Apollonia affirme qu’elle ne comptait pas se noyer, contrairement à ce que pense Lucas. Elle se laisse aider jusqu’à rentrer dans la maisonnette où le jeune homme parle comme s’il annonçait une sentence... La jeune femme se contente d’approuver avant de monter les esclaliers, semblant vouloir dire quelque chose de plus mais n’y arrivant pas. Le regard qu’elle pose sur Lucas le détruit encore un peu plus, si seulement c’est possible... Pourtant il ne dit rien de plus non plus...

L’humidité ambiante empêche ses vêtements de sécher correctement, mais il s’en fiche. C’est à son tour de sortir sur la plage, fixant la mer de plus en plus tourmentée, comme son esprit...

Il reste ainsi quelques minutes, essayant de faire le point sur la situation, mais en vain. Il lève alors les yeux vers l’étage où les lueurs du feu traversent la fenêtre. Il fait jour, mais les nuages gris assombrissent le ciel, ce qui rappel douloureusement Askaban...

L’ex-policier jure entre ses dents, fait les cents pas, laissant le vent salé lui emplir les poumons. Que pourrait-il bien faire ? Quoi qu’il fasse, quoi qu’il décide, ça finira mal... Il est désormais un fugitif, Apollonia risque sa vie pour lui, il est totalement démuni face à la situation et ne sait pas quoi faire pour éviter qu’elle ne se mette en danger... si ce n’est pas déjà le cas...

Il ne sait pas combien de temps il reste ainsi à tourner en rond sur le pas de la porte. Le froid fini par s’insinuer en lui et, s’il en ressent à peine la morsure, il décide tout de même de rentrer, l’esprit toujours aussi embrouillé et sans aucunes solutions à leurs problèmes...

Ignorant l’heure qu’il est et n’ayant rien pour s’occuper, il décide de monter voir si Apollonia va bien (et surtout si elle est toujours bien là...). Il la trouve endormi sur un lit nu et bancale, l’air tout sauf serein. La douleur dans sa poitrine le transperce à nouveau et il s’empresse de redescendre pour prendre les couvertures laissées à terre, là où il a passé la nuit. Il remonte le plus vite et silencieusement possible et dépose délicatement une couverture sur la jeune femme, tout aussi nue que le lit... Elle est si belle...

Il se souvient de l’époque où ils s’étaient promis de ne jamais se séparer, de toujours appartenir l’un à l’autre... Les moments volés dans les salles de classes vide la nuit, leurs vols nocturnes, leurs baisés cachés dans les recoins du château... Ils étaient si innocents alors... Comment en étaient-ils arrivés là ? Comment leurs vies avaient pu s’étoilée ainsi jusqu’à s’effondrer totalement ?

Le jeune homme sursaute en se rendant compte de son immobilité face au lit depuis un moment. S’essayant au sol, il glisse doucement sa main dans celle d’Apollonia en prenant garde à ne pas la réveiller et fini par s’endormir à son tour, la tête appuyée sur le lit. La position n’est pas confortable, mais il s’en fiche bien. Il pourrait dormir des jours tellement il n’en peut plus...

Apollonia se réveille en soubresaut en plein milieu de la nuit, en plein milieu d’un cauchemar qui frôlait la réalité de leur situation… Elle se redresse légèrement dans l’obscurité, ramenant sa main à elle sans réaliser qu’elle était nichée dans celle de Lucas. Par-delà les fenêtres de la chambre, le noir complet lui indique qu'elle s'est réveillée en pleine nuit. Elle sent quelque chose glisser sur son épaule—une couverture ? Elle n’a plus froid, et il ne reste dans la cheminée que la braise des cendres incandescentes, éclairant faiblement la silhouette du jeune homme allongé au sol à ses côtés.

