Le mot est si fort que tu te réveilles légèrement, que tu reprends le contrôle de tes émotions, tu n'as pas totalement envie d'avoir quoi que ce soit à voir avec Théo, mais il est là et quand il t'embrasse tu perds à nouveau tous tes moyens.

Parce que ce baiser est encore plus pressant que celui de la ruelle, parce qu'il est passionné, parce que ses lèvres s'écrasent sur les tiennes avec force. Tu as lu des tas d'histoires qui parlent de la douceur des lèvres, de la magie de l'instant, mais là c'est pas du tout ça. Et pourtant c'est encore plus puissant, ton corps est parcouru d'un frisson et l'excitation remonte au creux de tes reins.

Il s'éloigne trop rapidement et le monde perd de sa saveur. Bordel c'est pas sain ce que tu ressens, mais ton loup prend trop de place pour que tu puisses réfléchir correctement.

Son regard est habité et tu comprends qu'il partage réellement tes questions. Mais sa main est posée sur ta cuisse et tu sens ton sexe durcir, par réflexe sûrement, par envie, un peu.

Ton coeur tambourine dans ta poitrine.

- Est-ce que tu es sous le contrôle de ton loup ? murmures-tu ou est-ce toi qui en a envie ?

Tu veux comprendre, tu veux savoir si sa part humaine te désires ou si c'est seulement son loup. Parce qu'alors tu risques d'être extrêmement vexé de n'être rien d'autre que ça pour lui. Theo t'a traumatisé et tu veux le haïr, mais lui n'a aucune raison de te haïr à la base.

- Si ça vient de toi, Theo, alors c'est oui. ta voix est faiblarde, ton souffle est haletant, mais tu te forces à le regarder dans les yeux, tu veux le voir hésiter, tu veux savoir, l'expérience va trop loin c'est certain, mais tu as mis un pied dedans donc tu continues. Sois honnête, sinon, là j'hurlerai, si ça ne vient que des loups alors je muterai et me battrai.

Tu n'es pas certain d'en avoir les capacités, mais si ce sont seulement les loups alors tu leurs laisseras la place, parce que les humains n'ont rien à voir dans leur affaire. Mais étrangement, tu veux que ce soit une histoire humaine.

Même si tu le regretteras sûrement le lendemain.

Nath murmure. Il fixe son regard dans le tiens. Tu sens soudain ton loup s’éloigner. Tu clignes des yeux et ils retrouvent leur couleur naturelle. Lui sait... il a toujours su... Et il a enfin l’occasion de te le faire comprendre une bonne fois pour toute...  

L’excitation du loup s’atténue légèrement, mais ton souffle reste court alors que ne lâche pas Nath des yeux. Tu le sens durcir contre ton genou. Et là tu cèdes complètement...

Tu n’as pas besoin de lui répondre, car tes yeux ont parlé pour toi, ainsi que le baisé...

Cette fois, c’est plus doux, plus désespéré aussi, comme si tu avais attendu ça toute ta vie...  

Tu remontes ta main sous son t-shirt. Ton loup se tiens tranquille, il a eu ce qu’il voulait...  

Tu ne tarde pas à durcir aussi alors que ton baisé se fait plus passionner et que tu te presses contre Nath.  

Tu remontes lentement le t-shirt de l’Omega, ta main chaude glissant sur sa peau avec une étonnante douceur. Parce que tu ne veux pas le brusquer... tu veux pouvoir lui laisser l’occasion de reculer s’il en a envie...  

Prenant appui sur le bord du divan, ton autre main vient se placer sur son entre-jambe. Lui aussi est excité...  

Ben bravo les deux gardes du corps...

C'est toi qui l'a demandé, c'est toi qui a insisté, c'est toi qui n'a pas écouté ses avertissements, et pourtant, quand l'ambiance change, tu paniques. Parce que soudain, tu comprends que tu n'es pas dans l'une de tes histoires, que c'est vraiment Theo en face de toi, que tu n'auras certainement pas un trou de mémoire parce que tu n'as pas bu la moindre goutte d'alcool et que tu te souviendras très précisément de tout ce qui vient de se passer.

Ton coeur, pourtant, bat toujours la chamade et tu sens dans ses gestes quelque chose qui voudrait déconnecter ton cerveau. Tu as vu ses yeux redevenir marron, cette couleur que tu connais si bien mais sans la lueur malveillante habituelle, tu y as lu quelque chose de nouveau, de plus fort.

