Une heure ou deux. « -espérons-le. » elle n’en était pas convaincue. Les caméras, les horaires d’affluences, l’endroit parfait où poser la bombe, les sorties de secours… ils avaient du boulot. Un travail qu’elle n’avait pas envie de faire. Mais il le fallait. Pas le choix. Plus elle avait d’info et mieux c’était. Elle ferait en sorte de transmettre tout ça, et la CIA irait également faire des repérages afin de déterminer comment évacuer les rames, et sauver le plus de monde possible. Mettre la ligne hors service ou déclencher des travaux. Ils trouveraient le moyen d’éviter ça. Elle l’espérait vraiment. Eli n’était pas certaine d’avoir les épaules assez solide pour endosser la responsabilité de tout ces morts. « -ça ne le fera pas rire… » oh non, Tobby avait son propre sens de l’humour.

« -j’ai pas dit que c’était une bonne idée. Seulement un test. » surtout un moyen de pouvoir faire son boulot sans attirer l’attention. Ainsi, elle éviterait peut-être de finir comme Byron. « -claire net et précis. » commenta Eli. Chacun sa façon de faire. Elle eut du mal à imaginer Ian agir ainsi. Aller savoir pourquoi. Il devait bien avoir prit du bon temps depuis qu’il était sorti de prison, juste histoire de se vider ou de retrouver le sensation d’un corps de femme chaud contre le sien. « -pas de on remets ça toute la nuit… » roh elle aurait pu la garder pour elle celle-ci. Surtout sa petite grimace et son hochement de tête. Après tout, il avait prétendu et maintenu être un mauvais coup. Peut-être qu’une fois suffisait. Enfin, ça dépendait toujours du ou de la partenaire. On était jamais sur de rien pour les coups sans lendemain. « -un peu plus de 30ans, je crois. » elle n’avait pas vraiment accordé d’importance à l’exactitude du profil. Elle s’en foutait qu’il aime les chatons et soit romantique. Quoi que, ce genre de profil ne devait pas exister sur un appli pour les coups vite fait. « -peut-être que c’est même pas des photos de lui… et que derrière en réalité, c’est Johnny le vieux camionneur bedonnant. » c’était clairement possible. Elle sourit à sa propre connerie. Pas sur qu’elle décide de le rencontrer après avoir pensé à ça.

Eli aurait pu ou dû se foutre de la gueule d’Ian comme il l’avait annoncé. Mais elle était restée quelque peu troublé par le mot employé pour la décrire, nue ou habillée. Il la trouvait belle. Pas sexy. Non, belle. C’était différent. Et c’était sans doute rare dans la bouche d’un mec… surtout un mec comme Ian, qui avait eut une vie de merde. Sa femme l’avait trompé, il aurait pu en vouloir à toute les femmes. Heureusement il s’était contenté d’un sourire. Parce qu’il aurait pu, lui aussi se foutre de sa gueule. Eli préféra se concentrer sur la route. C’était ce qu’elle avait de mieux à faire, laissant la musique les envelopper jusqu’au resto de son ami Tito.

En face à face, Eli évita de trop en dire son passé. C’était encore et encore des mensonges. A force, elle avait presque peur de s’y perdre. Elle évita également le sujet alcool, en demandant clairement à Ian de ne pas revenir dessus. Un léger sourire pour le remercier. Ça reviendrait, elle le savait. Mais pas ici. Pas maintenant. « -on va éviter les sujets de merde non ? » lança Eli alors qu’elle venait clairement de mettre les pieds dans le plat. « -je sais pas moi… on peut parler… musique ou film non ? » quoi qu’après huit ans de prisons, pas sûr qu’il était de quoi alimenter la conversation de ce côté-là. « -et oui, je suis fille unique. » elle allait tout de même lui répondre. « -tu vas faire quoi après ? Si on.. si on réussit ? » ça lui arrachait la bouche de dire ça. "-et si on finit pas en prison bien entendu."

Si le téléphone d’Eli n’avait eu de cesse de vibrer depuis ce midi, Ian n’aurait sûrement jamais su qu’elle s’était laissée tenter par une application de rencontres. Des coups d’un soir sans lendemain. En tout cas, c’était ainsi qu’elle le lui avait vendu en évoquant ladite application. Elle suivait son conseil. Il avait toutefois envisagé la possibilité que cette attirance physique était réciproque et la frustration qui en découlait l’était également. Néanmoins, il n’était pas certain que ça soit l’idée la plus pertinente qu’elle ait pu avoir, et elle confirma elle aussi quand il évoqua l’expérience d’une amie avec Tinder. « J’ai hâte de connaître la conclusion de ce test » répliqua-t-il en appuyant sciemment sur le dernier mot, faisant écho à celui qu’elle avait employé. Quant à lui, il était hors de question qu’il se laisse tenter par de telles rencontres. Un bar suffirait amplement à rencontrer une femme pour une nuit. « Je n’aime pas m’emmerder avec des fioritures. J’annonce la couleur dès le début ». Pour l’ancien prisonnier qu’il était, c’était presque une routine d’agir de la sorte. Après huit ans derrière les barreaux, entourés uniquement d’hommes attendant patiemment un moment d’inattention de sa part pour le violer, il avait apprécié de se sentir en une femme à sa sortie de Rikers Island. Quant à l’agent du FBI qui se cachait derrière cette identité, il en était tout autre. Sa dernière aventure remontait à quelques mois maintenant, et il avait attendu patiemment qu’elle se réveille au petit matin pour lui dire qu’il partait au travail et qu’il avait apprécié la nuit passée ensemble. Toutefois, cette réalité-là n’était pas en adéquation avec le profil créé de toute pièce par la CIA et lui-même, alors il s’arrangeait avec la vérité. Il n’avait pu s’empêcher d’esquisser un sourire en coin quand elle évoqua une nuit d’ébats. Il n’était pas contre l’idée si c’était avec elle qu’il dansait sous les draps toute la nuit durant. « Tu me surestimes. Généralement, un quart d’heure me suffit et après, si l’envie m’en prend, pourquoi pas avant le petit-déjeuner. Mais rien de plus » et renchérit par un « Je te l’ai dit : Je suis un mauvais coup ». Si ça pouvait permettre d’atténuer l’attirance physique qui prenait peu à peu forme entre eux.

