Lorsqu’ils avaient eu les clés de la maison, Vic était restée quelques secondes sur le palier. Elle avait observé Jacob avancé dans le salon et elle avait souri. Elle s’était dit qu’ils étaient parvenus à surmonter bien des épreuves. Aujourd’hui ils semblaient plus soudés que jamais. Il avait été compréhensif, comme souvent, sur son besoin d’avoir un autre endroit pour vivre. Comme pour entamer un nouveau chapitre et laisser le passé au passé. Elle avait adoré le déménagement et l’emménagement. Le va et viens de leur deux familles pourtant cartons et partageant bières et café. Elle avait aimé voir ses frères, ses deux frères, ouvrir grands les bras à celui qu’ils appelaient l’un et l’autre Hermano maintenant. Elle aimait les discussions que Jacob pouvait avoir avec ses sœurs ou son père. Elle aimait le voir s’intégrer à sa famille comme s’il en était une pièce du puzzle depuis le début. Elle avait aimé qu’ils cherchent ensemble comment agencer la maison, décider de quel meuble irait où. Elle avait aimé pouvoir profiter de la terrasse le soir venu, ouvrir une bière et venir se blottir dans les bras de Jacob, morte de fatigue mais tellement heureuse.

Aujourd’hui, c’était une Eva qui débarquait telle une tornade – comme souvent – mais une tornade mal en point. La jeune femme avait bien du mal avec sa parentalité. L’accouchement avait été long et éprouvant. Et puis il y avait eut les nuits, les couches, les dents… ils avaient besoin de temps pour eux, juste pour dormir. Victoria avait pas mal travailler sur ses fausses couches avec son psy, qu’elle voyait toujours et encore. Aujourd’hui, elle était capable de prendre Lisandro dans ses bras sans ressentir un coup de poignard dans le cœur. Il lui avait fallu du temps pour cela. Au départ elle trouvait une excuse à chaque fois qu’on voulait lui mettre le petit dans les bras. Et puis elle s’était dit qu’il fallait qu’elle agisse. Que c’était son neveu et qu’elle voulait pouvoir le câliner, comme elle l’avait fait avec les autres par le passé.

En voyant Eva, elle avait rapidement prit le petit garçon dans ses bras, comme pour lui créer à Eva, un peu d’espace ou lui laisser un peu d’air. Elle accepta de garder le petit, sans souci. Ce n’était pas première fois qu’elle faisait la baby sitter. Elle l’avait fait des années plus tôt. Elle sourit à sa belle sœur et fit faire un coucou de la main à Lisandro. « -tu crois que ça sera possible ? » demanda la jeune femme en redressant les yeux sur Jacob. Elle l’espérait. Si ce n’était pas le cas, elle s’en sortirait. Enfin elle survivrait. « - ça va leur faire du bien une petite pause. » elle sourit et souffla un : « -ok. » avait de se dire qu’ils n’étaient pas tout à fait équiper pour avoir un bébé ici… Elle monta à l’étage avec le petit dans ses bras. Lorsque Jacob arriva, elle tourna la tête pour le regarder. Elle savait pourquoi il posait la question. Elle lui sourit : « -j’ai besoin de toi. Est-ce que tu pourrais prendre la couverture là-haut. On pourra le poser au sol dans le salon comme ça. » elle le remercia et répondit seulement lorsqu’elle eut posé le petit dans le salon : « -et oui, ça va… ne t’inquiète pas. » elle était heureuse de garder le petit, surtout si cela pouvait aider Eva. Intérieurement, il y avait une angoisse, quelque chose qui était là depuis quelques mois déjà. Il y avait eut de la fatigue, mais elle avait fait passé ça comme le contre coup du stress face au cancer de sa mère. Seulement de la fatigue. Pas de nausée. Elle savait qu'elle devait appeler Rachel. Pour un contrôle. Mais parfois les choc émotionnel bouleversait le cycle. Elle n’avait pas fait de test, elle ne voulait pas savoir. Elle ne voulait pas en parler.

