J'ai 30 ans et je vagabonde entre villages et forêts, en Angleterre. Pour subsister, je maîtrise l'art de guérir et d'empoisonner, d'accoucher et d'avorter et je survis plus ou moins bien selon les aléas. Du fait de ma condition itinérante, je suis célibataire et de nature solitaire. Mes compétences médicinales et mon infirmité des jambes me valent d'être qualifié de sorcier et pris en chasse par les autorités seigneuriales et inquisitoriales. Indépendant. Forte capacité d'adaptation et de duplicité. Joueur. Érudit en termes de médecine, curieux, obstiné. Persuasif et charmeur, fier, caustique, peu encombré de scrupules. Sait être théâtral et jouer avec les superstitions pour parvenir à ses fins. Sensible à la misère et prompt à aider les plus pauvres, ainsi que les marginaux comme lui. Il lui arrive de soigner gratuitement des miséreux. En revanche, il n'a pas de scrupules à faire payer plein pot de riches personnes s'il les sent arrogantes ou viennent lui demander des superficialités du type filtre d'amour ou des poudres pour leurs complots.
Hyriel a déjà aimé des hommes comme des femmes, peu encombré qu'il est de bonne morale religieuse, et déjà persuadé de sa damnation. S'attacher lui est difficile, puisqu'il passe sa vie sur les routes. Il n'est cependant pas impossible que la bonne personne sache éveiller en lui des sentiments durables.
Lorsqu'il a quinze ans, en 1542, une horde de routiers déferle sur son village pour le piller. L'incendie n'épargne ni la famille d'Hyriel, ni la cabane de sa professoresse. Livré à lui-même, il part en carriole de village en village et doit bien trouver comment survivre. Hyriel nourrit du reste une certaine froideur vis-à-vis des seigneurs et de la haute société, qui se font la guerre par bandes de routiers interposés ; guerres dont les pauvres paient les conséquences.
En 1557, Hyriel a dû fuir en urgence la dernière ferme où il avait été accueilli, accusé par les superstitieux du coin d'avoir empoisonné leurs troupeaux depuis que les bêtes en question étaient tombées malades. Hyriel a échappé de peu aux prévôts et gens d'armes, friands d'arrestations des prétendus serviteurs du Diable. Le règne de Marie la Sanglante est en effet particulièrement propice aux bûchers et chasses aux hérétiques de toutes trempes.
Comme la jeune Lady soulignait l’incompétence des médecins venus auprès du pauvre Thomas, et indirectement, les compétences d’Hyriel, il fut quitte d’une petite révérence aux compliments. Pour autant, ses traits demeuraient empreints de gravité : il n’y avait rien dont se réjouir, tant cet épisode rappelait l’absolu désert thérapeutique dans lequel pratiquement tout le monde vivait.
« Le problème venait aussi de la pauvreté de cette famille. Une seule consultation leur est revenu cher et… les Docteurs sont formés par de la pure théorie. Ils n’auscultent des fois même pas leur patient. J’espère qu’un jour les choses changeront. »
La pesanteur de ces considérations se dissipa heureusement lorsqu’un sourire illumina le visage et le regard de Mary, soulagée d’entendre que son père serait traité avec soin. Hyriel ouvrit une main devant lui dans un signe de « je vous en prie » à ses remerciements, et acquiesça au renouvellement de la promesse de sa paie. Il ne doutait pas de l’honnêteté de leur accord et pouvait, au passage, se réjouir de se savoir à l’abri du besoin le temps que durerait cette mission. Mais pour le duc et sa famille, Hyriel espérait ce temps le plus court possible. Une partie de lui peinait encore à prendre conscience qu’il allait intervenir auprès d’une des familles les plus influentes de la région. De petits châtelains étaient déjà venus le chercher, des bourgeois, mais jamais des aristocrates de cette envergure. Or la plupart du temps, il s’installait chez des fermiers, des laboureurs, ou intervenait auprès des plus miséreux dont les routes ne manquaient pas…
L’intervention du tenancier lui fit relever le menton, et quitter du même coup ses pensées. Hyriel se pinça la lèvre : eh bien, en voilà un qui n’avait pas peur de se montrer déplacé ! Pourtant, il imaginait que la Lady avait déjà dû grassement le payer pour bénéficier du calme au sein des locaux du Vieux Grison. La situation tira un petit rire nerveux au guérisseur : derrière sa main portée à sa bouche, un rictus lui plissa la lèvre en s’imaginant Lady Mary « virer tout le monde » d’une main militaire, à en croire les propos excessifs du gaillard.
La demoiselle ne se laissa pas démonter. Elle regarda le sieur avec ce calme et cette fermeté tranquille qu’Hyriel lui connaissait à présent. Et lui accorda ce qu’il désirait, sans doute pour se tenir en bons termes avec ce complice.
« Oh, eh bien… une bonne soupe pour ma part, et un jus de pomme. » décida le vagabond dans un sourire.
Ainsi aurait-il quelque chose dans le ventre s’il devait prendre la route dans la foulée pour rallier le château des Talbot. Et puis… il devait bien avouer très mal tenir l’alcool ! Surtout dans l’exercice de ses fonctions. Le guérisseur se devait d’arriver sobre auprès du duc. Il commença à fouiller dans sa besace, à la recherche de quelques shillings pour payer. Henri, qu’Hyriel avait presque oublié jusque là, se déplaça jusqu’au comptoir où il s’offrit une bonne pinte. Quand il eut sa chopine et Mary son verre, le sorcier attendit lui-même d’être servi pour lever son verre en guise de « à la vôtre » à l’attention de ses deux vis-à-vis.
Il se remplit le ventre non sans contentement, enchaînant les cuillères dans un rythme énergique. Le jus lui rinça la glotte en conclusion de ce repas improvisé, puis il se recentra sur les modalités de sa mission, quand Lady Mary les lui exposa.
« Ce sera parfait. » acquiesça-t-il à tout ce plan. « Je serai donc un humble serviteur. » s’amusa-t-il presque, considérant cela un peu comme un nouveau masque de théâtre. Après tout, il s’était déjà fait passer pour un jardinier dans une ferme, pour un précepteur dans une maison bourgeoise, pour un prophète auprès d’une vieille bigote qui avait considéré son handicap comme une marque de Dieu, pour un magicien auprès d’un groupe d’enfants fascinés par sa personne. « S’il faut faire illusion, je me débrouille en cuisine. Assis, je peux aussi faire la plonge. » Puis dans un petit rire attendri, il rajouta : « Et il paraît que je m’occupe bien des fleurs, dixit la benjamine de mes derniers hôtes. » C’était ce que lui avait affirmé la fillette dans la ferme où les patrons l’avaient introduit en tant que jardinier pour couvrir la véritable raison de sa présence. « Plus sérieusement, reprit-il en se redressant, j’accepte bien sûr. Et je ferai les tâches qu’il faudra pour me couvrir. » Il réfléchit un instant, puis demanda l’autre chose qui lui venait en tête afin que tout s’organise au mieux : « Sera-t-il possible de dissimuler ma roulotte dans les dépendances de votre domaine ? Et d’héberger ma jument ? Je m’occuperai d’elle bien sûr, elle ne sera pas un poids. »
Ne restait plus qu’à se faire une idée plus précise d’où il allait mettre les pieds… et les béquilles. Hyriel savait combien les familles, notamment les familles nobles, pouvaient être traversées de non-dits, de rivalités, de pièges, de concurrence entre les différents membres notamment pour des affaires de succession. Il ne devrait commettre aucun impair. Il avança donc le visage un peu plus près de la jeune Lady et s’enquit à voix basse : « Puis-je vous demander s’il y a en votre domaine des… hostilités qu’il me faille craindre ? S’il y a des choses à éviter avec certains membres de votre maisonnée, ou au contraire des comportements à privilégier pour ne pas faire tâche ? »
Cela allait tout de même lui être d’un drôle d’effet, songeait-il, d’incarner le docile domestique, lui qui avait l’habitude de son indépendance, de sa liberté de voyage et de temps… et qui, dut-il bien reconnaître, pouvait avoir l’œil joueur et la langue espiègle ! Ça allait être un véritable exercice de théâtre. Sans doute édifiant. Et dont l’objectif valait la peine : soigner le duc.
J'ai 22 ans et je vis à Norfolk, Pays. Dans la vie, je suis une lady et je m'en sors bien puisque j'appartiens à la noblesse. Sinon, grâce à ma malchance, je suis promise à un prétendant et je le vis plutôt mal.. soon @Frida K.
Hyriel faisait bien de souligner la pauvreté de ces gens. Elle avait parfois tendance à oublier, non sans honte, que l'argent ouvrait des portes. Jamais elle n'avait eu à se poser la question. En revanche, Mary espérait sans trop y croire, que les médecins pourraient peut-être faire preuve de clémence envers le plus démunis. Il semblerait que non. Le guérisseur semblait être des plus altruistes et elle l'en remercia intérieurement. Les rumeurs qui couraient sur lui concernant la sorcellerie étaient peut-être exagérées? Mary se garda bien d'émettre le moindre commentaire là-dessus. Après tout, elle ne connaissait pas encore la personne qu'elle venait d'embaucher pour sauver son pauvre père.
Mary regarda Hyriel avaler sa soupe en quatrième vitesse tandis qu'elle-même trempait ses lèvres dans son verre de lait de chèvre pour en boire une première gorgée. Voyant que son nouveau protégé avait déja prit quelques pièces pour payer sa pitance, la jeune femme posa ses doigts sur ces dernières pour les repousser, signifiant qu'elle refusait qu'il paye. Elle allait s'en charger. Effectivement, la demoiselle avait bien trop peur que l'aubergiste parle de ce qu'il avait vu ce jour-là. Elle allait "allonger la monnaie" sans sourciller. "C'est pour moi."
