J'ai 25 ans et je vis à Londres, Angleterre. Dans la vie, je suis second fils et je m'en sors en surviant. Sinon, grâce à ma chance, je suis célibataire et vue que je compte mourir, il vaut mieux le rester... . → Possède une arme à six coups, qui a déjà perdu quatre balles. Trois pour tuer, une bêtement. → Il a de grosses cicatrices sur le dos, des maltraitances et mal soignés. → Il a peur du noir et dort avec une bougie → Il parle peu, le moins possible en tout cas → Il est bon en mathématique → Il ne voit pas les couleurs.
- Voyons, mon ami, fit l’homme éméché devant son convive, Vous avez bien encore quelque chose à parier… - Je ne vois pas… Rien dont je pourrais me défaire…, réponds un autre à la mine patibulaire et dont le regard éteint annoncé un déclin certain. - Nous avons tous quelque chose que l’on garde et qu’on ignore mais qu’un autre désir. Les détritus des uns sont le trésor d’un autre, répondu le troisième avant de laisser échapper un rot au relent de vodka bon marché.
Benedict eut un mauvais frisson remontant le long de sa colonne vertébrale. Si la partie de carte n’avait pas été si importante, il aurait quitté les trois hommes depuis bien longtemps. La conversation avait tourné autour des femmes qui devaient obéissance à « leur père, leur frère, leur époux, puis leur fils », des frères qui devaient être tenu en laisse pour ne pas risquer de se faire poignarder dans le dos… et autres inepties. Les quatre hommes, puisque malheureusement Benedict avait des choses en commun avec eux, étaient les héritiers de leur titre… et des hommes devant subvenir aux besoins d’une famille, femme, filles, mère pour l’un. Benedict ne les aimait pas. L’un d’eux reprit la parole, le crâne dégarni, les dents noires d’une mauvaise hygiène et le regard vitreux, Benedict ne l’aimait pas. Il faisait parti des hommes qui avaient des contrats avec son père, et que Benedict essayait de casser par tous les moyens. Le moyen était de gagné le contrat aux cartes, ce qu’il avait presque réussi.
- Je sais très bien ce que je pourrais gagner de toi, mon cher ami…
Et ce fut à partir de ce commentaire que le jeu changea d’atmosphère et que Benedict, conscient d’être une bonne personne, dû changer le destin d’une personne dont il ne connaissait même pas le nom.
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Il faisait les cents pas. Il avait finit par revenir de cette soirée de déviance et de conneries en tout genre avec un mal de tête qui cogner contre son crâne et lui faisait mal. Sa jambe, elle aussi, le faisait souffrir… mais ce qui le dérangeait le plus était le choix qu’il avait dû faire sans la moindre attente. Il avait du choisir entre un « oui » et un « non »… et Benedict choisissait toujours la solution qui protégeait les autres… et le tuerait lui. Cependant, cette fois-ci, il avait conscience d’outrepasser très clairement les limites de la bienséance. Il continua de faire des allers retours. Sa femme dormait après leur repas en commun, et elle l’avait embrassé et honoré. Bien qu’elle accepte plus ses caresses, elle prenait toujours son plaisir en le dominant, ce qui ne le dérangeait absolument pas. Elle reprenait son plaisir ainsi et le laissait parfois quand elle se sentait plus en confiance et que le passé la hantait moins… Cependant, ce soir, il n’avait pas réussi à s’endormir dans ses bras et il était venu s’enfermer dans son bureau. Aller. Retour. Aller. Retour.
- Benedict, souffla son frère Ethan alors que son ainé avait toqué à sa porte pour le faire suivre dans le bureau.
Benedict sursauta. Il avait totalement oublié avoir demandé à son frère de venir. Pourtant, c’était bien lui qui occuper toutes ses pensées. Il avait manipulé, à nouveau, son monde pour pouvoir faire le mieux… depuis la mort de leur père, et la venue de Violet dans leur vie, Ethan n’avait plus réellement de raison de vivre. Il vivait pour eux, et ça Elizabeth lui avait bien expliqué une fois qu’elle allait mieux, mais pas pour lui. Ethan avait besoin d’être là pour quelqu’un… et que quelqu’un soit là pour lui… et pas de cette manière familiale qui les attache ensemble mais… Comme Benedict avec Elizabeth, comme Douglas avec Eurydice, comme Rose avec Brodie –il ne s’en remettait toujours pas de ça- et comme Violet et Logan, -plus logique déjà-. Si la famille continue de vivre et de se voir, ayant plus l’impression d’avoir plusieurs maisons à eux tous qu’une maison en particulier, Benedict savait qu’Ethan était « seul », même au milieu d’eux tous. Il était le seul à ne pas connaître l’amour… Et Benedict allait peut-être le priver de ça à tout jamais…
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Ethan essayait de comprendre la situation sans avoir à parler. Son frère ainé bougeait, faisait des allers retours avec rapidité malgré sa jambe qui le faisait souffrir… Mais même si Ethan avait été bavard, il se doute que lui dire de se calmer n’aurait servi à rien. Ainsi laissait-il son frère faire ses pas dans le bureau alors qu’il buvait tranquillement son verre dans un silence bien heureux. Il n’aimait rien de moins que le silence. Ce moment si parfait où l’on pouvait entendre son cœur qui bat et la vitesse du vent. Parfois, il se plaisait à imaginer que son cœur s’arrête, ne laissant que le doux bruit du silence infini. Bien sûr, puisqu’il ne dormait jamais sans une bougie pour l’éclairer, il entendait toujours le vacillement de la flamme et comprenait ne pas être mort… mais quelques secondes de ce pur bonheur l’assaillait toujours. Il aimait penser pouvoir mourir dans un souffle. Il porta son regard vers l’antre où un feu crépitait. Il n’avait que cela à penser, de toute façon, le temps que son frère met en ordre ses pensées. Le feu. Il se demandait parfois si le feu faisait plus mal que le fouet. Son père n’avait jamais utilisé de fer chauffé à blanc, avait-il dit car l’odeur était désagréable. Pourquoi avait-il décidé de le faire avec Eurydice alors ? Cette question restera le mystère de l’homme dont le cadavre a été découpé et jeter dans une fosse commune de prolétaire. Personne n’irait rien dire de l’absence d’une stèle sacrée pour Howard Berrygreen, puisque Benedict avait fait croire que le vœu de son père était d’être incinérer pour être ensuite disperser dans la mer. Ethan préférait la vérité. Découpé et mit dans des fosses communes où des poivrots sans le sous viennent pisser faute de pouvoir se retenir en sortant du bar qui était accolé. Ainsi était la mort de Howard, et Ethan avait toujours un petit, mais imperceptible, sentiment de bonheur à imaginer l’outrage qu’on faisait subir à son père en enfer. Pour Mary. Et Luke. Mais aussi pour Violet. Pour Benedict. Pour Douglas. Pour Elizabeth. Pour lui-même, mais en tout dernier. Il laisse le temps à son frère. Benedict refit un aller retour et se planta devant lui. Il avait une tête entre la désolation et la certitude.
- Ethan.
Ethan hocha la tête pour lui prouver qu’il avait sa parfaite et totalement attention.
- Tu vas te marier.
Ethan papillonne des yeux, penche la tête et attend la chute de la blague… bien qu’observant son frère il savait que cela ne pouvait pas être une blague. Benedict était bien trop sérieux pour ça… et Benedict ne lui imposerait pas un mariage sans une bonne raison.
- Quand ? fut le seul mot qu’il dit pour exprimer ses pensées.
Benedict soupira un grand coup. Il se demandait comment son frère allait prendre cette nouvelle… et il le prit comme toujours, avec simplicité et limite froideur. Benedict s’assit à côté de lui et son frère le prit dans ses bras en silence. Il se mit à lui expliquer.
- J’étais avec trois imbéciles de riche pour essayer de récupérer le contrat sur la route commerciale des Indes qu’Howard a vendu. J’étais en train de les plumer aux cartes…
Aussi, Benedict étant assez bon pour compter, il utilisait les statistiques et autres techniques pour toujours être en tête de concours… en donnant l’impression de ne pas l’être, ce qui le rendait plus dangereux aux cartes que quiconque dans la famille. Ethan, lui, était le meilleur pour ne jamais montrer ce qu’il pense, ou faire croire qu’il pense quelque chose alors que pas du tout… et Douglas avait la capacité de tricher avec les cartes avec des tours de magie. Ainsi, Benedict allait gagner le contrat mais avait finit avec un mariage.
- Un des participants a émis alors l’idée de parier sa fille, et Lord Cunningham a sauté sur l’occasion.
Ethan ressenti le frisson de dégoût de Benedict jusqu’à ses propres muscles. Déjà, avant l’arrivé d’Elizabeth dans leur vie, les frères étaient attentifs au sort des femmes, mais ne pouvaient rien y faire. Depuis elle, et Mary, ils l’étaient d’autant plus… ils avaient même ouvert, anonymement, un lieu appelé « Mary Luke Saloon ». Ce n’était pas un saloon, mais une place où les femmes et les enfants battus pouvaient trouver refuge. Sir Gregor y était le maître incontesté et protégeait les femmes jusqu’à trouver une solution efficace pour les remettre dans Londres. Logan et Douglas y effectuaient des avortements pour les femmes trop jeunes ou qui ne pouvaient pas enfanter sans risque, loin du regard de l’Eglise. Les deux médecins préféraient le faire eux-mêmes que de voir un charlatan enfoncer une aiguille à tricoter dans le corps d’une femme pour le faire avec les risques qui en découlent. Bref, il savait. Et il connaissait donc les noirs secrets des Lords qui payaient des prostituées pour leur faire mal. Lord Cunningham était de ce genre là. Moins violent qu’Howard, parce que personne n’avait atteint son niveau de violence, il aimait surtout obligé les prostituées à réagir comme des animaux, leur demandant même de leur pisser sur les bottes pour être châtier par la suite. Il avait presque soixante-dix ans et ne pouvait même plus bander comme il faut, utilisant alors des objets divers pour « simuler » la pénétration de ses victimes. Il restait en vie, pour le moment, parce que Logan leur avait précisé que les prostituées acceptaient leur sort, plusieurs appréciaient même ce traitement ce qui dépassait totalement les frères, et qu’il n’en avait plus pour longtemps à vivre. Logan lui donnait un an… et Logan ne s’était jamais trompé sur le déclin d’une personne. Cependant, l’idée de laisser une fille être marié à ce porc une année le dérange… Tout comme ça dérange Benedict de laisser les prostituées dans ses mains, mais c’est une autre histoire. Ethan savait alors qu’il allait se marier pour pouvoir sauver une jeune fille d’un funeste destin. Il tapota la tête de son frère qui était contre son épaule.
- Merci, souffla-t-il simplement.
Parce qu’en sauvant cette jeune femme en la jouant aux cartes… il savait aussi qu’il essayait de le sauver lui. Et Ethan ne pouvait pas se mentir, savoir qu’il y avait une autre personne qu’il pouvait soutenir et aider, ça lui permettait de repousser le crépitement des flammes et la sourde destinée de mort qui le poursuit depuis des années… encore un peu. Jusqu’à ce que sa femme comprenne qu’il ne pourrait l’aimer, jamais, et qu’elle trouve un amant. Ainsi, sa femme heureuse avec son amant, il pourrait se courber pour la laisser vivre sa vie et disparaître. Le nom des Berrygreen la protègerait toujours. Oui. Ethan trouvait l’idée bonne et il caressa les cheveux de son frère. Il aurait fait pareil.
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Le lendemain, Douglas cria le prénom de ses frères dans la maison. Les deux s’étaient endormis au coin du feu dans le bureau et se réveillèrent. Ethan avait été réveillé plusieurs fois, mais n’avait pas osé déloger son ainé. Maintenant bien réveillé, Benedict s’étira avant même que son frère Douglas n’entre comme une furie dans le bureau.
- UN MARIAGE ???? POURQUOI JE SUIS LE DERNIER AU COURANT ?
Sa femme était derrière lui. Eurydice avait toujours été belle, mais le visage radieux du mariage lui allait bien. Aussi, Douglas avait-il fait une cours bien plus intense que la plupart des hommes. Ethan pensa un instant que son mariage n’aura même pas eu le droit à une cours en bonne et due forme, ce que toute femme mériterait pourtant.
- Comment est la mariée ? Comment l’as-tu rencontré ? Elle est belle ? Est-ce qu’elle aime parler ? Dis-moi que tu n’as pas trouvé une silencieuse comme toi ? Tu l’aimes ? Tu l’aimes forcément parce qu’on se marie par amour par ici, on se souvient ! D’ailleurs, comment s’appelle-t-elle ?
Ethan n’en savait rien, ainsi lança-t-il un regard vers Benedict. Ce dernier fronça les sourcils un instant. Il savait le nom de son père… mais il ne pouvait même pas dire si la fille était légitime, ou non, et encore moins son prénom. Il lança un regard lourd de sens à Ethan avant de hausser les épaules.
- Je n’en sais rien. - PARDON ? hurla Douglas. Comment ça tu n’en sais rien ? Ethan ! Ton mariage est dans une heure ! - Je dois aller me préparer.
Il laissa ses frères avec un Douglas plus que curieux alors que Benedict lui répète la même histoire. Les cartes. Un pari. Cunnigham. Et Douglas eut besoin d’un peu plus de temps pour comprendre la raison de ce mariage un peu étrange et malvenu. Ethan était dans sa chambre, Eli arriva doucement. Elle devait avoir appris la nouvelle à l’instant elle aussi. Pourtant, elle le félicita simplement et elle s’approcha pour l’aider à mettre sa cravate alors qu’il fait un signe vers elle. Elle remonte son regard vers lui.
- Tu veux bien être ma témoin ?
Elizabeth cilla, mais elle lui fit un adorable sourire avant d’accepter avec grand plaisir. Ethan ne le dit pas, mais il n’aurait vu personne d’autre qu’elle. Peut-être Stefan en plus… mais Stefan était le genre de personne que l’on évite de ramener dans une église. Ethan pense sérieusement que le prêtre qui avait fait son mariage s’en rappelle encore.
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Il y avait toute la famille. Benedict, Elizabeth, Ethan, Eurydice, Rose, Brodie, qui fut donc son second témoin, Violet, même si pour le moment rien n’était fait avec Logan l’amour pullulait entre eux. Il y avait bien sûr d’autres personnes, beaucoup, parce que le mariage d’un Berrygreen amène du monde. Il y avait Stefan, -Dieu l’avait laissé à nouveau rentré dans son enceinte, preuve s’il en faut qu’on ne pas combattre un démon-, il y avait plusieurs femmes et hommes dont Ethan devrait connaître les noms, mais dans il s’en fiche complètement. Il était debout devant l’autel. Il n’avait toujours pas appris le prénom de sa fiancée, future mariée… Il n’avait pas eu le temps de regarder la dispense de ban, ni même de demander à quiconque. Le mariage avait été annoncé et, comme une trainée de poudre, le tout Londres le savait.