Après le décès de Mia et son divorce avec son ex-femme, Jacob n’aurait jamais pensé pouvoir être heureux à nouveau, pensant que le bonheur était destiné aux autres. Puis son cœur s’était épris de la jolie brune qui avait fait irruption dans sa vie quelques mois auparavant, et il en était tombé amoureux. Et chaque jour, il remerciait le Ciel de lui avoir mis cette femme-là sur sa route. Aujourd’hui, dans cette maison qu’ils avaient choisi et aménager ensemble, il pouvait confirmer qu’il était pleinement comblé de bonheur. Il était parvenu à se faire une place auprès des siens, comme elle était parvenue à se faire la sienne auprès de sa famille. Leur relation avait été acceptée sans la moindre réserve, comme si ça avait toujours été une évidence pour eux tous. C’était donc serein que Jacob poursuivait sa vie aux côtés de la jolie brune. Tout ce qu’il espérait maintenant, en silence, c’était de pouvoir un jour être le père de son enfant. Que le fruit de leur amour puisse voir le jour. Même si depuis quelques jours, il éprouvait quelques soupçons à ce sujet-là. Mais il avait gardé ses doutes pour lui. Il n’était pas certain que Victoria soit prête à accueillir un petit-être en son sein. Pas en raison de leur relation. Sur ce point, ils étaient pleinement heureux ensemble et il ne faisait aucun doute qu’ils veilleraient ensemble. Seulement, la jolie brune avait enduré deux précédentes fausses-couches… Une nouvelle grossesse, c’étaient aussi de nouvelles craintes à ce sujet. Jacob avait donc gardé ses soupçons pour lui. De toute manière, Eva avait trouvé la manière d’occuper ses pensées en leur apportant son fils. Les premiers mois de Lisandro n’avaient pas été de tout repos pour les deux parents, et ils avaient besoin de repos. C’était donc tout naturellement qu’ils avaient accepté de garder leur neveu pour quelques jours.

« Je saurais me montrer convainquant. Je ne vais pas te laisser seule avec le bébé » avait-il rétorqué avec douceur, déposa un baiser sur sa tempe « Oui. Tu as vu la tête d’Eva ?! » et se mit à rire « Je pense qu’elle va dormira les deux prochains jours sans interruption » et posa son regard sur son neveu, responsable de ce carnage, puis s’éloigna pour appeler l’hôpital. Il était parvenu à obtenir quelques jours de congés et monta les marches pour annoncer la nouvelle à la jolie brune, mais avant cela, il voulait assurer qu’elle allait bien. « Bien sûr » et se saisit de la couverture et redescendit au salon, déposant la couverture au sol, avant d’y allonger Lisandro. Assis à même le sol, le dos contre le canapé, il adressa un sourire à Victoria qui le rassura « OK » et se pencha pour l’embrasser avec douceur « Je suis avec toi les prochains jours », et donna son index au bébé qui le lui saisit. Il l’observa quelques secondes avant de rétorquer « Je sais qu’on n’en a jamais vraiment parlé … mais… J’aimerais bien qu’on essaie...». Même si pour lui, la graine était déjà plantée, il voulait connaître la position de Victoria vis-à-vis de cette pensée. Se sentait-elle prête ?

Vic savait parfaitement que Jacob ne pouvait pas changer son planning aussi facilement. Il n’était pas un simple vendeur. Il était chirurgien. Mais tout comme elle, il avait de l’avance sur ses heures. De plus prendre quelques jours ne pouvait que lui faire du bien. Même si ce n’était pas certain que cela soit du repos. « -tu as peur pour lui ou pour moi ? » avait elle demandé avec un sourire taquin sur les lèvres. Elle connaissait la réponse. Et elle voulait que Jacob comprenne qu’elle allait bien, aussi de ce côté-là. Aujourd’hui, elle comprenait pourquoi elle n’avait jamais mené ses grossesse à termes. Parce que ces enfants n’étaient pas ceux de Jacob. Ils n’en avaient jamais reparlé, mais elle savait qu’il voulait devenir père. Il avait mit de côté ce désir pour son ex-femme qui ne voulait pas d’enfant. De son côté, c’était différent. Elle avait la même envie que lui. Seulement, il y avait aussi de la peur. « -les pauvres… ce n’était pas exactement ce qu’ils avaient imaginé… » mais c’était un fait, devenir parent, ça faisait mal… Malgré l’amour et la joie de certains moments, il y avait aussi les mauvais côtés.

