La main de Pedro qui se pose sur ta nuque te fait du bien, mais elle ne suffit pas. Tu veux plus, tu veux te sentir compris, aimé, entouré. Bordel, pourquoi tu es venu seul ?

Alors que tu allais te retourner, histoire d'au moins sentir le corps de quelqu'un contre toi, Theo se met à parler, et son ton fait peur à l'autre Omega qui disparaît si vite. Tu es seul, extrêmement seul. Et tu te détestes parce que tu as envie de courir dans cette autre pièce, sauf que cette envie ne vient pas de toi, elle vient de l'intérieur, elle est puissante. Tu trembles et essaies de chasser ces larmes qui sortent de tes yeux sans ton consentement.

Les mots de Theo sont beaucoup plus calmes que ce que tu avais prévu. Il n'est pas hargneux et maintenant que tu sais tout, tu y lis le désespoir. Pedro avait raison, il fait vraiment de son mieux.

Tu te retournes vers ta valise, espérant trouver quelque chose d'autre à faire, continuer de l'ignorer - parce que bordel, parler à cœur ouvert alors que deux autres loups écoutent chacun de vos mots c'est dur ! - mais ta valise est vide. Tu es désoeuvré.

Malgré tout, tu optes donc pour la vérité.

- C'est même pas vrai, tu sais. Malgré tout ça, je n'ai même plus la force de te haïr, j'essaie de m'en convaincre, j'essaie de te détester, mais ce n'est pas parce que je te le répète que c'en est vrai. Je suis juste tellement... tu soupires, t'en as marre de tourner autour du pot ... las de cette situation. J'aurai préféré milles autres hommes que toi, j'aurais même préféré que mon père ait raison et que ce soit une femme, mais si rien ne pourra effacer l'enfer que tu m'as fait vivre, je ne te hais plus.

Oui, tu t'es résigné, face a l'admiration de ton loup pour le sien, face aux pensées silencieuse qu'il t'envoie depuis deux semaines, face a la complexité de la situation. Tu ne l'aimes pas, tu ne ressens pas la passion que Theo semble ressentir, mais ton loup t'appelle constamment a l'indulgence, il cherche sa présence, son odeur, il te supplie de lui laisser une chance et tu refuses de te battre contre ton âme. Ton loup c'est lui qui t'a sauvé la vie, quand t'en pouvais plus, il t'a redonné espoir et il t'a offert un but. Alors tu lui as laissé les commandes, tu as accepté ce fichu lien qui va te détruire la vie, et malheureusement ça a effacé beaucoup de choses dans ta façon de penser.

Tu te lèves et ferme la porte de la pièce, tu ne veux pas écouter sa potentielle réponse. Tu seras là pour le dîner, comme demandé, mais jusque là, tu vas te morfondre.

Tu es douché... Les mots prononcés par Nath sont pire que tout... Tu devrais te réjouir pourtant, mais à la place tu  as l'impression qu'il vient de te transpercer le coeur avec une lame chauffée à blanc.
Ton loup se fait tout petit, parce qu'il sent... Il sent que cette fois, c'est vraiment toi qui est touché. Alors il se tiens tranquil,  pour la première fois depuis longtemps...

Le silence pèse sur les lieux, longtemps... Tu finis par rejoindre ta chambre. Tu te laisse glissé contre la porte pour te recroqueviller au sol, la tête enfuie dans tes bras enroulés autour de tes jambes ramenées contre toi.

Le calme de ton loup te laisse l'esprit vide, anesthésié... Tu dois finir par t'endormir, épuisé par la nuit, épuisé de te battre... car tu sursaute lorsque Chris vient frapper à la porte pour indiquer que le dîner est prêt.

Tu passes rapidement à la salle de bain pour te passer de l'eau sur le visage, avançant en mode automatique. Dans la salle à manger, tu t'assieds entre les deux loups. Nath arrives un peu après,  en sueur d'avoir été courir. Tu étouffes une exclamation alors que ton loup se redresses. Mais bordel il le fait exprès, ce n'est pas possible...

T'efforcant de garder les yeux détournés et de respirer au minimum, tu te repasses ses paroles en boucle pour tenter de rester calme. Le repas est simple : pain et charcuterie. Chris et Pedro discutent de tout et de rien pour tenter de détendre l'atmosphère. Un moment, Pedro se tourne vers Nath.

