Un léger haussement d’épaules. « -j’ai toujours été très proche de ma mère. Je voulais l’aider. Jouer avec mes frères et sœurs pendant qu’elle faisait les repas, les aider à s’habiller… c’était normal. Je ne te cache pas que parfois j’avais envie d’être seule ! Mais non, je n’ai jamais prit ça comme une obligation. » elle l’avait bien vécu. Elle sourit en entendant sa réflexion au sujet des beaux gosses du lycée. « -va savoir pourquoi ! » c’était un mystère. Vic n’avait jamais été attiré par les garçons populaires de son lycée. D’ailleurs, elle n’avait jamais eu de petit ami durant ces années-là. C’était venu plus tard. « -exactement c’est important ! » avait elle sourit avant de lui répondre au sujet de ce qu’elle portait sous sa robe. Ils s’amusèrent l’un comme l’autre à mettre un peu de tension entre eux. Mais le jeu prit fin lorsque la jeune sœur de Vic fit une réflexion sans en mesurer les conséquences. Même si Victoria ne lui en voulait pas, elle trouva refuge dans la cuisine, loin de regard.

Jacob l’avait fait sursauté en arrivant. Elle préférait que se soit lui plutôt que sa mère. Vic s’efforçait de faire comprendre à sa mère qu’aujourd’hui elle allait mieux et qu’elle était heureuse. Alors si elle l’avait trouvé ainsi, sans le moindre sourire sur les lèvres, seule dans la cuisine. La jeune femme s’excusa lorsqu’elle fut dans les bras de celui qui était avant tout son meilleur ami. « -si… j’assombrie la journée… » et ce n’était pas ce qu’elle voulait. Encore moins que Jacob pense être un remplaçant. Ce n’était pas le cas. Et ce n’était pas vraiment Roberto qui lui manquait à cet instant. C’était plus la prise de conscience qui faisait mal. Le fait de ne pas avoir été capable de se rendre compte de cette distance qu’elle avait mise peu à peu avec sa famille, pour lui. Ou à cause de lui. Elle tenta de l’expliquer à Jacob et hocha la tête : « -tu as raison… » de tout manière c’était impossible de changer les choses. Doucement les liens se resserraient de nouveau avec ses frères et sœurs et elle en était heureuse. « -si tu as ce regard tendre qui apparait quand tu n’aimes pas me voir souffrir. » et elle ne voulait pas voir cela maintenant. Elle allait se ressaisir et ils allaient passer une merveilleuse journée. Elle agrippa la chemise de Jacob, juste pour que ses lèvres restent un peu plus longtemps sur les siennes. Puis elle avait sourit et l’avait laissé aller chercher le reste de la vaisselle.

Ils avaient décidé de faire un pause entre le plat et le dessert. Les conversations allaient bon train, et Vic souriait, heureuse de tout cela. Avec douceur, elle avait posé une main sur la jambe de Jacob avant de lui souffler : « -tu devrais aller dormir un peu avant de tomber de ta chaise. » évitant d’ajouter un mon amour. « -je viendrais de réveiller pour le dessert. » elle glissa tout de même ses doigts dans les boucles bruns, avant de le regarder se lever en suivant son conseil. Elle sourit à sa mère alors que Jacob disparaissait, rougissant presque. La mère de Jacob la questionna ensuite sur son nouvel emploi. Ils avaient parlé café, vente, produits de qualité. Et puis elle avait demandé comment allait son fils, si il ne se laissait pas débordé par son travail, comme ça avait pu l’être par le passé. « -je crois qu’il est heureux d’avoir reprit le chemin de la médecin. Et je vous avoue que nous avons eut une conversation au sujet de son emploi du temps. Et il est conscient que cela à causé du tord dans sa relation avec Sharon. » La mère de Jacob soupira : « ah Sharon… » Vic porta son verre de vin à ses lèvres : « -tu l’as rencontré ? » demanda Teresa : « -oui… et ce ne fut pas le meilleur moment de ma vie… nous ne sommes pas vraiment grandes copines… » cela fit sourire la sœur de Jacob : « -je vais finir la vaisselle. » avait alors lancé Victoria en se levant, voulant ainsi éviter un sujet houleux. Carmen et Louisa décidèrent de venir l’aider et elles se retrouvèrent à discuter entre sœurs dans la cuisine, tout en essuyant les verres. Le sujet étant les nouveaux cours de danse que pouvait donner Louisa. « -ça fait une éternité que je n’ai pas danser. » que venait de dire Vic. Sa sœur lui retira le torchon des mains et l’avait entrainé pour faire quelques pas de salsa avec elle, Carmen trouvant rapidement une musique sur son téléphone. "-ton déhanché est rouillée grande soeur!" s'était moquée Louisa. "-tu oublies qui t'as donné tes premiers cours!" avait répliqué Vic en riant, la joie et la bonne humeur reprenant le dessus.

   