Ses lèvres contre les tiennes te font chavirer, ton souffle se mêle au tien et c'est bon, vraiment agréable, merveilleux, mais la magie a déserté car la réalité a pris place...

Et tu as de nouveau peur.

Tu poses ta main sur son torse, mais ce n'est pas pour le caresser, tu le repousses, juste un peu. Tu reprends ton souffle et éloignes tes lèvres des siennes. C'est si dur, c'est la chose la plus dure que tu n'aies jamais fait et pourtant... elle est nécessaire.

- Désolé murmures-tu tout contre lui. Tu vois le questionnement dans ses yeux, tu sens le doute poindre et tu t'en veux, mais la douceur soudaine de Theo t'a fait encore plus peur que ses accès violent. Je, je suis novice, c'est la première fois que.. t'es le seul qui... tu rougis, bon sang de merde, tu n'arrives pas à l'admettre à voix haute personne ne m'avait jamais embrassé avant toi et...

Tu espères que tu vas rester digne. Tu inspires, sa cuisse est toujours contre toi, vos désirs sont toujours sensibles et sa main touche la peau nue de ton torse.

- Je mentirais si je disais que je n'aime pas ce qu'il se passe, mais... tu te mords la lèvre et te force à écouter les conseils de ton psy tu es la personne la plus importante de ta vie, c'est toi qui compte et tu cesses de faire passer les désirs des autres avant les tiens. ... je crois que plus, c'est pas possible.

Tu baisses les yeux sur ta main, qui le retient, le repousse.

- Je sais pas de quoi demain sera fait, je ne sais pas quelle part je contrôle et je te jure que ce n'était pas malsain où une manière de te tester, je te jure que j'ai pas réfléchi que mon cerveau était vide, que c'était un instinct qui ne me venait pas de moi et...

Il comprend, évidemment qu'il peut comprendre, vos loups avaient pris le dessus et quand tu as parlé, vos loups se sont éloignés et ... la passion, le désir brusque, la violence, tout ça, c'était eux. Maintenant qu'ils ne sont plus là.

- Je suis désolé.

Parce que c'est vrai, tu es vraiment désolé, mais pour ce soir, ça suffit. Tu essaies de te relever, espérant qu'il va te laisser, espérant que les baisers que vous avez échangés aient pu apaiser son besoin initial, que tes mots aient apaisés son coeur, mais au fond de toi, t'es certain que t'as merdé.

Et dans tes yeux, il peut lire de nouveau ta peur qu'il ne te laisse pas partir.

Tu y va doucement... Lentement... Et soudain, tu le sens te pousser légèrement. Tu te figes alors que son souffle haletant effleure tes lèvres et qu’il s’excuse. Tu fronce les sourcilles alors que la peur se fait à nouveau sentir.  

Nath bredouille. Tu finis par baisser la tête alors qu’il te repousse un peu plus, mais tu n’arrives pas à bouger. Merde... il t’a laissé aller trop loin... L’excitation est trop forte... Pourtant, tu t’efforces de te calmer. Tu respires lentement et calmement, jusqu’à ces mots... “J’ai pas réfléchi... mon cerveau était vide, c’était l’instinct...l’instinct du loup.... Tu te recules alors vivement. Il t’a demandé s’il s’agissait de toi et non de ton loup, mais lui... est-ce qu’il est en train de dire que c’est son loup qui le contrôlait jusqu’à maintenant ?

Complètement perdu, tu recule le plus loin possible de lui. Tu es blessé, confus... Tu viens de t’ouvrir totalement à lui et... et malgré tout tes avertissements, malgré toute ta retenue...  

"Chris !”

C’est toi qui cries... Nath s’excuse. Tu as bien entendu qu’il est vierge... tu comprends bien sa peur de la première fois... sa retenue... mais tu restes surtout bloqué sur ces mots.... ” c'était un instinct qui ne me venait pas de moi.... Tu le savais que tu le blesserais...

"J'suis désolé Nath...”

Chris déboule sans attendre, suivi de près par Pedro. Ce dernier se dirige aussitôt vers Nath afin de s’assurer qu’il va bien. Toi, tu lances un regard suppliant au Bêta qui te force aussitôt à descendre et t’emmène hors du chalet. Là, tu te métamorphoses et fuit, suivi de près par Chris, lui aussi devenu loup. Le tiens de loup ne te résiste pas, pas cette fois. Il sent toute ta tristesse, ton désespoir... Tu as compris que si seul le loup le veut, ça ne pourra pas marcher... Et tu as cru comprendre que seul son loup le voulait...