Il tourna ensuite la tête en sa direction, les sourcils au milieu du front, alors que la jeune femme venait de lui confier que trente ans tout juste passé, c’était considéré comme trop jeune au regard de ses propres critères « Tu préfères lorsqu’ils sont plus âgés que toi ? » et ne put retenir un petit sourire espiègle qui en disait long sur le fond de sa pensée concernant cette information. Il était plus âgé qu’elle. C’était une évidence, et cela, sans avoir besoin de lui demander son âge. Il grimaça par la suite, imaginant sans la moindre difficulté la scène que décrivait Eli « Au t-shirt tâché de gras, avec quelques morceaux de chips dans sa barbe » et frissonna presque de dégout en y pensant « Voilà pourquoi tu devrais plutôt aller draguer dans des bars. Tu aurais du succès, surtout si tu précises que c’est juste pour t’envoyer en l’air ». Il ne faisait aucun doute qu’elle aurait plus d’un prétendant à ses pieds. Des hommes mariés ou célibataires. Elle serait libre de choisir son prétendant, et pour cela, pas besoin de jupe courte et de décolleté plongeant. Elle était naturellement belle, comme il le lui confia. Un compliment qui la toucha et sa réaction ne laissa pas indemne Ian non plus. Il préféra se renfermer dans son mutisme que de croitre la gêne de cette dernière. Il avait été sincère dans son compliment, et elle l’avait apprécié. Il n’y avait rien à ajouter sur ce point.

Au restaurant de Tito, un ami de la jeune femme, la conversation fut différente, et il décida de ne plus aborder le sujet de l’alcoolisme après une vaine tentative de comprendre pourquoi elle réagissait ainsi face à l’alcool. Ce n’était que partie remise. En attendant, il répondit à la question d’Eli concernant les enfants qu’il n’avait pas et qu’il n’aurait jamais. « On n’évite de parler d’alcool et de mon ex-femme. Si on s’en tient à là, on devrait pouvoir déjeuner en paix » répliqua-t-il en lui adressant un sourire amusé. Il grimaça par la suite à la question qui suivit « On n’avait pas vraiment la télévision et la radio en prison… Sujet suivant » alors qu’il enfourna des quésadillas dans sa bouche. « Je l’aurais parié » répliqua-t-il après avoir avalé. Eli avait tout de l’enfant unique. Il ne saurait dire pourquoi, mais c’était l’image qu’elle renvoyait. Il se rinça le gosier à coup de soda, prenant ainsi le temps de réfléchir à la question d’Eli « Ou avec une balle dans la tête » renchérit-il. Il haussa les épaules tout en commençant à préparer sa prochaine bouchée « Si je suis recherchais, je partirais sûrement au Mexique. Ils n’ont pas d’accord d’extradition avec les États-Unis. Le temps que la situation s’apaise, puis je reviendrais à la cellule pour connaître notre prochaine cible… Je suppose que Toby aura d’autres idées pour renverser le capitalisme omniprésent dans ce pays » et ajouta après quelques secondes de silence « Il est hors de question que je retourne derrière les barreaux. Si on me renvoie en prison, je me tire une balle ». Huit ans derrière les barreaux. Pas une de plus. Il était parvenu à y réchapper sans trop de blessures. Il n’aurait pas cette chance à nouveau. C’était ainsi qu’il percevait O’Brien. « Et toi ? ».

« -si c’est positif, je serais forcement plus détendu, et qui sais, peut-être que je remercierais. » après tout, c’était lui qui lui avait conseiller d’aller se faire prendre histoire d’être un peu moins sur les nerfs. Même si le test n’était pas concluant, elle prendrait plaisir à mentir ouvertement à Ian. Si cela pouvait imposer une certaine distance entre eux, ou faire disparaitre cette attirance, ça arrangerait l’agent de la CIA. Elle avait déjà beaucoup de choses à contrôler, alors si elle devait en plus le faire avec la proximité qu’ils avaient, les regards échangés… impossible de déraper. « -et si jamais elle a de la conversation ou qu’elle te plait ? » qu’est ce que ça pouvait lui faire ?! Pourquoi poser cette question, sauf pour se tenter un peu plus encore… Eli avait conscience que si elle avait croisé Ian dans d’autres circonstances, elle se serait déjà laissé tenté sans retenu. « -tu m’as aussi assuré n’avoir qu’un petit calibre… et pourtant… » elle lui jeta un regard avec un sourire en coin. « -alors comment te croire… » mais elle contentait tenter le truc encore longtemps ? C’était presque plus fort quelle. C’était à cause de lui ! Oui, c’était lui qui lui donnait cette envie de jouer ainsi. Il allait tellement la détester le jour où elle lui passerait les menottes… Cette idée lui fit perdre son sourire quelques instants, et surtout regard à nouveau la route. Mais la conversation n’était pas terminée. « -toujours. » avait elle répondu avec un regard. Elle avait vu son sourire. Et ça faisait quoi, deux ou trois jours à peines qu’ils se tournaient autour. Ça n’allait pas être possible… Eli se mit à rire joyeusement à l’image qui s’imposait. « -quelle horreur ! » puis elle observa quelques secondes Ian alors qu’elle s’était arrêtée au feu. « -t’as peut-être raison… » puis elle ajouta avant de redémarrer : « -t’es de bons conseils… » un sourire en coin, amusée, une lueur taquine dans les prunelles. Ian la calma bien vite avec son compliment. Il avait employé des mots qu’on lui disait rarement. Des mots qui ne collaient pas vraiment avec le personnage d’ailleurs.