C’était avec une certaine tendresse que Jacob souriait à la jeune femme qui se confiait sur le rôle de seconde maman qu’elle avait eu durant son enfance. Cela n’avait pas été une obligation à ses yeux. « Au moins vous êtes plus proches que jamais grâce à ça ». Le trentenaire n’avait pas eu à tenir ce rôle avec Eva. Celui de grand frère protecteur pesait bien suffisamment à cette dernière pour qu’il joue également le rôle de père de substitution. Il avait donc grandi sans ce genre de responsabilité sur les épaules, mais il savait maintenant pourquoi Victoria était si proche de sa mère, ainsi que de ses frères et sœurs. « Par chance, le beau garçon timide t’a séduit toi et c’est le plus important », d’autant plus qu’il contrastait réellement avec Roberto d’après la description qu’avait pu en faire ses proches lors de l’enquête et de Victoria lorsqu’elle parlait de lui. Même si ces dernières semaines, Jacob était presque parvenu à l’oublier, et jusqu’à ce soir, il avait eu la sensation qu’il en était de même pour la jolie brune. C’était sans compter sur la remarque de Louisa qui était ravie de retrouver sa sœur ainée autour de la table, même si ses paroles avaient été plus que maladroites. Il savait que ça n’avait pas laissé sa petite-amie de marbre, et il s’était retenu de l’approcher, de la serrer dans ses bras aux yeux de tous. Alors, lorsque cette dernière trouva refuge dans la cuisine, il la suivit et la serra dans ses bras. Elle s’excusa. Il n’en comprit pas les raisons, et se mit à lui sourire avec une infinie douceur quand elle se justifia « Arrête. Tu n’assombris rien du tout. Tu as le droit d’être touchée par les paroles de ta sœur, d’avoir mal. Tu te moques des autres. Ils sont à côté et rient tous ensemble. On est là, rien que tous les deux. Ok ? ». Jacob ne voulait pas qu’elle fasse taire ce qu’elle éprouvait à cause du regard des autres. Elle avait le droit d’avoir mal. Elle avait le droit de pleurer. Elle avait le droit d’encaisser difficilement les paroles de sa jeune sœur. D’autant plus que dans cette distance, Victoria n’était pas seule fautive. Roberto l’était bien plus, tout autant que sa famille. Un sourire et souffla un « Je sais que j’ai raison ».

Lorsque Victoria évoqua son regard, le chirurgien ne comprit pas immédiatement, et se mit à sourire de nouveau quand elle lui expliqua que son regard changeait lorsqu’elle souffrait « Je n’aime pas te voir souffrir ». Il n’avait jamais aimé cela. Il s’était montré relativement protecteur à son encontre dès leur rencontre. Il n’avait jamais supporté qu’elle ait mal, d’une manière ou d’une autre, et maintenant qu’ils étaient plus proches que jamais… C’était encore plus difficile. Parce qu’il l’aimait, tout simplement, et il en était de même pour elle. Seulement, jusqu’à aujourd’hui, il avait toujours pensé être le second homme qu’elle aimait, Roberto tenant toujours la première place dans son cœur. Elle venait de lui faire comprendre le contraire aujourd’hui. Il déposa alors ses lèvres sur les siennes. Un baiser volé qui dura plus longtemps à la demande de la jolie brune qui agrippa sa chemise pour le retenir à elle. Que c’était difficile de garder une telle distance le reste du temps… Il était ensuite retourné dans la salle à manger pour poursuivre ce qu’il avait entrepris juste avant. La table débarrassée, Jacob avait pris place dans le canapé et peu à peu, il sentait la fatigue l’accabler, ses paupières se refermant lentement. La main de Victoria sur sa cuisse lui fit ouvrir les yeux et se mit à sourire « Je crois que je vais vous abandonner, oui » tout en posant son regard sur la jeune femme « Merci ». Un sourire à son attention en sentant ses doigts dans ses boucles, puis il fit un signe de main à tout le monde et rejoignit sa chambre, s’effondrant sur son lit après avoir seulement ôté ses chaussures et sombra dans un sommeil profond bien vite.

Depuis quelques temps, les moments de souffrances en pensant à Roberto s’étaient fait de moins en moins présent. Ils étaient remplacés par des moments de joie, de rire et de tendresse. Avec Jacob, Vic apprenait à aimer de nouveau, à aimer différemment. Leur relation n’avait rien avoir avec celle qu’elle avait avec Roberto. C’était battit sur des bases solides, sur une confiance mutuelle forte, sur une tendresse à toutes épreuves. Et elle aimait ça. Si elle avait été encore en couple avec Roberto, la journée se serait passée de façon bien différente. Le repas serait sans doute déjà terminé et elle serait rentrée, délaissant sa famille pour le retrouver. Mais aujourd’hui, elle était dans cette cuisine, dans les bras de Jacob qui se montrait rassurant. Comme toujours. Et c’était si doux. « -je sais… mais ça va aller. » elle avait encaissé, mais elle allait sourire à nouveau et passer le reste de la journée dans la joie. Elle s’autorisa un baiser un peu plus long. Simplement parce qu’elle en avait besoin et surtout très envie. Elle l’aimait tellement.

Peu de temps après, Jacob tombait de fatigue, alors elle lui avait dit d’aller se coucher. Une ou deux heures de sommeil lui feraient du bien. Elle le suivit du regard alors qu’il quittait la pièce et poursuivit la conversation avec le reste de leurs familles. Lorsque le sujet Sharon fut abordé, elle préféra ne pas le poursuivre plus longtemps, gagnant la cuisine pour faire la vaisselle. Rejoint par ses sœurs, elles se mirent à discuter puis à danser. La salsa… cela faisait des années que Victoria n’avait pas fait ces pas de danse. Pourtant elle adorait ça. Eva avait passé la tête dans la cuisine et s’était joint à elle. « -hé mais tu danses super bien ! » avait elle lancé à Vic, prenant le rythme avec les filles. Tout dans riant et reprenant leur discussion, il fut décidé de servir le dessert. Vic échangea un regard avec Eva. Elle allait pouvoir faire sa grande annonce. « -je vais réveiller Jacob. » et sans plus attendre, elle avait monté les marches de l’escalier pour rejoindre la chambre de ce dernier. Elle avait ouvert la porte avec lenteur et était restée quelques minutes à le regarder dormir. C’était à contre cœur qu’elle s’était approchée pour venir caresser ses cheveux. « -Jacob… » avait elle murmuré avec douceur, en retenant une envie folle de venir nicher son nez dans son cou. « -Jacob… réveille-toi… » elle lui sourit en le voyant ouvrir les yeux. « -je suis désolée… on va servir le dessert. » il avait dormi deux heures. C’était peu, mais c’était déjà ça. « -prends ton temps… je vais mettre les assiettes. » et elle se leva du rebord du lit pour redescendre l’escalier et rejoindre la cuisine. Elle déposa les assiettes sur la table, souriante et heureuse de voir que l’entente était bien présente entre les deux familles. Carmen lui confia son fils tout juste âgé d’un an, prenant le relais pour la table. La belle brune s’installa à sa place, le petit dans les bras, s’amusant à le faire rire aux éclats en faisant parler sa peluche. Sa mère vint s’asseoir à côté d’elle, et lui souffla : « -j’aime te voir heureuse comme cela mi luciérnaga. » Vic sourit : « -merci d’avoir acceptée pour ce repas. Ça va toi ? » « -oui, oui, ne t’en fais pas pour moi. Tu t’inquiètes toujours trop. » « -mamita… » Vic savait parfaitement qu’elle ne s’inquiétait pas trop. « -donnes moi mon petit fils que je le couvre de baiser. » Vic lui confia l’enfant et se leva pour aller chercher le désert. Elle croisa Jacob qui descendait les escaliers : « -ça va ? Est-ce que ça t’as fait du bien ? » elle se doutait qu’il aurait bien dormi plus.
   