Son cri n'est pas soudain, mais il te fait revenir sur terre. C'est toi qui l'a voulu, c'est toi qui l'a demandé, alors pourquoi est-ce que tu ne comprends rien ?

Tu n'as pas le temps de dire quoique ce soit, que Theo s'excuse et part en courant. Tu sens l'électricité dans l'air quand il se transforme et soudain tu es seul avec Pedro. Ce dernier te regarde sous toutes tes formes, il essaie de comprendre, mais il n'y a aucune blessure physique, juste une érection un peu trop visible et deux coeurs meurtris. Comment avez-vous fait ?

- Tu veux en parler ?

Tu secoues la tête pour dire non. Tu es encore rouge, mais pas d'excitation ni de colère, c'est la honte cette fois-ci, parce que tu as failli faire quelque chose avec Theo, parce que tu es incapable d'être prêt, parce que t'as eu peur, parce que tu lui as fait croire - malgré toi - quelque chose. Tu inspires et relève la tête, Pedro attend toujours.

- J'ai tout gâché.

Voilà l'aveu qui fait mal, parce que c'est de ta faute. Theo t'avait prévenu, Theo t'avait laissé le choix, Theo s'est retenu, il a obligé son loup à reculer, il s'est dévoilé et tu as mis un coup de pied dans la fourmilière.

- J'ai peur, avoues-tu, t'as une âme-soeur toi ?

La question est légitime, qui de mieux qu'une personne qui est déjà passé par là ? Un espoir s'illumine sur tes traits, mais la réponse de Pedro te coupe direct.

- Non, désolé.

Mal à l'aise, Pedro s'avance et te tend les bras. Tu ne le connais pas Pedro, ce n'est pas ton ami, vous n'avez tissé aucun lien, mais tu as désespérément besoin de tendresse. Alors tu n'hésites pas, et accepte cette accolade qui te réchauffe le coeur. Ce n'est que l'autre qu'il se met à te tapoter le dos, que tu comprends que tu pleures. Tu te sens idiot, mais tu es incapable d'arrêter les larmes.

Si Theo parle, il saura plus tard ce que tu as fait et alors ils te tourneront tous le dos, alors tu profites de cet instant où tu es potentiellement la victime. Merci murmures-tu une fois calmé et tu files te coucher.

Tu récupères le livre qui était tombé à un moment donné - sans que tu ne t'en rendes comptes - et tu vas dormir. Tu pensais tourner en rond, cherchant longtemps le sommeil, mais il te trouve si vite que tu n'entends pas Theo revenir.

Vous courez une bonne partie de la nuit. Tu étais déjà épuisé de la pleine lune et d’avoir dû résister toute la journée, aussi lorsque vous rentré enfin, peu avant l’aube, tu tiens à peine debout. Tu n’arrives même pas à te douche ou t’habiller, tu t’effondre dans ton lit, soutenu par Chris, et sombre aussitôt. Mais ton sommeil est loin d’être calme et réparateur...  

Tu t’agites alors que des cauchemars, souvenirs d’une autre vie, te prennent d’assaut. Tu te revois, il y a quelques années à peine, traumatisant Nath sans aucune raison valable... Tu revis des scènes tel que la fois où il s’est cogné au mur des toilette, lorsque tu l’as maté au cinéma ou ce jour où tu as failli le tuer... Tu pleures en dormant, alors que le toi d’aujourd’hui cherche à comprendre le toi d’hier... Ton loup cherche à t’apaiser, il veut t’aider... Tu as enfin compris, tu peux arrêter de souffrir maintenant... Sauf que non... tu n’arrêteras jamais de souffrir... Parce que si le loup de Nath veut le tiens, Nath ne te veux pas toi... or tu ne peux pas faire comme si ça te convenait... Tu ne peux pas laisser vos loups lui forcer la main... il en est hors de question...

Lorsque tu te réveilles enfin, la journée est bien avancée. Tu n’es toujours pas reposé, loin de là...

Tu passes de longues minutes sous la douche pour essayer de te donner un air un peu moins fatigué, mais on ne peut pas dire que ce soit très concluant...