Puis, il avait attendu. Attendu. Attendu. Benedict sortit de l’église et attendit dehors. Et lui il attendit. Certaines personnes commencèrent à chuchoter mais Ethan ne bougea pas. Il était immobile. Les autres cherchèrent à savoir s’il fallait attendre, ou pas. Ethan ne bougea pas et attendit. Personne n’osa partir et laisser le « plus grand » et aussi « plus lent » mariage de Londres… Il avait le temps, lui. Ethan était en train de compter la couleur du vitrail en face de lui, tranquillement. Il eut un murmure qui s’éleva depuis le fond de l’église. Il se tourna.
Là, accompagné par un Benedict à la mine renfrognée et en colère, une femme était en train d’avancer vers lui. Elle portait une robe d’une autre époque dont Ethan pouvait sentir la poussière retrouver dans une malle. La jeune femme était caché totalement par un voile qui empêcher Ethan de voir son visage. Ethan prit la place de son frère alors que la jeune femme se mit à ses côtés, sans le regarder pourtant. Elle semblait ne s’occuper que de ses pieds.
Il fallu échanger leur vœu. Ethan répéta mots pour mots les vœux avant de laisser la place à sa femme… sauf qu’il y eu un long silence. De nouveaux, il entendit la voix du murmure s’élevait alors que Benedict, clairement le sauveur, s’approcha pour murmurer quelque chose à l’oreille du prêtre qui reprit alors. Ethan ne bougea pas d’expression mais laissa une œillade à son frère.
- Ethan Quinton Berrygreen, frère du duc de Berrygreen, acceptez-vous de prendre Gabrielle Eastwood, ici présente pour épouse ? - Oui, dit-il en entendant sa voix faire écho dans l’église comme un glas. - Gabrielle Eastwood, fille du révérend Eastwood, acceptez-vous de prendre Douglas Berrygreen ici présent pour époux ?
Elle fit un mouvement de tête, sans avoir à parler, et Ethan lança un regard à Benedict derechef. Son frère sourit. Alors Ethan hocha la tête.
- Vous pouvez embrasser la mariée.
Ethan sentit une réticence de sa femme, maintenant, et il se pencha pour l’embrasser sur le front, sans en avoir enlevé le voile qu’elle utilisait comme bouclier. Ils partirent dans la voiture de Benedict, qui avait toujours cet air renfrogné, comme la première fois où il avait rencontré Elizabeth. Ethan finit par apprendre la vérité, une fois arrivé au manoir et laissant Elizabeth changeait la robe de la jeune femme pour une robe plus en adéquation avec la famille. Parce qu’elle faisait partit de la famille.
Ethan avait donc écouté le récit de son frère. Benedict pensait être en train de faire une partie de carte avec Lord Cunnigham, Lord Minnegan, -qui possédait le contrat qu’il voulait récupérer, et un autre Lord dont il se fichait totalement. Sauf que ce dernier homme était en réalité le révérend Eastwood. Celui-ci même qui vendit sa fille. Quand il était venu la chercher devant l’église, son père était en train de la menacer des pires sévices si elle ne rentrait pas dans l’église, alors même qu’elle était tétanisée. En tant que pasteur protestant, il avait une femme, et une autre fille à la chevelure brune. Benedict avait alors pris le relais, l’avait calmé comme il le pouvait, avait essuyé ses larmes en essayant de lui expliquer que son futur mari l’attend… et c’est là où il apprit qu’elle ne pouvait ni parler, ni entendre. C’est aussi pour ça qu’il avait apparu devant les yeux de la jeune femme pour lui dire quand parler. Et elle avait réussi. Ethan attendait sa femme. Il ne savait pas ce que les femmes lui faisaient, ni ce qu’elle pouvait lui dire.
- Comment on communique avec quelqu’un qui n’entend pas et ne parle pas ?
Douglas s’étouffa avec son verre avant de regarder Ethan d’un air taquin.
- Tu vas enfin comprendre ce qu’on vit avec toi, quand ton esprit disparait dans les méandres de tes pensées. - Tait-toi.
Il laissa un temps couler… puis, un murmure, mais là ça venait de la famille alors il le trouvait agréable, et il tourna la tête pour voir une femme si belle qu’il en sentit son cœur s’arrêter. Il arrêta sa respiration. La femme qui avançait été si belle qu’il su, sans l’ombre d’un doute, qu’elle était un ange tombé du ciel. Il se rappela toutes les fois où il avait pensé que Douglas disait n’importe quoi en parlant d’ange. Pourtant la femme devait être tombée du ciel. Il pouvait voir une teinte grise étrange sur ses cheveux, et il savait alors sans l’ombre d’un doute qu’elle devait être ni brune ni blonde. Elle avait un visage d’ange, de porcelaine, et un petit nez tout à fait adorable. Son frère lui donna un coup de coude dans le flanc.
- Et devines quoi ? Elle est ta femme.
Et il la laissa là pour la première danse. Elle avait une robe ravissante qui rehaussait sa beauté et sa peau si lisse. Elle avait un regard si intense et pourtant il y voyait la peur. Il s’approcha et fit une révérence à sa femme avant de lui tendre sa main pour embrasser ses doigts.
J'ai 20 ans et je vis à Londres, Angleterre. Dans la vie, je suis la fille du révérend Eastwood et je m'en sors mal. Sinon, grâce à ma malchance, je suis mariée, mais je le vis plutôt bien, car mon mari est d'une douceur sans égale. - Gabrielle est sourde et muette depuis sa plus tendre enfance - Elle est discrète, mais attentive au monde qui l'entoure - Elle adore l'agriculture et rêve de vivre dans une ferme à la campagne - Elle a une petite sœur qu'elle aime plus que tout au monde et qu'elle refuse de laisser entre les mains de son père - Elle ne se plaint jamais - Elle a peur du noir - Ses jambes sont couvertes de cicatrices - Sa langue a été scarifiée par son père après qu'elle ait été témoin de son adultère homosexuel
Le révérend Eastwood, homme d'Église qui était tout sauf pieu, déambulait dans les rues désertes de Londres en titubant. Euphorique, il chantait à tue-tête et riait en buvant à même le goulot d'une bouteille de whisky. Une fois cette dernière complétement vide, il urina dedans avant de l'abandonner sur un muret.
Quand il arriva finalement devant sa demeure, après avoir failli trébucher sur le perron, c'est complétement saoul que l'homme ouvrit la porte à la volée. "GABRIELLE !" La femme d'Arthur Eastwood, couchée depuis longtemps, sursauta avant de descendre les escaliers, une bougie à la main, l'air complétement paniqué. Le Révérend jura en voyant sa femme. Elle lui rappela doucement qu'il était impossible pour leur fille aînée d'entendre quoique ce soit puisqu'elle était sourde. "Putain de merde, j'ai oublié de le dire à cet enfoiré de Berrygreen, ça..." marmonna l'homme d'Église entre sa barbe. Il jura en haussant les épaules et repoussa sa femme pour monter les escaliers deux à deux. Il faillit tomber 3 fois jusqu'à ce qu'il parvienne à atteindre la chambre dans laquelle dormaient ses filles.
Quand Arthur ouvrit la porte, talonné par sa femme à la mine inquiète, il sourit à ses filles. Gabrielle, qui avait été tirée du sommeil en étant secouée par sa sœur, apeurée, serrait la pauvre enfant dans ses bras. Eve, tel était son nom, tremblait de peur. Cette semaine, pour la deuxième fois, elle venait de souiller son lit en entendant son père approcher. Arthur, faussement contrarié, ordonna à sa femme de débarbouiller leur fille avant qu'il ne lui botte son cul crasseux. Elle s'exécuta, laissant Gabrielle seule avec son père, la boule au ventre.
La jeune femme se redressa immédiatement pour se tenir à côté de son lit. Ses yeux se posèrent sur les lèvres de son père, prêts à lire ses prochaines paroles, à défaut de les entendre. Alors, Arthur attrapa une vieille chaise en bois, qu'il tourna vers sa fille avant de s'y asseoir. "Gabrielle." commença-t-il avec un sourire qui n'annonçait rien de bon. L'aînée hocha la tête docilement en réponse. Le révérend tapota le sol du pied pour inviter sa fille à s'y asseoir. La jeune femme hésita une seconde avant d'obéir. Agenouillée devant son père, qui aimait cette position de domination, elle attendit qu'il se décide à parler. Il passa une main dans les boucles rousses de son aînée. Incapable de les démêler, ses doigts tiraient sur les nœuds qu'ils avaient eux-mêmes créés. "J'ai perdu." déclara-t-il en jouant avec une mèche flamboyante. Gabrielle pencha la tête sur le côté, l'air confus. Ses yeux bleus observèrent son père, qui était perdu dans ses pensées. La jeune femme le sortit de sa torpeur en tirant sur la manche de sa chemise pour attirer son attention.
Gabrielle, incapable d'entendre et de parler depuis ses cinq ans, mais nous y reviendrons, était capable de communiquer de plusieurs façons. Sa mère, follement inquiète, avait réussi à trouver un prescripteur proposant une alternative à son mutisme. La langue des signes, visuelle, permettait au cerveau de traiter les informations linguistiques par le biais des yeux au lieu des oreilles. Les expressions du visage et les mouvements du corps jouaient un rôle primordial pour transmettre les informations. Aussi, la jeune femme était capable de communiquer avec ceux qui comprenaient le langage des signes. Si son interlocuteur en était incapable, alors Gabrielle écrivait sur un petit carnet qu'elle conservait toujours sur elle.
Arthur, habitué aux gestes de sa fille, l'observa tandis qu'elle signait ses prochaines paroles. Qu'avez-vous perdu, père ? Le révérend sourit en caressant les cheveux de sa fille. Il aimait la candeur de ses filles. Quand il ne les trouvait pas assez pures, son devoir de père lui imposait de les châtier pour leur rappeler de ne plus se perdre. "Je t'ai perdu, toi, aux cartes." répondit-il en caressant les cheveux roux de son aînée. Gabrielle adressa un regard voilé d'incompréhension à son père. Pourquoi l'aurait-il perdu aux cartes ? On ne pouvait pas perdre quelqu'un aux cartes, ça n'avait aucun sens. "Demain, tu vas te marier." L'innocente papillonna des cils, la peur au ventre, en comprenant le sens de ses paroles. Elle secoua la tête en signant si vite que son père fut incapable de déchiffrer ses mots. Il la gifla pour la calmer. "Je peux envoyer Eve à ta place, si tu préfères. Elle est encore un peu jeune, mais ça n'avait pas empêché Howard d'accepter de-" Gabrielle se raidit, les yeux écarquillés en repensant à ce mariage arrangé auquel avait échappé sa sœur. Elle s'agenouilla devant son père et prit ses mains dans les siennes pour le supplier du regard de ne pas faire ça. Il sourit pour seule réponse. "Je préfère ça. Maintenant, sois sage. Un médecin va arriver pour t'examiner. J'attends de toi que tu te laisses faire, me suis-je bien fait comprendre ?" Gabrielle hocha la tête, à genoux sur le sol, l'air complétement abattu. Le révérend fit claquer ses mains contre ses cuisses en se relevant, ravi de la soumission presque innée de son aînée. Eve n'était pas si sage. Au même moment, un homme qui ressemblait plus à un charlatan qu'à un vrai médecin entra dans la pièce. Pendant un long moment, il observa la rousse d'un œil particulièrement critique avant de sourire. En quittant la chambre, Arthur Eastwood adressa un regard entendu à l'homme. L'inconnu s'inclina en hochant la tête. "Mademoiselle Eastwood, si vous voulez bien vous allonger..."
L'homme, aux mains beaucoup trop baladeuses, lui fit mal.
Mais Gabrielle, docile et trop apeurée, fut incapable de crier.
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Ne t'inquiète pas, Eve, ça va aller. Le sourire de Gabrielle, rassurant, ne suffit pas à faire lâcher prise à sa petite sœur. L'enfant refusait de lâcher sa grande sœur. Elle hurlait à chaque fois que sa mère essayait de rompre leur étreinte. Je viendrai te voir toutes les semaines. Affirma l'innocente en caressant les cheveux de sa jeune sœur dont les épaules étaient secouées de sanglots. Et je t'écrirai tous les jours. Je te le promets. D'un geste, elle lui tendit son petit doigt. Eve s'empressa de le serrer du sien en reniflant. "Croix de bois, croix de fer ?" demanda-t-elle en tremblant. Gabrielle lui baisa le front avec un sourire et hocha la tête en confiant Eve à sa mère. Cette dernière attrapa les mains de sa fille pour les baiser en se confondant en excuses. Elle n'avait pas la force, ni le courage, de s'opposer à son mari. Elle subissait les décisions du révérend au même titre que ses filles.
Gabrielle avait toujours reçu plus de coups et de châtiments qu'Eve — car sa mère avait appris de ses erreurs avec le temps. Elle ne lâchait que très rarement la plus petite des yeux. Cela n'avait pas empêché Arthur de promettre sa cadette à un ignoble personnage. Fort heureusement, ce dernier était mort avant de pouvoir mettre ses mains sur l'enfant.
"Nous sommes en retard." Le révérend, agacé, attrapa Gabrielle par le bras pour la jeter dans la calèche. Elle n'eut pas le temps d'étreindre sa sœur une dernière fois et cela lui brisa le cœur — mais elle ne le dit jamais.
-
Les talons ancrés sur le parvis de l'église, Gabrielle se retrouva incapable d'avancer. Elle tremblait. Tout allait trop vite. Beaucoup trop vite. Elle ne voulait pas se marier. Elle ne connaissait même pas le nom de son futur époux. Elle ne savait même pas à quoi il ressemblait... À quoi allait ressembler sa vie avec lui ? Allait-elle souffrir ? Gabrielle se demandait si elle serait autorisée à manger à table avec lui. Chez le révérend, cela lui était interdit. Eve et Gabrielle mangeaient après leur père, jamais avec lui. Arthur, furieux, gifla sa fille avant de lui attraper les cheveux. Comme à son habitude, Gabrielle n'émit aucun son. Seuls ses yeux trahissaient sa peur grandissante. "Si tu ne rentres pas dans cette église tout de suite... Je te coupe la langue et la jette aux cochons." L'innocente secoua la tête en implorant son père du regard. Elle pouvait encore sentir la rage avec laquelle il avait meurtri sa langue des années auparavant, quand elle avait été témoin de l'impensable. Désormais, une croix disgracieuse était gravée à même sa chair, mais personne ne le savait.
Personne, à part Arthur.
