[Univers 3] L'amour porte deux masques, mais il y a toujours le même visage dessous (Rein)
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Clionestra
Mar 24 Sep - 9:46
Douglas Berrygreen
J'ai 18 ans et je vis à Londres, Angleterre. Dans la vie, je suis étudiant en médecine et je m'en sors bien. Sinon, grâce à ma malchance, je suis marié et je le vis plutôt mal, amoureux d'un ange du passé, et devenu l'élève d'une belle-fille qui chamboule ma vie. → Dernier fils du duc de Berrygreen. → Il est jovial, charismatique, marrant et enthousiasme. Ainsi qu’un peu enfantin. → Il a peur de son père et ne supporte pas la violence qui le renvoie à l’époque où il a vue son frère se faire frapper. → Il a une peur du sang → Pourtant, il aimerait être médecin, spécialisé dans l’accouchement et les saignements des femmes. → Sa nourrice est mort quand il avait 6 ans en accouchant dans leur manoir dans une marre de sang → Il est très têtu et n’hésite pas à faire plusieurs kilomètres pour trouver une réponse à une question. → Il n’hésite pas à dire ce qu'il pense. Il a toujours été protégé par ses frères, et il le sait. → Il aime tous les sports non violent. Comme la natation et l'escalade, surtout, mais aussi les jeux d’équipe comme le football.
Tétanisé, la main contre sa nuque se contracte, plantant ses ongles courts dans sa peau en myriade de petites griffures. Douglas respire le plus lentement possible. Son corps et son âme sont figé dans la position exacte où il était avant que l’étau démoniaque ne l’approche. Il sent la bile au fond de son estomac qui boue de vouloir sortir par sa bouche pour se répandre dans l’air. Sauf qu’il ne peut rendre tout de suite son déjeuner sans risquer plus gros encore.
Son père finit par faire une caresse sur la peau, que quiconque verrait comme un geste de tendresse paternel, mais Douglas sait la vérité. Cette action est là pour lui prouver que la moindre torsion de son poignet pourrait lui briser la nuque et fait s’envoler sa vie.
Tout de suite, il n’est pas sûr que cela ne soit pas pour le mieux. Sa respiration se saccade un instant, mais il reste courageux en avalant un peu plus d’oxygène. Il pense au chemin que fait les atomes dans son corps pour pouvoir faire fonctionner ses muscles. Comment le corps change les particules pour en faire de l’énergie. Tétanisé, certes, il arrive à reprendre contenance en imaginant à tout ça. Et à son ange.
Quand son père est auprès d’eux, les torturant de leur présence douloureuse…, alors il ne peut pas faire de mal à autrui. Son ange est quelque part, sauvé de l’existence de cet homme. Même si Douglas sait que rien ne peut empêcher le mal de se répandre. Après tout, Benedict est porté disparu à la guerre, laissant l’héritage du titre à Ethan. Rose est toujours dans sa pension, loin de tous et loin de se douter de cette pression que leur père exerce sur ses frères. Benedict reviendra, Douglas le sait. Il sent au fond de son cœur que son frère ne sera que perdu dans les méandres de son esprit, un temps, et blessé, surement, mais qu’il reviendra comme l’âme protecteur qu’il a toujours été. Ethan évite de se mêler pour le moment, des affaires de leur père, laissant un pseudo-deuil, dont il ne croit pas non plus, pour repousser les « leçons » de gestion avec son père. Il sait déjà tout faire.
Benedict disparu, le statut des frères change… Ethan a eu la visite de leur père hier, et Douglas avait réussi à s’enfuir et se cacher. Ethan passe du second hériter, au premier. Douglas passe de meuble à second hériter… Howard Berrygreen a toujours eu des difficultés à considérer son fils comme tel. Pour le grand bonheur de Douglas qui n’a alors eu le droit qu’une fois au fouet, et à des marques qui se sont depuis longtemps évanoui. Maintenant, la main sur son cou qui se resserre lui rappelle que l’aura protecteur de Benedict est trop loin… et Ethan n’a pas la même amplitude d’action avec son nouveau poste d’héritier ducal.
- Douglas, mon cher fils, fit la voix sifflante de Howard, comme un serpent qui entoure la gorge de sa victime avant de l’étouffer. Maintenant que Benedict est mort… - Il ne l’est pas, murmure-t-il mais Howard le sentit à travers ses doigts qu’il serra un peu plus. - Maintenant qu’il est disparu, si tu le souhaites, tu deviens le second héritier… et il faut que tu donnes un coup de main pour garder le duché hors de l’eau.
Douglas doute que le duché coule. Et non pas à cause de Howard dont les malversations biens cachés et les échanges douteux auraient pu coûter l’intégrité même de leur nom de famille. Non. Benedict a coupé dans les partenariats, il a trié ceux qui resteront avec eux ensuite, à la mort de Howard et ceux qui iront en prison, preuve à l’appuie. Benedict a garanti une demeure pour chaque enfant, ainsi qu’une dot pour Rose et des fonds pour chaque frère. Si demain, Douglas décide de partir, il le peut. Il est majeur après tout, depuis un mois maintenant. La main de son père fait une caresse nouvelle qui parcoure le corps de Douglas comme un courant électrique malveillant. Il frissonne et il sait que son père le remarque.
- Il faut que tu te maries, mon cher. Et avec une personne qui rapportera beaucoup d’argent à ton ainé… ou du moins, assez pour qu’il ne puisse pas avoir à s’occuper de toi.
Un sourire mauvais sur les lèvres, Howard ressent un élan de colère contre l’existence même de cet être qui lui a volé l’affection de sa fille pendant des années. Il serre un peu plus pour sentir le cœur du garçon battre. Il a trouvé une technique tout à fait adéquate pour lui rappeler sa place dans la société. Qu’une merde qu’il utilise. Il serre son cou. Il le voit tressaillir.
- Demain, tu rencontreras Lady Katherine. Elle est un peu vieille, mais bien conservé. Si je n’étais pas sûr de me faire rabrouer, j’aurais proposé ma candidature pour la posséder. Elle a toujours refusé. Mais toi, elle a tout de suite accepté qu’elle t’appartienne. Cela doit être ton joli visage de poupon.
Doucement, trop tendrement pour être une caresse bienveillante, Howard remonte le visage de son fils. La folie est dans ses yeux alors qu’Howard travers la peau de son plus jeune enfant.
- J’ai envie de t’arracher cette peau si douce, tes yeux si intenses, de casser ce nez qui ressemble tant à celui de ta sœur. Soit heureux que cette femme veuille de toi, vue les envies qui me prenne à te voir.
Et avant qu’il ne puisse répondre, d’ailleurs qu’aurait-il pu dire ?, son père le frappe dans le ventre ce qui le courbe de douleur. Howard partit sans un regard vers Douglas qui finit sur le sol. Il sent la main de son frère sur son dos au moment même ou il arrive à trouver un vase pour vomir dedans. Il vomit et pleure. Benedict ne doit pas être mort. D’ailleurs, Elizabeth, sa femme promise, à disparu elle aussi. Certains pensent qu’elle est parti le chercher en Amérique, ce qui serait un peu stupide, mais pourquoi pas. Douglas vomit encore alors qu’Ethan le rassurer silencieusement.
Dans la journée qui suivit, Tristan Middletown, frère d’un marquis que personne n’aime, vient les voir. Il donne à Douglas toutes les informations nécessaires pour connaître Lady Katherine avant de la rencontrer. Elle est trop vieille pour porter un enfant, avec des rumeurs sur son compte, meilleure amie avec sa femme de chambre depuis des années. Son frère est un connard qui n’aime pas ses filles de la même manière. En gros, Douglas passe de la peste au choléra dans une question de milieu familiale. Cependant, et quand on connait Tristan c’est un plus, il semblerait qu’elle soit une bonne personne. Elle a accepté d’héberger et d’éduquer une de ses nièces pour pouvoir la montrer en société à la place de son père. Ainsi, il va pour se marier et être le tuteur, puisque ce sont les hommes qui ont les droits dans ce pays, d’une gamine ? Douglas vomit encore.
Logan passe aussi dans la journée. Dans une subtilité tout à lui, il lui rappel comment on peut tuer sans que cela ne soit prouver, et de l’appeler en cas de problème médical ou de problème d’assassinat. Le terme fut tellement utilisé de la même manière que le soin que Douglas en rigole. Il laisse tout le monde partir et rejoint son frère. Ethan est derrière le bureau de Benedict. Douglas n’a pas besoin de demander pour savoir qu’il aimerait être partout ailleurs que dans les chaussures de leur ainé. Il s’assoit et en silence fini par l’aider.
- Il va revenir, fait-il après plusieurs heures de paperasse administrative. Douglas n’a jamais réalisé avant ce jour combien Benedict est organisé pour arriver à faire tout ça alors même qu’il n’est pas duc encore. - Je sais. - Alors pourquoi tu es silencieux ? - Je le suis toujours, fait-il remarquer. - Pas comme ça.
Ethan se retire en arrière, pose son dos contre le dossier de la chaise et regarde son frère dans les yeux. Il cherche ce qu’il croit devoir trouver.
- Benedict est porté disparu depuis cinq mois. - Ce qui n’est rien, il reviendra. - Et en cinq mois j’ai réussi à foutre en l’air sa comptabilité, et à laisser mon frère se marier de force à une femme dont il n’est pas amoureux. - Tu as toujours dis qu’être amoureux de mon ange, c’est stupide. - Je n’ai jamais dis ça. - Tu l’as pensé, je lis dans tes yeux. Et puis, cette Lady Katherine, elle ne me semble pas méchante. On pourra trouver un compromis. Je lui expliquerais que je suis là pour être avec elle, et je suis sûr que je finirais par ressentir de la tendresse pour elle. - Et si ton ange apparait ? - Je suis un gentleman, mon frère. J’appartiens même au cercle secret des gentlemans ! Alors, je serais fidèle à mes vœux. Tu peux me faire confiance. Je ne briserais pas la réputation de la famille. - C’est de ton cœur qui risque de se briser.
Douglas n’a jamais vue son frère Ethan aussi… ainsi. Il finit par le prendre dans ses bras et il ressent alors qu’il en a besoin. Il n’a plus eu de câlin pour se rassurer depuis longtemps… et souvent, c’est lui qui prends, il ne donne pas. Il câline alors et essaie de lui faire ressentir sa force et sa détermination.
*
Le mariage fut rapide. Si on parle de mariage pressé, celui-ci frapper tous les records. Quand il était arrivé pour rencontrer Edward Radcliffe et sa sœur, on l’a tout de suite fait venir dans le salon pour lui faire signer de papier. Un prêtre lui dit qu’il est marié et tout le monde reparti à ses occupations. Edward Radcliffe lui fit le tour du domaine, avant de se rapprocher de trois femmes qui prenait un thé dans le jardin.
La première est sa femme. Une vieille femme, dans une fleur d’âge, qui reste pourtant resplendissante. Elle a un sourire niais vers une autre dans le même âge et ce regard de tendresse que l’on rêve tous de sentir un jour. Entre elle, une jeune femme à l’allure un peu sauvageonne et qui parle avec entrain d’un sujet dont il ignore tout. Il la trouve belle. C’est rare qu’il trouve une femme belle sans en faire une comparaison avec son ange, mais pour une fois cela arrive. Il s’approche et Edward lui présente sa femme. La nouvelle Katherine Berrygreen. Vue le rictus de colère qu’elle lance à son frère, elle n’apprécie pas d’être devenu ainsi une femme marié sans avoir eu son mot à dire, pour la troisième fois. Douglas s’approche et se penche vers ses doigts avec douceur.
- Milady. Je suis ravie de vous rencontrer et de passer le reste de ma vie avec vous. - Foutaise, répond-t-elle entre ses dents mais il fut le seul à l’entendre.
Douglas eu l’impression qu’un voile de peur et d’appréhension passe dans ses yeux. Aussi, les deux autres maris que son frère adoré lui a trouvé étaient des gens mauvais. Ils ont du lui faire du mal. Il finit par prendre la main de Madeleine, pour lui faire la même salutation distinguée. Quand il va pour prendre celle de Bree, il se fait arrêter par Edward.
- Ce n’est qu’une domestique, elle n’a pas à avoir de salutation, mon cher beau frère.
Douglas observe la femme qui semble tout aussi triste que les pierres, une fois qu’il fut arrivé. Il ne sait pas pourquoi, mais ça l’attriste et l’atteint en plein cœur. Il décide de faire une accartade et de lui prendre la main pour la baiser de la même manière que les deux autres femmes.
- Mademoiselle, souffle-t-il inconscient de son charme même pour une personne qui n’aime pas le sexe opposé, je suis entre vos mains expertes alors. Il va falloir me faire rencontrer la maisonnée.
Il sourit, un sourire de canaille qui prouve qu’il fait toutes les choses avec exactement les réactions qu’il veut. Il sourit et retourne vers Edward. Ce dernier lance un regard étrange et lacérant vers celle qu’il a présenté comme Madeleine, sa fille qui sera sous la protection de Katherine et lui. Sans attendre, il se met entre eux. Il reconnait un regard vicieux quand il en voit une. Son père a le même quand il regarde Rose, et cela n’arrivera pas avec lui dans les parages. Si son père le tétanise, ce n’est pas le cas des autres êtres malsains qu’il rencontre. Il lui fait un signe de partir, maintenant qu’il est dans sa maison. Edward part, non sans rajouter le fait qu’il va en tenir rigueur à Howard pour avoir été chassé ainsi. Douglas soupire et se retourne vers l’assemblée des trois jolies femmes.
- On respire un peu mieux quand on est moins nombreux, ne trouvez-vous pas ? Je préfère recommencer ma présentation, si vous le voulez bien. Milady, et il fait une révérence, je suis Douglas Berrygreen. Votre nouveau mari pour l’une, votre tuteur légal pour l’autre et simplement un employeur pour la dernière. Avez-vous des questions dans cette situation -Ô combien étrange- dans laquelle des hommes qui pensent tout savoir mieux que tout le monde nous ont jetés ?
J'ai 20 ans et je vis à Londres, Angleterre. Dans la vie, je suis aussi libre que le vent et je m'en sors bien. Sinon, grâce à ma chance, je suis célibataire, mais mon nouveau tuteur chamboule mon cœur. - Elle est la fille illégitime de son père et d'une prostituée française - Elle n'a que faire de l'étiquette et du protocole et vit à contre-courant de la société. - Elle aime la poésie, mais déteste l'arithmétique. - Elle n'est pas du genre à avoir la langue dans sa poche et elle n'hésite pas à en venir aux mains, elle est d'ailleurs très fière de son crochet du droit, qu'elle a hérité de son père.
Madeleine Radcliffe n'avait de cesse de se retourner dans son lit, agacée par son incapacité à trouver le sommeil. Parfois, des soupirs las ou des râles exaspérés lui échappaient. "Foutues insomnies !" Oui, plus Madeleine y réfléchissait, moins elle arrivait à s'y faire. Depuis son arrivée chez sa tante, Lady Katherine Smith, elle ne pouvait s'empêcher d'éprouver un sentiment grandissant de culpabilité face à sa présence ici : appelons cela le syndrome de l'imposteur. Cela pouvait paraître stupide, mais Madeleine n'arrivait pas à se faire à tout ce luxe que lui offrait sa tante. Certes, elle avait été témoin de l'opulence indécente dans laquelle vivait sa famille, mais son père, Edward, avait toujours éprouvé un malin plaisir à l'en priver !
Dès sa venue au monde, Madeleine avait été punie pour le simple fait d'exister. Elle, l'enfant de putain. Elle, la bâtarde du vicomte. Elle, l'illégitime. Son père n'avait jamais manqué une seule occasion de lui rappeler sa condition d'être « inférieur » ; car Edward Radcliffe vouait à sa fille une haine viscérale. À dire vrai, Edward avait toujours haï Madeleine aussi ardemment qu'il la désirait, car sa beauté n'était pas sans cruellement lui rappeler les traits de sa défunte mère, Marianne, une prostituée française ensorcelante qui avait vécu dans les bas-fonds de Londres et y était morte seule en donnant naissance à sa jolie tête blonde.
Cependant, contrairement à Howard Berrygreen, Edward s'était interdit une luxure décadente. Il avait choisi la violence pour apaiser son obsession dévorante pour sa propre fille. Ainsi, Madeleine avait été battue et humiliée, tout ça sous l'œil indifférent du reste de sa famille. On l'avait isolé des autres, dans une chambre de bonne, sous les combles, plus loin encore que le quartier des domestiques. Jamais, Madeleine n'avait été autorisée à partager un repas avec sa famille. Sa belle-mère s'y opposait fermement - non pas que quelqu'un ait un jour exprimé le souhait d'avoir Madeleine à table, car ses frères et sœurs, eux, s'étaient réjouis du malheur de celle qu'ils considéraient comme la honte de la famille. Ainsi, Madeleine se contentait des miettes qu'on concédait à lui céder, allant des restes de somptueux repas, cachée dans les cuisines, aux vieux vêtements usés et reprisés.
Oui, la jeune femme avait grandi dans le mépris et la violence la plus totale, mais si beaucoup se seraient découragés et résignés face au destin, tout cela n'avait fait qu'attiser le feu ardent qui la consumait. Forte d'un caractère explosif et bien trempé, la bâtarde du vicomte s'était toujours refusée à l'apitoiement. Si on refusait de la nourrir, Madeleine se servait dans les cuisines. Si on refusait de l'habiller, Madeleine récupérait des vêtements oubliés au fond d'un tiroir pour les ajuster à sa taille. Si on lui brisait les côtes à coup de canne, Madeleine rendait la pareille. Si on l'insultait, Madeleine répondait d'un langage plus fleuri encore.
Œil pour œil, dent pour dent.
Et Edward Radcliffe en avait eu assez. Sa sauvageonne de fille ne lui attirait que des ennuis. Qu'avait-il bien pu faire pour mériter une ingrate pareille ? Il s'était posé la question à voix haute, un jour. Malgré elle, Madeleine avait éclaté de rire. Elle avait pris un malin plaisir à lui rappeler qu'il avait rompu ses vœux pour les jolies jambes d'une fille de joie. Elle lui avait rappelé qu'il l'avait engrossé et l'avait abandonné sans se retourner. Puis, elle avait terminé en ajoutant qu'il n'avait, par conséquent, que ce qu'il méritait. Edward, fou de rage, l'avait tant battu qu'elle en avait été méconnaissable. Par la suite, comme on disposait d'un tas vulgaire d'ordure, il l'avait jeté dehors.
Katherine l'avait recueilli, furieuse d'apprendre de la bouche de parfaits étrangers que sa nièce errait dans les rues miteuses des bas-fonds de Londres. Cette générosité caractéristique de Katherine, qui considérait Madeleine comme sa fille, n'avait pas étonné Madeleine. Elle savait que c'était exactement ce qu'il se passerait si Katherine venait à apprendre qu'Edward l'avait renié. Et elle ne voulait pas l'accabler. Elle ne voulait pas devenir un fardeau, mais Katherine ne lui avait pas laissé le choix. Elle avait pleuré, brisant le cœur de Madeleine. Elle l'avait supplié de venir vivre chez elle, la savoir dehors la rendait malade. Elle n'en dormait plus. C'était insoutenable. Bree, dont les yeux trahissaient toute l'affection qu'elle portait à Katherine, avait à son tour conjuré Madeleine de les rejoindre...