« -ok on fait ça. » ça devait pouvoir se faire. « -quoi ? Pourquoi ? Enfin qu’est ce qui te fait penser ça ? » elle était curieuse de savoir. « -et me sors pas une connerie sur le fait que je puisse être égoïste ou auto centré. » parce que ce n’était pas le cas. « -oui aussi… » ça pouvait être une éventualité. Eli plissa les yeux. « -tu reviendrais… » elle ne l’avait pas vu venir celle-ci. Un léger sourire en l’écoutant parler du retour case départ. « -en même temps on connait les risques… » c’était possible qu’ils se fassent arrêter. Ou qu’ils prennent une balle. Eli avala une grande gorgée de soda, reposa son verre sur la table et répondit en fixant les petites bulles sur le verre : « -une île. Loin… loin de tout. De tout le monde. » pas pour bronzer en maillot de bain, mais pour prendre du recul, pour vivre avec sa conscience aussi. Quitter le circuit. Tout envoyer balader. Si jamais elle échouait à sa mission, Eli ne savait pas si elle résisterait bien longtemps. Elle prendrait tout cela comme un échec personnel. « -enfin je t’avoue que je n’ai pas vraiment penser à tout ça. Pour le moment, je suis surtout fixée sur le présent. Sur ce qui reste à faire. Maintenant qu’on a une date c’est… plus concret. » ouais… ça devenait également plus flippant. Même si elle savait qu’elle n’était pas seule, que l’agence était derrière elle, la jeune femme avait beaucoup de pression sur les épaules. « -une idée pour pouvoir accéder au couloir de sécurité du centre commercial ? » elle reprit une bouchée et elle ajouta : « -ce qui serait top, c’est que tu décroches un poste dans la sécurité du bâtiment. » oui ça c’était une bonne idée ! "-ne dit rien, je sais, je suis un géni!" s'amusa la jeune femme.

Probablement que si la jeune femme se laissait tenter par une aventure d’un soir avec un inconnu, elle serait moins tentée à jouer de la sorte avec lui. Et de son côté, peut-être devrait-il suivre également son propre conseil. Qu’est-ce qui lui permettait de penser que c’était Eli qui lui faisait cet effet et pas tout simplement l’absence de relation sexuelle depuis quelques mois maintenant ?! Si tous les deux s’aventuraient sur d’autres terrains, alors ils finiraient sûrement par ne plus éprouver cette attirance mutuelle. Néanmoins, Ian savait que l’idée même qu’elle puisse offrir son corps à un autre homme le dérangeait. Et d’autre part, une distance leur était nécessaire s’il voulait mener à bien cette infiltration. Il sourit donc en l’encourageant dans son entreprise « Ne plus t’entendre me gueuler dessus sera déjà une récompense en soi ». Il ne comprenait pas comment ils en étaient arrivés là tous les deux. Il leur avait fallu seulement que quelques heures pour qu’une certaine tension palpable prenne forme entre eux deux. Une tension tout aussi grisante que dangereuse. Ian envisagea donc la possibilité d’imiter la jeune femme, à une exception prêt. Il n’avait pas besoin d’application de rencontres pour ramener une femme à son appartement. Un verre dans un bar suffirait. Il aurait pensé qu’Eli l’encouragerait dans cette démarche, mais au lieu de ça, elle lui posa une question qui interpella quelque peu l’agent. Pourquoi cette interrogation alors qu’ils ne parlaient que de relation purement physique et sexuelle jusqu’alors ?! Il aurait pu répondre que c’était actuellement le cas, mais que malheureusement, ils vivaient dans deux mondes bien distinct, les empêchant de franchir la limite. Au lieu de ça, il se mit à sourire « Eh bien on pourrait être amené à se revoir. Puis elle finirait par me demander ce que je fais dans la vie et alors je lui répondrais que je pose des bombes à l’anthrax pour un dénommé Toby quand je ne livre pas des pizzas pour un restaurant du centre-ville ou que je ne retourne pas des steaks dans un fast-food ». Parce que c’était bel et bien la réalité là-aussi. Chacun des membres de cette cellule devaient vivre dans le mensonge. Lui plus que les autres. C’était difficile, mais ils avaient tous choisis cette vie, avec ses avantages et ses aléas. De toute manière, si ce n’était pas sa profession qui la faisait fuir, alors ça serait sa frustration sexuelle après avoir passé une nuit avec lui. Il en jouait, mais Eli n’était pas certaine de vouloir croire sa version des faits. Après tout, il avait déjà mentit sur la taille de son sexe, et elle avait pu constater par elle-même que ce n’était qu’un mensonge. Il se mit à sourire, presque de manière énigmatique « Et pourtant il n’en ait rien, je sais ». Il se souvenait pertinemment de cette soirée au motel « J’ai bien une idée… » répliqua-t-il en sous-entendant qu’il n’était pas contre l’idée de lui démontrer la maigreur de ses talents en la matière, laissant son regard brillait d’une lueur taquine alors qu’il l’observait, attendant sa réponse. Eli aimait jouer, et elle avait trouvé un adversaire à sa taille. Et comme si cela ne suffisait pas, elle venait de confirmer qu’elle préférait les hommes plus âgés, et au vu de son sourire et du regard qu’elle porta sur lui, il ne faisait aucun doute qu’elle pensait à lui en disant cela « Il faut avoir une boite de viagra à proximité par contre ».

