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LE TEMPS D'UN RP

[Univers 3] L'amour porte deux masques, mais il y a toujours le même visage dessous (Rein)

Clionestra
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CLIONESTRA RANG GAGNE
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Clionestra
Mar 24 Sep - 9:46

Douglas
Berrygreen

J'ai 18 ans et je vis à Londres, Angleterre. Dans la vie, je suis étudiant en médecine et je m'en sors bien. Sinon, grâce à ma malchance, je suis marié et je le vis plutôt mal, amoureux d'un ange du passé, et devenu l'élève d'une belle-fille qui chamboule ma vie.

→ Dernier fils du duc de Berrygreen.
→ Il est jovial, charismatique, marrant et enthousiasme. Ainsi qu’un peu enfantin.
→ Il a peur de son père et ne supporte pas la violence qui le renvoie à l’époque où il a vue son frère se faire frapper.
→ Il a une peur du sang
→ Pourtant, il aimerait être médecin, spécialisé dans l’accouchement et les saignements des femmes.
→ Sa nourrice est mort quand il avait 6 ans en accouchant dans leur manoir dans une marre de sang
→ Il est très têtu et n’hésite pas à faire plusieurs kilomètres pour trouver une réponse à une question.
→ Il n’hésite pas à dire ce qu'il pense. Il a toujours été protégé par ses frères, et il le sait.
→ Il aime tous les sports non violent. Comme la natation et l'escalade, surtout, mais aussi les jeux d’équipe comme le football.
Tétanisé, la main contre sa nuque se contracte, plantant ses ongles courts dans sa peau en myriade de petites griffures. Douglas respire le plus lentement possible. Son corps et son âme sont figé dans la position exacte où il était avant que l’étau démoniaque ne l’approche. Il sent la bile au fond de son estomac qui boue de vouloir sortir par sa bouche pour se répandre dans l’air. Sauf qu’il ne peut rendre tout de suite son déjeuner sans risquer plus gros encore.

Son père finit par faire une caresse sur la peau, que quiconque verrait comme un geste de tendresse paternel, mais Douglas sait la vérité. Cette action est là pour lui prouver que la moindre torsion de son poignet pourrait lui briser la nuque et fait s’envoler sa vie.

Tout de suite, il n’est pas sûr que cela ne soit pas pour le mieux. Sa respiration se saccade un instant, mais il reste courageux en avalant un peu plus d’oxygène. Il pense au chemin que fait les atomes dans son corps pour pouvoir faire fonctionner ses muscles. Comment le corps change les particules pour en faire de l’énergie. Tétanisé, certes, il arrive à reprendre contenance en imaginant à tout ça. Et à son ange.

Quand son père est auprès d’eux, les torturant de leur présence douloureuse…, alors il ne peut pas faire de mal à autrui. Son ange est quelque part, sauvé de l’existence de cet homme. Même si Douglas sait que rien ne peut empêcher le mal de se répandre. Après tout, Benedict est porté disparu à la guerre, laissant l’héritage du titre à Ethan. Rose est toujours dans sa pension, loin de tous et loin de se douter de cette pression que leur père exerce sur ses frères. Benedict reviendra, Douglas le sait. Il sent au fond de son cœur que son frère ne sera que perdu dans les méandres de son esprit, un temps, et blessé, surement, mais qu’il reviendra comme l’âme protecteur qu’il a toujours été. Ethan évite de se mêler pour le moment, des affaires de leur père, laissant un pseudo-deuil, dont il ne croit pas non plus, pour repousser les « leçons » de gestion avec son père. Il sait déjà tout faire.

Benedict disparu, le statut des frères change… Ethan a eu la visite de leur père hier, et Douglas avait réussi à s’enfuir et se cacher. Ethan passe du second hériter, au premier. Douglas passe de meuble à second hériter… Howard Berrygreen a toujours eu des difficultés à considérer son fils comme tel. Pour le grand bonheur de Douglas qui n’a alors eu le droit qu’une fois au fouet, et à des marques qui se sont depuis longtemps évanoui. Maintenant, la main sur son cou qui se resserre lui rappelle que l’aura protecteur de Benedict est trop loin… et Ethan n’a pas la même amplitude d’action avec son nouveau poste d’héritier ducal.