Comment refuser ? Madeleine n'en avait pas eu le courage, et pourtant, elle se sentait plus à sa place dans la rue que chez Katherine. Le confort, la sécurité, l'attention maternelle... On l'en avait toujours privé et voilà que, désormais, tout cela lui était servi sur un plateau d'argent. Non, Madeleine n'arrivait pas à s'y faire. Oh, elle n'était pas ingrate. Elle savait qu'elle devait tout à Kate et Bree, mais elle n'arrivait pas à accepter cette nouvelle normalité. Cela ne l'empêchait pas d'être reconnaissante et aimante, loin de là. Seulement... Madeleine était un rayon de soleil insaisissable.
Elle n'obéissait qu'à elle-même.
Elle ne vivait que pour elle-même.
Et personne n'arriverait jamais à la soumettre.
Madeleine se répéta ces mots en boucle, comme une prière silencieuse, un voile de protection, un mantra... Oui, elle ne pouvait compter que sur elle-même. Elle ne pouvait pas se reposer sur Kate et Bree qui souffraient déjà assez de devoir vivre leur amour à l'abri des regards indiscrets. Madeleine n'était pas dupe. Elle avait des yeux. Et des oreilles ! Et la distance qui séparait sa chambre de celle des deux femmes n'était pas suffisamment grande pour dissimuler l'éclat de leurs rires complices, le silence de leurs baisers et la chaleur de leurs ébats. Bree avait sa propre chambre, en face de celle de Katherine, comme son égale, mais elle n'y dormait jamais.
Stefan, le majordome en chef de la maisonnée, dormait au bout du couloir où Madeleine avait sa chambre. Malgré son masque de pierre, Madeleine appréciait grandement la compagnie de Stefan. Ils discutaient simplement, presque comme des êtres égaux, eux aussi. Ils se chamaillaient, aussi, comme de vieux amis. Peut-être Stefan ressentait-il que Madeleine avait l'impression de ne pas être à sa place ? Peut-être sentait-il qu'elle avait passé quelque temps dans la rue avant d'attérir ici ? Madeleine ne se rappelait plus la manière dont leur amitié avait commencé, mais elle était heureuse de l'avoir dans sa vie.
Alors, comme beaucoup d'autres nuits, elle quitte la chaleur de ses draps pour le rejoindre dans son lit. Pas comme une femme rejoint son amant, mais comme une âme perdue venue chercher du réconfort. Elle ne dit rien. Elle ne pleure pas. Elle se glisse dans son lit, se blottit dans ses bras et s'endort contre lui. Ils ne s'aiment pas. Pas comme ça. Ils n'ont même jamais échangé un regard tendancieux, encore moins un baiser ou une caresse. Mais Stefan est là. Il ne la rejette pas. Ses doigts dans ses cheveux la rassurent et lui offrent enfin le repos qu'elle désire.
*
Madeleine, debout sur l'unique balançoire qui pend sous le vieux saule du jardin, se balance au rythme du vent. Elle observe Stefan faire des aller-retours. Il s'assure que tout est parfait. Et tout l'est forcément, car Stefan est l'homme le plus pointilleux de toute l'Angleterre. Elle se mord la lèvre devant les larmes de Kate et saute de la balançoire pour courir jusqu'à elle. Elle l'enlace, remarque la tension qui agite les épaules de Bree, et lui tend les bras à son tour. Les deux femmes sanglotent. Leur peine est immense. Trop grande pour être contenue. Quoi de plus normal, me direz-vous, quand on vous oblige à épouser un homme alors que votre cœur bat pour la même femme depuis des années. Madeleine tremble d'une rage froide. Elle aurait dû tuer Edward pour étouffer le mal dans l'œuf. Ainsi, elle aurait été la seule à souffrir. Mais Madeleine se moque bien de souffrir. Pour elle, ce n'est pas grave. Mais pas les autres.
Pas Kate.
Pas Bree.
Pas Stefan.
Edward, lui, se pavane. Il commande Stefan. Il ordonne. Non, il aboie. Puis, il se réjouit. Il rayonne, même, et se flatte d'avoir été capable de marier sa petite sœur à un Berrygreen. Certes, Katherine n'est pas en phase de devenir la femme de l'héritier du titre, mais le troisième fils, ce n'est pas rien ! Ce n'est pas un cousin, un oncle ou tout autre parent éloigné. Douglas Berrygreen reste un descendant direct de Howard Berrygreen. Le deuxième, même, puisque l'héritier en titre est porté disparu ! Ainsi, il n'y avait plus qu'Ethan Berrygreen pour faire obstacle aux rêves de gloire et de grandeur d'Edward Radcliffe. Mais patience est mère de vertu. Sept ans, oui, sept petites années, sans que Benedict refasse surface et il proposerait la main de Madeleine à Ethan. Il comptait d'ailleurs sur l'appui de Douglas dans cette entreprise, étant donné que Madeleine devenait officiellement sa belle-fille en signant le contrat de mariage l'unissant à Katherine...
Ni Katherine, ni Bree, et encore moins Madeleine, n'assistèrent à la signature des papiers relatifs au mariage. Désormais, Katherine perdait ses droits de tutrice légale sur Madeleine, droits que son mari, Douglas, lui arrachait du fait de sa supériorité dans leur relation conjugale. Oh, Edward se réjouissait grandement de voir sa sœur aînée être privée de tout ce qu'elle avait construit... Tout, ou presque. Ses terres, sa maison, ses comptes, ses employés, Madeleine... Tout ça appartenait à Douglas, maintenant, que ce dernier l'accepte ou non.
Mais il n'arriverait rien à Madeleine. Katherine s'y opposait fermement. S'il fallait la confier à Stefan au milieu de la nuit et leur ordonner de fuir pour échapper à un destin cruel, Katherine n'aurait aucun scrupule à le faire. Elle avait d'ailleurs demandé à Stefan d'épouser Madeleine et d'en faire sa duchesse, le cas échéant. Il lui avait juré que oui : il l'épouserait s'il était amené à fuir avec elle. Madeleine serait protégée. Elle aurait un toit sur la tête et des repas chauds. Bree, le dos droit, serra la main de sa douce avec force. Tout cela était inutile, mais ça rassurait Katherine. Ainsi, elle avait conscience que sa femme gardait un tant soit peu de contrôle sur la situation. Oui, elles surmonteraient cette épreuve. Ensemble. Rien ne viendrait ébranler leur amour.
Jamais.
*
L'atmosphère est pesante, diablement pesante, tellement pesante que Madeleine ne peut s'empêcher de combler ce silence assourdissant par différents sujets de conversation. Alors, elle parle. Elle parle du beau temps, des fleurs qui poussent dans les jardins, des légumes du potager, du dernier livre qu'elle a dévoré, de ses leçons de danse en compagnie de Stefan - bien loin de celles que partagent Mary Bennett & Douglas dans un autre univers... Elle parle sans interruption ou presque.
Katherine se fige en apercevant Edward et Douglas, qu'elle sait être devenu son mari, et Bree baisse la tête pour dissimuler les larmes qui montent jusqu'à ses yeux. Madeleine comble le vide, encore. Elle ne sait même pas de quoi elle parle avant autant d'entrain, mais elle le fait. Toutes stoppent leur échange alors que les deux hommes se présentent à elles et Madeleine dévisage son père avec une hostilité à faire pâlir le plus brave des hommes. Elle renifle avec dédain avant de porter son attention sur Douglas. Elle le toise, le sonde du regard et le laisse glisser sur le jeune homme jusqu'à remonter sur ses traits séduisants.
Le jeune homme salue sa femme avec élégance, et, à la surprise générale, il en fait de même avec Bree. Douglas fait fi des indications d'Edward. Il offre à Bree les mêmes égards qu'à sa femme et le regard de Katherine s'adoucit. Bree, touchée, hoche la tête en signe de remerciement. Madeleine pouffe, visiblement proche de l'hilarité. Elle sait que son père enrage. Oui, son visage en cet instant n'a pas de prix. Ses mèches blondes dansent autour de son visage, rehaussant le bleu de ses yeux rieurs, et le regard d'Edward se voile. L'espace d'une seconde, il jurerait que Marianne lui fait face. Oh, comme il aurait aimé que cela soit vrai. Il lui aurait fait l'amour. Il lui aurait dit qu'il regrette, et il l'aurait enfermée, encore, pour la garder jalousement. Personne ne lui aurait volé sa précieuse Marianne. Pas même Madeleine. Pas cette fois.
Cette dernière veut détourner le regard. Elle veut fuir les fantasmes décadents de cet homme abject. Ici, elle est en sécurité. Pourtant, elle veut le frapper pour oser lui imposer ses vices. Rien ne l'oblige à soutenir ces yeux vitreux, toutefois, ils la tétanisent. Alors, discrètement, elle attrape un pan de la manche brodée de Stefan. Personne ne le remarque, et c'est tant mieux, car ça lui permet de ne pas perdre contenance sans alarmer Katherine et Bree.
Mais Douglas s'interpose. Madeleine sursaute. Ses doigts quittent l'étoffe du majordome sous le coup de la surprise. Elle cille, remonte son regard le long du dos de son nouveau tuteur, et elle reste silencieuse, en admiration. A-t-il deviné ? Non, sans doute pas. Qui se mêlerait d'un truc aussi sordide ? Personne ne se mouillerait pour une inconnue. Et pourtant, elle sent son cœur palpiter délicieusement dans sa poitrine. Edward se renfrogne. Il s'insurge tandis que Stefan l'escorte hors du domaine sans aucun ménagement. Il y va trop fort, Madeleine en a conscience, mais elle espère tout de même qu'il lui cassera « malencontreusement » un bras sur le chemin.
"Il l'a flanqué dehors..." souffle-t-elle avant de se lever d'un bond en manquant de renverser la table. Le service à thé, lui, retombe lourdement dans un fracas dissonant. "Vous avez vu ?! Il l'a flanqué dehors !" Elle éclate d'un rire franc et bienheureux en tournoyant sur elle-même. Ses mains attrapent celles de Douglas, qu'elle serre avec émotion. "Merci !" Sourit-elle, visiblement radieuse. Oh, elle rayonne comme jamais. Puis, d'un geste élégant, elle se retourne vers Katherine et Bree, trop occupées à glousser face au naturel désarmant de leur protégée. "Je suis à deux doigts de l'appeler papa, hein." S'ensuit une hilarité générale.
Une fois calmées, c'est bras dessus-dessous que les trois femmes écoutent le jeune homme, un sourire sur les lèvres. Katherine s'incline et se présente en bonne et due forme. Elle est bien décidée à garder le contrôle de sa vie amoureuse.
"Lord Berrygreen, vous êtes ici chez vous... En revanche, lorsque vous aurez du temps à m'accorder, j'aimerais m'entretenir avec vous en privé." Bree, opposée à l'idée que Katherine ne dévoile leur relation à un parfait inconnu, perd son sourire. Elle blêmit et serre la main de Madeleine dans la sienne en guise de réconfort, mais c'était sans compter sur la franchise de cette dernière. "Si on a le droit aux questions, je commence. Katherine et Bree s'aiment et sont amantes, ça te dérange ?" Bree semble littéralement se décomposer. Elle donne un coup de coude à Madeleine qui la regarde sans comprendre. "Bah quoi ? Il a demandé si on avait des questions. Ça, c'est ma première question !" Katherine, beaucoup moins étonnée par l'excentricité légendaire de son adorable nièce, plonge son regard dans celui de Douglas. "J'aurais amené le sujet moins brutalement, mais Madeleine a raison." Bree s'étouffe. "Katherine !" Madeleine, on ne peut plus sérieuse, se penche sur Douglas. Doucement, ses doigts lui relèvent le menton. Elle sonde son regard à la recherche du dégoût, du dédain ou de toute autre émotion répréhensible face à une annonce aussi belle, mais il n'y a nulle trace de ressentiment dans les prunelles du jeune homme.
- Je crois que ça ne le gêne pas. - Madeleine, tu ne peux pas être aussi tactile avec un jeune homme de ton âge, et de haut rang, de surcroit ! - Pourquoi pas ? Ce n'est pas n'importe quel homme, certes, mais c'est mon tuteur. On est de la même famille, maintenant, non ? - Justement... Commence Bree avant que Katherine ne l'interrompe, une lueur indescriptible dans le regard. Son amante la fixe sans comprendre avant de reposer son regard sur les deux jeunes gens devant elles. Oh. Les prémices d'un amour naissant. Un amour à sens unique, certes, mais de l'amour, malgré tout. Madeleine s'éloigne de Douglas en haussant les épaules de cette manière si caractéristique qui est la sienne. Elle rétablit une distance décente entre eux en soufflant sur la boucle blonde rebelle qui obscurcit sa vision. - Je ne pensais pas à mal. Souffle-t-elle en croisant les bras sur sa poitrine d'un air boudeur. Bref. Si tu ne fais pas parti des hommes qui pensent tout savoir mieux que tout le monde, ça veut dire que tu es avec nous, non ? Que penses-tu réellement de ce mariage ? Moi, je refuse de me marier. Je veux être libre d'aimer qui je l'entends, sans que la société me dicte qui, quand, où et comment. En tant que mon tuteur légal, comptes-tu m'y contraindre ?
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Mar 22 Oct - 11:08
Douglas Berrygreen
J'ai 18 ans et je vis à Londres, Angleterre. Dans la vie, je suis étudiant en médecine et je m'en sors bien. Sinon, grâce à ma malchance, je suis marié et je le vis plutôt mal, amoureux d'un ange du passé, et devenu l'élève d'une belle-fille qui chamboule ma vie. → Dernier fils du duc de Berrygreen. → Il est jovial, charismatique, marrant et enthousiasme. Ainsi qu’un peu enfantin. → Il a peur de son père et ne supporte pas la violence qui le renvoie à l’époque où il a vue son frère se faire frapper. → Il a une peur du sang → Pourtant, il aimerait être médecin, spécialisé dans l’accouchement et les saignements des femmes. → Sa nourrice est mort quand il avait 6 ans en accouchant dans leur manoir dans une marre de sang → Il est très têtu et n’hésite pas à faire plusieurs kilomètres pour trouver une réponse à une question. → Il n’hésite pas à dire ce qu'il pense. Il a toujours été protégé par ses frères, et il le sait. → Il aime tous les sports non violent. Comme la natation et l'escalade, surtout, mais aussi les jeux d’équipe comme le football.
Univers 3:
► Benedict a disparu et Eli va le chercher ► Ethan ne veut se marier avec personnage mais va tomber sous le charme d'Eurydice ► Douglas est marié à Katherine et va tomber sous le charme de Madeleine une fois qu'il aura exorcisé son ange ► Kaya va essayer de se venger de Stefan, avant que ce dernier ne devienne roi (sans tuer personne de nos amoureux) ► Kyle et Rose vont avoir un rapprochement étrange
Le temps de réaction de la blonde est à la fois alarmant et adorable. Elle s’étonne et rit, pouffe devant le spectacle de son père qui se fait jeter dehors. Douglas étire ses lèvres en une expression complice. Oui. Il l’a flanqué dehors. Il n’aurait pu garder un homme qui l’empêche de saluer une personne convenablement, sous réserve que cette personne travaille pour lui. Les Berrygreen, moins le père qui est malheureusement le plus connu, font toujours attention à leur « petit gens ». Tout le monde l’ignore en rentrant au service des frères, mais personne ne désire ensuite se soustraire de leur travail. Les femmes de ménages sont heureuses de traverser le couloir en fredonnant parfois, le cuisinier adore parler de plats et de goûts avec qui veut l’entendre, le valet de pied et l’homme d’écurie n’hésitent pas à prendre une pause dans un coin autorisé. Sans aller jusqu’à être Kyle, -ce que Douglas trouverait trop compliqué-, ils ont toujours fait attention à ce que les gens soient heureux avec eux. Et ça commence par ne pas considéré qu’ils sont invisibles. Il faut avoir du respect, surtout que, Douglas le sait, certaines missions de ses domestiques lui seraient à jamais inaccessibles. Vraiment ? Nettoyer les draps à la rivière sans se jeter dedans ? Il ne voit pas comment cela pourrait être possible. Ainsi donc, les employés sont des humains, et les nobles qui ne pensent qu’à assoir une supériorité fictive et malvenue peuvent aller se faire voir. Il lui sourit à la jeune femme si excité par cette action. Il fait une pression sur ses doigts avant de faire une révérence.
- Milady, je suis ravie de vous avoir rendu heureux. Cependant, évitons les « papa » et les « Lord » je vous en pris. Appelez-moi Douglas. Ou Doudou…, il fait une grimace, à la limite « Monsieur ».
Il fait un signe à Bree.
- Cela vaut pour vous et les employés. Je me doute que cela ne sera pas effectif en public, mais de grâce, quand nous sommes en privé que cela soit fait.
Si on lui sort encore un Lord Berrygreen, il va manger quelqu’un. Il a du supporter Edward qui lui a répété son statut et son nom de famille. Heureusement, il n’est pas duc pour le moment, ni duc suppléant comme se fait appeler Ethan. Cela le rendrait dingue. Il fait un sourire serein à sa femme, et hoche la tête. Elle a tout le droit du monde pour lui demander de se voir en privé. D’ailleurs, il allait lui demander aussi, juste pour savoir qu’est-ce qu’elle désire pour la suite de leur… partenariat ? Quand Madeleine prend la parole, un grognement se fait entendre, mais pas de la part de Douglas.
- Le vouvoiement Madeleine ! s’insurge Stefan.
Il l’aime bien, cette folle furieuse. Mais elle doit tout de même faire honneur à sa tante en montrant le respect qu’il faut… Ce dont elle se fou totalement. Mais il faut lui rappeler. S’il l’autorise, avec lui, plein de diversion, c’est qu’il la considère comme une chose fragile. En réalité, la première fois où il l’a vu, il a pensé à une vagabonde qui se serait perdu. Si Katherine ne lui avait pas certifié qu’elle était sa nièce, il l’aurait foutu à la porte. Depuis, il la prit en pitié. Dans ses yeux, il voit la même souffrance qu’il a pu voir dans les yeux de Kaya à une époque maudite. Et Kaya, même si ce n’est qu’une traîtresse qu’il tuerait bientôt, ne méritait pas ce qui lui était arrivé dans la rue. Tout comme lui. Alors, il l’a prit sous son aile protecteur, tout comme l’a fait Katherine et Bree pour lui. Il a même proposé de tuer le mari de Katherine, encore. Il en a déjà tué deux, il n’est plus vraiment à ça prés. Cependant, celui-ci semble différent, en effet.
