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LE TEMPS D'UN RP

Les enfants de la lune. [PV Lulu] +18

Ezvana
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Ezvana
Mar 24 Sep - 22:37

Sheog
Démon, c'est ainsi que l'on m'appelle. Personne ne me ressemble et je vis dans ma chambre, dans la cave de Mama. Depuis toujours, elle me marchande pour les lubies d'humains lors de soirées privés. Je me plie à ses ordres, ne connaissant rien d'autre, cherchant l'amour maternel et l'affection des humains que je croise.

Tant d'année se sont écoulés, je cherche toujours a savoir ce qui ce passe de l'autre côté de ces murs. Les livres ne suffisent plus à apaiser mon besoin de liberté. Depuis peu, Mama a engager une domestique si différente des autres. Aksana.


Un soupir alors que le corps ploie vers l’avant, que les doigts défont le piège pour récupérer le lapin prisonnier. Une caresse sur le doux pelage de l’animal mort, comme un au revoir timide et peiné.  Maintenant, il était capable de briser la nuque de ses proies, même si cela lui avait donné des haut-le-cœur au début. Mais cette fois-ci, il n’avait pas eu à le faire. Une part de culpabilité qui le tiraille, en se disant qu’il aurait pu abréger les souffrances de la petite bête. Retirer le filet, l’installer de nouveau comme Aksana lui avait appris.
Main géante qui saisit le futur repas alors qu’il se dirige en dehors de la forêt. Le pas est lent, mesuré. Trop lourd pour un être si habitué à être discret, sur ses pattes félines qui s’enfoncent dans la mousse et les fougères sans prêter attention aux éclats qui lui sont parfois douloureux. La nuque ployée vers l’avant, tel Atlas qui soulève le poids du monde, cette façon dont les ailes traînent à l’arrière, cape de cuir boueuse et malmené, de grandes tachent bleuter marbrant la peau là où elle était brisée. Souffrance presque intenable que subit le Gris, une peine immense qui ne cesse de s’alourdir dans sa poitrine, tire sur les épaules qui tremblent sous l’effort. La respiration brûle dans les poumons, les muscles qui se tétanisent par spasmes chaque minute passée.
Epuisé le Titan, de lutter chaque seconde contre la douleur, contre son propre corps. Avancer, un pas après l’autre, seulement parce qu’il savait qu’il allait être attendu. Les jours se sont succéder et pourtant il ne se sentait pas mieux, tel une lame qui jamais ne cesse ses va-et-vient et entaille toujours plus le film fin de la patience.

Le bruit presque tapageur de ses ailes raclant le bois, délogeant des pierres. Comme s’il avait couru une éternité, le Gris respire fort, manque de chuter alors qu’il se rattrape contre le tronc d’un arbre. Nouveau soupir. Puis quelque chose qui l’alerte. Se redresser brusquement en chassant au loin la douleur, les oreilles pointues qui se relèvent alors que les yeux d’Opale balayent le sous-bois à la recherche…. De quoi ? Il ne savait pas. Mais il se sentait observé. Comme s’il était un papillon que l’on pouvait attraper. La sensation d’être tel le lapin qu’il tenait dans sa main, de ne plus être le plus gros mammifère dans les environs.
Un frisson qui agite sa longue crinière d’encre ou les nœuds commencent à s’accumuler. Rester là, plusieurs minutes, l’œil alerte et la mine inquiète. Pourtant, il n’y avait rien.
Alors il reprend sa route, en se disant que la fatigue pesait trop lourdement sur sa conscience. Cela l’inquiète, mais il ne formule pas ses pensées. À quoi bon ? C’était peut-être ça la normalité. Vivre, c’était aussi sentir ce poids lourd dans son corps, peut-être que le prix de la liberté, c’était la souffrance dans chacun des muscles de son dos. Il devait juste se fortifier, devenir enfin quelqu’un et non plus cette créature insouciante coincée dans sa chambre.
Une main aux griffes qui repoussent qui frottent le ventre affamé, froisse le tissu contre sa peau. Cligner des yeux alors qu’il observe cette matière contre lui. Jamais encore il n’avait porté de vêtements, il n’y avait que son pagne et ses chaînes qui l’habillaient depuis toutes ces années, aussi il était mal à l’aise à sentir quelque chose frotter son épiderme sans cesse. Une caresse sur ses poignets bleuit par l’ancien passage des menottes épaisses, lui rappelant sans cesse son ancienne vit, son ancienne condition. S’il avait pu subir cela sans rechigner, ce n’était pas des vêtements qui doivent l’arrêter.
Mais l’impression d’enfiler un costume et d’être un autre le taraude.

Le soleil était bas à l’horizon, laissant bientôt la place à la nuit tant attendue. Encore trop peureux pour oser sortir lorsque les rayons dorés se déversent sur la Terre, trop inquiet d’une combustion instantanée pour vaincre ses cauchemars. Aksana ne sortait pas, lui-même se devait de suivre le même chemin, non ?
S’avancer un peu plus vite. Il se savait attendu. La cabane s’érige en un repos salvateur, les contours de la Malhar se dessinant par la fenêtre abîmée. Une fois entrer, il ne dit rien, se contente d’observer cette femme qui se tient tordu derrière un simple sourire, derrière une chevelure tirée sur le côté. Cela le peine, lui écrase un peu plus le cœur. Tenter tant bien que mal de la rassurer, de déposer de doux baisés sur sa cicatrice encore fraîche, d’adoucir les arêtes coupantes de l’âme de son Aimée. Il aurait tant aimé que son amour suffise à l’apaiser, mais plus il essayait, moins elle était réceptive. L’éloignement était-il toujours à l’horizon ? Cela lui donne un frisson, manque de l’étouffer.

Une main qui vient frotter une énième fois le visage aux traits tirés. Cela lui arrivait sans cesse désormais, de se perdre dans ses pensées qui se dispersent avec parfois une violence terrifiante. Depuis que la fêlure est apparue, cette fameuse nuit au lac, il était moins stable car il avait pris conscience de la fragilité de certaines choses. Cela l’angoisse, lui donne des crises ou il semble manquer d’air la nuit, une sueur froide coulant le long de son dos. Il savait que son Etoile sans était rendu compte, comment il pouvait en être autrement ? Il s’agitait, toussait et grelottait comme s’il manquait de se noyer une nouvelle fois. Cela le hante, lui mord l’esprit sans crier gare. Mais il lui était impossible de dévoiler tous les pans sombres de son cœur à la bleuter qui le suis et le soutient. Il avait perçu sa faiblesse, son égarement. Cette façon de se tenir, tendu comme un arc et dissimulant les stigmates de leurs échappés en se camouflant.
C’était comme s’il devait retenir le vent entre ses doigts, il tente, s’acharne, donne toute son énergie, mais c’était vain.

Déposer la proie sur le sol, bientôt, il faudrait la vider et retirer sa peau. Mais l'odeur de la viande sur le feu attire son attention, son ventre qui gargouille bruyamment qu'il tente de faire taire d'une main crispée. Pourtant, la salive emplit la bouche, recouvre les papilles alors que le nez se plisse presque pour mieux capter chaque note parfumée. Quelque chose en périphérie l'apostrophe, cherche à le détourner des reflets dorés de la nourriture. Vaguement, il tourne la tête sans quitter du regard la broche, trop captivé par sa propre faim pour se soucier d'autre chose.
Puis une voix lui chatouille les tympans et il réalise que c'est Aksana qui l'interpelle, s'approchant de lui avec quelque chose dans les mains.

Culpabilité qui l'étreint aussitôt alors qu'il s'assoit sur le sol d'un air penaud. Hocher la tête avant de tendre son aile, une grimace découvrant ses crocs, un grondement de souffrance résonnant dans sa poitrine. La pointe violacée de l'aile est tendue face aux mains de son amie, mais il n'ose pas regarder. Il lui était toujours aussi difficile de se voir aussi amoindri, comme s'il était mutilé et réduit à néant en ayant perdu l'usage de ses ailes. Voir sa blessure lui était insupportable.

Les oreilles se redressent subitement en écoutant l'Etoile, parlant d'une présence rodant dans les bois. L'inquiétude brille dans les yeux d'argents alors qu'il s'agite. Un long soupir s'extirpe de sa bouche alors qu'il baisse la tête, d'un air coupable.

- J'ai aussi senti quelque chose tout à l'heure. Et non… Je ne sais pas comment faire. Je… De nouveau il remue sur place, poignardé par sa propre faiblesse. J'ai toujours dû me transformer pour avoir cette capacité. Mais avec mon aile … Je ne sais pas si je pourrais supporter la douleur. Regard fuyant, alors que la voix se fait murmure. Cela me fait peur.

Un regard vers ses griffes raccourcis. Pour la première fois de sa vie il les désire plus longues, plus acérés. Une vague qui monte en lui, un sentiment de protection qu'il n'avait connu à son paroxysme que cette nuit ou il s'était déchaîné. Cocktail étrange de l'ardeur et de la peur qui fouette son sang, cette envie de se terrer plus loin dans une cachette comme l'envie de découvrir ses canines et de se grandir pour devenir colossal.

- Où allons-nous aller ? Nous sommes trop proches de la ville, nous devons faire attention.

Et il ne se sentait pas capable de supporter une nouvelle bataille contre des Humains. Rien que d'imaginer leurs cris, leurs expressions, lui noue l'estomac. Où partir ? Ils n'avaient plus aucun repère, aucune habitation qui les attendait. Devaient-ils s'enfoncer dans la forêt ? Là où les bruits résonnent, ou des branches craquent sans apercevoir la moindre forme, des lumières tamisées qui rendent les ombres plus grandes, la solitude du lieu qui les enveloppe tout entière.
S'ébrouer. Non, il ne devait plus penser ainsi. Désormais il devait devenir plus fort, ce n'était pas l'inconnu qui devait le bercer d'illusion et alimenter ses frayeurs d'enfants.

Tendre sa main et saisir celle de son Etoile, caresser du pouce cette peau tant aimée. Peu importe où ils iront, ils seront ensemble.





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Lulu
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Lulu
Mar 1 Oct - 15:42

Aksana

Est la descendance oubliée d’abominations morales, fruits maudits de malhars, le temps a ravi ses traits juvéniles, pour qu'elle devienne l'image fidèle d'une mère sans nom, égarée dans les ombres de l'abandon. Palpitant vacant qui ne demande qu’à ronronner sous la moindre caresse, mais les rares curieux craignent d'être engloutis par les ténèbres qui l'entourent. Ces malheureux ignorent que l’âme de l’orpheline brille d'une lueur douce, condamnée à suffoquer sous le poids des préjugés. Domestique qui frise l'esclavage sans même s'en douter, convaincue que, grâce à ses efforts infatigables, elle lavera l'honneur terni de sa lignée. Dévouée qui s'échine, jour après jour, entre les murs du manoir de Mama, la lueur d'espérance continue de briller dans ses yeux fatigués.

