« -oui. » bien sur que ça lui faisait mal. Ils se l’étaient dit l’un comme l’autre, ils auraient aimé se rencontré de façon différente. « -mais moi aussi j’ai du sang sur les mains… » même si ça n’était pas comparable. Cela ne faisait pas d’elle une bonne personne non plus. Eli fut incapable de soutenir le regard de Brennan. Oui, elle mentait à Ian. Mais pas sur tout. Elle n’avait pas donné tout les détails, mais elle lui avait confié avoir perdu l’homme qu’elle aimait. Et ça, ça faisait partie de sa véritable histoire. Eli finit par passer aux aveux. « -j’en sais rien… » avait elle soufflé à voix basse. Jusqu’à présent elle s’était convaincue au mieux que c’était seulement physique. Mais plus les choses avançaient, plus elle apprenait à connaitre Ian et plus… « -vous ne pouvez pas passer votre temps à assurer mes arrières… » avait elle répondu avec un léger sourire triste. II avait tant de fois arrondit les angles… Un froncement de sourcils. « -qu’est ce que vous voulez dire par là ? » demanda la jeune femme. Depuis la mort de Jebediath, elle n’avait jamais laissé un seul homme rentrer dans sa vie. Sauf qu’Ian n’avait pas demandé la permission. Il s’était imposé, lui et ses bras musclés qui la faisaient frémir. Lui et son sourire de petit con, son caractère de merde et sa… sa douceur, sa bienveillance… Eli ne cessait de se dire que de toute manière, la fin de la mission allait sonnée également la fin de cette relation impossible. « -j’ai compris… » avait elle coupé. Pas besoin qu’il lui répète à nouveau. Alcool, violence conjugale… en plus d’avoir tuer deux flics… cela devrait largement lui donner envie de vomir, plutôt qu’envie de le sauter. « -dans vos rêves… » hors de question qu’elle l’accompagne. C’était de la perte de temps pour elle. Elle était bien trop abimée en dedans pour que des techniques de respirations suffisent…

« -il a.. il a une espèce de double personnalité. Ce n’est pas une machine à tuer ou un cinglé comme Robby ou Doc. Il est posé, réfléchit. Il était aussi à l’écoute et… » elle préféra se taire. « -mais vous avez raison, je devrais uniquement me focalisé sur la noirceur… à quoi bon chercher le bon chez les gens… » elle précisa cependant qu’ils avaient conclu une sorte de limite à ne pas franchir. « -je m’y efforce. » comme si c’était si facile… Avec les infos que Brennan venait de lui donner, peut-être qu’elle aurait un frisson tout autre que celui du désir la prochaine fois qu’Ian l’approcherait. « -il peut se passer tellement de choses en deux mois… » elle fit un non de la tête : « -non, je vais… » elle pointa son pouce vers son lit : « -je vais tenter de dormir quelques heures… vous pouvez y aller. » elle n’avait pas vraiment envie de poursuivre le sujet toute la nuit. Elle le raccompagna jusqu’à la porte, le salua et ferma derrière lui. Puis elle colla son dos contre le bois, et ferma avec force les paupières. Lorsqu’elle les réouvrit, elle regarda le dossier au loin, laisser par Brennan. Elle l’ouvrit, et observa les photos. C’était impossible…

Le lendemain, à peine arrivé au bureau, elle fit demandé par Tobby, tout comme Ian. « -j’espère que vous n’avez rien de prévu pour cette nuit. Parce que vous allez jouer les planqué. Ça fait deux jours qu’un type louche tourne autour du bureau, je veux en avoir le cœur net. » Eli jeta un coup d’œil à Ian, avant de demander : « -et tu veux qu’on fasse quoi si on le trouve ? » « -vous faite un joli trou et vous le faites taire. » elle leva les yeux au ciel, avant de soupirer. « -ok… » finit elle par souffler avant de prendre la direction de l’escalier pour monter dans ses quartiers. Elle n’avait dormi que quelques heures. Pas assez pour tenir éveiller le reste de la nuit, encore moins pour être attentive à tout.