- Douglas, mon cher fils, fit la voix sifflante de Howard, comme un serpent qui entoure la gorge de sa victime avant de l’étouffer. Maintenant que Benedict est mort…
- Il ne l’est pas, murmure-t-il mais Howard le sentit à travers ses doigts qu’il serra un peu plus.
- Maintenant qu’il est disparu, si tu le souhaites, tu deviens le second héritier… et il faut que tu donnes un coup de main pour garder le duché hors de l’eau.

Douglas doute que le duché coule. Et non pas à cause de Howard dont les malversations biens cachés et les échanges douteux auraient pu coûter l’intégrité même de leur nom de famille. Non. Benedict a coupé dans les partenariats, il a trié ceux qui resteront avec eux ensuite, à la mort de Howard et ceux qui iront en prison, preuve à l’appuie. Benedict a garanti une demeure pour chaque enfant, ainsi qu’une dot pour Rose et des fonds pour chaque frère. Si demain, Douglas décide de partir, il le peut. Il est majeur après tout, depuis un mois maintenant. La main de son père fait une caresse nouvelle qui parcoure le corps de Douglas comme un courant électrique malveillant. Il frissonne et il sait que son père le remarque.

- Il faut que tu te maries, mon cher. Et avec une personne qui rapportera beaucoup d’argent à ton ainé… ou du moins, assez pour qu’il ne puisse pas avoir à s’occuper de toi.

Un sourire mauvais sur les lèvres, Howard ressent un élan de colère contre l’existence même de cet être qui lui a volé l’affection de sa fille pendant des années. Il serre un peu plus pour sentir le cœur du garçon battre. Il a trouvé une technique tout à fait adéquate pour lui rappeler sa place dans la société. Qu’une merde qu’il utilise. Il serre son cou. Il le voit tressaillir.

- Demain, tu rencontreras Lady Katherine. Elle est un peu vieille, mais bien conservé. Si je n’étais pas sûr de me faire rabrouer, j’aurais proposé ma candidature pour la posséder. Elle a toujours refusé. Mais toi, elle a tout de suite accepté qu’elle t’appartienne. Cela doit être ton joli visage de poupon.

Doucement, trop tendrement pour être une caresse bienveillante, Howard remonte le visage de son fils. La folie est dans ses yeux alors qu’Howard travers la peau de son plus jeune enfant.

- J’ai envie de t’arracher cette peau si douce, tes yeux si intenses, de casser ce nez qui ressemble tant à celui de ta sœur. Soit heureux que cette femme veuille de toi, vue les envies qui me prenne à te voir.

Et avant qu’il ne puisse répondre, d’ailleurs qu’aurait-il pu dire ?, son père le frappe dans le ventre ce qui le courbe de douleur. Howard partit sans un regard vers Douglas qui finit sur le sol. Il sent la main de son frère sur son dos au moment même ou il arrive à trouver un vase pour vomir dedans. Il vomit et pleure. Benedict ne doit pas être mort. D’ailleurs, Elizabeth, sa femme promise, à disparu elle aussi. Certains pensent qu’elle est parti le chercher en Amérique, ce qui serait un peu stupide, mais pourquoi pas. Douglas vomit encore alors qu’Ethan le rassurer silencieusement.

Dans la journée qui suivit, Tristan Middletown, frère d’un marquis que personne n’aime, vient les voir. Il donne à Douglas toutes les informations nécessaires pour connaître Lady Katherine avant de la rencontrer. Elle est trop vieille pour porter un enfant, avec des rumeurs sur son compte, meilleure amie avec sa femme de chambre depuis des années. Son frère est un connard qui n’aime pas ses filles de la même manière. En gros, Douglas passe de la peste au choléra dans une question de milieu familiale. Cependant, et quand on connait Tristan c’est un plus, il semblerait qu’elle soit une bonne personne. Elle a accepté d’héberger et d’éduquer une de ses nièces pour pouvoir la montrer en société à la place de son père. Ainsi, il va pour se marier et être le tuteur, puisque ce sont les hommes qui ont les droits dans ce pays, d’une gamine ? Douglas vomit encore.