Le révérend continua ses menaces jusqu'à l'apparition de Benedict Berrygreen dans son sillage. Alors, il se tut et sourit. Gabrielle, apeurée, essaya de reculer avant que son père ne l'en empêche. Des larmes roulaient le long de ses joues. Benedict, avenant, adressa un sourire attristé à la jolie rousse. Ses doigts hésitants vinrent essuyer ses larmes avant qu'il ne prenne le temps de la rassurer. Benedict parla trop vite. Son visage, dirigé vers le révérend, empêchait Gabrielle de déchiffrer tous ses mots. Lorsque Arthur expliqua à Benedict le handicap de sa fille, ce dernier cilla. Il se reprit très vite, cependant, et aligna son visage avec celui de la jeune femme en détachant chacun de ses mots d'une manière un peu trop exagérée pour être naturelle. Elle comprit que l'homme, maladroit, faisait de son mieux pour qu'elle le comprenne.
Mon frère est une bonne personne.
Il ne vous fera jamais de mal.
Vous serez en sécurité avec lui, je vous le promets.
Gabrielle regarda son père. La dureté de ses yeux était sans appel. Lorsqu'elle reporta finalement son attention sur Benedict, se fût uniquement pour incliner la tête d'un air résigné. L'aîné de la famille Berrygreen passa délicatement le voile de la jeune femme sur son visage avant de lui offrir son bras pour l'amener jusqu'à l'autel.
Gabrielle, les yeux rivés sur le sol, se laissa guider sans aucune résistance. Les murmures de la foule, qu'elle remarqua en voyant leurs lèvres bouger, la mirent mal à l'aise, si bien que ses mains se refermèrent nerveusement autour de son bouquet plusieurs fois. Elle pouvait sentir les épines transpercer sa peau à travers ses gants. Une fois devant l'autel, Benedict s'éloigna pour laisser sa place à l'homme qui serait son mari. Gabrielle n'osa pas le regarder. Ce n'est que plus tard qu'elle lui adressa un coup d'œil timide avant de reporter son attention sur le prêtre, intimidée devant la beauté de l'homme qui se tenait à ses côtés. Bizarrement, elle s'était imaginée au bras d'un homme bien plus vieux et répugnant.
La mariée n'entendit pas son futur mari prononcer ses vœux. Elle regretta de ne pas être en capacité de l'entendre, car son regard était doux. Il n'avait rien d'effrayant, au contraire, il était tout ce qu'il y avait de plus rassurant. L'innocente fut incapable de répondre. Il lui aurait fallu écrire ses vœux en avance pour les offrir à Ethan plus tard, mais elle n'avait pas eu le temps de préparer la lettre. Après tout, elle n'avait appris son mariage que 12 heures auparavant.
Le prêtre prit le temps d'articuler sa prochaine question, le regard fixé sur la jeune femme. Gabrielle Eastwood, fille du Révérend Eastwood, acceptez-vous de prendre Ethan Berrygreen ici présent pour époux ? La jeune mariée hocha timidement la tête.
À la place, Gabrielle attrapa délicatement la main d'Ethan dans la sienne. Il se raidit, mais la laissa faire. Doucement, elle glissa une alliance en argent très simple le long de son annulaire avant qu'il ne fasse de même.
Vous pouvez embrasser la mariée.
L'innocente se tourna vers son mari, quelque peu anxieuse à l'idée qu'il relève son voile pour l'embrasser. Elle n'aimait pas l'idée d'être aussi intime avec lui devant autant de personnes. Les baisers n'étaient-ils pas privés ? Elle pensa à sa langue marquée d'une croix. Que dirait Ethan s'il remarquait les entailles gravées à même sa chaire ? Le jeune homme, qui semblait ressentir le désarroi de sa femme, baisa chastement son front, à même son voile, sans poser de question.
Gabrielle rougit sous le tissu, mais Ethan ne pouvait pas le voir.
Ils étaient mari et femme.
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Gabrielle, quelque peu perdue entre tous les invités qui se pressaient pour l'observer, fut sauvée par son époux. Doucement, il l'escorta calmement à travers la foule, jusqu'à ce qu'ils montent à bord de la calèche de Benedict. Elizabeth et Eurydice, toutes deux assises face à leurs maris respectifs, accueillirent Gabrielle avec un sourire bienveillant. Douglas, beaucoup trop excité et curieux pour tenir sa langue, assailli la jeune mariée de questions. Sa femme le fustigea du regard pour le faire taire, mais rien n'y fit. Gabrielle essaya de lire sur les lèvres de Douglas, en vain. Il parlait beaucoup, beaucoup, beaucoup trop vite.
En arrivant au manoir des Berrygreen, Elizabeth décréta qu'une robe moins stricte siérait bien plus à la nouvelle mariée. Eurydice acquiesça avant qu'elles ne guident la jeune mariée jusqu'à leurs quartiers pour la pomponner. Rose les rejoignit en courant, non sans que Brodie lui vole un baiser si sensuel en public que les frères lui frappèrent l'arrière du crâne. Violet, accrochée aux jupons de Rose comme si elle était sa propre mère, suivit sa sœur à la trace.
Ainsi, toutes les jeunes femmes liées aux Berrygreen déambulèrent dans la chambre d'Elizabeth et Benedict pour prendre soin de la nouvelle venue. Violet, dont l'esprit était plus enfantin que les autres, bien que Logan s'appliquait à corriger cela, s'amusait à sauter sur le lit, loin des robes, du maquillage et des boucles rousses. Elizabeth, ravie d'avoir une nouvelle protégée, fit essayer des tonnes de robes toutes plus jolies les unes que les autres à Gabrielle. Son choix s'arrêta sur une robe vert pastel. Eurydice et Rose s'occupèrent de la coiffure de la jeune femme avant de rehausser ses joues et ses lèvres avec une jolie couleur rosée. Violet se jeta dans les bras de Gabrielle pour l'embrasser en riant, trop heureuse qu'Ethan ne soit plus seul.
La jeune mariée, surprise par autant d'attention, esquissa un sourire avant d'écrire "Merci" sur son calepin. Violet lui demanda comment est-ce qu'on disait merci dans le langage des signes, alors Gabrielle prit le temps de le lui apprendre. Elizabeth, Eurydice et Rose restèrent pour la leçon, curieuses.
Le geste était d'une simplicité enfantine. Il suffisait de porter ses doigts juste sous ses lèvres avant d'éloigner l'avant-bras, toujours à la verticale, en faisant un arc de cercle.
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Quand on guida la jeune mariée dans la salle de bal des Berrygreen, Gabrielle s'arrêta dans l'embrasure de la porte. Ses mains tremblaient à l'idée qu'Ethan découvre son visage. Elle pouvait déjà sentir la colère de son père s'abattre sur elle, ou pire — sur Eve, si son mari ne la trouvait pas à son goût. Elizabeth, clairvoyante, serra la main de Gabrielle entre la sienne. Elle appliqua une douce pression de ses doigts, dans un geste qu'elle voulait rassurant. "Tu ne crains rien avec nous, Gabrielle." Eurydice hocha la tête avant de lui baiser la joue. Quand elle s'éloigna pour rejoindre un Douglas bien trop content de retrouver sa femme, Elizabeth rit en entendant son beau-frère quémander mille baisers à sa douce pour l'avoir vu embrasser Gabrielle.
Le regard bleuté de la jeune mariée rencontra finalement les iris d'Ethan. Elle se figea un instant, hésitante, avant de s'avancer vers lui en se faufilant à travers la foule qui s'écartait naturellement sur son chemin. Elle n'aimait pas être le centre de l'attention. Ses pas s'accélèrent jusqu'à ce qu'elle soit presque en train de courir pour rejoindre son mari.
Lorsque Ethan franchit la distance qui les séparait encore, Gabrielle baissa la tête en lui adressant une révérence maladroite. Son sourire timide était sincère. La main de la jeune femme glissa dans celle de son époux et elle cilla en sentant ses lèvres effleurer sa peau. L'espoir qu'Ethan ne soit pas un mari tortionnaire illumina brièvement les pupilles de Gabrielle.
Peut-être... Peut-être que vivre ici, avec lui, ne serait pas si terrible.
M'accorderiez-vous cette danse ?
La jeune mariée écarquilla les yeux avant d'adresser un regard gêné vers l'orchestre et les invités. Comment pouvait-elle danser sans entendre la musique ? Oh, il y avait toujours les vibrations qui pourraient l'aider, mais... Gabrielle sortit son calepin, niché entre sa poitrine et son corset, avant de réfléchir. Si elle lui refusait cette danse, ne la trouverait-il pas ennuyeuse et problématique ? Cette pensée lui donna mal au ventre. Mais si jamais elle l'offusquait en se trompant dans la chorégraphie ou dans le rythme de la musique...
J'ai peur d'être incapable de suivre le rythme de l'orchestre. Je ne distingue que de lointaines vibrations.
Gabrielle leva un doigt dans les airs, qu'elle plia à maintes reprises pour battre la mesure au rythme de l'orchestre. Oh, elle n'entendait pas toutes les subtilités des instruments, mais le plus gros du tempo était correct.
Je ne refuse pas votre invitation, mais je n'ai nullement envie de vous humilier à cause de mes faibles capacités.
Ethan sourit avec douceur en prenant le carnet entre ses mains avec précaution pour lire les mots de sa femme. Il secoua lentement la tête avant de lui assurer qu'elle ne lui ferait jamais honte. La jeune femme s'empourpra en hésitant quelque peu à accepter cette main tendue. Elle fit le choix de le croire.
Sa main glissa dans la sienne et Ethan guida sa femme sur la piste de danse. Cette dernière sourit avec douceur à son mari. Quand l'orchestre battit les premières mesures, Gabrielle virevolta dans les bras habiles d'Ethan. Ils furent bientôt rejoints par d'autres couples. Rose et Brodie dansaient inconsciemment des regards outrés de voir un homme en kilt. Douglas kidnappa son ange dans les jardins pour qu'ils dansent à la belle étoile. Benedict Berrygreen tendit sa main à sa femme qui cilla devant son invitation soudaine. Elle l'observa minutieusement en quête du moindre tressaut de douleur ou d'une goutte de sueur traitresse... Mais rien, alors, un sourire radieux naquit sur ses lèvres quand il l'amena sur la piste de danse pour se joindre aux autres.
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Après le repas, les festivités se prolongèrent jusqu'à minuit, heure à laquelle Elizabeth Berrygreen décréta qu'il était temps d'enlever la jeune mariée pour la préparer à ses noces. Oh, Eli' avait bien conscience qu'Ethan et sa femme ne céderaient probablement pas à la tentation de la chair, aussi tentante soit-elle, mais Benedict avait soufflé à sa femme que le révérend avait insisté pour avoir une preuve de la consommation du mariage. Douglas et Brodie furent chargés de le dire à Ethan. Ensemble, ils trouvèrent une solution capable de faire illusion.
Gabrielle attendit sagement son époux dans ses propres quartiers. Assise sur le rebord du lit, elle observa la lueur qui émanait de plusieurs bougies qui chassaient continuellement la pénombre des lieux. Cela la rassurait, car elle avait horreur du noir. La simple idée de ne pas dormir seule l'apaisa également. Elle était bien trop habituée à dormir avec Eve pour réussir à trouver le sommeil sans la chaleur d'une personne à ses côtés.
Les yeux rivés sur la porte, elle sursauta de la voir finalement s'ouvrir sur Ethan. Gabrielle se redressa d'un bond avant de courir jusqu'à son mari. Elle lui prit la main, doucement, pour la poser contre sa joue avec un sourire timide. Ils s'étaient tellement tenu les mains en dansant que Gabrielle avait fini par apprécier ce contact.
Avez-vous passé un agréable moment, monseigneur ?
Ethan ne répondit pas. Il écarquilla les yeux en observant sa femme qui glissait ses mains dans son propre dos jusqu'aux rubans qui maintenaient son corset en place. Machinalement, Gabrielle tira sur les ficelles pour libérer sa poitrine de son entrave. Son père lui avait expliqué quels étaient les devoirs d'une épouse envers son mari. Elle savait ce qui allait se passer. Non, ce qui DEVAIT se passer, car si son mari la rejetait cettte nuit... Le révérend la châtierait.
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Clionestra
Dim 18 Aoû - 16:14
Ethan Berrygreen
J'ai 25 ans et je vis à Londres, Angleterre. Dans la vie, je suis second fils et je m'en sors en surviant. Sinon, grâce à ma chance, je suis célibataire et vue que je compte mourir, il vaut mieux le rester... . → Possède une arme à six coups, qui a déjà perdu quatre balles. Trois pour tuer, une bêtement. → Il a de grosses cicatrices sur le dos, des maltraitances et mal soignés. → Il a peur du noir et dort avec une bougie → Il parle peu, le moins possible en tout cas → Il est bon en mathématique → Il ne voit pas les couleurs.
La danse fut simple. D’une tranquillité affolante et calme. C’était le genre de chose qu’Ethan aimait. C’était le genre d’ambiance qu’il aimait. Ce qui était simple, sans fioriture. La jeune femme, dont la simplicité transparaissait dans son visage, lui donnait ce sentiment de pouvoir lui sourire. C’était le genre de personne qui le faisait sourire et lui donnait envie de la protéger de tout, de la menace parentale à un moustique. Ils dansèrent et Ethan décida que le reste du monde pouvait les regarder à loisirs. Il n’y avait rien d’étrange à une danse entre nouveaux époux. Elle semblait mal à l’aise, et il fit de son mieux pour lui parler. De simple mot. Lui disant qu’elle faisait bien. De le regarder, ou simplement de remonter sa main pour mieux le tenir. Ce n’était que des phrases laconiques, rapides et simples, pour aider la jeune femme dans sa danse. Il fit en sorte de lui présenter tous ses amis, enfin, les amis de la fratrie Berrygreen, ce qui, si on compte les personnes rajoutés, faisait un bon paquet. Elle connaissait déjà une partie des femmes. Ethan prévient Stefan de ne pas faire peur à sa femme, alors que la jeune femme conserva avec Madeleine.
Leur fête de mariage fut simple mais intense. Il observa plusieurs fois sa femme en se demandant comment aller être leur relation. Il finit dans un bureau avec ses frères qui discutèrent pendant qu’il restait silencieux. Des opinions étaient données pour protéger la vertu de la jeune femme. Ethan les écouta posément. Il n’y avait pas de bonne solution.
- Je rêve ou on a trouvé encore un homme à abattre, fit remarqué Douglas alors que son regard se porta à l’extérieur, pourquoi les pères de la génération de notre père sont tous des enfoirés ? - Les parents de Elizabeth sont bons, rectifia Benedict. - Tu parles, cracha Douglas qui était toujours en colère que les parents de la jeune femme ne les ai pas prévenu eux, au lieu d’Elizabeth, après leur traumatisme. - Arrête, rassura Benedict. Parler du passé ne la ramènera pas.