Ce n'était pas de la pitié ou un excès de gentillesse de sa part mais vraiment pour acheter le silence de cet énergumène qui n'était pas satisfait encore tout à fait de sa chance. Elle glisserait un mot à Henri. Il trouverait certainement quelques...arguments pour le convaincre de tenir sa langue et de ne pas se montrer trop gourmand vis-à-vis de sa gentillesse. Il ne faudrait pas qu'il lui vienne l'idée saugrenue d'essayer de la faire chanter. Mary n'était pas quelqu'un de fourbe mais toute proportion gardée, user de son autorité ne lui faisait pas peur. Laissant Hyriel manger avec appétit sa gamelle de soupe, elle ne put s'empêcher de l'observer en silence.
Elle aimait bien faire cela...observer. Mary n'avait jamais été une jeune femme volubile et "m'as-tu vu". Préférant l'ombre à la lumière, elle s'y sentait en sécurité. C'était une belle jeune femme, sa mère ne tarissait jamais d'éloge concernant sa beauté atypique. Le problème, c'est que sa tare n'avait pas attiré que des regards admiratifs. Souvent dans sa jeunesse, on s'était moqué d'elle, on avait chuchoté sur son passage, on avait décliné des propositions de mariage avantageux. Dans banquets et réceptions, on ne l'invitait que rarement à danser. Alors avec le temps, pour éviter de souffrir plus que de raison, Mary avait préféré demeurer dans l'ombre. A l'abri des regards, elle se sentait en sécurité. Mais pour tromper alors son ennui, Lady Mary avait pris l'habitude d'observer les gens qui l'entouraient. C'était fou comme le langage du corps pouvait être aussi criant qu'une bouche qui parlait. C'était comme cela qu'elle apprenait à connaître les gens.
"Eh bien..." dit-elle en reprenant contact avec le moment présent "...savoir jouer la comédie vous aidera certainement à survivre entre les murs de la demeure de mon père. Le personnel peut se montrer très dur. Mais ne vous inquiétez pas, l'intendant vous affectera aux tâches qu'il vous jugera capable d'effectuer et...si d'aventure vous souhaitez travailler aux jardins, vous le pourrez également."
Puis elle se tourna vers Henri lorsque Hyriel demanda à ce que l'on s'occupe de sa carriole. Il était évident que l'homme de main de sa famille trouverait l'endroit adéquat tant pour son moyen de transport que pour sa jument. "Ouai gamin. J'm'occuperai de tes affaires. On prendra soin de ta jument, n'ai crainte."
Quant aux "menaces" qui pourraient planer sur la tête du guérisseur, elles étaient nombreuses malheureusement. En premier lieu la confesseur de leur famille: Hildegarde. C'était une femme terriblement austère, froide et implacable. Lorsqu'elle était enfant, cette femme terrorisait Mary et prenait un malin plaisir à lui faire subir quelque sévices corporels sous prétexte qu'elle portait "la marque du péché" sur elle. Que ses cheveux ainsi que ses cils et sourcils sans couleur n'étaient qu'une punition divine pour être née dans le péché. C'était un sujet secret mais quelques personnes étaient tout de même au courant de l'infidélité de la duchesse, la confesseur en faisait partie.
Ensuite venait la propre mère de Mary. Probablement l'une des rares personnes à montrer de l'affection pour elle. Mais au-delà de leur lien, c'était une femme...mauvaise? Souvent tiraillée entre son amour pour elle et le mépris, Mary ne pouvait nier que les actes et propos de la duchesse étaient loin d'être charitables. C'était une femme qui aimait les possessions, le pouvoir et l'argent. Une femme vénale en somme qui méprisait les petites gens bien qu'elle essayait en publique, de se montrer courtoise avec ces derniers.
"Il y a quelques personnes en effet avec qui il faudra vous montrer prudent. Notre confesseur Hildegarde en premier lieu, ma mère en deuxième et ensuite...peut-être mon frère mais il n'est pas méchant, arrogant ça oui et brutal mais pour lui vous ne serez qu'un serviteur de plus. Hildegarde par contre est terrible. Je pense que si son sexe le lui avait permis, elle aurait rejoint les Croisades. C'est une femme implacable et son amour pour Dieu est immense. Pour ma mère, eh bien...sans doute verra-t-elle d'un mauvais oeil votre venue et vous verra certainement comme un poids. Elle n'a guère de considération pour le personnel qui nous sert. Tâchez de ne pas vous montrer arrogant ou plus intelligent, ce serait vous heurter à des montagnes." Elle marqua une pause pour terminer son verre de lait "...nos serviteurs ne sont pas les derniers pour rapporter les frasques des uns et des autres. Parfois par pur plaisir de gagner notre considération."
Soupirant un peu, Mary eut subitement le sentiment qu'elle allait lâcher Hyriel dans un vrai nid de serpents.
"Quand vous serez parmi nous vous...entendrez certaines choses. La cour de mon père n'est pas la plus saine. Actuellement beaucoup sont en train de pronostiquer la mort de mon père, de qui prendrait sa place...s'il est encore apte à gouverner le Norfolk et contenter sa Majesté. Un seul signe de faiblesse et tous vos amis sont susceptibles de mordre la main qui les a nourri."
Beaucoup donc, attendait la chute du duc pour prendre sa place.
"Si vous entendez un jour quelque paroles allant à l'encontre des intérêts de ma famille, de grâce, prévenez moi."
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Frida K.
Dim 29 Sep - 17:56
Hyriel Radgery
J'ai 30 ans et je vagabonde entre villages et forêts, en Angleterre. Pour subsister, je maîtrise l'art de guérir et d'empoisonner, d'accoucher et d'avorter et je survis plus ou moins bien selon les aléas. Du fait de ma condition itinérante, je suis célibataire et de nature solitaire. Mes compétences médicinales et mon infirmité des jambes me valent d'être qualifié de sorcier et pris en chasse par les autorités seigneuriales et inquisitoriales. Indépendant. Forte capacité d'adaptation et de duplicité. Joueur. Érudit en termes de médecine, curieux, obstiné. Persuasif et charmeur, fier, caustique, peu encombré de scrupules. Sait être théâtral et jouer avec les superstitions pour parvenir à ses fins. Sensible à la misère et prompt à aider les plus pauvres, ainsi que les marginaux comme lui. Il lui arrive de soigner gratuitement des miséreux. En revanche, il n'a pas de scrupules à faire payer plein pot de riches personnes s'il les sent arrogantes ou viennent lui demander des superficialités du type filtre d'amour ou des poudres pour leurs complots.
Hyriel a déjà aimé des hommes comme des femmes, peu encombré qu'il est de bonne morale religieuse, et déjà persuadé de sa damnation. S'attacher lui est difficile, puisqu'il passe sa vie sur les routes. Il n'est cependant pas impossible que la bonne personne sache éveiller en lui des sentiments durables.
Lorsqu'il a quinze ans, en 1542, une horde de routiers déferle sur son village pour le piller. L'incendie n'épargne ni la famille d'Hyriel, ni la cabane de sa professoresse. Livré à lui-même, il part en carriole de village en village et doit bien trouver comment survivre. Hyriel nourrit du reste une certaine froideur vis-à-vis des seigneurs et de la haute société, qui se font la guerre par bandes de routiers interposés ; guerres dont les pauvres paient les conséquences.
En 1557, Hyriel a dû fuir en urgence la dernière ferme où il avait été accueilli, accusé par les superstitieux du coin d'avoir empoisonné leurs troupeaux depuis que les bêtes en question étaient tombées malades. Hyriel a échappé de peu aux prévôts et gens d'armes, friands d'arrestations des prétendus serviteurs du Diable. Le règne de Marie la Sanglante est en effet particulièrement propice aux bûchers et chasses aux hérétiques de toutes trempes.
Nourri au réflexe de se débrouiller seul, Hyriel avait sorti de quoi régler sa pitance. Mary toutefois, du bout de ses doigts graciles, faisait faire demi-tour à ses piécettes. Le vagabond, commençant à connaître le cœur généreux de sa vis-à-vis, aurait dû s’y attendre mais dut reconnaître que cela le touchait. Il rempocha donc ses pécunes et fut quitte d’un chaleureux :
« À charge de revanche, dans ce cas. »
S’il réussissait sa mission et recevait de quoi vivre bien, il trouverait une occasion de rendre la pareille. En remerciement à la Lady pour son hospitalité, pourrait-on dire. En effet, le sorcier n’eut nulle raison de douter de la bonté avec laquelle il serait reçu, en entendant Henri promettre que l’on apporterait à sa jument tous les soins nécessaires. Hyriel le remercie d’un hochement de tête.