Enfin, le monde m'offre une main secourable, une opportunité d'ériger la preuve que mon lignage n'est pas aussi vicié que l'insinuent les sinistres murmures. Mes mains, maculées du bleu de l'infamie, sont prêtes à démontrer au monde qu'elles ne furent point créées pour disséminer que mensonges et tourments. En ce sanctuaire, j'ai trouvé asile, un rayon d'espoir scintillant faiblement... Et une étrange compagnie, dont la singularité miroite dans le miroir de la mienne. S h e o g, est son nom.
L’aile brisée s’étendait vers elle, prête à être harnachée par son fragile attelage destiné à la soigner. Une lueur de doute flottait dans ses prunelles soucieuses, cette même incertitude qui, depuis leur arrivée ici, n’avait cessé de lui broyer la poitrine. Un poids lourd qui l’écrasait impitoyablement, plus encore depuis cette nuit maudite au bord du lac. L’impression d’être devenue une ombre parasite, sabordant la lumière et la vie de celui qu'elle aimait.
Elle le voyait souffrir, jour après jour, nuit après nuit, déchiré à la fois dans sa chair et dans son âme. Elle n’était ni aveugle, ni sourde aux angoisses qui le rongeaient. Et étrangement, les douleurs qui l’habitaient, lui semblaient plus insoutenables que les siennes. Une souffrance qui s'établissait plus profondément dans ses chairs, que n'importe quelle terreur.
Alors, dans un élan inquiet, elle s’était efforcée d'utiliser ce corps qu'elle haïssait plus que jamais, le rendant esclave à ce cœur, qui se mourrait de l'aimer. L'orpheline lui avait donné des tendresses, offert des caresses, des baisers, chaque fois qu’elle le pouvait. Lorsqu’il gémissait dans son sommeil, victime de ses cauchemars, elle s'empressait de l'enlacer, de le serrer contre elle, son corps froid aspirant à lui offrir une chaleur brûlante, rassurante. Et elle le gardait ainsi contre elle, en silence, jusqu’à ce que le matin vienne, et qu’il s’éloigne.
À chaque réveil, elle caressait sa peau meurtrie, constellée de bleus, de baisers légers comme une pluie d'été, dans l’espoir, peut-être vain, d’alléger ses peines. Elle voulait qu'il sache que son amour pour lui n'avait jamais faibli, que cet amour immense emplissait son cœur à tel point qu'il débordait par chaque geste, chaque souffle.
Elle touchait son corps avec plus de ferveur que n’importe quelle proie inanimée, plus de soin que lorsqu’elle manipulait les fils de laine pour lui confectionner des vêtements. Ses lèvres, lorsqu’elles ne prononçaient pas des mots maladroits, ne cherchaient qu’à le trouver, lui, à l'apaiser par de douces attentions. Plus que la nourriture ou même l’air, c’était lui qu’elles effleuraient, comme si chaque contact pouvait raviver une étincelle en lui. Son corps tout entier s’employait à toucher le sien plus encore que ne le faisaient les étoffes qui l’enveloppaient.
La malhar espérait, avec une ardeur presque désespérée, qu’il percevait cet amour qui vibrait en elle pour lui. Elle espérait qu’il pouvait sentir, à travers ces gestes infimes, que malgré la noirceur des rumeurs qui la suivaient, elle parvenait, contre toute attente, à l’aimer. Monstre ou pas, elle voulait lui offrir un amour digne de ce nom. Se battre contre son passé, contre ses carences affectives qui avaient défiguré son enfance, pour que, malgré tout, il se sente aimé, soutenu, comme il le méritait. Toute son énergie, toute sa volonté, toute sa hargne, elle les investissait dans ces petites victoires, ces gestes quotidiens destinés à n’être qu’à lui, à panser ses plaies invisibles, à lui rappeler qu’il n’était pas seul, et que par-dessus tout, elle l’aimait.
Mais parfois, dans ses yeux, elle croyait discerner le doute. N’était-elle plus suffisante ? Ne parvenait-il plus à percevoir tout l’amour qui incendiait son regard chaque fois qu’elle l'admirait ? Cette façon qu’elle avait de se jeter contre lui dès qu’il l’approchait, attirée comme un aimant vers lui, comme si son corps tout entier ne pouvait fonctionner qu’auprès du sien. Cette manière si intense qu’elle avait de l’observer, avec une urgence presque désespérée de le cajoler, de l’entourer de toute sa tendresse, jusqu’à ce que lui-même décide qu’il en avait assez.
Et pourtant, malgré tout cela, le doute semblait persister dans ses yeux.
Et elle le sentait comme un glaive invisible qui lui entaillait le cœur chaque jour un peu plus.
Entendre ses souffrances, entendre la douleur résonner dans ses mots, c’était comme si on poignardait son propre cœur en écho. Que pouvait-elle répondre à cela ? Lui dire qu’il n’avait rien à craindre, puisqu’elle était là, qu’elle le protégerait coûte que coûte ? Pour elle, c’était une vérité indiscutable. Elle était prête à tout : à offrir sa chair, à supporter mille supplices, à traverser les flammes de l’enfer sans faillir, si cela pouvait lui garantir qu’il resterait en sécurité. Mais est-ce que lui, se sentait réellement rassuré par sa présence ?

— « Ça va aller », murmura-t-elle d'une voix douce, tout en se détachant de l’aile qu’elle soignait pour poser une main réconfortante sur son épaule.

En réalité, elle n’en était même pas certaine, être prête était une chose, réussir à le protéger en était une autre. Mais elle ne pouvait se résoudre à abandonner, à laisser la peur prendre le dessus. Si sa propre vie avait été en jeu, elle aurait probablement cédé depuis longtemps.

— « Ce n’est qu’une question de temps... avant que tu guérisses de tes plus blessures », reconnut-elle. « Certaines ont déjà commencé à cicatriser, regarde... », elle désigna les plus petites plaies qui montraient de premiers signes de guérison. « Tu es sur la bonne voie » un sourire réconfortant, réchauffa ses lèvres légèrement violacées.

Mais lorsqu'il l'interrogea sur leur prochaine destination, son sourire s’évanouit. Elle-même ne savait pas encore où les mènerait leur fuite. Mais il était hors de question de le laisser dans l’incertitude, tout comme elle refusait de se laisser happer par le désespoir.

— « Je vais explorer la forêt ce soir… Voir jusqu’où elle s’étend, ce qu’on pourrait y trouver », dit-elle, consciente que son propre corps commençait enfin à guérir suffisamment pour se permettre de braver les kilomètres et les herbes folles. « Est-ce que ça te dérange de rester ici seul jusqu’à l’aube ? » demanda-t-elle, cherchant son regard.

Si cela l’effrayait, elle n’hésiterait pas une seconde à rester à ses côtés. Elle avait déniché un vieux fumigène parmi les affaires laissées dans la cabane abandonnée, et même à des kilomètres, elle serait capable de voir son appel à l’aide. Elle ne partirait pas sans s’assurer qu’il soit en sécurité.
Elle ne partirait pas le cœur léger, mais elle n’avait pas le choix, que de parcourir les alentours, de trouver une solution à leur situation, même temporaire. Car comme Sheog l’avait souligné, ils ne pouvaient pas rester ici, ils étaient beaucoup trop proches des villes.
Lorsque leurs mains se lièrent, sous l’impulsion de sa Lune, elle sentit ses oreilles frémir, comme caressées par une douce brise d’été. Et l’été, c’était précisément la saison qui prospérait dans sa poitrine dès qu’il la touchait, dès qu’il l’enlaçait, dès qu’il esquissait un sourire. Ces derniers temps, les tempêtes et la grisaille y avaient été fréquentes, mais elle n’avait jamais perdu espoir. Il suffisait d’un seul rayon de lumière pour percer les nuages sombres, comme en cet instant où leurs doigts se cherchaient et s’enlaçaient.
Elle se demandait alors secrètement, s’il pouvait sentir, à travers ce simple contact, la chaleur qui s’épanouissait en elle. S'il décelait dans ses pupilles dilatées l’intensité de l’amour qu’elle lui portait. Elle se demandait s’il percevait le tremblement discret de ses lèvres chaque fois qu’il mouvait les siennes.
Son affection pour lui ne s’était jamais tarie. Il était un océan immense, inépuisable, dont les vagues déferlaient inlassablement sur les rivages arides de son cœur, prêtes à les engloutir une par une.

— « Si rester seul te fait peur, je ne partirai pas », affirma-t-elle avec une douce fermeté.

Elle voulait qu’il sache qu’elle ne l’obligerait jamais à se plier à ses décisions, surtout lorsque ces dernières n’étaient pas toujours les plus sages. Mais en ce moment précis, elle ne voyait pas d’autre issue que d’explorer la forêt, malgré les dangers. Ils devaient trouver un refuge plus sûr, loin de la menace qui planait au-dessus d’eux, loin de tout ce qui pourrait les enchaîner à nouveau, ou pire encore, les séparer.
Ezvana
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Ezvana
Ven 4 Oct - 19:50

Sheog
Démon, c'est ainsi que l'on m'appelle. Personne ne me ressemble et je vis dans ma chambre, dans la cave de Mama. Depuis toujours, elle me marchande pour les lubies d'humains lors de soirées privés. Je me plie à ses ordres, ne connaissant rien d'autre, cherchant l'amour maternel et l'affection des humains que je croise.

Tant d'année se sont écoulés, je cherche toujours a savoir ce qui ce passe de l'autre côté de ces murs. Les livres ne suffisent plus à apaiser mon besoin de liberté. Depuis peu, Mama a engager une domestique si différente des autres. Aksana.


Sentir le baume apaiser ses afflictions alors que la douceur de l’Etoile souligne sa cicatrisation plutôt rapide. Presque une fierté qui vient faire vibrer la pointe des oreilles, plisse les yeux d’argent et souligne leurs formes en amande. C’était grâce à elle qu’il arrivait à aussi bien s’en remettre et il lui était reconnaissant chaque jour. Pataud et maladroit, il tente de l’exprimer sans parler, mais cela ne lui a jamais été appris à travers ses livres ou les protagonistes se lancent dans de longs dialogues. Mais il avait compris le poids des mots et l’impact qu’ils pouvaient avoir sur l’esprit de la Féline, aussi, il prenait attention à ne pas la heurter. Après toutes ses épreuves, elle semblait aussi fragile que de la porcelaine fissurée.
Mais à ses côtés, surmonter les tourments lui semblait plus facile.

Puis une annonce qui l’immobilise, le fige telle une statue grecque immortalisée dans le marbre. Le cœur qui fait une embardée, tambourine ensuite à ses tempes tel un tambourin infernal qui l’empêche de réfléchir correctement. Elle demandait s’il pouvait rester seul. Seul. Ici ? Au milieu de presque l’inconnu ? Et si quelque chose approchait ? Si un Humain se rendait compte de leurs présences ? Seul. Il devrait être alerte, se méfier de tout. De la moindre branche qui craque, de la moindre ombre dans la nuit. Et elle ? Elle serait où ? Loin ? Seul. Si elle était en danger ? S’il devait la secourir comme l’autre nuit ? En avait-il la force ?
Vite, vite reprendre contenance, reprendre vie. Battre des cils et se redressant, faisant mine de réfléchir. Immobile la pointe de la queue, comme pensant des tonnes, c’est presque si un pied griffu ne marchait pas dessus pour bloquer les mouvements intempestifs. C’était tout un apprentissage de se contenir, de modifier une vérité. Ce n’était pas mentir n’est-ce pas ? C’était juste… Mettre du miel sur les angles anguleux.

- Non, je peux rester seul.

Lui-même est surpris par l’intonation de sa voix, bien plus calme que ne laisse présager ce tremblement qui parcoure sa peau tel un serpent froid qui menace de le mordre. Un sourire un peu crispé certes, mais qui arrive tout de même à étirer ses lèvres. Redresser un peu les épaules, ne fait pas bouger ses ailes dans son dos, faire bonne figure pour camoufler son angoisse. Il sentait au fond de ses entrailles la boule froide et luisante qui ne le lâchait pas, aurait pu brûler tout effort. Mais il avait dit qu’il devait grandir. Et bien que cette épreuve le tétanise, il ne pouvait pas se permettre de retenir Aksana qui dans sa bonté, le cajolerait pour apaiser ses craintes.
Toutefois, un froncement de sourcil s’impose tout de même, jette une ombre sur ses billes d’opales. Prendre les mains dans les siennes et les presser doucement.

- Promets-moi de faire attention. Et si tu sens le moindre danger, utilise le fumigène. Je ferais en sorte d’arriver le plus vite possible. Et n’hésite pas.

Impossible de s’imposer, ce n’était pas dans son éducation, sa manière d’interagir, mais le sous-entendu serait tout de même compris. Il ne voulait pas qu’elle pense à bien-être et se retienne de le faire intervenir pour ne pas le blesser plus qu’il ne l’était déjà. Connaissant sa façon de voir les choses, elle serait prête à se sacrifier plutôt que de lui infliger ce déluge d’angoisse. Mais il refusait d’être un couard enfoncé dans le matelas miteux en sachant que son Aimée était en danger.
Dorénavant, ils fonctionnaient à deux.

Se pencher et embrasser ce front couvert de mèche d’azur, y déversant toute la confiance qu’il lui accordait, sa chaleur qui l’accompagnera dans son périple nocturne.
Attentionné le géant, qui refuse de manger la viande sur le feu, malgré le fait que son ventre gargouille, présentant sa propre proie comme une évidence : il avait de quoi se nourrir. Qu’elle prenne des forces, qu’elle emballe les restes pour plus tard s’il le fallait.

Faire taire son angoisse qui parfois abaissait ses longues oreilles qu’il redressait aussitôt, cette queue qui racle le sol et qui l’agace. C’était un nouvel apprentissage difficile à mettre en place. Ronger par l’incertitude, sa naïveté enfantine lui interdit de mentir et surtout pas à sa douce. Mais il avait retenu que parfois, il était des choses à garder pour soi, parce que cela pourrait faire du mal et blesser sans le vouloir la Bleuter. Mais il n’était pas Humain et il lui était moins aisé de camoufler ses ressentis, son corps s’exprimer à sa place, tel un animal qui ne peut faire semblant.