Mary. Personne n’avait besoin de dire son prénom pour savoir qui était dans l’esprit de Douglas. Il considérait les parents d’Elizabeth coupable au même titre que Howard. Parce qu’ils auraient du prévenir Benedict de ce qu’avait fait Howard, pas Eli. Eli était une femme qui aimait protéger et défendre. Elle voulait venger les injustices. Pour Douglas, les parents de la jeune femme ne l’avait pas protégé. Ils l’avaient jeté dans la gueule du loup. Et ils avaient jeté Mary avec. Bien évidement, Douglas ne considéré pas Elizabeth coupable, elle. Il savait faire la part des choses. La discussion s’éternisa un peu, et Ethan, après avoir trouvé un plan cohérent, rejoint sa chambre.
Pour la première nuit, il avait été décidé qu’ils dormiraient, lui et sa femme, dans la chambre d’Ethan, dans la demeure londonienne de Benedict. Ensuite, demain, ils partiraient à la campagne. Là où son manoir l’attendait. Ethan était le genre de personne qui faisait attention aux choses. Son manoir était fait de pierre chaud et avec des bibliothèques dans toutes les pièces. Il emmagasinait là bas des années et des années de savoir qu’il aimait survoler en silence. Il avait hâte d’y être pour apprendre à connaître sa femme. Parce que c’était ainsi. Il serait marié à cette femme, jusqu’à ce que la mort les séparer. Et si elle le veut, la sienne de mort peut se faire rapidement.
Il doute que s’il venait à mourir, Benedict protègerait la jeune femme. Même si elle n’avait pas d’enfant. Il finit par rejoindre le couloir familial et d’ouvrir la porte de la chambre après avoir toqué, se rappelant ensuite qu’elle n’entendait rien, il attendait un peu pour s’y engouffrer. Et ensuite…
Son cerveau grilla.
Il pensa à ses expériences qu’il avait lu dans les journées. Un homme essayait de faire marcher des lampes sans flammes, mais avec de l’électricité.. sauf que chaque fois, l’ampoule explosé à cause d’une surcharge. C’était exactement ce que venait de faire son esprit alors que la douce femme, sa femme, vient vers lui pour lui montrer son corps de porcelaine. Un instant, il se dit qu’il la trouvait toujours aussi belle. Sans connaître exactement la couleur de ses cheveux, -Douglas lui a dit qu’elle était rousse, ni celle de ses yeux, -Benedict lui a dit bleus-, il pouvait savoir qu’elle était absolument magnifique. Et les deux poires tendues par le froid, rajouter cette impression de candeur. Elle lui offrait son corps. Et il ne bougea pas. La respiration bloquée dans sa gorge. Il observe ce corps et reporte son attention sur la jeune femme.
Les bougies permettaient de la voir pleinement et parfaitement. Heureusement. Il détestait dormir sans lumière. Les bougies étaient toujours entourées par des matériaux non inflammables pour pouvoir brûler toute la nuit sans risquer un incendie. Il remonta doucement la robe de la jeune femme, cachant sa poitrine avant de mettre sa main sur sa joue.
- Asseyons-nous.
Il la pousse sur le lit. Il tourne la tête en silence et trouve la chemise de nuit qu’il lui fallait. Il la tendit à la jeune femme et se retourna le temps qu’elle l’enfile. Quand il posa un regard sur elle, il vit l’incompréhension. Il revient et s’accroupit devant elle.
- Je voudrais que vous mettiez cela. Je peux vous protéger. Mais j’ai besoin de votre concours.
Il se retourne à nouveau et entends le froissement du tissu alors qu’elle se déshabille totalement. La chemise était toute simple. Une longue chemise qui allait à mi-cuisse et qui faisait transparaître à la lueur de la bougie son corps. Ethan déglutit. Il ne prendrait pas la vertu d’une femme parce qu’elle était belle. En cela, il était un gentleman et le resterait. Il la fit se coucher sur le drap, tout aussi bien. Il posa une main sur son épaule pour la faire se coucher par-dessus un drap qu’il venait de mettre sur le lit. Il la couche, remonte ses jambes.
- Faites-moi confiance. Vous êtes ma femme. Couchez-vous.
Il n’osa pas regarder plus longtemps son visage. Il avait laissé ses yeux couler sur ses lèvres tentatrices et ne voulait pas risquer de lui prendre un baiser non désiré. Il se recula et enleva sa veste, puis sa chemise et finit avec un tissu noir qui cacher son buste et son dos. Il ne pouvait pas lui montrer quelque chose d’aussi disgracieux que son dos. Il revient vers elle, prit un scalpel nettoyé. Il posa un regard sur elle. Les bougies renvoyaient le visage de l’horreur… comme si elle se préparait à avoir atrocement mal. Il sentit son cœur se serrer.
- Qu’est-ce qu’il t’a fait ? souffla-t-il bien qu’il sache qu’elle ne pouvait pas l’entendre.
Il n’avait pas le temps. Il prit le scalpel et s’ouvrit la paume, sur la ligne de vie. Avec une douceur inouï, il écarta les jambes de la jeune femme. Son frère lui avait expliqué la quantité de sang à mettre. Il rentra ses doigts dans sa paume et sans regarder la féminité de la jeune femme, il posa ses doigts sur sa peau. Quand la jeune femme ouvrit les yeux, ayant sursauter, il se pencha pour qu’elle voit son visage. Il fit un sourire désolé.
- Cela sera rapide, je vous promets.
Il sortit ses doigts ensanglantés, qui avait taché ses jambes et sa tenue. Il trouva la position de la jeune femme et tacha aussi le drap. Il remit ses propres doigts dans sa plaie avant de se pencher.
- Je suis désolé. Je dois vous toucher, pour qu’il ne puisse pas vous reprendre à moi.
Il remit ses doigts contre elle, remonta sur ses lèvres intimes dont il tâcha les bords. Il n’alla pas plus loin. Il tâcha son corps méthodiquement avant de se relever. Il attrapa un torchon et se pansa la main. La plaie saignait mais c’était parfait. Il referma les jambes de la jeune femme, qu’il avait été obligé d’écarter pour pouvoir faire les marques. Il reprit le drap et l’observa avant de le rouler en boule et le jeter sur le côté. Il revient à ses côtés.
- Je suis désolé, répéta-t-il. Il faut que vous restiez avec cette souillure jusqu’à demain matin. Mais ensuite vous aurez le droit à…. tous les écarts que vous méritez.
Il observa sa coupe toujours parfaite. Elle avait été préparée pour dormir mais sa coupe ne semblait pas avoir subi les affres d’une nuit sensuelle. Il la borda dans le lit, l’enroula, avant de se mettre à côté d’elle, toujours habillé pour cacher son dos, et de mélanger ses cheveux avec sa main propre. Il emmêlait ses cheveux.
- Dormez. Demain ne sera pas agréable.
Il reste là. Elle posa le regard sur lui, mais il sourit calmement. Ethan savait que ça devait lui faire bizarre, mais il n’y pouvait rien. Elle ferma les yeux sous les caresses douces et régulières. Il la regarda de longtemps, caressant sa chevelure, profitant du calme de la chambre. Demain ça ne sera pas agréable. Elle s’endormit. Avait-elle compris ce qu’il avait fait ? Il ferma les yeux au bout de longues heures. Pendant deux heures. Avant de se réveiller. Il se leva sans bruit, coller contre elle, les bougies toujours allumés dans la pièce. Il se déplaça et se changea après avoir fait une toilette rapide. Alors que huit heures sonnèrent quelque part, il entendit les bruits de pas. Ethan s’approcha de sa femme, et la réveilla en posa une main sur sa joue, caressant sa peau, remontant le long de son nez jusqu’à caresser ses sourcils et qu’elle ouvre les yeux. Sa douce épouse ouvrit les yeux. Ethan sourit.
- Je suis désolé. Je vous promets qu’ensuite, il n’aura plus aucun droit sur notre relation.
Il remonta une mèche derrière ses oreilles avant que l’on toque à la porte. Son visage se ferma. Toute trace de joie désertant alors qu’il tonna un « entré ». Sans plus attendre, deux hommes, escorté par un Douglas en colère et un Benedict mécontent, se retrouvèrent dans la chambre. Ethan, qui venait de remettre ses gants, puisqu’apprêter pour prendre la route, leur lança un regard entendu.
- Je suis venue voir si vous avez bien consommé le mariage comme le veux la coutume.
Douglas attrapa le drap et l’ouvrit pour y montrer la tache de sang dessus, pile là où le corps de la jeune femme se trouvait. Mais le médecin l’attrapa d’une main rageuse avant de le jeter.
- On sait tous qu’on peut faire saigner une femme sans prendre sa vertu.
Ethan ne dit rien alors qu’il leva sa femme. Il lui lança un nouveau regard qui voulait dire de lui faire confiance. Sur ses lèvres, il énonça une nouvelle excuse silencieuse. Il aurait voulu trouver une autre solution que ce mensonge… mais ils n’avaient rien trouvé pour se débarrasser de la corvée. Quand elle vit le médecin, la jeune femme se mit derrière lui et un grognement monta dans sa gorge. Elle secoua la tête et l’implora du regard. Il ne savait pas quoi faire. Il ne voulait pas faire ça. Ses frères se regardèrent. Eux non plus. Là, le visage des trois était si semblable que l’on aurait pu croire à des copies.
Le père de la jeune femme lui attrapa le bras pour la ramener au milieu de la pièce, mais avant qu’Ethan ne lui mette un coup sur le nez, elle se débattit pour revenir à ses côtés.
- Ne touchez plus ma femme ! fulmina-t-il avant de se tourner vers elle, fais-moi confiance.
C’était la première fois qu’il la tutoyer. Il la posa devant le médecin alors qu’elle le lâcha et pleura doucement. Il ne voulait pas. Il ne voulait vraiment pas. Il savait, sans l’ombre d’un doute, que l’homme allait lui faire du mal. C’était ce que le visage de la jeune femme annoncé. Et Ethan savait être en train de lui faire mal d’une autre façon. Il était en train de meurtrir son cœur. Le médecin s’approcha et remonta la chemise jusqu’à la limite de la féminité de la jeune femme. Il allait pour montrer plus haut, dévoilant le sexe de sa femme, mais Ethan lui mit la main sur l’épaule et le serra avec assez de force pour le faire grimacer.
- Faites attention à vos gestes.
Le médecin continua de grimacer alors que les doigts d’Ethan rentrait dans son épaule pour le repousser. Il se posa ensuite devant sa femme. Benedict, qui était en face de Gabrielle, et dont elle pouvait donc lire les paroles s’approcha.
- Maintenant qu’il est prouvé que mon frère a bien consommé le mariage, j’aimerais que les choses soient claires. Gabrielle est une Berrygreen. Nous n’accepterons plus aucune humiliation de la sorte. - Ce n’est pas… - Taisez-vous, reprit Benedict sans hausser le ton, ceci est une manière de soumettre que nous n’acceptons pas. Mon père, paix à son âme, comptait épouser votre plus jeune fille pour la protéger de vous. Et je compte bien trouver un époux digne de ce nom à votre deuxième enfant. Je ne laisserais pas un père abusif continuer à faire souffrir ses enfants. - Je ne suis…
Benedict leva la main et lui lança un regard noir.
- Vos filles seront à jamais lié à la famille Berrygreen. Soyez sur que je ne supporterais pas que vous me fassiez honte.
Utiliser son père comme homme de vertu lui arrache la bouche, mais cela devient utile. Protéger le nom de Berrygreen permet un certain poids. Le père lança un regard furibond et suivit Benedict. Douglas tendit une tenue pour la jeune femme, de la part d’Elizabeth, dit-il, avant de partir en embarquant le connard médecin. Benedict avait envie de se laver la bouche à la javel. Laissant les jeunes mariés, Ethan se retourna pour être en face d'elle et il parla doucement.
- Cela n’arrivera plus jamais, je vous le promets. Allons manger et ensuite nous pourrons partir chez nous. Comment allez-vous ? Je vais vous préparer un bain avant tout ça.
J'ai 20 ans et je vis à Londres, Angleterre. Dans la vie, je suis la fille du révérend Eastwood et je m'en sors mal. Sinon, grâce à ma malchance, je suis mariée, mais je le vis plutôt bien, car mon mari est d'une douceur sans égale. - Gabrielle est sourde et muette depuis sa plus tendre enfance - Elle est discrète, mais attentive au monde qui l'entoure - Elle adore l'agriculture et rêve de vivre dans une ferme à la campagne - Elle a une petite sœur qu'elle aime plus que tout au monde et qu'elle refuse de laisser entre les mains de son père - Elle ne se plaint jamais - Elle a peur du noir - Ses jambes sont couvertes de cicatrices - Sa langue a été scarifiée par son père après qu'elle ait été témoin de son adultère homosexuel
Gabrielle Berrygreen virevoltait dans les bras de son mari. L'innocente avait choisi de lui faire confiance en acceptant de danser, mais était-ce par choix ou simplement parce qu'elle était incapable de désobéir ? C'était une question à laquelle elle n'avait pas de réponse. Pour autant, Ethan ne lui avait pas donné d'ordre. Il lui avait simplement demandé si elle voulait danser. Le voulait-elle réellement ? Elle n'en savait rien, mais ça ne l'avait pas dérangé.
En revanche, il avait été difficile de ne pas faire d'erreur. D'ailleurs, la jeune mariée en avait fait. Ethan était juste assez adroit pour que personne d'autre que lui ne le remarque. Les vibrations qui parvenaient à Gabrielle étaient trop nombreuses pour qu'elle réussisse réellement à calquer ses pas sur ceux de son époux. Alors, elle l'avait suivi du mieux qu'elle avait pu. Les sourires d'Ethan avaient suffi à rassurer un tant soit peu Gabrielle et toutes ses angoisses s'étaient presque volatilisées dans ses bras.
Une fois leur danse terminée, une jeune femme — semblable à une véritable tornade — fonça sur le nouveau couple avec un sourire rayonnant. Derrière elle, deux jeunes enfants suivis d'un garçon et d'un homme lui emboitèrent le pas. Les Whistledown étaient le premier couple dans l'entourage des Berrygreen à être devenus parents. Madeleine avait eu une grossesse gémellaire compliquée et son accouchement avait bien failli lui coûter la vie, mais Bran et Sophie avaient vu le jour. Depuis, la jeune femme était remise et plus décidée que jamais à avoir un quatrième enfant — au plus grand désespoir de son mari, Stefan. L'ainé de la fratrie, Mice, n'était pas le fils biologique du couple, mais ils l'aimaient tout autant, quand bien même Stefan s'évertuait à le cacher. Sophie somnolait dans les bras de son père tandis que Bran, lui, harcelait le pauvre Mice en lui sautant dessus à répétition.
Gabrielle, de nature timide et soumise, s'inclina devant la famille du duc, le regard fuyant. Madeleine lui sourit avant de lui attraper les mains pour les serrer affectueusement. Elle commença à parler. Vite. Trop vite. Alors, Gabrielle adressa un regard désespéré à Ethan qui informa doucement Madeleine et Stefan de la condition de sa jeune épouse. La duchesse se confondit en excuses avant d'échanger plus posément et calmement avec la jolie rousse. Bran, fatigué et plus sociable que sa sœur, tendit les bras vers Gabrielle pour demander d'être porté. Cette vision arracha un tendre sourire à la nouvelle venue des Berrygreen, car elle n'était pas sans lui rappeler sa jeune sœur, Eve. Tendrement, la jeune femme accueillit le petit garçon contre elle. Elle le berça gentiment en lisant sur les lèvres de Madeleine.