« Tu sais que c’est différent » lui rappela Ezékiel. Les circonstances étaient si différentes… Elionor avait tué pour sauver sa mère, et peut-être même sa propre vie. C’était de la légitime défense, même si les jurés n’avaient pas souhaités l’entendre de cette oreille. Pour lui, il ne faisait aucun doute que la femme devant lui n’était pas une assassin. Contrairement à l’identité qu’ils avaient créé pour l’agent Edwards. Il jouait le rôle d’un homme capable de tuer des représentants de la loi et d’en éprouver aucun remords. Le sang sur leurs mains avait peut-être la même couleur, mais les circonstances n’étaient en rien semblable. Maintenant, il espérait sincèrement, au fond de lui, que lorsque l’agent Edwards l’apprendrait, il saurait le prendre en compte pour ne pas briser davantage le cœur de la jeune femme. La Vie l’avait bien fait suffisamment souffrir à elle seule, elle n’avait nullement besoin du jugement de l’homme dont elle était en train de tomber amoureuse. Même si aujourd’hui, Elionor n’était pas certaine d’être capable de mettre de tels mots sur ce qu’elle éprouvait pour lui « Tu es devenue prudente avec ton cœur » répliqua l’agent Brennan en la couvant du regard, tel un père avec son enfant. Un sourire étira ensuite ses lèvres « Ça fait dix-sept que je le fais. Pourquoi ça cesserait aujourd’hui ? » et ajouta « Tant que je respirerais, tu seras protégée ». Il s’en était fait la promesse le jour où il l’avait fait libérer de prison pour faire d’elle un agent de la CIA. « Tu es constamment en colère Elionor. Tu joues avec le danger comme si ça te rappelait que tu étais toujours en vie. Tu étais… Tu étais différente quand Jebédiah était encore présent ». Peut-être ne s’en rendait-elle pas compte. Peut-être qu’elle n’en avait pas envie. Mais aujourd’hui, la CIA n’avait plus confiance en elle. Quant à lui, il craignait toujours qu’on l’appelle pour lui annoncer son décès soudain parce qu’elle aurait agit de manière impulsive, quitte à risquer sa vie. Il l’observa ensuite lorsque la jeune femme le coupa. Elle savait. Il en doutait. Un nouveau sourire « Ok. Pas de méditation ». Il avait compris.

Ezékiel ne s’était pas attendu à ce que la jeune femme croit encore à l’homme qu’il était réellement. Il ignorait les fondements de leur relation et de ce qui avait pu se passer entre eux deux. Mais ce dont il était certain, c’était qu’au cours de leurs échanges, Ian avait été incapable de cacher sa vraie nature. Il fallait croire que dans cette relation, elle n’était pas la seule à s’être dévoilée… Demain matin, il aurait le retour de l’agent McCarthy, mais il avait d’ores et déjà des soupçons sur ce que ce dernier allait lui confier concernant l’agent Edwards et sur ses sentiments à l’encontre de l’agent Griffins… « Il est différent » répliqua-t-il pour elle « Je ne parle pas de tous les gens Eli. Seulement des hommes comme Toby ou… O’Brien ». Un hochement de tête suivit, avant qu’il ne réplique « Même en un mois » répliqua-t-il en faisant référence à ce dernier mois au cours duquel elle s’était rapprochée d’Edwards. « Dors bien alors » et quitta l’appartement, le cœur lourd.

Assis à même le parquet vieillissant de son modeste studio, le dos posé contre le mur décrépi dont la peinture s’écaillait au moindre courant d’air, Ian n’avait pas osé bougé depuis le départ de son agent de liaison. Cela faisait presque une heure qu’il ressassait leur conversation, malgré sa main endolorie. Ian peinait à assimiler, ne serait-ce que l’idée, que la jeune femme ait pu tuer son père. Comment cela avait-il pu se produire ?! Elle se dressait contre Toby depuis qu’il avait eu ces idées de tueries de masses, condamnant l’idée même de tuer un autre être humain. Il reposa sa tête contre le mur derrière lui, fermant les paupières. À force de réfléchir, Ian sentait la migraine pointer le bout de son nez à grand pas. Il n’avait pas pu se tromper de la sorte sur cette femme. Ce n’était pas possible. C’était inenvisageable. Pas après ce qu’ils avaient vécu, ce qu’ils avaient pu se dire. Ian ne voulait pas croire les paroles de Dwayne. Il ne voulait pas croire que la jeune femme soit capable de tuer sans raison, et encore moins son propre père. Oui, c’était une terroriste. Mais elle était avant tout humaine, et elle avait su le lui prouver durant le dernier mois qui venait de s’écouler. Il ne pouvait pas commencer à éprouver des sentiments pour la femme que venait de décrire l’agent de la CIA. Il n’en avait pas envie… Il continuait à croire à la femme qui s’était confiée à lui, qui s’était dévoilée à lui avec le temps. Un regard pour son portable, et se leva du sol sur lequel il était assis depuis trop longtemps maintenant. Il pianota quelques mots et envoya le message à son ami du FBI. Benny. Ce gringalet lui manquait. Sa vie d’avant, lui manquait. Dwayne lui laissait la possibilité de la convertir, de la raisonner. Il lui laissait une chance, et il comptait la saisir. La Eli qu’il connaissait ne pouvait pas être celle qu’il avait décrit. Il ne voulait pas le croire. Il se laissa tomber sur le rebord de son matelas et fixa le plafond une bonne partie de la nuit, jusqu’à finalement sombrer dans les bras de Morphée.