Alors quand vient les au revoir, il saisit ce bras, enserre ce corps contre le sien d’une pression un peu abrupte mais tellement sincère. Qu’elle sente son cœur battre à tout rompre dans sa cage thoracique, qu’elle aspire sa force pour s’enfoncer dans les ténèbres de cette forêt étrange. Qu’elle sache qu’il penserait à elle, même éloignée, même à l’autre bout du monde. Rien ne pourrait les séparer.
L’embrasser, lui donner son souffle pour que ses poumons se gonflent à en faire craquer les vertèbres, imprimer sur ses lèvres son amour éternel et lancinant.
Car lui aussi avait besoin de cela. Terriblement.

Impossible pour lui de rentrer et de ne pas regarder la Féline s’engager à l’orée du bois, de voir sa peau se fondre dans la pénombre tel un pelage de nuit. Et malgré ses yeux perçants, il la perd à un moment donné. Plus de mouvement, plus de présence. Plus rien.
Un long frisson qui le fait s’ébrouer tel un chien sortant de l’eau. Passer la porte d’entrée et rester immobile, seul dans l’obscurité. La solitude lui pèse soudainement terriblement sur les épaules, curieusement comme une présence indésiré. La pièce lui semblait soudainement si étroite, à le faire s’étouffer.
Un doigt qui accroche le rebord de son haut, le déforme un peu alors qu’il tire nerveusement dessus, comme pour desserrer le collier de cuir qui l’avait poursuivi pendant tant d’années.
Les bras ballants, il ne savait pas quoi faire. Comment occuper son esprit et ne pas sombrer dans une peur dévorante ?
Petits tremblements intempestifs au bout des doigts qui l’obligent à se mouvoir, à trouver quelque chose pour ne pas dériver vers ses pensées émotives. Rassembler du bois sec, actionner la pierre à silex pour démarrer un feu dans la cheminée. Une nouvelle chose qu’il a apprise grâce à Aksana. Une tendresse qui se lit dans ses prunelles à cette pensée, lui qui était tout d’abord effrayé par cet élément qu’il n’a jamais connu. Maintenant, il était capable de le faire naître ou de l’étouffer selon son bon vouloir à sentir les caresses chaudes contre son épiderme et illuminer la noirceur du monde.
Puis l’incertitude chasse la quiétude, un froncement de sourcil plisse ce regard assombrit par la crainte.
Se rassembler sur le matelas qui n’avait pas bougé depuis la soirée au lac, là en face de la cheminée. Rassembler ses jambes contre lui, les ailes pendantes misérablement sur les côtés de son corps. Observer la danse des flammes avant d’enfouir son visage contre ses genoux, de tenter de réprimer ses larmes qui viennent pourtant de réussir à franchir la barrière de ses cils. Un sanglot qui le transperce de part a en part, un gémissement étouffé qui sort de sa bouche.
L’impression d’être de nouveau l’enfant que l’on a puni au fond de sa chambre, le corps constellé de lacération dû aux coups de fouets.

Combien de temps reste-t-il ainsi prostré ? Il ne savait pas vraiment. Suffisamment longtemps pour que le feu soit moins vif, qu’une douleur s’éveille dans son dos courbé.
Un reniflement bruyant, une main qui essuie le passage des larmes, balaye un nez trop pris. Soupirer, longuement, jusqu’à vider ses poumons pour les gonfler à nouveau. Mâchoire qui se dessine alors qu’il serre les dents et qu’il se redresse. Il était un idiot à rester ainsi. Il avait promis à son Etoile qu’il ferait plus attention. À lui-même, qu’il deviendrait un adulte. Et on ne se terre pas comme un animal fragile quand on avait des responsabilités. Comment voir le fumigène s’il éclairait le ciel alors qu’il s'est blotti au fond de sa cabane ?
Nouvelle angoisse qu’il tente de refréner, ses sabots martelant avec force dans son crâne.

Tout d’abord, préparer la nourriture qu’il avait ramenée. Le lapin ne devait pas être mort pour rien.
Alors avec une habilité acquérir lors des derniers jours, il vide la proie, retire la peau qu’il garde de côté, aux cas où. Enterrer les viscères pour éviter tout prédateur néfaste, puis embrocher la viande et la faire tourner au-dessus du feu. L’odeur et la vue de son futur repas lui donnent l’eau à la bouche, arrivent à le sortir de sa léthargie et alors qu’elle est encore fumante, il l’arrache à coup de dent, savoure la sensation d’un estomac qui se remplit enfin et comble le vide intérieur.
Il était plus facile de voir le bon côté des choses le ventre plein.

Éteindre le feu, voir le rougeoiement devenir cendre et ramener les ombres à l’intérieur du cabanon. Le laisser allumer, c’était prendre le risque que les flammes dévorent leur maison de fortune. Un pas lourd, qui fait craquer le parquet. Un autre plus assuré malgré la plante des pieds abîmés par la forêt. Une main sur le chambranle de la porte avant d’inspirer longuement et de sortir. L’herbe fraîche qui caresse ses talons, le vent qui s’enroule autour de son visage, soulève des mèches de cheveux. Et la tête qui se relève, ses yeux d’argent qui observent le ciel avec une passion dévorante, puise dans ce plaisir incommensurable qu’il avait découvert avec la liberté. C’était terrifiant un tel espace au-dessus de lui, ainsi qu’un pouvoir immense qu’il saisirait un jour de sa main tendue, de ses ailes déployées.
Une force nouvelle qui se glisse tel du lierre dans ses membres, puise dans son énergie pour soulever les deux pans de cuirs lamentables pour les relever, juste un peu, pour ne plus qu’elles traînent lourdement sur le sol. Victoire douloureuse mais appréciable, qui fait battre le cœur un peu plus fort.
Ce soir les étoiles et la lune seront ses compagnes. Et plus jamais il ne se priverait de leurs dansent dans le ciel, saisissant son indépendance précaire avec avidité.

Baisser les yeux, pour observer un peu l’horizon.
Là. Des yeux.
Cela reflète la lumière nocturne, l’observe sans bouger dans la pénombre des arbres.
Réflexe d’une nature qui se développe chaque heure passé en extérieur, cette façon de relever la lèvre et de grogner, d’écarter les bras pour paraître plus imposant. Cette queue qui fouette l’air, les ailes qui s’étendent un peu plus. Une peur bleue qui glace sans sang, mais qui ne devait pas se lire sur son visage. Une fois, il était tombé sur un ours et c’est seulement cette manière de réagir qui lui avait épargné des blessures, ou pire, la mort.
La créature ne bouge pas pendant de longues secondes, clignant à peine des yeux comme s’il était hypnotisé par le Gris. Puis un bruit dans les broussailles et il semblerait que la présence s’éloigne.

Intrigué, le Démon, qui délaisse aussitôt son attitude défensive, penche la tête sur le côté alors que mille questions le taraudent. S’il avait été seul, il irait peut-être même chercher qui était celui qui l’observait depuis trop longtemps. Mais il ne bouge pas, reste planté au milieu de l’herbe, le regard s’attardant sur l’horizon, attentif au moindre signe.
Espérer du fond du cœur que tout allait bien pour son Etoile.



Lulu
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Lulu
Dim 6 Oct - 16:01

Aksana

Est la descendance oubliée d’abominations morales, fruits maudits de malhars, le temps a ravi ses traits juvéniles, pour qu'elle devienne l'image fidèle d'une mère sans nom, égarée dans les ombres de l'abandon. Palpitant vacant qui ne demande qu’à ronronner sous la moindre caresse, mais les rares curieux craignent d'être engloutis par les ténèbres qui l'entourent. Ces malheureux ignorent que l’âme de l’orpheline brille d'une lueur douce, condamnée à suffoquer sous le poids des préjugés. Domestique qui frise l'esclavage sans même s'en douter, convaincue que, grâce à ses efforts infatigables, elle lavera l'honneur terni de sa lignée. Dévouée qui s'échine, jour après jour, entre les murs du manoir de Mama, la lueur d'espérance continue de briller dans ses yeux fatigués.

Enfin, le monde m'offre une main secourable, une opportunité d'ériger la preuve que mon lignage n'est pas aussi vicié que l'insinuent les sinistres murmures. Mes mains, maculées du bleu de l'infamie, sont prêtes à démontrer au monde qu'elles ne furent point créées pour disséminer que mensonges et tourments. En ce sanctuaire, j'ai trouvé asile, un rayon d'espoir scintillant faiblement... Et une étrange compagnie, dont la singularité miroite dans le miroir de la mienne. S h e o g, est son nom.
Ici-bas, au cœur des ronces et des fougères gigantesques, la pâle lueur lunaire semblait se dérober à la moiteur de l’air et au tapis mousseux. Le ciel, autrefois visible, était désormais dissimulé sous un dôme de branches torsadées, s’étirant au-dessus d’elle comme une nuée de bras osseux. La forêt vivait, s’éveillant à chacun de ses pas, tantôt agiles sur les chemins dégagés, tantôt maladroits lorsqu’elle se frayait un passage à travers les broussailles. Aksana percevait des bruissements furtifs, des froissements de feuilles et des craquements secs résonnant tout autour d'elle. On l’observait. Alors que cette certitude grandissait en elle, sa main, à peine cicatrisée, se resserra avec une vigueur fébrile sur le pommeau de sa dague.
Peu après, une ronce érafla sa main, mais Aksana ne faiblit pas. Les épines avaient déjà déchiqueté le bas de sa robe grisâtre, ne laissant que des lambeaux recouverts de boue. Des feuilles s’étaient accrochées à sa chevelure autrefois soigneusement tressée, désormais défaites par les branches qui se prenaient régulièrement dans ses mèches décoiffées. Peut-être, songea-t-elle, ressemblait-elle enfin à l’une de ces créatures qui habitaient ces bois et dont l’étendue semblait infinie.
Elle n’avait pas vu un chemin dégagé depuis des kilomètres, pas l’ombre d’une trace laissée par les hommes ou autres créatures bipèdes. La lumière même semblait avoir déserté ces lieux. Pire encore, au fur et à mesure de son avancée, la forêt devenait plus oppressante, les arbres se resserrant autour d’elle comme s’ils cherchaient à l'emprisonner.

Soudain, un son inattendu parvint à ses oreilles, et lui hérissa les poils. Ce n’était pas le sifflement du vent à travers les branches, ni le bruissement d’un animal dans les fourrés. Non, c’était un chant, doux, presque tendre, et qui provenait des hauteurs : un oiseau.
Son cœur s’arrêta un instant, et ses prunelles, habituées à l’obscurité, se levèrent vers le ciel sans étoiles. Quelque chose avait changé. Un léger voile bleuté, à peine perceptible, teintait l’horizon. L'heure bleue.
Les chants des oiseaux s’intensifièrent, comme pour la prévenir ; le jour approchait. Les rayons du soleil la trouveraient bientôt et brûleraient son derme fragile. Elle devait fuir. Vite.
Malgré ses pieds engourdis par l’interminable marche dans la boue et les racines, Aksana se mit à courir, désespérée. Chaque pas lui parut trop lent, les ronces et racines, autrefois franchissables, semblaient se refermer autour d’elle comme la maintenir au piège. Elle trébucha sur une racine, maudissant sa propre inattention, mais se releva immédiatement, ignorant la douleur lancinante qui frappait son genou écorché et ses membres griffés.
La cabane n’était plus très loin. Son cœur tambourinait non seulement sous l’effort, mais aussi sous le poids d’une angoisse croissante. Elle aurait dû prêter plus d’attention à l’heure.
Lorsqu’elle aperçut enfin la silhouette familière de la cabane à travers les arbres, un soupir de soulagement s’échappa de ses lèvres. Pour autant, elle ne ralentit pas.

Mais à mesure qu’elle s’approchait, elle entendit quelque chose. Un son, mélodieux et lointain, qui ressemblait presque à un oiseau, mais non… ce n’en était pas un. C’était une voix, douce, presque chantante, des phonèmes inconnus. Son cœur, déjà affolé, manqua un battement. Elle s’arrêta net, ses muscles tendus, l’esprit soudain en alerte. Quelqu’un parlait, à voix basse, mais suffisamment distincte pour qu’elle ne puisse ignorer cette présence. La panique la submergea. Et si c’était un humain ? Sheog… avait-il réussi à s’échapper ?
Jetant un coup d’œil inquiet vers la cabane, elle ne distingua personne à l’intérieur. Un frisson glacé lui parcourut l’échine. Elle se glissa silencieusement derrière les arbres, comme une ombre féline, jusqu’à ce qu’elle trouve enfin la source des murmures. Là, elle aperçut sa Lune, face à une autre silhouette, tout aussi haute, mais plus fine. Ce n’était pas un humain. Collée contre l’écorce rugueuse d’un vieux chêne, elle fit glisser sa dague entre ses doigts graciles, prête à l'attaquer.