Remarquant alors sa présence, elle retient un instant son souffle, se redressant un peu plus sur le lit et s’enroulant dans les couvertures lorsqu’elle se rappelle sa nudité. Le voir si près fait monter un mélange étrange de crainte et d’attirance. Car si quelques souvenirs lui sont remontés à la surface, elle a l’impression de ne pas se reconnaître dans ceux-ci, de se dissocier de cette version plus jeune d’elle-même qui s’est laissée éprendre par un moldu. Et pourtant, il y a autre chose qui a fait surface aussi. Un sentiment qu'elle n'avait jamais éprouvé pour personne, pas même pour Alec. Elle se sent irrémédiablement attirée par cet homme. Depuis leur première rencontre à son mariage, lorsqu’ils se sont accidentellement heurtés l'un à l'autre. Elle avait alors pensé qu'il s'agissait peut-être d'un coup de foudre, si cela même existe. Mais non. Elle était tombée amoureuse de lui une seconde fois et il faisait partie de sa vie d'une manière qu'elle n'aurait jamais imaginée possible. Du moins, cela devait... Il ne lui avait jamais répondu à sa question, se souvient Apollonia.

« Qu’est-ce que je suis pour toi ? »

Même si elle se doute de la réponse en son fort intérieur, elle était désireuse d’en avoir la confirmation de sa voix. Après tout, il lui devait bien cela. Il l’avait dépossédée de tous leurs souvenirs communs, ne laissant que ce sentiment amoureux persistant et qui lui paraissait alors sans fondement.

Elle divague, Apollonia. Elle souffle tranquillement pour calmer ses pensées et retourne son attention sur le jeune homme. Est-il seulement confortable à même le sol dans cette position ? Après un long moment, elle se décide enfin à murmurer son nom, puis une seconde fois lorsque la première tentative ne parvient pas à le réveiller. Lorsqu’enfin le jeune homme semble émerger, elle l’appelle une dernière fois pour attirer son attention vers elle. Apollonia attend de croiser son regard qu’elle accroche comme de sombres crochets, puis s’écarte un peu sur le lit en l’invitant d’un petit signe de tête à la rejoindre.

— Il y a suffisamment de place pour deux.

Lucas dort d’un sommeil hanté d’ombres et de souvenirs. Il est si profondément enfoncé parmi ses démons qu’il n’entend pas tout de suite la voix qui l’interpelle à travers les nuages. Une voix qu’il reconnaitrait entre mille. Le jeune homme suit cette voix pour émerger peu à peu, clignant des yeux dans la pénombre de la chambre désormais uniquement éclairée par des cendres mourantes dans la cheminée. Il se redresse en grimaçant et se fait happer par le regard d’Apollonia. Celle-ci se recule alors sur le lit et lui fait signe de l’y rejoindre. Si lui est toujours habillé de vêtements désormais secs, elle est seulement habillée d’une couverture... Pourtant, encore à moitié endormi, le jeune homme se hisse dans le lit sans un mot, ne lâchant pas la jeune femme des yeux. Il n’a plus la force de cogiter... plus la force de lutter, contre rien : ni ses pensées, ni ses sentiments, ni démons...  

Allongé ainsi à côté d’elle, il n’ose fermer les yeux malgré le poids de la fatigue. Il respire à peine, l’esprit éteins. Et finalement, dans un souffle à peine audible, il parle d’une voix rauque.

"Tu m’as tellement manquée..."

Depuis ce jour... ce drame... le début de cette chute sans fin...

Lucas l’a rejoint sans contester, sans doute interpellé par cette douce attirance qui plane malgré leur fatigue. Elle s’écarte pour lui laisser un peu de place, et repose sa tête contre le matelas, ses yeux fixement posés sur lui. Elle l’observe ainsi sans un mot s’installer près d’elle, lui faire face.

À ses mots, elle vient poser deux doigts sur ses lèvres pour l’empêcher d’en dire plus. La moindre parole les transperce comme un poignard ces jours-ci. Elle laisse ses doigts glisser sur son menton et se redressant légèrement, elle vient doucement approcher son visage du sien, se suspens dans son geste, un instant hésitante alors que de nouveau elle croise son regard vide. Puis l’instant d’après, Apollonia pose tendrement ses lèvres contre les siennes. Si elle peut lui insuffler le peu de vie qu’il lui reste ainsi, alors elle le fera.