La sonnerie de son réveil l’extirpa de son sommeil sans rêve peu de temps après. Il grimaça et éteignit, non sans mal, la sonnerie avant de se passer une main lasse sur le visage. Il jeta un coup d’œil à l’heure et décida d’aller se glisser sous la douche. Il se rasa légèrement et troqua sa tenue de la veille pour quelque chose de propre, et consulta son portable. Benny lui avait répondu. Il lui envoya un dernier message, et se rendit ensuite à la cellule. À peine eut-il posé le pied au garage désaffecté qu’il fut appelé par Toby. Ils étaient de garde cette nuit. Tout cela pour apaiser la paranoïa de ce dernier. Cette idée était bien loin de le séduire. Il avait dormi tout juste une heure ou deux cette nuit et il ne souhaitait qu’une chose, retourner sous sa couverture. La tête baissée, les mains dans les poches, il releva bien vite les yeux sur leur dirigeant quand ce dernier leur demanda de faire disparaître l’objet de sa paranoïa. Cette opération commençait à lui peser. Tuer. C’était le maître mot de Toby. Sans un mot, il quitta le bureau de leur gourou en talonnant la jeune femme et la rejoignit jusque dans son antre « Tu as une sale gueule ce matin » répliqua-t-il alors qu’il savait qu’il n’arborait pas une meilleure mine pour autant « Je vais aller chercher du café. Tu en veux ? » et ajouta en se dirigeant vers la porte « Eli… Tu sais de qui il nous parle Toby ? ». Parce qu’il ne lui avait pas semblé croiser un individu suspect dans les alentours.

Eli avait baissé les yeux, comme prise en faute. Lorsque Jeb était mort, elle avait cru mourir de chagrin avec lui. C’était la vengeance et la colère qui l’avait fait tenir debout. L’homme qui avait torturé et tué son mari avait été abattu. Pas par elle. Eli le regrettait toujours amèrement. Parce sa mort avait été bien trop rapide à son gout. Parce qu’elle aurait souhaité lui faire du mal autant qu’il en avait fait à son mari. Autant qu’il lui en avait fait à elle en lui prenant l’homme qu’elle aimait. La colère était encore et toujours là. C’était son moteur. Même si parfois elle flanchait. Ian était le seul homme qui avait été capable de lui faire ressentir à nouveau un véritable désir. Qui était parvenu à lui faire éprouver ce trouble étrange qu’on ressent lorsqu’on rencontre une personne différente, quelqu’un qui va avoir un impact sur votre vie, quelqu’un qui va compter. Ce n’était pas de la prudence. Le mot était trop faible. Une partie d’elle était morte avec Jeb ce jour-là. Elle avait barricadé son cœur et c’était un peu comme si Ian avait réussi à passer au pieds de biche. Sans qu’elle ne s’en rende compte toute suite. Une effraction, voilà ce que c’était. « -parce que je vieillie… » avait soufflé Eli avec sourire tendre pour l’homme qui avait su prendre une place importante dans sa vie.

Bon, la question suivante, elle aurait mieux fait de ne pas la poser. La réponse lui fit poser un regard sombre sur Brennan. « -bien sûr que j’étais différente. » comme s’il était possible de sortir d’un tel évènement sans un traumatisme profond. Son mari, l’homme qu’elle aimait, avait été torturé durant de longues heures, suivant les dires du légiste. Pour finalement être abattu comme un animal. Et elle… elle était arrivée trop tard ! Son corps était encore chaud, mais la vie l’avait déjà quitté. Trop tard pour le sauver, trop tard pour lui dire qu’elle l’aimait, trop tard pour lui dire de ne pas la quitter. Alors oui, aujourd’hui elle était habitée par de la colère, elle se shootait à l’adrénaline, elle jouait parfois avec sa vie. Parce que parfois c’était tellement tentant de se dire qu’il suffisait d’un rien pour le rejoindre. Elle refusa la méditation, tout comme elle avait refusé de voir plus longtemps une psy. Elle avait fait cette merde de thérapie durant une année. Et ça n’avait pas aider plus que ça. Seul le temps avait peu à peu apaisé sa douleur.

« -oui… » Ian était différent. Mais elle n’avait pas l’intention de faire un exposé à Brennan. Ça ne servait à rien. Eli avait comprit toute seule, qu’Ian n’était pas un homme bien. Même si un doute était présent. Après le départ de son mentor, elle eut du mal à trouver le sommeil, malgré l’heure déjà bien trop avancée de la nuit. Des images de sa mère se superposait à celle d’Ian. Est-ce qu’elle avait de l’attirance pour lui parce qu’il avait des points communs avec son père ?! Sa putain de psy serait capable de lui sortir un truc de merde comme ça. C’était certain. Ce n’était pas ça qui lui faisait éprouvé de sentiments pour lui.