"Stefan a ri jusqu'aux larmes lorsqu'on nous a appris qu'Ethan se mariait !" dit-elle en adressant une moue mécontente à son coquin de mari. "Mais je suis ravie de savoir qu'Ethan a finalement trouvé la personne qui lui convient." Madeleine sourit. "Je vous souhaite d'être aussi heureux que nous le sommes..." La jeune femme adressa ensuite un sourire carnassier à Ethan. "Oh, et de faire plein d'enfants aussi ! Comme ça, ils pourront jouer avec les nôtres quand ils seront plus grands ! Quoique, mon quatrième sera peut-être du même âge que votre premier-né, qui sait ?" Stefan jura entre ses mâchoires serrées avant de déclarer qu'il était temps pour la petite famille de rentrer. Madeleine embrassa Gabrielle sur la joue avec douceur avant de s'éloigner gaiement en compagnie de son mari et de leurs enfants.
Douglas, tout sourire et tout juste de retour d'un moment hors du temps avec son ange, vola la mariée à son frère pour qu'ils dansent ensemble. Le reste de la soirée défila à toute vitesse, entre danses mal assurées, conversations timides et regards perdus vers Ethan.
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Dans la suite nuptiale, c'est avec un visage innocent, mais anxieux, que Gabrielle avait attendu l'arrivée de son mari. Le révérend avait pris un malin plaisir à expliquer à ses filles les devoirs qu'une épouse avait envers son mari. Elles avaient été éduquées, à ce sujet, bien plus qu'elles ne le voulaient. Leur mère s'y était farouchement opposée, notamment au sujet d'Eve, mais le révérend n'avait donné aucun crédit à ses arguments. Allongée sur le lit, vêtue d'une simple chemise de nuit, Gabrielle observait les gestes de son mari. La jeune femme n'avait pas compris pourquoi Ethan l'avait rhabillé pour ensuite lui demander de se changer. Peut-être la trouvait-il repoussante ? Cette pensée lui glaça le sang. La renverrait-il chez elle à la première heure demain matin ? Par tous les saints, son père la tuerait pour ça, non ?
Mais quand Ethan posa une main sur son épaule pour l'allonger contre le matelas, la respiration de Gabrielle s'accéléra. Ce simple geste avait suffi à la faire sursauter. Faites-moi confiance. Vous êtes ma femme. Couchez-vous. Lorsque son mari écarta ses jambes pour se glisser entre elles, meurtries par un trop grand nombre de coups de chat à neuf queues, la jeune femme ferma les yeux si fort que l'ensemble de son visage se crispa. Son corps tremblait, car son père avait toujours énormément insisté sur le fait que la souffrance d'une femme, quand un homme la possède, était immense. Une femme digne de ce nom se taisait et endurait le supplice qu'était d'enfanter en silence. Non pas que Gabrielle soit en capacité de hurler, que cela soit avec Ethan ou avec cet horrible charlatan, hier soir.
Lorsque les doigts ensanglantés d'Ethan effleurèrent la peau de ses cuisses, Gabrielle ouvrit les yeux, paniquée, mais aussi surprise par la douceur de ce geste. Elle s'arqua légèrement en sursautant et son regard confus descendit entre ses jambes. Du sang. La jeune femme se redressa légèrement sur ses coudes, observant Ethan et ses cuisses à tour de rôle. Pourquoi saignait-elle si Ethan n'était pas en elle ? Gabrielle remonta ses yeux sur les lèvres de son mari, en quête d'explications. Je dois vous toucher, pour qu'il ne puisse pas vous reprendre à moi. Ethan ne pouvait pas le voir, mais sa femme avait affreusement rougi. Doucement, elle hocha la tête, sans comprendre le véritable sens des paroles de son époux, avant de se rallonger complétement.
Quand ses doigts effleurèrent les pétales qui protégeaient sa féminité, les cuisses de Gabrielle tremblèrent. Elle était mal à l'aise, mais elle ne bougea pas. Seul ce simple tremblement, suivi de sa respiration saccadée, trahissait le sentiment de peur qui régnait en la jeune femme.
Une fois qu'il jugea le simulacre de la perte de la virginité de Gabrielle suffisamment convaincant, Ethan s'écarta de sa femme. Gabrielle, dont le pauvre cœur agité battait à tout rompre dans sa poitrine, se redressa pour s'asseoir. Elle observa le sang entre ses cuisses, puis le drap, avant que son regard ne se pose finalement sur Ethan. La jeune femme était tellement surprise qu'elle fut incapable d'écrire le mot qui lui brûlait les lèvres. Elle le signa. Doucement, elle posa brièvement ses doigts sur le côté droit de son front avant d'éloigner son avant-bras de manière verticale en repliant tous ses doigts, à l'exception de son pouce et de son auriculaire. Pourquoi ? Elle fit ce geste une première fois, les sourcils froncés, avant de le réitérer. Quand elle réalisa qu'Ethan ne pouvait pas la comprendre, elle secoua la tête en guise d'abandon avec un sourire infiniment triste.
Tendrement, Ethan l'enveloppa dans les draps de leur lit en un geste qui se voulait peut-être réconfortant. Ethan passa une main tendre dans les cheveux de Gabrielle pour la décoiffer avant de caresser certaines de ses boucles. Alors, la jeune femme posa un regard interloqué sur son mari, proche de celui d'une enfant qui n'aurait clairement pas l'habitude d'un geste d'affection aussi anodin. Un sourire timide, mais sincère, illumina son visage avant qu'elle ne s'endorme en attrapant timidement un pan du tissu du haut qui protégeait toujours le torse du jeune homme.
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Le lendemain matin, Gabrielle ouvrit les yeux sous les douces caresses de son tendre mari. Elle papillonna des cils en s'étirant de tout son long avant de se frotter les yeux en se redressant, l'air encore complétement endormi.
Je suis désolé. Je vous promets qu'ensuite, il n'aura plus aucun droit sur notre relation.
Gabrielle secoua la tête sans comprendre. Elle n'entendit pas toquer à la porte, mais elle le devina devant le visage soudainement fermé d'Ethan et la façon dont tout son corps s'était raidi avant qu'il ne se redresse complétement. Gabrielle blêmit devant son père, qui annonça n'être là qu'en tant que témoin de la consommation du mariage de sa fille. Son ami médecin, tout sourire, adressa un regard malsain et lubrique à la pauvre rousse. Douglas, avec qui elle avait dansé la veille, s'avança jusqu'à elle pour dévoiler le sang sur les draps.
Lorsque le charlatan s'empara du tissu pour s'en débarrasser d'une main rageuse, Gabrielle se releva juste à temps pour se cacher derrière son époux. Elle observa son père et le charlatan derrière son épaule en tremblant avant de secouer la tête. Non, elle ne voulait pas qu'il la touche encore. Il lui avait fait si mal, deux jours auparavant... Son regard larmoyant rencontra celui d'Ethan alors qu'elle l'implorait silencieusement de lui épargner un tel supplice. La pauvre jeune femme n'entendit pas le grognement mécontent de son mari.
"Tes enfantillages m'embarrassent, Gabrielle." tonna le révérend sans que sa fille puisse lire sur ses lèvres. Il empoigna violemment son bras pour la ramener à lui, mais elle résista, terrorisée à l'idée que le charlatan la touche à nouveau. Alors, elle le repoussa en secouant la tête, les épaules secouées de sanglots silencieux, avant de courir derrière Ethan en agrippant sa chemise si fort que les jointures de ses mains virèrent au blanc. Ethan se tourna vers Gabrielle qui le supplia une nouvelle fois du regard de ne pas les laisser faire. Fais-moi confiance. La jolie rousse sentit le monde s'ouvrir sous ses pieds pour l'engloutir. Elle blêmit, perdue et blessée par cet abandon. Elle pleura en silence, résignée à son sort, alors qu'Ethan la ramenait lui-même au milieu de la pièce.
Seule, vulnérable et entourée de tous ces hommes, Gabrielle avait envie de disparaitre.
Le révérend, dont le sourire carnassier trahissait un plaisir malsain à voir la détresse de sa fille, lui parla en une langue qu'elle était la seule à comprendre ici. Les signes. N'oublie pas qu'une fille appartient toujours à son père. Si tu dis le moindre mot sur ce que tu as vu entre cet homme et moi quand tu étais enfant... Cette fois, je te couperai la langue pour te punir avant de t'égorger afin d'être certain que tu ne puisses plus jamais émettre le moindre son. Même Dieu ne sera plus en mesure de te comprendre. La jeune femme posa une main tremblante sur sa gorge. Elle pouvait presque sentir l'air s'y engouffrer dans une plaie béante. Le charlatan essaya de la révéler à la vue de tous, mais Ethan l'arrêta juste avant que sa féminité ne soit exposée et qu'il puisse y toucher. Puis, il fit barrière entre le médecin et sa femme après l'avoir repoussé. Gabrielle, tremblante, posa son front contre le dos d'Ethan le temps de reprendre sa respiration. Elle inspira lentement l'odeur du jeune homme pour se calmer. Il l'avait protégé, et cette pensée suffisait à l'apaiser. S'ils avaient été seuls, elle l'aurait peut-être enlacé sous le coup de l'émotion.
Benedict Berrygreen prit la parole. Son discours était suffisamment lent pour que Gabrielle puisse le comprendre. Ses yeux s'illuminèrent quand le chef de la famille Berrygreen mentionna Eve. Gabrielle signa le mot "merci" un si grand nombre de fois que cela arracha un sourire à Douglas, ce qu'elle remarqua. L'idée d'une Eve plus âgée, loin de son père, et en sécurité avec une personne aussi gentille que l'était son mari réconfortait grandement Gabrielle. Elle rougit en se cachant de nouveau derrière Ethan tout en hochant timidement la tête.
Ainsi, les indésirés qu'étaient le révérend et le charlatan furent invités à partir. Douglas, galant et solaire, offrit une robe à Gabrielle avant de sortir à son tour. La tenue, un cadeau de sa belle-sœur, Elizabeth, était bien plus élégante que tous les vêtements qu'avaient apportés Gabrielle en quittant la demeure de ses parents.
Une fois qu'ils furent à nouveau seuls, la jeune femme adressa un regard soulagé à son époux. Elle lui sourit timidement avant de chercher après son calepin pour lui répondre.
Vous m'avez protégé. Merci.
Gabrielle signa le mot "merci" tout en le pointant du doigt sur le papier. Elle le fit plusieurs fois afin d'être certaine qu'Ethan comprenne ce qu'elle lui montrait.
Grâce à vous, mais aussi à vos frères, je vais bien.
Un doux sourire sur les lèvres, Gabrielle signa à nouveau ses remerciements en hochant la tête. Quelques minutes plus tard, une domestique arriva pour guider la demoiselle jusqu'à son bain. La vieille dame, qui n'était pas au courant de la mise en scène en place concernant la nuit de noces du couple, ne fit aucun commentaire en constatant le sang entre les jambes de Gabrielle. Elle se contenta de la laver avec soin avant de préparer la jeune femme avec une attention toute particulière, l'attention réservée aux femmes nobles.
Habillée de la robe offerte par Elizabeth, à la recherche d'Ethan, Gabrielle déambula dans les couloirs, l'air tout bonnement perdu. Le manoir était immense et tous les couloirs se ressemblaient. Lorsque la jolie rousse retrouva finalement Ethan exactement là où elle l'avait laissé, elle accéléra le pas jusqu'à lui avec un sourire rassuré. Ses doigts se refermèrent sur un pan de sa chemise, qu'ils ne quittèrent pas.
Ils partirent déjeuner dans un silence bienvenu et réconfortant. Gabrielle ne dit rien, mais elle fût profondément surprise par le fait d'être autorisée à déjeuner aux côtés de son mari et de ses frères. Son père avait toujours exigé de ses filles et de sa femme qu'elles mangent dans la cuisine tandis que lui dînait seul dans la salle à manger. Aussi, la jeune mariée ne mangea que très peu, embarrassée et peu habituée à manger à la même table que des hommes.
-
Le couple se mit en route vers leur nouvelle demeure en fin de matinée. Elizabeth serra sa nouvelle belle-sœur dans ses bras en lui assurant qu'elle serait toujours la bienvenue ici. Eurydice, elle, promit à Ethan et Gabrielle de leur faire parvenir leur cadeau de mariage sous peu. Elle avait observé le couple valser et souhaitait immortaliser ce moment pour le leur offrir. Les frères échangèrent quelques mots avant de s'enlacer chaleureusement.
Le voyage en calèche, calme et silencieux, laissa à Gabrielle le loisir d'observer les paysages que la campagne avait à offrir. Assise à côté de son mari, elle s'assoupit un moment, bercée par l'allure constante de leur voiture. Sa tête tangua doucement jusqu'à reposer complétement sur l'épaule d'Ethan. Elle dormit ainsi un moment, l'air calme et paisible, jusqu'à ce que le soleil commence à décliner.
Ils arrivèrent chez eux, à Silent Hill, dans la soirée. Gabrielle, intimidée par la beauté de la maison et quelque peu anxieuse à l'idée d'être dans un lieu inconnu, se contenta de suivre son mari à la trace, trottinant derrière lui comme un poussin, en observant en silence les colonnes de marbre et l'architecture de sa nouvelle demeure. Tout ce luxe était déconcertant pour la fille du révérend, elle qui n'avait jamais eu ne serait-ce que sa propre chambre. Ses yeux brillaient d'une franche curiosité.
Au loin, les jardins offraient suffisamment d'espace pour faire pousser des fleurs, des légumes et des fruits. Il y avait même suffisamment d'espace pour une serre ou deux... La jolie rousse aurait adoré pouvoir s'occuper de quelques champs pour y faire pousser des récoltes. Elle avait toujours apprécié la sérénité et le calme que lui procurait l'agriculture. Plus d'une fois, ses fruits et légumes avaient permis à sa famille et aux miséreux de se nourrir, mais Gabrielle n'osa pas demander à Ethan sa permission pour jardiner. Elle ne voulait pas l'ennuyer avec ses requêtes inutiles, alors elle se tut, mais son regard trahissait clairement son envie de jardiner.
Gabrielle, peu habituée à être servie, s'empourpra devant les domestiques chargés de servir le repas. Elle aurait voulu secouer la tête et lever les mains pour refuser poliment toute cette attention, mais elle n'en fit rien. Elle hocha simplement le menton en signant le mot merci et ingurgita quelques malheureuses bouchées, le regard fuyant.
Il lui faudrait du temps pour s'habituer à manger en compagnie de son mari.
Et encore plus de temps pour s'habituer à être servie et non pas à servir elle-même.
