer continuer à entretenir une correspondance avec lui.

Cher Lord,
À vrai dire, votre honnêteté m'a beaucoup surprise, et je réalise que c'est bien la première fois que je lis les paroles d'une personne qui ne pense pas éperdument à peser ses déclarations avant de s'exprimer. Je suis surtout entourée de personnes pour qui la réputation fait tout, et il n'est pas facile de nous exprimer librement lorsque nous nous sentons scrutés par le jugement des autres à chaque instant. Votre situation doit être bien différente, et je ne peux d'ailleurs imaginer ce que vous avez vécu sur le front, car les femmes sont bien souvent préservées des réalités de la guerre, et ce n'est pas un sujet que je maitrise malheureusement. Cependant, je pense être douée pour pouvoir écouter, et si un jour il vous prend l'envie de me raconter vos expériences passées, sachez que je vous prêterai une oreille attentive.

Sachez également que je suis presque heureuse, et cela me paraît étrange de l'écrire, de lire votre inquiétude partagée au sujet de notre union, car à vrai dire, et bien que je garde une grande confiance envers mes parents, il ne serait pas naturel pour l'un comme pour l'autre de n'éprouver aucune anxiété à la pensée de passer notre vie avec une personne presque inconnue. Que vous admettiez vos appréhensions me soulage plus que cela m'insulte. L'idée de décevoir mes parents m'est insupportable, alors malgré nos doutes partagés, si nous nous mettons tous deux d'accord pour que notre cohabitation se passe le mieux possible, cela suffira grandement à apaiser mes angoisses.

Je suis heureuse de lire que l'idée de nouer une relation amicale avec moi ne vous dérange pas. Il m'est primordial que l'on se respecte, que l'on arrive à se comprendre, et pourquoi pas rire ensemble ? Je crains de ne pas être d'un humour affolant, mais je rirai de bon cœur au vôtre s'il me touche. Je reste une jeune fille de la noblesse, et on m'a longtemps fait espérer et attendre le prince charmant, mais j'ai également conscience de la réalité que je vois tous les jours autour de moi. Je suis certaine d'une chose, c'est que je ne souhaite pas finir comme ma tante qui ne parle et ne regarde que très rarement son mari volage pour lequel elle n'a que du désintérêt, car aucun des deux n'a jamais tenté de faire un pas vers l'autre pour dépasser leur manque d'attraction physique qu'ils pensaient absolument nécessaires dans leur mariage. Ils n'ont jamais vu au-delà de l'amour charnel et sentimental qu'ils avaient espéré trouver dans leur union, et je refuse d'avoir un mariage malheureux comme le leur. Je veux qu'il soit rempli de joie, d'entraide, et de bons sentiments, et avoir l'épaule d'un mari sur laquelle me reposer m'est indispensable. Je dois avouer que je ne pourrais supporter que l'on me mente et que l'on me méprise comme si j'étais responsable d'une union que je n'ai moi-même pas choisie.

Excusez-moi, je crains de m'être trop épanchée dans ma réponse, mais retenez simplement que j'espère que l'on s'entendra suffisamment bien pour devenir une bonne équipe, dans le respect et la sincérité. Et ne vous en faites pas pour l'apparence de votre lettre, j'ai moi-même souvent ressenti l'envie de me salir dans la boue lorsque j'étais plus jeune, cela m'avait toujours l'air plus amusant que de rester au propre dans ma robe immaculée. Mais je m'égare. Je vous remercie de votre réponse, et de votre sincérité, et j'admets que j'aimerais poursuivre notre échange jusqu'à ce que nous nous rencontrions enfin, peut-être aurions-nous déjà l'impression d'être amis lorsque cela arrivera ? Je l'espère en tout cas.

Bien à vous,
Lady Ivy Howard.