Douglas ne dit rien. Regarde la jeune femme à la langue pendue, avec un petit sourire qui se cache dans l’ombre de son visage. Il aime qu’on ne l’appelle ni Monsieur, ni Lord. Il aime qu’on le tutoie. C’est un combat qu’il mène souvent contre les personnes qu’il apprécie. Mia, par exemple, lui sort des « vous » et des manières de l’appeler « digne de son nom » quand elle veut l’agacer. Ce qui fonctionne parfaitement. Alors, il se sent bien. Il écoute l’interaction entre les différentes personnes sans rien dire. Il se laisse faire en silence, même si son sourire a un mal fou à rester caché. Il observe Madeleine, sans la quitter des yeux. Il n’a pas de mouvement de recul. Il trouve ça rafraichissant et il aime les traits du visage de la douce. Son ange ne lui ressemble pas du tout, pourtant une pensée se fait dans le subconscient. Elle est plus belle que son ange. Plus revigorante. Si son ange est le printemps, pleine de beauté, Madeleine est l’automne. Elle est l’eau froide dans laquelle on se jette pour se réveiller pleinement alors que les couleurs du monde virevoltent à travers le vent. Parfois, on peut en attraper une feuille volant dans les airs, souvent on ne peut rien faire que d’observer la tempête et l’apprécier pour le sentiment de puissance qu’elle fait ressentir.
Pendant son observation et cette remarque, il ne regarde pas un instant Katherine. Il l’oublie comme le reste autour. Et il ne remarque pas non plus ce qu’elle semble ressentir face à cette situation. Il la laisse partir avant que son sourire ne devienne plus visible sur son visage. Il fait un regard rassurant vers Katherine et Bree.
- Je ne sais pas si « avec vous » fonctionne. Je connais au moins une personne qui sait mieux que tout le monde que j’aimerais bien avoir dans ce jardin à l’instant, souffle-t-il un peu pour lui en observant alors vers l’arbre.
Il a l’impression que son frère pourrait se matérialiser d’un coup. Devenir poussière de fée et apparaître pour trouver une solution miracle à laquelle Douglas n’a pas pensé, ni Ethan… ni tous les membres du cercle. Il faut pas croire, ils ont cherchés. Mais Benedict fait toujours mieux qu’eux, plus fort, plus protecteur. Douglas aimerait avoir la moitié de son pouvoir pour soutenir les gens sans jamais les juger, les enfoncer ou bien abandonner. C’est pour ça qu’il sait que son frère n’est pas mort. Benedict devant Hadès ? Le Dieu des enfers lui montrerait certainement la porte pour revenir parmi eux. Benedict devant Héra ? La déesse lui offrirait peut-être un thé avant de le renvoyer, non ? Bref. Même la mort ne veut pas de Benedict, il va revenir. Il secoue la tête.
- Et pour te répondre, Madeleine, parle-t-il familièrement, je pense que ce genre de mariage doit être interdit. Je ne comprends pas comment le roi peut autoriser un mariage sans même la présence de la mariée. C’est comme s’il se fichait du consentement de la femme, or ceci est inadmissible.
Il fait un sourire calme à la jeune femme, un sourire serein et doux.
- Ne dis pas non au mariage pour la liberté d’aimer. Si tu ne veux pas te marier, tu ne te marieras pas… mais si tu trouves une personne pour qui ton cœur bat, à qui tu veux te donner pleinement, il ne faut pas avoir peur de s’enfermer. Moi-même j’ai rencontré une personne qui m’a fait ressentir l’envie de me marier et je n’ai pas l’impression d’être enfermé dans une quelconque prison. Je suis serein.
Il fait un signe de tête vers Katherine et Bree, qui se regardent avec tristesse de ne pas pouvoir se marier, justement et être heureuse. Douglas non plus. Enfin. Pas tant que Katherine ne sera pas mort et il ne compte pas lui faire du mal. Il finit par soupirer.
- Cependant, je compte vous contraindre, reprend il de manière plus soutenue, à des cours de maintien et de discussion. Je vous prie de m’excuser par avance… Je ne sais pas ce qui vous a fait accepter ce mariage. Et comme vous avez été transparente avec moi, je le serais avec vous. Je suis là pour garder la réputation de mon père à flot. Je dois permettre une image de perfection et de stabilité, surtout avec la disparition de mon frère. Sans cela, ma sœur, Rose, sera en danger, ainsi que mon grand frère, Ethan. Même si votre caractère volubile est charmant, en tant que tuteur il me faudra me montrer ferme et digne de ce rang qui m’incombe jusqu’au retour de mon ainé. Je vous demande en cela, de l’aide et votre coopération.
Il fait une révérence devant Madeleine et se tourne vers Katherine et Bree qui se tiennent la main. Il fait un nouveau sourire qui est sincère avant de soupirer.
- Je n’ai pas de problème avec votre amour, mesdames. Cependant, tout comme Madeleine, il s’avère que je me dois d’être… irréprochable. Cela signifie dormir dans la même chambre que vous, au moins quand il y aura des visiteurs. Et cela risque d’arriver pour vérifier notre… entente matrimoniale. Cela semble faire un moment que votre relation est cachée, et il faudra qu’elle le reste. J'en suis navré.
Il fait aussi une révérence aux dames avant de plonger son regard dans les prunelles des trois femmes.
- Cependant, je jure que dès que Benedict sera de retour, on trouvera un moyen de vous libérer de ce fardeau, moi-même, et je vous protègerais de l’homme qui veut vous faire du mal à votre tour.
Et là, c’est à Madeleine qu’il parle. Même si Edward n’aime pas sa sœur, pour la marier trois fois alors même qu’elle est âgé ça se sent, il ne semble pas vouloir la posséder et lui faire du mal. Ce qui n’est pas le cas pour Madeleine. Il le sait. Il le sait parce qu’il a déjà vue son père de la même manière. Alors… Il fait un regard vers Stefan avant de pencher la tête sur le côté un instant.
- On se connait ? Je veux dire, je sais qui vous êtes ici mais… Non. Vous avez l’âge d’Ethan, donc je dois confondre, désolé… Je vous propose de prévoir le premier bal pour annoncer le mariage et le fêter, comme des nobles le feront pour montrer l’opulence et le luxe, sans abuser, qu’en pensez-vous ?
J'ai 20 ans et je vis à Londres, Angleterre. Dans la vie, je suis aussi libre que le vent et je m'en sors bien. Sinon, grâce à ma chance, je suis célibataire, mais mon nouveau tuteur chamboule mon cœur. - Elle est la fille illégitime de son père et d'une prostituée française - Elle n'a que faire de l'étiquette et du protocole et vit à contre-courant de la société. - Elle aime la poésie, mais déteste l'arithmétique. - Elle n'est pas du genre à avoir la langue dans sa poche et elle n'hésite pas à en venir aux mains, elle est d'ailleurs très fière de son crochet du droit, qu'elle a hérité de son père.
- Dee.
S'enthousiasme Madeleine en désignant Douglas du doigt sans aucune honte. Par ce simple geste, la sauvageonne prouvait encore une fois à quel point elle se moquait de l'étiquette. Son sourire s'élargit et, d'un coup, elle lia son auriculaire à celui de Douglas, le regard débordant d'une sincérité pour le moins désarmante.
- Pas de titre pompeux, c'est noté. De toute façon, ce n'est vraiment pas mon genre ! Pas de papa, de père, de Monsieur, de Lord Berrygreen, de Milord ou de Doudou. Juste Dee. Elle presse son petit doigt avec force, le cadenasse au sien et secoue leurs mains liées pour appuyer ses propos. Croix de bois, croix de fer !
Oui, Madeleine Radcliffe n'était pas le genre de femme à se plier sagement aux règles. D'ailleurs, il fallait être un vrai sot pour la croire docile, car elle n'obéissait à personne d'autre que son cœur. Elle agissait de manière irréfléchie, sur des coups de tête impulsifs, s'attirait des tas d'ennuis, mais en assumait toujours l'entière responsabilité. Madeleine, dans toute son extravagance, menait sa vie comme elle l'entendait. Mais cette excentricité n'était pas du goût de tous, bien au contraire. Madeleine avait été ostracisée, condamnée avant même d'avoir été correctement jugée. Et ça l'amusait. Cette solitude était rassurante. En se tenant à l'écart des autres, Madeleine avait appris à protéger son cœur. Plus jeune, elle avait essayé de s'attirer les faveurs de son père. Un enfant manquant cruellement d'amour, souffrant de voir ses frères et sœurs en être recouverts... Elle avait espéré qu'on l'aime, mais ça n'était jamais arrivé, et Madeleine s'était faite à l'idée. On ne l'aimerait jamais pour sa personnalité aberrante. Oh, peut-être serait-elle la maîtresse d'un homme qui apprécierait suffisamment son corps et ses formes. Une étreinte passionnée dans la nuit qui réchaufferait ses draps et comblerait un instant ses plaies. Puis, l'aube pointerait, et cet homme ne serait plus qu'un songe.
Mais comme toujours, son esprit avait bifurqué. La blonde cilla, chassant toutes ses pensées inutiles pour se focaliser sur l'instant présent. Sa singularité faisait qu'elle ne voulait pas appeler Douglas comme tout le monde. Non, elle n'avait pas envie d'être cinquantième à l'appeler Doudou, par exemple, aussi mignon ce surnom soit-il. Au diable, les titres pompeux. Très peu pour elle, merci ! Quant à l'idée d'employer le même surnom que d'autres personnes... Non. Ça l'ennuie grandement. Ça l'emmerde. Ça la fait chier. Elle ne veut pas. Et quand Madeleine ne veut pas... Elle ne fait pas.
Dee, donc. Dee pour la première lettre du prénom de Douglas Berrygreen. Le tout, prononcé à l'anglaise.
Dee.
Katherine adressa un sourire éclatant à Douglas. Elle le remercia d'un geste élégant de la tête. Bree, elle, lui offrit une révérence en témoignage de son amitié naissante. Puis, les femmes échangèrent un regard complice, débordant d'amour et de promesses qu'elles seules comprenaient. Katherine continuerait de dormir avec sa douce, chaque nuit. Elle l'enlacerait et la couvrirait de baisers pour la rassurer. Non, ce mariage ne changerait rien à ses sentiments, aussi charmant soit son nouveau mari.
Stefan Hartol, l'énigmatique majordome et ami (?) singulier de Madeleine, manifesta son agacement face au cruel manque de manières de la sauvageonne. Cette dernière, rayonnante, se contenta de hausser les épaules en levant les yeux au ciel.
- Dee a dit que ça ne le dérangeait pas ! contre-t-elle en tirant la langue à Stefan.
Elle éclata de rire, abandonnant les mains de Douglas pour celles de Stefan. Plusieurs fois, elle tournoya sur elle-même, mimant quelques pas de danse qu'ils s'étaient évertués à répéter en vue du futur bal pour les débuts en société de Madeleine. Débuts que la tempête comptait bien fuir de toutes ses forces ! Même Stefan ne pourrait pas l'en empêcher. Une pensée en entraînant une autre... Elle grimpa sur son dos, enroula ses jambes autour de sa taille pour frotter sa joue du bout du doigt.
- Tu es toujours parfaitement rasé, Stefan, comment tu fais ? Ça ne me pique jamais sous les doigts !
Son regard alterne entre son index et la peau sans défaut de Stefan, une moue trahissant son incompréhension concernant ce rasage impeccable. Oh, Stefan était un homme mystérieux, mais pas méchant. Du moins, pas méchant aux yeux de Madeleine. Ses traits se voulaient froids, comme figés dans le temps, et pourtant, la chaleur de ses bras l'irradiait, la nuit. De jour, s'il maintenait une certaine distance entre eux, comme le voulait l'usage, le majordome n'en demeurait pas moins attentionné. Alors, Madeleine avait fini par trouver une sorte de refuge en lui. Bizarrement, elle avait eu la sensation qu'il ne la rejetterait pas. Peut-être pas pour les bonnes raisons, mais ça, elle s'en foutait. Ainsi, quand la solitude la pesait, elle le suivait comme un petit poussin en manque d'attention. Elle piaillait, l'embêtait en tirant sur sa manche, le taquinait en essayant de l'effrayer au détour d'un couloir et se glissait dans sa chambre, la nuit, au moindre prétexte. Il n'y avait pas d'amour entre eux. De l'affection pour l'une, de la pitié pour l'autre. Ensemble, ils pansaient leurs souffrances, mais pas suffisamment pour en guérir. Leurs plaies finissaient toujours par se rouvrir.
Quand Douglas apostrophe avec douceur Madeleine, toujours perchée sur Stefan, elle se penche pour le regarder, relâchant la tête en arrière en l'observant à l'envers avec curiosité. Stefan se dégage de son étreinte, visiblement contrarié par autant de familiarités en public.
- Roh, mais quel rabat-joie ! S'insurge-t-elle en lui administrant un coup d'épaule dont la seule force ne suffit pas à le faire tituber. Elle s'éloigne devant la noirceur de son regard et rit en se cachant derrière Katherine et Bree, la langue tirée vers lui.
Kate porte sur Madeleine un regard maternel débordant d'affection. Elle virevolte, se retourne pour la prendre dans ses bras et la couvre de baisers, riant en écho avec cette nièce si chère à son cœur. Bree, elle, soupire en s'évertuant à soutenir Stefan à propos des règles de politesse ainsi que les us et coutumes dues au rang de Douglas.
- Madeleine, de grâce, tu ne peux pas être aussi familière avec lord- Euh, je veux dire, Douglas... Se reprend-elle en secouant la tête, se rappelant sa demande saugrenue. Tu dois apprendre à respecter certaines règles. Tu ne pourras pas les ignorer éternellement.
Oh, l'angoisse retourne l'estomac de Bree à l'idée que Madeleine offusque Douglas et qu'il ne dévoile leur secret au monde. Mourir ne l'a jamais effrayé, mais l'idée de perdre Katherine, que l'on jette le déshonneur sur sa réputation et qu'on la pende... Non, ça lui est insupportable.
- Stefan, sois plus strict avec Madeleine, veux-tu ? Le gronde-t-elle gentiment tout en lissant le tissu de sa veste au niveau de ses épaules.
Madeleine hausse les épaules de son habituel air nonchalant. Elle hoche la tête en ne prêtant que peu d'attention aux réprimandes de Bree. Non, elle préfère écouter Douglas qui aborde des sujets bien plus intéressants que les règles de bienséance ou le regard de la haute société. Ses yeux s'éclairent alors qu'il la tutoie et l'appelle par son nom. Un sourire en coin éclot sur ses lèvres, sourire qui n'échappe nullement à Katherine.
- Oh, mais le roi n'a que faire du consentement. Il est comme tous les autres. Non, pire, même, puisque souverain. Il considère la femme comme un objet, un vulgaire trophée à exhiber... Le regard de Madeleine s'assombrit quelque peu. Elle sait exactement ce que son père voit quand il la regarde. Sa voix s'affaisse. Une bouche qui appelle aux baisers, une fleur à cueillir, une poitrine à caresser... Elle secoue la tête en frissonnant de dégoût. La condition de la femme britannique ne changera jamais sous le règne du roi actuel.
Et elle soupire en relevant un regard indéchiffrable vers les nuages. Comment les femmes pouvaient accepter tout ça ? Pour qui ? Pour quoi ? Tout ça échappait réellement à Madeleine qui, elle, n'était pas prête à abandonner son individualité pour un homme. Alors, quand Douglas poursuit, elle pose sur lui des yeux voilés d'une infinie tristesse.
- Le mariage n'a pas le même enjeu pour toi, Dee. Tu es un homme. Un gentleman, qui plus est. Tu es né libre et tu le resteras. Ses boucles blondes oscillent au vent tandis qu'elle se frotte les bras en guise de réconfort. Non... Me marier, c'est renoncer à tout ce que je suis. C'est abandonner mon nom pour celui d'un autre. C'est me soumettre à ses désirs en vivant une vie de servitude. C'est le rendre maître de toute décision me concernant, puisque les droits sur ma personne lui reviennent. C'est aussi lui céder mes maigres possessions. Non... Non. Je cesserai d'exister si je me marie. Nous n'avons même pas le droit de divorcer, même si on se fait tabasser !
Madeleine ne supporterait pas d'être réduite à un rôle d'épouse ou de mère, tout comme elle ne supporterait pas d'encaisser les coups sans pouvoir y répondre. Elle tuerait quiconque oserait de nouveau lever la main sur elle, elle se l'était jurée.
- Je veux avoir la liberté d'aimer, oui, mais pas au détriment de tout ce que je suis, Dee. Jamais. Mon cœur battra pour un homme, ça n'en fait aucun doute, je ne suis pas frigide... Alors, je me donnerai pleinement à lui, mais sans rien espérer en retour. Je ne m'enfermerai pas dans le mariage. C'est trop de sacrifices. Je m'y refuse.
Katherine et Bree échangent un regard surpris, visiblement toutes deux déstabilisées par la sagesse des mots de Madeleine. Elles n'auraient jamais pensé que la sauvageonne aurait tant réfléchi à l'idée du mariage. D'ailleurs, elles n'auraient jamais cru que Madeleine ait réellement conscience de sa condition de femme et de ce que cela implique.
- Bref. La noirceur de son regard se dissipe, laissant place à ses habituelles prunelles étincelantes de vie, tandis qu'elle hausse les épaules, un sourire éclatant sur les lèvres. Il y a donc une personne qui fait battre ton cœur ? Demande-t-elle, franchement curieuse. Il faudrait être sot pour imaginer qu'il s'agit de Katherine, et je ne suis pas sotte, donc, qui est-ce ? Je veux tout savoir !
Son excitation monte crescendo, mais le ton plus sérieux de Douglas et l'emploi du vouvoiement la stoppent nette. Elle s'arrête, l'observe en se renfrognant et laisse retomber son bras, l'air visiblement déçu.
- Me contraindre ? Répète-t-elle en fronçant les sourcils. Je te signale que Stefan me donne déjà des cours de maintien, alors, pourquoi aurais-je besoin de cours de discussion ? Je suis parfaitement apte à faire la conversation ! Grogne-t-elle.
Mais Madeleine prête toute son attention au discours de Douglas. Oh, le fait qu'il la vouvoie ne lui plaît pas du tout, alors elle le lui montre en roulant des yeux. Cependant, elle ne l'interrompt pas. Elle l'écoute et elle croit comprendre les enjeux qui se jouent pour Douglas en épousant Katherine. Elle pose une main sur son cœur en entendant Douglas parler de la disparition de son frère aîné. Elle aimerait en savoir plus. Que s'est-il passé ? Où a-t-il été vu pour la dernière ? Comment a-t-il appris la disparition ? Ces questions se bousculent dans la tête de Madeleine, mais elle ne les pose pas. Elle se tait, devine que ce n'est ni l'endroit ni le moment pour une discussion pareille. Elle se demande également pour quelle raison la sœur de Douglas pourrait être en danger si les choses tournaient mal. Elle imagine une histoire de réputation, sans doute, et de beaux mariages envolés... Oh, elle est loin, très loin de se douter des sombres desseins qui animent Howard Berrygreen concernant sa Rose. Elle hausse les épaules et passe une main dans sa tignasse blonde pour dégager des mèches bouclées de ses yeux.