En entendant les paroles de la jeune sœur de Victoria, aussi maladroites avaient-elles pu être, démontraient à quel point la famille de cette dernière avait pu souffrir de la distance qu’avait engendré sa relation avec Roberto. Combien de Noël n’avait-elle pas pu fêter sereinement avec ses parents et ses frères et sœur ?! Combien d’anniversaires ? De repas de famille ?! Jacob ignorait si leur amour allait perdurer dans le temps, même s’il l’espérait de tout son cœur, mais se promis que durant tout ce temps qu’elle serait à ses côtés, il ferait en sorte qu’elle renoue avec sa famille. Comme aujourd’hui. Ils avaient tous les deux grandis dans les mêmes traditions, dans une famille pleine d’amour et de soutien, et Victoria avait plus que besoin de renouer avec les siens. Elle avait manqué à son entourage, cela ne faisait aucun doute. Il leur fallait seulement à peu de temps pour que ces années de distance soient moins douloureuses pour la jolie brune qu’il délaissa une heure plus tard pour rejoindre son lit d’adolescent afin de dormir quelques heures, sinon il ne parviendrait pas à être présent pour le reste du repas. Enfin, sans Victoria, il se serait endormit sur le canapé du salon. Endormi profondément, il fut extirpé des bras de Morphée par une voix à ses côtés. Une voix qu’il connaissait. Cela ne l’empêcha pas de soupir et d’enfoncer un peu plus sa tête dans son oreiller, et avait finit par ouvrir les yeux en entendant les quelques mots de la jeune femme. Il se frotta les yeux avec la paume de sa main tout en se tournant sur le dos « Ne sois pas désolée… » avait-il rétorqué d’une voix encore endormie « Merci de m’avoir réveillé » avait-il soufflé. Un hochement de tête et s’autorisa quelques minutes pour se réveiller correctement. Il s’était assis sur le rebord du lit, les pieds au sol, pour être certain de ne pas se rendormir, se frottant les yeux et enfila ses chaussures. Un rapide détour par la salle de bain pour mettre de l’eau froide sur son visage et tenter de discipliner ses cheveux, puis rejoignit les deux familles à l’étage inférieur.

Un sourire à l’attention de la jeune femme qu’il croisa en arrivant en bas des marches « Je vais aller me servir un café pour terminer de me réveiller, mais oui », et la suivit jusque dans la cuisine. Il prit le temps de se servir une grande tasse de café noir tout en observant la jeune femme « Comment tu te sens toi ? » et réprima un bâillement, peinant à se réveiller. Ils prirent tous place autour de la table, et Eva resta de bout, tapotant son couteau contre son verre de soda « Alors vu que nous sommes tous réunis ce soir… Roméo et moi avons une nouvelle à vous annoncer » elle laissa le suspens les gagner, les observant tour à tour, et se mit à sourire, serrant la main de son conjoint « Nous allons avoir un bébé ». Les applaudissements, les félicitations retentirent autour de la table, de la part des deux familles, puis Jacob glissa sa main sur la cuisse de la jeune femme tout en lui adressant un regard de soutien, sachant que ce n’était pas simple pour elle, ils en avaient discutés quelques semaines auparavant. Il retira ensuite sa main dans une caresse pour ne pas être surpris et leva son verre à l’attention de ce petit-être qui allait bientôt rejoindre leur famille, et dégustèrent le dessert alors que la conversation tournait autour de cet enfant. Le sexe, le prénom, l’éducation dans la religion chrétienne, les traditions latines. Les parents de Jacob étaient aux anges. Leur premier petit-enfant. Aucun n’osa charrier Jacob à ce sujet, en disant que ça serait le suivant. Ils savaient tous qu’il avait tiré un trait sur ce rôle avec Sharon. Quant à sa sœur Teresa, ça ne l’intéressait pas. Elle aimait son travail, son conjoint et aimait sa vie ainsi. Il se leva pour se resservir un café, posa ses mains sur l’épaule de sa sœur et embrassa sa joue « Toutes mes félicitations petite sœur » et revint quelques minutes après. À peine eut-il pris place sur sa chaise qu’Eva se pencha pour lui demander « Au fait, tu ne vois plus cette femme ? Celle de la dernière fois ? ». Le trentenaire se mit à rougir alors qu’il émettait un petit rire nerveux « Si… Si. On se voit toujours. Mais elle passe les fêtes dans sa famille » « Elle n’est pas de Miami ? » « Elle est de … de … Chicago » mentit-il « Pourquoi tu ne nous as jamais parlé d’elle ? » demanda ses parents en chœur « Parce qu’on a envie de prendre notre temps ». Il vit le regard de sa mère se poser sur Victoria, comme déçue qu’elle ne soit pas l’élue du cœur de son fils, et lui adressa un maigre sourire de soutien « Et c’est une relation sérieuse ? » osa Teresa « Oui, c’est du sérieux… On peut parler d’autre chose s’il vous plaît ? » alors que Jacob remuait légèrement sur sa chaise, mal à l’aise de ce soudain interrogatoire et de certains regards sur Victoria et lui « Si tu veux petit frère » et la conversation se dirigea de nouveau sur Eva, permettant ainsi au trentenaire d’obtenir un peu de répit.