Mais pour le moment, elle était occupée à chercher comment installer convenablement Lisandro et éviter de l’avoir dans les bras toute la journée. Ce ne fut qu’une fois de retour dans le salon qu’elle répondit à la question de Jacob. Puis elle vint s’installer près de lui tout en regardant le petit bonhomme à côté d’eux. « -parfait. » souffla Vic en lui rendant son baiser, souriante. Elle venait d’ouvrir la bouche pour lui demandé s’il avait une idée de comment faire dormir le petit pendant ces quelques jours, étant donné qu’Eva avait ramené le strict minimum en le larguant ainsi chez eux. Mais elle se pinça plutôt les lèvres en écoutant ce que Jacob avait à lui dire. Elle opta pour l’humour : « -là tout de suite ? T’es au courant qu’on a un bébé de compagnie et qu’on dois s’en occuper n’est-ce pas ? » elle vint poser sa tête contre l’épaule de Jacob, et après un léger silence elle répondit enfin : « -on peut essayer… mais je ne peux pas te promettre que ça fonctionnera… » elle se reprit : « -enfin si ça peut fonctionner, mais c’est le… la grossesse en elle-même… » Lisandro se mit à se tordre dans tout les sens et Vic se mit à sourire : « -la première couche est pour toi ! » avant de se lever pour aller regarder ce qu’ils avaient à dispo dans le sac change. « -je crois qu’on va devoir faire quelques cours… ta sœur a vu léger je pense… trois couches pour trois jours… » elle grimaça. Intérieurement, elle se demanda si Jacob savait ou se doutait ? Elle n’avait pas la moindre certitude.

Jacob n’avait rien répondu à sa question, penchant seulement la tête en souriant. Il savait qu’elle connaissait la réponse à sa question. C’était elle qui le préoccupait, pas l’enfant. Il avait toujours su qu’elle ferait une mère formidable si seulement la vie lui offrait ce cadeau. Puis un petit rire résonna dans le salon « Eux qui en voulaient un second. Je pense qu’ils vont attendre ». Sur ces mots, il s’éloigna pour passer son appel. Lors de leur pause de quelques mois, Jacob avait voué sa vie à son travail, cumulant des heures qu’il n’était jamais parvenu à rattraper. C’était donc l’occasion de s’octroyer une semaine de repos pour être auprès de Victoria et du bébé. Cette pensée l’avait fait sourire alors qu’il était au téléphone avec son interlocuteur. Qu’est-ce qu’il aimerait que ça soit le leur dans la pièce voisine… Mais ce n’était qu’une question de temps. En tout cas, il espérait que ce petit-être qui grandissait sûrement en la jeune femme parvienne à s’accrocher à la vie. Parce qu’en voyant Lisandro allongeait sur la couverture au sol, au milieu de leur salon, le trentenaire prenait conscience qu’il ne manquait plus que cela à leur existence pour qu’elle soit parfaite. Il voulait voir grandir le fruit de leur amour, riant aux éclats en étant poursuivi par sa mère dans les pièces de leur maison, ou venant se blottir dans ses bras lorsqu’il rentrerait du travail. Appuyé contre le canapé, assis à même le sol, il la prévint qu’il serait présent les prochains jours et l’embrassa avant d’acquiescer « J’ai posé la semaine pour tout t’avouer. J’avais envie d’être avec toi » et lui sourit de nouveau avant de reporter son regard sur l’enfant au sol. Jacob hésita quelques secondes, puis décida de lui avouer qu’il avait envie de tenter l’aventure, même s’il avait la sensation que la graine était déjà plantée au sein de Victoria. Un petit rire résonna alors qu’il passa son bras autour des épaules de sa moitié « C’est un détail » avait-il rétorqué sur le même ton que cette dernière, puis posa son regard sur elle « Si ça ne fonctionne pas, ça ne sera pas grave… Tant que je t’ai toi à mes côtés pour le restant de ma vie, ça me comblera de bonheur » et souffla « Je veux seulement qu’on essaie » et déposa ses lèvres sur sa chevelure brune avant que le bébé ne se torde dans tous les sens.