Logan passe aussi dans la journée. Dans une subtilité tout à lui, il lui rappel comment on peut tuer sans que cela ne soit prouver, et de l’appeler en cas de problème médical ou de problème d’assassinat. Le terme fut tellement utilisé de la même manière que le soin que Douglas en rigole. Il laisse tout le monde partir et rejoint son frère. Ethan est derrière le bureau de Benedict. Douglas n’a pas besoin de demander pour savoir qu’il aimerait être partout ailleurs que dans les chaussures de leur ainé. Il s’assoit et en silence fini par l’aider.

- Il va revenir, fait-il après plusieurs heures de paperasse administrative. Douglas n’a jamais réalisé avant ce jour combien Benedict est organisé pour arriver à faire tout ça alors même qu’il n’est pas duc encore.
- Je sais.
- Alors pourquoi tu es silencieux ?
- Je le suis toujours, fait-il remarquer.
- Pas comme ça.

Ethan se retire en arrière, pose son dos contre le dossier de la chaise et regarde son frère dans les yeux. Il cherche ce qu’il croit devoir trouver.

- Benedict est porté disparu depuis cinq mois.
- Ce qui n’est rien, il reviendra.
- Et en cinq mois j’ai réussi à foutre en l’air sa comptabilité, et à laisser mon frère se marier de force à une femme dont il n’est pas amoureux.
- Tu as toujours dis qu’être amoureux de mon ange, c’est stupide.
- Je n’ai jamais dis ça.
- Tu l’as pensé, je lis dans tes yeux. Et puis, cette Lady Katherine, elle ne me semble pas méchante. On pourra trouver un compromis. Je lui expliquerais que je suis là pour être avec elle, et je suis sûr que je finirais par ressentir de la tendresse pour elle.
- Et si ton ange apparait ?
- Je suis un gentleman, mon frère. J’appartiens même au cercle secret des gentlemans ! Alors, je serais fidèle à mes vœux. Tu peux me faire confiance. Je ne briserais pas la réputation de la famille.
- C’est de ton cœur qui risque de se briser.

Douglas n’a jamais vue son frère Ethan aussi… ainsi. Il finit par le prendre dans ses bras et il ressent alors qu’il en a besoin. Il n’a plus eu de câlin pour se rassurer depuis longtemps… et souvent, c’est lui qui prends, il ne donne pas. Il câline alors et essaie de lui faire ressentir sa force et sa détermination.

*

Le mariage fut rapide. Si on parle de mariage pressé, celui-ci frapper tous les records. Quand il était arrivé pour rencontrer Edward Radcliffe et sa sœur, on l’a tout de suite fait venir dans le salon pour lui faire signer de papier. Un prêtre lui dit qu’il est marié et tout le monde reparti à ses occupations. Edward Radcliffe lui fit le tour du domaine, avant de se rapprocher de trois femmes qui prenait un thé dans le jardin.

La première est sa femme. Une vieille femme, dans une fleur d’âge, qui reste pourtant resplendissante. Elle a un sourire niais vers une autre dans le même âge et ce regard de tendresse que l’on rêve tous de sentir un jour. Entre elle, une jeune femme à l’allure un peu sauvageonne et qui parle avec entrain d’un sujet dont il ignore tout. Il la trouve belle. C’est rare qu’il trouve une femme belle sans en faire une comparaison avec son ange, mais pour une fois cela arrive. Il s’approche et Edward lui présente sa femme. La nouvelle Katherine Berrygreen. Vue le rictus de colère qu’elle lance à son frère, elle n’apprécie pas d’être devenu ainsi une femme marié sans avoir eu son mot à dire, pour la troisième fois. Douglas s’approche et se penche vers ses doigts avec douceur.

- Milady. Je suis ravie de vous rencontrer et de passer le reste de ma vie avec vous.
- Foutaise, répond-t-elle entre ses dents mais il fut le seul à l’entendre.

Douglas eu l’impression qu’un voile de peur et d’appréhension passe dans ses yeux. Aussi, les deux autres maris que son frère adoré lui a trouvé étaient des gens mauvais. Ils ont du lui faire du mal. Il finit par prendre la main de Madeleine, pour lui faire la même salutation distinguée. Quand il va pour prendre celle de Bree, il se fait arrêter par Edward.

- Ce n’est qu’une domestique, elle n’a pas à avoir de salutation, mon cher beau frère.