Ivy termina sa lettre avec un certain sentiment de soulagement, mais elle n'était également pas certaine de vouloir l'envoyer. N'en n'avait-elle pas trop dit ? Était-ce une manière respectable de s'exprimer ? Car bien que cet homme ne semblait pas à cheval dans les convenances, elle ne devait cependant pas oublier son éducation. Le principal, cependant, c'était qu'ils s'étaient compris. Développer une certaine amitié avec cet homme, à défaut d'une histoire sentimentale, c'était tout ce que souhaitait Ivy. Car l'amitié englobait une forme de complicité que la jeune femme souhaitait à tout prix obtenir dans un mariage de convenance. Si elle arrivait à l'obtenir, cela serait mieux que rien, se disait-elle, et ses parents avaient bien perçu ses espoirs et ses attentes dés lorsqu'elle leur affirma qu'elle était prête à envoyer une autre lettre. Elle n'était encore jamais tombée amoureuse, et elle se disait que tout pourrait changer le jour où elle tomberait amoureux d'un homme qu'elle ne pourrait jamais épouser. Elle espérait que cela n'arrive jamais, tout comme elle espérait que cet homme avait été réellement honnête dans sa missive. Mais elle n'avait aucune raison de se méfier pour le moment.


@Nash
Nash
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Nash
Jeu 26 Oct - 19:55

Elijah Wilde
J'ai 27 ans et je vis dans un taudis, en Angleterre. Dans la vie, je suis simple Sergent et je m'en sors au mieux. Sinon, grâce à ma vie passée sur les tranchées, je suis célibataire et je le vis plutôt normal, essayant de faire le deuil de ces enfants que je n'aurai jamais.
Cela faisait bien une semaine qu'aucune réponse ne lui a été rapporté. Pourtant, cette lettre, il le lui avait bien envoyé. A-t-elle été offensé ? Si tel est le cas, tant pis ! Il est juste navrant de se mettre à ce point en avant dans la société, et en mal. Si les parents de la demoiselle annulent les fiançailles, cela va jaser. Les ragots, les magots et les rumeurs. Tous sauront qu'il y a anguille sous roche. Oui, sans aucun doute. Une lettre échangée et la demoiselle en est effarouchée, les parents scandalisés et le mariage annulé ! Cela veut tout dire. La réputation, déjà peu agréable, du Duc volera en éclat. Et la couverture du jeune homme par la même occasion. Aujourd'hui, il y a eu encore des morts. Fort heureusement, il n'est plus au cœur des combats, plus comme il l'avait été en tous les cas. Pourtant, cette effronterie face à la mort, il l'a toujours. Il a beau avoir quelque chose à perdre, étant donné qu'elle n'a jamais été à lui, est-ce vraiment perdu ? C'est simplement la justice, le karma ou la volonté de Dieu, ou peu importe le nom qu'on lui donne. S'il n'a plus, il n'a pas perdu. Il a simplement joué à un jeu plus dangereux qu'il ne croyait. Le jeu du masque de verre. S'il meurt maintenant, quelle différence à la sentence qu'il subira s'ils savaient... ? Ô s'ils savaient... Il n'aurait plus à faire semblant. S'ils savaient, il serait déjà mort comme son clone. S'ils savaient... Il n'aurait rien à perdre. C'est pourquoi maintenant, il profite. Il profite de ce qu'il peut prendre, posséder. Lui qui n'a jamais rien eu, si ce n'est sa propre vie, c'est déroutant. Bien sûr, la nourriture est rationnée mais la quantité est davantage importante que ce qu'il avait lorsqu'il n'était pas le "fils de quelqu'un". Fils de. C'est ce qui le résume maintenant. 

-Vous pourriez partir... De ce champ bataille, je veux dire. Pourquoi rester ? 
Le comte de Suffolk demande au fils de Duc. 

-Sans doute est-ce la même raison qui vous pousse à rester malgré votre statut. Ne pensez-vous pas ? 

A ces dires, le comte de Suffolk eut un petit rire bien maîtrisé. 
-Répondre à une question par une question, est-ce là votre réponse, lord Cavendish ? 

Le fils du Duc hausse un sourcil, intrigué. 
-Nous avons apparemment la même façon de faire, lord Gilderstone. 