Les regards complices et les sourires espiègles laissèrent place au joli rire de la jeune femme alors que Ian poursuivit la description de l’homme se trouvant derrière ses photos retouchées qu’il lui envoyait « Je pensais que ça te ferais fantasmer ». Raison pour laquelle, elle devait délaisser son application pour des rencontres réelles dans un bar « Si tu as besoin d’une adresse, j’en ai une ou deux à te proposer ». Des bars non loin de chez lui qu’il avait repéré en se rendant au Bureau. D’autant plus qu’Eli n’aurait aucun mal à trouver des prétendants. Au restaurant de chez Tito, la conversation fut tout autre. Ainsi, il apprit qu’elle était enfant unique, ce qui ne le surprit pas vraiment « Je n’allais pas dire ça » répliqua-t-il en riant presque, appréciant réellement ce moment entre eux « Tu fais les choses par toi-même, sans attendre la moindre consigne. Tu n’es pas particulièrement proche des autres. Plutôt indépendante. Ça me laisse à penser que tu n’as jamais dû t’occuper d’un petit frère ou d’une petite sœur, ou que tu n’as jamais eu d’ainé au-dessus de toi ». C’était une analyse de comptoir, mais elle n’était pas dénué de pertinence pour autant. Quant la porte-flingue de la cellule l’interrogea sur la suite, après les attentats du 4 juillet, Ian décida d’opter pour un O’Brien attachait aux valeurs de la cellule. Cela semblait surprendre cette dernière « Tu sembles surprise que je puisse revenir ». Ca l’intriguait. Quant à elle, la réponse ne l’interpella pas tant que cela. Une île loin de tout, et surtout d’eux. Ça sonnait presque comme une évidence en y pensant « J’aurais le droit de venir te rendre visite de temps à autre ? ». À moins qu’ils se fassent buter d’une balle tous les deux… C’était une option pour le moins envisageable en connaissant Toby. Tout ce qui importait à Ian, ce n’était pas de s’en sortir en vie, mais d’éviter ce massacre. S’il devait le faire en allant jusqu’au sacrifice ultime, il le ferait. Mais au moins, il partirait dans un autre monde avec la conscience en paix. Il fixa son assiette, et acquiesça lentement de la tête. Oui, et la date approchait à grand pas… « Tout va finir par aller à un rythme effréné. On sera rapidement le jour J… » et ça l’inquiétait. Il avait peur de ne pas être à la hauteur au moment venu. Il avait également peur que la sympathie qu’il éprouvait pour Eli ne se développe entre temps et qu’il lui soit difficile de s’interposer. La voix de cette dernière l’extirpa de ses pensées « Je pensais miser sur ton joli cul » et prit une gorgée de soda. L’idée de la jeune femme le fit réfléchir. Après tout, c’était une idée. « Je n’ai pas dit ça, mais l’idée n’est pas conne. Je dois avoir un CV dans un tiroir à la maison. On passera rapidement chez moi, si ça ne te dérange pas » et précisa « Si ça fonctionne, je te paierais le repas la fois prochaine », sous-entendant que cette fois-ci, l’addition était de nouveau pour elle.

« -non mais pas à ce point-là ! » râla Eli. « -je veux dire, le courant passe bien. Vous décidez que c’est seulement pour du bon temps. Laisse tomber. » il ne voulait pas faire d’effort, elle avait compris. C’était un coup de petit joueur histoire de se soulager et basta. Bon… elle avait du mal à croire le côté mauvais coup. Ou alors elle ne voulait pas le croire. Elle ferait peut-être mieux de s’en persuader, pour éviter cette tension. « -oh que oui… » il avait bien mentit. Un petit rire. « -non merci. Si t’es pas capable de te surpasser et d’y mettre un peu du tien, ça m’intéresse pas. » voilà, autant remettre les choses dans l’ordre. Il fallait stopper tout ça. Ok… il était nul au pieux. Parfait ! Donc elle n’était pas intéressée. Voilà. Et pourtant, elle en remis une couche bien vite. « -j’ai dit plus vieux pas grabataire. Et je penses que tu t’es rendu compte tout seule, qu’avec moi dans ton lit, y’a pas besoin de petites pilules bleues pour qu’elle soit raide. » un regard, et elle tourna sur la gauche. « -tu tiens vraiment à ce que je m’envoi en l’air dit moi ! » s’amusa Eli alors qu’Ian était prêt à lui donner des adresses de bar. « -donnes toujours, je verrais suivant l’envie du moment. »

Au resto, le sujet était tout autre. Le tension redescendu. Il avait simplement suffit qu’il lui dise la trouver belle. Il y avait des choses qu’elle avait encore du mal à cerner chez Ian. Mais ça viendrait. « -ouais… j’ai tempérament solitaire. » elle avait toujours été comme ça. Et ça lui réussissait. C’était ce qui faisait d’elle aussi un bon agent. « -je te l’ai dis le premier soir, que je préférais être seule. » même si il avait soutenu que c’était faux. « -Non, c’est ma naïveté qui prends le dessus. » avait répondu Eli d’un ton un peu plus sec. Une légère grimace. « -je pense pas non. » sous entendant que ça ne serait pas une bonne idée. De toute manière, ce n’était pas que des projections. Lorsque tout ça serait terminée, Eli retrouverait l’agence, et très vite une nouvelle infiltration. A moins que celle-ci soit celle de trop. « -ça va être vite là oui… » avait elle soufflé.

Bon, il était temps de discuter boulot. De mettre en commun leur idée. « -hé mon cul peut pas tout faire ! Et si on tombe sur une nana à la surveillance ? On compte sur le tien ? » elle lui sourit malgré le sérieux : « -il faut qu’on ait quelqu’un dans la place si il ya des changements de codes, de caméras… et du coup, vu que tu as besoin d’un boulot. Ancien militaire, ça devrait leur plaire. » elle termina de manger : « -rapidement… » un regard, un sourire : « -ok. » puis elle ouvrit de grands yeux : « -t’es sérieux ? T’as dit que tu invitais ! » elle jeta sa serviette sur la table avant de se lever : « -aller on y va. » elle fit un signe de tête à Tito et ils gagnèrent la voiture. Elle ne payait jamais quand elle venait manger ici. Elle savait parfaitement qu’Ian était en manque d’argent. En montant en voiture, elle demanda : « -je te laisse me guider. » elle n’avait pas la moindre idée d’où il habitait. Hors de question qu'elle monte. Une fois dans la rue, elle ajouta: "-j'attends là."