Le lendemain, elle évita un maximum de le regarder alors que Toby les condamnait à passer des heures ensemble. Eli ne chercha pas à discuter les ordres, préférant monter à l’étage aussi rapidement que possible. Ce matin, elle portait un gros pull capuche et un jean. Elle avait froid, manque de sommeil… « -je te retourne le compliment… » avait elle répliqué. Un hochement de tête : « -ouais, prends s’en des litres parce qu’on va surement en avoir grand besoin… » ça allait la réveiller, la réchauffer également. Elle releva le visage sur Ian quand il prononça son prénom : « -aucune idée. » et elle ajouta : « -et j’espère que c’est seulement dans sa tête. » elle n’avait pas l’intention de pointer son arme sur qui que se soit. Quelques heures plus tard, ils étaient tout les deux dans le SUV d’Ian. Eli réprimait déjà un bâillement. « -je suis certaine qu’on va rien trouver… il est seulement parano… » marmonna la jeune femme qui prenait soin de regarder devant elle et non du côté d’Ian.

La nuit avait aussi longue que courte pour l’agent du FBI qui avait passé la majeure partie à ressasser sa conversation avec l’agent de liaison. Finalement, il n’avait fermé les yeux qu’une heure ou deux tout au plus, comme en témoignaient les cernes sous ses yeux et ses traits tirés. Ian ne fut donc pas surprit d’entendre la jeune femme lui retourner le doux compliment qu’il avait formulé à son attention lorsqu’ils ne furent que tous les deux « Je n’ai pas bien dormi cette nuit. C’est quoi ton excuse à toi ? » répliqua-t-il en lui adressant un petit sourire en coin. En l’observant ainsi, il peinait à croire qu’elle avait tué son père de sang-froid comme le prétendait son agent de liaison. Soit il lui mentait pour le tenir à distance, ce qui ne le surprendrait pas vraiment au vu de la personnalité de ce dernier, soit il omettait des détails. Il avait envie de croire qu’elle en était incapable… Pas cette femme qui condamnait les idées extrémistes de Toby et qui faisait preuve d’une humanité rare entre ces murs. Un nouveau sourire peu assuré étira les lèvres de l’infiltré « Je n’ai que deux mains, alors je vais faire mon possible » répliqua-t-il avant de s’éloigner. Il l’interpella, hésitant sur la question à poser et finalement l’interrogea sur cet individu qui tournait autour du garage depuis quelques jours. Enfin, selon les dires de leur dirigeant. Eli espérait que ce n’était qu’une crise paranoïaque. Il l’observa un instant en repensant aux informations que lui avait communiquées Dwayne, et hocha lentement de la tête « Je l’espère aussi ». Ian n’avait pas envie de menacer qui que ce soit de son arme ou que Toby exige d’eux une exécution en bon uniforme, comme cela avait été le cas avec son prédécesseur.

Sa main gauche massant sa main droite toujours endolorie et qui avait changé de couleur au cours de ces dernières heures, Ian releva la tête en direction de la jeune femme qui réprima un bâillement. Elle était exténuée et il avait fallu que Toby les contraigne à passer la nuit dans son SUV pour s’assurer qu’ils n’avaient pas été repérés et leur planque compromise « Tu peux dormir sur la banquette arrière si tu veux. Il n’en saura rien, tu sais » et délaissa sa main droite pour se frotter les yeux, et saisir ensuite son gobelet de café « Il n’y a que Toby pour nous obliger à passer la nuit dans notre SUV au lieu de notre lit ». Il posa sa tête contre son siège, tout en observant la jeune femme, restant silencieux quelques secondes, et finit par dire « Je n’aurais pas dû te dire que tu me manquais hier soir… Je vois bien que ça t’a fait quelque chose… ». Elle n’osait pas le regarder alors qu’ils n’étaient que tous les deux dans ce véhicule. À moins qu’elle craignait de se ruer sur lui pour l’embrasser à pleine bouche si elle osait croiser son regard, mais une part de lui en douter fortement.