- La course t'a fait du bien ?

Tu te fais la réflexion qu'il aurait au moins pu prendre le temps de se doucher avant de venir à table...quitte à vous faire attendre...
Plutôt que du pain, s'est ton poing que tu mords pour essayer de garder l'esprit claire. Heureusement que Perdo est là pour faire la conversation...

Malgré la situation, ton loup se tient relativement calme. Peut-être est-ce grâce à la proximité...
Sauf que du coup, c'est toi qui vrille... et ce n’est pas non plus une bonne chose...

Alors que tu te repasses sa tirade crève cœur pour la énième fois, un point te fait soudain réagir. Déposant enfin ton poing meurtri par tes dents sur la table, tu relèves les yeux sur Nath avec une expression de surprise.

"Ton père n'est pas ouvert a l'homosexualité ? ”

Ça sort totalement de nul part, mais ça a au moins l'avantage de détourner tes pensées...

Tu n'as jamais caché ta bisexualité, même si la plupart de tes conquêtes masculines ont été discrètes. Ça n'a jamais été un problème dans ta meute. En tant que loup, c'est le contacte et le bien être qui importent, peu importe le genre... Tu pensais qu'il en était ainsi pour tous les loups, cela te surprend donc sincèrement.
Mais tu regrettes pourtant aussitôt ta question. Tu ne veux pas l'embêter...

"Désolé, ce ne sont pas mes affaires...”

Tu essaieras d'en parler plus tard avec Chris et Pedro, peut-être eux en savent ils plus sur la question...

Longtemps tu as essayé de reprendre contenance, mais tu as fini par admettre que ça ne servait à rien de rester ici, alors tu sors courir. Tu sens plus que tu ne vois la présence de chacun des loups. Pedro te fait un signe de tête quand tu lui annonces ton envie, t'as presque envie qu'il t'accompagne mais tu ne demandes rien, il ne se propose pas.

Courir, loin de cette cabane, loin de ces pensées qui te bouffent te fait du bien. Tu cours et tu te concentres sur ton souffle, sur les animaux qui détalent à ton passage et sur ton pas. Tu fais des intervalles, des courtes accélération puis tu reprends ton rythme, tout pour ne pas songer à ce qui t'attend ce soir. Ton loup t'envoie des images, il te fait sentir un lapin, il te montre le soleil, tu sais qu'il essaie de se reconnecter à toi, de ton montrer combien vous faites une belle équipe. Tu sais qu'il essaie surtout de te rassurer. Tu prends cette main tendue, vous êtes un binôme indissociable, tu préfères travailler avec lui que contre lui.

Quand tu arrives ils passent à table, merde, tu es rentrés trop tard. Tu hésites à aller prendre une douche, mais tu n'as pas fini de transpirer et Theo vient d'arriver, tu décides de ne pas le contrarier en étant en retard, tu t'assieds donc.

- Oui, la forêt est vraiment belle et courir m'a toujours aidé à me déconcentrer, j'avoue, j'utilise beaucoup la fuite ces derniers temps, mais courir... Ça me libère.

Tu es de meilleure humeur, tu essaies de faire des efforts, de te dévoiler. Pedro continue à te poser des questions et tu réponds comme tu peux. Tu prévois de courir un autre jour et tu le proposes à l'ensemble des loups présent ici.

Quand la conversation retombe la voix de Theo s'élève. Et tu ne sais pas ce qu'il se passe. Ton corps a réagi d'instinct, tu as plongé ton regard dans le sien, tu as tendu la main vers lui. Tu serres les dents et recules sur ta chaise. Foutu réflexes, cette semaine va être très longue.

- Non souffles-tu en détournant le visage.

Tu sais qu'à cet instant, il va penser que tu confirmes sa deuxième prise de parole, alors tu le fais mariner un instant, mais tu étais serieux quand tu as dit que tu étais ici pour essayer d'améliorer la situation alors tu essaies de prendre ses questions comme une envie de mieux te connaître, comme si Theo s'était déjà seulement un jour posé la moindre question sur ta vie. Tu avales ta salive et soupire avant de tourner le regarde vers lui.

C'est dur. Tu lis beaucoup trop de choses dans ses yeux que tu ne comprends pas, tu vois son loup qui brille a l'intérieur de ses pupilles.

