Je me prends une charge à mon tour et, pour être parfaitement honnête, je ne l’avais pas vu venir.
Les propos d’Hailey sont durs et je les trouve même injustes alors qu’elle me repousse sérieusement avant de filer en chaussettes dans l’escalier.
Je me retrouve seul, comme un con sur le pas de ma porte alors qu’une heure avant je riais avec la blonde qui vient de déguerpir.
De retour dans l’appartement, je claque la porte et rappels Alex.
Je suis hors de moi et je laisse exploser ma colère auprès de celui que je considérais comme un ami.
Sous la pression, il finit par me répéter ce qu’il a dit à sa frangine et cela me fait redoubler de rage.
Je lui en veux pour l’opinion qu’il a de sa sœur.
Je lui en veux d’avoir mis son nez dans ce qui ne le concernait pas.
Je lui en veux de ne pas accorder le droit à Hailey de, peut-être, essayer de sortir de cette vie aléatoire.
Il n’avait pas à dire ce qu’il avait dit.
Je me suis montré honnête avec toi par respect et toi, tu t’es empressé de ravager mes espoirs ! Alex, tu peux dès maintenant passer une annonce pour trouver un nouveau coloc, j’me casse ! Avais-je lâché avant de raccrocher.
Bien plus tard, c’est la patronne de la jeune femme qui m’avait appelé. Non, elle n’était pas là. Non, injoignable, son téléphone est ici. Non, je ne sais pas où elle est ni si elle rentrera.
Ce fut ensuite Alex à qui je ne décrochais pas, me contentant de lui envoyer un message "son téléphone est à l'appart, pas elle, j'sais pas où elle est".
J’avais rangé la BD dans son enveloppe que j’avais ensuite glissé dans l’étui de sa guitare avec la plus belle photo que j’avais d’elle sur scène.
J’avais laissé un mot sur une carte de mes cartes de visite qui disait simplement
“J’espère te revoir un jour ! Matt”Une semaine après, je n’occupais plus cet endroit, mais un petit appartement à l’autre bout de la ville.
Lorsqu’Alex rentrerait de son voyage d’affaires, je serais dans un Airbus A400M, sur un strapontin, à côté de caisses de matériel et face à des militaires français, en direction du Sahel, mon vieux casque fétiche déglingué, vissé sur le crâne.
Besoin de prendre le large, de se vider la tête, alors on revient sur les zones de conflit !
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