Il se retourna aussitôt vers Mary et eut un hoquet amusé, presque complice, en l’entendant lui parler comédie. C’était comme si elle avait cerné l’un de ses principaux modes opératoires. Savoir simuler pour survivre… Elle-même avait sûrement l’habitude de se plier à un tel exercice. D’une part en tant que noble héritière : quelqu’un au centre de bien des jalousies et conspirations, quelqu’un dont la vie mondaine consistait à de la représentation. Et d’autre part… la blancheur atypique de sa chevelure s’était sans doute chargée de lui apprendre trop tôt la peur de la différence. Alors, oui, il fallait tenir la face, comme un acteur qui se travaillait tout entier à incarner un rôle, sous l’œil parfois sévère du public. Ce fut donc une pointe d’émotion qui passa dans les yeux d’Hyriel et sur son sourire quand il répondit :
« Vous n’auriez su viser mieux. La comédie, j’ai souvent l’impression d’en faire quand il faut composer avec les fantaisies qu’on invente sur moi. J’imagine qu’une fille de seigneur doit connaître cela autant qu’un vagabond infirme, pour d’autres raisons. » Un temps, se redressant sur le dossier de sa chaise. « Alors je m’efforcerai d’être à la hauteur de ce nouveau rôle ! Tant côté Cour que côté Jardin », ironisa-t-il, amusé de cette coïncidence entre ce travail qu’il effectuerait au Jardin et ce même nom que l’on donnait, justement, au côté gauche de la scène au théâtre.
Les confidences que Mary lui fit ensuite furent plus sérieuses. Hyriel écouta avec attention et gravité ses recommandations. Un frère fruste mais indifférent au personnel, une mère méfiante, et cette nonne confesseuse. Hyriel se pinça la lèvre : probablement une de ces directrices de conscience, qu’il était de bon ton d’avoir en sa maisonnée pour donner à la famille une garantie de bonne morale et afin d’avoir certains appuis dans la noblesse et le clergé. Entendre « implacable » et « amour de Dieu » dans la même phrase toutefois fit toussoter Hyriel. Décidément, il ne comprendrait jamais la brutalité des représentants d’une prétendue religion de paix et d’amour…
« Merci pour ces précisions. J’y serai très attentif, Lady Mary. » Avec un fond d’espièglerie, il joignit les mains et se fit un regard duveteux et innocent de petit ange. « Voilà, je suis prêt à être une ombre docile par moments, et à d’autres moments le plus pieux et humble des croyants. Ce qui en un sens est un peu la même chose... »
À peine cependant achevait-il cette dernière phrase qu’il avala un filet de salive. Pourvu que cette remarque un peu trop malicieuse passe… C’était que la conversation avait suivi un cours si spontané… Il n’avait pas coutume de se sentir si vite à l’aise, et même compris.
« Enfin… je ferai tout ce qu’il faut, reprit-il. Et naturellement, vous serez informée de tout ce que je peux entendre de douteux. »
Ils réglèrent encore quelques menues considérations puis quittèrent la taverne, après un remerciement au pauvre tenancier qui fut bien content de pouvoir à nouveau faire revenir les buveurs dans son établissement !
Hyriel clopina un bout de chemin en compagnie d’Henri et de Mary, qui avait remis son manteau noir sous lequel on ne voyait plus rien d’elle. Pas même son visage laissé dans l’ombre. On eut dit un spectre. Ainsi marchèrent-ils en direction de la roulotte du guérisseur, laissée au prochain carrefour.
Ils allaient s’engager dans un virage quand, devant les yeux méfiants du vagabond, les arbres semblèrent s’animer. Cinq silhouettes massives, avec vieux habits de cuir passé contre lesquels tintaient leurs armes, apparurent dans le giron des trois marcheurs. Le plus grand cracha en pointant Hyriel du doigt :
« Le sorcier ! — Et j’parie que ce spectre, là, c’est un d’ses démons ! — Ou le Diable en personne v’nu lui donner ses ordres. »
Et c’était sans compter les regards mauvais posés sur le visage balafré d’Henri. Hyriel soupira. Il grommela entre ses dents serrées un « C’est reparti... » et déjà, ses prunelles inquiètes bifurquèrent vers Mary : que ces abrutis ne s’en prennent pas à elle… Elle serait mal si on la reconnaissant ! Les voyous tiraient leurs dague. Sauf un, plus craintif, qui se marqua d’un signe de croix. Il n’en fallut pas davantage pour inspirer à Hyriel une malicieuse façon de s’en débarrasser. On le prenait pour un suppôt du Diable ? Eh bien soit !
Il cala une de ses béquilles sous son aisselle, se libérant une main qui pointa le superstitieux en tendant deux doigts comme des cornes de Satan. Ses yeux perçants devinrent ceux d’un serpent.
« Per sepurra de mica en mica magnificorum diabolo si supenda narranca, duae sunt outis douloi... »
Cela ne voulait strictement rien dire ! Hyriel improvisait au fur et à mesure. Il se serait amusé comme un petit fou de son numéro, si la situation n’était pas aussi périlleuse, mais au moins sa simulation eut-elle l’effet escompté : le voyou peureux détala à toutes jambes !
Hyriel n’eut cependant pas le temps d’éclater de rire. Les quatre autres étaient décidés à ne pas les laisser tranquille. Pendant que deux gorilles étaient à couteaux tirés avec Henri, un autre importun fonçait sur Mary. Il voulut la tirer en arrière tandis que son autre main préparait sa dague.
« Derrière vous ! » hurla le sorcier à l’attention de la Lady.
Mais le quatrième larron arrivait, toutes griffes dehors, en braillant. Lui aussi avait l’intention de découvrir qui se cachait sous la cape noire. Il n’en eut pas le temps : dans un sifflement de reptile prêt à l’attaque, Hyriel dégaina la lame empoisonnée qu’il avait cachée dans son attelle métallique droite. Il en porta un coup sec, précis, dans la nuque du vaurien. Aussitôt, ce dernier tituba. Le poison ne le tuerait pas, mais il s’effondra en proie à des hallucinations et à de violentes crampes. Cassé en deux, les mains sur son ventre, il ne fut plus occupé qu’à vomir sans s’arrêter.
Dans le feu de l’action, Hyriel peina à retrouver son équilibre et se retrouva de flanc collé contre Mary. Par réflexe, son bras avait entouré le dos de la jeune dame afin de se retenir. Tout confus, il se redressa aussi vite qu’il put, et claudiqua de côté, poussé par un des voyous vous cherchait à s’en prendre à la Lady. Hyriel reçut soudain un coup dans le ventre. Il s’écroula à terre et en perdit sa lame empoisonnée, roulée loin de sa main. Il poussa un cri en voyant le brillant d’un couteau brandi par un des ennemis au-dessus de son visage.
J'ai 22 ans et je vis à Norfolk, Pays. Dans la vie, je suis une lady et je m'en sors bien puisque j'appartiens à la noblesse. Sinon, grâce à ma malchance, je suis promise à un prétendant et je le vis plutôt mal.. soon
Toujours dans la retenue qui la caractérisait, Mary affichait un léger sourire de satisfaction lorsque le guérisseur accéda à tout ce qu'elle demandait. Pour le bon déroulement des choses, de leur plan, il se devait de jouer parfaitement la comédie grâce aux informations qu'elle lui donnait.
"Bien, parfait en ce cas. Cela dit, je préfère vous clarifier une dernière chose avant de partir. Ne vous jouez pas de moi." annonça t-elle de sa voix fluette. Cette dernière phrase était lourde de sous-entendus qu'elle préférait taire mais dont elle savait Hyriel capable de lire entre les lignes.
Mary n'était pas comme les autres membres de sa famille, à user de son autorité et menacer à tout va. Mais, elle ne connaissait pas encore son vis-à-vis. Après tout, s'il jouait la comédie avec les autres, pourquoi ne ferait-il pas de même avec elle? Dans son monde les trahisons allaient bon train, cela avait même un nom "Les jeux de la Cour". Ce qu'eux deux s'apprêtaient à faire était dangereux, surtout aux yeux de l'Eglise et les conséquences pourraient être désastreuses pour Mary comme pour Hyriel. Alors elle préférait le mettre en garde sur les conséquences d'une trahison de sa part.
Lady Mary avait le coeur doux, mais le coeur vaillant en même temps. Vaillant au point d'avoir organisé cette rencontre dans le dos de sa famille. Et un coeur comme le sien pouvait se montrer redoutable si on se jouait de lui. Elle pourrait détruire Hyriel en un claquement de doigt en somme, bien qu'elle ne souhaitait bien évidemment pas cela. Lorsqu'il fut temps de se mettre en route, Mary revêtit sa cape ainsi que ses gants et demanda à ses gardes de plier bagage. Elle remercia encore une fois l'aubergiste et quitta les lieux en compagnie de son nouvel allié Hyriel. Ils marchèrent en direction du moyen de locomotion du jeune infirme quand soudain cinq individus leur barrèrent la route.
D'un geste ils se saisirent de leurs armes après les avoir accusés d'être un sorcier pour l'un et un démon pour l'autre. Henri n'attendit pas longtemps avant de se saisir de son épée et de s'occuper du cas de deux d'entre eux. Mary quant à elle, sentait le sol se dérober sous ses pieds. Ses jambes flageolaient comme si elles n'étaient plus que de coton. Etre poussée par Hyriel la ramena à la réalité. Elle sentit un de ses bras l'entourer brusquement, ce qui obligea lady Mary à centrer le poids de son corps au niveau de ses jambes pour qu'ils ne perdent pas tout les deux l'équilibre. L'entreprise fut rude pour elle car elle n'avait pas la carrure du guérisseur. Ce dernier était beaucoup plus lourd qu'elle mais elle tenait bon.