- Je ferai de mon mieux. Se contente-t-elle de répondre en penchant la tête de côté face à un papillon qui virevolte dans son champ de vision. Elle rit tandis qu'il se pose sur son doigt.
Katherine et Bree, main dans la main, hochent la tête à l'unisson, satisfaites de la réponse de Madeleine. Kate reprend.
- N'ayez crainte, Douglas, je comprends parfaitement les enjeux qu'implique notre mariage. Vous aurez votre place dans ma chambre, en temps voulu, mais avec votre propre lit, à l'abri des regards indiscrets. - Une chance pour vous deux que Katherine ne soit plus toute jeune, sinon vous auriez eu droit à l'inspection de votre literie ! - Madeleine !
Un nouveau haussement d'épaule désinvolte. Toutes se figent lorsque Douglas indique subtilement avoir compris les sombres pulsions qui habitent Edward. Madeleine lui adresse un regard franchement surpris. Douglas savait, donc, et cela expliquait pourquoi il s'était interposé plus tôt. Les joues de Madeleine s'empourprèrent d'une délicate nuance rosée et elle détourna son visage, visiblement embarrassée.
Le sourire de Katherine s'élargit grandement. Ah, les prémices d'un amour naissant... D'une attirance... Oui, Madeleine était aussi facile à lire qu'un livre ouvert. Seulement, le cœur de Douglas semblait être déjà pris. Il l'avait dit lui-même. Bree, aussi clairvoyante que sa femme, se demanda quelle tournure prendrait ce triangle amoureux. Les deux femmes détournèrent l'attention de Douglas, un peu trop concentré sur Stefan, en lui proposant de lui faire visiter la maisonnée et de prendre une tasse de thé fumante. Ensemble, elles s'enthousiasmèrent à l'idée du premier bal qu'ils donneraient cette saison.
Katherine, en excellente hôte ainsi qu'en tant qu'épouse modèle, consulta Douglas à propos de chaque sujet. Ils parlèrent de la décoration, de l'orchestre, de la nourriture qu'ils allaient servir et des personnes à inviter, mais aussi à éviter. Madeleine, indifférente à ce qu'elle estimait être une perte de temps, fut contrainte de redoubler d'efforts lors de ses leçons de danse, de maintien et de discussion - ces dernières étant données par Douglas lui-même. Bree, aussi impitoyable et stricte que la plus redoutable des institutrices des plus grandes maisons de Londres, assista à chaque leçon, à l'exception de celles données par Douglas.
*
Stefan n'avait eu de cesse de répéter à Madeleine de bien se comporter, si bien qu'elle avait fini par l'envoyer chier. Oh, la sauvageonne savait ce que Katherine, Bree et Douglas attendaient d'elle, ce soir. Elle n'aimait pas ça. Elle se sentait épiée. Elle avait l'impression de ne pas pouvoir respirer. Elle avait l'impression qu'on la privait de sa liberté et de son libre-arbitre pour combler les attentes de la Haute. Bon dieu, qu'elle ne voulait pas y aller ! Elle avait hésité à fuir pour rejoindre Clarence à la campagne. Elles auraient dansé autour d'un feu de joie toute la nuit en buvant et en chantant à tue-tête. Oh oui, cela lui paraissait beaucoup plus séduisant que de porter une paire d'escarpins lui scillant les orteils ainsi qu'un corset lui coupant le souffle. Habituellement, Madeleine n'en portait pas. Elle passait ses journées à gambader pieds nus, sans aucune forme de soutien pour sa poitrine autre que leur élasticité naturelle.
Mais ce soir, c'était hors de question.
Stefan avait rattrapé Madeleine avant même qu'elle n'ait le temps de mettre un pied dehors, car, oui, elle avait bel et bien essayé de fuir. Il l'avait soulevé par le col, à l'image des félins trimbalant leurs progénitures, et il l'avait ramené dans sa chambre, faisant fi de ses objections. Madeleine avait été baignée, habillée et coiffée avec une attention toute particulière, juste au cas où... En revanche, on avait fait attention à ce qu'elle n'éclipse pas la beauté de Katherine et Douglas, car ce bal était avant tout en l'honneur des jeunes mariés.
Douglas et Kate, hôtes inséparables, saluaient leurs invités avec une chaleur non feinte. D'aucun n'émit un commentaire sur la différence d'âge les séparant, même s'il était plus courant de voir une jeune fille dans les bras d'un homme plus âgé que l'inverse.
Madeleine, en retrait, observait les convives sans en reconnaître la moitié. Parmi eux, la famille Berrygreen au complet - ou presque - mais aussi Edward, le menton haut et le torse bombé, accompagné de son épouse et de leurs enfants. Merde. Voilà qui compliquait quelque peu les choses. Madeleine s'évertuait à éviter les ennuis, et pourtant... À chaque fois que son regard dédaigneux croisait celui de son père, trop ardent pour être sain, elle disparaissait en virevoltant entre les invités.
Plus loin elle se tenait de lui, mieux c'était pour lui. Non, mieux c'était pour tout le monde. Madeleine avait parfaitement conscience qu'elle pourrait lui flanquer son poing dans le visage à la moindre remarque déplacée. Et Katherine, Douglas, Stefan et Bree l'avaient assez imploré pour ne pas faire de vague ce soir.
Alors, comme à son habitude, la sauvageonne n'en fit qu'à sa tête. Madeleine attrapa la main de Douglas en plein vol pour l'attirer sur la piste de danse. Elle lui adressa un sourire complice en pressant ses doigts entre les siens, puis, sans lui laisser le temps de réagir, elle lui offrit une révérence des plus élégantes avant de lui tendre sa main.
Le temps d'une valse, Madeleine serait à l'abri d'Edward.
Le temps d'une valse, Madeleine n'aurait plus envie de prendre ses jambes à son cou.
Le temps d'une danse, Madeleine valserait dans les bras de Douglas, inconsciente que son ange perdu se trouve juste derrière eux, à les observer.
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Clionestra
Jeu 24 Oct - 21:30
Douglas Berrygreen
J'ai 18 ans et je vis à Londres, Angleterre. Dans la vie, je suis étudiant en médecine et je m'en sors bien. Sinon, grâce à ma malchance, je suis marié et je le vis plutôt mal, amoureux d'un ange du passé, et devenu l'élève d'une belle-fille qui chamboule ma vie. → Dernier fils du duc de Berrygreen. → Il est jovial, charismatique, marrant et enthousiasme. Ainsi qu’un peu enfantin. → Il a peur de son père et ne supporte pas la violence qui le renvoie à l’époque où il a vue son frère se faire frapper. → Il a une peur du sang → Pourtant, il aimerait être médecin, spécialisé dans l’accouchement et les saignements des femmes. → Sa nourrice est mort quand il avait 6 ans en accouchant dans leur manoir dans une marre de sang → Il est très têtu et n’hésite pas à faire plusieurs kilomètres pour trouver une réponse à une question. → Il n’hésite pas à dire ce qu'il pense. Il a toujours été protégé par ses frères, et il le sait. → Il aime tous les sports non violent. Comme la natation et l'escalade, surtout, mais aussi les jeux d’équipe comme le football.
Univers 3:
► Benedict a disparu et Eli va le chercher ► Ethan ne veut se marier avec personnage mais va tomber sous le charme d'Eurydice ► Douglas est marié à Katherine et va tomber sous le charme de Madeleine une fois qu'il aura exorcisé son ange ► Kaya va essayer de se venger de Stefan, avant que ce dernier ne devienne roi (sans tuer personne de nos amoureux) ► Kyle et Rose vont avoir un rapprochement étrange
Dee. Il a du mal à s’y faire. Il regarde la jeune femme d’un coin de l’œil. Il l’observe alors même que sa femme se trouve à ses côtés. Parfois, il remarque le regard désolé et plein de compassion de ses compatriotes. Parfois, il remarque le regard vicieux vers sa « belle-fille » et s’interpose. Il continue de sourire de cette manière si faux, il ne peut pas faire autrement. Il n’arrive pas à sourire sérieusement, sauf quand son regard se pose sur Madeleine. Dee. Ce surnom le fait rire. Il pouffe même quand il entend la visite de Brodie qui le regarde avec un haussement de sourcil.
- Tu vas bien ? Le mariage semble… te convenir, cherche-t-il ses mots avant de faire une révérence vers Katherine. - On va dire que le mariage n’a pas rien de mauvais, parfois. Et je trouve toujours de quoi sourire un peu, tu me connais.
Brodie partit et Douglas continue de faire la présentation des nouveaux invités. Il ne peut pas le faire tout le long, mais il essaie au moins de parler avec les membres du cercle. Son frère n’est pas encore arrivé. Son esprit divague encore. Il pense au roi qui ne sait pas faire la différence entre le besoin de contrôle, le pouvoir et la dictature. La reine, elle-même, a envie de partir. Le prince est trop jeune pour se défendre contre le roi. Kyle ne peut pas être roi. Il pense à toutes les personnes qui pourraient l’être. Après Kyle, c’est le duc de Whistledown et Douglas ne l’aimait pas plus que les autres. Hunter arrive. Comme à son habitude, il surprend les personnes autour de lui. Douglas sourit. Il lui permet, au moins, de ne pas sentir son cœur se serré à l’idée que Madeleine ne pourra jamais se marier, parce qu’elle s’y refuse. Il sourit doucement à son ami qui sans surprise :
- Je croyais que tu devais épouser ton ange, tonne Hunter comme salutation. - Je te présente ma femme. - Mais pas ton ange, fait-il en se baissant pour une révérence mais sans quitter Douglas des yeux. Le cercle n’accepte pas la tromperie. - Je sais. - Alors ce mariage est triste, conclut-il sans chercher plus à faire comprendre ses pensées et partir.
Douglas rigole et explique à sa femme, justement, le caractère bien particulier de son ami. Hunter n’est pas comme tout le monde et ses pensées ne sont jamais compréhensibles. Sans surprise, Hunter finit à côté de Brodie et d’Ethan, qui donner une bonne brochette d’homme célibataire et noble pour ce bal. Malgré le fait qu’ils soient, Douglas et Katherine, les sujets dans toutes les bouches… il se doute que les mères n’ont pas loupé l’occasion de mettre leur fille sur leur trente et un pour pouvoir attraper un aigle au passage. Ce que Madeleine ne fera pas. Elle ne veut pas se marier… Elle repousse l’idée du mariage, et ça continue de l’attrister. Lui, il veut se marier avec son ange. Dans le futur. Quand il sera tellement vieux que leur amour pourra se faire. Malheureusement, Katherine sera morte, mais au moins il sera libéré. C’est dans l’ordre des choses que les plus vieux morts avant les plus jeunes. Il ne lui a pas répondu sur l’existence de son ange, bien que Katherine en entende parler avec la venue de ses amis. Il devra lui en parler, mais tant qu’il n’en parle pas, elle reste son ange, rien qu’à lui. Son rêve et son univers. Il se sent plus serein d’avoir un petit jardin secret ainsi. Il a fait préparer une place dans un lit d’appoint à côté du lit de sa femme pour ce soir. Juste pour faire bonne figure. Il n’a pas cherché à la toucher, ou à l’embrasser. Il tient juste sa main pendant qu’on les félicite souvent.
Depuis leur rencontre dans le jardin, deux jours auparavant, ils ont tout préparé pour ce bal… pour se présenter. Pour montrer leur bonheur matrimonial à tout le monde. Chacun avait une opinion. Quand Tristan et Lewis Middletown débarque dans la pièce, il faut à nouveau se présenter, se courber avec Tristan qui lui pose une main sur l’épaule avec une douceur infini. La famille d’Elizabeth a été invitée, mais ils ont repoussé la demande. Les parents sont trop inquiets par la disparition de leur fille, un peu après l’annonce de la disparition de Benedict, pour venir. Une fois le plus grand nombre arrivé, il laisse Katherine à l’entrée. Il va pour parler à son frère, qui se retrouve avec Rose dans ses bras trop ravi de revenir à Londres pour une si « joyeuse » nouvelle, mais un ouragan l’attrape.
La jeune femme l’attrape sur la piste de danse. Il se met en place avec un sourire bienveillant. Il observe cette femme qui semble si insouciante que ça lui fait peur. Si la jeune femme continue comme ça, avec son père, elle pourrait être en danger. Il la tient. Il garde la distance de sécurité courtoise. Il l’observe et tourne la tête. Il voit le père de la jeune femme. Ce regard malveillant qu’il déteste. Alors, il valse en silence avec sa belle-fille. Il valse et la garde contre lui avant de sourire et planter son regard dans celui de la jeune femme.
- Madeleine, souffle-t-il pour qu’elle soit la seule à entendre ses paroles, j’aimerais vous présenter mon frère et mes amis. Des personnes qui ne vous laisseront jamais dans une situation de danger et sur qui vous pouvez compter.
Il lance un regard vers Ethan. Ethan qui regarde à travers la pièce un point. Les yeux a peine écarquillé et les lèvres entrouvertes par la surprise. Il ne se doute pas que son frère vient tout juste de poser les yeux sur Eurydice. Quand la musique s’arrête, il fait un sourire à la jeune femme pour la présenter à son frère ainé.
- Madeleine Radcliffe, je vous présente mon frère Ethan Berrygreen, présente-t-il, Brodie McCammon, Tristan Middletown ainsi que Hunt… - Votre visage est sale, coupe Hunter avant la fin de la présentation. - Hunter, soupire Ethan avant de secouer la tête alors qu’un homme rendit Rose Berrygreen à l’assemblée, il ne faut jamais dire à une femme qu’elle possède un défaut de cette manière. - C’est stupide, et tout le monde le sait, retorque Hunter sans s’émouvoir alors qu’il laisse la place à Rose. - Madeleine, reprend Douglas, je vous présente ma sœur Rose Berrygreen.
Rose semble radieuse. Ethan et Douglas lui ont fait croire que Douglas avait retrouvé son ange. Après tout, il a toujours dit que son ange était une adulte… alors il a été simple de faire croire que Katherine était cette personne pour la cacher d’une effroyable vérité. Elle ne restera pas assez à Londres pour apprendre la vérité. Tristan écarquille les yeux en regardant derrière lui. Il se tourne vers Rose.
- Lady Berrygreen, est-ce que vous m’accorderiez cette danse ? - Lady Radcliffe, mime Ethan en faisant une révérence, m’accorderiez vous cette danse ?
Sans attendre les réponses, les deux hommes prirent les mains des femmes pour laisser Howard Berrygreen avec son fils le plus jeune. Et Madeleine peut voir le regard que l’homme jette à Rose avant que Douglas n’utilise son corps pour faire barrière, bien qu’elle peut aussi voir les épaules tremblantes quand son père posa une main dessus. Douglas va vomir, mais il restera fort pour protéger sa sœur. Ethan se met en position pour danser avec Madeleine et regarde son frère.
- Désolé pour mes manières cavalières, mais je pense que vous préfériez danser avec moi que de rester avec mon père.
La musique commence.
- Benedict est le meilleur danseur d’entre nous trois. Il est triste que vous n’ayez pas encore l’occasion de danser avec lui. Mon frère vous a-t-il donner nos adresses si vous tombez dans le besoin ?
J'ai 20 ans et je vis à Londres, Angleterre. Dans la vie, je suis aussi libre que le vent et je m'en sors bien. Sinon, grâce à ma chance, je suis célibataire, mais mon nouveau tuteur chamboule mon cœur. - Elle est la fille illégitime de son père et d'une prostituée française - Elle n'a que faire de l'étiquette et du protocole et vit à contre-courant de la société. - Elle aime la poésie, mais déteste l'arithmétique. - Elle n'est pas du genre à avoir la langue dans sa poche et elle n'hésite pas à en venir aux mains, elle est d'ailleurs très fière de son crochet du droit, qu'elle a hérité de son père.
Katherine Berrygreen, qui répudiait à s'appeler ainsi en dépit du charme de son nouveau mari, était une femme qui savait parfaitement ce qu'elle voulait. Elle savait de quelle manière elle le voulait et quels étaient les moments les plus propices pour répondre à ses propres attentes. Et ce que désirait Katherine se résumait à une seule chose, ou plutôt, à une seule personne : Bree. À partir du moment où cette femme à la chevelure flamboyante avait fait irruption dans sa vie... Le monde de Katherine avait été mis sens dessus dessous. Elle avait toujours su, au fond d'elle, que la gent féminine l'intéressait bien plus que la gent masculine. Il faut dire qu'il était difficile d'apprécier la compagnie des hommes quand votre seule référence se résumait à Edward Radcliffe. Quoique même un gentleman tel que Douglas Berrygreen n'aurait pas suffi à faire changer d'avis Katherine. Non, Bree avait absolument tout chamboulé. Sa simple présence avait bouleversé Katherine. Elle l'avait transporté aux confins de l'univers. Oui, Bree avait rendu le monde de Katherine plus beau, plus vibrant, plus chatoyant... Elle l'avait teinté d'une myriade de couleurs qui lui était jusqu'alors encore inconnue. Bree l'avait aimé et elle avait appris à Katherine à l'aimer en retour.
Ainsi, voir la femme de sa vie se plier en quatre pour une bande d'aristocrates sans cervelle en jouant les domestiques, ç'avait le don de fortement l'agacer. Mais Katherine, contrairement à Madeleine, était capable de revêtir un masque, à l'image de Stefan, pour dissimuler au monde la colère sourde qui faisait rage au plus profond d'elle. D'aucun n'aurait pu deviner que Lady Berrygreen était d'une humeur particulièrement massacrante ce soir. La seule exception aurait pu être Douglas, non pas qu'ils étaient proches, loin de là, mais bien parce qu'il avait dû sentir les tremblements de la main de Katherine dans la sienne à chaque fois qu'un regard dédaigneux avait été lancé à sa femme.
- Je l'aime, Douglas. Je l'aime à en mourir et je vous souhaite d'être réuni avec celle que vous cherchez... Une personne qui vous fera ressentir le quart de ce que je ressens pour elle. Avait-elle soufflé en adressant un signe de la main à sa femme, un sourire chaleureux sur les lèvres.
Elle avait eu un regard attristé pour Madeleine qui errait dans la salle de bal. Il n'était pas difficile de deviner qu'elle répudiait à être ici. Si Katherine n'avait eu aucun doute quant à la relation de sa nièce avec Stefan... Le regard que Madeleine posait sur Douglas, lui, était différent. Il pouvait en tromper beaucoup — mais pas elle. Katherine savait que le cœur de Madeleine s'était emballé en voyant Douglas s'interposer face aux regards immondes de son père. Depuis, elle s'illuminait à chaque fois que Douglas était à proximité. Ils riaient beaucoup et discutaient de tout et de rien. Or, Douglas en aimait une autre, et il ne s'en était absolument pas caché. Mais qui pouvait bien être l'heureuse élue ? Une roturière ? Une femme de l'aristocratie ? Une femme mariée ? Étaient-ils amants ? Douglas n'avait rien dit. Il gardait toutes ces informations pour lui, presque jalousement, et Katherine le comprenait parfaitement. Un soupir inquiet lui échappa et son regard rencontra celui de Stefan. L'espace d'une seconde, elle imagina sa nièce dans les bras de celui qu'elle avait élevé comme son fils. Elle, le soleil. Lui, la lune baignant dans sa lumière. Kate se renfrogna en fronçant les sourcils.