« J’ai l’habitude » avait-il précisé en souriant et se mit à genoux devant le bébé « Bah oui ! Tonton Jacob sait faire, bah oui » et gonfla ses joues pour les dégonfler bruyamment contre le ventre de l’enfant qui se mit à rire « Bah oui ! Il est drôle tonton Jacob hein » et tourna la tête en direction de la jolie brune « Elle a dû oublier que c’étaient des machines à excrément ces petits trucs » et se saisit d’une couche et s’y attela à faire les choses correctement, tout en continuant de parler à Lisandro « Tu as mis le paquet hein ! Tu n’étais pas obligé, tu sais » et rhabilla ensuite le bébé avant de le lever du sol, jouant à l’avion tout en restant assis à même le sol, puis le reposa sur la couverture et vint poser sa tête contre celle de Victoria « Ce que je voulais te dire tout à l’heure en te parlant d’essayer, c’était de savoir si tu te sentais prête à porter notre bébé, avec tous les risques que ça comporte ». C’était sa véritable question « Dans tous les cas, que tu le perdes ou non, moi, je resterais toujours » répliqua-t-il tout en fixant l’enfant qui babiller « Puis on a toujours ce petit bout de chou pour nous tenir compagnie » et fronça les sourcils avec un sourire en coin « Tu l’as bien appelé bébé de compagnie tout à l’heure ? » et se mit à rire « On ne dira pas à maman qu’elle t’a désigné comme ça, bah non, bah non hein ».

Elle avait souri. Il avait prit sa semaine. C’était parfait. « -comme ça on aura quelques jours pour se remettre du babysitting. » cela l’amusait. Même si il était certain que c’était plus simple lorsqu’il ne s’agissait pas de votre enfant. Ils allaient avoir la garde de Lisandro quelques jours. Rien de plus. Rien avoir avec un job de parent à temps plein. Elle posa sa tête sur l’épaule de Jacob comme pour lui dire merci, son regard sur le petit garçon. Il était mignon. Pour le moment, tout semblait bien se dérouler. Elle avait ensuite pouffé de rire, aimait le ton amusé qu’il avait également prit pour lui répondre. Le sujet était pourtant sérieux. Angoissant à dire vrai, pour la jeune femme. Elle le trouva adorable. Comment souvent. « -j’aimerais que ça fonctionne… » avait elle répondu. Est-ce qu’elle devait lui parler de ses doutes ? Est-ce qu’il avait déjà compris ? Elle devait appeler Rachel. Elle le savait. Mais pour l’instant, elle préférait rester dans l’ignorance, cela gardait à distance le stress et l’angoisse.

Il fallait changer une couche, et c’était à Jacob que revenait ce plaisir. Alors qu’elle était allée chercher le matériel, elle resta quelques secondes à regarder son homme discuter avec le bébé. Elle voulait que ça marche. Elle voulait un enfant. Leur enfant. Elle voulait pouvoir offrir ce bonheur à Jacob. Eva avait vu léger pour les couches et tout le reste d’ailleurs. Vic reprit sa place, au sol, dos contre le canapé, a observer Jacob jouer les oncles modèles. A nouveau elle sourit avec tendresse. « -je le suis. » elle était d’accord, seulement elle espérait que ça aller fonctionner. Que ce bébé déciderait de rester et de grandir en elle. « -oui bien sur… mais ce n’est pas pareil… » son sourire s’élargit : « -non, maman ne dois pas être au courant ! ça sera notre petit secret. » elle déposa ses lèvres dans le cou de Jacob avant de dire : « -on va le faire dormir où ? » parce qu’ils n’avaient pas de lit bébé. « -je peux demandé à Juan s’il leur reste un lit pliant. Ça évitera de le faire dormir dans une bassine… » elle envoya un sms rapide. La réponse le fut tout autant. « -ils ont ce qu’il faut. On peut passer le chercher. Au passage on va aller acheter ce qu’il faut. Ça te va ? » elle se leva après avoir eut la réponse positive de Jacob. Puis elle enfila sa veste et dit : « -tu sais comment on mets ce truc ? » en parlant de l’écharpe de portage qu’Eva avait laissé. Pas de poussette, pas de porte bébé. « -attends je regarde sur internet. » elle pianota sur son téléphone et trouva un tuto. « -parfait. Alors… » elle suivit ce qui était dit et finit par y arriver au bout de trois reprise. « -va s’y envoi le bébé. » tout en riant. Le petit fut bientôt installé sur elle, et Vic sourit. « -une vraie tata kangourou ! »