Vic avait toujours horreur de le réveiller. Fatigue ou non. Elle savait qu’aujourd’hui Jacob avait besoin de sommeil mais c’était Noël alors elle était bien obligée de le réveiller. Elle le fit en douceur, s’excusant au passage. Puis elle le laissa bien rapidement pour éviter de venir se blottir dans ses bras. Elle prit le temps de mettre la table, de s’occuper quelques minutes de son neveu et d’échanger quelques mots avec sa mère. Elle décida de gagner la cuisine pour préparer le dessert. Un sourire pour Jacob qui avait encore les yeux pleins de sommeil. Elle passa devant et sortie du frigo tout ce qu’il fallait. « -ça va. » avait elle répondu en souriant, avant de faire un premier aller-retour, puis un second. « -comme prévu, elles ont prévu pour un régiment ! » ils allaient tous repartir avec leur petites boites de restes.

Une fois tout le monde servit, elle s’installa à côté de Jacob et laissa Eva prendre la parole. Elle serra doucement la main de Jacob dans la sienne pour lui faire comprendre que ça allait. C’était une merveilleuse nouvelle. Mais elle devait bien avoué être heureuse de l’avoir apprit avant tout le monde. D’avoir eut le temps de l’encaisser. Elle sourit en écoutant les conversations des uns et des autres, sa mère se mettant à partager la joie qu’elle avait eut à chaque annonce de grossesse dans la famille. Elle sourit à Eva, la félicita également avant de terminer son assiette en évitant de prendre part à la conversation. Elle eut envie de rire en entendant les mensonges de Jacob. Chicago ?! Elle sourit à la mère de Jacob, comme si de rien n’était. En tant que meilleure amie, elle était heureuse pour Jacob. En réalité, il parlait d’elle…

Eva revint à la charge en débarrassant la table avec Vic : « -ça te fait rien ? Tu l’as déjà rencontré ? Tu l’as trouvé bien ? » Vic avait souri : « -je suis contente pour lui. » que dire de plus. Elle n’avait pas vraiment envie de mentir encore et encore. « -non, je ne la connais pas. Mais je sais qu’il me la présentera le moment venu. » réponse donné avec un petit haussement d’épaules : « -elle a intérêt d’être bien. » renchérit Eva : « -je trouve ça quand même dommage pour vous. Mais… mais j’ai dis que je ne m’en mêlais plus. » un petit rire et une fois que tout fut propre, Vic s’approcha de Jacob : « -tu veux rentrer ? » elle savait parfaitement qu’il avait encore besoin de repos. « -Carmen et Diego s’en vont. Les enfants sont fatigués… » ils étaient proche l’un de l’autre, aux pieds des escaliers. La mère de Jacob passa et elle demanda : « -vous restez encore un peu ? » forcement s’ils partaient, tout le monde allait suivre. Mais il était déjà tard. Vic jeta un coup d’œil en direction de ses parents. Elle laissa Jacob gérer avec sa mère et elle approcha de son père et sa mère. Elle les prit dans ses bras, pour un petit câlin à trois. « - vous allez rentrer ? » « -oui, ta mère est fatiguée, même si elle ne veut pas l’avouer. » « -mais non ça va ! » Un regard, un sourire et elle leur confia : « -je vous aime… » « -oh mi luciérnaga, nous aussi… tellement fort… » et elle la serra contre son cœur.

   

Jacob apprécia la douceur de la jeune femme pour l’extirper des bras de Morphée et s’autorisa quelques minutes avant de rejoindre leurs deux familles. En descendant des marches, il suivit Victoria jusque dans la cuisine, s’assurant ainsi qu’elle allait bien. Il n’avait pas été présent ces deux dernières heures et espérait que tout ce beau monde était parvenu à lui changer les idées, évitant soigneusement de revenir sur le sujet de Roberto. Un hochement de tête pour seule réponse à la sienne, et se mit à sourire « Comme toujours » en constatant qu’en effet, leurs mères avaient prévu à manger pour davantage de personnes. Ils rejoignirent la salle à manger, prenant tous place autour de la table. Eva fut la seule à rester debout face à cette assemblée et annonça la nouvelle de sa grossesse. C’était le moment opportun. Quant au trentenaire, il posa sa main sur la cuisse de sa bien-aimée, comme un soutien silencieux à défaut de pouvoir se montrer plus démonstratif. Il tourna la tête en sa direction, jetant un bref regard à leurs mains jointes, et lui sourit avec douceur. Il avait compris sa réponse silencieuse, et se reconcentra sur sa jeune sœur qui décida de lancer l’interrogatoire concernant sa vie sentimentale. Lui qui pensait qu’en trois semaines, elle aurait oublié la venue de cette femme dans son appartement, et qui était finalement à ses côtés. Piètre menteur, il avait dû se montrer convaincant pour ne pas se trahir. Il s’était donc retrouvé à créer une femme qui était de Chicago, rencontrée à Miami et avec qui il entretenait une relation sérieuse. En constatant le regard de sa mère à l’attention de Victoria, il se dit qu’il avait su être à la hauteur de son mensonge, et demanda gentiment de changer de sujet au risque de s’embourber dans des explications sans queue, ni tête.