Douglas observe la femme qui semble tout aussi triste que les pierres, une fois qu’il fut arrivé. Il ne sait pas pourquoi, mais ça l’attriste et l’atteint en plein cœur. Il décide de faire une accartade et de lui prendre la main pour la baiser de la même manière que les deux autres femmes.

- Mademoiselle, souffle-t-il inconscient de son charme même pour une personne qui n’aime pas le sexe opposé, je suis entre vos mains expertes alors. Il va falloir me faire rencontrer la maisonnée.

Il sourit, un sourire de canaille qui prouve qu’il fait toutes les choses avec exactement les réactions qu’il veut. Il sourit et retourne vers Edward. Ce dernier lance un regard étrange et lacérant vers celle qu’il a présenté comme Madeleine, sa fille qui sera sous la protection de Katherine et lui. Sans attendre, il se met entre eux. Il reconnait un regard vicieux quand il en voit une. Son père a le même quand il regarde Rose, et cela n’arrivera pas avec lui dans les parages. Si son père le tétanise, ce n’est pas le cas des autres êtres malsains qu’il rencontre. Il lui fait un signe de partir, maintenant qu’il est dans sa maison. Edward part, non sans rajouter le fait qu’il va en tenir rigueur à Howard pour avoir été chassé ainsi. Douglas soupire et se retourne vers l’assemblée des trois jolies femmes.

- On respire un peu mieux quand on est moins nombreux, ne trouvez-vous pas ? Je préfère recommencer ma présentation, si vous le voulez bien. Milady, et il fait une révérence, je suis Douglas Berrygreen. Votre nouveau mari pour l’une, votre tuteur légal pour l’autre et simplement un employeur pour la dernière. Avez-vous des questions dans cette situation -Ô combien étrange- dans laquelle des hommes qui pensent tout savoir mieux que tout le monde nous ont jetés ?


I'm born again.
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Rein
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Dim 20 Oct - 23:39

Madeleine Radcliffe
J'ai 20 ans et je vis à Londres, Angleterre. Dans la vie, je suis aussi libre que le vent et je m'en sors bien. Sinon, grâce à ma chance, je suis célibataire, mais mon nouveau tuteur chamboule mon cœur.

- Elle est la fille illégitime de son père et d'une prostituée française
- Elle n'a que faire de l'étiquette et du protocole et vit à contre-courant de la société.
- Elle aime la poésie, mais déteste l'arithmétique.
- Elle n'est pas du genre à avoir la langue dans sa poche et elle n'hésite pas à en venir aux mains, elle est d'ailleurs très fière de son crochet du droit, qu'elle a hérité de son père.

[Univers 3] L'amour porte deux masques, mais il y a toujours le même visage dessous (Rein) 60c815173ba9b56bf7e7831803a09675d8f667a6
Madeleine Radcliffe n'avait de cesse de se retourner dans son lit, agacée par son incapacité à trouver le sommeil. Parfois, des soupirs las ou des râles exaspérés lui échappaient. "Foutues insomnies !" Oui, plus Madeleine y réfléchissait, moins elle arrivait à s'y faire. Depuis son arrivée chez sa tante, Lady Katherine Smith, elle ne pouvait s'empêcher d'éprouver un sentiment grandissant de culpabilité face à sa présence ici : appelons cela le syndrome de l'imposteur. Cela pouvait paraître stupide, mais Madeleine n'arrivait pas à se faire à tout ce luxe que lui offrait sa tante. Certes, elle avait été témoin de l'opulence indécente dans laquelle vivait sa famille, mais son père, Edward, avait toujours éprouvé un malin plaisir à l'en priver !

Dès sa venue au monde, Madeleine avait été punie pour le simple fait d'exister. Elle, l'enfant de putain. Elle, la bâtarde du vicomte. Elle, l'illégitime. Son père n'avait jamais manqué une seule occasion de lui rappeler sa condition d'être « inférieur » ; car Edward Radcliffe vouait à sa fille une haine viscérale. À dire vrai, Edward avait toujours haï Madeleine aussi ardemment qu'il la désirait, car sa beauté n'était pas sans cruellement lui rappeler les traits de sa défunte mère, Marianne, une prostituée française ensorcelante qui avait vécu dans les bas-fonds de Londres et y était morte seule en donnant naissance à sa jolie tête blonde.