Chétive oui, mais elle possédait un très bon équilibre et des cuisses fermes grâce à l'équitation qu'elle pratiquait tout le temps grâce à son goût pour la chasse. Heureusement de son côté, Hyriel se ressaisit également et se redressa, profitant de la proximité d'un de leur agresseur pour le toucher à la nuque. La jeune noble sentit son coeur s'arrêter de battre un instant en s'imaginant le voir tomber raide mort mais non, il semblait prit d'une sorte de mal indescriptible qui lui faisait baragouiner les paroles incohérentes et vomir tripes et boyaux...dégoûtant. En revanche, ce n'était pas le moment de jouer les mijaurées car les combats n'étaient pas finis. Hyriel était en difficultés et elle aussi. Le guérisseur venait de prendre un mauvais coup et maintenant il gisait sur le sol.
Son coeur battait la chamade, Mary était terrorisée. Cependant elle n'avait pas le luxe de se laisser tuer ou de le laisser se faire tuer, beaucoup trop de choses en dépendait et notamment la vie de son père. "Aller Mary....bouge...bouge..." puis elle arriva à vaincre sa tétanie lorsqu'elle vit la lame brillante d'un des assaillant levé au-dessus d'Hyriel. Sans attendre une minute de plus, la belle courut jusqu'à la lame que le "sorcier" avait laissé choir et la planta dans la cuisse du vilain sans se soucier de la dose de poison qui envahissait son corps. Elle laissa la lame dans la cuisse de ce dernier et lui administra un fabuleux coup d'épaule pour le faire tomber loin de l'infirme. "DERRIERE VOUS!" Hurla dans son dos la voix familière de Henri qui se dépatouillait difficilement avec deux autres assaillant. Mary saisit donc à sa ceinture, un objet de taille moyenne, un peu plus grande que les "surins" qu'employaient les voyous. Il y eut un éclat argenté qui scintilla brièvement puis un bruit d'acier s'entrechoquent. Mary venait de bloquer la lame de son attaquant grâce à la sienne. Ce n'était pas une épée ni même un poignard mais une lame de taille intermédiaire qui lui permettait de pouvoir se défendre tout en maintenant cachée ladite lame dans ses robes. Le visage toujours caché dans sa cape, Lady Mary tourna brièvement la tête pour s'assurer que le guérisseur n'avait rien. Son corps à elle le protégeait...pour l'instant.
Car, le brun pouvait la voir trembler sous l'effort qu'elle faisait. La brute faisait le triple de son poids, elle ne ferait pas long feu si elle ne faisait pas quelque chose. Alors elle baissa les yeux et frappa de toute ses forces entre les cuisses du butor qui lui faisait face. L'effet fut immédiat. Le type changea de couleur en lâchant son arme, tenant ses bijoux de famille à deux mains à genoux à présent. Le souffle court, Mary pointa la lame de son arme contre la gorge du bretteur puis eut une idée. Elle aggrava quelque peu sa voix, cachant toujours son visage.
"Comment oses-tu misérable mortel, t'en prendre à mon disciple!? Osez encore vous en prendre à lui et je me ferais une joie de fertiliser les champs avec vos misérables entrailles et celles de vos familles! Jamais vous ne pourrez m'échapper car...je serais partout. Derrière chaque mur, chaque pierre, chaque souffle de vent!"
Devenu vert de peur, le butor au sol se releva et détala comme un lapin, abandonnant ses comparses encore présents. Mary elle, soupira en prenant appui sur ses deux genoux. Elle tremblait de tous ses membres tant elle avait eu la peur de sa vie. Bon sang, jamais elle n'avait ressentit ça. Puis, elle se tourna vers Hyriel et rengaina son arme dans son fourreau avant de se diriger vers lui, tendant une main toujours tremblante, pour l'aider à se relever.
"Tout va bien Hyriel? Par Dieu vous n'êtes pas blessé?"
Henri de son côté, se débarrassait des hommes qui s'étaient attaqués à lui.
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Mer 2 Oct - 0:04
Hyriel Radgery
J'ai 30 ans et je vagabonde entre villages et forêts, en Angleterre. Pour subsister, je maîtrise l'art de guérir et d'empoisonner, d'accoucher et d'avorter et je survis plus ou moins bien selon les aléas. Du fait de ma condition itinérante, je suis célibataire et de nature solitaire. Mes compétences médicinales et mon infirmité des jambes me valent d'être qualifié de sorcier et pris en chasse par les autorités seigneuriales et inquisitoriales. Indépendant. Forte capacité d'adaptation et de duplicité. Joueur. Érudit en termes de médecine, curieux, obstiné. Persuasif et charmeur, fier, caustique, peu encombré de scrupules. Sait être théâtral et jouer avec les superstitions pour parvenir à ses fins. Sensible à la misère et prompt à aider les plus pauvres, ainsi que les marginaux comme lui. Il lui arrive de soigner gratuitement des miséreux. En revanche, il n'a pas de scrupules à faire payer plein pot de riches personnes s'il les sent arrogantes ou viennent lui demander des superficialités du type filtre d'amour ou des poudres pour leurs complots.
Hyriel a déjà aimé des hommes comme des femmes, peu encombré qu'il est de bonne morale religieuse, et déjà persuadé de sa damnation. S'attacher lui est difficile, puisqu'il passe sa vie sur les routes. Il n'est cependant pas impossible que la bonne personne sache éveiller en lui des sentiments durables.
Lorsqu'il a quinze ans, en 1542, une horde de routiers déferle sur son village pour le piller. L'incendie n'épargne ni la famille d'Hyriel, ni la cabane de sa professoresse. Livré à lui-même, il part en carriole de village en village et doit bien trouver comment survivre. Hyriel nourrit du reste une certaine froideur vis-à-vis des seigneurs et de la haute société, qui se font la guerre par bandes de routiers interposés ; guerres dont les pauvres paient les conséquences.
En 1557, Hyriel a dû fuir en urgence la dernière ferme où il avait été accueilli, accusé par les superstitieux du coin d'avoir empoisonné leurs troupeaux depuis que les bêtes en question étaient tombées malades. Hyriel a échappé de peu aux prévôts et gens d'armes, friands d'arrestations des prétendus serviteurs du Diable. Le règne de Marie la Sanglante est en effet particulièrement propice aux bûchers et chasses aux hérétiques de toutes trempes.
« Je tâcherai de ne pas vous décevoir. » répondit Hyriel à l’ultime mise au point de Lady Mary.
Il n’était plus question de plaisanter, et la sortie de la taverne se fit dans le sérieux des derniers propos échangés. Songeur, Hyriel béquillait. Il travaillait déjà son visage et ses attitudes pour prendre celles d’un domestique sans histoire. L’irruption des agresseurs ne lui laissa pas davantage le loisir d’un tel entraînement. Très vite, il avait dû reprendre ce rôle de sorcier que tant lui prêtait… mais qui pour le coup lui avait sauvé la mise ! Ce fut même un amusement que de voir le bigot armé détaler la queue entre les jambes.
Puis vinrent les échanges de frappes, l’urgence, la lame empoisonnée dégainée et assénée à un autre assaillants. Entre deux estocades, l’infirme voyait Henri affronter ces malotrus. Soudain, lui-même était de nouveau attaqué et il eut l’impression de sentir son cœur se décrocher entre ses côtes quand Mary et lui furent à deux doigts de tomber ensemble à la renverse. La rage envahit Hyriel. Il serra les dents presque à se les fendre, bondit de côté et reprit de plus belle ses assauts pendant que la Lady luttait avec autant de détermination que de courage.
Un voyou arriva par derrière ; l’estropié se retrouva projeté au sol. Il ne pouvait dissimuler ses tremblements et sa main, dans des soubresauts compulsifs, tentait en vain de reprendre son arme empoisonnée. Le visage perlé de sueur, Hyriel hurla en croyant sa dernière heure venue… mais soudain le corps lourd et puant du bandit tomba sur lui, puis roula sur le côté. Le temps de récupérer ses esprits, puis le vagabond comprit : sa dague dans la jambe de l’attaquant… Et au-dessus de lui, la noire silhouette de Mary qui venait de le secourir. Encore trop sonné pour maîtriser sa bouche suffocante, il ne put décrocher un mot. Sa respiration affolée le brûlait. Il se traîna en rampant sur le côté.
Hyriel récupéra sa lame encore dans le gras de la cuisse du butor. Puis se retournant, il vit, non sans émotion, la jeune femme faire barrage pour le protéger. En d’autres circonstances, il aurait ri du coup asséné par Mary dans les valseuses du gaillard… mais la suite l’étonna plus encore. Adoptant elle aussi un parfait jeu de créature démoniaque, elle menaçait l’adversaire. L’homme fut pétrifié autant par la lame contre sa gorge que par les paroles de cette silhouette encapuchonnée de noir qu’il avait toutes les raisons de craindre !
Le trop plein de pression, la surprise, les émotions à fleur de peau, le jeu inattendu de Mary… tout cela composa un cocktail explosif qui donna à Hyriel la furieuse envie d’un rire nerveux. Mais il ne pouvait pas… Ne pas tout gâcher ! Comment donc dissimuler son état en attendant que ça veuille bien passer ? La réponse lui vint vite : entrer dans la mise en scène. Il replongea à terre, se pencha en avant, face contre terre comme prosterné en bon « disciple » de Satan qu’il était ! Il put pouffer en paix, visage caché entre ses bras ramenés devant lui dans une parfaite révérence. Décidément, le sacré caractère de cette Lady lui plaisait et le surprenait !