L’entité qu’elle observait avait un visage auréolé d’ailes diaphanes et soyeuses, rappelant celles des papillons. Certaines étaient plus longues et colorées que d’autres, et étaient toutes animées de battements légers, presque imperceptibles. Elles se déployaient autour de sa tête comme les pétales d’une orchidée, et derrière ses oreilles pendaient des appendices étranges, semblables à des pistils ou à des trompes d’insectes. Ses yeux, grands et sombres comme deux joyaux d’obsidienne, brillaient sous la lumière tamisée. Sa peau, couverte de fines écailles fragiles, renvoyait des reflets métalliques à chaque mouvement gracieux qu'il faisait. Enfin, il portait une tunique brodée avec une finesse rare. Aksana n’avait jamais vu pareille œuvre, même parmi les riches clients de Mama.
Ses lèvres bougèrent, mais de l'endroit où elle se tenait, aucun mot ne lui parvint.

— « Chat nous a demandé de te les ramener pour que tu en prennes soin, Gris… » murmura l’entité en se courbant, déposant délicatement sur le sol une petite nuée de boules de poils sombres, telles des éclats de charbon.

Les petites créatures à peine capables de marcher avaient les yeux clos et miaulaient à l’unisson, suppliant, sans doute, pour des bras chaleureux qui les protégeraient du froid ambiant.

— « Nous vous observons depuis quelques jours, toi et ta sorcière malhar… Vous êtes mal en point, et pourchassés… Je peux vous offrir un abri qui vous protégera de la furie des hommes et qui vous permettra également, de panser vos blessures… »

Sa voix, étrange et cristalline, ne ressemblait à rien d’humain, c’était une mélodie plus qu’un murmure.
Mais ce chant s’interrompit brutalement lorsqu’une silhouette jaillit derrière lui. Il eut tout juste le temps de se décaler, que la malhar bondit sur lui comme une ombre. Ses bras frêles, tremblants de fatigue et de peur, encerclèrent son cou avec fermeté. Elle le força à se pencher d’un geste sec, auquel il n’opposa aucune résistance. Ses yeux, grands ouverts, brillaient d’une terreur viscérale, tandis qu’elle glissait maladroitement la lame de sa dague contre sa gorge, raffermissant sa prise. Ses doigts griffus, parcourus de tremblements d’adrénaline, s'enfoncèrent dans ses écailles soyeuses.

— « Je ne vous veux aucun mal… », balbutia-t-il d'une voix vacillante.

La poigne d’Aksana se resserra encore, et elle sentit les battements affolés de son cœur résonner contre ses tempes. Personne, jusqu’à présent, ne les avait jamais aidés. Pire, chaque âme rencontrée n’avait fait que les meurtrir davantage. Comment aurait-elle pu le croire ? Et puis, ni elle ni Sheog n’étaient en état de se défendre. Lui non plus, d’ailleurs tant il tremblait comme une feuille au creux de ses bras.
Indécise, la jeune malhar leva ses yeux hésitants vers l’Aimé. Que pensait-il, lui ? S’il désirait qu’elle relâche sa proie, elle le ferait. S’il craignait qu’elle la libère, elle… l’égorgerait ? Ses sourcils se froncèrent sous le poids de cette pensée morbide. Il serait son premier mort. Mais Sheog avait déjà tué pour elle, elle le ferait pour lui, sans une once d’hésitation. Lentement, la lame s’enfonça plus profondément dans la peau écailleuse du fée. Un filet de liquide bleu-vert, non pas écarlate comme le sang, mais semblable à de la lymphe d’insecte, commença à perler sur sa lame.

— « Je suis venu honorer la mémoire d’une amie… et vous offrir mon aide. »
— « Vraiment ? Comment ? » répliqua-t-elle, méfiante, l’esprit en ébullition.
— « Je suis un fée, et nous vivons dans un royaume parallèle, en meute. Là-bas, il n’y a pas d’humains. Uniquement des entités comme vous et moi, ayant trouvé refuge. »
— « Et vous voulez qu'on aille là-bas ? Avec vous ? »
— « Vous y serez soignés, nourris… »
— « En échange de quoi ? »
— « De rien. Absolument rien. Nous venons simplement en aide aux créatures esseulées… »

Peu à peu, la prise d’Aksana se desserra autour du pauvre fée terrorisé. La perspective de trouver refuge loin des humains, de mettre leurs corps et esprits meurtris à l’abri, était tentante. Mais sa méfiance demeurait, aiguisée comme la lame entre ses doigts. Il était hors de question de mettre en péril leur liberté, aussi précaire soit-elle.

— « J’ai des potions pour vous… Vous guérirez de vos blessures, retrouverez vos forces. Libre à vous ensuite de venir chez nous ou de poursuivre votre route… »
— « Donne-les moi. Maintenant. »

Sans attendre, il fouilla les larges poches de sa tunique et fit tomber quelques fioles au sol, brillantes comme des éclats de lune.

— « Dès la nuit tombée, elles commenceront à agir… »

D’un geste sec, Aksana le relâcha, puis, avec la rapidité d’un fauve, elle se plaça devant Sheog, la lame tendue vers le fée. Celui-ci recula prudemment, s’enfonçant de nouveau dans l’obscurité de la forêt. La malhar, le bras encore tendu, sentit peu à peu une brûlure lui grignoter la peau. La lumière du jour. Elle ignora la douleur, observant sa peau noircir, jusqu’à ce que la silhouette du fée disparaisse complètement. Puis, rassemblant les fioles avec hâte, elle regagna la cabane, haletante… Une fois à l'abri sous le porche, ses yeux se posèrent alors sur les chatons, blottis aux pieds de Sheog, tous semblables à Chat.
Était-ce cette entité qui lui avait ramené ces petites créatures ?
Ezvana
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Ezvana
Mer 9 Oct - 18:33

Sheog
Démon, c'est ainsi que l'on m'appelle. Personne ne me ressemble et je vis dans ma chambre, dans la cave de Mama. Depuis toujours, elle me marchande pour les lubies d'humains lors de soirées privés. Je me plie à ses ordres, ne connaissant rien d'autre, cherchant l'amour maternel et l'affection des humains que je croise.

Tant d'année se sont écoulés, je cherche toujours a savoir ce qui ce passe de l'autre côté de ces murs. Les livres ne suffisent plus à apaiser mon besoin de liberté. Depuis peu, Mama a engager une domestique si différente des autres. Aksana.


Immobile le Titan, mais pas figé. Statue de marbre qui prenait vie de ses billes argentées qui ne cessent de détailler ce qu’il voyait. La façon dont ses oreilles se redressent imperceptiblement, cette queue qui fouette l’herbe grasse d’un revers de son dard acéré. Plus que la peur, c’était la curiosité qui animait le Gris, qui l’empêche de grogner ou de s’enfuir en courant. Subjuguer par la beauté de l’entité, analysant cette créature qui lui aussi l’observait.
Car face à lui, se tenait un mâle. Qui n’était rien Humain.

Renifler discrètement l’air, cette odeur qui lui chatouille les narines et impossible à identifier. Mais c’étaient ses yeux perçants qui lui permettent de retenir chaque détail de cette créature. Et quand elle s’avance d’un pas, dévoile ses traits étranges à la lumière de la lune, Sheog ne recule pas. Au contraire, il la dévore du regard, détails chaque reflet miroitant, chaque courbe inexpliquée de ce visage aussi beau que terrifiant. Un mélange aérien et aquatique en même temps, divinité mythique perdu au milieu d’une forêt pourtant si banale.
Parce qu’au fond de lui cela lui hurlait que oui, il y avait d’autres créatures sur cette terre. Ils n’étaient pas seuls lui et Aksana. Il avait enfin la preuve qu’il y avait d’autres espèces sur cette terre. Sa rencontre avec son Etoile est l’exception. Celle avec ce mâle en était la preuve. Peu importe si cette créature était sauvage, analphabète, ou même vagabonde.
Parce que la Terre regorgeait d’individus non Humain.

Le cœur chante d’allégresse, se reflète dans les yeux d’opales qui semblent presque briller d’eux-mêmes tant l’émotion était forte. La boule froide qui collait à la poitrine du Démon semblait fondre soudainement, comme si une douce chaleur émanait de ses jours d’errances. L’espoir qui vient naître et couver dans son cœur, allume des braises qui apaisent son âme, lui permet de mieux respirer lui qui ne faisait que retenir son souffle depuis plusieurs jours. Il y avait autre chose dehors que ses habitations Humaines. Il y avait de la vie, frémissante et miroitante, à l’image de ce visage face à lui.
Aucune colère, aucune peur alors qu’il lui parle enfin, de sa voix mélodieuse et hypnotisant, qu’il se penche en avant pour déposer avec une douceur infinie son paquetage.
Et alors le cœur tambourine violemment, l’émotion monte avec une rapidité vertigineuse, manque de le faire s’étrangler alors que des larmes viennent perler à ses yeux, débordent de ses cils pour couvrir son visage de sillions salés.
À l’image de son ancienne partenaire féline, des boules de poils sombres s’agitaient sur le sol, rappelant avec une cruauté vive les dernières images qu’il portait de Chat, son corps qui se raidissait déjà, de son sang perlant de sa gueule et de sa truffe. De savoir que ses petits ont perdu leurs mères et sont devenus orphelins.
Que Chat voulait les ramener vers lui.

Relever le visage vers la créature, cherchant à comprendre cette signification. Comment connaissait-il Chat ? Comment savait-il qu’il devait les ramener ici ? Et pourtant, une telle douceur émanait de ce mâle. Comme si lui aussi était ami avec Chat et qu’il lui faisait totalement confiance pour prendre la relève, lui le monstre aux griffes trop longues. Et puis cette proposition d’un asile, d’un refuge ou enfin, ils pourraient se reposer, ne plus se sentir traqué par l’espèce Humaine qui pourrait à tout moment dévaster leurs quiétudes. Cela existait donc ? Un endroit où ils pourraient vivre en paix ? Ou ils ne seraient pas seuls contre le monde ? Tant de questions qui se bousculent, manquent de dévaler sa langue et pourtant, il reste bouche close. C’était beaucoup, même trop pour un esprit comme le sien. Trop de paramètres à prendre en compte et il était seul pour devoir assimiler les informations.

- Merci.

C’était si peu. Si médiocre. Mais l’émotion lui bloque les cordes vocales, l’empêche de s’épancher plus. Naïveté enfantine ou croyance de la sincérité de cette voix, Sheog le croyait. Il ne pouvait pas en être autrement, sinon son monde s’effondre. Il ne pourrait pas survivre à un tel espoir tué dans l’œuf. Alors il se convainc avec force qu’il y avait une échappatoire.

Puis ses yeux captent un mouvement, une ombre qui se faufile. Ne pas bouger d’un cil alors qu’il reconnaissait son Etoile, pour ne pas la trahir auprès de son interlocuteur. Un vague froncement de sourcil alors qu’elle bondit, que sa lame érafle un peu de cette peau scintillante. Il aurait voulu lui dire, qu’enfin il y avait une étoile pour les guider, qu’ils n’étaient plus seuls ! Que cette créature ne lui avait fait aucun mal et que donc, elle ne devrait pas lui ouvrir la gorge.
Mais il croise son regard et l’inquiétude s’insinue à nouveau dans son esprit. Lire une angoisse profonde venant de la Bleuter, cette méfiance naturelle qui l’avait fait survivre jusque-là. Le doute qui le ronge, lui fait voir les choses sous un autre angle. Peut-être était-il dans l’erreur ? Trop inconscient des dangers ?
Pourtant, il fait un mouvement du menton, lui demande de ne pas tuer le myrmidon.