Tu as loupé le petit-déjeuner et le repas de midi... Lorsque tu arrives dans le salon, après t’être assuré ne pas y entendre ou y sentir l’Omega il n’y a personne. Peut-être sont-ils aller courir...

Tu passes prendre un fruit à la cuisine (tu as à peine mangé la veille au soir et rien avalé depuis...) et retourne dans ta chambre. S’ils ont bel et bien été courir, tu ne veux pas être là quand ils rentreront... Tu as déjà donné de faire face à Nath en sueur... Et surtout tu ne veux pas le confronter...

Tu as à peine mordu dans ta pomme. Tu entends les trois loups rentrer, mais tu ne bouges pas. Assis dans ton lit, tu fixes la même page de ton livre depuis à peu près une heure. Les scènes de tes cauchemars te repassent en tête, ainsi que la scène de la veille... Cette facilité que tu as eu de repousser ton loup lorsque Nath te l’a demandé... Cette sensation que tu as ressentie en l’embrassant... en étant vraiment toi... ça ne sortait pas de nul part.… et cette idée t’effraie... Car si c'est vraiment le cas, cela veut dire que tu as été encore bien plus horrible que Nath le pense...  

Soudain dégouté, tu profites que Nath soit à la douche et les deux autres se préparent à y aller pour quitter les lieux. Tu attrapes une hache dans une petite remise adjacente au chalet et t’enfonce dans les bois où tu déniche un arbre abattu par une tempête. Tu commences alors à couper, avec force et rage. Tu imagines l’ancien toi, tu t’imagines toi... et tu coupes... comme si ta vie en dépendait. D’abord les branches, puis le tronc, morceau par morceau. Tu coupes jusqu’à tomber à genoux d’épuisement. Pas certain que tu puisses tenir ce rythme très longtemps... L’épuisement et le manque de nourriture ne vont pas t’aider à mieux te contrôler, mais c’est ta façon à toi de te punir, en plus de toute le reste...

Parce que tu as été bien plus qu’un connard... tu as été un monstre... et Nath n’imagine même pas a quel point...

A l'instant où tu te réveilles, surpris d'avoir passé une excellente nuit - la meilleure depuis que tu as compris le lien qui t'unissait à Theo - tu écoutes la maison, aucun bruit. Tu supposes qu'ils dorment encore, donc tu restes au lit avec le fameux livre.

Etonnement, il te plait beaucoup, il est plein d'humour alors que tu pensais Theo imperméable à l'humour - du moins avec toi. Tu le dévores à une vitesse folle et ne t'arrête que lorsque ton estomac crie famine, il n'est pas loin de midi. Tu te lèves doucement pour apercevoir les deux autres loups silencieux et délicats dans la cuisine. Ils ont préparé un semblant de repas, et le regard que t'adresse Chris est étrange. Tu culpabilises aussitôt, mais Pedro prend la parole doucement.

- Il dort encore, tu veux qu'on aille courir ?

Tu fronces les sourcils, ils sont là pour ta protection, d'après ce qu'avait dit le futur alpha au début, mais tu n'avais pas compris à quel point. Et malgré tout ce que tu fais, ils resteront là. Tu leur offres un sourire timide et acceptes.

Vous mangez rapidement, un repas très léger et vitaminé avant de partir courir. Cette course dans les bois vous fait du bien, tu découvres vraiment Pedro et tu es attristé qu'il soit l'Omega de l'autre meute parce que vous auriez vraiment pu être amis, Chris te parle à peine, mais sans animosité, tu es un peu perplexe, mais tu acceptes sa main tendue.

Quelques heures plus tard vous voilà de retour dans la cabane, vous riez un peu fort, histoire de contrebalancer la tension, mais Theo n'apparait nul part. Vous mangez rapidement un gros plat de pâtes qui vous attendait et tu fonces à la douche. Quand tu en sors, tu sais - putain de lien de merde - qu'il est sorti. Tu ne dis rien, tu prends le livre et tu te poses dans le salon. Il sera obligé de passer par-là pour revenir non ?

Tu ne comprends pas pourquoi tu l'attends, mais tu le fais. Tu as besoin de voir son visage pour comprendre. Oh bien sûr, tu lui en veux encore, de tout ce que tu as vécu à cause de lui, mais cette nouvelle version de Theo est beaucoup moins haïssable et tu veux comprendre comment il fonctionne. Bien sûr, ce n'est quuuuue de la curiosité, rien de plus.