- Non, mon père n'aime pas que je sois gay, il aurait voulu que je tombe amoureux de la jolie fille de son bêta en chef, qu'on transmette entre nos noms pour de longue génération. Mon frère ainé edt sa fierté, il a bientôt se marier, mais Val et moi on est ses échecs, un beta, un Omega, pas d'amoureuse et quand jai annoncé que je n'aimais pas les filles c'est tout juste s'il ne m'a pas conduit chez un psy. Ah, ça aussi il ne savait pas que ça faisait longtemps que j'en voyais un.

Les mots sortent tout seul, tu te livres malgré toi, tu n'as jamais dit ces mots à personne, seule ta mère sait que tu consultes depuis des années. Tu attrapes un bout de pain.

- Chacun nos pères, hein.

Ils n'ont pas du tout été élevés de la même manière, et chacun a ses défauts, au moins l'attention de ses parents et divisée en trois. Mais Nath est habitué à être la déception.

Tu comprends Nath lorsqu’il dit que courir lui fait du bien. Toi aussi, la course t’aide, surtout sous forme de loup. Même si en ce moment tu ne peux pas vraiment te transformer, et donc te vider la tête...

Tu te rends compte être touché par le fait qu’il apprécie la forêt. Tu as choisi cet endroit car il te rappel l’Angleterre. Peut-être pourrais-tu aller couper du bois demain, ça te défoulerait...  

Pedro discute naturellement avec l’autre Omega. Ça t’arrange.  

Lorsque Nath propose d’aller courir tous ensembles, tu hoche simplement la tête en te demandant si ce serait une bonne idée, vu déjà comme tu as du mal à te tenir alors qu’il a fini de courir... Mais Chris et Pedro pourraient aller avec lui, pendant que t’occuperas sur le bois.

Les deux autres acceptent d’ailleurs la proposition. Chris n’est pas du genre inactif, et courir lui fera du bien aussi.

Lorsque tu prends la parole, Nath réagi étrangement. Tu baisses les yeux sur ton assiette face à son mouvement de recul et à sa réponse qui semble plutôt catégorique. Lorsqu’il soupire, tu relèves légèrement la tête pour croiser son regard. Ton loup ronronnerait presque... C’en est presque ridicule...

L’Omega fini par reprendre la parole pour te répondre. Tu ne t’attendais pas à ce qu’il se livre autant... Lorsqu’il dit aller voir un psy depuis longtemps, tu serres les poings en baissant à nouveau la tête. La faute à qui... Car tu ne doutes pas être l’une des causes dans son besoin de consulter...

Ses derniers mots t’arrachent un sourire crispé, et tu t’obliges à répondre.

"Ouai... chacun nos pères...”  

Tu prends une seconde puis reprend.  

"Ca ne doit pas être facile... Mais c’est bien que tu puisses te confier à quelqu’un...”  

Tu te fais la réflexion que tu aimerais être cette personne... Mais c’est déjà étonnant qu’il t’en dise autant en cet instant... Tu es son bourreau, pas son confident...

Tu t’obliges à mordre dans un morceau de pain, hésites, puis reprend à nouveau.

"En Angleterre, je vivais chez un vieux loup solitaire... Il m’a beaucoup aidé...”

Tu ne sais pas trop pourquoi tu lui dis ça. Il doit s’en foutre royalement... Mais tu as envie qu’il voie que tu fais des efforts aussi, que tu as envie que les choses s’arrangent, pour lui...

Tu n'es pas méchant de nature et tu as abandonné l'idée de faire payer Theo, déjà parce que tu serais incapable de faire ce qu'il t'a fait subir et ensuite parce qu'il a déjà l'air suffisamment mal. Mais quand il baisse la tête - tu as été courageux, tu ne l'as pas lâché des yeux en parlant - tu sais qu'il a compris.

En réalité, tu vas beaucoup moins chez le psy depuis quelques années, mais a une période, tu y allais deux à trois fois par semaine, c'était ton havre de paix, quand rien n'allait ailleurs. Tu as été vache, mais tu as besoin qu'il comprenne la taille de tes séquelles, qu'il comprenne pourquoi tu as besoin de temps pour admettre l'impensable.