Le cœur indécis, il voit l'otage bégayer, tenter de se défendre. Dans ses yeux abyssaux, il n'y avait que de la peur, une réelle crainte de cette lame qui est pressée contre sa carotide. Il semblait si… différent. Fragile. Insouciant. Telle une âme pure qui est venue les recueillir pour mieux les voir s'élever.
Mais non, il ne pouvait pas se fourvoyer ainsi. Se méfier des apparences devait être une leçon qu'il devait retenir. Bien que ce fût toujours des Humains, certains avaient l'air angélique et devenaient de véritables monstres dans le privé.
Rouge. Rouge. Rouge.
Cligner des yeux alors que sa bulle de terreur éclate en écoutant… le fée. Les yeux qui s'écarquillent alors qu'il dévisage d'autant plus cette créature fantastique. Alors c'est à cela qu'ils ressemblaient ? Dans ses livres, ils étaient de toute taille, de la minuscule fleur à aussi grand que lui, avec des ailes dans le dos, parfois comme celle des libellules ou même des papillons ! Esprit de la nature ou enfant de la magie, innocente ou bien terrible, souvent fragile.
Cela voulait dire que tout le reste pouvait aussi exister ? Le cœur s'emballe, la chaleur monte dans le visage qui rougit étrangement devant cet afflux sanguin. Tant de possibilités !

Aussi quand Aksana se met devant d'une façon défensive, lui, ne fait que regarder le fée s'éloigner, pour mieux garder en tête tous les détails pour graver ce moment dans sa mémoire pour que jamais elle ne lui fasse défaut. Ce n'était ni un rêve, ni un mirage. Alors les yeux presque pétillants, il fait un mouvement de tête pour le saluer avant qu'il ne se fonde aux ombres de la forêt.
Encore trop d'événement qu'il n'arrive pas à assimiler, lui qui a passé toute sa vie dans une routine monotone et sans saveur. Le soleil qui pointe à l'horizon, vient lécher le cuir de ses ailes d'un doigt avide. Frisson de cette sensation nouvelle, aussi étrange que fascinante. Pourtant, il n'eut pas le temps de s'émerveiller tandis que son regard se pose sur son Etoile par réflexe, son instinct lui hurlant que c'était dangereux pour elle.
Cette façon de se grandir brutalement, d'écarter les ailes douloureuses pour la plonger dans l'ombre. Que les rayons solaires lui rongent la peau, lézardent ses ailes, il était déjà prêt à serrer les dents. La voir bondir dans le cabanon, se protégeant ainsi de la chaleur ardente. Sans réfléchir il saisit la portée de chatons et entre à son tour, craignant de voir de la fumée émaner de son épiderme, des crevasses rougeoyantes suintant le long de ses os.
S'inspecter du regard, cherchant en se contorsionnant les dégâts inévitables de cet astre trop intense. Pourtant, il n'y avait rien. Aucun sillion, aucune brûlure. Pas même un changement de couleur d'une peau devenue violacé.

Mais il n’avait pas le temps de s’attarder, entre ses mains, cela remue, miaule doucement. Mains en coupe, il les plaque contre lui pour leur offrir un semblant de chaleur, allant s’installer sur le matelas qu’il tire maladroitement vers lui avant de faire une boule avec la couverture miteuse et de les placers délicatement dans le creux. S’accroupir tel un enfant face à la beauté de la vie, un doigt pour venir caresser la douceur de leurs robes noires.
Terriblement inquiet le Gris, qui savait qu’il n’avait rien pour entretenir les petits. Il leur fallait de la chaleur, au-dessus de 30 degrés, du lait surtout. Toutes les deux heures, il devait être nourri. Mais comment se procurer du lait pour chaton ? Il n’avait aucune ressource et jamais il ne pourrait quémander quoi que ce soit dans la ville. On hurlerait en le voyant passer, même en affichant un air amical sur le visage. Il n’y avait que Aksana qui pourrait l’aider.
Se tourner vers elle et froncer des sourcils. Se lever promptement, saisir le bras de son Etoile pour mieux inspecter les blessures. Il n’avait pas été asse réactive et à cause de lui, elle devait souffrir.

Serrer les dents, jusqu’à en avoir mal aux mâchoires, mais il retient ses mots d’excuses, de ses pardons tant de fois repoussé par la Bleuter. Pour ne pas qu’il souffre, pour le rassurer, il le savait bien. Mais la culpabilité, elle, était bien trop tenace. Alors pour ne pas l’accabler, il se contente d’afficher une ride soucieuse entre ses deux sourcils.

- J’ai cru que tu serais en retard.

Voix douce, teintée presque d’ironie sans aucun reproche. C’était plus un moyen d’exprimer son inquiétude sans la brusquer.

- Mais au final, on a peut-être trouvé une solution… ?

Hésitation alors qu’il ne veut pas trop dévoiler de son enthousiasme. Connaître la Bleuter et son esprit de protection. Tendre une main et caresser la joue visible.

- Tu en penses quoi ? Tu penses que l’on va vraiment boire ces potions ?

Un regard en biais vers les flacons lumineux. Tant de promesses merveilleuse rien que dans ces liquides colorés, une paix physique qu’il avait oubliée depuis trop de jours. Le palpitant qui ne bat un peu plus vite rien que d’imaginer pouvoir rentrer ses ailes, de ne plus sentir leurs poids dans son dos. De pouvoir respirer un peu plus librement. Pourtant, cela pouvait être un poison qui les terrasserait à force de hurlement et de suffocation.

- Il n’était pas Humain. Il est peut être moins vicieux.

Soupirer, ne sachant pas comment prendre en compte tous les paramètres. Vie d’obéissance sans devoir poser de question à voix haute, savoir gérer tout ceci lui apparaissait comme une montagne infranchissable. Alors maladroitement, il se repose sur son Etoile, elle qui connaissait mieux le monde, malgré ses blessures et sa méfiance.
Ils étaient les deux faces d’une même pièce.






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Lulu
Ven 11 Oct - 20:25

Aksana

Est la descendance oubliée d’abominations morales, fruits maudits de malhars, le temps a ravi ses traits juvéniles, pour qu'elle devienne l'image fidèle d'une mère sans nom, égarée dans les ombres de l'abandon. Palpitant vacant qui ne demande qu’à ronronner sous la moindre caresse, mais les rares curieux craignent d'être engloutis par les ténèbres qui l'entourent. Ces malheureux ignorent que l’âme de l’orpheline brille d'une lueur douce, condamnée à suffoquer sous le poids des préjugés. Domestique qui frise l'esclavage sans même s'en douter, convaincue que, grâce à ses efforts infatigables, elle lavera l'honneur terni de sa lignée. Dévouée qui s'échine, jour après jour, entre les murs du manoir de Mama, la lueur d'espérance continue de briller dans ses yeux fatigués.

Enfin, le monde m'offre une main secourable, une opportunité d'ériger la preuve que mon lignage n'est pas aussi vicié que l'insinuent les sinistres murmures. Mes mains, maculées du bleu de l'infamie, sont prêtes à démontrer au monde qu'elles ne furent point créées pour disséminer que mensonges et tourments. En ce sanctuaire, j'ai trouvé asile, un rayon d'espoir scintillant faiblement... Et une étrange compagnie, dont la singularité miroite dans le miroir de la mienne. S h e o g, est son nom.
Son cœur continuait de trembler, bien que ses battements affolés ne heurtaient plus sa respiration. Ses mains, elles aussi, restaient agitées de secousses invisibles pour un regard distrait. Elle ressemblait à un faon, échappé de justesse aux griffes d’un prédateur. Encore une fois, Aksana avait cru le perdre, lui, son tout, son monde argenté, son refuge. Cette créature aurait pu la briser comme un rameau, sans le moindre effort, si elle l'avait désirée. Elle aurait également pu lui voler sa dague aussi facilement qu’un parent ôte un jouet des mains de son enfant.
La jeune malhar ne se privait jamais d’exhiber ses armes, ses crocs ou encore ses griffes, mais elle savait pertinemment qu’elle ne les maniait qu’avec une maladresse acharnée. L’envie de combattre, sa pugnacité, n’était pas suffisante pour garantir sa victoire, surtout quand on doutait soi-même de ses compétences. Après tout, ses mains n’avaient longtemps servi qu’à astiquer, à ranger, à obéir aux caprices de maîtres humains, aussi sales que des pourceaux incontinents.
Ses pensées étaient encore prisonnières de l'altercation, tandis que ses yeux flottaient dans le vide, lorsque la voix de Sheog réussit à percer cette brume qui l'enveloppait. Une main douce se posa sur sa joue, la tirant délicatement hors de ses pensées confuses, jusqu’à ce que son regard se noue enfin au sien.
Ce qui la frappa en premier lieu ne fut pas sa question, mais bien l’étincelle contenue dans ses yeux, comme une joie qu’il dissimulait avec peine. Il ne semblait pas avoir mal vécu cette rencontre ; au contraire, il en tirait une satisfaction étrange, comme s’il avait déterré un trésor qu’il croyait perdu à jamais. Enfin, elle entrevoyait une lumière dans ses prunelles.
Depuis des jours, elle ne l’avait pas vu ainsi, le cœur allégé, avec cette douce énergie qu’il n'avait pas manifesté depuis leurs moments complices au manoir. Et ce renouveau en lui l’enveloppa d’une chaleur inattendue, comme si elle venait de plonger son corps glacé dans un bain chaud — du moins, elle se figurait l’effet qu’un bain chaud aurait pu avoir sur elle, n’en ayant jamais pris. Elle se sentait fondre, comme si ses muscles, ses tensions, tout ce qui en elle était raide et gelé, se dissolvaient enfin. Une vague de chaleur douce, réconfortante, l'emplissait, comme si elle venait de boire une longue gorgée de thé bien chaud.
Pourtant, une part d’elle restait aux aguets, tapie dans l’ombre. Cette part leur avait causé tant de leurs malheurs, et qui ressemblait à une lionne aux yeux écarquillés par la terreur, aux crocs luisants et à la mâchoire grande ouverte, bloquée par des peurs qui ne s'apaisaient pas.
Ses dents se serrèrent, et elle fut aussitôt punie par une douleur aiguë, comme si sa joue avait été transpercée par une aiguille brûlante, d'un coup sec. Discrètement, son corps tressaillit, et cette douleur la força à prendre conscience d’autres qu’elle avait jusqu’ici ignoré — elle n’était pas sortie indemne de cette forêt, ni de l’étreinte, même brève, avec les premiers rayons de la matinée.

L'Adoré posa une nouvelle question, mais Aksana, troublée, avait déjà oublié la précédente. Son attention se tourna vers les potions que le fée leur avait offertes, affirmant qu’elles feraient effet dès la nuit tombée. L’idée était tentante, après des jours de souffrance. La malhar pensait aux blessures de Sheog, plus inquiétantes que les siennes et dont la guérison traînait. Elle n'avait rien pour l'apaiser. Ce n’était ni par fainéantise ni par indifférence. Elle s’était acharnée à chercher des plantes médicinales, sans grand succès — après tout, elle n’était ni guérisseuse ni sorcière. Elle avait même tenté de fabriquer une attelle rudimentaire pour soutenir son aile, mais elle n’avait jamais appris à travailler le bois. En vérité, tout ce qu’elle pouvait offrir à Sheog, c’étaient ses yeux, ses mains, et parfois, ses lèvres pour le réconforter. Ce n'était pas suffisant.
Son regard, hésitant, se posa sur les flacons. Elle redoutait qu’ils contiennent un poison. Pas forcément de quoi les tuer, mais il y a tant de façons de faire souffrir, ce, sans provoquer une mort immédiate. Le fée savait bien qu’ils étaient tous deux vulnérables, fraîchement jetés dans ce monde qu’ils apprenaient à appréhender par la douleur et la violence. Aksana n’était pas plus expérimentée que Sheog. Elle n’avait jamais quitté les murs glacés et fissurés de son orphelinat avant que Mama ne la trouve. Alors, ensemble, ils découvraient le monde et ses mystères, et si elle avait fait preuve de courage, d'assurance, c’était souvent pour apaiser le Gris, pour l’encourager à se libérer des griffes de Mama. Elle-même avait voulu croire que le monde extérieur serait plus lumineux que leur ancienne prison. Mais voilà où ils en étaient.

Ses prunelles azurées, encore hésitantes, glissèrent sur la mine opaline de Sheog. Lui semblait y croire. Et s’ils faisaient, pour une fois, confiance à ses instincts à lui ? Lui, qui avait toujours été soumis aux volontés des autres, oubliant les siennes, allant jusqu’à en douter de la moindre manifestation de son être profond. Aksana baissa les yeux sur ses blessures, dont certaines fumaient encore faiblement. Ils n’avaient rien d’autre pour se soigner, et la nécessité de retrouver leurs forces devenait pressante. Chaque seconde perdue ici les rapprochait un peu plus d’une nouvelle captivité.