Avec douceur, Ethan guida Gabrielle jusqu'à ses quartiers. La jeune femme cilla devant l'immensité de la chambre en marbre avant d'écrire sur son calepin que leur nouvelle chambre était très jolie. Ethan expliqua à Gabrielle que cette chambre lui était destinée et que lui irait dormir dans une autre pièce, à l'opposé du couloir. Gabrielle fronça les sourcils d'incompréhension, l'air confus. Avant qu'elle ne puisse finir d'écrire ses questions sur son carnet, Ethan lui baisa le front. Il lui souhaita une bonne nuit et laissa la jeune femme seule dans sa chambre.
Elle n'avait jamais dormi seule, et cela l'angoissait horriblement.
Pourquoi diable devaient-ils dormir séparément alors qu'ils étaient mariés ?
N'avaient-ils pas dormi ensemble hier soir ? L'avait-elle ennuyé ?
S'était-il déjà lassé ?
La jeune femme ne comprenait pas cette gentille attention qu'elle considérait comme un rejet. Après un bain nocturne dans les sources chaudes de la demeure, Gabrielle, allongée sur son lit, fut incapable de dormir. Les ombres des arbres dans sa chambre la terrifiaient. La pénombre, combinée au silence perpétuel auquel la jolie rousse était confrontée, l'angoissait horriblement.
Quand l'horloge indiqua deux heures du matin, Gabrielle agrippa son coussin, qu'elle serra contre elle en quittant la chaleur de ses draps. Elle ne savait pas l'expliquer, mais la présence d'Ethan la rassurait. Il lui réchauffait le cœur et chassait ses angoisses. Alors, doucement, sur la pointe des pieds, la jeune mariée ouvrit la porte de sa chambre avant de franchir à la hâte les quelques mètres qui la séparaient des quartiers de son mari.
Gabrielle prit de profondes inspirations juste devant la porte d'Ethan avant de toquer timidement. Aucune réponse ne lui parvint, évidemment, mais elle n'osa pas l'ouvrir pour jeter un coup d'œil à l'intérieur de la pièce. Quand Ethan ouvrit la porte, elle sursauta. Ils se regardèrent un moment, tous deux aussi surpris d'être l'un en face de l'autre à une heure aussi tardive. Gabrielle resserra son étreinte autour de son coussin, le plaquant davantage contre sa poitrine en adressant un regard suppliant à son mari.
Elle ne voulait pas dormir seule.
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Clionestra
Sam 24 Aoû - 20:16
Ethan Berrygreen
J'ai 25 ans et je vis à Londres, Angleterre. Dans la vie, je suis second fils et je m'en sors en surviant. Sinon, grâce à ma chance, je suis célibataire et vue que je compte mourir, il vaut mieux le rester... . → Possède une arme à six coups, qui a déjà perdu quatre balles. Trois pour tuer, une bêtement. → Il a de grosses cicatrices sur le dos, des maltraitances et mal soignés. → Il a peur du noir et dort avec une bougie → Il parle peu, le moins possible en tout cas → Il est bon en mathématique → Il ne voit pas les couleurs.
Il n’avait pas apprécié de faire ça. Il n’avait pas apprécié du tout. L’idée qu’un autre homme que lui voit le corps de sa femme, non pas pour la soigner mais l’humilier, lui avait donné des démangeaisons de haines. D’ailleurs, lui qui était souvent le plus calme de la fratrie avait compris ce que Douglas voulait dire par « voir rouge ». La seule raison pour laquelle il n’avait pas fracassé le crâne de son « beau-père » contre le sol était le sang à nettoyer ensuite. Il ne pouvait pas laisser une telle pagaille chez son frère, tout de même. Ainsi, il pensa beaucoup à ce moment là. Quand il la laissa partir pour se préparer, sans lui dans les environs, quand ils mangèrent ensemble en silence, avec un Douglas qui comblait le silence pour eux tous, et dans la calèche.
Le silence ne l’avait jamais dérangé avant aujourd’hui. Il devrait s’excuser, il en avait diablement conscience… mais le fait est que sa femme ne semblait pas le voir ainsi. Que cela soit sa réaction face à son intrusion : de la résilience, ou bien le fait qu’elle acceptait toutes ses demandes. Et il savait les mots qui devaient résonner dans l’esprit de sa belle épouse : Devoir. Conjugal. Deux mots que les Berrygreen, gentleman de leur état, ne supportaient plus. Il n’y avait aucun devoir à être la femme d’un homme. C’était une acceptation, un partage. Un couple. Deux personnes. Pas un qui fait sa vie et couche avec des prostituées pendant que l’autre pleure de ne pas enfanter. Cela ne sera jamais ainsi dans leur famille. Jamais.
Dans le silence de leur transport, il regarde plusieurs fois ses cheveux. Roux. Il aimerait tellement pouvoir en voir les couleurs, appréhender la teinte ou la nuance qu’ils ont au soleil. Il ne pouvait voir qu’une gris sombre qui se module, mais pas la couleur qui devait rendre radieuse la jeune femme. Voir un ange avec un filtre en noir et blanc en altérer l’auréole. Il voulait la voir en couleur. Pourquoi ne pouvait-il plus ? Il apprit les gestes. Quelques un, de la part de la jeune femme. Merci. Et Pourquoi. Ce geste qu’elle avait fait quand il avait protégé sa vertu en s’entaillant la main. Il ouvre les doigts pour en voir la plaie propre qui s’y trouve.
La lumière dans sa chambre était assez intense pour pouvoir profiter de chaque entaille et microcoupure. Couché dans le lit, il ne dort pas en remettant toute cette situation encore et encore dans l’ordre. Il était marié. Avec une femme qui se trouvait de l’autre côté du couloir et qui semblait aussi douce et innocente qu’un oisillon. Il avait envie de la protéger. Il avait le même sentiment avec Rose ou Violet. Ou bien avec Elizabeth et Eurydice. Cependant, toutes ses femmes étaient des membres de sa famille, des sœurs… alors que la jeune femme était une inconnu moins de quarante-huit heures en arrière.
Torse nu, les bras derrière sa tête, il observe le plafond dont les flammes créent des petits mouvements d’ombre sur la pierre lisse. Il aimait Silent Hill pour ce qu’il était, silencieux. On pouvait le voir comme un lieu austère et froid, lui en voyait de la stabilité et du maintien. Silent Hill était tout simplement parfait pour une personne dont la voix ne trouble que peu l’air ambiant. Il se demandait encore comment traduire le regard de sa femme sur le jardin, -désire de jardiner, vraiment ? Ou simple envie un nouveau jardin différent ?- quand il entendit la porte s’ouvrir dans le couloir.
Héritage de son père, Ethan ne dort jamais que d’une oreille. Son esprit était toujours à l’affut du moindre bruit, du moindre mouvement qui pourrait être une attaque sur sa personne. Ainsi, il savait que les pas de la jeune femme se rapprocher de la porte. Il s’était déjà levé pour mettre une chemise et s’approcher de l’entrée quand elle toqua. Il se dit qu’elle pourrait avoir peur s’il ouvrait tout de suite, alors il attendit un peu avant d’ouvrir la porte.
Ce qu’il trouva derrière ce bout de point le cloua sur place. Il l’observe, non surpris de la voir elle, il avait reconnu ses pas, mais de sa beauté qui continue de le percuter comme des météores sur Terre. Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas pensé à ce bijou monté dans un écrin d’or. Benedict l’avait donné à Elizabeth. Douglas l’avait donné à Eurydice. Le bout de Rose était toujours en sureté. Daniel, dans une bonté tout à lui, avait accepté d’en donner un autre bout pour Violet. C’était Daniel qui avait découvert qu’elle venait de l’espace, une étoile tombait… Et il avait pris un échantillon qu’il gardait précieusement. Il avait accepté de le donner à Violet, ce qui avait fait grimper sa popularité parmi les frères, bien qu’ils aiment tous Daniel.
Pourquoi diable pensait-il à Daniel alors qu’un ange aussi tombé du ciel était à sa porte ? Ah. Oui. L’étoile. Il pensait à l’étoile et à l’effet qu’aurait la brosse à cheveux dans la soie de sa femme. C’était cela. Il observe son regard, traduisant ce qu’elle ne disait pas… et il se poussa pour la laisser entrer dans sa chambre. Toutes les bougies étaient allumées et on pouvait y voir comme en plein jour. Il la laisse rentrer jusqu’au milieu de la pièce, réfléchit à fermer la porte et décide de le faire alors qu’il porte son attention sur la jeune femme. Elle s’approche de la bibliothèque. Dans tout le luxe de cette demeure, ce qui était le plus marquant c’était les bibliothèques qui y avaient été rajouté. Parfois, cela dénoté totalement dans la pièce, mais il y avait des étagères remplit d’ouvrage partout, même dans la cuisine ou dans les latrines pour les domestiques. C’était comme des archives ici. Ethan y venait pour y trouver des histoires et de l’aide pour son frère… Ses frères. Dans un autre monde, il trouverait un papier expliquant que l’orange pouvait soigner certaines maladies. Il la laisse regarder le tout. Il finit par se gratter la gorge pour qu’elle se retourne, mais oublie un instant qu’elle ne pouvait pas l’entendre.
Elle semble observer autour d’elle, méfiante ? Non. Perturbée ? Il ne sait pas. Alors qu’il savait lire dans les visages, sa femme ne lui montrait que des expressions contradictoires. Elle s’approche de la bibliothèque du fond, tend la main en se mettant sur la pointe des pieds pour attraper un livre en particulier.
- Attention !
Il parle mais se fustige car elle ne l’entend pas. La bibliothèque n’est pas fixée et tangue. Elle risque de la prendre sur la tête. Il arrive à temps. Il pose la main sur la sienne pour prendre le livre, tout en repoussant le meuble contre le mur. Son autre main rejoint les hanches de la jeune femme pour la soulever et la coller contre lui, la protégeant. Un livre tomba sur sa tête et rapprocha leur visage. Leur front se toucha, et leurs lèvres presque. Il la regarde. Il veut voir ses yeux. Il veut voir la couleur de ses prunelles. Et il le dit, qu’il voulait la voir. Mais leurs lèvres étaient si proches qu’elle n’avait pas pu le voir. Il respira difficilement, avec le désir de cueillir les deux lèvres qui l’attirent. Merde. Il réalisa tout ça.
- J’ai envie de vous embrasser, rajouta-t-il alors que ses yeux se plissèrent de bonheur, même si elle ne pouvait pas savoir ce qu’il avait dit.
C’était inédit. Il n’embrassait pas les femmes, lui. Il était un gentleman. Son sourire était doux, ses yeux clairs et tendres. Il finit par se déplacer. Le livre et la femme se retrouvèrent assis sur le lit. Il s’accroupit. Dans sa main, en plus du livre, venait d’apparaître un carnet et une plume. Il pose son visage devant le sien.
- Le lit n’est pas bon ? Je peux vous offrir cette chambre si vous la préférez, mais faites attention, tous les meubles ne sont pas fixés. Demandez-moi pour les objets en hauteur, je suis là pour vous.
Il avait posé le livre à côté d’elle, le carnet dans ses mains, et il avait attrapé ses mains dans les siennes. Il finit par sentir une petite goutte de sueur sur ses tempes. Il porte sa main sur sa tempes pour voir une toute petite plaie. Il s’en occupe pas mais ne la salit pas.
- Dites moi tout. Si vous vous inquiétez pour votre sœur, sachez qu’elle sera pris en charge par mon frère. Tout ira mieux.
J'ai 20 ans et je vis à Londres, Angleterre. Dans la vie, je suis la fille du révérend Eastwood et je m'en sors mal. Sinon, grâce à ma malchance, je suis mariée, mais je le vis plutôt bien, car mon mari est d'une douceur sans égale. - Gabrielle est sourde et muette depuis sa plus tendre enfance - Elle est discrète, mais attentive au monde qui l'entoure - Elle adore l'agriculture et rêve de vivre dans une ferme à la campagne - Elle a une petite sœur qu'elle aime plus que tout au monde et qu'elle refuse de laisser entre les mains de son père - Elle ne se plaint jamais - Elle a peur du noir - Ses jambes sont couvertes de cicatrices - Sa langue a été scarifiée par son père après qu'elle ait été témoin de son adultère homosexuel
Les yeux de Gabrielle s'illuminèrent dès lors qu'Ethan s'écarta pour la laisser entrer. Il l'avait compris sans qu'elle ait à écrire ou à signer — du moins, le croyait-elle. Lorsque la jeune mariée avait précipitamment quitté sa chambre, dans son élan d'anxiété, elle avait oublié de prendre son carnet et sa plume. Ils trônaient sur sa table de nuit, comme abandonnés. La jeune femme, incertaine d'avoir réellement la permission d'entrer, adressa un nouveau regard interrogateur à Ethan avant de glisser dans sa chambre en resserrant son étreinte autour de son coussin.
L'ingénue sourit tout en s'immobilisant au milieu de la pièce, avant de laisser son regard vagabonder sur les bougies. Contrairement à Eurydice, pour Gabrielle, le feu avait quelque chose de rassurant, notamment dans la manière qu'il avait de se mouvoir dans l'air. Il réchauffait le corps et procurait un certain réconfort. La jeune mariée avait toujours adoré admirer les flammes qui crépitaient dans une cheminée. Malheureusement, elle n'était plus en capacité d'entendre le craquement du bois depuis longtemps. Alors, elle posa son regard sur la bibliothèque personnelle de son mari. Ses yeux explorèrent les différentes reliures, et la jeune femme, curieuse, s'approcha en abandonnant son oreiller sur le lit d'Ethan. Ses doigts effleurèrent les ouvrages avec délicatesse, bien inconsciente que son mari venait de se gratter la gorge pour attirer son attention.
Un livre, beaucoup plus enfantin que les autres, attira le regard de l'innocente. Elle tendit le bras en hauteur pour essayer de l'attraper, ignorant tout du danger que représentait l'étagère instable. Ainsi, Gabrielle se hissa sur la pointe des pieds, frôlant la reliure du bout des doigts en s'appuyant un peu trop fort sur les planches qui constituaient le meuble. Lorsque la main d'Ethan glissa sur la sienne pour l'aider à se saisir de l'ouvrage, Gabrielle sursauta en étouffant un hoquet qui ressemblait davantage à un soupir qu'à une réelle exclamation de surprise. Aucun son réel ne parvint à sortir de sa gorge. La main libre d'Ethan se logea au creux de ses reins, juste au-dessus de ses fesses, afin de l'attirer à lui avec douceur. La fille du révérend releva un visage confus vers son mari, le regard voilé d'incompréhension. Elle se rappela l'enseignement de son père, les douloureuses démonstrations du charlatan, avant de se dire qu'accomplir son devoir conjugal contre une bibliothèque était sans aucun doute improbable.
Un couple marié faisait l'amour dans un lit, n'est-ce pas ?