Si Theo refuse ce lien, toi c'est plutôt un réflexe de survie, tu le crois encore capable du pire, tu n'arrives pas à lâcher ta garde et lui faire confiance. Quand tu te livres tu observes ses réactions avec attention, essayant d'en savoir plus. Mais à force, t'as peur de finir par le croire sincère, t'as peur de lui donner une énième chance alors qu'il n'en merite plus.

A ses mots tu hausses les épaules, il ne semble pas très doué pour continuer et relancer la conversation, puis il se livre à son tour. C'est pas grand chose mais tu écarquilles les yeux, dire si peu semble lui demander un si grand effort !

- Okk.

Pour dire vrai, tu es un peu étonné et tu ne sais pas trop comment prendre sa prise de parole. Tu ne veux pas faire le gars qu'en a rien a faire et ton loup te pousse a continuer, mais t'es un peu mal à l'aise. Alors tu prends ton dernier bout de pain dans ton assiette et tu le termines.

- Je vais aller prendre une douche. annonces-tu, conscient que c'est une fuite en bonne et due forme.

Après vous avez une semaine, il faut y aller par étape, c'est mieux pour la santé mentale de chacun. Dans la douche tu prends ton temps, mais sous l'eau froide, tu ne mérites rien de mieux. Puis une fois dans la chambre tu te rends compte que... T'as aucune envie de passer la soirée seul. T'as personne avec qui parler, pas envie de dormir, pas de livres, tu aurais du demander sa tablette à ton frère pour comater devant une série débile... Tu te passes une main sur le visage, est-ce qu'il y a des livres dans le salon ? À défaut d'autres choses...

Discrètement - même si vu l'ouïe et l'odorat de toutes les personnes ici c'est difficile d'être discret - tu sors de ta chambre et te dirige vers le salon. La bibliothèque n'est que décorative, il y a des bibelots et deux grands classiques d'un autre siècle. Tu fais demi-tour et te retrouves face à Theo, merde.

- Je.. je cherchais un livre, bredouilles-tu comme pris en flagrant délit.

Nath ne semble pas savoir comment réagir à tes mots. Le silence retombe, il termine de manger puis se lève en annonçant qu’il va prendre une douche. A peine quitte-t-il la pièce que tu laisses échapper un long soupire, pose tes coudes sur la table et enfui ton visage dans tes mains. Tu n’as rien mangé ou presque...

Cette semaine va être longue... Mais au moins, vous avez pu “discuter” sans que ça ne tourne au vinaigre...

Tu aides Pedro à débarrasser et ranger puis rejoins ta chambre. Les deux autres en font de même. Il est tôt, pourtant, mais ce n’est certainement pas ce soir que vous allez faire un feu de camp pour griller des saucisses...

Allongé dans ton lit, tu fixes le plafond d’un air absent, Nath accaparant toutes tes pensées. Tu es tellement concentré sur lui... ou plutôt ton loup l’est tellement, que tu l’entends et le sens dans le salon. Sans t’en rendre compte, discrètement, tu te retrouves derrière lui. Quand diable es tu sortit de ta chambre ?!

Un fois encore, il ne t’a pas senti. Ça en deviendrait presque vexant...  

Il s’est douché, il sent terriblement bon...  

Ton cœur s’emballe et tu serres à nouveau les poings (tu vas finir par garder des marques à force...) pour refouler tes pensées.

"Il y en a dans la bibliothèque...”  

Ouai, ce chalet est abusémant grand...

Sans attendre, tu le contourne et te diriges vers une mezzanine. Un petit escalier y mène que tu grimpes comme une échelle. Là se trouve une grande étagère prenant tout un mur et contenant une centaine de livres triés par genre.

"Ma mère adore lire...”  

Tu sors ça comme une justification...  

"Tu aimes bien quoi ?”

Machinalement, en apparence du moins... tu attrapes un polar récent que tu as déjà lu mais qui t’as beaucoup plus. Un thriller humoristique avec un cochon sur la couverture.  

"Celui-là est bien et pas prise de tête, si jamais...”  

Tu n’oses pas le regarder, car vous êtes trop proche, que vous êtes “seuls”, et que et toi et ton loup n’avez qu’une envie...

De son visage se dessine un air déçu que tu arrives pas à comprendre, mais tu ne prononces pas un mot de plus, tout comme lui.