Pendant que les deux femmes débarrassaient la table de la salle à manger, Jacob se chargea de la vaisselle avec Teresa qui revint à la charge concernant cette nouvelle femme dans la vie de son jeune frère « Tu l’as rencontré comment ? » « Au travail ». Elle hocha lentement de la tête « J’aurais pensé que tu finirais tes jours avec Vic’ ». Cela fit sourire le chirurgien avant qu’il ne rétorque « Nous nous aimons sincèrement, mais en tant qu’amis. Je construis cette nouvelle relation avec Amy et j’aimerais que ça dure ». Sa sœur l’observa un instant et abdiqua « Très bien petit frère ». Ils changèrent de sujet jusqu’à la fin de la vaisselle et quelques minutes plus tard, il se leva des marches sur lesquelles il avait pris place en attendant de savoir si Victoria souhaitait rentrer ou non maintenant. « Oui, si tu es d’accord ». Un regard pour sa mère qui ne souhaitait pas voir son fils et Victoria partir maintenant, et d’un signe de tête, il signifia à la jolie brune qu’il s’en occupait, la laissant rejoindre ses parents pour un dernier enlacement en cette fin de journée « On va rentrer. Je suis fatigué et j’ai encore besoin de sommeil. Mais j’essaierais de passer durant le week-end » « Ok mon fils » et serra son seul garçon dans ses bras, avant de poser ses deux mains sur ses joues « C’est elle que tu aimes. Ton esprit ne le sait peut-être pas encore, ou n’as pas envie d’entendre, mais ton cœur, lui, sait. Le regard ne trompe jamais ». Jacob posa son regard sur la jolie brune à quelques mètres de lui, l’observa quelques secondes avant de reporter son attention sur sa mère « Elle est ma meilleure amie » « Ce n’est qu’une question de temps. Seulement, ne brise pas le cœur de ta petite-amie » « N’ait crainte mama » et le serra une nouvelle fois dans ses bras avant que son père ne vienne les rejoindre « Et moi ? ». Il enlaça son père, les remercia une nouvelle fois d’avoir accueilli tout ce beau monde et prirent le taxi commandés et qui patientait au bout de l’allée de la maison familiale.

En prenant place sur la banquette arrière, Jacob desserra sa cravate dans un long soupir « Tout s’est très bien passé » et passa son bras autour des épaules de Victoria, heureux de pouvoir retrouver une certaine proximité avec cette dernière « Ma mère a compris que c’était toi que j’aimais. Mon regard m’a trahis apparemment », et cela le faisait sourire. Il déposa un baiser sur son front « Elle m’a demandé de ne pas briser le cœur de ma petite-amie, sûrement le jour où je me rendrais compte que c’est avec toi que je veux être ». Il posa sa tête contre la sienne « Le jour où on leur annoncera pour nous deux, on peut être certain qu’on aura leur bénédiction ». Il n’éprouvait aucune crainte là-dessus. Sa famille aimait d’ores et déjà Victoria dans son rôle de meilleure amie, et n’attendait plus qu’elle devienne davantage pour Jacob. « J’espère maintenant qu’il en sera de même auprès des tiens parce que je ne veux pas être un obstacle entre eux et toi». Avec la fatigue et le repas, il n’avait pas eu l’opportunité d’échanger davantage avec les frères et sœurs de Victoria. Il avait parlé de sport avec Diego, et un peu d’enfants avec Louisa, mais rien de plus. Lorsqu’ils arrivèrent à leur appartement, le chirurgien retira ses chaussures et sa veste de costume, puis se tourna vers Victoria « Attends-moi une minute, je vais chercher ton cadeau ». Il fit un pas et se retourna « Tu attends hein » et se hâta à petites foulées jusqu’à sa chambre et revint à elle quelques minutes plus tard, lui présentant un long écrin de velours qu’il la laissa ouvrir. Jacob avait remarqué ce bracelet dans la vitrine d’une bijouterie et avait pensé aussitôt à Victoria « J’ai fais graver la date de notre baiser à la fête foraine » et ajouta avec légèreté « Comme ça, lorsqu’on se disputera et que tu te demanderas pourquoi tu es tombée amoureuse de moi, tu n’auras qu’à regarder ce bracelet et te souvenir de cette soirée-là ».

En écoutant Eva, Vic se rendit compte qu’elle aurait bien eut du mal à supporter que Jacob rencontre une autre femme. Même si actuellement elle était, encore une fois, en train de mentir à la jeune sœur de Jacob, elle savait que tenir ce genre de propos aurait été bien difficile. Elle se serait probablement trahit. Aurait été contrainte de prendre de la distance pour éviter de souffrir en le voyant heureux avec une autre. Par chance, ce n’était que des mensonges pour brouiller les pistes. Par chance, c’était elle la femme qui partageait la vie de Jacob aujourd’hui. C’était à elle qu’il avait confié son cœur et son amour.