Un sourire mutuel, c'est tout ce qu'ils se donnèrent avant de partir chacun dans leur tente. Un soupire s'échappe d'Eli~ de Phillip. Il reste le plus évasif possible. En attendant, il se permet de lire le journal intime de... Lui ? En tout cas, c'est d'un barbant. Cet homme était aussi froid que ses pensées. C'en est déprimant ! Il semble également mystérieux, au moins, ce sera plus simple. Si peu le connaisse, Elijah n'aura aucun mal à converser. Lord Gilderstone ne semblait pas surpris que Lord Cavendish lui réponde de manière si détournée. La vérité sur le pourquoi il reste sur le champ de bataille, c'est qu'il n'est pas encore prêt. Il a déjà entamé quelques livres sur l’étiquette, les danses, les chasses -heureusement qu'il sait faire de l'équitation !-, le langage, et bien sûr, la calligraphie. Il écrit si mal qu'il ne serait pas étonnant que jeune fiancée n'en soit devenue aveugle, les yeux saignant devant ces boucles qui n'en étaient nullement. Dans quelques mois, il reviendra à la demeure familiale. En attendant, une lettre était arrivée. Espérant qu'elle ne lui annonce pas la rupture de leur vœu... Huum, il ne semble pas. Écrivant en retour sans plus tarder, en s'appliquant, mettant sur lettre les techniques qu'il avait lu dans ces livres sur la calligraphie, les boucles belles et élégantes. Il avait bien progressé. Cela lui a pris trois jours pour écrire sa réponse, après tout, il se devait de montrer ses progrès, quitte à prendre un peu plus de temps qu'à l'accoutumée. 

"Chère mademoiselle Howard, 

C'est avec joie que j'ai eu connaissance de votre missive, et du fait que vous n'êtes pas encore rebutée à l'idée de m'avoir pour mari. Comme vous l'avez si bien exprimée, mon honnêteté peut être mal perçue dans les hautes sphères. Elle m'a déjà porté préjudice moult fois. Pourtant je ne lui en tiens jamais rigueur. La vérité doit être dite, quitte à ce qu'elle ne soit entendue que par quelques proches, à la rigueur. Et si elle est trop choquante pour être dite à voix haute, rien n'empêche de la libérer par la pensée. Je trouvais que dans notre cas de figure, l'honnêteté se devait d'être de mise. La pensée n'aurait été qu'un obstacle quant à notre sincérité. Du moins, je le pense. Je ne sais quel est votre avis sur la question et je ne peux parler en votre nom. Je vous remercie pour cette oreille que vous me prêterez si besoin est, je vous en suis très reconnaissant. Sachez qu'il en est de même, si vous avez besoin d'une épaule sur laquelle pleurer, parler de vos craintes ou de vos frustrations, je serai présent. Je ne jugerai pas, c'est une promesse. 

Beaucoup sont inquiets quant à la découverte de leur futur moitié, mais peu osent l'exprimer, préférant se complaire dans un silence qui ne fait que retarder l'inévitable. Je nous aimerai préparer pour ce qui vient, l'inéluctable union qui liera à tout jamais nos familles. Je sais qu'il n'y a rien de glorieux pour un homme d'exprimer ses craintes, sachez tout de même que malgré mes inquiétudes, je resterai le roc sur lequel vous pourrez vous accrochez si l'envie ou le besoin se fait sentir. Je saurai vous porter sans que mes craintes ne viennent nous noyer. Mes sentiments ne me rendent pas moins forts qu'un autre homme, peut-être simplement plus vrai. Du moins, j'aime à le croire. Je préfère être vrai plutôt que garder pour moi quelque chose qui pourrait nous détruire... Je ne veux pas être l'auteur de la fin de cette histoire qui vient de naître. Car elle aura beau s'étendre sur des décénnies, un nombre incalculable d'entre elles sont mortes bien avant que leur vie ou celle de leur conjoint s'achève. 

Je vous assure que je mettrai tout en oeuvre pour vous savoir sereine quant à notre union. Je vous serai fidèle. Vous pouvez penser que ce ne sont que des paroles en l'air mais je vous l'assure, je suis loyal à mon pays comme je serai loyal à votre personne. Il n'y aura que vous, peu importe votre apparence, peu importe votre mentalité et les tourments qui viendront sans douter obscurcir notre jugement, je vous assure que je serai vôtre. Et j'espère qu'il en sera de même pour vous, qu'il n'y aura que moi, que vous serez mienne, si ce n'est d'amour, d'amitié. 