Finalement il fait un geste vers le haut et t'explique et là t'en reste bouche bée, tu ne t'attendais pas à tout ça, c'est le chalet de Marry Popins ou quoi ? Tu montes derrière lui et tu dois fournir un effort énorme pour baisser le regard sur tes pieds plutôt que sur son corps. Non mais c'est indécent de mettre de pareilles fesses sous son nez, non ?

Et depuis quand tu le trouves beau ?
En réalité, tu mens, tu l'as toujours trouvé beau, c'était l'un des problèmes, d'ailleurs. Une de choses qui faisaient qu'il était vraiment le roi du lycée. Heureusement qu'il était con, sinon il aurait été parfait et ça aurait été encore plus dur.

Quand vous arrivez sur la Mezzanine tu regardes la bibliothèque, à nouveau bouche bée. Elle est très belle. Tu t'approches pour toucher les étagères, t'aime le bois, c'est plus fort que toi.

Tu recules quand Theo te tend un livre.

- Ok, acceptes-tu en saisissant d'ouvrage tout en prenant soin de ne pas approcher ses doigts. Tu as remarqué qu'il regardait partout ailleurs que sur toi. Tu souris, nerveux. Quel démon est-il en train de combattre ?

Tu te râcles la gorge, répondant avec un temps de retard, tellement tu étais concentré sur ce qu'il fallait faire ou pas. Mais quand tu relèves la tête tu vois ses yeux qui brillent et t'as peur autant que t'es excité par la suite. Fichu loup, fichues hormones.

- Des BD t'exclames-tu un peu fort, avec un peu de chance, Pedro entendra ton ton paniqué je lis principalement des BD, des comics et des manga. Tu parles vite histoire de détourner son attention, d'échapper a cette situation. Sauf que tu ne te rends pas trop compte de ce que tu dis principalement des....tu connais Heartstopper c'est mon dernier coup de coeur. tu allais dire romance gays. Putain mais resaisis-toi.

Tu te passes une main sur le visage.

- Et toi, tu lis quoi ? Ah oui, ça. murmures tu en te rendant compte que tu es idiot, vu qu'il vient de te le dire.

Et là tu comprends qu'il faut que tu fuis, tu cours, tu ailles te cacher, mais ton trou du cul de loup t'en empêche. Tu n'arrives pas à bouger.

Instinct de survie : zéro.

Nath reste bouche-bée face à la bibliothèque. Il laisse ses doigts courir sur les étagères de bois, et tu dois faire appel à toute ta volonté pour ne pas l’attraper...

Tu te crispe lorsqu’il se recule quand tu lui tends le livre. Sa peur te détruit un peu plus à chaque fois... C’est entre autres à cause de ça que tu ne peux pas céder... Que tu ça ne fonctionnera jamais entre vous... Tu l’as trop marqué... dans le mauvais sens du terme...

Il prend pourtant le livre. Toi, tu fais mine d’être concentré sur les ouvrages sur les étagères. Mais tu n’arrives pas à cacher ton loup qui profite du fait que tu n’aies pas réellement envie de le contenir pour pointer le bout de son museau. Tes yeux rougeoient, mais tu tentes de faire comme si de rien n’était. Tu en a presque le tournis à force de résister...

Nath fini par te répondre, sur un ton qui te fait serrer les dents. Il a vraiment peur, tu le sens...

Durant une seconde, tu veux appeler les deux autres via votre lien, parce que tu sais que ça va déraper... Mais quelque chose t’en empêche... Cette situation, cette proximité... son odeur... Si celle de la peur ne se mêlait pas à celle d’assouplissant, tu aurais déjà craqué...

L’Omega te dis qu’il lit principalement des BDs, des comics et des mangas. Tu balayes la pièce du regard et t’oblige à répondre d’une voix un peu trop tendue...

"Nous avons quelque BDs, si tu préfères... Mais pas de manga ou de comics... Et je ne connais pas... Heartsopper ? Je ne lis pas vraiment de BDs...”

Etonnement... Tu n’es pas un grand lecteur, mais tu as tout de même hérité d’un peu de la passion de ta mère, aussi as-tu déjà lu quelques romans de tous genre.

Nath se passes une main sur le visage, mal à l’aise. Ton loup grogne... Il t’empêche d’agir de façon lucide et d’appeler Chris ou Pedro... voire même les deux... Les yeux brillants, tu n’entends pas les derniers mots de l’Omega. Ton cœur bat beaucoup trop vite, tu n’arrives pas à te dire de garder le contrôle... Tu n’en as pas envie...