Jacob ne s’était pas résolu à demander seulement trois jours de repos à l’hôpital, optant pour une semaine entière afin de pouvoir profiter de la jolie brune le temps restant. Il avait conscience de ne pas être souvent présent, et il ne souhaitait pas que cela impacte leur relation. Il ne voulait pas redevenir l’homme qu’il avait été lors de son mariage avec Sharon. Il ne voulait pas réitérer les mêmes erreurs et perdre l’amour de sa vie pour son travail. Sa carrière de chirurgien ne valait pas un tel prix. « Entre autre » avait-il donc rétorqué parce que Victoria n’avait pas entièrement tort non plus. Au vu de l’état dans lequel Eva leur avait apporté son bébé, il craignait le pire pour les jours à venir. Pour autant, ça ne remettait nullement en doute son désir d’être un jour papa. Bien au contraire. Il aspirait depuis longtemps à ce que la jolie brune lui fasse un tel cadeau. Un enfant à eux. Qui aurait son sourire et ses yeux. Seulement, Jacob voulait aussi la rassurer. Il resterait un homme heureux à ses côtés même sans un enfant éclatant de rire dans les couloirs de leur maison. Un sourire étira les lèvres du beau brun lorsqu’elle lui confirma qu’elle voulait essayer et qu’elle voulait que ça fonctionne. Il resta un instant silencieux, souriant seulement et souffla un « Ok » et baissa son regard un instant sur Lisandro avant d’ajouter « J’aimerais aussi », puis osa un bref regard sur le ventre encore plat de cette dernière. Peut-être que cet enfant tant désiré les entendait parler en cet instant.

En attendant de changer les premières couches de son propre bébé, il s’attela à le faire avec son neveu, jouant avec ce dernier avant pour le faire rire et lorsque ce fut chose faite, il reposa son dos contre le canapé avant de reprendre la conversation là où elle s’était arrêtée. Il voulait être sûr et certain qu’elle était prête à affronter aussi la probable perte de leur bébé si jamais il venait à prendre place en son sein. Un sourire tout en acquiesçant et embrassa sa tempe « Tu ne seras pas seule ». Et si ça ne venait pas à fonctionner, ils pourraient toujours jouer le rôle d’oncle et de tante pour le petit Lisandro allongé devant eux « Ce n’est pas le nôtre » conclut-il et se mit à rire « On ne dira rien à maman ». Il sourit en sentant les lèvres de sa moitié dans son cou et tourna la tête vers elle « Je n’y ai pas vraiment réfléchit. Pas avec nous, parce que j’avais d’autres projets » et haussa plusieurs fois les sourcils avant de rire, rougissant légèrement tout en nichant son visage dans le cou de Victoria, puis se recula pour laisser cette dernière envoyer un message à son frère « Tu penses qu’il aura ça ? » et se concentra sur le bébé « Sinon dans l’évier de la salle de bain, qu’est-ce que tu en penses toi ? Non ? » et lui tirant la langue tout en lui gratouillant le ventre. La réponse de Juan fut rapide et il acquiesça « On est prêt ! » et se dressa sur ses deux jambes. Un regard pour l’écharpe de portage « Pas vraiment, non ».