Sachez que si vous donnez votre amour à un autre, je ne vous attacherai pas à moi. Je vous laisserai libre de partir. Ce mariage n'est que de convenance, s'il doit y avoir un amour, un vrai, qui vous trouve, vous ne devriez pas le refuser. En tous les cas, je ne serai pas un obstacle entre vous et lui. Juste, ne me déshonorez pas à la vue de tous. Je peux supporter bien des peines mais la trahison me serait fatale. Aimez qui bon vous semble, si vous trouvez l'amour ailleurs que dans mes bras, alors ainsi soit-il. Mais avant de le consommer, je vous prie d'attendre que nous nous séparions. Je trouverai bien un subterfuge pour cela. Et je ne vous insulte pas en vous faisant passer pour une femme adultère ! Loin de moi cette idée ! Mais vous savez... L'amour est si imprévisible et s'il ne tombe pas pour moi à vos yeux, je ne doute pas qu'il vous trouvera un homme digne de vous que cela soit dans un an ou dans vingt ans. Mais si vous acceptez, j'aimerai tenter ma chance. J'aimerai vous faire la cour afin que chaque jour, vous tombiez amoureuse de moi. Et que moi-même, chaque jour, je puisse vous aimer plus qu'hier et moins que demain. Je ne veux pas être présomptueux. Je ne sais si j'aurai raison de votre coeur ou si vous aurez raison du mien, mais accordez-moi une chance. Laissez-moi, quand je reviendrai à Londres, la chance de vous courtiser.

Pardonnez-moi si vous trouvez mes paroles désobligeantes ou vexantes. Je voudrai simplement que cette lettre qui n'était à l'origine aucunement une lettre d'amour en devienne un, un jour. Laissez-moi essayer. Qu'est-ce que nous perdons à essayer ? 

Je vous remercie également, pour avoir fait le premier pas, pour m'avoir fait par de vos craintes, de vous être montré à moi telle l'aurait fait une amie. Puissions devenir, à défaut d'amoureux, des bons amis. Je ferai tout pour que cela ne soit plus qu'un projet mais une réalité. 

Je vous transmets donc mes amitiés, bien cordialement, que vous puissiez vous reposer le cœur tranquille et l'âme en paix.


Signé le futur ami que vous apprenez à connaître, Lord Phillip Cavendish." 

 
Ismerie
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Ismerie
Dim 24 Déc - 1:29

Ivy
Howard

J'ai 22 ans et je vis au Château d'Arundel, dans le Sussex de l'Ouest, en Angleterre. Dans la vie, je suis héritière et femme à mariée et je m'en sors bien, je suppose. Sinon, grâce à ma chance/malchance ?, je suis fiancée à un inconnu et je ne sais pas quoi en penser.

Informations supplémentaires ici.
Elle avait reçu la visite d'une amie très chère, Lady Charlotte, fraîchement mariée, elle avait pris le thé en sa compagnie, et elle l'avait surtout écouté, sans pouvoir lui poser les questions que ses lèvres brûlaient de lui poser. Comment se passait sa nouvelle vie conjugale ? Comment trouver sa place dans un foyer en tant qu'épouse ? Et avant ça... la nuit de noce ? Toutes ces questions embarrassaient profondément Ivy, et elle n'osait faire le premier pas, alors qu'elle avait désormais quelqu'un auprès de qui pouvoir s'épancher et partager ses doutes et ses questions. Elle s'était contenté de sourire, et de l'entendre lui parler de ses quelques petits doutes, mais surtout de toutes les merveilles du mariage qu'elle découvrait avec bonheur chaque jour. Et bien sûr, la jeune lady était heureuse de voir son amie si rayonnante après ses noces. Mais cela semblait presque trop idyllique. Elle ne ressentait aucune peur à l'idée de sa future grossesse, ni des possibles aventures ou trahisons de son mari, ou des égarements possibles de son cœur. Non, elle balayait tout d'un revers de main. L'euphorie des premiers instants sans doute.