"Nath... fuis...”

Tu tournes le regard vers lui, un regard qui en dit long sur tes intentions... S’il ne bouge pas...

"Ou crie...”

Tu veux faire un pas vers lui, mais a la place tu arrives à reculer contre les étagères.

"Maintenant...”

Parce que tu ne tiendras pas deux secondes de plus...

Le sentiment de peur s'éloigne peu à peu, et tu en comprends très bien la cause : ton loup.

Il t'envoie des émotions positives, il t'explique que c'est naturel, que c'est normal. Et tu te rends compte qu'il s'est imposé petit à petit, qu'il t'a laissé tranquille au moment où tu as compris, mais qu'ensuite, il s'est fait de plus en plus présent. Tu t'es fait manipulé par l'autre moitié de ton âme et quand tu en prends conscience, tu tressailles.

Parce que c'est trop tard, ta méfiance s'est endormie, tu es seul avec Theo qui fourni beaucoup d'effort pour ne pas te faire... les choses que tu as lu dans tes manga et que...le pire du pire c'est que tu as presque envie d'essayer.

Pendant un long moment tu t'es demandé si tu étais normal, 21 ans et le seul baiser que tu n'aies jamais reçu... Venait de Theo, au fond de cette ruelle le jour où il t'a plaqué contre le mur. Tu n'as jamais été intéressé par les femmes, mais même les hommes ne te faisaient pas tourner le regard. Tu restais sûrement seul à cause de la peur du regard de ton père, mais aussi parce que tu pensais que jamais personne ne s'intéresserait a toi sans se moquer de toi.

Et que la première personne qui te fait ressentir des trucs dans ton corps, soit Theo est un putain de coup qu sort. Sauf que ton loup maîtrise trop bien la chose, il désire encore plus que toi ce qu'il va se passer.

La tension est électrique... Et les mots de Theo finissent de te faire vibrer. La partie humaine de ton cerveau déteste ça, mais ton loup est fou de joie. Sa voix rauque, le fait qu'il te prévienne, le fait qu'il essaie de toute ses forces de se retenir.

C'est en reprenant un goulée d'air que tu te rends compte que tu ne respirais plus. Et son odeur te transperce de toute parts, l'essence n'est plus aussi forte qu'avec, mais ce que tu trouvais doux est officiellement du bonbon, un de ceux acide qui piquent en bouche mais qui sont si délicieux. Tu ouvres la bouche malgré toi pour inspirer plus fort.

- Je comment es-tu sans vraiment savoir où tu vas, vais rester là, sans crier.

Et tu fais un pas, en avance. La peur et la panique ont été chassées. Et l'excitation de la première expérience les remplace. Ton loup te guide dans tes émotions, mais ta partie humaine est curieuse et tout le reste disparaît.

Ce soir, ce n'est pas Theo en face de toi, mais un loup dont l'âme s'emmêle à la tienne et ça... tu peux l'accepter.

Durant une seconde, tu es sidéré. Nath ne fuis pas, il ne crie pas... Au contraire, il compte rester là, il s’avance même vers toi... Tes yeux s’illuminent un peu plus. Avec une vitesse fulgurante, tu te retrouves à pousser Nath dans le fauteuil. Un genou entre ses jambes, tu le maintien appuyé contre le dossier d’une main. Tu grondes et te penches vers lui, jusqu’à son oreille. Et tu souffle le dernier avertissement, sur un ton mélangeant la supplication et l’envie.

"Je refuse de te violer Nath... Et la résignation... s’en est... Je suis peut-être un connard mais j’ai quand même un minimum de principes... Mais si tu ne hurle pas maintenant... Je ne réponds plus de rien...”  

Comme pour prouver tes dires, tu l’embrasses avec force en t’approchant un peu plus de lui, puis t’écarte légèrement, pour lui laisser le temps de réagir... Sauf que ton autre main, celle qui ne le maintien pas appuyé, vient se poser sur sa cuisse... Ton loup exulte... Et toi... tu ne veux pas qu’il crie...

Le mot viole est fort, tu veux le faire réagir... tu n’as pas le choix... Si lui ne t’arrête pas, c’est probablement ce qui arrivera... Parce que pour toi, c’est impossible qu’il accepte...