Hyriel en aurait presque oublié les assaillants mais enfin, le dernier gredin prit la fuite. Il attendit que la paix soit à nouveau bien là, pour saisir la main que Mary lui tendait et se redresser. Il récupéra ses cannes. Ses os manifestèrent leur lot de douleur dans la manœuvre ; il tremblait ; cependant, l’important était que ce fâcheux épisode appartenait au passé. Au fil de ses béquillements, le sorcier, haletant, rejoignit Henri en compagnie de Mary. Il remarqua alors les tremblements bien compréhensibles de cette dernière, qui rarement avait dû encaisser des situations aussi périlleuses ! Lui-même n’en menait pas large, à tousser et flageoler des jambes.
« Tout va b… bien. Plus de peur que de mal. » parvint-il enfin à articuler. Puis, la voix tremblante et le regard plein de reconnaissance : « Merci infiniment, my Lady. Je vous dois une fière chandelle... » Et se tournant vers Henri : « À toi aussi. Merci. »
Il toussota, crachant les caillots de sang qui lui restaient encore dans la gorge.
« Et vous, comment vous sentez-vous ? Rien de grave ? »
Eh bien… Voilà le genre d’ennuis qu’attirait le fait de le fréquenter, songea-t-il soudain avec une pointe d’amertume. Comment s’étonner qu’on le chasse comme la peste et qu’on prenne pour des démons quiconque l’accompagnait ?
« Je suis désolé pour… ça. » grommela-t-il, incapable de se défaire de cette honte, quand bien même il se savait innocent. Honte d’être un poids et un risque pour autrui, avec toutes ces bêtises.
Hyriel secoua la tête, s’efforçant de chasser de telles pensées. Il ourla plutôt ses lèvres d’un sourire espiègle et, se tournant vers Mary, plaisanta :
« Vous faisiez un Satan exceptionnel. Il ne vaut mieux pas vous avoir pour ennemie ! »
Il y avait en vérité de l’admiration sincère dans ses paroles et dans sa voix, au-delà de la blague. Et ses yeux arrêtés sur la jeune dame n’en disaient pas moins.
Tous se remirent peu ou prou de ces émotions et convinrent de vider les lieux sans tarder. La prudence voulut qu’ils se séparent. Lady Mary et Henri rentrèrent comme ils étaient venus, par leurs propres moyens, tandis qu’Hyriel reprit sa roulotte et les rênes d’Esculape. Suivant les consignes qui lui avaient été données, après une petite heure de chevauchée il se présenta à la porte massive du domaine Talbot. Un garde, informé de sa venue, fit abaisser le pont levis puis ordonna qu’on lui ouvre.
Hyriel fut stupéfait : jamais il n’avait vu d’aussi près un pareil château ! N’y était encore moins entré ! Quelques demeures bourgeoises l’avaient accueilli, mais rien de semblable. Ses yeux s’agrandirent, au spectacle de toutes ces tours, de ces portiques, de cette brique rosée alternant avec des marbres de la plus grande clarté. Lui, le vagabond en tenue modeste, se sentit minuscule au milieu de ces ailes de pierre sculptée, de ces statues et colonnades. D’autres gardes vinrent à sa rencontre. On l’aida à descendre. On emmena Esculape aux écuries et sa roulotte dans les dépendances prévues pour les véhicules. Hyriel clopina le long d’un sol orné, qu’il craignit presque de déranger avec la pointe de ses cannes. Une partie de lui peinait à croire à un tel décor. Cette grandeur avait quelque chose d’irréel. Ce qu’il connaissait surtout, c’était l’immensité des forêts, le long déroulé des routes sur lesquelles il voyageait, les cascades de verdure sur les courbes des vallons.
Appuyé sur ses béquilles, il attendit dans un vestibule qu’on vienne à sa rencontre. Bien. Il était temps de baisser les yeux, de pencher timidement la tête. Ses mains crispées à ses cannes trahissaient un peu de sa nervosité réelle : qui allait-il rencontrer en premier, de cette maisonnée dont Mary lui avait fait un portrait haut en couleurs ? La Lady elle-même allait-elle revenir et le conduire vers son patient ? Ou bien, d’autres rencontres, d’autres surprises qu’il n’imaginait pas…
J'ai 22 ans et je vis à Norfolk, Pays. Dans la vie, je suis une lady et je m'en sors bien puisque j'appartiens à la noblesse. Sinon, grâce à ma malchance, je suis promise à un prétendant et je le vis plutôt mal.. soon
La jeune lady n'avait jamais été confrontée à ce genre de mésaventure. D'ordinaire, lorsqu'elle s'aventurait dans des endroits douteux, elle était escortée. Heureusement que sa mère Judith Talbot, avait insisté pour qu'elle pratique l'escrime ainsi que l'arc. Ce n'était pas quelque chose de courant pour une fille mais son statut de bâtarde la rendait vulnérable. Elle préférait donc, que son enfant sache se défendre si besoin. Henri avait assuré le rôle de formateur. D'ailleurs, après avoir réglé leur compte aux deux autres bretteurs, Henri se précipita auprès de Mary pour s'assurer qu'elle n'avait rien.
"Lady Mary vous n'êtes pas blessé? J'vous jure ma Dame que j'vais les faire pendre par les couilles, ces enfants de putain!" Henri était tellement furieux qu'il n'arrivait plus à maîtriser son langage.
"Ca ira Henri." coupa Mary. Elle avait l'habitude de l'entendre jurer de la sorte. Et bien qu'elle ne tolérait que difficilement ce genre d'écart, elle avait depuis bien longtemps abandonné l'idée de lui enseigner les bonnes manières.
"Et toi l'sorcier!? C'est de ta faute! Tu connaissais ces gredins?"
Soupirant dans l'effort tandis que Mary aidait Hyriel à se redresser, la jeune femme s'adressa à Henri d'un ton tranchant lorsque ce dernier qualifia le brun de sorcier. Elle ne pouvait tolérer une telle conduite même venant de la part de cet homme bourru qu'elle affectionnait tout de même beaucoup. Lady Mary avait désespérément besoin des talents thérapeutiques du guérisseur. Que leur resterait-il comme solution pour lui venir en aide s'il décidait de changer d'avis?
"Il suffit Henri! Vous outrepassez vos droits! Nous sommes tous vivants et c'est ce qui compte. Maîtrisez-vous..." siffla Mary alors que Henri grommela que le jeu de jambe de la jeune femme serait à retravailler. Reportant son attention sur Hyriel, la jeune femme aux cheveux blancs s'assura que ce dernier tenait à présent correctement sur ses jambes avant de s'éloigner.
"Je n'ai rien ne vous en faites pas Hyriel, une belle frayeur cela dit. Mais s'il vous plaît ne vous excusez pas...Les gens ont peur de ce qui est...différent. Je suis bien placée pour le savoir. Cela fait bien longtemps que l'Angleterre a perdue sa tolérance."
Depuis le schisme provoqué par Henri VIII et ensuite sous le règne de Marie La Sanglante, l'Angleterre restait plus déchirée que jamais. En entendant Hyriel vanter sa représentation de Satan, Lady Mary releva fièrement le menton, arborant un petit sourire satisfait. Elle ne savait pas ce qui lui avait prit mais vue la situation, elle s'était dit qu'elle n'avait rien à perdre.
"Oh...merci je suppose? C'est votre formule en un latin très...intéressant qui m'a probablement inspiré. J'y suis peut-être allée un peu fort en évoquant l’ensemencement des champs à l'aide d'entrailles cela dit. C'était passablement répugnant...mais amusant."
On reconnaissait bien là la délicatesse de la Noblesse. Malgré sa verve et son effronterie, elle n'en restait pas moins une lady. Cela offrait un contraste des plus intéressant. Cela dit, elle offrit pour la première fois un sourire sincère au guérisseur, un sourire complice. Finalement, après d'ultimes instructions, Mary Henry et Hyriel se séparèrent. Arrivant au château, la jeune femme quitta sa cape et interpella sa dame de compagnie, Annabeth que tout le monde surnommait "Beth" afin qu'elle lui prépare un bain chaud mais également qu'elle l'informe de l'arrivée imminente d'Hyriel ainsi que de son rôle ici. Annabeth était une jeune femme de confiance. En attendant que son bain soit prêt, Lady Mary alla trouver Thomas l'intendant. C'était un homme grassouillet mais dont le regard perçant et la mine placide, trahissait un tempérament exigeant. Et il l'était de toute évidence, tenant la Maison Talbot d'une main de maître.
"Nous n'allons pas tarder à recevoir un nouvel employé, il s'appelle Hyriel. Il s'agit d'un ami cher de Henri et il s'avère qu'il cherche du travail. Aussi ais-je pris la décision d'offrir à ce pauvre bougre, une place ici. Vous n'y voyez aucun inconvénient je suppose?" Thomas opina du chef, écoutant attentivement la jeune lady. "Henri m'a dit qu'il était né infirme au niveau des jambes mais qu'il arrivait à se déplacer avec des béquilles. Assurez-vous de lui trouver une place qui lui permettra d'être efficace sans pour autant l'épuiser oh et apparemment il possède un certain talent pour le jardinage. Je compte sur vous pour l'accueillir correctement et lui présenter la vie au château ainsi que là ou il dormira." S'inclinant légèrement, Thomas ajouta "Il sera fait selon votre désir Lady Mary. Oh et je dois vous prévenir que Lady Judith votre mère est très contrariée. Elle n'a pas été prévenue de votre sortie."
Mary leva les yeux au ciel, agacée. Bien entendu qu'elle n'avait pas prévenu sa mère. Mais elle avait déjà une explication à lui fournir. Officiellement, elle était partie chasser.