Non, une relation amoureuse entre ces deux-là serait autodestructrice.
Mais, passons.
Katherine avait salué chacun des invités avec une élégance digne des plus grandes dames. Oh, si elle avait tendance à éviter le beau monde, ce n'était pas parce qu'elle n'y était pas à l'aise, non, mais simplement puisqu'elle l'avait en horreur. Katherine n'avait jamais été du genre à se pavaner en public, préférant le calme de sa demeure et une ambiance plus intimiste.
Pour autant, en hôte exemplaire, elle offrit une révérence irréprochable à Hunter Wood qu'elle salua avant de se taire pour laisser aux deux hommes le loisir de leur conversation. Elle releva un sourcil étonné, mais se tût jusqu'au départ du lord.
- Ainsi donc, notre mariage fait obstacle à votre idylle avec un ange. Osa Katherine en serrant la main de Douglas dans la sienne dans un geste de soutien. Vous m'en voyez navré, Douglas, il semble que ni vous ni moi ne voulions réellement de cette union. Votre ami a raison, cela est bien triste.
*
Madeleine se sent bien. Là, dans les bras de Douglas, elle a l'impression de flotter. Elle ne sait pas pourquoi. Elle ne comprend pas comment on peut ressentir une telle sensation de bien-être à être aussi proche d'un homme. Elle pense que c'est peut-être dû à l'adrénaline de savoir son père dans la même pièce qu'elle. Oh, comme elle voulait le frapper. Elle voulait lui arracher les yeux pour ne plus jamais avoir à subir ces regards lubriques. Elle voulait lui foncer dessus et le rouer de coups pour le punir de tout ce qu'il lui avait fait subir, mais on lui avait demandé de ne pas faire de vague. Ainsi, son amour pour Katherine et Bree l'empêchait de châtier Edward. Du moins, pour aujourd'hui. Elle n'aurait pas autant de self-control la prochaine fois qu'ils se croiseraient.
Ainsi, dans ce moment un peu hors du temps, sur la piste de danse, Madeleine pouvait sentir son cœur battre à tout rompre dans sa poitrine. Elle valse avec Douglas, lui offre sa main et le laisse la guider à travers les invités d'une main habile. Son regard ne lâche pas celui du jeune homme. Elle lui sourit chaleureusement et tournoie sur elle-même quand il l'y enjoint. Il murmure son nom, ce sourire en coin sur les lèvres, et un frisson naît en elle. Dieu, qu'elle adorait la manière dont sonnait son nom sur la langue de Douglas.
- Oh. Euh... Je ne suis pas très à l'aise à l'idée de... Ah, Dee ! Commença-t-elle avant qu'il ne la guide vers un groupe de gentlemen dont elle ignorait tout.
Madeleine était une femme sociable, bien qu'elle n'ait que peu d'amis. Elle n'avait aucun mal à aller vers les gens, mais elle n'en avait aucune envie. À l'image de Hunter Wood, elle était un peu trop honnête, mais contrairement à lui, elle n'avait eu aucun scrupule à essayer de mentir pour prolonger ce doux moment qu'était sa danse avec Douglas... Il n'y aurait pas de deuxième danse.
Une moue boudeuse sur les lèvres, Madeleine observe sagement les hommes en face d'elle tout en écoutant Douglas, trop occupé à tous les présenter. Elle cille devant la remarque de Hunter et penche la tête de côté en s'observant à travers une cuillère retournée dont elle se sert en guise de miroir.
- Mon visage n'est pas sale. Rétorque-t-elle sans une once de méchanceté dans la voix. Elle se frotte les joues jusqu'à ce qu'elles rougissent sous la vigueur de ses gestes. On m'a forcé à me maquiller, mais comme vous pouvez le voir, je ne suis pas très douée.
Elle soupire et repose la cuillère sur un plateau qui passe avant de faire une révérence. Ses pieds la font tellement souffrir qu'elle grimace.
- C'est un plaisir, messires. Oh, je ne suis pas très douée avec les noms, mais vous pouvez m'appeler Madeleine !
Avant de rencontrer Douglas, Madeleine avait pris la fâcheuse habitude de mal prononcer son nom de famille. De Berrygreen, on passait à Greenberry. Stefan s'était appliqué à la corriger autant de fois que nécessaire, mais il lui arrivait encore de se tromper. Rose, rayonnante, attrape les mains de Madeleine dans les siennes et les serre contre son cœur.
- Oh, je suis ravie de te rencontrer, Madeleine ! Nous avons le même âge, aussi, j'ose espérer que nous allons devenir de grandes amies. Après tout, ce n'est pas tous les jours que je rencontre la nièce de l'ange de Doudou !
Madeleine lève un sourcil surpris. Elle tourne un regard interrogateur vers Douglas, mais hoche la tête.
Puis, tout s'enchaîne très vite. Les deux jeunes femmes se retrouvent embarquées dans une nouvelle danse, toutes deux avec des partenaires différents. Madeleine n'a pas envie de danser avec un autre homme que Douglas. Aussi, elle ancre ses talons dans le sol pour résister, mais Ethan l'attire à lui avec une aisance déconcertante, la faisant presque tituber alors que son regard rencontre celui de Howard. Elle cille devant la noirceur de ces pupilles. Oh, elle pourrait reconnaître cette lueur malsaine entre mille. Ainsi, elle suit des yeux la courbe du regard de Howard sur le corps de Rose. Elle fronce les sourcils, l'air incrédule. Mais quand Douglas tremble, un sentiment de rage lui secoue les entrailles.
- Ce n'est pas le moment de danser ! Il faut aider Dee ! Plaide-t-elle en essayant de se défaire de l'étreinte d'Ethan Berrygreen.
Le sang bourdonne dans ses oreilles. Sa vision se brouille. Elle n'aime pas savoir Douglas tremblant. Non, elle n'aime pas être témoin de sa détresse et ne rien faire pour y remédier. Elle ne veut pas être lâche. Elle n'est pas lâche ! Elle n'aime pas que des gens bien souffrent à cause de sombres merdes comme Edward ou Howard. Elle a envie de s'interposer, mais Ethan l'en empêche et tente de la raisonner.
- Ce n'est pas moi qui ai besoin d'aide, mais votre petit frère ! Tonne-t-elle avec une lueur assassine dans les yeux.
Mais Ethan lui explique qu'intervenir maintenant ne ferait qu'empirer la situation. Madeleine lance un regard désespéré à Douglas. Elle n'aime pas le voir ainsi. Elle déteste ça. Elle veut l'aider. Elle veut le sauver des griffes de ce démon. Ethan lui répète qu'intervenir ne ferait que causer du tort à Douglas tandis qu'ils valsent, Ethan menant la danse avec élégance, bien que les pieds de Madeleine, eux, semblent être en feu.
Il faudra attendre la fin de la danse pour le couple avant de retourner auprès de Douglas sans éveiller les soupçons.
- Papa ! Mais Rose Berrygreen est la première à fendre la foule jusqu'à son père, faisant fi de Tristan Middletown, l'abandonnant derrière. Elle court vers Howard, ses jupons à la main, l'air absolument radieux, tandis qu'elle lui saute au cou dans une explosion de joie difficilement contenue.
Madeleine remarque immédiatement la manière avec laquelle Ethan se tend face à ce spectacle. Elle croit l'entendre jurer tandis qu'ils rejoignent la famille Berrygreen.
- Oh, si tu savais comme tu m'as manqué ! Poursuit Rose en se baisant la joue de son père en riant.
Madeleine se renfrogne, visiblement décontenancée par l'étrange spectacle qui se joue devant ses yeux. Le sourire de Howard n'a absolument rien de sain. Il semble être sur un petit nuage, dévorant sans honte sa propre fille du regard. Elle comprend l'innocence de la seule sœur des Berrygreen. Elle comprend que Rose, contrairement à elle, n'a absolument pas conscience des désirs qu'elle éveille en Howard. Et cela l'horrifie d'autant plus. Alors, quand son regard croise celui de Douglas, qui paraît prêt à rendre son repas à tout moment tant il blêmit à vue d'œil, Madeleine ne peut plus s'empêcher d'agir.
Elle ne se présente pas à Howard, mais lui adresse un regard assassin en passant devant lui. Elle avait envie de cracher à ses pieds, de lui hurler qu'elle le déteste sans même le connaître, de le frapper dans ses parties les plus intimes pour qu'il ne puisse plus jamais s'en servir. Elle voulait le voir souffrir...
Mais ce n'était ni l'endroit, ni le moment.
Ses doigts entrelacent ceux de Douglas tandis qu'elle lui attrape la main pour l'entraîner à l'extérieur.
*
Une fois dans les jardins, il ne fallut pas longtemps à Douglas pour évacuer la bile qui lui brûlait la gorge. Il vide le contenu de son estomac, à l'abri des regards, et Madeleine lui frotte délicatement le dos dans une tentative de réconfort. Elle veut lui tendre son mouchoir, mais une autre idée lui vient.
- Ça va aller, Dee... Ne bouge pas, je reviens !
D'un geste, Madeleine se débarrasse de ses escarpins en grognant. Ses pieds saignent, mais le froid de la nuit lui fait un bien fou, alors elle s'en fout. Elle laisse ses maudites chaussures à l'abandon derrière elle, libérée, et court jusqu'à la fontaine pour y tremper son mouchoir et l'offrir à Douglas.
Malheureusement pour elle, Madeleine n'était pas la seule femme à avoir remarqué la détresse de Douglas.
*
Eurydice Hodges avait préféré fuir l'effervescence du bal après y avoir aperçu Ethan Berrygreen. Le choc qu'elle avait lu sur son visage l'avait tétanisé. Alors, elle avait fui.
Des années auparavant, elle avait pansé le dos du jeune homme, sur lequel s'étendait une myriade de plaies ensanglantées, dans les eaux d'un lac à proximité. L'ange n'avait pas vomi face à la chair en lambeaux, mais elle avait pleuré. Elle avait pleuré pour lui et pour toutes les souffrances qu'on lui avait infligées. Elle avait pleuré devant l'absence d'expression du jeune homme. Elle avait pleuré pour le désir de mort qu'elle lisait dans ses yeux. Elle avait pleuré et l'avait enlacé en lui murmurant qu'un jour tout irait mieux. Et puis, elle s'était excusée, sans même savoir pourquoi.
Ils ne s'étaient jamais revus, avant aujourd'hui, mais Eurydice l'avait tout de suite reconnu.
Comment l'oublier ?
Perdue dans la contemplation de lucioles virevoltant dans les airs, offrant un spectacle réconfortant, l'ange sursauta en entendant Douglas Berrygreen vomir non loin. Elle s'était redressée, l'air affolé, avant de courir jusqu'à lui. Le jeune homme, qui semblait entièrement seul, avait l'air souffrant.
Pleurait-il ?
Eurydice hésita un instant, avant de s'armer de courage en glissant une main dans ses cheveux pour les caresser en un geste qu'elle voulait rassurant. Elle dégagea les mèches collantes de sueur de son front et resta silencieuse en lui caressant les cheveux jusqu'à ce que ses pleurs et ses tremblements s'apaisent. Une mine inquiète sur le visage, l'ange lui tendit finalement son mouchoir.
- V-Vous... Vous sentez-vous un peu mieux, milord ? Demanda-t-elle juste avant que leurs regards ne se croisent enfin.
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Clionestra
Lun 28 Oct - 16:52
Douglas Berrygreen
J'ai 18 ans et je vis à Londres, Angleterre. Dans la vie, je suis étudiant en médecine et je m'en sors bien. Sinon, grâce à ma malchance, je suis marié et je le vis plutôt mal, amoureux d'un ange du passé, et devenu l'élève d'une belle-fille qui chamboule ma vie. → Dernier fils du duc de Berrygreen. → Il est jovial, charismatique, marrant et enthousiasme. Ainsi qu’un peu enfantin. → Il a peur de son père et ne supporte pas la violence qui le renvoie à l’époque où il a vue son frère se faire frapper. → Il a une peur du sang → Pourtant, il aimerait être médecin, spécialisé dans l’accouchement et les saignements des femmes. → Sa nourrice est mort quand il avait 6 ans en accouchant dans leur manoir dans une marre de sang → Il est très têtu et n’hésite pas à faire plusieurs kilomètres pour trouver une réponse à une question. → Il n’hésite pas à dire ce qu'il pense. Il a toujours été protégé par ses frères, et il le sait. → Il aime tous les sports non violent. Comme la natation et l'escalade, surtout, mais aussi les jeux d’équipe comme le football.
Univers 3:
► Benedict a disparu et Eli va le chercher ► Ethan ne veut se marier avec personnage mais va tomber sous le charme d'Eurydice ► Douglas est marié à Katherine et va tomber sous le charme de Madeleine une fois qu'il aura exorcisé son ange ► Kaya va essayer de se venger de Stefan, avant que ce dernier ne devienne roi (sans tuer personne de nos amoureux) ► Kyle et Rose vont avoir un rapprochement étrange
Douglas est envieux. Il n’est pas jaloux. Son sentiment vis-à-vis de sa femme n’est pas négatif. Il espère, lui aussi, trouver l’amour un jour. Mais alors qu’il avait pris la main de sa femme entre ses lèvres, il lui a lancé un regard droit. Pour le moment, il ne compte pas tromper ses vœux de mariage, quand bien même, elle le faisait. Pour le moment, il ne pense pas pouvoir être un goujat en ayant voir ailleurs. Il veut être à la hauteur de Katherine, pour son amour pour Bree. Il pense souvent à son ange, celle qui a disparu comme une trainée de paillette dans le regard doux d’un enfant. Il pense à elle et sa chevelure brune entouré de son halo de pureté. Il pense à elle, et quand il pense à elle… il pense pouvoir vivre un peu plus encore. La retrouver. L’aimer. Il se contenterait d’un amour platonique. Il se contenterait d’être son amant, et même si cela détruit toutes les pensées strictes qu’il s’impose, il se contenterait d’être un protecteur et un amoureux de l’ombre, si elle veut de lui. Parce qu’il le sait, il n’y a que son ange dans sa vie. Katherine aurait pu être son ange. Cela aurait été plus simple. Son cœur aurait moins saigné.
- Je sais abdiquer pour le bien commun, Katherine, lui avait-il répondu. Ne vous en faites pas. J’ai un sentiment plus fort que la tristesse qui me permet de voir toute cette situation comme une chose merveilleuse et non l’inverse.
Il ne souhaite pas retrouver son ange. Pas ainsi. Pas alors qu’il doit protéger le monde du vice et des traquenards. Il doit protéger ses frères, parce que Benedict reviendra d’Amérique. Il doit protéger ses sœurs, parce que Rose comme Lily méritent le bonheur sans la pression du peur. Et il doit protéger Madeleine. Il le sait. Et le mariage qu’il a contracté, puisque leur union n’est qu’un contrat, lui permet cela.
*
Pendant la danse, il a été heureux de retrouver l’insouciance de la jeunesse. Madeleine, plus vieille que lui pourtant, lui a rappelé que le monde est fait de plein de sourire et de douceur. Il l’envie aussi. Cette vie qui pulse dans ses veines et qui la fait tournoyer. Il répugne presque à l’amener voir son frère qui, selon son propre regard, mérite bien plus d’égard que lui. Et pas à cause de sa disposition dans l’héritage familiale. Ethan le prouve alors qu’il sauve Madeleine et Rose des griffes de leur père. Douglas, lui, reste figé. Il sait que partir en courant n’aiderait personne. Alors, il tremble légèrement des épaules et essaie de sourire à son père.
Howard le sait. Il se penche sur lui d’un air tout à fait mauvais. Il sent à peine l’alcool caché derrière son eau de Cologne, mais Douglas se permet de se concentrer entièrement sur les informations olfactives.
- N’oublie jamais ce que je peux faire à ton dernier frère, souffle-t-il alors que quiconque les regards verraient un sourire doux et paternel sur les lèvres d’Howard.
Peu de personne connaisse la vérité sur lui. La plupart des personnes qui connaissent la vérité sont en train de faire un mur de protection entre Rose et l’homme. Entre Ethan et l’homme. Brodie, qui observe la scène au milieu de ses prétendantes, lance un regard à Tristan qui cherche une méthode pour arranger tout ça. Mais il n’y a rien à faire. Quiconque s’interposerait entre Howard et sa victime subirait les foudres de l’homme et personne ne le supporterait. Surtout pas les Berrygreen qui ont parfaitement conscience de la manière vicieuse et dangereuse qu’à leur père de réagir. Alors, il reste droit et essaie de penser à autre chose.
Il essaie de penser à la manière dont avait réagit Madeleine à la remarque d’Hunter, tout en finesse et en acceptation pleine de sourire. Il pense à la manière qu’à Ethan de tourner son regard sur le monde. Il pense à son devoir en tant que petit frère. Plus jamais il ne laissera quelqu’un faire du mal à son ainé. Il pense à tout ça, en laissant Ethan dans les mains de Madeleine. Il sait qu’ils se défendront, l’un et l’autre… jusqu’à ce que la bulle de protection n’éclate de la venue de Rose dans son champ de vision… Dans les bras de son père. Il a envie de vomir. Il va vomir. Il sent son cœur qui défaille et se gorge de souffrance indescriptible. Il a du mal à avaler la salive qui se forme dans sa bouche. Un liquide de feu qui annonce le rendu qui doit sortir. Il a mal. Il sent physiquement la douleur de l’étreinte de sa sœur. Il n’arrive qu’à peine à lui faire un sourire difficile pour la rassurer. Sa sœur. Sa grande sœur. Son ainée, qui ignore les malveillances de leur père et le croit parfait. Est-ce que Rose en veut toujours à Benedict de l’avoir envoyé dans sa pension ? Même sans lui, elle doit finir ses années pour avoir un diplôme de cette école réputée, elle ne décevra pas Ethan en abandonnant. Ils ont encore un moyen de la protéger. Il cille, sans son cœur qui défaille. Madeleine apparaît dans son champ de vision, elle est telle un ange, elle aussi. L’expression même de la sauveuse qui empêche les matelots de couler. Il tient sa main alors qu’il entend Ethan l’excuser auprès de leur père.