Hadès éclata de rire avant d'observer d'un air malicieux Madeleine et Stefan qui, sans surprise, faisaient l'amour dans l'une des pièces favorites de Madeleine... La bibliothèque. Alors, Hadès observa Dieu, qui recherchait elle-même un vieux registre dans sa propre bibliothèque. Avec un sourire de canaille, il mit un point d'honneur à faire oublier à Dieu ce qu'elle cherchait si désespérément... à même la bibliothèque.
De retour dans l'instant présent, Gabrielle papillonna des cils en sentant la fraîcheur du front d'Ethan apaisait la chaleur de son propre front. Elle sourit avec douceur tout contre ses lèvres, inconsciente du pouvoir d'attraction qu'elle semblait posséder sur son mari. Son regard innocent plongea dans celui d'Ethan tandis qu'elle sentait la chaleur de son souffle tout contre sa bouche. Il parla, une première fois, mais elle fut bien incapable de le comprendre. Machinalement, Gabrielle passa lentement la langue sur ses lèvres pour les humidifier. Elle mordilla sa lèvre inférieure en fronçant les sourcils. Si cela pouvait attiser l'envie de doux baisers qu'avait son mari, Gabrielle l'ignorait. Elle ne le faisait pas exprès - L'auteur, en revanche, si. Qu'avait pu dire Ethan alors qu'ils étaient si proches ? Avait-il eu peur qu'elle se blesse ? Les doigts de la jeune mariée vinrent à la rencontre de la joue de son époux, qu'elle caressa lentement avec un sourire rassurant. La chaleur de son souffle effleura lascivement la peau d'Ethan. Quand leurs lèvres ne furent plus qu'à un fil les unes des autres, Gabrielle le questionna innocemment du regard. Soudain, Ethan se détourna d'elle pour guider Gabrielle jusqu'à son lit.
La jeune femme, confuse, les joues légèrement rosées par leur proximité précédente, observa son mari à travers ses cils. Ce dernier s'accroupit pour se mettre à sa hauteur, face à elle. Gabrielle écarta les cuisses, pour offrir plus d'espace à Ethan et se rapprocher de lui, tout en se penchant vers lui. Elle fit un sourire rayonnant alors qu'elle signait le mot merci tout en pointant le livre, le carnet et la plume qu'il lui présentait.
Ses yeux se fixèrent sur les lèvres d'Ethan au moment où il commença à parler. L'ingénue, surprise, secoua la tête avant d'attraper vivement le carnet et la plume pour griffonner. "Je vous remercie, le lit que vous m'avez si gentiment prêté est parfait, messire. Je ne souhaite pas avoir une autre chambre." Indiqua-t-elle avant de fuir le regard d'Ethan. Elle rougit, l'air embarrassé avant d'écrire. "Du moins, pas sans vous... Nous sommes mariés. J'aimerais simplement dormir à vos côtés, comme hier soir... Si ma compagnie ne vous est pas trop désagréable." Un sourire timide naquit sur les lèvres de la jeune femme alors qu'elle penche adorablement la tête sur le côté en adressant sa requête silencieuse à son mari.
Les mains d'Ethan se posèrent sur celles de sa femme. Elle entrelaça leurs doigts sans honte et ses pouces vinrent caresser les doigts glacés du jeune homme en un geste réconfortant. Quand il essuya sa tempe, Gabrielle remarqua finalement l'éraflure rougeâtre que le livre avait fait éclore. Doucement, elle tapota un pan de sa chemise de nuit contre la peau d'Ethan afin d'essuyer les petites gouttes de sang qui parsemaient l'entaille. "Je n'ai jamais dormi toute seule." Confessa-t-elle par écrit en détournant le regard. "J'ai conscience que vous avez fait préparer une chambre spécialement pour moi, et je vous en remercie, mais pourriez-vous m'autoriser à rester à vos côtés ? Je vous promets que je dormirai sur le divan." Finit-elle par écrire en pointant le divan à l'autre bout de la pièce. Elle ne pouvait décemment pas lui dire qu'elle préférait qu'il lui caresse les cheveux comme hier soir, n'est-ce pas ? Elle voulait sentir ses bras l'entourer jusqu'à ce qu'elle sombre dans le sommeil. Elle voulait poser sa tête sur son épaule pour y dormir pendant des heures... Mais elle ne devait pas faire de caprice. Elle en avait diablement conscience, or... Gabrielle ne s'était jamais sentie plus en sécurité que dans les bras d'Ethan.
C'était un sentiment étrange et diablement nouveau.
Alors, la jeune femme s'inclina un peu plus vers son mari. Délicatement, ses mains retrouvèrent les siennes pour les presser en un geste réconfortant. Ses lèvres vinrent à la rencontre de la tempe égratignée d'Ethan, qu'elle parsema de doux et chastes baisers.
Il s'agissait là de baisers dits magiques, comme Eve adorait les appeler.
Gabrielle caressa les doigts d'Ethan un moment avant de rompre leur étreinte, une lueur curieuse dans le regard. Doucement, elle se saisit du carnet pour écrire une question qui lui taraudait l'esprit. "Qu'essayiez-vous de me dire, plus tôt, contre votre bibliothèque ? Je suis navrée, je n'ai pas eu le temps de lire sur vos lèvres, nous étions tellement proches..."
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Clionestra
Dim 25 Aoû - 11:10
Ethan Berrygreen
J'ai 25 ans et je vis à Londres, Angleterre. Dans la vie, je suis second fils et je m'en sors en surviant. Sinon, grâce à ma chance, je suis célibataire et vue que je compte mourir, il vaut mieux le rester... . → Possède une arme à six coups, qui a déjà perdu quatre balles. Trois pour tuer, une bêtement. → Il a de grosses cicatrices sur le dos, des maltraitances et mal soignés. → Il a peur du noir et dort avec une bougie → Il parle peu, le moins possible en tout cas → Il est bon en mathématique → Il ne voit pas les couleurs.
Il voudrait connaître la couleur de ses prunelles. Il voudrait pouvoir les définir. On lui a dit qu’elle avait les yeux bleus, mais lequel ? Est-ce qu’elle avait des reflets ? Est-ce que le contour de ses yeux, qui semblaient légèrement plus foncé dans son monde de gris, était plus bleu foncé ou vert ? Est-ce que la couleur de ses yeux changeait légèrement à la lumière ? Il se demandait tout ça, et il savait qu’il ne pourrait jamais avoir la réponse sans poser la question. Il se le refuse. Rare était les personnes qui étaient au courant de son handicap. Ses frères, Eurydice, de sûr. Il pense que Elizabeth doit le savoir, mais elle ne lui en avait jamais parlé alors il ne peut en être certain. Ce qu’il sait, c’est que c’est la première fois depuis le jour où il a perdu sa capacité de voir les couleurs, qu’il donnerait tout pour pouvoir les analyser comme quelqu’un de normal. Les yeux de la jeune femme, au-delà de la couleur, étaient doté d’une lumière étrangement… réparatrice ? C’était le mot qui lui venait en tête alors qu’elle regardait ses lèvres pour lire sur sa bouche.
Ce qu’il aimerait connaître la couleur exacte de ses lèvres. Sont-elles roses ou plus beige ? Il ne peut dire que la densité. Elles sont pâles sans le maquillage, mais toute aussi appétissante. S’il l’embrasse, à la place de voir sa couleur, pourrait-il en définir le goût ? Il se sentait étrange. Il avait conscience que l’attirance, très clairement sexuel, qu’il ressentait pour elle n’était pas normal. Il n’était pas amoureux d’elle. Il avait juste envie de découvrir son corps dont il avait déjà eu un aperçu. Il ne pouvait pas faire ça. Il repoussa les quelques pensées lubriques qui l’assaillent.
Hadès précise à Dieu qui essaie de le frapper pour une guerre dont il n’était toujours pas la cause, qu’Ethan ne va pas plus loin que le « baiser » pour dire que c’est lubrique. Le reste lui vient en tête mais reste qu’une idée flou un peu dissolue. Dieu ne l’écoute pas. Elle est en colère du malheur qu’il déverse sur Terre. Bon. Il la laisse la tuer, poignardant son cœur qui lui appartient, mais dont elle ignore tout. Il l’embrasse et disparaît dans les flammes pour se guérir et revenir l’enquiquiner plus tard. Mais avant de partir, il se vengea un peu.
Ethan eut la soudaine envie de la pousser sur le lit, de se mettre sur elle et de l’embrasser en des zones intimes. Il rougit malgré lui de la force de l’image qui s’impose à lui. Il voulait lui faire l’amour. Et c’était sa femme, il le pouvait. Il ne serait pas un goujat que de lui faire l’amour… sauf qu’il y avait ce qu’il avait compris de la jeune femme. Elle ne ferait pas l’amour avec lui par envie, mais par devoir. Il repense à quand elle s’est endormi contre son épaule. Si innocente. Si incroyablement naïve. Mais quelque part, elle savait aussi qu’Ethan avait « « « le droit » » » de faire tout de ce qu’il voulait d’elle. Benedict lui avait dit les discussions qu’il avait eues avec le père. Et il ne mentait pas pour Eve, il faisait tout pour lui trouver un époux de son âge… Il en avait trouvé un, Adam Perkins. Un garçon de dix ans, bien sous tout rapport, avec un père qui avait fait fortune en commerce d’épice. Mais il fallait déjà faire en sorte que la famille Perkins accepte que le seul lien qu’ils auront avec les Berrygreen soit la sœur d’une des femmes….
Adam pourrait bien finir par l’aimer comme une amie, puis devoir la quitter pour travailler avec la couronne…. Jusqu’à ce qu’Eve trouve une grotte qui lui appartienne et qu’il doit l’enfermer dans son bateau le temps de ramener un colis important au Portugal… Après tout, les amis font les meilleurs amants, surtout quand il y a une trahison au milieu.
Mais reprenons. Il observe les mots, et alors qu’il était un peu inquiet, ce fut un doux sourire qui apparu sur ses lèvres. Il se remit devant elle pour qu’elle puisse voir ses lèvres. Il faudrait qu’il lui dise un jour qu’il trouve cela particulièrement incroyable qu’elle y arrive, d’ailleurs.
- Ce n’est pas ça, dit-il en parlant doucement. Gabrielle, nous ne nous connaissons pas. Vous avez été marié avec moi de force, sans même me voir avant. Notre relation est différente de celle d’un couple marié.
Il caressa sa joue doucement, appréciant la douceur sous ses doigts. Il fit un autre sourire rassurant, de ce qu’il donne aux personnes qu’il aime pour rappeler qu’il n’est pas mort. Même s’il allait mourir un jour, sans le moindre doute. Il ne lui reste plus que deux balles, enfin une, avant de devoir utiliser la dernière pour mourir. Mais il souriait pour dire être là encore un peu. Il caresse très lentement son épiderme.
- Est-ce que vous n’apprécieriez pas que l’on apprenne à se connaître, que je vous courtise, jusqu’à ce que ma venue dans votre chambre devienne un désir, et non un devoir ?
Il savait que personne ne parlerait ici de la relation étrange du couple. Tout le monde savait, déjà, qu’il avait été marié très rapidement. Le reste n’avait pas d’importance. Il essayait de parler plus pour pouvoir communiquer avec la jeune femme. Il pense à Douglas et à ce qu’il avait dit… Il est vrai que s’il ne parlait pas à la jeune femme, leur relation serait plus silencieuse qu’un débat entre deux pierres froides. Il faisait un effort pour ce couple dont il ne voulait rien au départ. Il observa le divan et il secoua la tête avec un nouveau sourire sur les lèvres.
- Je ne laisserais pas ma femme dormir sur le divan, répondit-il en prenant le carnet pour y voir sa dernière demande.
Il se relève doucement, observe autour de lui. Il trouve la trousse de secours. Un homme qui avait l’habitude d’être battu en avait toujours une à proximité. Il prend le pansement et le met sur la petite égratignure pour revenir vers le lit. Il ne sait pas quoi lui répondre.
- Vous avez failli vous faire très mal, expliqua-t-il en espérant que cela passe pour la réponse à sa question bien que ce n’était pas le cas. Bon. Faisons un marché, j’accepte que vous dormiez avec moi, mais à condition que vous m’appreniez le langage des signes pour vous comprendre, accepteriez-vous ?
Il se remit accroupi entre ses jambes, l’observant d’en bas pour ne pas lui donner l’impression de la dominer. La jeune femme avait tellement l’habitude d’être écrasé par son père. Ethan ne sera jamais comme ça. Il fronça les sourcils.
- Et aussi, rajouta-t-il en la laissant bien voir ses lèvres, que vous mangiez réellement à votre faim avec moi, et que vous me dites chaque fois que vous avez envie de faire quelque chose. Gabrielle, vous êtes ma femme, je veux vous connaître, accepteriez-vous ?
On remarquera que dans la proposition, il acceptait qu’elle dorme avec lui mais dans la condition qu’elle se dévoile à lui… mais pas l’inverse. Il n’y pense même pas. Il n’était qu’un homme. Il ne se pensait pas plus intéressant que ça. Il se pensait terne. Oubliable. Ce qu’il voulait s’était aussi que la jeune femme prenne ses marques en tant que femme d’un noble, la jeune femme était devenue noble. Il n’avait pas qu’un titre de courtoisie, en réalité. La mort de son père avait soulevé des questions et la reine avait accepté de lui donner le titre de baron. Il n’en avait juste rien fait… mais Gabrielle était Gabrielle Berrygreen, baronne de Silent Hill. Elle l’apprendrait demain quand ceux au courant de ce « cadeau » de la reine pour son mariage viendront l’annoncer. Il caresse à nouveau sa joue. Elle aura la maison, les domestiques, elle sera toujours la baronne de ce lieu parce qu’il allait faire marquer sur le titre que la jeune femme le gardera s’il vient à mourir.
- Il faut cependant savoir que je dors peu, et me lèverait certainement très tôt et que je dors avec les bougies allumés.
Si cela la dérange tant pis. Il ne pouvait pas accepter que le noir engloutisse tout. Lui qui voit en noir et blanc, la nuit devenait un cauchemar sans fin. Il aimerait retrouver la possibilité de voir les couleurs. De distingués au moins quelques unes. Il observe la jeune femme de plus prés et se surprends à croire y avoir vue une légère rougeur sur ses joues, mais il savait que c’était dans sa tête.. n’est-ce pas ?