— « Si c’est un poison… Quelques gouttes ne devraient pas me faire trop de mal. »

Peut-être qu’elle risquait une petite fièvre, mais rien de plus. Et quelques gouttes suffiraient sûrement à soigner ses griffures, qui marquaient sa peau. Ses doigts abîmés saisirent l’un des flacons scintillants. Elle le tourna entre ses mains, l’inspectant avec minutie, comme si elle pouvait percer le contenu rien qu’en l’observant. Elle aperçut quelques pétales de lavande, une fleur dont elle n’avait jamais entendu dire qu’elle entrait dans la composition de poisons. Pour autant, cela ne voulait rien dire.

— « Je vais en prendre. Mes blessures sont plus légères que les tiennes, alors on verra sûrement les effets si j'en prends un peu. Et puis, il faut que l’un de nous reste en forme, ou du moins alerte, au cas où... » confia-t-elle, son regard prudent se posant sur Sheog.

Il avait déjà assez souffert, récemment, et il était bien trop affaibli pour risquer d’ingérer un poison. Elle comptait sur lui pour veiller, si jamais elle venait à être affaiblie par cette potion. Après tout, il semblait s’être remis de sa nuit passée seul. Ses traits étaient moins creusés, et il ne tremblait pas de faim. S’il avait réussi à prendre soin de lui, même un peu, il saurait sans doute s’occuper d’elle, si besoin.

Un léger soupir traversa ses narines, essayant de rassembler un peu de son courage restant. Lentement, elle ouvrit le flacon, prenant soin de ne rien renverser. Une fois fait, elle porta la fiole à ses lèvres et laissa couler quelques gouttes seulement. C’était la seule manière de découvrir les véritables intentions du fée. Aksana voulait croire en lui, lui donner une chance, seulement parce que Sheog le faisait, et qu’elle croyait en ses instincts.
Dès que la première goutte toucha sa langue, le goût de la lavande emplit sa bouche, suivi d’une légère pointe d’acidité. C'était une saveur nouvelle pour elle. Cela ne lui brûla ni la langue ni la gorge. Elle n’éprouvait ni oppression, ni angoisse, ni plus de fatigue que ce qu’elle ressentait déjà. Avec minutie, Aksana referma le flacon, le scellant.

— « Pour le moment, je ne sens rien… » murmura-t-elle à Sheog, en reposant la potion à l’endroit exact où elle l’avait prise. « Peut-être qu’on doit attendre ce soir, comme l’a dit le fée, pour voir si ça fait effet… » ajouta-t-elle en jetant un regard vers leur lit de fortune.

Son attention fut attirée par une petite ombre noire, qui se traînait péniblement vers le matelas — ce n’était pas une des araignées qui habitaient les recoins de la cabane, mais l’un des chatons. Elle les avait presque oubliés.

— « Mmh… Ils ont l’air d’avoir froid, » remarqua-t-elle, une évidence qu’un aveugle aurait perçue. « Peut-être qu’on devrait les faire dormir entre nous, qu’est-ce que tu en penses ? »

L’idée ne l’enchantait pas vraiment. Aksana n’était pas très à l’aise avec ces petites créatures, aussi mignonnes soient-elles. Heureusement, elle gardait un souvenir tendre de Chat, et ces petits lui ressemblaient assez pour qu’elle espère qu’ils seraient tous aussi doux. Pas comme le chat grincheux de l’orphelinat.
Et puis, elle se souvenait de la lumière qui envahissait les yeux de Sheog lorsqu’il avait l’occasion de câliner Chat. Peut-être que ces chatons, minuscules et vulnérables, pouvaient lui offrir un peu de réconfort. Elle l’espérait. Si ces créatures pouvaient faire naître un sourire sur les lèvres de l’Adoré, alors elle ferait tout pour les garder en vie.

— « Est-ce que tu sais ce que ça mange ? » demanda-t-elle, son regard curieux se posant sur le Gris.

Aksana ne savait rien des chats, et encore moins des chatons. Si cela ne tenait qu’à elle, elle les nourrirait de leurs propres proies, quitte à se rationner. Elle espérait que Sheog, grâce à sa proximité avec Chat, en savait davantage.
Ses sourcils se froncèrent, le temps d’une question. Pourquoi le fée lui avait-il amené ces chatons ? Peut-être avait-il confiance en la douceur de l’ailé, se disait-elle. Pour autant, elle ne trouvait pas cette piste si satisfaisante.
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Mer 16 Oct - 22:21

Sheog
Démon, c'est ainsi que l'on m'appelle. Personne ne me ressemble et je vis dans ma chambre, dans la cave de Mama. Depuis toujours, elle me marchande pour les lubies d'humains lors de soirées privés. Je me plie à ses ordres, ne connaissant rien d'autre, cherchant l'amour maternel et l'affection des humains que je croise.

Tant d'année se sont écoulés, je cherche toujours a savoir ce qui ce passe de l'autre côté de ces murs. Les livres ne suffisent plus à apaiser mon besoin de liberté. Depuis peu, Mama a engager une domestique si différente des autres. Aksana.


Un reniflement bruyant, une crispation qui se retranscrit par une grimace du Gris, froisse son visage d’une expression déplaisante. Le cœur qui tambourine soudain, la colère et l’inquiétude qui fouette son sang. Queue qui bat l’air, menace de rayer une partie du mur dans son balancement sec. Des yeux argentés qui suivent le chemin de cette potion porté à des lèvres bleues, la poitrine qui se soulève avec indignation alors que l’envie d’arracher ce liquide mystique de la bouche de son ami lui crispe les doigts. Pourquoi elle ? Pourquoi, c’était toujours à elle de se mettre en danger ? Il aurait pu prendre cette responsabilité, endosser le rôle d’un protecteur pour une fois. Cela le désole d’être toujours la victime à protéger. Il était si grand et pourtant si inutile. Où peut-être qu’elle ne le considérait pas comme asse fort ? Asse résistant ?
Amertume qui se glisse sur sa langue qui remue de dégoût.

Alors par dépit, il observe le visage de son ami, tente de lire chaque ridule d’expressions, la moindre marque de souffrance dans le reflet de ses yeux bleus, un pli sur les lippes pulpeuses, un froncement de nez un peu trop marqué. Inquiet le Titan qui reste figé dans une posture d’attente, prêt à bondir au moindre faux mouvement. Mais pour faire quoi ? Si elle est malade, souffrante, que doit-il faire ? La tenir dans ses bras et la bercer pour la soutenir ? Pleurer en silence et attendre que le mal passe ? Hurler son désarroi jusqu’à ce qu’une créature les trouve ?
Où retourner chez Mama par désespoir le corps de son Aimée dans ses bras ?

Angoisse qui menace à nouveau de monter, de bloquer la respiration et de vider ses poumons d’une pression intense et douloureuse. Oser à peine respirer tant l’attente était insoutenable. Et aucune délivrance ne vient le soulager alors que le moment est suspendu, que pour l’instant il n’y avait pas de symptômes. Mais peut-être que cela n’arrivera que cette nuit … ?
Tant d’incertitudes qu’il n’arrive pas à gérer, qui perturbe le calme qui d’ordinaire le caractérisait. Négligemment, de ses griffes fissurées, il vient gratter son avant-bras d’un tic nerveux.

Pensées vite détournées vers les boules de poils sombres qui cherchaient une source de chaleur. Nouvelle culpabilité qui l’accable, cette responsabilité qu’il ne pourrait endosser seul. Comme d’habitude.
Tu es inutile.

- Oui, ils auront besoin d’un maximum de chaleur. Normalement il faut un environnement proche des 30 degrés pour les maintenir chaud. À cet âge ils sont incapables de réguler leurs températures.

Énumérer avec facilité les informations qu’il avait, hochant la tête pour appuyer ses propres dires.

- Ils n’ont pas encore les yeux ouverts, ils ont donc moins d’une semaine, 4 ou 5 jours tout au plus. Et ils boivent du lait maternisé.

Percevoir le regard que lui jette son Etoile et une mine penaude s’affiche sur le visage du Gris, qui semble presque piétiner sur place par timidité.

- J’ai lu beaucoup de livres sur le sujet quand j’ai rencontré Chat. C’étaient les seuls présents que m’offrait Mama, quand j’étais sage. Elle ne c’est jamais douté de quoi que ce soit, pour elle, il était impossible qu’un animal puisse s’attacher à moi. Elle pensait que c’était une lubie passagère, comme un énième livre de romantasy

Haussement d’épaule. Finalement, il lui était banal d’énumérer à quel point la figure maternelle qu’il avait était dénigrante et mauvaise à son égard. Comme si à ses yeux, il était normal de lui faire du mal, qu’il soit considéré comme une Bête stupide. La force l’avait quitté, pour se battre contre une vie d’insulte. Pour le moment, sa priorité n’était pas de guérir de ses blessures intérieures, roses et purulentes, mais celles du monde actuel, plus vive.

- Si on n’arrive pas à les nourrir, ils ne tiendront pas. Ils vont se déshydraté. Un chaton doit se nourrir toutes les deux heures environ. Je ne sais pas s’ils tiendront toute une journée.

Tristesse dans l’intonation de sa voix, ce léger froncement de sourcil qui plisse son front. S’avancer jusqu’au lit où il s’allonge rapidement pour ne pas secouer les petites boules de poils, cette façon de les saisirs en coupe pour les plaquer contre sa peau, de les recouvrer d’un bras pour les entourer plus étroitement. Leurs présences étaient rassurantes et terrifiantes, comme si Chat était là, quelque part pour les surveiller à confier entre ses grandes mains leurs vies si fragiles.
Les observer sans rien dire, se demandant combien survivrais à cette journée de famine.
Fermer les yeux, plisser fort les paupières.
Pitié, survivez les petits. Une seule journée.

Soupirer, longuement. La tête qui se pose lourdement sur le bras en arc de cercle, crinière trop longue qui glisse sur le matelas miteux. Beaucoup d’émotions en peu de temps, de quoi chambouler la quiétude du Gris.

- J’espère sincèrement que le fée n’est pas une entité malfaisante et qu’il va revenir cette nuit. J’espère que l’on trouvera vraiment ce refuge.

Parce que je suis fatigué de me battre sans cesse contre la vie et que l’épuisement menace de me faucher en pleine route. Je ne tiendrais pas, je ne suis pas asse fort. J’apprends. Je fais de mon mieux. Mais je n’y arrive pas asse vite.
Ne rien dire pour ne pas peser plus lourd sur les épaules de son Etoile, ne pas entacher sa façon de briller dans le ciel alors que lui-même peine terriblement à suivre sa cadence. Pas dupe le Démon, qui sait que sa partenaire l’observe constamment, qu’elle remarque le moindre détail imprimé dans les expressions de son corps. Mais le fardeau, il le porterait seul. C’était éprouvant, mais il était hors de question de saper les dernières forces de sa tendre.
Tu tentes de croire que tu sers à quelque chose, mais la réalité c’est que tu vas regarder les chatons mourir un à un, tu vas courir après l’espoir d’une terre prodige qui n’existe pas, tu cherches un repos que tu n’auras plus jamais.

Oh que la voix intérieure était rude, aussi acérée qu’une lame de rasoir, tourbillonnant dans son esprit embrumé pour mieux le perdre. Mais comme un enfant qui refuse de croire ce qu’on lui dit, il fait la sourde oreille. S’il faisait semblant, elle disparaîtrait un jour, comme ce reflet étrange dans le lac tout au fond de lui.
Se replier un peu sur lui-même, se préparant à son sommeil pendant la lourde journée.



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Sam 19 Oct - 14:34

Aksana

Est la descendance oubliée d’abominations morales, fruits maudits de malhars, le temps a ravi ses traits juvéniles, pour qu'elle devienne l'image fidèle d'une mère sans nom, égarée dans les ombres de l'abandon. Palpitant vacant qui ne demande qu’à ronronner sous la moindre caresse, mais les rares curieux craignent d'être engloutis par les ténèbres qui l'entourent. Ces malheureux ignorent que l’âme de l’orpheline brille d'une lueur douce, condamnée à suffoquer sous le poids des préjugés. Domestique qui frise l'esclavage sans même s'en douter, convaincue que, grâce à ses efforts infatigables, elle lavera l'honneur terni de sa lignée. Dévouée qui s'échine, jour après jour, entre les murs du manoir de Mama, la lueur d'espérance continue de briller dans ses yeux fatigués.