Elle se colle à lui sous la couverture qui l’enveloppe et qui menace à chaque geste de la découvrir un peu plus. Après quelques instants, la jeune femme se recule légèrement pour venir lire dans ses yeux la réponse à toutes ses questions.

— Qu’est-ce que je suis pour toi ?

Sa question perce le silence. Elle l’observe savamment, sans émotion particulière, si cette attirance ténue et ce sentiment vibrant dans sa poitrine. Ses yeux ne quittent pas les siens.

La jeune femme le fait taire. Elle agit en silence, l’embrasse sans qu’il ne bronche, se blottit contre lui, provoquant des lancements dans sa poitrine. Dans un geste automatique, il passe un bras autour d’elle pour la serrer contre lui, mais elle finit par s’écarter de nouveau, légèrement, pour retourner son regard vers lui. Elle lui repose alors la question de ce qu’elle est pour lui. Lucas soutient son regard, tremblant légèrement. Et finalement, il lui répond d’une voix toujours aussi rauque et peu assurée...

"Tout..."

Sa lumière et ses ténèbres, ses joies et ses peines... la seule chose qui le maintienne en vie aujourd’hui... Un poids bien lourd à porter pour quelqu’un qu’il a blessé si fort...

Lucas porte une main à la joue de la jeune femme et la laisse glisser doucement dans son cou puis jusqu’à son épaule avant de reprendre.

"Ces souvenirs que je t’ai enlevés... c’est à la fois ce qui me permet de respirer et ce qui me tue..."

Et il réalise un peu tard que c’était surement son cas aussi... qu’en lui enlevant tous les souvenirs de leur histoire, bons comme mauvais, il lui a enlevé son oxygène...

Le jeune homme se redresse sur un coude, fixant toujours Apollonia. Son regard est sombre, vide et humide de larmes, et sa voix tremble.

"Ça te faisait du mal aussi... alors j’ai voulu t’en soulager..."  

Perdant ainsi sa raison de vivre...

"Je n'en avait pas le droit mais... je n’aurai pas supporté de continuer à te regarder t’éteindre à petit feu sous le poids de la culpabilité..."  

Alors il s’est éteins lui, pour lui donner une chance de briller à nouveau...  

Combien de fois n’a-t-il pas pensé à mourir depuis ce jour ? A combien de duels a-t-il participé en espérant y recevoir un sort manqué ? Il a toujours été lâche...

"Tout est de ma faute... Peu importe les souvenirs... Je n’avais pas le droit de te traiter comme je l’ai fait, de te punir pour ma lâcheté..."  

Il voudrait détourner les yeux, mais s’oblige à ne pas bouger.

"Tu es tout pour moi, Apollonia... tu l’as toujours été..."  

Et c’est bien là le problème...

Sa main vient chercher sa joue, avant de glisser sur sa peau, lui arrachant un frisson. Apollonia l’écoute sans l’interrompre, attendant qu’il termine pour trouver à y répondre. Un silence s’installe, sous le poids de ces révélations qui sous entendent beaucoup de choses… beaucoup de torts aussi, avant qu’elle ne concède à parler à son tour.

— Alors… Laisse-moi entrer. Ne me repousse plus…

Elle se roule sur le côté du lit pour lui faire face et saisir délicatement sa mâchoire qu’elle caresse tendrement du pouce. Sa main est tremblante, son corps tout entier étant fauché par l’émotion.

— Comme c’est maintenant, on est ensemble… N’est-ce pas tout ce qui compte ?