« -je pensais trop à toi. » avait elle répliqué avec un sourire amusé. Même si dans le fond, ça n’était pas si faux que ça. C’était lui qui l’avait maintenu éveillé. Pas comme elle l’aurait souhaité… « -pas de souci. » pour les cafés. Tant qu’ils en avaient déjà un grands gobelets chacun, ils devraient parvenir à survivre. Enfin, à rester éveiller en tout cas. Pour ce qui était de l’identité du suspect… elle n’avait pas la moindre idée. Mais elle était presque certaine qu’ils allaient passer la soirée voir la nuit à se geler dans la voiture d’Ian, pour que dalle. N’ayant pas bien et beaucoup dormi, la jeune femme n’était pas un véritable rayon de soleil en ce début de soirée. Elle désirait seulement se glisser sous la couette. Le meilleur moment de la journée selon elle. « -de quoi ? » elle n’était pas certaine d’avoir comprit vu qu’elle baillait en même temps. Mais elle jeta un coup d’œil à la banquette arrière. « -non, ça va aller. On va pas passer la nuit ici de toute manière. Rien à foutre qu’il s’imagine des trucs… » elle ne dormirait pas ici. Mais bien au chaud dans son lit. Un regard pour la main d’Ian. Il avait mal dormi… mais bien sur…

« -quand je pense qu’ils sont tous sous leur couette c’est petit chanceux… » marmonna à nouveau la jeune femme en regardant dehors. Eli plissa les yeux en écoutant les mots d’Ian. « -de quoi ? » demanda la jeune femme en tournant avec lenteur son visage pour le regarder. « -crois moi, c’est pas penser à toi qui me file des cauchemars… mon esprit se torture avec autres choses. » ironisa la jeune femme. Au cas où il l’avait oublié, ils allaient bientôt buter plein de gens. Et à par lui casser les couilles au sujet de sa relation avec Ian, l’agence ne l’avait pas vraiment aider sur le sujet. Elle espérait que Brennan avait prit en compte que Max, Jiminy et aussi Ian, semblaient enclin à trouver une autre solution pour tout ça. Pour l’instant, elle se démerdait. Eli prit son café et en bu une grande gorgée avant de coller ses deux mains contre. « -tu m’as dit que tu avais mal dormi, pas que tu avais refait le portrait de quelqu’un. » un mouvement du menton vers la main d’Ian, avant de regarder à nouveau dehors. Hier soir, il avait bu. Peut-être qu’il s’était laissé emporter. Comme sur sa femme…

Elle avait pensé trop à lui durant la nuit. Cela avait fait sourire Ian qui, intérieurement, aurait préféré entendre une autre réponse. Une qui l’aiderait à prendre cette distance qu’exigeait la CIA… Parce que son agent de liaison avait beau avoir décrit un portrait sombre, l’agent ne parvenait pas à la voir comme une assassin. Il menait une lutte intérieure entre la raison et les sentiments qu’il lui portait. Il commençait à réellement avoir hâte que cette opération se termine et que les masques tombent. Mais ce n’était pas pour maintenant. Encore un mois et demi à vaciller entre celui qu’il était réellement et celui qu’il prétendait être. Un mois et demi à côtoyer la jeune femme tout en réfrénant ce qu’il était en train d’éprouver pour elle. Enfin, c’était sans compter sur Toby qui avait décidé de les parquer tous les deux dans son SUV pour la nuit, afin qu’ils surveillent le garage parce qu’il leur faisait une crise aigüe de paranoïa… Ils étaient tous les deux exténués, et Eli dû réprimer un bâillement alors qu’ils n’en étaient qu’au début de la surveillance « Tu peux dormir sur la banquette arrière » répéta-t-il tout en l’imitant, jetant un coup d’œil à la banquette arrière « Tu crois qu’il va nous laisser lui dire : Au fait, Toby, on était fatigué donc on est rentré » et se mit à rire nerveusement « Tu délires ! ». Parce qu’à lui répondre ça, ils risquaient de passer les prochaines nuits à faire le pied de grue devant le garage désaffecté jusqu’à obtenir des réponses.

Un sourire en adressant un regard à Eli à ses côtés « Je peux gérer seul, tu sais » répliqua-t-il, en sous-entendant qu’elle pouvait également rejoindre sa couette pour le reste de la nuit « Il n’en saura rien ». Ne pas dormir de la nuit, il en avait pris l’habitude. Il n’était plus à ça près, et il sentait bien que la jolie brune à ses côtés étaient réellement fatiguée. « Tu penses à l’attentat ? » osa-t-il demander « Tu te sens capable de t’y opposer au moment venu ? ». Il avait affirmé à Dwayne que l’Agence pouvait lui faire confiance, qu’elle était un alliée dans cette opération. Il voulait en avoir confirmation. Ian suivit ensuite le regard d’Eli sur sa main endolorie et à la couleur violacée « Quand nous sommes rentrés hier soir, chacun de notre côté, j’ai croisé … Jill ? Tim ? Enfin, ton nouveau copain. Il sortait d’un bar voisin, il était éméché et m’a reconnu. Il a compris qu’on s’était foutu de lui, il tenait un discours de type bourré et m’a frappé. J’ai répliqué. Un coup à suffit pour qu'il s'écroule dans les poubelles. Je lui ai appelé un taxi, j’ai payé sa course et je suis rentré… » expliqua-t-il tout en massant sa main endolorie « Et non, je n’ai pas bien dormi… J’ai beaucoup pensé à toi, aux plans de Toby… Alors tu peux te garder tes reproches à la con, s’il te plaît » répliqua-t-il. Ian avait eu suffisamment de reproches avec son agent de liaison. Il n’en voulait pas non plus de la part d’Eli.