Cependant, contrairement à Howard Berrygreen, Edward s'était interdit une luxure décadente. Il avait choisi la violence pour apaiser son obsession dévorante pour sa propre fille. Ainsi, Madeleine avait été battue et humiliée, tout ça sous l'œil indifférent du reste de sa famille. On l'avait isolé des autres, dans une chambre de bonne, sous les combles, plus loin encore que le quartier des domestiques. Jamais, Madeleine n'avait été autorisée à partager un repas avec sa famille. Sa belle-mère s'y opposait fermement - non pas que quelqu'un ait un jour exprimé le souhait d'avoir Madeleine à table, car ses frères et sœurs, eux, s'étaient réjouis du malheur de celle qu'ils considéraient comme la honte de la famille. Ainsi, Madeleine se contentait des miettes qu'on concédait à lui céder, allant des restes de somptueux repas, cachée dans les cuisines, aux vieux vêtements usés et reprisés.

Oui, la jeune femme avait grandi dans le mépris et la violence la plus totale, mais si beaucoup se seraient découragés et résignés face au destin, tout cela n'avait fait qu'attiser le feu ardent qui la consumait. Forte d'un caractère explosif et bien trempé, la bâtarde du vicomte s'était toujours refusée à l'apitoiement. Si on refusait de la nourrir, Madeleine se servait dans les cuisines. Si on refusait de l'habiller, Madeleine récupérait des vêtements oubliés au fond d'un tiroir pour les ajuster à sa taille. Si on lui brisait les côtes à coup de canne, Madeleine rendait la pareille. Si on l'insultait, Madeleine répondait d'un langage plus fleuri encore.

Œil pour œil, dent pour dent.

Et Edward Radcliffe en avait eu assez. Sa sauvageonne de fille ne lui attirait que des ennuis. Qu'avait-il bien pu faire pour mériter une ingrate pareille ? Il s'était posé la question à voix haute, un jour. Malgré elle, Madeleine avait éclaté de rire. Elle avait pris un malin plaisir à lui rappeler qu'il avait rompu ses vœux pour les jolies jambes d'une fille de joie. Elle lui avait rappelé qu'il l'avait engrossé et l'avait abandonné sans se retourner. Puis, elle avait terminé en ajoutant qu'il n'avait, par conséquent, que ce qu'il méritait. Edward, fou de rage, l'avait tant battu qu'elle en avait été méconnaissable. Par la suite, comme on disposait d'un tas vulgaire d'ordure, il l'avait jeté dehors.

Katherine l'avait recueilli, furieuse d'apprendre de la bouche de parfaits étrangers que sa nièce errait dans les rues miteuses des bas-fonds de Londres. Cette générosité caractéristique de Katherine, qui considérait Madeleine comme sa fille, n'avait pas étonné Madeleine. Elle savait que c'était exactement ce qu'il se passerait si Katherine venait à apprendre qu'Edward l'avait renié. Et elle ne voulait pas l'accabler. Elle ne voulait pas devenir un fardeau, mais Katherine ne lui avait pas laissé le choix. Elle avait pleuré, brisant le cœur de Madeleine. Elle l'avait supplié de venir vivre chez elle, la savoir dehors la rendait malade. Elle n'en dormait plus. C'était insoutenable. Bree, dont les yeux trahissaient toute l'affection qu'elle portait à Katherine, avait à son tour conjuré Madeleine de les rejoindre...

Comment refuser ? Madeleine n'en avait pas eu le courage, et pourtant, elle se sentait plus à sa place dans la rue que chez Katherine. Le confort, la sécurité, l'attention maternelle... On l'en avait toujours privé et voilà que, désormais, tout cela lui était servi sur un plateau d'argent. Non, Madeleine n'arrivait pas à s'y faire. Oh, elle n'était pas ingrate. Elle savait qu'elle devait tout à Kate et Bree, mais elle n'arrivait pas à accepter cette nouvelle normalité. Cela ne l'empêchait pas d'être reconnaissante et aimante, loin de là. Seulement... Madeleine était un rayon de soleil insaisissable.

Elle n'obéissait qu'à elle-même.

Elle ne vivait que pour elle-même.

Et personne n'arriverait jamais à la soumettre.