Son regard vient s’accrocher au sien, comme un naufragé s’accrocherait à une bouée. Ses yeux brillent d’un éclat de détresse, peut-être, de folie, sûrement. Elle cherche à y lire une conviction partagée à ses propos. Finalement, son pouce vient caresser ses lèvres alors que ses cils s’abaissent sur celles-ci. Elle s’y égare un instant avant de remonter à ses yeux. Pesant le poids de ses mots avant de les laisser s’échapper de sa bouche, elle finit par souffler avec conviction : « Je préfère souffrir à tes côtés que de mener une existence sans la tienne. C’est une certitude que même le sort que tu m’as lancé n’a su m’arracher… »

— Embrasse-moi, murmure-t-elle si faiblement qu’Apollonia se demande si elle a véritablement prononcé ces deux mots ou s’ils l’ont simplement traversée en pensée.

La jeune femme fini par répondre après un silence, arrachant un sourire triste à brun. Ne plus la repousser... quel en serait le prix à payer ? Serait-il pire ou moindre que ce qu’ils paient déjà aujourd’hui ?

Mais elle continue, se tournant face à lui, ses doigts encadrant sa mâchoire avec une douceur tremblante. Seul eux deux comptes, non ? Ils ne sont complets qu’ensemble... ils ne savent pas vivre l’un sans l’autre... malgré leurs blessures et leurs efforts pour se repousser l’un l’autres... C’est comme si une puissante magie les ramenait irrémédiablement l’un vers l’autre, peu importe les dangers...

Cette magie, Lucas l’a déjà sentie... il a déjà essayé de la combattre à maintes reprises... Mais ce soir... ce soir il n’en peut plus...

Le regard plongé dans celui d’Apollonia, une larme s’échappe au coin de son œil alors qu’il pose sa main sur son poignet. Pas pour briser le contact, non... mais bien pour sentir sa chaleur...  

Et il resserre son étreinte sur le poignet alors que la jeune femme lui souffle de l’embrasser. Les mots sont à peine audibles. Lucas les revoit lors de leur première fois, dans la salle sur demande...

”Pour ma part, je suis tout à toi... Maintenant et à jamais..."

Il se rappelle ses mots, prononcés avec l’arrogance d’un adolescent qui croit dure comme fer à ses paroles, a cette promesse...  

La lueur du souvenir traverse son regard alors qu’il comble la courte distance entre eux pour exécuter la demande d’Apollonia.  

Le baisé est d’abord timide, hésitant. Il a peur... Peur qu’elle ne se ravive cette fois encore, que ce soit elle qui le repousse... Peur que les fragments de souvenirs ne soient ou pas suffisant, ou trop présent...  

Respirant à peine, il s’écarte légèrement d’elle, son regard reflétant son désarroi. Il n’a toujours voulu qu’elle... Depuis leur première union, il n’a toujours eu qu’elle... Mais combien de fois a-t-il faillit la perdre ?

Et pourtant, ils sont là, tous les deux, allongés l’un contre l’autre...

La poitrine de Lucas se serre alors qu’il l’embrasse de nouveau, avec un peu plus de conviction cette fois. Il n’a pas le droit de faire ça... mais il n’a plus aucune rationalité... il n’a plus l’énergie de luter...  

Libre a elle de le repousser, mais ce sera alors la dernière fois, il se le promet...

Les ténèbres les engloutissent tranquillement, seule la braise dans la cheminée éclaire par lueur son visage et le sien. Et pourtant… Elle y voit tant de choses, Apollonia. Les émotions qui traversent les yeux du jeune homme lui donnent le vertige. À quoi pense-t-il en cet instant ? Pourquoi tant de tristesse dans ce regard ? Est-ce l’effet qu’elle lui fait ; une douleur sans fond ?

Une larme s’échappe de son œil. Cette vision de lui la déchire, car elle confirme ses doutes. Ne peuvent-ils s’aimer que dans le malheur ? Si c’est le prix à payer, elle le fera, Apollonia… Il lui saisit alors le poignet délicatement. Elle ne bouge pas sa main de sa mâchoire qu’elle continue de caresser tranquillement sans le lâcher des yeux. Elle lui souffle une volonté, une lamentation même, exprimée faiblement et à demi-mots. D’abord hésitant, il approche doucement son visage du sien pour l’embrasser. L’étreinte est douce, mais timide aussi, avant qu’il ne sépare leurs lèvres pour plonger ses yeux dans les siens. Que craint-il donc ? Que lui a-t-elle fait pour qu’il craigne ainsi à chaque geste de la briser ? Ou peut-être, est-ce lui-même qu’il craint de briser en se faisant ? Elle profite de ce temps suspendu entre deux baisers pour venir caresser sa joue, chasser du pouce délicatement cette larme. Si seulement elle pouvait être la dernière…