Ian avait finalement erreur en pensant qu’Eli évoquait une probable relation sérieuse si un jour il parvenait à rencontrer une femme qui lui plaisait et avec qui, converser était facile. Elle faisait uniquement référence à un plan cul régulier. En effet, dans cette hypothèse-là, il n’aurait aucune obligation à dévoiler ses activités, et n’aurait qu’un appel à passer pour passer la nuit aux côtés d’un corps nu « Non ! Non ! Je n’avais pas compris. Oh c’est bon ! J’ai encore mal au crâne ! » répliqua-t-il avant d’ajouter « Je n’y avais pas pensé, mais c’est une éventualité. Ça m’éviterait d’arpenter les bars quand j’ai besoin de me vider ». Ou pour pallier la frustration de ne pas pouvoir succomber avec la femme à ses côtés dans la voiture. Peut-être qu’en s’aventurant dans d’autres lits, la tension entre eux deux finirait par se dissiper ou deviendrait plus soutenable. En attendant, Ian avait trouvé une alternative en mentant sur les raisons qui avaient poussé son ex-femme dans les bras de son meilleur ami. Il tentait de la persuader qu’il était un mauvais coup au lit. Même si après son mensonge sur la taille de son chibre, la jeune femme parvenait difficilement à le croire maintenant. Eli avait pu constater, par elle-même, qu’il était loin d’être aussi petit qu’il l’avait laissé sous-entendre, et le lui confirma une fois encore. Apparemment, ce dernier lui avait laissé un souvenir impérissable. Il ne put renchérit par un « A ce point ?! » alors qu’il avait presque l’impression que sa confirmation avait été prononcée avec une conviction certaine. La fixant avec cette petite lueur taquine dansant dans ses prunelles, il esquissa un sourire en coin « Je comprends. Dommage, tu aurais pu faire ta liste des courses en attendant, mais soit. Ça me convient ». Il était préférable qu’elle l’envisage comme étant mauvais, voire égoïste au lit. Ça permettrait d’atténuer la tension entre eux et cette attirance physique qui prenait une certaine ampleur au fil de leurs joutes verbales. Contre toute attente, cela ne suffisait pas car Eli renchérit en lui rappelant que les pilules bleues ne lui était d’aucune utilité. Elle en avait été témoin. « Ma queue contre ta peau ta laissé un souvenir impérissable, dis-moi. Tu en rêves aussi la nuit ? ». Il préférait en rire que de repenser à la gêne que cela avait engendré chez lui, et ajouta « Enfin, je ne parlais pas de moi en particulier, mais je constate que toi si », le tout accompagné d’un sourire dès plus satisfait alors qu’il venait avoir confirmation qu’elle avait bel et bien pensé à lui en évoquant les hommes plus âgés. Elle s’était trahie seule. Pour autant, il lui proposa tout de même quelques bars où elle pourrait se rendre pour trouver chaussure à son pied, tout en omettant sciemment que ces derniers étaient à proximité de son appartement « Si tu me dis que ça peut t’éviter de te ruer sur moi de colère, je précise, de colère, alors oui. J’y tiens vraiment » et acquiesça « Je te donnerais ça ce soir en partant ».

Au restaurant, la conversation fut tout autre et il apprit que la jeune femme était une fille unique. Ce qui ne l’étonna guère pour les arguments qu’il avança « Sauf quand je suis dans les parages ». Elle se plaisait à l’avoir à proximité. Elle ne pouvait pas le contredire. « Personne n’aime être seul » répliqua-t-il par la suite. Quand la jeune femme l’interrogea sur ce qu’il ferait de sa vie après les attentats, il sut alors qu’il l’avait presque déçu en envisageant la possibilité de revenir à la cellule « Tu me vois différemment des autres ? ». En cet instant, il aurait aimé lui dire qu’elle avait raison de le percevoir autrement. Qu’il ne désirait nullement tuer tous ces gens. Qu’il faisait partie des gentils et qu’elle devait partir avant qu’il ne soit trop tard. Mais n’en fit rien, parce qu’il avait prêté serment au FBI et aux États-Unis, et que son action pourrait être perçue comme de la complicité. Quant à Eli, elle voulait vivre le reste de sa vie sur une île, et loin de lui au même titre que loin des autres « Une mauvaise idée, n’est-ce pas » et baissa les yeux sur la nourriture. Bien évidemment, le travail revint au centre de leur conversation. Parce qu’ils étaient là avant tout pour cela. Pour travailler. La jeune femme n’avait pas envie d’être présente le 4 juillet. Elle n’avait pas envie de poser ses bombes. Et elle restait. Elle était son anomalie et c’était la raison pour laquelle il avait envie de lui dire de partir, de quitter la cellule, que le FBI la protègerait contre quelques informations, qu’elle pourrait recommencer une nouvelle vie sur cette île déserte et qu’il se chargerait de Toby et de sa clique de dégénérés. La lutte intérieure était difficile, d’autant plus avec la gueule de bois.

« Je comptais sur un autre organe, mais le cul, ça va aussi » répliqua-t-il en continuant de picorer « Je plais à tout le monde. Même à Toby, c’est pour dire » et puis ça allait lui permettre d’avoir un peu d’argent également. « Tu y as vraiment cru ?! Je dois avoir 40$ en tout et pour tout pour finir le mois. Je n’ai pas les moyens de te payer le restau ». Et finalement, il comprit en un regard qu’elle se foutait de sa gueule. Elle n’avait rien payé. Un des avantage de connaître le patron semblerait-il. Il prit place côté passager et lui indiqua la route jusqu’en bas de son immeuble. Une fois dans la rue, il se mit à sourire « Tu as peur qu’on baise sauvagement durant deux minutes en arrivant là-haut ? » et quitta la voiture, fit le tour et passa la tête par la vitre côté conducteur « Tu es sûre ? C’est ton dernier mot ? » et l’observa un instant « Je reviens vite ». A petites foulées, il gravit les marches jusqu’à son appartement, récupéra un CV qu’il avait rédigé le lendemain de la transaction, et redescendit, adressant un clin d’œil à la jeune femme « Je l’ai. On peut y aller ».

Un regard. Elle n’aimait pas vraiment ces thermes. Mais bon… elle apprenait à découvrir Ian peu à peu. Elle l’avait peut-être sur côté. Militaire, taulard… ça venait peut-être de cette nuit à l’hôtel. Il aurait pu profiter du moment. Il aurait pu la forcer s’il l’avait vraiment voulu. Cela avait dessiné dans l’esprit d’Eli, l’image d’un homme bien. Pourtant, il avait un passé sombre, et il faisait parti de cette cellule terroriste. Est-ce qu’elle tentait de lui trouver des excuses parce qu’elle ressentait cette attirance physique et perturbante pour lui ? Un sourire : « -ba disons que comparé à ce que tu m’en avais décrit, oui, il y avait une nette différence. » lui qui lui avait décrit la chose comme insignifiante et qui lui avait assuré qu’elle ne le sentirait même pas passer si jamais il s’aventurait entre ses cuisses. Elle savait que ça n’était pas le cas. Maintenant, ce n’était pas la grosseur qui comptait. Elle leva les yeux lorsqu’il parla de liste de courses. Mauvais coup… ou bien égoïste au lit. Ce qui primait c’était surtout le criminel. « -ouais et ça me réveille en sueur… » avait ajouté Eli du tac au tac. « -non, je parlais pas de toi ? Qu’est ce qui te fait penser ça ? » elle plissa les yeux en cherchant ce qu’il avait pu interprété ainsi. « -ça marche. » avait elle conclue, sourire aux lèvres. De colère… Il avait bien fait de préciser.