Voilà comment ils se retrouvèrent tous les deux à visionner un tuto sur internet, l’aidant à placer l’écharpe de portage, puis retourna vers Lisandro qu’il leva de sa couverture et fit genre de le lancer à la jolie brune, riant avec le bébé qui secoua les pieds et les bras « Tu as aimé ça ? » et recommença, avant de le glisser dans l’écharpe « Tu es magnifique » souffla-t-il tout en déposant ses lèvres sur les siennes et quittèrent ensuite la maison pour se rendre jusqu’à chez Juan qui marqua un arrêt en les observant « Il ne manque plus que le chien » avait-il commenté, et lui apporta le lit pliant « Ça me semble parfait ça ! » commenta le chirurgien qui observa l’objet entre ses mains « On va le mettre dans la voiture et faire des courses. Encore merci Juan » et déposa le lit dans le coffre de la voiture. Derrière le volant, il observa la jolie brune, la couvant du regard avec tendresse « Il n’a pas l’air si difficile ce petit bout de chou ».

Il n’a pas l’air si difficile que ça… Jacob aurait sans doute mieux fait de ne jamais dire cela. C’était un peu comme si Lisandro l’avait entendu et s’était souvenu qu’il était un pro pour rendre les adultes complètements dingues. Les plans crapuleux de Jacob avaient rapidement été oublié alors que le petit n’avait cessé de hurler, encore et encore. Ils avaient finit par le mettre entre eux. Le lendemain, il y avait eut des moments calmes et puis des moments horrible. Impossible de calmer le petit. Ils s’étaient relayés pour le porter, le bercer… Vic avait changé, ils lui avaient donné un bain… il y avait eut de la purée sur les murs de la cuisine, une odeur de couche sale dans l’air. Plus d’une fois pourtant, ils s’étaient mis à rire, ensemble. Vic n’avait pas pu se retenir lorsque Jacob avait prit de la purée en plein visage. Il ne s’était pas retenu lorsque le petit avait lâché une bombe dans sa couche et que ça avait débordé, alors que Vic avait le petit dans les bras.

Les deux jours qui suivirent furent un véritable enfer… et ils furent plus que ravi de rendre Lisandro à ses parents qui semblaient tout de même en bien meilleure forme. Une fois la porte fermée, Vic avait poussé un long, très long soupir. Puis elle était venue s’effondrer dans le canapé à côté de Jacob. « -Eva avait l’air plus reposé tu ne trouves pas ? » elle laissa tomber son visage sur le côté, pour regarder Jacob, avec une furieuse envie de boire une bière. Sauf que… Elle se mordit les lèvres. Elle devait lui en parler. C’était important. Elle ne voulait pas qu’il lui en veuille, si jamais elle gardait trop longtemps le silence. Mais au lieu d’ouvrir la bouche, elle s’était levée pour prendre son téléphone et commander des pizzas. Aucune énergie pour faire à manger ce soir. Juste chiller devant la télé. Programme parfait. « -j’ai commandé, pour dans une heure… » elle revint vers Jacob et ajouta avec un sourire en coin : « -ça nous laisse le temps de prendre un bain… » elle lui avait tendu la main pour l’entrainer avec elle.

Une fois dans l’eau chaude, elle soupira de bien-être. « -tu crois que tous les enfants sont comme ça ? » demanda Vic en plissant les yeux, son dos contre le torse de Jacob, de l’eau chaude jusque sous le menton. « -je n’ai pas souvenir que mes frères et sœurs ont en autant bavés… » Sincèrement, elle plaignait Eva. « -tu es sur que tu en veux vraiment un ? » demanda la jeune femme avec un sourire, sans pour autant bouger.