De nouveau, il l’embrasse avec un peu plus d’ardeur et cette fois-ci Apollonia goûte pleinement à sa chaleur. Elle ferme les yeux, savourant et répondant à celui-ci tendrement, allant jusqu’à glisser une main dans sa nuque pour l’attirer doucement à elle.

Aucun souvenir ne fait surface, comme c’était le cas sur ce rocher… mais son cœur battant, elle sent le vouloir lui plus que tout au monde. Elle ne se rappelle même pas de leur rencontre, Apollonia, ni de leur premier baiser, mais les sensations restent aussi réelles à l’instant que celles dans ses souvenirs retrouvés.

Le souffle un peu plus saccadé par l’échange ininterrompu de leurs baisers, Apollonia vient lui retirer doucement sa chemise qu’elle jette par-delà le lit. Ses mains fébriles viennent caresser sa peau dénudée avec désir, lorsque un éclair de lucidité la frappe. Elle sépare alors ses lèvres des siennes pour l’observer longuement et détailler ses traits avec affection. Son regard est vacillant.

— Ne me quitte plus jamais… Ne me laisse jamais plus repartir… Promets-le-moi, Lucas… Promets-le-moi…

Un frisson lui parcourt l’échine, à la jeune femme. Une intuition peut-être, que s’il advenait qu’ils s’abandonnaient une nouvelle fois, que s'il lui tournait le dos à nouveau et qu'elle disparaissait régler ses comptes sans un mots, que cette fois-là serait la dernière…

Apollonia ne bouge pas. Elle essuie la larme d’une caresse du pouce. Leurs yeux ne se quittent pas.

Lorsque le jeune homme l’embrasse de nouveau, elle répond à son baisé, l’attire même à elle. Il se redresse un peu plus, cherchant à combler le peu de distance qu’il reste entre leurs corps. Il se laisse dépouiller de sa chemise et les doigts de la jeune femme sur sa peau l’électrise, lui faisant retrouver des sensations qu’il pensait ne plus jamais connaitre.  

Mais Apollonia met fin au baiser et Lucas se fige, prêt à se briser pour de bon. Pourtant, elle l’observe avec affection et non doute. Quoi que...

Tendu, le temps semble se suspendre alors qu’il attend la sentence. Ce ne sont pourtant pas les mots qu’il redoutait que la jeune femme prononce. Elle lui demande une promesse... celle de ne plus jamais la quitter et ne plus jamais la laisser partir. Bouche entre-ouverte, il s’oblige à ne pas baisser les yeux. Il a mal, là où se trouvait son cœur avant. Mais s’ils devaient à nouveau être séparé, il n’y survivrait pas, cette fois... Il se laisserait mourir pour de bon...

Est-ce qu’il peut vraiment lui imposer ça ?

Le souffle coupé, il bouge de façon à ce qu’Apollonia se retrouve allongée et qu’il la surplombe, le visage proche du sien, son regard brisé rivé au sien.

"Seulement si tu me promets la même chose..."

Sa voix tremble. Il l’embrasse alors de nouveau, ses mains placées de chaque côté de sa tête. Il lui a déjà dit qu’il lui appartenait à jamais, mais elle n’en garde aucuns souvenirs... S’ils se refont la promesse de ne plus jamais se quitter, est-ce que cela les mènerait enfin au bonheur, ou bien à leur perte ? Cette magie qui les unit est-elle bonne ou mauvaise ?

Tant de questions qui traversent l’inconscient de l’ex-policier, mais il refuse de les voir... Il n’a de toute façon pas la force de lutter.