Il arrive à peine dehors, dans un coin sombre, qu’il vomit tout ce qu’il a pu manger depuis des jours. Il ne veut pas que Madeleine le voit, mais l’idée d’être seul lui scie l’âme en deux opposés qui se combattent. Il est entre la vie et la mort. Il le sent dans la bile chaude qui s’échappe de ses lèvres comme une lave qui coule le long d’une montagne endormie. Il veut la retenir mais il n’y arrive pas. La tornade est partie. Laissant la lande désolée de son vent destructeur. Il aurait préféré qu’elle ne le touche pas, qu’elle ne le tire pas jusqu’à l’extérieur. Il aurait préféré qu’elle ne soit pas témoin de ce moment. Il essaie de respirer mais la bile semble lui sortir par le nez et pas les yeux. C’était de la morve et des larmes, il le sait bien… mais n’empêche. Il reste pencher contre l’arbre et essaie de respirer. Il veut tuer cet enfoiré. Il veut lui faire du mal et qu’il ne puisse plus jamais poser les yeux sur sa sœur. Mais Benedict avait un plan, un plan qui protègerait la famille dans son ensemble, et Douglas ne peut se permettre de tout faire foirer simplement pour le bien de son estomac.
Il laisse la jeune femme partir, non sans un grognement… et il entend quelqu’un arriver. Il n’aime pas qu’on voit sa faiblesse. Il ne vomit qu’après avoir vue son père, ou lui avoir parlé. La nausée lui vient comme une réaction naturelle de son corps. Il sait, le jeune médecin, que cela vient du traumatisme. Il a lié dans son esprit l’odeur du sang et de la mort à l’image de son père. Mais il n’y peut rien.
Il sent la présence d’un ange venir contre lui. Il le sent et se demande si c’est à nouveau Madeleine. Sauf que le geste est bien trop doux. Le geste est délicat et l’apaise avec délectation. Madeleine aurait-elle pu faire preuve d’autant de douceur ? Il en doute. Sa « belle-fille » a toujours du mal à rester en place, et il doute que cela ne change parce qu’il est en mauvaise posture. Au pire, comprendrait-elle qu’il ne rigole pas quand il la supplie de faire bonne figure. Il se sent calme et finit par remonter son regard vers l’inconnue à côté de lui. Il essuie son visage, un peu honteux de cette situation, et l’observe. Et il se fige. Ses yeux s’arrondissent, son cœur s’arrête, son souffle se sacade, -oui même sans cœur il respire-, et il se sent pris de vertige. Là. Devant lui. Il y a son ange.
Et ce n’est pas une question. Il se sent confus et particulièrement honteux de la situation. Il fait un mouvement de ses jambes pour se reculer du vomi écoeurant qui recouvre la pelouse. Il la regarde mais ne dit rien pendant de longues secondes avant que ses larmes ne dévalent ses joues. Il rencontre la femme de sa vie, la femme pour qui il vit depuis des années… juste après un mariage dont il ne veut pas et avoir vomi de la présence de son frère.
- Je suis désolé. Je suis tellement désolé. J’aimerais mourir pour tout recommencer. Je suis terriblement dé..sé…déo…déso…
Il n’arrive plus à parler tant les larmes coulent et sa respiration s’arrête. Il ne peut plus respire. Il doit se calmer. Il ne sait pas comment, il finit dans un coin de la propriété qui est plus calme. Ils sont à l’abri des regards et il pose sa tête entre ses jambes, conscient de faire une grosse crise de panique, en plus d’expulser des mois de doutes, de tristesse, de colère. Il a menti à Katherine. Toute cette situation était affreuse. Il se calme à peine avant de plonger son regard dans celui d’Eurydice.
- Je vous aime depuis que j’ai 8 ans, Milady et voilà que vous apparaissez comme un ange au pire moment, je vous prie de m’excuser.
Il ne peut pas l’aimer. Il ne doit pas. Il aimerait être un autre homme, sans scrupule, qui lui ferait l’amour dans les fourrées malgré que sa femme l’attende à l’intérieur. Mais ce n’est pas le cas. Il est incapable de faire souffrir Katherine, avec le risque qu’encours une telle relation. S’il n’est pas fidèle, Edward le fera tomber sur Madeleine, et Howard sur son frère… mais pourtant…il aimerait tant pouvoir aimer la seule femme qu’il n’aimera jamais (//on s’étouffe).
Ethan Berrygreen
J'ai 25 ans et je vis à Londres, Angleterre. Dans la vie, je suis second fils mais en passe d'être un héritier, et je m'en sors en surviant. Sinon, grâce à ma chance, je suis célibataire et vue que je compte mourir, il vaut mieux le rester... . → Possède une arme à six coups, qui a déjà perdu quatre balles. Trois pour tuer, une bêtement. → Il a de grosses cicatrices sur le dos, des maltraitances et mal soignés. → Il a peur du noir et dort avec une bougie → Il parle peu, le moins possible en tout cas → Il est bon en mathématique → Il ne voit pas les couleurs.
Univers 3:
► Benedict a disparu et Eli va le chercher ► Ethan ne veut se marier avec personnage mais va tomber sous le charme d'Eurydice ► Douglas est marié à Katherine et va tomber sous le charme de Madeleine une fois qu'il aura exorcisé son ange ► Kaya va essayer de se venger de Stefan, avant que ce dernier ne devienne roi (sans tuer personne de nos amoureux) ► Kyle et Rose vont avoir un rapprochement étrange
Le fouet claque. Violemment. À genou devant les flammes de l’antre, Ethan ne réagit plus. Il attend, serre les dents et pleure malgré lui. Ce n’est pas un sentiment qui laisse échapper ses douloureuses perles au coin des yeux, mais bien la souffrance physique. Il sait que son corps est un feu. Il a conscience de l’odeur poisseuse du sang autour de lui. La bâche que son père a mis sur le sol, -précaution utile pour éviter que la vérité n’éclate- est taché de marque écarlate plus ou moins sèche. Ethan finit par compter. Son père arrive au bout de ses dix coups. Howard Berrygreen, fort de se croire supérieur à tout le monde, croit encore que ses enfants n’ont pas compris sa manière très simpliste de fonctionner quand il s’agit d’eux. Howard lâche un juron. Ethan, dix ans, ne bouge pas de sa position de soumis alors qu’Howard attrape Benedict par le bras.
- C’est ton tour. Rends-moi fière de toi, cette fois-ci.
Benedict est toujours là. Il fait semblant de ne rien ressentir alors que tout son corps est transporté ailleurs. Il regarde son frère en sang, immobile. Ils ont déjà eu cette situation des millions de fois. La première fois, Benedict a refusé, et Howard s’est vengé en battant bien plus fort Ethan. Les fois suivantes, Benedict a compris qu’il devait frapper son frère pour que son père ne le fasse plus à son niveau…. Mais ça n’a jamais été assez fort pour le paternel qui voulait voir les frères se déchirer et se haïr. Depuis, Benedict a trouvé pile la force à mettre dans ses coups, mais ça le déchire toujours. Il sait exactement comment faire mal à son petit frère pour que celui-ci ne subisse pas de nouveau coup par la suite avant un petit temps. Il sait comment le tenir pour qu’il ne souffre pas. Il sait où frapper.
Ethan ne bouge pas. Lui aussi sait. Il regarde les flammes et à l’impression parfois de voir le visage horrifié de son grand frère derrière les lames orangés. Il a l’impression de voir Benedict sous ses paupières. Pour Ethan, il n’y a jamais eu de ressemblance entre son frère et leur père. Non. Ethan le sait et bouge légèrement son petit doigt pour prévenir son frère qu’il est prêt. Ethan est toujours prêt. Alors, Benedict se met derrière lui. Repousse la souffrance de son acte et se rappelle de toutes les raisons qui font qu’il doit blesser son frère. Il remonte son bras, laisse le fouet toucher le sol et…
- PAPA ! crie une voix dans le couloir. PAPA ! Je veux monter un étalon !
Benedict aurait pu en pleurer s’il n’avait pas eu parfaitement conscience de la réaction de son père face à cette faiblesse. Howard change. Son expression s’adoucit comme si on a lavé son âme avec un produit détergeant. Pourtant, les frères remarquent une bosse qui ne doit pas être là, normalement, quand un père pense partir en promenade équestre avec sa fille. Alors qu’Howard se lève, il pousse son fils pour aller dans la chambre collé. Rose ne peut pas voir les deux frères qui sont en train de se rapprocher l’un de l’autre. Enfin, l’un.
- Non, souffle Ethan. Va avec. - Quoi ? murmure Benedict pour ne pas se faire remarquer. - Va avec Rose, siffle-t-il alors que la douleur l’assaille. Je peux me débrouiller. Va avec elle. Il faut que tu ailles avec elle.
Benedict déteste ça… mais il sait aussi qu’Ethan a raison. Il embrasse les cheveux de son frère et lui promet qu’un jour il n’y aurait plus besoin de souffrir. Il en fait le serment sur sa vie. Ethan s’écroule face contre terre. Il entend Benedict arriver dans la pièce et écarter les bras, vers Rose, comme s’il n’avait rien fait. Rose le prend certainement pour une jalousie mal placé, mais Ethan sait que c’est pour le mieux. Benedict finit par avoir le droit de venir faire du cheval avec sa sœur et son père. Et même d’être sur le même que sa sœur. Ethan, lui, prit le temps de souffler. Il ne peut demander à personne de le soigner ici. Il s’habille, s’emmitoufle dans des draps qui sont bon à jeter et il sort de la bâtisse. En ce moment, c’est la fête. Equinoxe d’Hiver ou de Printemps, il s’en fiche. Il sait que plusieurs lords et autres nobles se trouvent dans les environs… mais il doit se soigner. Alors, il se glisse dans les ombres et rejoint le lac. Il n’a pas froid. Le sang lui colle la peau sur le tissu et il est obligé de se l’arracher pour pouvoir approcher de l’eau.
Il a froid. Il n’arrive pas à voir son dos et il essaie d’utiliser le drap pour s’en faire une serviette qui rape. Il a mal. Il souffre affreusement mais il ne peut rien faire de mieux. On est pas malin à dix ans, dirons certaine… mais surtout, il sait qu’il doit à tout prix empêcher le monde de savoir avant de pouvoir trouver un plan.
Alors qu’il essaie encore de soigner ses plaies, des mains le touche. Il est tellement pris dans ses larmes qu’il ne voit que de manières floues la personne qui le touche. Elle semble hésitante… et jeune. Une enfant ? Il papillonne des yeux plusieurs fois mais préfère regarder ailleurs. Il regarde le ciel alors que la jeune enfant, qui semble au proie à des émotions vives, elle aussi, caresse sa peau de l’eau du lac pour nettoyer le sang et permettre d’y voir plus clair.
- Je suis tombé dans les escaliers, mentit-il simplement en sachant très bien que l’inconnue, qui qu’elle puisse être, reconnaîtra les sillons nets d’un tranchant.
Il a plus de chance de faire croire d’avoir été attaqué par un jongleur de couteau que cette excuse bidon. Surtout qu’on peut remarquer une superposition de marques plus ou moins ancienne qui parcourent son dos. D’ordinaire, c’est Benedict qui le soigne, alors Ethan ne sait pas le véritable Ethan de son dos. Il cille. Il n’aime pas mentir… et puis… pourquoi mentir ?
- Ce n’est pas vrai. J’ai menti. C’est mon père. Mais il ne faut pas le dire. Sinon, il fera du mal à Douglas, à Daisy, ou même à Rose. Il ne faut pas le dire.
Il fait un mouvement de tête mais refuse de regarder la jeune personne à ses côtés. Il ne peut pas faire ça. Il remarque une chevelure brune et une robe qui a pris la couleur du sang mouillé. Et alors qu’il pense à ses deux couleurs, ses yeux s’assombrissent, s’obscurcissent, et il finit par ne voir plus qu’une couleur terne sur les habits. Le ciel est devenu gris. Le lac aussi. Les arbres alentours aussi. Il n’y a plus de couleur… Mais ce n’est pas le pire dans cette histoire.
*
Ethan a vue Eurydice Hodges dans la salle de bal. Surpris par la beauté de la jeune femme ? Possible… mais ce n’est pas la seule chose qui fait ouvrir les yeux à Ethan et papillonner des cils. Non.
Il voit ses yeux bleus.
Ce n’est pas comme s’il ne peut remarquer ce détail. Dans son mode terne de gris, de noir et de blanc, il a pris l’habitude d’oublier les couleurs qui l’entoure. Mais, elle, en face de lui mais sans le voir, se retrouve deux saphirs dans la noirceur qui brille de milles feux. Il voit la couleur de ses prunelles. Il voit l’océan qui s’agite et se calme au rythme de ses sourires. Il ne sait pas qui elle peut être, il sait jusqu’il retrouve la vue avec elle.
Et ça lui fait peur.
Heureusement, son frère s’occupe de lui donner une distraction en présentant sa belle-fille, en quelque sorte. La jeune femme, plus jeune que Douglas, est tout de suite prise en amitié par les hommes qui l’entoure, surtout par Hunter. Il suffit de peu pour plaire à Hunter. Une sincérité simple et le fait qu’elle ne prenne pas mal la moindre de ses paroles. Ethan se souvient d’un jour où Rose lui a balancer ses fleurs à la figure quand Hunter a dit qu’elle cacherait le vilain bouton qu’elle avait sur la joue si elle en portait une à ses oreilles. Rose était jeune et sensible de son apparence. Amoureuse de Kyle qui se trouvait d’ailleurs derrière Hunter ce jour là. De quoi rendre la petite friponne très mal à l’aise… et transformer Hunter en son ennemi publique numéro un. Il reste accroché à cette touche de couleur pendant un seconde avant de kidnappé Madeleine dans une danse pour la protéger de leur père.
Parfois, Ethan repense à l’inconnue du lac. Cette fillette qui est venu et à toucher son dos comme s’il n’était pas déjà détruit par les marques de son père. Elle l’a pansé, aidé, soigné, et elle n’a jamais semblé le prendre pour la victime qu’il était. Au contraire. Ce jour là, il a perdu ses couleurs, mais il a appris qu’il faisait la bonne chose. Une fois la danse terminée, et la tornade revenue, il n’eut pas le choix que de laisser Douglas aux mains de Madeleine.
Il ne trouve plus sa touche de couleur et il ne peut même pas s’y intéresser. Il doit s’occuper de Rose. Sa petite sœur cache son sentiment face au départ de Benedict ou s’en fiche-t-elle simplement ? Parfois, il a envie de lui demander mais il a trop peur de le faire. Il voit une ombre allant vers le jardin. Il se demande ce qu’il peut faire. Kyle arrive et enlève Rose des mains de leur géniteur. Kyle dansera avec Rose et ne la quittera pas des yeux. Ethan eut un petit sourire heureux. Il sait bien que c’est Rose qui ne quittera pas des yeux le blond… Kyle approche et se penche vers Howard, un regard de défi au fond des prunelles. Jamais il ne laissera Rose à leur père. Et Kyle, loin de se douter des sentiments de la jeune femme pour lui, ferait tout pour elle, comme la petite sœur qu’il n’a jamais eu.
Ethan finit par rejoindre l’extérieur pour voir une Madeleine pied nu. Il s’approche d’elle et lui tend la main pour la faire rejoindre une pièce à l’intérieur, chauffé par les flammes et à l’abri des regards, eux aussi. Il se penche tout de suite vers ses pieds et commence à les soigner avec de l’eau propre et un drap.
- Vous devez avoir des questions, Milady. Si vous pouviez les poser mais ne jamais en parler, je vous en serais éternellement reconnaissant.
*
Au bal, Brodie, Tristan, Kyle, et Hunter alternent pour tous faire danser Rose. Si cela n’est pas clair qu’elle est le diamant de la soirée, personne ne pourra le dire. Kyle reprend la place dans ses bras pour la musique la plus longue. Il s’approche d’elle, légèrement plus que ce qu’il ne le devrait… S’il vient à faire un scandale en l’embrassant devant tous les invités, elle serait protégé par son nom, non ? Et pourquoi pas ? Elle a le sourire si facile et un regard si pur ? Ce n’est qu’à cause de sa promesse, qu’il a faite à lui-même, de ne jamais plus voir Rose comme une femme, qu’il ne le fait pas.
Parce qu’il y a deux ans, quand la jeune femme eut dix-huit ans, elle est venue avec ses frères chez lui. Elle a passé du temps avec lui. Et un jour, fatigué d’une soirée éprouvante de jeu et d’amusement avec ses frères, il s’est trompé de chambre. Elle était là, étendue dans le lit. Les fenêtres ouvertes. Nue, certainement pour profiter de la fraicheur du vent sur sa peau. Et depuis, Kyle n’arrive plus à se défaire de cette image. Rose est comme sa petite sœur. Il ne la verrait jamais autrement qu’ainsi, même si ses lèvres semblent de plus en plus appeler aux baisers.
Brodie, lui, remarque la femme à l'allure flamboyante qui semble triste dans un coin. Une robe prêté pour l'occasion ? Il s'en fiche. Il attrape la main de Bree et la prend sur la piste avec lui, avant de voir que Hunter a invité Katherine. Les deux femmes peuvent ainsi danser côte à côte dans le quadrille.
J'ai 28 ans et je vis à Londres, Angleterre. Dans la vie, je suis une ombre et je m'en sors moyen. Sinon, grâce à ma malchance, je suis amoureuse d'un fantôme du passé. - Fille unique, son père est un baron pingre et sa mère, une femme volage - Elle a un don et une passion pour la peinture et le dessin - Elle est passionnée d'astronomie - Elle adore lire, ça l'aide à fuir sa solitude - Elle souffre d'un cruel manque d'amour
Il était inhabituel pour un homme de se montrer aussi vulnérable devant une parfaite inconnue, mais Eurydice Hodges n'était pas femme à juger, bien au contraire. En revanche, elle ne pouvait cacher son étonnement et sa surprise, traduits par le relèvement subtil de ses sourcils et sa bouche légèrement entrouverte. Le désarroi de Douglas la touchait en plein cœur. Bien qu'elle fût incapable d'expliquer pourquoi, elle avait la certitude que la détresse de cet homme n'était pas feinte. Il ne se donnait pas en spectacle, il souffrait. Il souffrait tellement que son corps essayait désespérément d'expulser le mal qui le rongeait. Alors, comment aurait-elle pu passer son chemin ? Qui serait assez froid pour demeurer sourd face à l'agonie d'un homme ? Eurydice, elle, en était incapable. Elle ne pouvait se résoudre à laisser Douglas et à lui offrir un peu d'intimité. La jeune femme, qui avait la solitude pour meilleure amie même dans les moments les plus sombres de son existence, ne voyait pas les choses ainsi. Non, pas quand elle avait tant rêvé d'une main bienveillante contre son front. Une compagnie. Quelques mots, simples, mais réconfortants...
Aussi, l'idée de tourner le dos à Douglas Berrygreen était hors de propos.
Oh, on avait donné bien des surnoms à Eurydice Hodges : l'incapable, l'empotée, l'invisible... En revanche, jamais, avant aujourd'hui, un homme ne l'avait appelé mon ange. Ses doigts, humides de la sueur du jeune homme, se figent contre le front de ce dernier tandis que leurs regards se rencontrent enfin. Elle cille et, sur ses joues, une délicate nuance rosée éclot. La beauté de Douglas Berrygreen n'est pas sans lui rappeler ces sculptures grecques créées dans le seul but de rendre hommage aux divinités androgynes. Et cette beauté surréaliste attise le feu artistique qui crépite en Eurydice depuis sa plus tendre enfance. Son intérêt, piqué à vif, enflamme sa créativité. Elle bout dans ses veines et irradie dans tout son être.