« -non c’est lui qui délire ! » et ce n’était pas nouveau. Ça s’aggravait même avec le temps. Eli n’avait pas la moindre envie de passer sa soirée cloitré ici avec Ian. Parce qu’ils devaient prendre de la distance et que ce n’était pas en passant des heures ensemble dans un minuscule espace qu’ils allaient parvenir à le faire. Cette foutue distance n’allait pas arrivée comme ça, en un claquement de doigt. Cette distance qu’ils devaient s’imposer. Qu’elle devait imposer pour suivre les règles établies par l’agence. Brennan l’avait mise en garde, il avait joué sur la corde sensible. Il avait employé des mots forts. Tomber amoureuse… ça ne pouvait pas, ne devait pas être le cas. Parce qu’Ian n’était pas un homme bien, malgré ce qu’il avait su éveillé en elle. S’attacher à lui, c’était s’apporter des emmerdes. Et elle en avait déjà bien trop à gérer. « -t’es autant fatigué que moi, alors je t’en prie à toi l’honneur ! » lorsqu’il lui répéta à nouveau qu’elle pouvait faire une petite sieste que la banquette arrière. « -je sais, mais ce n’est pas les ordres… » si Toby avait voulu qu’Ian gère seul, elle ne serait pas également de la partie. « -il est peut-être planqué quelque part, juste pour nous observer. » il était tellement tordu… Donc c’était hors de question qu’elle ouvre la portière pour monter à l’arrière.

« -je pense surtout à toutes ces vies, à tous ces gens qui n’ont rien demandé… » Eli avala une gorgée de café, regretta qu’il ait déjà refroidit quelque peu, avant de regarder à nouveau Ian. « -la question est : comment ? Seule qu’est ce que je peux faire ? » est ce que lui, se sentait capable de faire entendre raison à Toby ? De le faire changer d’idée ou de plan ? « -je… » elle se pinça les lèvres. Est-ce que c’était une bonne idée de lui parler de ça ? Elle se lança tout de même : « -j’essaie d’imaginer comment empêcher le massacre. Détruire un bâtiment, un symbole fort ok… mais ces gens sont innocences. La plus part sont des victimes du système, comme toi et moi. » elle poussa un soupire : « -Toby a perdu de vue l’idée principale. Il veut tuer. C’est ce qui compte pour lui aujourd’hui. Tuer le plus de monde possible. » ce n’était pas pour cela qu’elle avait signé. Enfin que son personnage avait signé. En réalité, elle attendait des ordres de l’agence, un plan d’action. Elle ne prenait pas les décisions, elle était là pour les exécutés.

La jeune femme changea de sujet, évoquant la main abimé d’Ian. C’était une sorte de preuve que Brennan disait vrai. Elle avait besoin d’une réponse. Ian lui apporta. Un léger rire ironique. Ton nouveau copain. Elle l’observa. « -il t’a frappé… » pas au visage en tout cas… Ian n’avait pas un seul bleu visible. « -t’as payé le taxi ? » elle sourit en trouvant cela absurde. Puis elle regarda ailleurs, à la base ils étaient censés faire de la surveillance. « -écoutes je… » elle serra les dents. « -j’ai franchement pas envie de me prendre la tête avec toi ce soir. » et c’était bien parti pour… alors elle allait calmer le jeu directement. Elle se pencha pour prendre un paquet de chips dans son sac. Elle avait la dalle. Elle l’ouvrit en prit un, puis tendit le sac vers Ian : « -t’en veux ? C’est… » elle regarda le truc : « -poulet grillé… » une légère grimace. Elle n’avait pas mieux à lui offrir. « -on fait quoi si on tombe sur quelqu’un ? » en regardant par la fenêtre, la bouche pleine. Elle sourit pour elle-même et ajouta : « -je propose qu’on le surprenne et qu’on hurle un gros : bouh ! histoire qu’il se tire en courant en pensant qu’ici c’est un asile de fou. » elle n’avait pas envie de faire de menace, de sortir un flingue… elle restait certaine qu’il n’y avait personne.