Un hochement de tête. Elle était d’accord pour rentrer. Ils avaient passé une belle journée mais il était temps de rejoindre leur appartement. Et pour Jacob d’aller faire une vraie nuit de sommeil réparateur. Vic le laissa avec sa mère, pour aller souhaiter une belle fin de soirée à ses parents, les remerciant d’être venu, leur confiant une nouvelle fois qu’elle les aimait. Elle souhaita une bonne nuit aux parents de Jacob tout comme à ses sœurs et bientôt ils furent dans un taxi pour rentrer chez eux. Elle se blottit contre lui, enfin la distance était terminée. « -c’est vrai ? Pourtant on a fait attention… » bon d’accord peut-être pas tout le temps. « -en même temps, les mères sentent ce genre de chose… » elle était convaincue que la sienne pensait exactement la même chose. « -ba ça devrait bien se passer… » s’amusa Victoria. « -je pense aussi. » cela la fit sourire avec douceur. « -tu racontes n’importe quoi. Ils t’apprécient tous. Et je suis certaine que ma mère attends cette nouvelle avec impatience. » le jour où ils décideraient de rendre leur relation public, ils feraient des heureux dans chacune des familles.

Une fois à l’appartement, elle retira sa veste ainsi que ses chaussures, avant de lever la tête. « -où veux-tu que j’aille ? » s’amusa la jeune femme avant de dire plus haut : « -et je n’ai pas cherché ! » elle n’avait pas eu envie de gâcher la surprise, même si elle se demandait ce qu’il avait trouvé. Elle s’installa sur le canapé pour l’attendre et ouvrit de grand yeux en voyant l’écrin. Son regard remonta sur Jacob avant qu’elle n’ouvre la boite et murmure un : « -il est magnifique… » Un sourire illumina son visage et ses yeux en écoutant la signification de la gravure. Puis elle leva les yeux vers le plafond en faisant un non de la tête. « -n’importe quoi… » avant d’ajouter un : « -tu m’aides… » pour qu’il actionne le fermoir. Elle fit bouger son poignet avant d’entourer le visage de Jacob de ses mains et de dire : « -viens là… » elle l’embrassa avec tendresse et souffla un : « -merci… » elle était vraiment touchée par son attention. « -maintenant tu vas aller dormir… » il était épuisé, ça se lisait sur son visage. Elle le prit par la main et le guida jusqu’à la chambre. Puis elle défit les boutons de sa chemise avec lenteur, caressant son torse au passage. Elle le laissa terminer, se mettre en pyjama et en fit de même de son côté. Quelques minutes plus tard, elle sentait son souffle s’apaiser, alors qu’il s’endormait dans ses bras.
   

Maintenir une certaine distance entre eux toute la journée durant n’avait pas été de tout repos. À maintes reprises, Jacob avait eu envie de lui tenir la main, de se blottir dans son dos, ses bras autour de sa taille, de toute simplement afficher leur relation au grand jour. Toutefois, ils étaient parvenus à rester distant l’un avec l’autre jusqu’à entrer dans ce taxi. À l’abri des regards de leurs proches, ils pouvaient dorénavant se blottir l’un contre l’autre. Il avait la sensation de respirer de nouveau. Durant le trajet qui séparait la maison de ses parents à leur appartement, Jacob lui fit part de la remarque de sa mère sur le regard qu’il posait sur elle et se mit à sourire « En ce qui me concerne, pas toujours… ». Plus d’une fois, il l’avait observé en silence, sans prendre conscience pour autant qu’il ne portait sur elle le regard d’un meilleur ami, mais celui d’un homme épris. « Elles nous connaissent mieux que nous-mêmes ». Pour autant, le trentenaire s’était conforté dans son mensonge en continuant d’évoquer cette petite-amie dont il ne devrait pas briser le cœur à la séparation « Je pense aussi » avait-il répliqué avec amusement. Au moins, ils étaient certains que la nouvelle concernant leur relation allait ravir leur entourage. Ce qui rassura Jacob. « Je suppose qu’ils auraient su me le faire comprendre dans le cas contraire ». Il ne voulait pas être un obstacle entre Victoria et sa famille. Pas après Roberto, pas après ce qu’elle avait éprouvé à la suite de la remarque à Louisa. Elle était importante pour chacun des membres de sa famille.

Lorsqu’ils arrivèrent à l’appartement, Jacob se délesta de ses chaussures et de sa veste de costume, et lui demanda ensuite d’attendre dans le salon. Il ouvrit ensuite la bouche, prêt à répondre, mais la referma au bout de quelques secondes et pencha la tête en souriant « Certes » et s’éclipsa dans sa chambre pour récupérer le cadeau de Noël à l’attention de la jolie brune « Tu ne l’aurais pas trouvé de toute manière ! » avait-il crié de sa chambre, avant de revenir jusqu’à elle. Il lui offrir l’écrin de velours dans lequel était disposé soigneusement un bracelet gravé. Un bijou qui lui était destiné à elle et elle seule. Il sourit à son compliment, quelque peu soulagé de savoir qu’il avait fait le bon choix. Un souvenir de leur premier baiser à la fête foraine qui pourrait être utile dans les jours sombres de leur relation. Jacob se mit à rire alors qu’elle trouvait l’idée saugrenue qu’elle puisse douter de ses sentiments à son encontre et l’aida avec le fermoir. Il la laissa l’attirer à lui pour l’embrasser et lui rendit son baiser avec tout autant de tendresse. Un sourire et acquiesça « Je crois que j’ai plus envie de dormir que de voir ton ensemble en dentelle ». Il se laissa conduire jusque dans la chambre, ne la quittant pas du regard alors qu’elle retirait son gilet de costume et sa chemise. Il savoura la caresse de sa main sur son torse, puis enfila son pyjama avant de se glisser sous les draps, venant blottir sa tête contre sa poitrine. Pas besoin de berceuse pour le chirurgien qui sombra bien vite dans les bras de Morphée.