Madeleine se répéta ces mots en boucle, comme une prière silencieuse, un voile de protection, un mantra... Oui, elle ne pouvait compter que sur elle-même. Elle ne pouvait pas se reposer sur Kate et Bree qui souffraient déjà assez de devoir vivre leur amour à l'abri des regards indiscrets. Madeleine n'était pas dupe. Elle avait des yeux. Et des oreilles ! Et la distance qui séparait sa chambre de celle des deux femmes n'était pas suffisamment grande pour dissimuler l'éclat de leurs rires complices, le silence de leurs baisers et la chaleur de leurs ébats. Bree avait sa propre chambre, en face de celle de Katherine, comme son égale, mais elle n'y dormait jamais.

Stefan, le majordome en chef de la maisonnée, dormait au bout du couloir où Madeleine avait sa chambre. Malgré son masque de pierre, Madeleine appréciait grandement la compagnie de Stefan. Ils discutaient simplement, presque comme des êtres égaux, eux aussi. Ils se chamaillaient, aussi, comme de vieux amis. Peut-être Stefan ressentait-il que Madeleine avait l'impression de ne pas être à sa place ? Peut-être sentait-il qu'elle avait passé quelque temps dans la rue avant d'attérir ici ? Madeleine ne se rappelait plus la manière dont leur amitié avait commencé, mais elle était heureuse de l'avoir dans sa vie.

Alors, comme beaucoup d'autres nuits, elle quitte la chaleur de ses draps pour le rejoindre dans son lit. Pas comme une femme rejoint son amant, mais comme une âme perdue venue chercher du réconfort. Elle ne dit rien. Elle ne pleure pas. Elle se glisse dans son lit, se blottit dans ses bras et s'endort contre lui. Ils ne s'aiment pas. Pas comme ça. Ils n'ont même jamais échangé un regard tendancieux, encore moins un baiser ou une caresse. Mais Stefan est là. Il ne la rejette pas. Ses doigts dans ses cheveux la rassurent et lui offrent enfin le repos qu'elle désire.

*

Madeleine, debout sur l'unique balançoire qui pend sous le vieux saule du jardin, se balance au rythme du vent. Elle observe Stefan faire des aller-retours. Il s'assure que tout est parfait. Et tout l'est forcément, car Stefan est l'homme le plus pointilleux de toute l'Angleterre. Elle se mord la lèvre devant les larmes de Kate et saute de la balançoire pour courir jusqu'à elle. Elle l'enlace, remarque la tension qui agite les épaules de Bree, et lui tend les bras à son tour. Les deux femmes sanglotent. Leur peine est immense. Trop grande pour être contenue. Quoi de plus normal, me direz-vous, quand on vous oblige à épouser un homme alors que votre cœur bat pour la même femme depuis des années. Madeleine tremble d'une rage froide. Elle aurait dû tuer Edward pour étouffer le mal dans l'œuf. Ainsi, elle aurait été la seule à souffrir. Mais Madeleine se moque bien de souffrir. Pour elle, ce n'est pas grave. Mais pas les autres.

Pas Kate.

Pas Bree.

Pas Stefan.

Edward, lui, se pavane. Il commande Stefan. Il ordonne. Non, il aboie. Puis, il se réjouit. Il rayonne, même, et se flatte d'avoir été capable de marier sa petite sœur à un Berrygreen. Certes, Katherine n'est pas en phase de devenir la femme de l'héritier du titre, mais le troisième fils, ce n'est pas rien ! Ce n'est pas un cousin, un oncle ou tout autre parent éloigné. Douglas Berrygreen reste un descendant direct de Howard Berrygreen. Le deuxième, même, puisque l'héritier en titre est porté disparu ! Ainsi, il n'y avait plus qu'Ethan Berrygreen pour faire obstacle aux rêves de gloire et de grandeur d'Edward Radcliffe. Mais patience est mère de vertu. Sept ans, oui, sept petites années, sans que Benedict refasse surface et il proposerait la main de Madeleine à Ethan. Il comptait d'ailleurs sur l'appui de Douglas dans cette entreprise, étant donné que Madeleine devenait officiellement sa belle-fille en signant le contrat de mariage l'unissant à Katherine...