« Ce n’est pas nouveau ça » commenta Ian, donnant ainsi raison à sa passagère. Toby était dérangé, et plus ils s’approchaient de la date fatidique, et plus il devenait sadique et dangereux. Le genre d’individu qui devait être mis hors état de nuire… définitivement. La prison n’était pas la solution pour ce genre d’individu. Il risquait de trouver de nouveau adhérents à ses idées, et d’orchestrer un plan plus radical que celui-ci. Et il fallait croire, au vu de leur présence dans le SUV au beau milieu de la nuit, qu’il ajoutait une nouvelle corde à son arc avec la paranoïa. Qui pourrait s’intéresser à un garage désaffecté dans un tel quartier ?! Tout ce que percevait Ian avec cette idée saugrenue de surveillance, c’était qu’il était enfermé dans un endroit exigüe avec la jeune femme, et que rien ne pourrait les empêcher de succomber dans l’habitacle de son véhicule. Ils avaient la banquette arrière à disposition, et aucun passant pour les interrompre si ça venait à dégénérer entre eux deux… C’était tout ce que retenait l’agent qui préféra envisager les sièges arrières comme un lieu de repos pour la nuit « Ce n’est pas ma première nuit blanche » répliqua-t-il, déclinant ainsi l’invitation de la jeune femme « Il nous emmerde avec ses ordres à la con celui-ci ». Il aurait préféré retrouver son lit de fortune que de passer la soirée dans sa voiture. En entendant l’hypothèse d’Eli, l’agent se pencha vers son volant pour tenter de discerner un autre véhicule ou une silhouette dans l’obscurité « Peut-être » et s’enfonça de nouveau dans la siège conducteur.

Étant donné qu’ils étaient bloqués tous les deux dans cette habitacle pour les prochaines heures, ils se mirent à faire la conversation. L’agent craignait qu’elle n’avait pas dormi à cause de leur conversation la veille, mais il n’en était rien. C’était l’attentat qui la faisait gamberger et qui faisait que Morphée la fuyait. Il tourna lentement la tête en sa direction, l’écoutant se confier sur tous ces morts à venir… Comment Dwayne pouvait lui assurer que cette femme-là avait du sang sur les mains ?! Soit elle était la plus manipulatrice que la Terre ait connue, soit c’était son agent de liaison qui se jouait de lui pour le tenir à distance de cette femme « Il n’y a que nous que ça empêche de dormir… » souffla-t-il et fronça les sourcils en entendant sa question, sûrement rhétorique, mais à laquelle il rétorqua un « Tu n’es pas seule Eli » tout en posant sa main sur sa cuisse. Il baissa les yeux sur ses doigts, et la retira de sa jambe en soufflant un « Pardon ». Il fixa de nouveau l’horizon, avant de répliquer un « Toby est devenu un sanguinaire, et … Robby et le Doc l’encouragent dans ses vices ». Avec elle, il n’avait plus envie de faire semblant d’adhérer à ses plans machiavéliques, et si elle était la femme qu’avait décrit Dwayne cette nuit, alors il se prendrait une balle entre les deux yeux à l’issue. De toute manière, personne ne viendrait verser la moindre larme sur sa tombe. Il vivait pour son métier. Il était capable de mourir pour lui aussi. Mais il avait envie de croire qu’Eli était sincère.

Ian la fixa un instant avant de répondre « Oui. Dans l’estomac, avec la force d’un ivrogne », soit pas grand-chose, et ajouta « Tu doutes de ma parole ? » répliqua-t-il en étant quelque peu surprit qu’elle ne le croit pas cette fois-ci. Qu’est-ce qui avait pu changer ? « Il n’y était pour rien. Il a un peu trop bu. Il a passé une mauvaise soirée par ma faute. Je pouvais au moins faire ça ». La fatigue ajoutait à cette soirée enfermée dans la voiture et les doutes d’Eli avaient raison de la patience de l’agent qui se montra quelque peu irrité. Contre toute attente, la jeune femme apaisa rapidement le conflit au lieu d’y prendre part comme à son habitude « Je n’en ai pas envie non plus, seulement … Je ne sais pas… Tu as l’air différente ce soir ». Peut-être se méprenait-il à penser ainsi, et que c’était lui qui était différent. Un regard pour le paquet de chips et grimaça « Non, ça ira. Merci », pas vraiment convaincu de la saveur. Il opta pour une gorgée de café à la place. Il posa son regard sur sa partenaire et se mit à sourire avec une certaine douceur, riant presque à son idée « Ah merde ! » répliqua-t-il « Je savais que j’avais oublié quelque chose ! », laissa un suspens « Mon nez et mes chaussures de clowns ». Une nouvelle gorgée de café et ajouta « On peut juste lui dire de partir, que c’est une propriété privée et que c’est notre future maison… En travaux, bien sûr » Ajouta-t-il au cas où ce n’était pas très clair. « Il y a encore deux semaines, on aurait baisé dans cette voiture. On a fait du chemin avec notre idée à la con d’amitié, tu ne trouves pas ? ».