"Mère est toujours très contrariée Thomas. Qu'importe, je vais aller la voir. Elle est avec père j'imagine?" Thomas répondit par l'affirmative avant de s'incliner respectueusement avant de reprendre ses occupations. Plus tard, on vint le prévenir que leur nouvel employé venait d'arriver et qu'il attendait dans le vestibule. L'intendant écarquilla les yeux en voyant l'état physique dans lequel se trouvait le nouveau venu mais se reprit presque aussitôt.
"Hyriel je suppose? Lady Mary m'a informé de votre venue. Veuillez me suivre, je vais vous présenter les lieux."
Ralentissant le pas afin que l'infirme puisse le suivre, il expliqua l'histoire de la Maison Talbot, présenta les différentes figures la composant.
"J'attends de chacun des serviteurs une conduite irréprochable et une morale exemplaire. Soyez digne de la générosité de Lady Mary ainsi que de votre ami Henri. Est-ce qu'il y a des choses que vous savez déjà faire? Vous n'irez pas faire le service à table rassurez-vous mais il me faut trouver les tâches qui vous conviendront le mieux."
Il marqua une pause et traversa un long couloir menant à une grande pièce où se trouvaient des lits. Ils étaient sommaires mais avaient le mérite d'être propres.
"Vous vous occuperez également du jardin. Angus, celui qui s'en occupe, arrive à un âge ou de l'aide ne serait pas de refus. Vous n'aurez qu'à vous occuper de tailler les arbustes et vous occuper des parterres de fleurs. Lady Mary aime beaucoup les fleurs, particulièrement le jasmin et le lilas. Elle aime avoir un bouquet frais chaque jour dans sa chambre. Concernant la famille ducale, vous leur devrez un respect total et la servir de votre mieux. Les choses ne...sont pas au beau fixe. Le duc est très souffrant et cela affecte tout le monde, principalement madame la duchesse."
Après lui avoir présenté sa couche, Thomas l'amena aux cuisines.
"Nous nous levons chaque matin vers cinq heure. La famille ducale se lève relativement tôt car elle assiste à la messe chaque matin. Tout du moins elle essaye. Avec l'état de santé du duc, les choses sont un peu différentes. Mais cela ne change en rien à nos routines matinales. Je pense qu'être aide en cuisine vous conviendra le mieux vu votre...condition. Des questions?"
Les serviteurs étaient déjà en train de s'activer en cuisine pour préparer le repas du soir. Une délicieuse odeur de volaille flottait dans l'air. Thomas lui présenta ensuite les latrines ainsi que les bacs ou il pourrait se laver. Dans l'ombre, une petite silhouette patientait que Thomas soit suffisamment loin du nouveau venu pour faire à son tour irruption. C'était une jeune femme brune, au teint blafard, Annabeth. Elle avait été envoyé ici par Mary pour une raison bien précise.
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Date d'inscription : 23/02/2019
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Crédits : Doll - Kate Blagodatskikh
Univers fétiche : Historique
Préférence de jeu : Les deux
Frida K.
Mar 8 Oct - 14:25
Hyriel Radgery
J'ai 30 ans et je vagabonde entre villages et forêts, en Angleterre. Pour subsister, je maîtrise l'art de guérir et d'empoisonner, d'accoucher et d'avorter et je survis plus ou moins bien selon les aléas. Du fait de ma condition itinérante, je suis célibataire et de nature solitaire. Mes compétences médicinales et mon infirmité des jambes me valent d'être qualifié de sorcier et pris en chasse par les autorités seigneuriales et inquisitoriales. Indépendant. Forte capacité d'adaptation et de duplicité. Joueur. Érudit en termes de médecine, curieux, obstiné. Persuasif et charmeur, fier, caustique, peu encombré de scrupules. Sait être théâtral et jouer avec les superstitions pour parvenir à ses fins. Sensible à la misère et prompt à aider les plus pauvres, ainsi que les marginaux comme lui. Il lui arrive de soigner gratuitement des miséreux. En revanche, il n'a pas de scrupules à faire payer plein pot de riches personnes s'il les sent arrogantes ou viennent lui demander des superficialités du type filtre d'amour ou des poudres pour leurs complots.
Hyriel a déjà aimé des hommes comme des femmes, peu encombré qu'il est de bonne morale religieuse, et déjà persuadé de sa damnation. S'attacher lui est difficile, puisqu'il passe sa vie sur les routes. Il n'est cependant pas impossible que la bonne personne sache éveiller en lui des sentiments durables.
Lorsqu'il a quinze ans, en 1542, une horde de routiers déferle sur son village pour le piller. L'incendie n'épargne ni la famille d'Hyriel, ni la cabane de sa professoresse. Livré à lui-même, il part en carriole de village en village et doit bien trouver comment survivre. Hyriel nourrit du reste une certaine froideur vis-à-vis des seigneurs et de la haute société, qui se font la guerre par bandes de routiers interposés ; guerres dont les pauvres paient les conséquences.
En 1557, Hyriel a dû fuir en urgence la dernière ferme où il avait été accueilli, accusé par les superstitieux du coin d'avoir empoisonné leurs troupeaux depuis que les bêtes en question étaient tombées malades. Hyriel a échappé de peu aux prévôts et gens d'armes, friands d'arrestations des prétendus serviteurs du Diable. Le règne de Marie la Sanglante est en effet particulièrement propice aux bûchers et chasses aux hérétiques de toutes trempes.
Une lueur d’agacement sabra le regard d’Hyriel, soudain froid. Comment ça, « de sa faute » ? Et bien sûr que non, il ne connaissait pas ces gredins. Mais apparemment, pas besoin ! Sa seule réputation de sorcier suffisait. En se redressant dans un tremblement de ses jambes sous le coup de la colère, l’infirme serra les dents. Il s’apprêtait à rétorquer, cependant Mary avait déjà pris les devants. Et quelque part, tant mieux. Son calme permettait au vagabond de faire redescendre sa pression. Après tout, cet incident les avait mis à cran. Il y avait de quoi comprendre le coup de sang d’Henri après cette frousse.
Hyriel ravala donc ses paroles et se remit à béquiller, sous le regard consciencieux de la jeune femme qui s’assurait de son équilibre retrouvé. Il ne put que répondre d’un soupir navré au juste constat de la Lady. Les choses n’étaient déjà pas bien reluisantes, paraissait-il, sous Henry VIII… Mais sa successeure voyait rouge en termes d’hérésie et de démons. Raison de plus pour redoubler de prudence, y compris dans le château Talbot vers lequel ils n’allaient pas tarder à se mettre en route.
Il souffla un petit rire complice au commentaire de Mary sur sa performance démonologique. Une seconde, il reposa tout son poids sur ses aisselles appuyées contre ses béquilles, juste le temps d’ouvrir les bras pour lâcher un : « Il faut ce qu’il faut ! Le résultat est là, nos amis sont partis la queue entre les jambes. »
¤
Hyriel patientait maintenant dans ce superbe vestibule. Il trompait son trac en observant les magnifiques boiseries le long des murs, puis les plafonds à caissons ornés de dorures qui semblaient s’animer sous les effet des lumières dansantes. Tranquille crépitements des chandeliers, au milieu desquels le sorcier finit par entendre le parquet grincer sous des pas en approche. Aussitôt, il se concentra et courba respectueusement la tête face à l’homme à présent en face de lui. Un homme solide, doté d’un embonpoint non moins solide, mais que le vagabond sentait décidé.
« C’est moi, Monsieur. » confirma-t-il à son nom, avant de suivre sagement l’intendant à travers les différentes venelles du domaine.
Hyriel intégrait tous les renseignements, non sans savourer une fois de plus les superbes décors défilant autour de lui. Les sculptures, les tentures au tissage raffiné, les jardins à l’anglaise qui verdoyaient de l’autre côté des fenêtres… Il hocha la tête avec respect aux consignes relatives à sa moralité. Oh ça, il en aurait toutes les apparences, même s’il devait bien admettre que la vraie foi n’était pas au rendez-vous au fond de son cœur. Allons bon… assister aux messes avec son air le plus pieux, il y avait pire.
« Je sais cuisiner. Entretenir et préparer des aromates. Je peux laver la vaisselle, faire du pliage et autres travaux qu’on peut réaliser assis. » Sur ce, l’évocation d’un travail au jardin peignit aux lèvres d’Hyriel un sourire qu’il travailla à rendre timide. Réjoui, mais pas trop. Il aimait sincèrement prendre soin de la nature. Avec un petit tabouret pliant porté en bandoulière, il pouvait s’installer près des différents bosquets de fleurs et arbustes pour les entretenir.
« J’y veillerai, Monsieur. » acquiesça-t-il donc tant à propos des bosquets de fleurs qu’au sujet de lilas et jasmin à porter quotidiennement dans la chambre de Mary.
Ce rituel journalier, devinait-il au passage, permettrait surtout d’échanger avec le jeune Lady à propos de sa mission première : les soins à son père. S’il venait chaque jour à heure fixe porter son bouquet et que Mary le trouvait à ce moment-là dans sa chambre, ils n’éveilleraient pas les soupçons. Du moins fallait-il l’espérer.
À peine Hyriel répondit-il à l’intendant que non, il n’avait pour l’instant pas de question, que l’homme se retirait et cédait la place à une pâle femme brune. Hyriel l’accueillit, inclinant le haut du buste, prêt à entendre ses instructions et à la suivre.