Séparant légèrement leurs lèvres, la respiration saccadée, il pose une main sur la joue d’Apollonia. Un désir, qui n’a jamais vraiment disparu, monte en lui comme un feu ardent. Il chasse la couverture d’un geste vif et baisse les yeux sur ce corps si parfait à ses yeux, malgré les fines marques qui le parsème. Pas de retour en arrière, cette fois...

Il revient sur le visage de la jeune femme et repousse doucement ses mèches de cheveux sur son front.

"Laisse-moi te rappeler..."

Lui rappeler ce qu’ils sont... Puisqu’il ne peut le faire par la magie, alors il le fera par le geste...

[TW : sexualité]

Le jeune homme l’allonge sur le dos, se plaçant de sorte à la surplomber tout à fait. Le cœur lui débat dans sa poitrine alors qu’il lui écarte quelques mèches de cheveux sous les yeux. Le poids de son corps contre le sien vient calmer toutes ses furieuses pensées, sauf une : il n’y a qu’une mince couverture qui les sépare...

Le souffle court, Apollonia ne détache pas ses yeux des siens alors qu’elle lui fait promettre une chose qu’ils n’ont pourtant jamais su tenir jusqu’à présent, s’apprêtant à conclure l’accord tacite dans la chair. Mais lorsqu’il lui retourne ses paroles, elle s’arrête pour l’observer savamment un long moment avant de soulever sa tête venir lui arracher un baiser passionné. Elle consent à son tour de tenir cette promesse, comme elle consent à tout autre chose… En même temps, ses mains s’agitent à la hauteur de son bassin pour l’aider à se débarrasser ultimement de son pantalon.

Enfin, le jeune homme tire la couverture qui la recouvrait et Appllonia peut sentir un frisson la parcourir lorsqu'un courant d’air frais caresse sa peau, vite remplacée par la chaleur du corps de Lucas qui vient s’écraser sur le sien. Elle s’accroche à son regard, frissonnant de désir lorsqu’il prononce ces quatre derniers mots tout juste avant de se glisser tendrement en elle. Elle frémit, ne le lâche pas des yeux de crainte qu’il ne disparaisse, que tout ceci ne soit rien de plus qu’un rêve ou une hallucination.

C’est un acte de réconciliation plus que d’amour, mais il n’en reste pas moins que c’en est grisant.

Néanmoins, quelque chose semble tarauder le jeune homme. Elle ne peut s’empêcher de remarquer à son regard triste, toute la fragilité qui l’habite. Aucune trace de joie dans ces pupilles sombre malgré qu’ils s’offrent à nouveau l’un à l’autre, sans aucune restriction cette fois-ci. Il n’y a ni magie, ni obligations morales, ni artifices comme ce fût le cas de leur première fois dont elle se rappelle vaguement le souvenir, et pourtant, son regard est vide. Ça la transperce, Apollonia.

Ses mains viennent encadrer le visage du jeune homme avec beaucoup de précautions, ses doigts fébriles serpenter le long de ses tempes pour en dessiner les contours. Elle l’accueille  tendrement entre ses jambes qu’elle presse contre le bassin du jeune homme. Elle l’accueille dans ses bras, l’enlaçant de sa protection, et vient recueillir sa tête haletante sur son épaule. La jeune femme profite de la proximité de son oreille contre sa bouche pour lui murmurer son nom, le laissant résonner dans le silence de la pièce. Son souffle s’accroche au sien à mesure que ses coups de hanches s’intensifient, et dans cette tendre union, trop exalté pour penser avec raison, Apollonia se promet de ne jamais retourner dans leur monde, de ne jamais quitter cette île si c’est là le seul lieu sur Terre où ils peuvent s’aimer sans aucun compromis. Elle veut tout de lui. Même s’il n’a a lui offrir que sa peine, sa rage et sa douleur. Il n’y a qu’eux en cet instant. Leur monde se réduisant à cette chambre dépossédée de tout et dans laquelle pourtant ils se possèdent enfin.