Ni Katherine, ni Bree, et encore moins Madeleine, n'assistèrent à la signature des papiers relatifs au mariage. Désormais, Katherine perdait ses droits de tutrice légale sur Madeleine, droits que son mari, Douglas, lui arrachait du fait de sa supériorité dans leur relation conjugale. Oh, Edward se réjouissait grandement de voir sa sœur aînée être privée de tout ce qu'elle avait construit... Tout, ou presque. Ses terres, sa maison, ses comptes, ses employés, Madeleine... Tout ça appartenait à Douglas, maintenant, que ce dernier l'accepte ou non.

Mais il n'arriverait rien à Madeleine. Katherine s'y opposait fermement. S'il fallait la confier à Stefan au milieu de la nuit et leur ordonner de fuir pour échapper à un destin cruel, Katherine n'aurait aucun scrupule à le faire. Elle avait d'ailleurs demandé à Stefan d'épouser Madeleine et d'en faire sa duchesse, le cas échéant. Il lui avait juré que oui : il l'épouserait s'il était amené à fuir avec elle. Madeleine serait protégée. Elle aurait un toit sur la tête et des repas chauds. Bree, le dos droit, serra la main de sa douce avec force. Tout cela était inutile, mais ça rassurait Katherine. Ainsi, elle avait conscience que sa femme gardait un tant soit peu de contrôle sur la situation. Oui, elles surmonteraient cette épreuve. Ensemble. Rien ne viendrait ébranler leur amour.

Jamais.

*

L'atmosphère est pesante, diablement pesante, tellement pesante que Madeleine ne peut s'empêcher de combler ce silence assourdissant par différents sujets de conversation. Alors, elle parle. Elle parle du beau temps, des fleurs qui poussent dans les jardins, des légumes du potager, du dernier livre qu'elle a dévoré, de ses leçons de danse en compagnie de Stefan - bien loin de celles que partagent Mary Bennett & Douglas dans un autre univers... Elle parle sans interruption ou presque.

Katherine se fige en apercevant Edward et Douglas, qu'elle sait être devenu son mari, et Bree baisse la tête pour dissimuler les larmes qui montent jusqu'à ses yeux. Madeleine comble le vide, encore. Elle ne sait même pas de quoi elle parle avant autant d'entrain, mais elle le fait. Toutes stoppent leur échange alors que les deux hommes se présentent à elles et Madeleine dévisage son père avec une hostilité à faire pâlir le plus brave des hommes. Elle renifle avec dédain avant de porter son attention sur Douglas. Elle le toise, le sonde du regard et le laisse glisser sur le jeune homme jusqu'à remonter sur ses traits séduisants.

Le jeune homme salue sa femme avec élégance, et, à la surprise générale, il  en fait de même avec Bree. Douglas fait fi des indications d'Edward. Il offre à Bree les mêmes égards qu'à sa femme et le regard de Katherine s'adoucit. Bree, touchée, hoche la tête en signe de remerciement. Madeleine pouffe, visiblement proche de l'hilarité. Elle sait que son père enrage. Oui, son visage en cet instant n'a pas de prix. Ses mèches blondes dansent autour de son visage, rehaussant le bleu de ses yeux rieurs, et le regard d'Edward se voile. L'espace d'une seconde, il jurerait que Marianne lui fait face. Oh, comme il aurait aimé que cela soit vrai. Il lui aurait fait l'amour. Il lui aurait dit qu'il regrette, et il l'aurait enfermée, encore, pour la garder jalousement. Personne ne lui aurait volé sa précieuse Marianne. Pas même Madeleine. Pas cette fois.

Cette dernière veut détourner le regard. Elle veut fuir les fantasmes décadents de cet homme abject. Ici, elle est en sécurité. Pourtant, elle veut le frapper pour oser lui imposer ses vices. Rien ne l'oblige à soutenir ces yeux vitreux, toutefois, ils la tétanisent. Alors, discrètement, elle attrape un pan de la manche brodée de Stefan. Personne ne le remarque, et c'est tant mieux, car ça lui permet de ne pas perdre contenance sans alarmer Katherine et Bree.