Enfin, le monde m'offre une main secourable, une opportunité d'ériger la preuve que mon lignage n'est pas aussi vicié que l'insinuent les sinistres murmures. Mes mains, maculées du bleu de l'infamie, sont prêtes à démontrer au monde qu'elles ne furent point créées pour disséminer que mensonges et tourments. En ce sanctuaire, j'ai trouvé asile, un rayon d'espoir scintillant faiblement... Et une étrange compagnie, dont la singularité miroite dans le miroir de la mienne. S h e o g, est son nom.
L’arc de ses épaules, habituellement tendu et droit, s’affaissa lourdement, tandis que ses yeux restaient fixés sur les chatons dont les miaulements fragiles emplissaient la cabane délabrée. Ils allaient mourir de faim, c’était une certitude qu’ils ne pouvaient pas ignorer. Ses sourcils fins se froncèrent, et elle sentit une tempête s’éveiller peu à peu en elle, comme une armée de cavaliers lancés au galop sur une terre dévastée, et dont on entendrait au loin le martèlement lourd des sabots en approche. Elle ne les laisserait pas mourir.
Ce n'était pas tant leur sort qui l'inquiétait. Bien sûr, elle n’avait pas un cœur fait de la même pierre froide qui entourait le manoir de Mama, elle serait attristée de voir ces petites vies s’éteindre. Mais ce qui lui tordait le cœur, faisait bouillir ses veines d’inquiétude, c’était surtout l’état mental précaire de Sheog. Déjà bien assez érodé par leurs épreuves récentes, elle craignait qu’une nouvelle épreuve ne suffise à le faire sombrer définitivement — il était déjà impressionnant qu’il ne se soit pas effondré plus tôt. Mais, là, elle sentait que, si une vague supplémentaire s’abattait sur son esprit fragilisé, il risquait de se faire emporter pour de bon.
Ses poings égratignés se serrèrent jusqu’à s’en briser les os. Elle chercha, fouilla son esprit, poussa ses pensées jusqu’à l’épuisement, comme on presse un fruit jusqu'à la dernière goutte. Sortir était impossible. Mais sortir, pour elle, était impossible. Le soleil commençait à grimper dans le ciel, et bientôt, ses rayons meurtriers inonderaient la terre. Le Gris, lui, semblait être épargné par leurs morsures. Sa peau ne portait aucune trace des brûlures que la lumière du jour lui infligeait à elle. Toutefois, il n'était pas en forme physique.
Un bref coup d'œil aux fioles. Mais l’idée de les utiliser mourut avant d’avoir vraiment pris racine. S'il devait boire, il en faudrait beaucoup. Et si c’était du poison… Elle ne pouvait pas prendre ce risque. Un soupir ténu traversa ses lèvres, et une ride de concentration barra son front alors qu’elle continuait de chercher, encore et encore. Elle ne pouvait pas se résoudre à dormir sans avoir trouvé ne serait-ce qu’une piste.

La Lune mentionna à nouveau le fée. Peut-être que la solution résidait en lui, même si pour Aksana, cette idée restait difficile à accepter. Ils ne savaient rien de lui, alors que lui semblait bien les connaître. Depuis combien de temps les observait-il ? Et s'il les épiait toujours ? Elle leva les yeux, scrutant la lumière du jour qui teintait les troncs d'une lueur cuivrée. Et s’il était là, encore, caché quelque part, les épiant comme un prédateur ?

— « Peut-être que… », commença-t-elle, hésitante.

Elle mordit sa lèvre, son regard se détournant de la lumière pour revenir vers la mine soucieuse et épuisée de Sheog.

— « Le fée pourrait nous aider… S’il nous donne de quoi sauver les chatons, je me dis que ça nous permettrait de mieux comprendre ses intentions. Qu’est-ce que tu en penses ? » demanda-t-elle, s’efforçant de maîtriser ses propres réticences.

Le Gris, lui, paraissait plus enclin à la confiance. Peut-être par désespoir, ou peut-être avait-il vu quelque chose en cette créature qu'elle n’avait pas perçu. Elle se souvenait de leur échange, du calme qui s'épanouissait entre eux quand elle les avait surpris ensemble, de la petite étincelle de confiance qu’il avait su inspirer à son doux. Cela ne venait sans doute pas de nulle part.

— « Vous sembliez bien vous entendre », lui rappela-t-elle, sans animosité quelconque.

S'il avait fui, c’était en grande partie à cause d’elle et de son couteau.

— « Je me dis que si tu sors, si tu t’enfonces un peu dans la forêt… Il viendrait peut-être à toi. Vous pourriez parler. Et ça nous permettrait de savoir ce qu’il veut, où se trouve son refuge. Peut-être même qu’il nous donnerait de quoi nourrir les chatons, s’il est réellement bien intentionné. »

Le laisser mener la discussion, entrer en contact avec lui, puisqu’elle le savait beaucoup plus doué en la matière qu’elle. Il manipulait les mots avec plus d’aisance, appréhendait ses interlocuteurs avec plus de sang-froid qu’elle, et il semblait réussir à inspirer la confiance aux autres mieux que personne. En tout cas, il avait su apaiser la sienne, de méfiance.
D’ailleurs, elle se posa la question de, pourquoi les empoisonnerait-il s’il avait l’intention de les emmener dans son refuge ? Cela n’avait pas vraiment de sens à ses yeux. À moins que le poison ne soit destiné à les endormir. Mais elle doutait que ses membres fins puissent porter le corps massif de Sheog, en plus du sien.

— « Tu penses pouvoir le faire parler, découvrir ce qu'il nous veut vraiment ? »

Elle ne voulait pas le forcer. Le doux était affaibli, son corps était une peinture de douleurs et de cicatrices encore fraîches, et encore, il ne s’agissait-là que de celles visibles. Peut-être craignait-il de se retrouver seul face à cette créature, de faire une erreur. Pourtant, elle croyait en lui. Son esprit était vif, aiguisé comme une lame affûtée par des années de lectures. Elle l’avait remarqué, à travers toutes ces discussions qu’ils avaient eues pendant ses jours de convalescence. Oui, elle savait qu'il en était capable. Mais s'il ne pouvait pas, si son corps ou son esprit ne pouvaient endurer ce fardeau, alors elle trouverait une autre solution. Même s'il lui fallait coudre des morceaux de tissu en une cape de fortune — les tissus seraient-ils assez épais pour la protéger ? — et marcher dans l'ombre des arbres jusqu'à l'orphelinat, là où, elle espérait, il y aurait du lait.
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Dim 20 Oct - 19:51

Sheog
Démon, c'est ainsi que l'on m'appelle. Personne ne me ressemble et je vis dans ma chambre, dans la cave de Mama. Depuis toujours, elle me marchande pour les lubies d'humains lors de soirées privés. Je me plie à ses ordres, ne connaissant rien d'autre, cherchant l'amour maternel et l'affection des humains que je croise.

Tant d'année se sont écoulés, je cherche toujours a savoir ce qui ce passe de l'autre côté de ces murs. Les livres ne suffisent plus à apaiser mon besoin de liberté. Depuis peu, Mama a engager une domestique si différente des autres. Aksana.


Un instant, le corps s'enfonce dans le matelas, la respiration se fait plus longue. Les yeux roulent derrière les paupières closes, fouillant un repère, quelque chose d'apaisant dans ce tourbillon d'émotion. Mais c'est alors qu'il recherche la paix que la réalité le rattrape de façon vicieuse, glissant le long de ses membres tels des serpents froids et constricteurs, brisant un à un les murs de façade. Une grimace qui traverse le visage, une plainte bien vite ravalée tout au fond de la gorge.
Son corps était en feu, incendiaire et menaçant de lécher les fondations même de son être. A vouloir être actif, il se cachait derrière un masque qui se fissure à mesure que le temps passe. Faire semblant d'aller bien, pour se convaincre autant que son Etoile. S'il faisait un pas après l'autre, il était obligé d'avancer n'est-ce pas ? Au moins d'aller dans une direction. Tout plutôt que de faire du surplace, pire, de reculer. Il ne le pouvait pas, ne le pouvait plus. Depuis qu'il a mutiler Mama, qu'il a accouru dans cette maison de la Dame Rouge, les portes se sont fermées avec fracas.
Plein d'espoir pourtant le Titan, qui ne voulait pas se laisser abattre si facilement. Mais quand on a vécu dans une bulle, le reste de l'univers semblait être des aiguilles.
Alors il a pris exemple des personnages de ses livres, qui malgré les épreuves sont capables de sourire, de batailler pour s'en sortir. Cela semblait si facile dans les phrases rocambolesques.

Mais voilà que son corps était au bord de la rupture, menaçant d'imploser à cause d'un esprit désespéré. Chercher le souffle réparateur qui lui permettrait de surmonter cette nouvelle épreuve. Mais au lieu d'une chaleur dans sa poitrine, il ne ressent que les muscles parcourut de crampes, les tendons trop sollicités. La peau fine de ses pieds qui s'effrite, se désagrège à cause de cette vie en extérieur. Les multiples coupures le long de sa queue qu'il n'arrive même plus à lever correctement. La pointe de ses ailes, boueuses et éraflées, elles qui auraient dû être portées hauts. Son dos, qui semble presque animé d'une vie propre tant les nœuds sont contractés.
Aucun repos pour le Démon qui pourtant ne peut se permettre de s'effondrer. Pas maintenant.

Aussi quand son Etoile parle, il n'ouvre pas tout de suite les yeux. Prendre le temps de refouler la souffrance, la fatigue. Car si tout son corps lui hurlait de rompre chaque tension, de s'enfoncer dans le matelas pour ne plus se relever, son esprit épuisé combattait toujours.
Les oreilles se redressent pourtant, en écoutant les propositions avec un intérêt grandissant. Il ne parle pas tout de suite, laisse le temps à la Bleuter d'énumérer ses pensées.

La peur tout d’abord, qui vient le mordre à l’intérieur, là au fond de son estomac, manque de faire remonter une bile amère qui le ferait grimacer. Cela s’infuse, tel un poison lent mais envahissant, fluidifie le sang dans ses veines qui s’électrise et devient corrosif. Ce corps qui se rétracte naturellement, cette langue collée au palais pour ne pas être mordu. Frisson qui le secoue, hérisse cette crinière basse dans son dos, agite d’un soubresaut ses ailes qui se tendent.
Il n’était pas asse fort, asse résistant pour une telle épreuve. Comment ? Comment faire ? Pour le retrouver ? Pour lui parler ? Trouver les bons mots ? Le convaincre ? Ne pas se faire tromper ? Jauger correctement ? Et le soleil ? Peut-être que s’il restait trop longtemps sous ses rayons il brûlerait comme le Démon qu’il était ?
Déglutir bruyamment, le souffle court, des fourmillements menaçant de faire trembler ses doigts.
Si peur. Il avait si peur. Tout repose soudainement sur ses épaules. Finalement, il était peut-être plus facile d’être considéré comme un idiot, cela lui permet de fuir des responsabilités grandissantes.

Cette main qui cherche les boules de poils, touche leurs fourrures si douces. Les sentir remuer sous la pulpe de ses doigts, c’est se rendre compte de leurs existences, de la vie, ténue et fragile qui s’agite dans leurs petits corps.
Chat a voulu qu’il s’en occupe.

Se redresser tout à fait, en faisant attention à ne pas troubler les chatons qui se mettent les uns sur les autres dans un instinct primitif de recherche de chaleur, les miaulements s’amenuisant alors qu’ils s’endorment.

- Je vais le faire. Je… Je vais le retrouver.

Malgré le balbutiement, la détermination brille dans son regard en se mêlant à la frayeur. Inspirer à fond pour débloquer ses poumons ratatinés, prendre de l’assurance pour affronter tous ses doutes.
L’envie de la serrer dans ses bras, de lui embrasser les lèvres pour lui prendre un peu de son courage de guerrière. Sentir sa peau contre la sienne, se gorger de son aura et se rassurer. Yeux d’argent qui la dévisagent, la caresse tendrement. Cette main qui se relève pourtant, repousse un peu cette chevelure cachant la moitié de ce visage mutilé. Déposer un baiser sur cette plaie encore douloureuse, insufflant de l’amour là où le secret tentait d’être gardé.
Se reculer bien vite pour ne pas se laisser déborder par ses sentiments. Ce n’était pas un adieu, seulement un au revoir.

S’approcher de cette porte qu’il ouvre, avant de s’immobiliser devant l’aube naissante. Tendre un bras, laisser la chaleur venir caresser sa peau grise. Tendus le Géant, qui est prêt à bondir en arrière au moindre signe de douleur. Narine plissée et aile frémissante, il s’attendait à voir sa peau noircir comme celle de la Féline, sentir des cloques parsemées sa chair.
Pourtant rien ne se passe.