C’est trop calme… Ne jamais dire « jamais »… Il n’a l’air si difficile que ça… C’étaient des phrases qu’il ne fallait jamais prononcé, parce que bien souvent, c’était l’absolu opposé qui se produisait. Cette fois-ci ne faisait pas exception. Les nuits furent courtes. Les journées longues. Leur maison toujours ordonnée et propre était devenu le champ de bataille d’un bébé de neuf mois qui n’appréciait la purée préparée par leurs soins. Pour autant, ils y eurent plus d’éclats de rire que de pleurs ces deux jours. Jacob apprécia néanmoins de rendre le petit Lisandro à sa mère, et se mit à sourire en entendant la jolie brune soupirer en refermant la porte « Tu veux dire plus que nous ? Oui » et se mit à rire alors qu’elle venait se choir dans le fond du canapé à ses côtés. Lui aussi était éreinté de ces derniers jours passés en compagnie du bébé. Les pieds sur la table basse, il observa Victoria s’éloigner pour commander une pizza et la remercia intérieurement de cette initiative. Il n’avait pas la force de préparer ne serait-ce qu’un sandwich pour ce soir « Une heure ? » avait-il toutefois demandé, avant de sourire en coin « Hum… J’aime beaucoup cette idée » et lui saisit la main, se laissant conduire jusqu’à la salle de bain. C’était une habitude qu’ils avaient pris depuis qu’ils avaient la maison. Un bain rien que tous les deux. Parfois avec des bougies, d’autres fois sans. De la musique en fond sonore de temps à autre, mais ce soir, c’était seulement le doux silence de leur maison qui les enveloppa alors qu’ils étaient blottis l’un contre l’autre dans l’eau chaude.

Ses bras autour de la taille de la jolie brune, sa tête contre le mur derrière lui, il se mit à rire « Non, la fille de Rachel était sage lorsqu’elle était bébé. Elle venait parfois avec à l’hôpital lorsque sa mère ne pouvait pas la garder » et redressa sa tête pour poser son regard sur Victoria blottie dans ses bras « Ils ne sont pas tous comme ça, je te rassure » et se mit à sourire avant d’entendre la question de cette dernière. Il retira ses bras autour de sa taille, pour seulement déposer ses mains sur son ventre encore plat « C’est trop tard pour te poser la question joli cœur » et embrassa sa chevelure brune « Je crois bien qu’il a déjà fait son choix en venant s’installer dans ton ventre ». Il hésita quelques secondes « J’ai des doutes depuis quelques jours… je voulais t’en parler, mais Eva est arrivée avec Lisandro et… et on n’a pas dormi de la nuit ». Un petit rire en repensant à leurs nuits courtes « Et pour te répondre, oui. J’en veux toujours un ou une ».

« -oui plus que nous ! » mais elle était heureuse d’avoir permis aux parents de Lisandro de prendre un peu de repos. De se retrouver rien que tous les deux aussi. Cela avait forcement dû leur faire du bien. Pour le moment, Vic était fatiguée, alors ça serait pizza et un bain chaud. Ensemble. L’idée semblait plaire à Jacob. « -oui une heure… » son sourire répondait à l’idée que Jacob avait derrière la tête. Ça serait pour après le diner. Une fois dans l’eau, Vic laissa son corps se détendre. Elle avait encore l’impression d’entendre le petit pleurer. Enfin hurler… comment les parents faisaient ils pour ne pas finir pour se taper la tête contre les murs ou encore à l’asile ? « -oh Rachel a une fille ? » demanda Vic étonnée de cette information. Ça ne lui était pas venue à l’idée. De son côté, ses frères et sa sœur s’en étaient plutôt bien sorti, d’après ses souvenirs. Même si à l’époque, elle n’était pas des plus présentes au repas de famille ou là pour leur donner un coup de main. Une pointe de regret s’immisça dans son esprit. Mais il était trop tard pour ça. Aujourd’hui ses neveux et nièces avaient grandi. Et leurs parents avaient survécu. Assez pour faire plusieurs enfants chacun. Ça devait être surmontable !

Elle avait posé sa question avec une pointe d’humour. Son sourire s’évanouie en entendant la réponse de Jacob, et surtout en sentant ses mains sur son ventre. Elle ferma les yeux quelques secondes. Il avait deviné. Enfin, il avait des doutes. Elle aurait pu le parier. Victoria resta silencieuse, totalement immobile, incapable de mettre ses mains sur celles de Jacob. Incapable aussi de tourner la tête pour croiser son regard. Il lui fallu une petite minute pour parvenir à bouger ses mains. Elle avait les battements de son cœur en fond sonore dans les oreilles. Battement qui avaient prit un rythme plus soutenu. « -je voulais t’en parler… » elle se sentait fautive. « -je… » elle se mordit la lèvre inférieure. « -je voulais appeler Rachel… Pour une consultation, mais je voulais t’en parler avant… et puis… » un nouveau mordillement de lèvres : « -et puis j’ai pas trouvé le courage… j’ai même pas encore osée faire un test, parce que j’ai peur du résultat. » elle mêla ses doigts à ceux de Jacob : « -pas que ça soit positif, je suis quasi certaine que c’est le cas. » même si il n’y avait pas tous les symptômes classiques. « -j’ai peur de l’après… je sais que c’est complètement débile mais en faisant l’autruche, c’est un peu comme si je lui donnais une change de bien s’accrocher… » oui, c’était débile.