J'ai 22 ans et je vis à Norfolk, Pays. Dans la vie, je suis une lady et je m'en sors bien puisque j'appartiens à la noblesse. Sinon, grâce à ma malchance, je suis promise à un prétendant et je le vis plutôt mal.. soon
Thomas dévisagea son dernier employé lorsqu'il lui énuméra ses capacités. Cela ne le satisfaisait absolument pas. Bien au contraire, l'infirme serait une bouche de plus à nourrir et incapable qui plus est. Il était certain que son infirmité allait nuire au rythme et à l'organisation de la maison Talbot. Et cela ne plaisait pas à Thomas. Non. Il était un homme très à cheval avec la qualité de son service et de son personnel.
"Bien bien...nous verrons si vous vous montrez à la hauteur des tâches qu'on vous attribuera. Ne pensez aucunement que votre...état ou bien votre lien filiale ou que sais-je encore, vous accordera un quelconque traitement de faveur de ma part. Me concernant si cela ne dépendait que de moi, je ne vous aurais pas laissé entrer au service de cette Maison."
Il se garda bien de préciser que l'avis d'un modeste intendant ne comptait pas vraiment cela dit, si son service laissait à désirer, il avait la possibilité de plaider contre lui et ordonner son renvoi. "Sachez que je n'hésiterais pas à vous faire renvoyer si vous ne convenez pas à l'exigence qui incombe à servir une famille ducale."
Les choses étaient dites. Cependant, Thomas ignorait qu'il n'était pas un simple serviteur et qu'il était sous la protection de lady Mary. Après ces mots durs, l'intendant s'éloigna. Lorsqu'il fut suffisamment loin, ce fut au tour d'Annabeth d'entrer en scène. Missionnée par sa jeune Dame Mary, Beth' sortie de l'ombre pour parler à ce curieux personnage qu'était Hyriel. Dans un premier temps, la jeune femme resta assez loin de lui car il lui faisait peur. Son apparence l'effrayait. Néanmoins, Annabeth savait combien son rôle était important pour Mary alors elle remplirait la mission que lui avait donné la jeune lady.
"Je m'appelle Annabeth, je suis la dame de compagnie de lady Mary. Pour l'instant, ma lady n'est pas disponible, elle devrait nous rejoindre plus tard. En attendant, lady Mary m'a demandé de vous rejoindre. Je suis suis l'oreille attentive de ma maîtresse et...elle m'a confié la véritable raison de votre venue ici."
Elle souhaitait être transparente avec Hyriel. La brune évitait soigneusement de regarder dans les yeux le jeune homme. Sait-on jamais...s'il est affublé d'une telle difformité, peut-être était-ce parce que Dieu lui-même l'avait puni pour ses péchés?
"Suivez moi. Lady Mary souhaite que je vous montre les coursives et les passages dérobés qu'utilisent en général les serviteurs pour effectuer leur service en toute discrétion, sans déranger la famille ducale ou bien les invités des Talbot. Ils vous seront utiles si vous souhaitez converser avec elle...à l'abri des regards, les murs ont des yeux et des oreilles ici vous savez?"
Annabeth entraina tranquillement l'infirme jusque devant un mur qui ressemblait à...un mur tout ce qu'il y avait de plus simple puis un cliquetis retentit et une porte dérobée s'ouvrit. Là, des torches brûlaient à distances régulières, éclairant un long corridor...le premier d'une longue série de passages étroits et cachés.
"Suivez-moi. Et faites attention où vous...béquillez. D'ailleurs, ne pouvez-vous vous déplacer d'une autre manière plus discrète? Dans le silence de la nuit j'ai peur que l'on vous entende."
Chaque corridor débouchait sur des chambres, la bibliothèque, les salles d'eau, des dépendances, les cuisines. C'était un vrai labyrinthe mais qui garantissait une grande discrétion.
"Le couloir Est donne sur les étages supérieurs. Ce sont les chambres. Je vous mènerais à Mary lorsqu'il sera temps. Dans la chambre du Duc. Le couloir Ouest donne sur la bibliothèque ainsi que la petite chapelle. Elle reste ouverte et accessible pour tout le monde. Par Dieu...dans qu'elles histoires est-ce que Mary s'est empêtrée..."
Annabeth semblait vraiment stressée par cette situation, ne comprenant pas les agissements de sa maîtresse.
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Univers fétiche : Historique
Préférence de jeu : Les deux
Frida K.
Ven 11 Oct - 22:42
Hyriel Radgery
J'ai 30 ans et je vagabonde entre villages et forêts, en Angleterre. Pour subsister, je maîtrise l'art de guérir et d'empoisonner, d'accoucher et d'avorter et je survis plus ou moins bien selon les aléas. Du fait de ma condition itinérante, je suis célibataire et de nature solitaire. Mes compétences médicinales et mon infirmité des jambes me valent d'être qualifié de sorcier et pris en chasse par les autorités seigneuriales et inquisitoriales. Indépendant. Forte capacité d'adaptation et de duplicité. Joueur. Érudit en termes de médecine, curieux, obstiné. Persuasif et charmeur, fier, caustique, peu encombré de scrupules. Sait être théâtral et jouer avec les superstitions pour parvenir à ses fins. Sensible à la misère et prompt à aider les plus pauvres, ainsi que les marginaux comme lui. Il lui arrive de soigner gratuitement des miséreux. En revanche, il n'a pas de scrupules à faire payer plein pot de riches personnes s'il les sent arrogantes ou viennent lui demander des superficialités du type filtre d'amour ou des poudres pour leurs complots.
Hyriel a déjà aimé des hommes comme des femmes, peu encombré qu'il est de bonne morale religieuse, et déjà persuadé de sa damnation. S'attacher lui est difficile, puisqu'il passe sa vie sur les routes. Il n'est cependant pas impossible que la bonne personne sache éveiller en lui des sentiments durables.
Lorsqu'il a quinze ans, en 1542, une horde de routiers déferle sur son village pour le piller. L'incendie n'épargne ni la famille d'Hyriel, ni la cabane de sa professoresse. Livré à lui-même, il part en carriole de village en village et doit bien trouver comment survivre. Hyriel nourrit du reste une certaine froideur vis-à-vis des seigneurs et de la haute société, qui se font la guerre par bandes de routiers interposés ; guerres dont les pauvres paient les conséquences.
En 1557, Hyriel a dû fuir en urgence la dernière ferme où il avait été accueilli, accusé par les superstitieux du coin d'avoir empoisonné leurs troupeaux depuis que les bêtes en question étaient tombées malades. Hyriel a échappé de peu aux prévôts et gens d'armes, friands d'arrestations des prétendus serviteurs du Diable. Le règne de Marie la Sanglante est en effet particulièrement propice aux bûchers et chasses aux hérétiques de toutes trempes.
Traitement de faveur… Cela faisait longtemps qu’il ne l’avait pas entendue, celle-là, songea Hyriel, derrière le masque de docilité qu’il s’efforçait de conserver. « Adaptation » serait plus juste, pour qualifier la prise en compte de son infirmité dans ce qu'on lui donnait à faire. Ce genre de remarque était tristement habituel et le sorcier en avait essuyé de semblables dans d’autres lieux. Il ravala son agacement en même temps qu’un filet de salive. Mordiable… quand un invalide ne pouvait pas travailler, on le traitait d’assisté juste bon à mendier. Et quand le même invalide se démenait pour exercer une profession malgré ses difficultés, il était quand même coupable aux yeux de certains !
Hyriel venait de se rappeler, en écoutant Thomas, de pourquoi il aimait tant son indépendance, sa roulotte, les chemins. Même si cela impliquait la pauvreté et l’impossibilité d’avoir des attaches, il pouvait partir dès que les ennuis le guettaient, quitter un endroit où on ne le respectait pas, continuer sa route. Pourtant, il garda calme et silence. Y compris lorsque l’intendant souligna de but en blanc son aversion à l’idée même de le compter parmi le personnel si ça n’avait tenu qu’à lui. Hyriel se mordit la lèvre dans une feinte timidité, celle d’un domestique impressionné et soucieux de bien faire.
« Je tâcherai d’être à la hauteur de la place qui m’est généreusement proposée. » aligna-t-il une fois que l’homme eut fini son laïus.
Et il ne fut pas mécontent de le voir s’éloigner, bientôt remplacé par la femme brune et menue qui venait, comprit-il vite, de la part de Lady Mary. L’infirme nota la distance que sa vis-à-vis gardait avec lui. Même un fond de crainte devant ses jambes et son regard. Mais curieusement, cela n’offensait pas Hyriel. La peur ne se contrôlait pas, cela venait de l’ignorance. Il se sentait bien davantage contrarié par des discours comme celui de l’intendant, là où les appréhensions de cette dame de compagnie lui inspiraient une certaine empathie. Aussi garda-t-il un visage chaleureux, mais pas dénué d’assurance prompte à laisser voir qu’on pouvait compter sur lui.
« Enchanté, Annabeth. » Puis il sourit quand elle lui confia être dans le secret des véritables motifs de sa présence.
Il la suivit à travers les passages dérobés, réservés à la domesticité, attentif sur la route à toutes les indications qui pourraient lui être utiles. Quant aux oreilles des murs…
« Oh, alors je vais parler bas pour ne pas les réveiller. » plaisanta-t-il en chuchotant, justement comme s’il disait des secrets. Mais la question à propos de ses béquilles lui fit arquer un sourcil. Un autre moyen ? Allons bon, il n’allait tout de même pas ramper ? Serpent, oui, beaucoup de gens disaient cela de lui. Serpent au service du diable. Mais il n’irait pas jusque là dans son rôle de reptile.