La nouvelle année avait commencé aussi bien que la précédente s’était clôturée. Jacob avait la sensation d’être toujours sur un petit nuage de bonheur aux côtés de la jolie brune. Ils étaient parvenus à trouver un rythme de croisière avec leurs emplois du temps, et de temps à autre, le trentenaire parvenait à finir suffisamment tôt pour venir chercher la jeune femme sur son lieu de travail. Comme ce soir, alors qu’il attendait patiemment devant le petit café. Il embrassa sa petite-amie tout en souriant « Salut toi, tu as passé une bonne journée ? » et jeta un coup d’œil à sa montre « J’ai une surprise pour toi » et lui ouvrit la portière de la voiture pour la conduire jusqu’à un appartement du centre-ville « Promis, ce n’est pas un kidnapping » et glissa sa main dans la sienne pour monter les quelques marches les séparant du dernier étage. Il frappa à l’adresse qu’on lui avait indiqué et laissa Victoria entrer en première dans l’atelier d’art. Un cours était dispensé chaque soir dans cet appartement à l’allure industrielle chic. C’était une femme d’une cinquantaine d’années qui détenait cet atelier d’art dans le centre-ville de Miami et qui organisait ses cours de peinture sur toile. « On a parlé d’art à l’hôpital et une infirmière m’a donné l’adresse de Judith. Elle donne des cours tous les soirs de la semaine, excepté le week-end. Tu m’avais dis que tu aimais ça… » et salua de la main l’hôtesse qui les invita à découvrir les lieux et de prendre place devant une toile pendant que le modèle se préparait « Je t’accompagne seulement au premier cours. Je suis loin d’être doué pour peindre… » et afficha une légère moue « Tu ne fais que travailler… Je me suis dis que ça te ferais le plus grand bien de revenir à tes premiers amours ».

« -je crois que ma main dans tes boucles en te disant d’aller te coucher… ça n’a pas aidé… » En soit, ce n’était pas la fin du monde. Actuellement, leurs parents savaient qu’ils étaient heureux ensemble. A leur yeux c’était le plus important. En couple ou non. Quant à la petite amie imaginaire, cela ne risquait pas de faire du mal à Vic, étant donné que c’était elle. Vic savait d’avance que le jour où ils allaient se décidé à annoncer qu’ils étaient ensemble, sa famille serait aux anges. « -Juan n’est pas très bavard… et… et il appréciait Roberto. Le seul sans doute… enfin, ils s’entendaient bien. Alors, il n’y a peut-être que lui qui aura à redire quelque chose. Mais il finir par comprendre, qu’avec toi je suis heureuse. » avec le temps, il apprécierait Jacob, elle en était certaine.

« -pourquoi tu as un coffre-fort secret derrière un tableau ? » voilà maintenant elle avait envie de savoir où se trouvait sa cachette secrète ! Elle resta stupéfaite devant le cadeau que Jacob lui tendait. Un peu plus encore en l’écoutant lui expliquer la date gravée et son envie que cet objet lui rappelle chaque jour pourquoi est ce qu’elle était tombée amoureuse de lui. Elle trouva cela idiot, comme si elle n’avait pas besoin qu’on le lui rappel Pourtant, ils s’étaient déjà prit la tête et ils avaient eut besoin de prendre de la distance. Alors Jacob avait peut-être raison. Il la connaissait bien… un jour, ce bracelet serait sans doute utile à autre chose qu’à embellir son poignet. Puis elle l’avait entrainé dormir. Parce qu’il en avait besoin. Ils avaient tout le temps pour faire l’amour. Elle ne tenait pas à ce qu’il s’endorme entre ses seins au beau milieu de l’acte.

Peu à peu, ils étaient parvenu à accorder leur emploi du temps. Même si celui de Jacob restait plus fourni que celui de Vic. Elle avait demandé si c’était possible de faire des heures supp’. Vinz avait accepté et ainsi, elle évitait de passer trop de temps seule à l’appartement. Mais ce soir, elle quittait à l’heure parce que Jacob venait la chercher. Elle avait hâte de passer la soirée ensemble. La jeune femme avait passé ses bras autour du cou de Jacob avant de l’embrasser en souriant : « -bonsoir toi… le meilleur moment c’est maintenant. » avait d’ajouter un : « -oh. » en relâchant son étreinte. Elle n’avait jamais été vraiment fan des surprises. Elle monta dans la voiture en posant des questions : « -on va où ? Si tu veux m’emmener au resto, il faut que je passe me changer. » elle tentait de gratter des information mais Jacob n’était pas disposé à lui en donner.

En sortant de la voiture, elle leva les yeux sur le bâtiment. Avant de regarder Jacob. « -tu vas vraiment rien me dire ? » avait elle râler avant de grimper les marches en même temps que lui, lançant des regards en haut de temps à autre. Une fois au dernier étage, elle l’observa frapper à la porte. Roh elle détestait ça. Ne pas savoir… Et en plus il l’invitait à entrer en premier. Elle découvrit alors un atelier d’art. Elle observa l’endroit en avançant de deux pas, de façon prudente, comme si elle avait peur de quelque chose. Vic reporta son attention sur Jacob lorsqu’il lui donna enfin des explications. « -oui, mais ça fait… » ça faisait des années qu’elle n’avait pas pratiqué. Et entre aimé et être doué il y avait une grande différence. Un regard pour la femme qui les invita à avancer et prendre place. Pourquoi est ce que Vic se sentait mal à l’aise. « -je ne fais pas que travailler… » bon d’accord, il avait raison… Son psy lui avait dit de trouver des activités, de rencontrer des gens. De remettre vraiment les deux pieds dans la vie. Jusqu’à présent, elle n’avait pas osé. Elle ne parvint pas à remercier Jacob sur le coup. Parce qu’elle appréhendait ce qui allait se passer, parce qu’elle ne se sentait pas à sa place. Ce ne fut que le soir venu, alors qu’il se brossait les dents, qu’elle vint poser son épaule contre le montant de la porte pour lui confier : « -merci… pour ce soir… j’ai vraiment apprécié… et Judith est très sympathique » elle ne savait pas si elle y retournerait. Mais le cours s’était bien déroulé, et elle avait prit du plaisir à dessiner à nouveau. « -je te laisse finir… » avait ajouté Victoria en quittant la salle de bain pour rejoindre leur lit, dos contre l’oreiller, elle avait ouvert un livre sans vraiment lire ce qu’il y était écrit. Elle avait la sensation d’être ingrate face aux efforts que Jacob avait fait ce soir. Elle n’avait pas été capable de sauter de joie sur place. Comme si quelque chose la retenait.