Mais Douglas s'interpose. Madeleine sursaute. Ses doigts quittent l'étoffe du majordome sous le coup de la surprise. Elle cille, remonte son regard le long du dos de son nouveau tuteur, et elle reste silencieuse, en admiration. A-t-il deviné ? Non, sans doute pas. Qui se mêlerait d'un truc aussi sordide ? Personne ne se mouillerait pour une inconnue. Et pourtant, elle sent son cœur palpiter délicieusement dans sa poitrine. Edward se renfrogne. Il s'insurge tandis que Stefan l'escorte hors du domaine sans aucun ménagement. Il y va trop fort, Madeleine en a conscience, mais elle espère tout de même qu'il lui cassera « malencontreusement » un bras sur le chemin.

"Il l'a flanqué dehors..." souffle-t-elle avant de se lever d'un bond en manquant de renverser la table. Le service à thé, lui, retombe lourdement dans un fracas dissonant. "Vous avez vu ?! Il l'a flanqué dehors !" Elle éclate d'un rire franc et bienheureux en tournoyant sur elle-même. Ses mains attrapent celles de Douglas, qu'elle serre avec émotion. "Merci !" Sourit-elle, visiblement radieuse. Oh, elle rayonne comme jamais. Puis, d'un geste élégant, elle se retourne vers Katherine et Bree, trop occupées à glousser face au naturel désarmant de leur protégée. "Je suis à deux doigts de l'appeler papa, hein." S'ensuit une hilarité générale.

Une fois calmées, c'est bras dessus-dessous que les trois femmes écoutent le jeune homme, un sourire sur les lèvres. Katherine s'incline et se présente en bonne et due forme. Elle est bien décidée à garder le contrôle de sa vie amoureuse.

"Lord Berrygreen, vous êtes ici chez vous... En revanche, lorsque vous aurez du temps à m'accorder, j'aimerais m'entretenir avec vous en privé." Bree, opposée à l'idée que Katherine ne dévoile leur relation à un parfait inconnu, perd son sourire. Elle blêmit et serre la main de Madeleine dans la sienne en guise de réconfort, mais c'était sans compter sur la franchise de cette dernière. "Si on a le droit aux questions, je commence. Katherine et Bree s'aiment et sont amantes, ça te dérange ?" Bree semble littéralement se décomposer. Elle donne un coup de coude à Madeleine qui la regarde sans comprendre. "Bah quoi ? Il a demandé si on avait des questions. Ça, c'est ma première question !" Katherine, beaucoup moins étonnée par l'excentricité légendaire de son adorable nièce, plonge son regard dans celui de Douglas. "J'aurais amené le sujet moins brutalement, mais Madeleine a raison." Bree s'étouffe. "Katherine !" Madeleine, on ne peut plus sérieuse, se penche sur Douglas. Doucement, ses doigts lui relèvent le menton. Elle sonde son regard à la recherche du dégoût, du dédain ou de toute autre émotion répréhensible face à une annonce aussi belle, mais il n'y a nulle trace de ressentiment dans les prunelles du jeune homme.

- Je crois que ça ne le gêne pas.
- Madeleine, tu ne peux pas être aussi tactile avec un jeune homme de ton âge, et de haut rang, de surcroit !
- Pourquoi pas ? Ce n'est pas n'importe quel homme, certes, mais c'est mon tuteur. On est de la même famille, maintenant, non ?
- Justement... Commence Bree avant que Katherine ne l'interrompe, une lueur indescriptible dans le regard. Son amante la fixe sans comprendre avant de reposer son regard sur les deux jeunes gens devant elles. Oh. Les prémices d'un amour naissant. Un amour à sens unique, certes, mais de l'amour, malgré tout. Madeleine s'éloigne  de Douglas en haussant les épaules de cette manière si caractéristique qui est la sienne. Elle rétablit une distance décente entre eux en soufflant sur la boucle blonde rebelle qui obscurcit sa vision.
- Je ne pensais pas à mal. Souffle-t-elle en croisant les bras sur sa poitrine d'un air boudeur. Bref. Si tu ne fais pas parti des hommes qui pensent tout savoir mieux que tout le monde, ça veut dire que tu es avec nous, non ? Que penses-tu réellement de ce mariage ? Moi, je refuse de me marier. Je veux être libre d'aimer qui je l'entends, sans que la société me dicte qui, quand, où et comment. En tant que mon tuteur légal, comptes-tu m'y contraindre ?
[Univers 3] L'amour porte deux masques, mais il y a toujours le même visage dessous (Rein)
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