Un sourire avant qu’elle ne réponde : « -je me serais parfaitement passée de ta compagnie. » ce n’était pas elle qui avait demandé à être deux. Seule elle aurait fait le job également. « -si tu le dis. » Eli avait demandé s’il avait des projets après le jour J. Elle ne parvint pas spécialement à caché sa déception. « -ouais… même si je sais que je me trompe. » ça sonnait un brun amer. Elle ne comprenait pas pourquoi elle voulait croire qu’il était différent. La scène de ce matin aurait dû la dissuadé encore plus. « -d’ici là on a encore le temps de se détester de nouveau… » s’il savait… Eli préféra revenir au job. La façon de le faire surtout. « -évite de sortir ta queue n’importe où si tu veux pas retourner au trou plus vite que prévu. » elle trouvait son idée plutôt pas mal. Ça permettrait à Ian de trouver un job, et il serait également leur yeux et leur oreilles.

Une fois en voiture, elle suivit ses instructions pour se rendre chez lui, et elle prit grand soin de rester au volant. « -c’est tout à fait. » encore une réponse du tac au tac. Eli récupéra son téléphone et lorsque Ian revint à la charge elle dit : « -parfaitement, j’ai ce qu’il faut là. » en montrant l’appli. Elle avait pas loin d’une trentaine de message. Seulement deux l’intéressait. « -j’ai hâte ! » elle l’observa filer, juste pour savoir qu’elle était la bâtiment. Elle envoya l’adresse à la CIA. Elle voulait avoir une recherche sur ce type. Elle ne parvenait pas à le cerner. Un rendez vous fut également fixé pour le soir, dans un bar. Ça permettait de garder la couverture. Lorsqu’Ian fut de retour, elle rangea son portable. « -alors on y va. » direction le centre commerciale. Eli fit le tour des parkings. Ils notèrent ce qu’il y avait à noter. Caméra, sortie de secours, le nombre d’étage. « -je déteste les parking souterrains… » maronna Eli. Elle finit par garer la voiture. « -il nous faut les caméras des ascenseurs. Le temps de monté et descente. Le tout sans qu’on nous voit… » elle avait une idée, mais elle n’était pas certaine qu’elle soit bonne. S’ils rejouaient la carte du couple, cela serait moins louche sur les caméras de surveillances… Sauf qu'au vu du petit jeu entre eux, ça allait être dangereux. Eli quitta la voiture et rendit les clés à Ian. Elle attendait qu'il propose.

Le contraste était saisissant entre le rôle qu’il interprétait et celui qu’il était vraiment, et parfois difficile à tenir, d’autant plus au contact de la jeune femme. En devenant O’Brien, il avait conscience que certains de ses principes allaient être mis à rude épreuve, que son mutisme devrait être dissimulé par les mots, et que son vocabulaire devrait se galvauder pour correspondre à  l’ancien prisonnier créé de toute pièce par la CIA. Une tâche qui s’avérait plus ardue à certains moments, d’autant plus en présence d’Eli qui avait eu un aperçu de celui qu’il était réellement dans cette chambre de motel. Aujourd’hui, il parlait de rencontrer une femme pour se vider. Des termes vulgaires qu’ils s’étaient efforcés à employer pour correspondre davantage à celui qui avait passé huit ans de sa vie dans une prison uniquement masculine. Il savait que c’était nullement au goût de la jeune femme. Son regard avait suffit pour le comprendre. Mais comment lui expliquer qu’il était contraint de tenir de telles paroles ?! Peut-être le ferait-il quand il lui passerait les menottes à l’issue de la mission, même si à ce moment-ci, elle lui en voudrait pour lui avoir mentit durant ces trois derniers mois… Pour le moment, elle pensait qu’il avait uniquement mentit sur la taille de son chibre. Un mensonge qui avait de courte durée en raison de circonstances particulières « Je ne pensais pas que tu découvrirais la vérité un jour pour tout t’avouer, ou en tout cas pas dans la journée » et afficha une légère moue avant de sourire. En réalité, elle n’aurait jamais dû le savoir et il éprouvait encore une certaine gêne en ressassant ce moment entre eux deux. Il lui restait encore l’argument d’être un mauvais coup pour la dissuader de se rapprocher davantage de lui. Il avait beau tenter de maintenir une certaine distance, ce n’était pas toujours chose aisée à son contact. L’attirance physique était bel et bien réelle. Il esquissa un sourire en la voyant lever les yeux au ciel. Elle n’était apparemment pas encore certaine de savoir si elle devait le croire ou non sur ce point. Qu’il en soit ainsi encore quelques semaines. Ian ne put retenir toutefois un petit rire par la suite « Je t’enverrais une photo si tu veux, pour que tu te sentes moins seule la nuit ». Ce qui était tout bonnement hors de question. Il plaisantait. Un froncement de sourcils suivit, ne sachant pas si la jeune femme prétextait ne pas avoir parlé de lui ou si c’était réel. « Je parlais des pilules bleues pour les hommes âgés dans leur généralité, tu sais. C’est toi qui a ramené le sujet à moi et à mes soucis d’érection. Je suis désolé, mais ça signifie bien que quand tu parlais des hommes plus âgés, c’était à moi que tu faisais référence » et afficha un sourire, jubilant à cette pensée. Il était donc plus que nécessaire qu’ils trouvent une conquête pour une nuit. Dans un bar de préférence. Pas besoin de discuter des heures, des jours durant. Un verre, un lit et ça suffirait pour tenter de s’oublier mutuellement.