L'épuisement te gagne et il ne s'est toujours pas montré. Tu trouves une feuille de papier et tu écris. J'ai été étonné que ce livre me plaise autant. Merci. Un autre conseil ? Tu poses le papier dans le livre, en veillant à ce que le mot ressorte bien et tu le laisses sur la table du dîner, où une assiette trône pour lui. Il n'a pas respecté les conditions, vous en avez parlé entre vous, les autres disent que tu dois lui laisser du temps, mais qu'ils essaieront de voir avec lui. T'es pas vraiment soulagé.

Tu montes dans la bibliothèque et fouilles dans les BD, tu en attrapes une dizaine d'un auteur qui t'es inconnu et tu les ramènes dans ta chambre. Tu t'endors avant d'avoir fini la première.

Mais une seule pensée te tourne en tête : dans quel état d'émotion sera-t-il demain ?

Il fait nuit lorsque tu rentres enfin. Chris et Pedro ont essayé de t'appeler via le lien, mais tu les as ignorés. Tu n'as pas respecté le contrat... et ça n'est que le deuxième jour...

Tu es sale, faible, tu fais peur à voir... Heureusement, ton loup te donne sa force et son soutien, cela te soulage qu'il soit aussi calme et compréhensif, pour une fois...  

Le chalet est silencieux. Nath est dans sa chambre. Une assiette t'attend, "La brigade des buses" posé à côté avec une note qui dépasse. Tu la tire lentement du livre et souris malgré toi en lisant. Putain, tu ne sais vraiment plus sur quel pied danser pour le coup....

Tu manges l'assiette sans la réchauffer. Pedro arrive alors et s'assied à côté de toi, d'abord en silence, puis il finit par prendre la parole.

- Que s'est-il passé ?  

Tu poses ta fourchette et soupire.  

"A ton avis... J'ai merdé, voilà ce qui s'est passé...”

Tu repousses ton assiette, pose tes coudes sur la table et enfui ton visage dans tes mains.  

"Je suis le plus gros connard de l'univers... et durant un instant j'ai eu l'audace de penser que, peut-être il pourrait me pardonner.... Mais c'est impossible.... On ne peut pas pardonner quelqu'un comme moi...”

L'Oméga baisse les yeux. Lui aussi, il en a prit pour son grade, à l'époque, à cause de toi. Parce que tu te défoulais sur lui ou parce qu'il devait gérer les conflits que TU provoquais...

"Je suis désolé, Pedro... Ça vaut aussi pour toi... A toi aussi j'en ai fait voir de toutes les couleurs... Je ne mérite pas ton aide aujourd'hui...”

Il relève les yeux et pose une main sur ton épaule. Tu ne sens aucune animosité en lui, aucune haine... Au contraire, il te réconforte à travers votre lien afin d'appuyer ses paroles.

- Tu étais un connard... mais tu as changé... Tout le monde l'a senti quand tu es revenu... Et en ce qui me concerne... Je suis un Omega, c'est mon rôle d'être là pour apaiser les autres...

Tu laisses échapper un petit rire nerveux.

"Mais ce n'était pas ton rôle de te faire marcher dessus comme je l'ai fait...”

Nouveau silence, puis Pedro reprend d'une petite voix.

- Termines de manger... Tu ne peux pas continuer comme ça, tu dois te nourrir et te reposer. La pleine lune t'a beaucoup affecté...

Tu soupire et retire ton assiette vers toi pour y picorer quelques bouchées sous l'œil attentif de Pedro. Lorsqu'il estime que tu as suffisamment manger, il reprend de nouveau.

- Tu devras être présent demain... Je propose une randonnée, en humains, pas en loup... Ça vous laissera l'occasion de discuter, et nous pourrons vous laisser de l'espace tout en restant à proximité...

Il ne te demande pas ton avis... Tu te contentes donc d'acquiescer avant de te lever, attrapant ton assiette pour la laver. Pedro reste assis un instant, regardant le livre posé sur la table d'un air intrigué. Une fois la vaisselle faite, tu montes à la bibliothèque, choisi un livre que tu vas déposer devant la porte de Nath (une histoire de loups garous), puis va te doucher avant de dormir. Tu as l'esprit en vrac, et tu redoute le lendemain...  