S’avancer un peu plus, la curiosité prenant le dessus sur la peur. La sensation était… Nouvelle. Douce. Sa peau picotait légèrement, pas habituée à cette chaleur pourtant si basse à cette heure de la journée. Un pas en avant, l’hésitation accélérant le palpitant qui menace de flancher. Exposer toujours plus de son corps aux rayons dorés, des images de combustion instantané qui dilatent ses pupilles. Mais voilà qu’il est entièrement à l’extérieur, tournant lentement sur lui-même et offrant son visage au ciel, fermant les yeux pour savourer la sensation. Exhaler un soupir de bien-être avant de regarder Aksana et de hocher la tête.

Sans attendre plus longtemps il s’enfonce dans la forêt avoisinante, plongeant dans l’obscurité rassurante. Le début fut facile, il reconnaissait les lieux. Aussi il avait de l’assurance, comme un conquérant qui s’avance sans flancher. Mais plus il s’enfonçait, plus ses sens étaient désorientés. Et puis le doute l’assaille, manque de faucher son élan. Les yeux perçants cherchent le moindre indice, les oreilles redressées tente de percer les mystères du moindre craquement. Trébucher sur une branche, des ronces qui lui éraflent un peu plus une jambe. Se rattraper à un tronc d’arbre en respirant fort, la poitrine se soulevant par à-coups.

- Fée, j’ai besoin de toi…

Un chuchotement à peine audible, telle une prière lancée du bout des lèvres. Se sentir comme un oiseau piégé dans une cage, le cœur tambourinant follement dans sa poitrine, la sueur perlant déjà le long de son dos et collant le haut à sa peau. La peur de se trahir, d’élever la voix et d’attirer tous les autres monstres de la forêt.
Et alors que la peur fouaille à nouveau dans son estomac, il voit un sentier à peine visible dû au passage d’animaux. Telle une route éclairée par un phare, cela le guide en dehors des pièges invisibles qui menacent de le faire tomber.

- Fée ! J’ai besoin de toi !

Un peu plus d’assurance dans cette voix qui semble presque transpercer l’air autour de lui. Parce que même s’il était dépassé par tout ce qui se passait, il avait la vie des chatons entre les mains.

- Il faut sauver les chatons. Ils vont mourir si on n’a rien pour les nourrir. J’ai besoin de lait maternisé. Fée ! J’ai besoin de ton aide !

Tourner sur lui-même, complètement perdu, levant même les yeux vers les hauteurs pour tenter de capter une lumière miroitante, un reflet, un vrombissement. Une fée sa vole non ?

- Je t’en prie, Chat était mon amie, je ne veux pas perdre ses petits. Je suis seul et je ne te veux pas de mal. Tu voulais nous aider non ?

Je t’en prie, ne soit pas une illusion. Ne me fais pas croire à de belles choses avant de me les retirer des yeux juste pour me voir souffrir. N’agis pas comme les Humains.
Ferveur dans ce cœur qui tambourine à ses tempes à mesure que le temps passe et qu’aucune réponse ne vient à lui.

- On a besoin de toi. On veut juste… Vivre libre.

La voix qui s’éteint alors qu’il s’étrangle d’émotion. C’était le droit le plus basique d’un être vivant et pourtant, jamais ils n’ont eu cette possibilité. Tous les deux étaient esclave d’une vie de misère, sous le joug d’être cruel. Animaux élevés pour être ensuite abattu une fois inutile. Pourtant, ils s’acharnent, combattent de toute leur force pour s’en sortir.
Un bruit, à peine un froissement. Un buisson qui remue.
Le visage qui se tourne brusquement dans cette direction. Était-il épié depuis tout ce temps ?




Lulu
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Lulu
Lun 21 Oct - 21:10

Aksana

Est la descendance oubliée d’abominations morales, fruits maudits de malhars, le temps a ravi ses traits juvéniles, pour qu'elle devienne l'image fidèle d'une mère sans nom, égarée dans les ombres de l'abandon. Palpitant vacant qui ne demande qu’à ronronner sous la moindre caresse, mais les rares curieux craignent d'être engloutis par les ténèbres qui l'entourent. Ces malheureux ignorent que l’âme de l’orpheline brille d'une lueur douce, condamnée à suffoquer sous le poids des préjugés. Domestique qui frise l'esclavage sans même s'en douter, convaincue que, grâce à ses efforts infatigables, elle lavera l'honneur terni de sa lignée. Dévouée qui s'échine, jour après jour, entre les murs du manoir de Mama, la lueur d'espérance continue de briller dans ses yeux fatigués.

Enfin, le monde m'offre une main secourable, une opportunité d'ériger la preuve que mon lignage n'est pas aussi vicié que l'insinuent les sinistres murmures. Mes mains, maculées du bleu de l'infamie, sont prêtes à démontrer au monde qu'elles ne furent point créées pour disséminer que mensonges et tourments. En ce sanctuaire, j'ai trouvé asile, un rayon d'espoir scintillant faiblement... Et une étrange compagnie, dont la singularité miroite dans le miroir de la mienne. S h e o g, est son nom.
Sa joue brûlait encore du souvenir de son contact. La bleuet, sans comprendre pourquoi, porta sa main abîmée à cette marque. Un geste instinctif, presque maladroit, comme si elle espérait attraper quelque chose qu’elle craignait perdre. Sous ses doigts, la plaie pulsait encore, et pourtant ce n'était pas le dégoût qui la submergeait, mais une étrange douceur. Elle ferma les yeux, la gorge serrée. Il ne restait de lui que cela : une chaleur brève. Car devant elle, la Lune s'éloignait, d'un pas ferme et assuré, vers les entrailles des bosquets, entremêlés de ronces. L'inquiétude lui brûlait la gorge, se propageant comme une lame glacée, glissée lentement entre ses lèvres, traversant sa poitrine pour s'enfoncer jusqu'aux entrailles. Chaque souffle la faisait pénétrer plus profondément, et elle resta accrochée à cette fenêtre, coincée dans une attente qui lui sciait le cœur.
Reviens-moi vite, je t’en supplie.


L’aube inondait la forêt d’une lumière douce, chaude et dorée. Les feuilles frémissaient sous la caresse d’une brise légère, tandis qu’au loin, un oiseau poussait un cri bref avant de se taire à nouveau. Ses yeux noirs et ronds se baissèrent vers une masse dissimulée juste sous la branche sur laquelle il venait d’atterrir. Malgré la proximité de cette présence, l'oiseau ne s'envola pas, préférant plonger son bec dans ses plumes brunes pour les lisser avec soin.
Dans les arbres noueux, une silhouette se fondait dans les ombres, ses ailes à demi repliées autour de son corps fin, telles une mantille de soie, si belle qu'elle ferait saliver les mortels les plus coquets. Les prunelles perçantes du fée étaient fixées sur une forme affaiblie qu’il avait aussitôt reconnue. Le Gris. Le pauvre avançait péniblement, son corps tendu, les muscles crispés par la douleur. Ses pas incertains trébuchèrent même sur une racine, sa respiration haletante remplaçait le chant mélodieux des oiseaux, et il lui semblait, que ses yeux fouillaient les ombres tel un animal traqué.
Ses yeux noirs, profonds comme une nuit sans étoile, continuaient d’observer l'autre colosse qui suppliait son aide, comme le ferait un mortel à l’agonie auprès d’un de ses dieux. Mais il ne sortit pas tout de suite de sa cachette. Ce n'était pas cet être immense qu'il redoutait, non. Bien qu’auparavant, l'apparition d'un Gris sur la terre ferme était un présage sinistre, encore plus quand une ombre bleue les suivait. Pourtant, cela faisait des siècles que ces titans opalins n'avaient plus foulé le sol des mortels. Pourquoi ? Nul ne le savait. Certains murmuraient qu'ils s'étaient éteints, d'autres qu'ils s'étaient enfouis dans les profondeurs abyssales de la terre, abandonnant en même temps ce peuple avec qui, pendant des générations, ils avaient partagé un lien si étroit qu'on les croyait presque de la même espèce. À leur disparition, l'harmonie entre les créatures s'effrita, et avec elle, la paix fragile que leurs ombres menaçantes inspiraient.
Il savait que le Gris n'était pas un ennemi. Ce qu'il redoutait, c'était la malhar, celle qui avait surgi de la forêt plus tôt, le surprenant pour plaquer un couteau contre sa gorge. La cicatrice de leur rencontre lui brûlait encore. Autrefois, sous le règne des Géants ailés, les malhars n'étaient pas à craindre. Mais après leur chute, ils avaient été réduits en esclavage, et presque tous sombrèrent dans une folie vengeresse. Leur civilisation aussi s'effondra. La fée ne pouvait se mentir ; celle qui l'avait attaquée n'avait rien de commun avec les malhars pacifiques d'antan, ceux qui prospéraient lorsque l'harmonie régnait encore entre toutes les créatures vivantes.
Ses yeux parcourent les sous-bois comme s’il attendait à tout moment que la bête se glisse entre les arbres pour le saisir. Il se concentra sur les fragrances qui flottaient autour de lui ; seule celle ferreuse, émanant du colosse épuisé, remplissait l’air. Pas d’odeur de chair brûlée par le soleil, ni d’une lame fraîchement aiguisée. Pas de bruits émanant d’autre chose, que du corps aux gestes maladroits et presque erratiques, du Gris. L’autre n’était pas là, ou alors, pas encore. La forêt était immense, et pour l’instant, elle leur appartenait, à eux seuls. Alors, il s’avança enfin.

Les éclats dorés de l’aube se reflétaient sur ses longues ailes diaphanes. Elles frémirent à peine, juste le temps d’un envol gracieux, qui souleva quelques feuilles mortes du sol, comme si la terre mousseuse venait de laisser échapper un léger soupir. Ses écailles scintillèrent sous la lumière à peine née, lui donnant presque l’apparence d’une flamme liquide, d’un feu follet, ondulant dans les bois. Lentement, son visage fin émergea des fourrés. Les deux pierres d’obsidienne qui lui servaient d’yeux, se posèrent sur le Gris. Aucune méfiance ne les assombrissait, il n’y avait qu’un calme attentif qui y ondulait, elles ressemblaient presque à la surface de deux larges lacs d’encre.

— « Je suis là, Gris… »

Le fée avançait, ses mouvements étaient imprégnés d’une grâce naturelle, et l’entité émergea complètement de sa cachette boisée. Il s’approcha d’un pas calme du titan, jusqu’à ce qu’il sente la chaleur émanant de son corps immense, et que le léger bruissement de ses ailes effleure l’air autour d’eux. Il l’observait avec une intensité tranquille, la tête légèrement inclinée, comme s’il osait à peine croire à cette rencontre. Même s’ils s’étaient déjà croisés, cela semblait être toujours pour lui un miracle, d’être en présence d’une telle créature après tant de siècles. Comme un trésor qu’il avait cru à jamais perdu.

— « Tu n’as pas encore ingéré les potions… »

Une légère inquiétude alourdissait sa voix, s’ajoutant à cela, une tension qui pesait sur ses sourcils fins.
D’un geste distrait, ses doigts tracèrent un cercle au-dessus de sa paume tendue, et dans l’air, une fine poussière d’argent se déposa, similaire à des éclats de lune. Une bouteille apparut, contenant un liquide laiteux. Il avait fait apparaître cette offrande, comme s’il déployait ses poumons pour respirer.

— « Prends », dit-il avec douceur, bien qu’un filet d’autorité enrobait sa voix. « Cela te suffira pour un jour. »

Il tendit la bouteille vers l’ailé, ses yeux, doux mais intenses, ne quittant pas les siens. Il y avait dans ce Gris une aura particulière, quelque chose de différent de ses ancêtres. Peut-être était-ce simplement parce qu’il n’en avait plus vu depuis longtemps, qu’il lui paraissait plus fascinant que les autres.

— « Mon sanctuaire t'est toujours ouvert », murmura-t-il, puis, son regard se plissa légèrement. « Est-ce à cause de la malhar, que tu refuses de nous rejoindre ? », sa tête se pencha un peu plus, ses sourcils se fronçant davantage.

Il se souvenait de sa méfiance sauvage, presque bestiale, comme un chien enragé, prêt à mordre même la main qui le nourrissait. Elle l’inquiétait, oui, et il craignait qu’elle ne soit la raison qui tenait l’ailé à distance. Il ne voulait pas que cette hostilité empêche le Gris de guérir, et encore moins, de trouver refuge alors que des hordes d’humains étaient à sa recherche.
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