La tête légèrement inclinée, Ian savait qu’il lui avait tendu la perche en faisant référence à sa présence à ses côtés. Sans Toby, elle aurait fait le travail seule. « Oui, mais maintenant que je suis là, tu apprécies la qualité de mes conversations » et la fixa quelques secondes, et souffla « Je le dis ». Il aimait avoir le dernier mot, peu importe la conversation. Mais la conversation prit une tournure différente et étrange à la fois. Eli le percevait comme différent des autres membres de l’équipe, et elle était amer de penser ainsi, parce qu’au fond d’elle, elle venait de se rendre compte que ce n’était pas le cas « J’aurais aimé que l’on se rencontre dans d’autres circonstances… Crois-moi… Mais je suis ce type et je ne changerais pas ». Elle était son anomalie dans l’équation, et il était la sienne. Il aurait aimé tout lui avouer, la rassurer sur ce point, mais qu’est-ce qui lui assurait que ce n’était pas une manœuvre pour le faire avouer et ensuite tout raconter à Toby qui n’hésiterait pas à l’abattre d’une balle derrière la tête. Rien. Et c’était ça le plus difficile. Aucun lien n’était sincère. Ian n’avait d’autres choix que d’envisager le pire, même avec Eli. « Tu prêches un converti. Il ne fait aucun doute qu’on se foutera sur la gueule dès demain ». Il n’était naïf. Il savait à quel point ils pouvaient être impulsifs l’un et l’autre. Une dispute n’était jamais loin. « Oh pardon ! J’ai cru que tu avais dis si je ne voulais pas trouver un trou plus vite que prévu » et se passa la langue sur les lèvres avant de sourire « Je gère ma queue si c’est ce qui t’inquiète ». Enfin… C’était de grands mots que d’assurer de telles choses surtout en sa présence.

Ian lui dicta la route à suivre jusqu’à son immeuble. Elle ne voulait pas monter avec lui, sûrement par crainte de succomber s’ils se trouvaient à proximité d’un lit. « De toute manière, je n’ai pas fait le ménage » et tenta une nouvelle fois, avant d’esquisser un sourire amusé en posant son regard sur le téléphone « Très bien mon ange » et grimpa jusqu’à son appartement pour en ressortir quelques minutes plus tard. Au garage sous-terrain du centre-commercial, ils notèrent les informations pertinentes et laissa Eli se garer « Tu n’aimes pas être sous terre en fait » et ajouta « Tu sais que c’est là où tu vas quand tu seras décédée » en se foutant ouvertement de sa gueule. Il descendit de la voiture et observa les alentours tout en écoutant la jeune femme lui parler de l’ascenseur « Et on fait ça comment ?! On se colle aux parois en espérant qu’on est invisible ? » tout en se rapprochant des portes de la cage d’acier « On va se faire repérer si on se tape tous les étages, qu’on calcule le temps de monter et de descente entre chaque étage… » pensa-t-il à voix haute, et poussa un soupir « Une idée le génie ? » après tout, c’était comme ça qu’elle s’était désignée au restaurant.

« -crois-moi ou pas, mais j’étais pas déterminé à connaitre la vérité non plus… » non franchement à la base, elle s’en foutait totalement de savoir s’il avait de quoi garnir son caleçon. Mais c’était arrivé. Ils s’étaient bien trouvé gêné soit l’un soit l’autre cela dit en passant. Surtout Ian. « -un photo de ? » elle plissa les yeux : « -dis moi que tu allais répondre : mes abdos. » et non sa queue. Il n’en ferait rien, elle le savait parfaitement. Il y avait beaucoup de paroles en l’air, juste pour la conversation et son piquant. « -non. » il était en train de lui faire un exposé, voulant lui prouver par A+B qu’il avait raison. « -je voulais seulement dire que quand on m’a moi dans son lit, pas besoin d’avoir recourt à ce genre de chose. Et que tu en étais le premier témoin. » il voulait lui faire dire quoi ?

« -je fais avec. » réponse souligné d’un haussement d’épaule et d’un sourire amusé. Franchement, elle était assez contente finalement d’être tombé sur lui, même si les premières minutes ne l’avait pas prédit. Ils s’accordaient plutôt bien, quand ils ne se hurlaient pas dessus. Elle préférait la présente d’Ian à celle de Robby par exemple. Eli eut du mal à comprendre ce qu’il voulait dire ensuite. Elle le dévisagea quelques secondes. « -qu’est ce que je dois comprendre ? » bon, elle avait posé la question à voix haute. Ça avait le mérite d’être claire. Il voulait dire quoi par dans d’autres circonstances ? Qu’est ce que ça aurait changé ? « -hum… je parierai pour ce soir. » s’amusa Eli pour éviter de trop ressentir cet espèce de trouble étrange. Pour la fin de la conversation, elle se contenta de lever les yeux au ciel. « -je ne m’inquiète pas. » merde elle aussi elle aimait avoir le dernier mot.

Direction chez Ian pour récupérer un cv afin de le tenter de le faire embaucher. Si vraiment ça ne marchait pas, Max ferait le nécessaire. Ian finirait dans la base de donné, avec des droits d’accès. Eli avait toujours partagé entre l’admiration pour le talent de Max et la peur de ce qu’elle était capable d’en faire. « -clairement je préfère de loin l’air frais et le soleil, oui. » Elle se gara : « -si je finis en taule, je vais dépérir. » ça c’était certain. Lorsque la porte de l’ascenseur s’ouvrit devant eux, Eli jeta un coup d’œil à Ian. « -j’en ai deux. Et on va appliquer la deuxième. » elle monta dans l’ascenseur et ajouta : « -tu feras le job une fois embauché ici. » c’était une bien meilleure idée que de faire un coller serrer. « -ça sera le plus simple. » une fois à l’étage, elle inspira un grand coup avant de sortir de la boite en métal. « -je te laisse aller poser ça, je vais faire un tour en attendant. On se rejoint à l’étage du dessus. » elle lui indiqua la boutique et la planta là. Elle n’aimait pas ce genre d’endroit. Son cœur se serra en constant que c’était rempli de famille.