Tu dors une fois de plus très mal, mais tu arrives tout de même à te reposer un minimum. Le matin, tu arrives bon dernier pour le petit-déjeuner, mais au moins tu es présent.

"Désolé du retard...”

Tu évites soigneusement le regard de Nath. Tu t'obliges à manger un bol de céréales, histoire de tenir durant la randonnée...

Etonnement, c'est Chris qui prend la parole, d'une voix calme mais autoritaire.

- Préparer ce que vous voulez manger pour la journée. C'est valable pour toi aussi, Theo.

Tu le fusille malgré toi du regard, il te le rend bien. Afin d'éviter de lancer les hostilités, tu tournes finalement les yeux vers Nath, brièvement, juste le temps de lui adresser quelques mots, histoire de changer de sujet.

"J'suis content que le livre t'ait plu... Tu verras que l'autre n'est pas mal aussi, dans son genre...”

Des banalités... Tu aimerais lui dire tellement plus, mais tu n'y arrives pas... pas encore... Les banalités te demandent déjà beaucoup trop d'effort...

A ton réveil, aucun répit, tout te reste en tête, la soirée d'hier et d'avant-hier restent gravé dans ta mémoire, tu n'as aucune échappatoire, il va falloir trouver une solution et ce, rapidement. Tu espères que Pedro a obtenu plus de chance de son côté que tu tiens, car Theo est parti pour t'éviter. Et bon sang, ça ne fait pas que te soulager.

Tu inspires doucement en t'habillant pour le petit-déjeuner, mais quand tu sors, tu butes sur un livre et malgré toi, un sourire se dessine sur tes lèvres. Meute dit le titre et tu souris. Un livre qui parle de loup-garou, un livre qui parle de vous ? Dois-tu être surpris ou heureux ? Tu le feuillettes rapidement, incapable de te retenir et tu repères ton nom. Tu te figes. Est-ce une blague ? Tu lis les premières lignes, tu trembles, mais t'es aussi au milieu du couloir et il ne faut pas manquer le petit déjeuner. Tu poses le livre sur le pull que tu gardes à la main et te dirige vers la cuisine. Tu n'es pas le dernier.

Pedro et Chris t'expliquent que vous partez en randonnées, ils s'excusent de ne pas t'avoir prévenu plus tôt, mais apparemment quand Pedro est passé toquer à ta porte hier soir, il a entendu tes ronflements, tu joues le jeu en riant et affirmant que tu ne ronfles pas, mais Theo arrive-là et l'ambiance se glace. Pourtant, cette fois-ci, tu n'as pas l'impression que c'est de ta faute. Tu ne comprends pas leurs regards.

La voix de Chris est plus dure que quelques secondes plus tôt quand il demande à Theo de manger et soudain tu te dis que, peut être, ils ne sont pas en colère contre toi, qu'ils savent ce qu'il s'est passé et qu'ils jugent que Theo est le seul coupable. Tu écarquilles des yeux, étonnés, mais tu n'as pas le temps de... quoi d'ailleurs, prendre la défense de Theo ? Ce n'est pas vraiment ton genre... quoiqu'il en soit, Theo se tourne vers toi et tu te figes.

La cuillère en l'air, à mi-chemin entre ta bouche et le bol de céréales. Ta bouche est grande ouverte d'ailleurs. Tu te sens idiot.

- Ok dis-tu quand tu retrouves enfin l'usage de la parole J'ai vu.. qu'il y avait un Nath dans l'histoire, mais... Pas de Theo, heureusement, tu serais devenu fou. Tu reposes la cuillère dans bol, même si les muscles de ton bras auraient pu la tenir encore six heures dans cette position, quand enfin tu te rappelles de la politesse dont tu es censé faire preuve. Merci.

Rapidement, tu termines de manger et prépare un pique-nique, comme Chris l'a demandé, puis tu récupères ton sac à dos et le rempli de tout ce qui peut vous être utile. De l'eau, une boussole, une tenue de rechange - en cas de transformation imprévue - et ton pique-nique. Quand tu es fin prêt, tu sors devant la cabane et étudie les plans avec Pedro, c'est une forêt que tu ne connais pas, des odeurs et des plantes qui te sont inconnues, tu préfères en savoir le plus possible. Bientôt pourtant, il est l'heure de partir. Tu n'as pas osé regardé Theo, tes sentiments sont bien trop confus, bien trop diffus, tu as refusé d'y penser, de te poser pour réfléchir. Tu le lui as déjà dit que tu ne le haïssais plus, tu lui as déjà montré ton désir et ton loup a aussi fait comprendre son point de vue, mais le reste ? Est-ce juste une histoire d'hormones, est-ce qu'un jour tu pourras lui pardonner et lui faire confiance ? Depuis son retour, tu ne ressens plus ce besoin d'urgence de fuir, tu te sens, malgré tout, en sécurité avec lui... alors que tu ne devrais pas. Alors pourquoi ? Tu repousses ces questions.