Certains regards, le naturel de certains gestes avaient finis par les trahis, et même si beaucoup avait gardé le silence ou avait cru à cette relation fictive avec son interne, ils savaient tous deux que tous n’avaient pas été candide en ce qui les concernait « Je ne pense pas, mais j’adore quand tu fais ça » souffla-t-il tout en venant blottir sa tête contre la sienne, comme s’il n’avait pas eu assez d’elle. Maintenant, Jacob espérait seulement que l’entourage de Victoria l’accepte en tant que membre à part entière, parce qu’il ne voulait pas éloigner à nouveau la jeune femme de ses proches parce qu’elle l’aimait lui, et qu’il ne parvenait pas à se faire accepter auprès des siens « Tout ce qui m’importe, c’est ton bonheur » confirma-t-il avec douceur. Il espérait que Juan le comprendrait et accepterait cela. Dans le cas contraire, il apprendrait à se faire tolérer par ce dernier lors des réunions de famille. En attendant, Jacob appréciait de retrouver l’intimité de leur appartement et de pouvoir de nouveau être tactile auprès de la jolie brune qui patienta le temps qu’il aille chercher son cadeau de Noël dans sa chambre. Victoria pouvait l’entendre rire du salon quand elle évoqua le coffre-fort derrière un tableau « Non, mais je ne dirais rien ». Il voulait garder sa cachette secrète pour les prochains présents qu’il allait lui offrir au cours de leur vie à deux. Il revint à elle et lui offrit ce bracelet qui témoignait de l’amour qu’il lui portait. Il voulait que lorsque leur relation rencontrerait des moments sombres, qu’elle puisse se remémorer ce premier baiser à la fête foraine et à quel point il pouvait l’aimer. Parce qu’il savait que ça produirait un jour ou l’autre. Qu’un jour, elle regretterait peut-être d’être tombée amoureuse de lui. Ainsi ce bracelet serait un retour nostalgique aux beaux moments de leur vie à deux…

Et pour le moment, ils ne partageaient que cela. De beaux moments. Les fêtes de fin d’année étant enfin terminées, Jacob appréciait le retour à la normale, le retour à leur quotidien dicté par leurs emplois du temps mutuels. Toutefois, et comme ce soir, le chirurgien était parvenu à se libérer à une heure convenable pour venir chercher sa petite-amie devant le salon de thé. Il entoura sa taille de ses bras et lui rendit son baiser « J’espère que tu penseras toujours ainsi tout à l’heure » et lui confia qu’il avait une surprise pour elle. Elle n’avait jamais vraiment aimer cela, mais il espérait que celle-ci serait à son goût « Pas de restaurant. C’est différent et tu n’as pas besoin de te changer » répondit-il tout en démarrant la voiture. Il ne roula pas plus de dix minutes et vint se garer au pied d’un immeuble où ils avaient rendez-vous « Tu n’es pas familière avec la définition de surprise » avait-il rétorqué avec amusement, et glissa sa main dans la sienne, grimpant jusqu’au dernier étage. Il frappa et pénétra dans l’atelier de Judith, une professeure d’art. « Tout se passera bien » souffla-t-il en passant derrière elle, caressant son dos pour la conduire jusqu’à un pupitre « Tu passes le reste de ton temps à la maison, et même si bénis ta présence à mes côtés chaque jour, tu as besoin de voir autre chose Bonito Corazòn ».

Néanmoins, Jacob eut la sensation d’avoir commis un impair en enjoignant Victoria de le suivre à ce cours d’art. Peut-être n’était-elle pas encore prêt à peindre de nouveau, à exprimer ce qu’elle éprouvait et ressentait sur une toile. Un regard pour la jolie brune qui était venue prendre appui contre l’encadrement de la porte, l’observant par le biais du miroir. Il était resté silencieux, continuant de se brosser les dents, prenant quelques instants pour lui avant de la rejoindre dans le lit. Dos contre la tête de lit, il lissa la couverture posée sur lui et finit par demander « Tu es sûre que tu as apprécié ? » et ajouta « J’ai la sensation que… Je ne sais pas… Que tu t’es sentie obligée d’y assister pour ne pas me blesser ». Il se tourna davantage vers elle « Ecoute Vic’, si tu n’as pas aimée ou que tu ne souhaites plus que j’ai ce genre d’initiative à l’avenir, dis-le moi ». Il lui saisit la main « Je veux seulement que tu puisses voir du monde, te faire de nouveaux amis, ramener du monde à la maison, prendre du temps pour toi seule, que tu t’épanouisses au quotidien et en dehors de ton travail et de moi… J’ai envie que tu m’envoies un message pour me dire que tu passes la soirée avec des amis pour boire un verre, que tu rentreras un peu plus tard… Que tu vives tout simplement ». C’était important pour lui, parce qu’elle avait été détruite, parce qu’elle avait eu envie de mourir à la disparition de Roberto, parce qu’elle avait cessé de vivre après lui. Il voulait qu’elle réapprenne à aimer la vie dans son ensemble, qu’elle apprécie la compagnie d’autres personnes que lui et son entourage.