- N'êtes-vous pas le plus angélique d'entre nous, milord ? Murmure-t-elle en caressant son front avec délicatesse pour en chasser les mèches rebelles.
Ses lèvres se rehaussent en un sourire timide avant qu'elle ne sorte un mouchoir brodé de sa manche. Elle le regarde. Elle l'observe, lui et les stries de larmes qui baignent ses joues. Qu'est-ce qui avait bien pu provoquer une telle tristesse ? Eurydice savait que Douglas Berrygreen, l'homme qui se tenait devant elle, était l'hôte de la soirée. Il fêtait son mariage avec une femme des plus respectables, bien que beaucoup plus âgée que lui. L'ange n'avait pas jugé cette union pour autant, ce n'était pas son genre. Ses pouces remontent sur le visage de l'androgyne, d'où elle chasse les derniers chagrins de quelques caresses doucereuses. Elle lui essuie le visage avec délicatesse, ses doigts effleurant sa peau au passage.
Pour autant, Douglas se recule. Il s'éloigne de quelques pas et la regarde sans un mot, comme figé par une réalité qui échappe encore à Eurydice. Et elle attend. Elle l'encourage d'un simple sourire à libérer sa parole et son cœur. Elle ne sait pas pourquoi, mais elle a la sensation que c'est important, non, que c'est vital pour lui. Sa main glisse dans la sienne tandis que l'autre vient se refermer autour pour lui offrir le mouchoir en guise de soutien.
Pour autant, la réaction de Douglas la décontenance. Eurydice esquisse un mouvement de recul face à cette nouvelle explosion de tristesse. Elle sursaute alors qu'il fond en larmes devant elle et secoue la tête sans comprendre. L'ange glisse ses mains dans les siennes pour les serrer dans un geste réconfortant. Ses pouces tracent des cercles rassurants contre sa peau délicate.
- L-Lord Berrygreen, je crains de ne pas comprendre... Bafouille-t-elle en pressant ses doigts entre les siens.
Eurydice sent les larmes de Douglas pénétrer son cœur et l'alourdir. Elle a l'impression de l'avoir terriblement blessé, bien malgré elle. Elle ne sait pas pourquoi, mais elle a l'impression que sa seule présence avec lui, dans ces jardins, est la source de son malheur. Alors, elle l'écoute avec attention et elle sent ses propres yeux s'embrumer, comme en proie à une culpabilité qu'elle ne comprend pas.
- Ne dites pas ça, de grâce... Le supplie-t-elle en l'entendant dire qu'il préférerait mourir pour mieux recommencer.
Recommencer quoi ? Elle n'en sait rien, mais ses propos lui arrachent un bout de son âme. Elle ressent sa détresse jusqu'au plus profond d'elle-même. Elle a l'impression qu'il tire sur son âme dans une tentative désespérée de survie, qu'il s'y accroche comme à une bouée de sauvetage pour garder la tête hors de l'eau. Alors, elle l'entraîne davantage à l'écart pour préserver sa réputation, car elle sait que beaucoup seraient ravis d'être témoin de la détresse émotionnelle d'un Berrygreen, et elle ne veut pas offrir ce plaisir malsain à tous ces vautours de la haute société.
À l'abri des regards et des oreilles indiscrètes, il s'effondre littéralement, cette fois. Elle refuse de le voir se renfermer sur lui-même, consciente du mal que cela pourrait infliger à son âme sur le long terme s'il se laissait glisser davantage dans le chagrin. Elle lui caresse les cheveux pour attirer son attention et lui faire relever la tête. Puis, doucement, elle s'accroupit face à lui pour lui encadrer le visage de ses mains. Elle colle son front contre le sien pour lui offrir sa chaleur et ferme les yeux en secouant lentement la tête.
- Vous n'avez à vous excuser de rien, messire. De grâce, respirez... Calmez-vous... Inspirez et expirez doucement... Souffle-t-elle contre ses lèvres.
Elle lui attrape les mains pour les poser sur sa poitrine, à l'endroit exact où bat son cœur. Elle ne sait pas pourquoi il s'excuse autant. Elle ne comprend pas son désarroi, aussi, elle ne sait pas comment l'aider. Non, elle n'en a aucune idée. Alors, elle improvise. Elle plonge son regard dans le sien et l'enjoint à respirer au même rythme qu'elle en caressant sa main du pouce dans un geste rassurant, mais quand il reprend la parole pour lui déclarer son amour... Elle se fige.
- J-Je vous demande pardon ? Bafouille-t-elle en sentant le rouge lui monter aux joues.
Ses sourcils se froncent d'incompréhension. Elle cille, sent son corps se tendre face à cette déclaration soudaine et alors qu'un gentleman trouve le courage de lui avouer ses sentiments, c'est le visage d'un autre homme qui se dessine dans son esprit. L'espace d'un bref instant, elle se retrouve projetée dans les eaux glacées du lac. Sa vision se brouille, oscillant entre le bleu de l'eau et le rouge carmin si caractéristique du sang. Ils baignent dedans, mais cela lui est égal. Seul Ethan Berrygreen compte. Elle panse ses blessures, faisant fi des lambeaux de chair qui pendent dans son dos. Elle veut l'apaiser. Elle veut qu'il guérisse. Elle veut qu'il soit... libre. Heureux. Vivant. Tout, sauf mort. Oui, Ethan a transpercé son âme. Il s'est immiscé dans son cœur sans qu'elle ne s'en rende compte. Elle a l'impression qu'il est là, dissimulé dans l'ombre, à l'observer et elle se sent ridicule d'avoir pareilles divagations. Si seulement... Si seulement il pouvait réellement sortir de derrière un buisson pour la ravir à Douglas. Si seulement il pouvait partager ses sentiments. Si seulement il pouvait se souvenir.
Si seulement...
Elle sait que tout ceci est ridicule. Elle a conscience que son imagination tourne à plein régime. Douglas Berrygreen, dernier fils de la famille la plus influente de Londres, dit être amoureux d'elle depuis sa plus tendre enfance, mais non, tout cela n'a aucun sens. L'ange secoue la tête, comme si ce simple geste suffisait à réfuter l'authenticité de la déclaration du jeune homme. N'est-ce pas la toute première fois qu'ils se rencontrent aujourd'hui ? D'ailleurs, ne vient-il pas tout juste d'épouser lady Katherine Radcliffe ? Tant de questions se bousculent dans sa tête qu'elle sent la menace d'une affreuse migraine planer au-dessus d'elle. Les mains d'Eurydice quittent celles de Douglas pour retomber sur ses cuisses tandis qu'elle secoue la tête, l'air perdu.
- Lord Berrygreen, loin de moi l'idée de vous accuser de mensonge, mais je ne comprends absolument pas de quoi vous parlez. Avoue-t-elle simplement. Si vous m'aimez depuis si longtemps, cela signifie que nous nous sommes déjà rencontrés auparavant, or je n'en ai aucun souvenir... Continue-t-elle en se mordant la lèvre.
L'ange se sent coupable de faire preuve de si peu d'empathie en étant aussi honnête... Pourtant, elle sait que Douglas Berrygreen mérite de connaître la vérité.
- Et si je vous ai oublié, pourquoi continuer de m'aimer pendant tout ce temps ? Vous ne me connaissez pas. Souffle-t-elle, les larmes aux yeux. Non... Je ne mérite pas d'être aimée. Qui pourrait m'aimer ? Murmure-t-elle en détournant le regard.
Oui, sa mère lui avait assez répété qu'elle ne méritait pas d'être aimée pour finir par y croire, et la passivité de son père, indifférent aux tourments psychologiques de son seul enfant, n'avait rien arrangé. Pourtant, elle voulait tant être aimée. Elle le voulait tellement qu'il lui arrivait de ne pas en dormir de la nuit. Elle, que l'on n'avait jamais appréciée à sa juste valeur, ne désirait rien d'autre qu'un amour doux et sincère, à l'image des romans à l'eau de rose qu'elle dévorait en silence dans sa chambre. Elle en avait lu de toutes sortes, suffisamment pour développer son imagination au point de parfois s'enfermer dans des rêves éveillés, tout ça pour pallier à sa solitude. Beaucoup trouveraient cela désolant, mais c'était la seule manière qu'elle connaissait pour tenter de remplir le vide dans son cœur.
- Je... M'aimez-vous réellement... ? Osa-t-elle en relevant son visage vers lui, les yeux remplis de larmes qui commençaient à ruisseler le long de ses joues. Pourquoi ? Pourquoi moi, et pas votre femme ? Est-ce là la raison pour laquelle vous dites que j'apparais au pire moment, messire ? Que... Qu'attendez-vous de moi, au juste... ?
Oh, c'était sans doute égoïste, mais Eurydice Hodges ressentait le besoin vital de se raccrocher à cette déclaration que Dieu lui offrait. Elle avait envie d'être aimée à son tour, à défaut d'aimer un homme qui ne l'aimerait jamais en retour. Qui sait ? Peut-être qu'avec le temps, elle finirait par oublier Ethan Berrygreen pour tomber amoureuse de Douglas... (// qu'elle croit !)
Doucement, l'ange attrape la main du jeune homme pour la poser contre sa joue. Elle sait qu'elle ne devrait pas faire ça. Elle sait qu'elle ne fait qu'attiser un feu dangereux, dont elle ne ressent même pas la chaleur, mais elle ne peut pas s'en empêcher. Ses lèvres effleurent sa paume tandis qu'elle frotte tendrement sa peau à même ses doigts.
- Ne me rejetez pas, je vous en prie...
Madeleine Radcliffe
J'ai 20 ans et je vis à Londres, Angleterre. Dans la vie, je suis aussi libre que le vent et je m'en sors bien. Sinon, grâce à ma chance, je suis célibataire, mais mon nouveau tuteur chamboule mon cœur. - Elle est la fille illégitime de son père et d'une prostituée française - Elle n'a que faire de l'étiquette et du protocole et vit à contre-courant de la société. - Elle aime la poésie, mais déteste l'arithmétique. - Elle n'est pas du genre à avoir la langue dans sa poche et elle n'hésite pas à en venir aux mains, elle est d'ailleurs très fière de son crochet du droit, qu'elle a hérité de son père.
Les pas de Madeleine, agités de prime abord, frottent contre l'herbe fraîchement coupée. Elle court, faisant fi de la rosée dans laquelle baignent ses pieds, bien qu'elle manque de s'étaler plusieurs fois de tout son long par terre à cause de l'humidité. Le rythme de ses pas est franc, rapide et assuré. Oh, la sauvageonne ne pense qu'à retourner auprès de Douglas le plus rapidement possible, son mouchoir dégoulinant d'eau tenu fermement serré dans son poing.
Elle dévale les allées à toute allure, bondit par-dessus les buissons parfaitement taillés, saute au-delà des haies et ne prend pas le temps de s'arrêter pour retrouver son souffle. Sa respiration est sifflante, saccadée, entrecoupée de hoquets impatients. Elle ne pense qu'à Douglas. En cet instant, il n'y a que lui qui compte dans son esprit. Elle n'arrive pas à oublier ses tremblements. Elle ne peut pas oublier ses pleurs. Non, elle n'a pas envie de les oublier. Ils seront les instruments de sa rage. Elle a envie de courir en sens inverse, à toute vitesse, pour retourner à l'intérieur même de la demeure et exploser. Elle veut attraper Howard Berrygreen et le tabasser. Elle veut qu'il souffre. Elle veut lui faire du mal. Elle désire qu'il meure pour avoir osé causer pareils tourments à un homme aussi gentil que Douglas.
Non, il y a autre chose. Le regard que cet homme a posé sur la jolie Rose la hante. Madeleine en a douloureusement conscience. Il est en résonance avec celui d'Edward. Elle ne le connait que trop bien pour l'avoir subi tout au long de sa vie. Seule Rose semble ne pas l'avoir remarqué, auquel cas, comment pourrait-elle se jeter ainsi dans les bras de son détraqué de père ? Cela explique également pourquoi Douglas s'est interposé entre Edward et Madeleine lors de leur première rencontre, mais aussi pourquoi Ethan et Tristan ont aussitôt éloigné les deux jeunes femmes de Howard en les invitant à danser... Elle ne lui avait pas sauté à la gorge que par égard pour Douglas et Katherine. Parce qu'ils lui avaient demandé de ne pas faire de vague. Parce que Douglas l'avait supplié de bien se tenir. Il avait dit que c'était primordial pour le bien-être de sa famille. Alors, même si Madeleine sent son corps bouillir de rage... Elle fait de son mieux pour l'ignorer. Elle ignore le sang qui bourdonne dans ses oreilles pour se recentrer sur le présent.
Elle ne pense qu'à une seule personne.
Pour l'instant, le bien-être de Douglas Berrygreen compte bien plus que ses envies de vengeance. C'est bien la première fois, d'ailleurs, que Madeleine est animée par autre chose que la haine. Pourquoi écoutait-il cet homme quand il la suppliait de se tenir tranquille ? Elle n'en avait aucune idée, pourtant, la sauvageonne court à en perdre haleine. Son corps ruisselle de sueur, ses cheveux sont en bataille, défaits par le vent et sa robe est arrachée par endroits, à force de frottement contre des brindilles. Oh, elle n'a plus rien d'une fille de bonne famille. Ses artifices se sont envolés. Elle est simplement Madeleine, l'ouragan, et c'est bien mieux ainsi.
Au fur et à mesure que Madeleine approche de l'endroit où elle a laissé Douglas, le rythme effréné de ses pas diminue. Elle se sentirait presque euphorique tant elle est heureuse de le retrouver - même si elle aurait préféré le revoir avec un sourire sur les lèvres et pas dans un état de détresse absolue. Elle halète, freine sa course et sent son cœur s'agiter en l'apercevant au loin.
- Dee ! Appelle-t-elle en agitant sa main haut dans les airs.
Mais l'euphorie est de courte durée. Madeleine s'immobilise en réalisant que Douglas n'est plus seul. Elle se tait, laisse sa main retomber le long de son flanc et observe la scène qui se joue devant elle. Elle se sent incapable de s'imposer. Elle ne s'en sent pas le droit. Douglas ne semble pas l'avoir entendu. Il semble être hypnotisé par la femme qui se tient face à lui et le sentiment d'allégresse que Madeleine éprouvait cède sa place à un profond sentiment de déchirement.
Elle ne sait pas pourquoi, mais elle déteste voir cette inconnue le toucher. Elle ne veut pas voir cette femme lui caresser la joue, mais elle ne peut pas détacher son regard.
Vous êtes mon ange.
Pour peu, la bile lui monterait presque à la gorge. Non ! Qu'est-ce qu'il raconte ? Les anges, c'est comme les démons, ça n'existe pas ! Ce n'est qu'une femme et une femme n'a rien d'angélique ! Comment un ange pourrait-il le mettre dans un tel état de détresse ? Douglas s'effondre. Il pleure et suffoque. Madeleine sent son cœur lourd. Elle veut fondre jusqu'à lui pour le prendre dans ses bras. Elle veut le sauver de la situation, le prendre par la main et l'emmener aussi loin que possible de cette inconnue. Il s'excuse, encore et encore. Et Madeleine ne comprend pas pourquoi, elle non plus. Elle a l'impression qu'on lui tord les entrailles, son estomac lui fait mal, elle est encore inconsciente de l'angoisse qui creuse son nid au plus profond de son être.
J'aimerais mourir pour tout recommencer.
Cette simple phrase la frappe de plein fouet. Elle lui coupe le souffle, lui brise le cœur et en éparpille les morceaux aux quatre coins du monde. Pourquoi diable se mettait-il dans un état pareil pour une femme ? Pourquoi ne cherche-t-il pas après elle, plutôt que de s'infliger une peine aussi intense ? Madeleine a l'impression qu'on lui arrache le cœur. Elle a l'impression qu'on le maltraite par pur sadisme. Elle ne veut pas être simple spectatrice de tout ça, mais elle se sent étrangère à la scène. Elle sait qu'intervenir ne jouerait pas en sa faveur. Elle a l'impression que Douglas pourrait lui en vouloir de se mêler ainsi de sa vie privée. Pourtant, elle ne veut pas qu'une autre femme ait autant d'importance pour lui. Non, cette simple idée lui donne envie de vomir. Elle sent sa gorge se serrer. Elle sent son estomac se révulser. Elle sent son cœur se rompre, mais ses jambes la portent toujours. Et quand Eurydice Hodges l'entraîne ailleurs, Madeleine avance à pas de loup, poussée par un sentiment de jalousie qu'elle ne sait pas encore identifier. Elle ne veut pas être dans le public. Elle veut monter sur scène et avoir son propre rôle. Oui, elle est incapable de résister à l'envie de le rejoindre.
C'est plus fort qu'elle.
Mais Ethan Berrygreen, inconscient de la tempête qui tord l'âme de Madeleine, empêche la jeune femme de se joindre au couple. Il la ravit sans même qu'ils ne les remarquent, trop absorbés l'un par l'autre. Ah, cette pensée lui brise le cœur. Douglas ne jure plus que par son ange et cela arrache un sanglot désespéré à Madeleine. Ethan l'attire à lui, il la guide à travers la nuit et lui offre un refuge à l'abri des regards. La sauvageonne n'a pas la force de résister. Elle le suit, non sans jeter des regards affligés en arrière. La simple vision de Douglas et d'Eurydice proches l'un de l'autre la révulse. Elle a envie de hurler, mais aussi de pleurer. Et malgré elle, sa nature violente et destructrice crie au scandale.
Elle a envie d'attraper tout ce qui traîne dans la pièce et de tout casser.
Mais elle n'en fait rien. Douglas et Katherine lui ont demandé de bien se conduire. Elle essaye, mais elle a la sensation qu'on tire sur une corde déjà beaucoup trop tendue. Alors, elle s'assoit sur le divan, la tête baissée, et semble presque prostrée tant son manque évident de réaction est affligeant. Elle tremble, tente de se contrôler pour ne pas exploser. La soirée avait été beaucoup trop riche en émotions négatives.
La voix d'Ethan, douce, lui parvient quasiment comme un murmure, bien qu'il se tienne à genoux devant elle. Il soigne ses pieds, désinfecte les plaies avant de les panser, mais elle ne grimace pas. Cette douleur n'est rien comparée à celle que ressent son cœur. Elle pense n'avoir jamais eu aussi mal de toute sa vie, même après les déferlantes de violence qu'Edward aimait lui infliger dans ses mauvais jours.
- Savez-vous qui est l'ange de Dee ? Souffle-t-elle en plongeant un regard déchiré dans celui d'Ethan. Oui, c'est la première question qui lui vient en tête. Et elle la regrette. Madeleine se mord la lèvre, consciente de ce qu'elle demande, et secoue la tête. Non, pardonnez-moi, je n'ai rien dit. Je ne veux pas savoir. Pas maintenant. J'ai promis. J'ai promis de bien me tenir.