Ivy était plongée dans une profonde réflexion tandis que son amie s'en alla rejoindre les jardins pour saluer ses parents, elle lui avait promis de lui emboîter le pas lorsqu'on l'arrêta pour lui signaler qu'une lettre était arrivée. Ce n'était pas très polie de faire attendre une invitée ainsi, mais son impatience fut-elle qu'elle ne put s'empêcher de regarder à l'intérieur. Juste une ligne, s'était-elle dite, avant de lire la lettre entière.
D'abord, elle fut surprise d'apercevoir les efforts que son fiancé avait effectués au niveau de l'écriture. En effet, elle n'avait plus rien à voir avec celle qu'elle avait précédemment reçue. Cela voulait-il dire qu'il prenait ces lettres véritablement au sérieux ? Bien que ses petites ratures ne l'avaient pas dérangée, Ivy se sentait heureuse de savoir qu'il semblait avoir pris plus de temps et de soin pour lui écrire.

En le lisant, elle fut interpellée par le fait qu'il lui avoua que son honnêteté lui avait causé quelques déboires par le passé, et la jeune femme s'interrogea alors. Ses parents étaient-ils au courant qu'ils allaient marier leur fille à un profil aussi atypique ? Un homme si honnête, un homme qui paraissait si sensible, mais si fort à la fois ? Ivy semblait se trouver en face d'un de ces héros de roman qui semblait trop beau pour être vrai. Peut-être en faisait-il trop pour se vendre, sûrement, mais... tout ce qu'il écrivait, ses promesses de fidélité, elle avait envie d'y croire. Il semblait parfait en tout point, si parfait qu'elle se demandait si elle pourrait tomber amoureuse d'un autre homme dans le cas où la personne à qui elle parlait à travers ses lettres se révélait conforme à ses attentes. Même si elle ne tombait au final pas amoureuse de son fiancé, même si elle n'était pas attirée par lui... il faudrait tout de même qu'elle rencontre un homme aux qualités semblables, et elle qui n'avait jamais donné son affection à qui que ce soit n'était pas certaine d'un jour pouvoir ressentir un sentiment si fort envers qui que ce soit.

Mais la fin de sa lettre, surtout, enfonça un peu plus le cloue. La chance... De la courtiser ? Ivy devint rouge pivoine à cette idée. Alors ça, c'était bien une chose à laquelle elle ne s'était pas attendue, et son amie qui allait sans doute bientôt revenir en ne la voyant pas arriver... elle ne pouvait la laisser la voir dans cet état, toute retournée à l'idée même qu'un homme lui propose de la courtiser. Car oui, la jeune femme sentait une pointe de honte à l'idée d'en connaître si peu sur les choses de l'amour.
-C'est lui ? Ton fiancé ? Qu'a-t-il écrit ?
Une voix la tira brusquement de ses pensées, avant qu'une paire de mains ne vienne ne lui arracher la lettre des mains.
-Non !
Cria-t-elle par réflexe. Charlotte scruta la lettre avec attention, un petit sourire taquin ornant ses lèvres.
-Il veut te faire la cour ? Toi qui es si timide face aux hommes, tu es certaine que ton cœur va survivre à ça ?
Ivy n'eut d'autre choix que celui de cacher son visage de ses mains, et elle ne sut rien répondre d'autre.
-Tu es si innocente, c'est une qualité féminine très appréciée chez les hommes au premier abord, mais ce n'est pas ainsi que tu les gardes... d'abord tu attires leur attention, mais ensuite, il faut continuer à les intéresser
-Dis-moi comment m'y prendre dans ce cas, je ne sais pas comment retenir l'intérêt d'un homme
Son amie lui promit de lui venir en aide en temps voulu, sans plus de détail, ce qui la plongea dans une profonde incertitude. Maintenant que le mot était lancé, elle redoutait ses implications, mais il était trop tard pour faire marche arrière désormais.

Ivy dut attendre la fin de la journée, afin de trouver le temps de répondre à la missive qui lui avait été adressée. Cette fois, elle serait différente, car ils se promettraient alors d'essayer de tomber amoureux, et bien que cela était naturel d'essayer de faire naître ce genre d'affection dans un mariage, la jeune femme ressentait une étrange gêne à cette idée. Comment cela allait-il se passer ? Comment devait-elle agir ? Répondre aux intentions de son futur mari ? Elle ignorait ce qui était convenable, et ce qui ne l'était pas... et si elle se laissait emporter par la passion ? Non, elle n'était pas ainsi. Du moins, elle l'espérait.