« -je sais pas… » souffla Eli en regardant toujours dehors. « -Max et Jiminy ne semblent pas en accord avec tout ça non plus. » est ce qu’ils… qu’elle pouvait en tirer quelque chose ? Mais comment ? C’était la question. Comment mettre quelque chose en place sans flinguer sa couverture ? Impossible de faire confiance à qui que se soit. Puis elle avait baissé les yeux sur la main qu’Ian venait de poser sur sa cuisse. « -est ce qu’on peut… » mais il s’excusa rapidement et retira sa main. « -c’est mieux qu’on… » elle lui adressa un léger sourire : « -merci. » qu’on garde nos distances. Oui, c’était mieux. Ça éviterait tout débordement. Elle regarda à nouveau dehors, portant son café à ses lèvres. « -y’a des fois, je me dis que tu n’aurais pas dû t’interposer le premier jour. Qu’on en serait pas là si j’avais appuyé sur la détente. » même si ce geste aurait ruiné sa carrière. « -enfin… » soupira la jeune femme. « -on en est là, et on est bien dans la merde. Impossible de faire machine arrière… » un mois et demi… elle devait encore tenir un mois et demi et tout serait enfin terminé.

Eli préféra changer de sujet parce que ça lui donnait la nausée. Alors elle évoqua la main mal en point d’Ian, et écouta son histoire. « -j’ai pas dit ça. » répliqua-t-elle sans le regarder. Elle s’imaginait qu’il avait eut une bonne raison pour cogner ce type. Même si cela faisait écho à ce que lui avait confié Brennan. Pour cogner sa femme, il avait eu de vraies raisons ? Elle pensa quelques secondes à aller la voir, pour en avoir le cœur net. Impossible de poser ce genre de question à Ian. « -par ta faute ? C’est lui qui était assez con pour ne pas comprendre que non, ça veut dire non. » elle ajouta ensuite : « -il était surtout vexé qu’on l’ait prit pour un con. Ou alors il aimait pas ta gueule… » une légère grimace. C’était possible aussi. Eli désamorça la dispute qui était en train de pointer le bout de son nez. Franchement, elle n’avait pas la force pour ça. Encore moins l’envie. Elle voulait seulement rentrer chez elle, se glisser sous la couette et dormir. Rien d’autre. « -différente ? Tu… tu veux dire quoi par différente ? » demanda la jeune femme en se tournant légèrement vers lui.

Paquet de chips en main, elle commença à grignoter. « -ça en fera plus pour moi. » commenta Eli, avant de soumettre une idée débile pour gérer la personne qui venait fouiner autour du bureau. Elle regarda Ian, puis elle pouffa de rire en l’imaginant avec ce nez de clown qu’il venait d’évoquer. « -ba clairement un clown en pleine nuit, perso je me barre en courant ! » dans le genre super flippant. Elle plissa les yeux : « -notre future maison ? » sérieusement ? « -avec beaucoup, beaucoup de travaux alors ! » renchérit la jeune femme en riant. Elle ouvrit la bouche mais le chips qu’elle s’apprêtait à manger resta là. « -t’es… t’es obligé d’en reparler hein ? C’est plus fort que toi ! T’aides pas en disant ça, t’es… t’es au courant ? » elle avait lancé ça en souriant, préférant la détente à l’agressivité. « -mais ouais… t’as raison. On aurait… ouais… on a fait du chemin. » elle leva les yeux au plafond. Comment lui mettre des images en tête. Un regard pour Ian, avant de calé le paquet de chips dans son sac, et de frotter les mains. « -t’y pense encore ? » demanda la jeune femme en collant sa tête dans le dossier, tournant son visage vers Ian. Elle lui souriait. Elle était incapable de se dire qu’il avait pu tabasser sa femme. Elle repensait seulement à ce qu’elle lui avait dit l’autre soir au téléphone. A ce membre tendu entre ses doigts. Ce membre qu’elle avait eu envie de gouter. Elle n’avait qu’un mouvement à faire… personne n’en saurait rien. Seulement se pencher, ouvrir la bouche… jouer avec lui. Elle souriait. Son regard fit un aller-retour entre le pantalon d’Ian et son visage. Et puis il y eut un bruit, comme des poubelles renversées. « -merde… y’a quelqu’un… » Eli s’était redressée. « -je vais voir. » claqua la jeune femme avant de descendre de la voiture, flingue dans le dos, lampe torche en main.