Ses mains glissent dans ses cheveux pour en détacher les épingles qui les retiennent encore. Elle secoue ses boucles blondes pour les laisser retomber et ramène ses genoux contre sa poitrine en faisant la moue. Ses orteils se tendent et se détendent devant le feu ronflant dans la cheminée.
- Votre père... Crache-t-elle, le regard sombre. Pourquoi vous terrorise-t-il tous autant ? Je crois avoir compris certaines choses, notamment à propos de son obsession pour Rose, mais... N'y-a-t'il rien que nous puissions faire pour vous libérer de son emprise ? Comment arrivez-vous à supporter la peur qu'il fait naitre en votre petit frère ? Et ce regard lubrique qu'il pose sur Rose ? Loin de moi l'idée de vous accuser, messire, je ne connais pas votre histoire. Je n'ai aucune idée de ce que vous avez traversé, mais... Elle pose un regard compatissant sur Ethan. Vous n'êtes plus des enfants. Vous pouvez vous libérer de ces chaînes. Non, vous devez vous en libérer ! Il n'a d'importance dans votre vie que parce que vous choisissez de lui en donner. Si nous pouvons faire quoi que ce soit pour vous aider... Si nous pouvons venir en aide à Dee de quelque manière que ce soit... De grâce, dites-moi comment faire.
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Univers fétiche : Fantastique
Préférence de jeu : Les deux
Clionestra
Dim 3 Nov - 19:20
Douglas Berrygreen
J'ai 18 ans et je vis à Londres, Angleterre. Dans la vie, je suis étudiant en médecine et je m'en sors bien. Sinon, grâce à ma malchance, je suis marié et je le vis plutôt mal, amoureux d'un ange du passé, et devenu l'élève d'une belle-fille qui chamboule ma vie. → Dernier fils du duc de Berrygreen. → Il est jovial, charismatique, marrant et enthousiasme. Ainsi qu’un peu enfantin. → Il a peur de son père et ne supporte pas la violence qui le renvoie à l’époque où il a vue son frère se faire frapper. → Il a une peur du sang → Pourtant, il aimerait être médecin, spécialisé dans l’accouchement et les saignements des femmes. → Il est très têtu et n’hésite pas à faire plusieurs kilomètres pour trouver une réponse à une question. → Il n’hésite pas à dire ce qu'il pense. Il a toujours été protégé par ses frères, et il le sait. → Il aime tous les sports non violent. Comme la natation et l'escalade, surtout, mais aussi les jeux d’équipe comme le football.
Univers 3:
► Benedict a disparu et Eli va le chercher ► Ethan ne veut se marier avec personnage mais va tomber sous le charme d'Eurydice ► Douglas est marié à Katherine et va tomber sous le charme de Madeleine une fois qu'il aura exorcisé son ange ► Kaya va essayer de se venger de Stefan, avant que ce dernier ne devienne roi (sans tuer personne de nos amoureux) ► Kyle et Rose vont avoir un rapprochement étrange
Douglas a envie de vomir. La bile dans son estomac est en train de devenir brasier et il a parfaitement conscience que toute cette histoire lui vaudra un sommeil remplit de cauchemars. Katherine, son mariage avec elle en tout cas, le perturbe déjà assez. Il y a encore plus depuis qu’il a vue le visage d’Edward sur sa fille. Il mélange leur père et en fait un monstre incroyablement violent qui mange les enfants et des bouts de cœur. Douglas se souvient d’un jour, il avait neuf ou dix ans, où il a suivit Logan dans un faubourg de personne mal aisé. Une femme, une vieille femme à l’allure étrange et qui sentait le chocolat, lisait une histoire aux enfants qui se trouver là. Logan lui a proposé de rester. Ce qu’à fait le petit Douglas. C’était l’histoire d’un ogre qui vivait dans les montagnes. Ce monstre mangeait le bout de cœur des enfants, et les refaisait partir chez leur parent avec la promesse de ne jamais dire ce qu’il avait fait. Ainsi, tous les enfants et la plupart des adultes qui avaient été enfant un jour, avaient été amputés d’un bout de leur organe. Si Douglas a d’abord compris l’histoire au premier degré, ressemblant fortement à Hunter, il réussi à suivre la métaphore filée dont parler l’histoire… Il comprit la mise en garde et la douloureuse réalité qu’expliquer ce conte de fée macabre.
L’ogre est un homme qui fait du mal aux enfants. Le cœur n’est pas touché, mais le corps que l’on viole… et ensuite, personne ne parle à cause de la peur et de la douleur. Il y a des craintes que l’on intègre dans l’âme. Douglas comprit alors ce jour là le regard de son père, avec une force nouvelle et violente qui l’a atteint au cœur. Maintenant, il arrive à les voir. Les gens comme son père, qui veut du sexe pour un corps qui ne peut subir un tel assaut.
Il pense à Madeleine. Il ne connait pas les psychologies de personnes qui subissent la violence, mais il espère que le caractère si explosif de la jeune femme ne cache pas un sévice déjà persue. Il espère de tout son cœur qu’elle est toujours « pure », et il ne parle pas réellement de sa virginité mais du fait de ne jamais avoir été forcé à amputé un bout de soi sans pouvoir le dire à personne.
Il pense aussi à Eurydice, dont il ne connait pas encore le nom. Cette femme qu’il aime de tout son cœur depuis qu’il l’a rencontré, rapidement, un jour mauvais pour lui où il a cru que sa sœur allait mourir, à cause de la quantité de sang qui était sorti de son corps pour ses premières règles. Il se souvient encore de l’effroi et de la panique qui avait suivi cette vision. Parfois, quand il y pense, il aimerait ne pas voir les couleurs comme son ainé pour ne jamais avoir à observer une femme, les jambes écartés, criant pour qu’un bébé mort sorte. Malheureusement, il a déjà eu le cas. Et son cœur se brise à chaque fois.
Il pense à cette femme qui se tient à côté d’elle, telle un ange protecteur et bienveillant. L’envergure de ses ailes est si grande qu’elle cache la noirceur ambiante. Malheureusement pour Madeleine, il oublie complètement qu’elle est celle qui l’a fait sortir pour vomir. Ne reste que son ange avec son regard étonné de se faire ainsi déclarer une flamme par un homme vomissant tripes et boyau à côté d’un conifère. Une preuve de plus qu’il aimerait tout recommencer avant qu’il ne soit trop tard. Il essaie de respirer, mais il a l’impression de se noyer dans les émotions qui l’étranglent. Il a l’impression que l’étau se resserre et qu’il ne pourra jamais respirer correctement ensuite. Il déglutit comme il peut, avec l’impression d’avaler du fer en fusion.
Les actions de son ange personnel, puisque c’est ce qu’elle est, le calme. Elle y arrive. Ce qui prouve déjà l’influence qu’elle a sur lui. Elle le tient fortement, comme pour l’éviter de s’effondrer totalement. N’est-ce pas Atlas qui, dans la mythologie grec, est obligé de tenir le monde sur son dos pour éviter de le voir chavirer ? Il respire le souffle de ses paroles et arrive à peine à se calmer quand elle lui donne des conseils pour reprendre une respiration normale. Il essaie pourtant. Mais le souffle lui manque et il se saccade malgré lui. Il observe l’ange à ses côtés. Il aimerait la kidnapper et lui dire qu’il l’aime jusqu’à mourir. Mais il ne peut pas faire ça à son frère, qui se retrouverait alors seule barrière contre leur père. Ni Katherine, qui n’aurait le droit qu’à un nouveau stupide mariage avec un homme qui la force et la blesse. Ni Madeleine. Il ne peut pas. Il aimerait. Il aimerait tellement être égoïste pour ne plus avoir à souffrir ainsi. Disparaître. Comme Benedict ? Il se sent affreux de le penser.
Il ne sait pas où est Benedict, mais il sait que son ainé fera tout pour rentrer à la maison, même si pour ça il doit traverser le monde à la nage et se battre contre des requins affamés.
- Je vous aime, souffle-t-il à nouveau quand elle bafouille de sa première déclaration.
Il ne connait toujours pas son prénom, mais il s’en fiche. Il sait qui elle est. La preuve en aie qu’elle se trouve à nouveau là, dans sa bulle privée, pour le calmer et l’aider à aller mieux. Il n’y a qu’un ange pour le faire (//Madeleine le faisait aussi, trou de balle). Il a une petite voix qui lui crie une information capitale pour la suite de sa vie, mais elle est étouffée par la beauté de la personne en face de ses yeux. Il sourit doucement.
- Nous nous sommes déjà rencontré, confirme-t-il sans lever la voix, de peur que la magie qui a fait apparaître la jeune femme avec lui ne se disperse à cause de son souffle.
Il était jeune. Elle aussi. Plus jeune que maintenant. Ce qui est dur vue l’âge si petit de Douglas, mais il se souvient de chaque moment. Il se souvient de chaque instant. De son regard. De son sourire. De la teinte exacte de ses yeux quand elle lui a sourit pour lui dire que, non, sa sœur n’allait pas mourir de son hémorragie, qu’elle est simplement devenue apte à avoir un bébé. Il pense toujours qu’une femme ne devrait pas avoir de règle avant au moins sa majorité, mais cela n’est que l’idée du médecin qui a déjà du faire accouché une enfant de douze ans dont « personne ne connait l’amant ». Etrangement, Ethan était allé parler à Stefan et le père de cette enfant a disparu, mais ça, c’est une autre histoire.
- Vous méritez d’être aimer, ma douce. Je ne pouvais oublier l’ange qui me sauve du pire jour de ma vie. Celle qui réussi à me faire comprendre que ma sœur n’allait pas mourir, et que je n’avais certainement pas intérêt d’essayer de la rejoindre dans l’au-delà. Vous êtes la raison de ma survie.
Parce que, ce jour-là… Douglas avait dit cela. Si Rose meurt, alors il devait mourir avec elle. Parce qu’ainsi, il pourrait la protéger dans l’autre monde pendant que leurs frères ainés se protègeraient l’un l’autre. L’idée d’un enfant dans un état de panique, bien sûr, mais une idée tout de même. Et c’est Eurydice qui a fait ça. Il observe la jeune femme et voit les larmes qui coulent le long de ses joues. Il est surpris et diablement inquiet. Il oublie alors sa propre peine et peur, il met au fond ses propres sentiments pour ne s’occuper que de la jeune femme en face de lui. Il prend son visage et essuie ses larmes.
- Je vous aime, réellement. Depuis toujours. Ma femme… Je n’ai pas vraiment eu le choix d’épouser Katherine, bien que je l’apprécie en tant que personne et amie. Et je n’attends rien.
Il la laisse le toucher et fait un nouveau sourire simple. Il lui caresse la peau de son visage, comme il le ferait pour des larmes qui couleraient des yeux de Rose.
- Je ne peux vous rejeter, mon ange. Je suis juste au bord d’un désespoir plus grand encore de savoir que je ne pourrais jamais être votre. Mais sachez que vous pouvez être aimé. Je le sais. Je l’ai toujours su. Laissez-moi vous le prouver. Je connais assez de gentleman pour savoir qu’une femme avec votre bonté saura toujours faire tomber sous le charme les hommes de cœur.
Il lui propose de l’aider à trouver l’amour, comme il ne peut l’être… mais il ne peut pas non plus mentir en lui disant ne pas l’aimer. Cette situation l’inquiète. Il veut l’aimer. Il veut l’épouser. Elle vient de lui faire comprendre être célibataire… Lui qui a toujours cru devoir mettre à la poubelle son rôle de gentleman en devenant l’amant d’une femme marié, il se retrouve maintenant à devoir être l’ami de la femme qu’il aime pour lui trouver une personne qui pourra l’aimer. Car il ne lui demandera jamais de l’attendre. Surtout quand cette attente signifie avoir l’espoir que Katherine meurt rapidement. Cette pensée, là, le débecte. Même s’il est enfermé dans ce mariage, il ne souhaitera jamais de mal à sa femme. Et il lui sera toujours loyal… et puis, il est si inexpérimenté en tout… Il ne serait pas quoi faire pour que la jeune femme comprenne qu’il l’aime réellement. Peut-être aurait-il du prendre des cours ? Mais Brodie est un homme déviant qui aime son plaisir plus que celui de sa partenaire. Logan est trop scientifique. Hunter ne passe qu’un instant dans son esprit et Douglas l’imagine ne pas comprendre le principe des bébés, alors même qu’il en a eu deux. (// S’ils savaient xD). Il lui fallait quelqu’un d’autre… quelqu’un comme… Madeleine ? Il observe la femme à ses côtés. Madeleine pourrait l’aider à faire les choses bien, sans dépasser les règles des gentlemans. Elle est assez ouverte pour lui répondre honnêtement, et assez au fait de la société et des mœurs pour l’aider à ne pas les dépasser, n’est-ce pas ?
Ethan Berrygreen
J'ai 25 ans et je vis à Londres, Angleterre. Dans la vie, je suis second fils mais en passe d'être un héritier, et je m'en sors en surviant. Sinon, grâce à ma chance, je suis célibataire et vue que je compte mourir, il vaut mieux le rester... . → Possède une arme à six coups, qui a déjà perdu quatre balles. Trois pour tuer, une bêtement. → Il a de grosses cicatrices sur le dos, des maltraitances et mal soignés. → Il a peur du noir et dort avec une bougie → Il parle peu, le moins possible en tout cas → Il est bon en mathématique → Il ne voit pas les couleurs.
Univers 3:
► Benedict a disparu et Eli va le chercher ► Ethan ne veut se marier avec personnage mais va tomber sous le charme d'Eurydice ► Douglas est marié à Katherine et va tomber sous le charme de Madeleine une fois qu'il aura exorcisé son ange ► Kaya va essayer de se venger de Stefan, avant que ce dernier ne devienne roi (sans tuer personne de nos amoureux) ► Kyle et Rose vont avoir un rapprochement étrange
Ethan comprend rapidement les tourments de Madeleine. Enfin, un partie de ses tourments. Il n’imagine pas que l’amour flotte déjà, mais un attachement, ça oui. Il sait que Benedict comme son petit frère ont la capacité spéciale de se faire apprécier très rapidement par la population. Surtout féminine. Pas amoureusement. Non. Benedict et Douglas sont simplement très ouverts et toujours avec un sourire. Si Benedict souffre chaque fois qu’on lui fait remarquer qu’il ressemble à son père…, il reste toujours charmant. Là où Ethan est toujours silencieux, dans un coin, qui espère ne jamais avoir à répondre à aucune question. Il le sait. D’ailleurs, il reste au maximum silencieux alors qu’il a embarqué la jeune femme. Il ne lui donne que la possibilité de répondre à ses interrogations. Il sait qu’elle doit en avoir. Quand la jeune femme lui demande s’il sait qui est son ange, il fait un mouvement de la tête.
- Non.
Il ne sait pas que Douglas se trouve en ce moment même avec son ange. Et il ne peut même pas imaginer que l’ange de Douglas se trouve être le même que le sien. Il n’a pas vue le visage réellement de la femme qui l’a aidé ce jour là. Ethan, qui pourtant aimerait trouver l’inconnue aux yeux bleus, prend le temps de continuer à soigner la jeune femme.
- Vous devez faire attention à vous, milady. Douglas serait triste de savoir que vous vous blessez ainsi. Mais pour le moment, vous vous êtes très bien conduit, et je vous en remercie.
Il le sait. Douglas a ce qu’on appelle un « cœur chamallow ». Le genre de cœur qui fait que l’on s’attache rapidement, que l’on prends des choses à cœur et que l’on peut, parfois, souvent, se sentir mal ou prendre l’histoire d’une autre personne pour la sienne. Il observe la jeune femme et les réelles interrogations qu’elle se pose. Elle ne va pas avec le dos de la cuillère, elle est directe et maligne. Elle a tout de suite compris de quoi il en retourne et il sait que Douglas ne lui a rien dit. Il a promis la vérité, alors, il compte luis donner. Il la laisse finir avec calme alors qu’il reste accroupi devant la jeune femme. Il se sent reconnaissant auprès de la jeune femme de donner autant de cœur à leur histoire.
- Je pense, Milady, que vous connaissez les règles de possession des femmes. Les femmes appartiennent à leur père, puis à leur mari, et ensuite à leur fils et…
Il se stoppe en fronçant les sourcils. Il aimerait faire tout comprendre avec le moins de mots possible, pour éviter que cela ne soit trop contraignant pour lui. Il n’a jamais été très bavard… mais pour une fois, il allait faire un effort. Parce qu’avoir une alliée que personne ne connait, ça peut être libérateur pour eux.
- Il nous terrorise parce qu’il sait où frapper pour que l’on souffre. Il nous a obligé à nous faire du mal, en menaçant les deux autres qu’il n’a jamais touché. Moi, Benedict, Douglas, nous pourrions nous libérer de lui, mais Rose lui appartient légalement. Si on arrête de faire front, qu’on arrête de le suivre, il aura nos sœurs. Il n’y aura personne parce qu’il est influent et possède des ramifications de ses toiles empoisonnées partout.
Il voit son père comme une araignée… et pourtant, il n’a rien contre ces insectes. Il le voit comme un marionnettiste. Quand on sait que son père est un des conseillers du roi, on sait tout. Ethan se relève et s’assoit sur la table basse en face de la jeune femme.
- Je ne supporte pas la réaction de Douglas, mais je sais qu’elle est nécessaire. Benedict a commencé à mettre en place un plan, de grande envergure. Un plan qui permettra de récupérer nos droits familiaux et de protéger l’héritage de Rose et de Daisy.
Il ne réalise pas parler de Daisy comme si elle était officiellement leur sœur. Pour tout le monde, elle n’est que la fille de Mia, leur nourrice depuis des années et femme à tout faire. Mais Daisy a toujours été leur sœur. Lily aussi, même si plus éloigné et pas de sang.
- Pour le moment, il faut faire en sorte que notre père oublie Douglas. Je prends la plus grande responsabilité de la famille, mais mon père… Il essayera de me tuer sous peu, pour manipuler Douglas. Alors, pour le moment, il faut donner l’illusion qu’il arrive à tout avoir, que l’on n’est pas en train de se battre contre lui, qu’on l’accepte.
Il finit par soupirer et se lève pour préparer deux verres d’Ice tea. Il aime ça, Ethan, la simplicité d’un verre de thé froid et sucré. C’est un pêché mignon qu’il cache. Il donne à la jeune femme un des verres et revient.
- Je tiens à vous remercier, Milady. Vous êtes là pour Douglas et je me doute que vous êtes un soutien pour lui à la maison de sa femme, pour ce simulacre de mariage. J’espère que vous pourriez lui faire vivre un peu de bonheur, quand il sera enfermé dans son rôle de mari. C’est vraiment la seule chose que je peux vous demander, Mademoiselle Radcliffe : le rendre heureux et qu’il sourit chaque jour. Je vous le demande.
Et lui, qui viendra le faire sourire ? Ethan sait déjà la réponse : personne.