Cher Lord,
Encore une fois, je me sens chanceuse d'avoir auprès de moi une personne qui n'aura pas peur de dire ce qu'elle pense,
vous m'avez d'ailleurs indiqué que votre sincérité vous avez attiré quelques problèmes auparavant, pourrais-je en savoir davantage à ce sujet ? Si cela ne vous dérange pas, bien évidemment.

Je vous avoue avoir été préparée toute ma vie à la perspective du mariage, pourtant je tremble encore à cette idée. J'ai d'ailleurs récemment reçu la visite d'une amie nouvellement mariée, avec qui j'ai eu l'impression de ne plus rien avoir en commun. Elle semblait si certaine d'elle, si heureuse et presque désinvolte, elle m'a même assurée que, malgré la légère pointe de nervosité qu'elle avait ressentie durant ses noces, tout s'était merveilleusement déroulé pour elle, presque trop en réalité. J'espère de tout coeur que c'est ce qu'elle ressent véritablement, mais je ne peux m'empêcher de me demander si elle se montrerait sincère avec moi, si d'aventure son mariage traversait une mauvaise passe.

Au sujet de vos sentiments... je pense également qu'un homme se doit de faire preuve de sentiments, sinon comment peut-il comprendre sa femme, ou même les autres autour de lui ? Je pense cependant que la différence doit être faite entre un homme qui maîtrise ses sentiments, et un homme qui se laisse déborder par ceux-ci, et souvent, les hommes qui se retrouvent dépassés le sont car ils n'osent pas les faire éclater au grand jour. J'attends toujours d'un homme qu'il me guide en tant que sa femme, qu'il me protège aussi, qu'il puisse prendre de fortes décisions, mais je souhaiterais également qu'il puisse faire preuve de tendresse envers moi et nos futurs enfants sans qu'il n'ait à en avoir honte. Une tante éloignée m'a dit un jour que son amie s'était mariée à un homme qui buvait toutes les fois où il s'interdisait de verser une larme, et depuis, cette phrase est restée gravée en moi.

Je vous avoue qu'il m'aurait été possible de fermer les yeux en cas d'infidélité de votre part, car je comprends qu'un mariage qui n'est pas un mariage d'amour peut être difficile à vivre sans une véritable affection profonde, sans une véritable attirance envers son époux ou son épouse. Mais l'idée que vous ayez suffisamment d'honneur pour me rester fidèle me touche réellement. Sachez-le. De mon côté, il est certain que je vous dois fidélité. Pour notre descendance, pour être certaine de porter les enfants qui seront les vôtres et ne pas ternir votre nom, mais aussi parce que je ne perçois pas un mariage sans fidélité. Et j'avoue que je ne saurai comment réagir si je tombais un jour amoureuse d'un autre. C'est si difficile à imaginer. Je n'ai jamais ressenti aucun émois pour quiconque, à un point tel que je me suis même demandée si je fonctionnais correctement et s'il m'était possible d'aimer comme tout le monde. Je suppose que seule l'avenir confirmera ou infirmera mes doutes. Mais dans tous les cas, il est certain que vous serez le premier au courant, comme j'aimerais être la première au courant si vous souhaitez offrir votre affection à une autre femme.

Ne vous excusez pas de votre proposition, elle m'a quelque peu prise au dépourvu, je dois l'admettre, mais je me réjouis à l'idée que l'on puisse essayer de ressentir ce que des époux devraient ressentir l'un pour l'autre. Et comme vous l'avez précisé, ce n'est pas un objectif en soi, et il nous restera toujours notre profonde amitié au bout du chemin. Sachez que j'accepte volontiers la perspective que vous puissiez essayer d'obtenir mon cœur, et moi le vôtre, mais je dois cependant vous prévenir... Je suis une feuille vierge, et je pourrais me montrer maladroite. J'avoue me sentir à l'aise à l'idée de me confier à vous à travers ces lettres, sans doute la distance aide-t-elle à cela, car je suis bien plus timide en personne. Sachez donc lorsque l'on se rencontrera que cela n'est ni de l'indifférence, ni du désintérêt, mais bien de la timidité que je m'efforcerai à combattre pour vous.

Bien à vous, Lady Ivy Howard.



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