« Et je n’étais pas déterminé à te dévoiler la vérité » rétorqua-t-il aussitôt, et avec un sérieux qui n’était pas en adéquation avec le sujet abordé. Néanmoins, il ne faisait aucun doute que sans l’intervention de la police dans leur motel, sans son corps blotti dans ses bras et ses mains sur sa peau, leur relation aurait été différente. Cette attirance physique aurait peut-être été moins conséquente, et l’esprit de Ian ne serait pas embrumé de la sorte en ce qui concernait la jeune femme. Depuis, il ne cessait de se marteler qu’elle était l’antagoniste, et qu’il devait garder l’esprit clair. Il retrouva par la suite son sourire espiègle « C’est aussi dur, mais moins imposant ». Il n’en ferait rien. Il n’entrait pas dans cette catégorie d’individus. Il n’en voyait pas l’intérêt. C’était uniquement pour participer au jeu à sa manière. Quelques minutes plus tard, il se retrouva néanmoins à exposer ses arguments, en sous-entendant qu’elle était attirée par lui. Un argumentatif qui ne fut pas aussi solide qu’il l’aurait espéré et qu’elle détruisit aussi aisément que si ce n’était qu’un château de cartes sur lequel il suffisait de souffler pour le faire s’effondrer « Oh ! » fut sa première réponse, et ajouta « Ce n’est pas ce que j’avais compris. Et je confirme. Le viagra n’est pas nécessaire si tu es nue dans le lit ». Sur ces paroles, Ian se retrouva à contempler l’extérieur tout en se concentrant sur tout, sauf les divagations de son esprit qui risquait d’être trahies par son entre-jambes sur lequel il posa ses mains avec un certain naturel. Note à lui-même : Ce soir, il serait de sortie dans un bar et il ne devait aucunement rentrer seul. C’était devenue une nécessité en ce qui le concernait.

« Dire une parole gentille, ça t’écorcherais la bouche ! » répliqua-t-il alors qu’Eli mesurait ses paroles. Il ne faisait aucun doute qu’elle appréciait sa compagnie, sinon elle ne serait pas assise en sa compagnie dans ce restaurant. Même si au fil de la conversation, il comprit pourquoi il était plus facile de s’asseoir en sa compagnie qu’en celle des autres. Elle le percevait comme étant différent du reste de la cellule. Probablement qu’elle espérait qu’il soit doué de conscience au moment venu et qu’il refuse de poser cette bombe. Excepté le fait qu’il avait rejoint la cellule pour cela. Bien évidemment que Ian aurait souhaité tout lui dévoiler sur son infiltration et la mettre à l’abri, mais c’était également prendre un risque considérable pour sa sécurité. Rien ne lui assurait qu’elle était sincère avec lui. Même s’il avait envie de le croire, il restait sur ses gardes malgré tout. Ce fut pour cela qu’il lui confia qu’il aurait aimé la rencontrer dans d’autres circonstances que celles-ci. Tout aurait pu être différent. Mais Eli ne comprit pas le sens de ses mots. Ian détourna brièvement les yeux en poussant un léger soupir, et finit par la regarder de nouveau « Je parle d’une vie dans laquelle on se serait rencontré dans un café ou dans un musée. Pas de cellule. Pas de morts par centaine. Alors tu ne m’aurais pas perçu comme le dernier des enfants de putain qui s’apprête à faire un massacre pour ses convictions, et moi, j’aurais pu te payer un dîner au restaurant ». Tout aurait été différent. Ils auraient pu sympathiser, peut-être devenir de véritables amis. Peut-être plus. Peut-être moins. Mais au moins, Eli n’aurait pas eu cette amertume dans la voix en s’adressant à lui sur certains sujets. Et elle n’était pas encore au bout de ses peines lorsqu’elle apprendrait que tout n’était que mensonge et qu’en réalité, Ian O’Brien n’avait jamais existé, qu’il appartenait au FBI et que sa mission était de l’arrêter… « Tu sembles bien sûre de toi. Qu’est-ce qui te laisse penser ça ?! » Pourquoi pensait-elle qu’ils ne pouvaient pas rester vingt-quatre heures sans se hurler dessus ?! Quant à sa queue, elle semblait s’en soucier davantage. Quoique. Peut-être pas finalement. Sa réponse le fit sourire et décida de lui laisser le dernier mot cette fois-ci.

« Une plage et des cocktails. J’ai compris » et sortit de la voiture avant de lui jeter un bref regard « Qui sait, tu trouveras probablement l’amour avec ta codétenu, du nom de Gisèle, qui est en taule pour quinze ans parce qu’elle a massacré son mec à coup de pierre. Tu ne voudras plus sortir après cela ». Il en riait, mais intérieurement, il savait que ça se produirait. Pas l’amour fou avec sa codétenue, mais son arrestation. Ce n’était plus qu’une question de semaines dorénavant. Et c’était celui qu’elle considérait comme un collègue, qui allait lui passer les menottes aux poignets. Ils arrivèrent devant les portes de l’ascenseur, ne sachant pas réellement comment procéder et écouta les plans de la jeune femme « J’aurais accès à toutes les caméras de surveillance. Ça sera l’idéal » et pénétra dans la cage d’acier jusqu’à l’étage « Claustrophobe ? » finit-il par demander en lui lançant un bref regard inquiet, et les portes finirent par s’ouvrir sur l’étage des boutiques en tout genre. Des familles, des amis. Les couloirs de ce centre-commercial était à l’image d’une fourmilière. C’était bruyant, les gens bavardaient, riaient entre eux, prenaient un moment pour eux, sans se douter un instant que dans trois mois, les deux personnes qui venaient de sortir de l’ascenseur briseraient à jamais leurs existences… Cette pensée lui tordit l’estomac et se reconnecta à la réalité qu’au moment où Eli s’adressa à lui. La jeune femme ne parvenait pas à accepter qu’ils puissent tuer tous ces gens. Lui non plus. Il se dirigea dans le sens opposé, s’adressa au premier agent de sécurité qui croisa sa route « Bonjour. Je suis Ian O’Brien, et je cherche un emploi » « Franchissez la porte là-bas, et tournez à droite. Vous tomberez sur le bureau de mon chef ». Une demi-heure plus tard, il rejoignit Eli dans le magasin qu’elle lui avait désigné, posant sa main dans son dos pour signaler sa présence « Ce n’est que moi. C’est bon pour le CV. Ils me recontactent dans la semaine » et retira sa main dans une caresse « On va faire un tour » et finit par demander « Tu devrais demander à Toby de te donner un autre rôle que celui-ci… Je vois bien que ça t’impacte ».