La porte fermée à clef, le bébé était retourné dans les bras de sa mère, pour le plus grand soulagement de Jacob et de Victoria qui étaient éreintés de ces derniers jours. Les hurlements et les nuits courtes avaient eu raison d’eux deux. Avachis dans le fond du canapé, il ne s’opposa donc pas à l’idée de la jolie brune qui était de commander une pizza pour le dîner. En fait, ce qui l’intrigua davantage, c’était de savoir pourquoi elle voulait attendre une heure avant de manger, mais il eut rapidement sa réponse et un sourire étira bien vite les lèvres de ce dernier alors qu’il semblait retrouver un regain d’énergie en pensant au corps nu de sa dulcinée « Je suis tout à toi » avait-il donc soufflé, l’accompagnant jusqu’à la salle de bain. Ils se délectèrent ainsi du silence qu’offrait leur maison vide de tout enfant et de l’eau chaude détendant leurs corps épuisés par ces derniers jours. Évidemment, la conversation tourna autour des enfants. Il avait presque la sensation que la jolie brune s’inquiétait de savoir si tous les enfants se ressemblaient dans leur comportement. Il décida donc de la rassurer avec l’exemple de la fille de Rachel qu’il avait connu dès son premier jour de vie, jusqu’à ce qu’il quitte le milieu médical pour la police. Il acquiesça avec un « Humhum » pour répondre à la question de Victoria « Une fille de six ans maintenant. Son mari est major dans les Marines. Il n’est pas souvent présent ». Rachel n’avait pas souhaité enfanter à nouveau, voulant continuer de poursuivre sa carrière de médecin à côté de son rôle de femme et de maman.

Puis la jeune femme posa la question concernant sa volonté d’être toujours papa un jour. Cela l’avait fait sourire et avait posé ses mains sur son ventre qui ne trahissait pas encore la vie qui grandissait en lui. Il finit par lui avouer qu’il y avait de fortes chances que la question n’ait plus utilité à être posée, que le bébé qu’ils désiraient tant grandissait sûrement en elle au moment où ils en parlaient. Jacob ne fut pas réellement surprit du silence qui suivit cette révélation. Il savait toutes les angoisses, les craintes qui venaient sûrement de la submerger en cet instant. Il respecta donc son mutisme, jusqu’à ce qu’elle prenne la parole. Il pencha légèrement la tête pour tenter d’entrevoir son visage « Tu avais des doutes ? » avait-il finalement demander sans le moindre reproche ou colère dans sa voix. Seulement de la curiosité. Il la laissa justifier son silence à ce sujet. Un doux sourire se dessina sur les lèvres de Jacob et resserra son emprise sur les doigts de Victoria au moment où elle les entrelaça aux siens « C’est normal que tu sois terrifiée de le perdre mon amour » et embrassa son épaule, puis son cou avant de resserra son étreinte autour de son corps « Il va s’accrocher celui-ci, et tu sais pourquoi ? Parce qu’il a dû sentir que tu avais peur et a choisi de se faire discret, tout petit, pour que tu l’oublies presque, pour pas que tu t’inquiètes » et se mit à rire doucement, tendrement « Je sais, c’est stupide de penser ainsi, mais… Vic’… Ecoute-moi… Je suis là. Tu n’es pas toute seule cette fois-ci pour affronter cela. Si tu as des angoisses au beau milieu de la nuit, réveille-moi. Si tu as des doutes dans la journée, appelle-moi. Je serais toujours là pour toi, pour vous deux. Ok ? Lui s’accroche à toi, et toi à moi ».