« Hm. Non, pas vraiment. Mais vous avez ma parole que je me déplacerai de nuit avec la plus grande des vigilances. » assura-t-il. Et déjà, il ralentit son pas pour faire démonstration de ce qu’il pouvait donner en matière de discrétion : cannes plantées plus doucement à terre, et sur les zones les moins grincheuses du parquet. Il allait moins vite, mais on l’entendait à peine.
Et moi donc, dans quoi je m’embarque… rétorqua mentalement le sorcier aux inquiétudes d’Annabeth. Sur le chemin, ses yeux s’étaient un temps perdus par la fenêtre, à contempler les oiseaux s’envoler. Hyriel ne pouvait en faire autant. Chevillé au sol, oppressé entre ces murs où il y aurait à être si vigilant, si appliqué dans son personnage. Mais il le ferait. Mary comptait sur lui et la santé de son père était en jeu. La Lady avait pris des risques pour venir le chercher. Et puis… autant se l’avouer : le chaleureux accueil de Mary, sa conversation, sa gentillesse avaient plu au guérisseur. Oui, il se sentait déjà beaucoup de choses en commun avec cette jeune femme elle aussi atypique. Il avait envie de faire son maximum pour l’aider, et de profiter de son temps au château pour la connaître mieux. Elle méritait bien qu’il se plie au quotidien rigide qui l’attendait.
Hyriel tenta un sourire pour rassurer Annabeth. « Je vous promets que je serai extrêmement prudent. Quant aux soins, je n’ai jamais raté aucun patient. » Un temps. « Et juré, je ne vole pas dans les airs …même si ce serait plus discret que mes béquilles dans les couloirs la nuit. Ni ne jette de sorts ou quoi. » glissa-t-il avec une mine plus légère, dans l’espoir de détendre un peu sa guide. Il se fit même un signe de croix si cela pouvait l'apaiser.
J'ai 22 ans et je vis à Norfolk, Pays. Dans la vie, je suis une lady et je m'en sors bien puisque j'appartiens à la noblesse. Sinon, grâce à ma malchance, je suis promise à un prétendant et je le vis plutôt mal.. soon
Annabeth avait effectivement peur de cet individu. Elle était impressionnée par ses jambes qui paraissaient atrophiées et qui tenaient par tout un attirail de métal dont la complexité lui échappait. C'était son apparence qui lui faisait peur. Bien plus à présent, que les rumeurs de sorcellerie qui couraient sur lui. Oh Annabeth n'était pas une sainte et elle avait elle aussi eu vent des rumeurs sentant le souffre qui couraient sur lui. Mais Mary était intervenue pour la rassurer. "Un sorcier se donnerait-il la peine de sauver un enfant?" avait-elle demandé. Et cette simple phrase avait fait son chemin dans l'esprit de la jeune dame de compagnie. Mary n'était pas ce genre de personne à essayer de convaincre, elle laissait les autres réfléchir...se servir de leur tête pour en tirer eux-même des conclusions.
S'ils restaient sur leurs préjugés et autres idées erronées alors tant pis pour eux. Lady Mary ne souhaitait pas perdre son énergie inutilement pour essayer de convaincre des imbéciles. Heureusement, Annabeth était de ces personnes qui se servaient de leur tête. Cela n'enlevait rien à la méfiance qu'elle pouvait ressentir quant à ce nouveau venu mais elle laissait de côté cette histoire de sorcier. D'ailleurs, elle se fendit d'un petit rire discret lorsque Hyriel évoqua le fait de parler tout bas et de ne pas voler dans les airs. Il ne manquait pas d'un certain sens de l'humour et ce n'était pas pour lui déplaire.
"Hum, vous savez faire de l'esprit, c'est bien. Cela fera certainement du bien à Lady Mary de côtoyer quelqu'un comme vous."
Lady Annabeth préféra rester évasive à ce sujet et se garder de s'épancher sur le moral et l'état d'esprit de sa maîtresse à un parfait inconnu. Hyriel avait réussi à la rassurer en usant de son sourire et elle n'y voyait là aucun masque. Mais c'était une jeune femme innocente...cette dernière se contentait de répondre aux sollicitudes de sa maîtresse et amie de toujours.
Se tournant légèrement vers le guérisseur pour juger de sa démarche, Beth opina du chef pour valider la discrétion dont faisait preuve le nouveau venu. C'était parfait. Plus lent, mais faire profil bas était ce qui primait sur toutes les autres choses. "Votre démarche est parfaite. Vous savez, Lady Mary prend énormément de risques en vous faisant venir ici alors je vous remercie des efforts que vous faites. A dire vrai...je le confesse, je ne pensais pas que vous faire venir ici fonctionnerait. Mais visiblement je me suis trompée. J'en ai honte. Mary est quelqu'un de déterminée vous vous en rendrez vite compte...au poing de ne pas se rendre compte qu'elle se met en danger."
Également assurée par le signe de croix que le guérisseur venait de faire, Beth se décida à aborder le sujet de la sorcellerie. Ce n'était pas anodin comme accusation. Était-ce simplement lié à son infirmité? "Hyriel, pourquoi vous accuse-t-on d'être un sorcier? Cela ne me regarde probablement pas mais vous avez l'air d'être un bon chrétien...est-ce uniquement à cause de vos jambes? Ou bien grâce au miracle que vous avez fait avec ce petit garçon? Lady Mary m'en a beaucoup parlé une fois que la rumeur a atteint ses oreilles."
Pendant ce temps, Lady Mary avait pris la direction de la chambre de son père une fois son bain terminé. Délassée et revigorée, la jeune femme se sentait d'attaque pour aller affronter son père. Ce dernier ne l'avait jamais porté dans son coeur et depuis qu'il était malade, sa véhémence envers elle n'avait fait qu'augmenter. Il n'essayait même plus de le cacher à ceux présents dans la pièce où il logeait la plupart du temps maintenant. Officiellement, c'était la maladie qui le faisait agir de la sorte mais officieusement, c'était parce qu'il ne prenait plus la peine de faire semblant avec elle. Car Mary n'était pas sa fille. Elle était la bâtarde de sa femme, le fruit d'un adultère. Peu de personnes étaient au courant pour elle car le nom des Talbot devait rester sans bavure.
Mary de son côté, avait toujours aimé et admiré ce père qui n'avait toujours eu pour elle que de l'indifférence. Elle n'était qu'une bâtarde mais pourtant, James Talbot l'avait reconnu, offrant protection et éducation. Alors par esprit de loyauté et en espérant que et homme l'aimerait un peu plus, la jeune femme s'était toujours montrée dévouée et irréprochable. Et ce malgré toutes les déceptions et indifférences que le duc lui renvoyait à la figure. Les gardes postés devant la porte de la chambre du duc la laissèrent entrer. A l'intérieur se trouvait Judith Talbot, sa mère. Celle-ci était en train de faire boire un breuvage à son époux.
"Oh te voilà ma chère enfant." murmura la duchesse à sa fille. Elle l'aimait profondément. Mary était le fruit d'un amour véritable et pour rien au monde, elle lui tournerait le dos.
"Oui mère, je viens vous seconder. Vous devez être épuisée, allez vous reposer, je vais prendre le relais."
Mary laissa glisser un regard sur son "père" et son coeur se serra. Plus les jours passaient et plus il lui semblait que cet homme perdait de sa superbe. Il maigrissait à vue d'œil, semblait fébrile et pâle comme la mort, avait les pupilles dilatées.
"James ne mérite pas l'affection que tu lui portes ma fille. Mais, c'est admirable. Bien, essaie de le faire manger un peu. Je lui ai donné le breuvage que le médecin m'a donné. Il est calme pour l'instant mais si cela devient compliqué, n'hésite pas à demander aux gardes d'aller chercher le docteur."
James était somnolent pour l'instant. Il semblait...absent, regardant dans le vague. Couvant sa mère du regard, la belle regarda sa mère s'éloigner et quitter la pièce avec le verre contenant ledit breuvage. Une fois seule, Mary entreprit d'essayer de faire manger son père. Un potage clair fait à base d'une carcasse de poulet et quelques légumes réduits en purée.
"Père, buvez un peu...il faut reprendre des forces."
Toujours absent, James s'humecta les lèvres dans le potage puis refusa la cuillère. Soupirant, Mary reposa le tout et alla tendre l'oreille à la porte pour voir s'il y avait de l'agitation derrière. Tout semblait calme. Puis, elle se dirigea prestement vers une porte dérobée qu'elle ouvrit dans un grincement que seules les personnes présentes dans les coursives pouvaient entendre. Ce grincement justement, parvient aux oreilles entraînées de Lady Annabeth, c'était le signal. Interpellant Hyriel, elle l'invita à la suivre jusqu'à la chambre du duc de Norfolk. "Suivez-moi Hyriel, lady Mary nous attend dans la chambre du duc. Vous allez enfin pouvoir le rencontrer et juger de son état."
Dans la chambre attendait Mary propre comme un sou neuf. Elle avait troqué ses vêtements simples pour une toilette convenant plus à son rang. Ses longs cheveux blancs étaient lâchés, deux simples tresses encadrant simplement sa tête. Elle portait une robe de velours bordeaux brodée de fils d'or. C'était ses couleurs. "Lady Mary? Nous sommes là."
La jeune noble les invita à entrer et à Hyriel à s'avancer vers son père.
"Hyriel, je suis heureuse de vous revoir. Merci infiniment Annabeth, vous pouvez nous laisser. Voici le duc de Norfolk. Comme vous pouvez le voir, il n'est pas au meilleur de sa forme. Pourriez-vous l'examiner s'il vous plaît?"