- Hey dis-tu, en guise de salut - ce qui est idiot vu que vous vous êtes déjà vu depuis ce matin - mais les deux autres loups prennent de l'avance devant, pour éviter de faire porter le poids de leur regard sur vous et aussi pour vous guider.

La balade va être longue, très longue.

Au moins, Nath s’entend bien avec les deux autres...

Leurs rires s’évanouissent pourtant à ton arrivée. Et lorsque tu t’adresses à Nath, celui-ci se fige, comme surpris. Tu replonge aussitôt les yeux dans ton bol, le cœur et la gorge serrées. L’Omega fini par répondre, et lorsqu’il fait remarquer que son nom apparait dans l’histoire, tu te figes. Et merde, tu avais oublié ce détail...

"Ah... Je l’ai lu y a longtemps, ça m’avait échappé...”

Tu réponds trop du tac au tac, sur la défensive, comme pour te défendre face à une insinuation sous-entendue. Mais c’était bien ça non ? Un sous-entendu... une remarque...
Ca t’apprendras à vouloir lui faire plaisir... même comme ça tu arrives à te louper et à le mettre mal à l’aise...  

Tu peine à avaler la cuillère que tu viens de prendre et tousse en manquant d’avaler de travers. Tu finis par délaisser ton bol à moitié vide sous le regard désapprobateur de Chris et va dans la cuisine pour te préparer ton pique-nique, évitant ainsi encore un peu d’être face à Nath.  

Au moment du départ, vous vous retrouvez devant le chalet, vos sacs parés pour la randonnée. Chris et Pedro partent devant, ils peuvent vous laisser de la marge et vous guidé via votre lien. Cela implique par contre que tu restes aux côtés de Nath... Celui-ci te salue d’ailleurs d’un Hey. Tu fixes la direction prise par les deux autres et souffles un Hey en retour avant de te mettre en marche.  

Tu restes devant, tu ne veux pas l’avoir dans ton champ de vision. Depuis cette soirée, ton loup est d’un calme impressionnant. Tu l’en remercies. Ne pas devoir te battre contre lui t’aide à mieux gérer... le reste...  

Vous marchez ainsi plusieurs minutes en silence. Chris et Pedro sont loin devant, mais visibles. Quand bien même ce ne serait plus le cas, même Nath doit pouvoir les repérer à l’odorat, maintenant.  

Tu regrettes de ne pas t’être mieux nourris et avoir mieux dormi ces derniers jours, car ton loup doit rapidement t’aider à tenir le rythme. Ça ne fait même pas une heure, bordel... Tu attrapes la gourde accrochée à ton sac et en bois une longue gorgée, et tu te rends alors compte que tu n’es absolument pas concentré sur votre marche... Tu n’as aucune idée du chemin que vous avez pris. Tu te fie à Pedro qui guide le groupe. Tu es totalement en mode automatique...

Tu presses ta paume contre ton front lorsque tu sens Chris pousser dans ton esprit. Tu sais ce qu’il veut... Rangeant ta gourde, tu soupire et fini par prendre la parole.

"J’avais vraiment oublié... pour le nom du perso... Désolé si ça t’a mis mal à l’aise...”

Tu te rends compte que tu es essoufflé. C’est une putain de blague ?! T’es si mal en point que ça ? Même un humain aurait une meilleure forme que toi en ce moment, c’est pitoyable...

Tu appuies tes deux mains contre un arbre, rageur. Bras tendus, penché en avant, comme si tu allais être malade, une boule t’obstrue la gorge, et s’est avec peine que tu articule.

"Part devant, j’vous rejoins...”

Le problème, c’est que ton physique est en train de refléter ton mental... et ça en dit long sur ton état... Ca explique également pourquoi ton loup se tiens tranquille... S’il te force à lutter, tu t’afflaibira encore plus... Contrairement à ce que tu as tendance à penser, il n’est pas si con...