J'ai 20 ans et je vis à Londres, Angleterre. Dans la vie, je suis la fille du révérend Eastwood et je m'en sors mal. Sinon, grâce à ma malchance, je suis mariée, mais je le vis plutôt bien, car mon mari est d'une douceur sans égale. - Gabrielle est sourde et muette depuis sa plus tendre enfance - Elle est discrète, mais attentive au monde qui l'entoure - Elle adore l'agriculture et rêve de vivre dans une ferme à la campagne - Elle a une petite sœur qu'elle aime plus que tout au monde et qu'elle refuse de laisser entre les mains de son père - Elle ne se plaint jamais - Elle a peur du noir - Ses jambes sont couvertes de cicatrices - Sa langue a été scarifiée par son père après qu'elle ait été témoin de son adultère homosexuel
Si, ce soir, Ethan Berrygreen souhaitait voir le monde en couleur dans l'unique but d'admirer sa femme. Gabrielle Eastwood, elle, aurait adoré entendre la palette de sonorités que la voix de son mari avait à offrir. Innocente, mais curieuse, la jeune femme ne pouvait s'empêcher de se demander à quoi pouvait bien ressembler la voix d'Ethan. Elle se souvenait de celle de sa mère, aiguë, et de la manière dont elle chantonnait avec douceur pour la bercer quand elle était petite. Elle se rappelait du ton froid et impérieux de son père — en plein sermon à l'église. Eve, elle, était venue au monde après les débuts de sa surdité. Aussi, Gabrielle n'avait jamais eu la chance d'entendre le son de sa voix. Quant à Ethan, elle ne pouvait que l'imaginer. Était-elle grave ? Plus grave que celle de son père, peut-être ? Ou bien, au contraire, plus douce et tendre ? Oh, elle devait être plus chaleureuse, à n'en point douter. De quelle manière riait-il ? Avec réserve et contenue ? Ou bien était-ce un rire tonitruant capable de faire vibrer les fondations mêmes de Silent Hill ? De quelle manière sa voix se modelait-elle lorsqu'il était contrarié ? Comment murmurait-il ? Les joues légèrement rosies, Gabrielle ne pût s'empêcher de se demander de quelle manière sonnerait son propre nom dans la bouche d'Ethan.
Son cœur se serra à l'idée qu'elle n'entendrait jamais le son de sa voix.
Dieu, contrarié, avait envie de déboucher les oreilles de sa protégée et de lui délier la langue. Mais, les lois étant ce qu'elles étaient... Elle n'avait pas le droit d'intervenir ainsi dans la vie des humains. Elle avait, d'ailleurs, déjà fait trop d'entorses à ce règlement. Et Hadès prenait un malin plaisir à le lui rappeler. Dans un autre monde, elle avait aidé une petite fée à échapper à un énorme enfoiré grâce à une pluie diluvienne et quelques instructions... Hadès, pour la taquiner, avait fait semblant d'être outré. Dieu, bougonne, lui avait rétorqué qu'elle pouvait faire tout ce qu'il lui chantait. Alors, oui, elle avait perdu son sang-froid. Elle lui avait envoyé un poignard en plein cœur en le maudissant pour faire souffrir les gentils et laisser les méchants impunis. Hadès avait éclaté de rire en l'embrassant. Puis, il s'était volatilisé dans les flammes. Dieu, furieux qu'il l'abandonne et qu'il attise le désir d'Ethan Berrygreen sans le laisser l'assouvir, l'attendait déjà sur son lit quand il arriva chez lui.
Elle décida qu'elle se vengerait, elle aussi, à sa façon.
Oh, mais elle conserva son idée pour plus tard... Quand Hadès serait trop occupé à gémir sous elle pour se soucier d'Ethan.
Après tout, c'était elle, le véritable maître du jeu, non ?
Gabrielle, bien inconsciente de l'intérêt charnel qu'elle éveillait chez son mari, sourit avec douceur alors qu'il observait ses mots. Quand il se replaça face à elle, ses yeux se portèrent immédiatement sur ses lèvres. Ses doigts s'emparèrent de la plume, qu'elle trempa dans l'encre, avant de commencer à écrire sur le papier. "Nous ne nous connaissons pas encore, certes, mais sachez que vous m'avez traité avec plus d'égard qu'aucun autre homme avant vous ne l'avez jamais fait auparavant." Indiqua-t-elle en hochant la tête pour confirmer ses dires. "Je suis votre femme, Ethan, et, en tant que telle, j'aimerais que nous partagions la même proximité qu'un couple traditionnel." Ses lèvres s'étirèrent en un sourire timide lorsque Ethan lui caressa tendrement la joue. Elle poussa un soupir fébrile, légèrement tremblotant, alors que ses doigts s'immobilisèrent un instant. "Pourquoi me courtiseriez-vous alors que je suis déjà votre épouse ?" La jeune femme plongea un regard interrogateur dans celui de son mari. Elle était curieuse. Ethan l'intriguait terriblement. "Je ne veux pas que vous veniez dans ma chambre." souligna-t-elle avant d'ajouter. "J'aimerais que nous nous retrouvions, chaque soir, dans notre chambre." Gabrielle pouffa silencieusement en observant Ethan regardait le divan avant qu'il ne reporte son attention sur elle. Son rire était semblable à de petites quintes de toux étouffées.
"Je m'excuse si je vous ai inquiété, messire. Je n'ai pas entendu le danger." écrivit-elle, l'air franchement embarrassé. Une fois de plus, Gabrielle pencha la tête sur le côté en adressant un regard innocent et interrogateur à son mari lorsqu'il évoqua l'idée d'un marché. Les boucles de Gabrielle virevoltèrent dans les airs quand elle hocha franchement son visage avec un enthousiasme non dissimulé. Son regard s'illumina et, lorsqu'il mentionna son désir d'apprendre le langage des signes, Gabrielle sentit des larmes de joie monter jusqu'à ses yeux. "J'accepte avec plaisir." griffonna-t-elle en essuyant une larme de sa joue. Doucement, elle reposa la plume avant de signer le mot merci. Elle ne l'écrivit pas, car la jolie rousse savait qu'Ethan comprenait la signification qui se cachait derrière son geste.
Avec une hésitation difficilement dissimulée, Gabrielle leva une main tremblante jusqu'à Ethan, maintenant accroupi face à elle. La jeune femme approcha ses doigts de ses cheveux et arrêta son geste un instant. Son regard fuyant trahissait son incertitude. Néanmoins, elle avait le désir d'aller au bout de son idée. Avec douceur, ses doigts plongèrent tendrement dans les mèches brunes de son mari. Elle lui caressa les cheveux avec affection, brossant ses cheveux à sa façon, comme il l'avait fait pour elle, la veille. Ce geste, qu'elle trouvait particulièrement intime, plaisait beaucoup à la jeune femme.
Quand son mari mentionna le fait qu'il voulait la voir manger sans gêne, elle s'empourpra terriblement. Ainsi, Ethan avait remarqué sa réticence à manger devant lui. Elle secoua la tête, l'air paniqué, avant de griffonner sur le papier. "Je suis désolée. De grâce, ne soyez pas offensé." Ses doigts effleurèrent la joue de son mari, qu'elle caressa avec un regard presque suppliant. Elle ne voulait pas qu'il se méprenne sur ses intentions. "C'est ainsi que mon père m'a élevé. Les femmes se restaurent dans la cuisine. Les hommes, eux, mangent entre eux, dans la salle à manger. Pour éviter toute tentation. Je dois avouer que je pensais que c'était la même chose partout... Il faut simplement que je m'y habitue."
Gabrielle s'immobilisa un court instant. Elle réfléchit en observant Ethan. Ses mots, qu'elle déchiffrait sans mal pour peu qu'elle voie ses lèvres, firent écho à la demande qui lui avait traversé l'esprit quelques heures plus tôt. Elle reprit sa plume timidement, la fit tourner entre ses doigts, avant de trouver le courage d'écrire. "M'autoriseriez-vous à faire pousser quelques récoltes dans un coin reculé de votre jardin ? L'agriculture est mon passe-temps favori..." confessa-t-elle en rougissant grandement. Elle avait envie de voir Ethan manger les fruits et légumes de son potager. Elle avait envie de fleurir son jardin pour qu'ils s'y promènent.
Nerveusement, la jeune femme tritura le ruban de sa chemise de nuit, situé juste au-dessus de sa poitrine. Elle mordilla la lèvre dans l'attente d'une réponse. La ficelle du ruban se défit légèrement, révélant la naissance de sa poitrine sur laquelle un grain de beauté particulièrement intime se dévoilait. Lorsque Ethan sourit à sa femme en hochant doucement la tête face à sa demande quelque peu incongrue, Gabrielle sauta presque littéralement de joie.
Les joues rosées, la nouvelle membre des Berrygreen se pencha vers Ethan. Ses lèvres effleurèrent sa joue avant qu'elle n'y dépose un doux baiser en guise de remerciement. Une fois de plus, elle signa le mot merci, avant de reprendre sa plume en rougissant. "Je suis contente que vous appréciiez dormir avec de la lumière, car la pénombre me terrifie." Bien inconsciente de leur phobie du noir mutuelle, Gabrielle étouffa un bâillement. Ethan, avec un sourire attendri, déclara qu'il était grand temps pour eux de dormir - ce que sa femme approuva avec un sourire fatigué.
Gabrielle reposa le carnet, le livre de contes et la plume sur l'une des tables de nuit de son mari. Elle s'allongea à ses côtés, les paupières lourdes de sommeil, avant que les doigts d'Ethan ne viennent caresser ses cheveux. Un nouveau sourire, apaisé, naquit sur ses lèvres avant qu'elle ne s'abandonne au sommeil.
Dans un besoin de contact, elle posa son front contre l'épaule de son mari.
*
Le lendemain, c'est aux premières lueurs du jour que Gabrielle ouvrit les yeux. Les vêtements froissés, le corps presque entièrement blotti contre le torse d'Ethan — qu'elle avait enlacé petit à petit dans la nuit, la jeune femme papillonna lentement des cils pour chasser les nuages qui embrumaient encore son esprit.
Son regard rencontra celui d'Ethan, doux, tendre et réconfortant. Son cœur s'emballa et les yeux de Gabrielle se plissèrent de joie. Elle frotta son visage contre l'épaule de son mari en étouffant un bâillement. Allongée sur le ventre, elle prit appui sur ses coudes pour redresser son buste. Le regard plongé dans celui d'Ethan, elle lui sourit avec tendresse avant de signer plusieurs fois le mot "Bonjour."
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Clionestra
Lun 26 Aoû - 12:00
Ethan Berrygreen
J'ai 25 ans et je vis à Londres, Angleterre. Dans la vie, je suis second fils et je m'en sors en surviant. Sinon, grâce à ma chance, je suis célibataire et vue que je compte mourir, il vaut mieux le rester... . → Possède une arme à six coups, qui a déjà perdu quatre balles. Trois pour tuer, une bêtement. → Il a de grosses cicatrices sur le dos, des maltraitances et mal soignés. → Il a peur du noir et dort avec une bougie → Il parle peu, le moins possible en tout cas → Il est bon en mathématique → Il ne voit pas les couleurs.
Ethan Berrygreen n’était pas un homme violent. Jamais il n’avait frappé personne qui ne le méritait pas… et si son poing savait se fermer pour fracasser un nez proéminant, il ne l’avait fait quand de très rares occasions. Il ne cherchait même pas à cacher sa force, lui. Il n’était pas comme Douglas, allergique à la violence, juste tellement plus calme et habitué des coups qu’il y répondait d’une manière plus directe. Ce n’était pas avec lui que l’on fera un combat de boxe, lui quand il frappait c’était pour tuer. Bref, Ethan n’était pas un homme violent… pourtant les mots écrits par la jeune femme lui fit sentir un picotement caractéristique dans ses doigts. Il ne lui avait pas encore montré d’égard. Il n’avait rien fait. Il avait même été affreux depuis leur rencontre. Il toucha sa joue, caressant cette peau qui n’avait pas été caressé, pensant à ses réactions à chaque fois. De la douceur que l’on frappe pour en faire un être poli. Un être soumis. Il ne voulait pas de ça.
- Gabrielle, je n’ai montré aucune égard qui n’était pas du. Je suis votre mari, mais vous ne m’aimez pas, vous ne me connaissez pas. Alors vous courtisez serait le seul moyen d’être certain que nous soyons amis, et que notre couple soit véritables.
Il passe sur ses lèvres doucement, il apprécie le relief et un sourire naquit à nouveau sur les siennes. Image l’un de l’autre. La jeune femme avait été poli pour être soumise à ce qu’on décidait pour elle. Il avait été battu pour se conformer aux désirs d’un être abject. Les deux sont pareils. Il ne pouvait pas lui imposer un couple normal, parce que la jeune femme se verait alors toujours comme « sa femme » par obligation et non par le désir du cœur. Cela le dérange. Même si elle peut ne pas tomber amoureuse de lui, il ne peut laisser la jeune femme sans une certaine amitié entre eux. Il ne la toucherait pas. Il ne l’embrasserait pas. Il ne ferait rien qui puisse être vue comme un devoir. Il s’en faisait le serment à nouveau.
- Nous pouvons dormir ensemble alors, finit-il par accepter.
Pas elle sur le divan. Ensemble. Il ne ferait rien et pria Dieu pour ne pas être de ces hommes qui bougent en dormant et caressent l’objet de ses désirs. Normalement, non. Il ne bougeait pas en dormant, il était immobile et incapable de bouger, mais il ne bougeait pas… mais… Bon… Il ne sait jamais, une petite prière n’avait jamais rien coûté et parfois, il avait l’impression que Dieu lui répondait réellement, à sa manière un peu distante mais bienveillante. Hadès sourit. S’il savait. Il embrassa Dieu et avala la prière entre ses lèvres, engloutissant les pensées de celle qui était « la toute-puissante ». Si les hommes savaient que Dieu, qui avaient bien d’autres noms, étaient simplement un ange plus bienveillant que les autres, que diraient-ils ? Les autres Dieux, comme lui et tous les panthéons, s’en lavaient les mains et s’amusaient simplement de l’humanité, mais Dieu les aimer. L’imbécile. Elle souffrirait moins de ses créations si elle ne les aimait pas…mais Hadès l’aimait, elle, et il continuerait de prendre le blâme en protégeant son cœur…Et en profitant de son corps, il était pas fou non plus.
Ethan avait donc accepté que la jeune femme dorme avec lui, en échange du langage des signes. Il mit son poing sous son menton, appuyant son pouce dessous, pour ensuite le racler et venir mettre le pouce à la verticale. S’il ne se trompe pas, ça signifier « de rien », mais il n’était sûr de rien, il l’avait compris en observant la jeune femme parler avec les domestiques, dont une qui comprenait ce langage. Il laissa la jeune femme le toucher, sans bouger, par la suite. Elle avait le droit, elle. Et pour le troisième frère, à nouveau, l’idée de dominer pendant l’acte ne lui traversa pas l’esprit. La femme pouvait faire ce qu’elle voulait de lui, Ethan ne réagira pas autrement que comme un gentleman. Il la laissa faire avant de prendre ses doigts et les serrer.
- Je ne suis pas offensé. Je suis peiné. Vous êtes ma femme, et j’ai le désir que vous mangiez à mes côtés. Dans ma famille, les enfants mangent à table aussi, et les fêtes se font avec tout le monde. Mon frère, Benedict, nous a élevé comme ça.
Il sourit doucement, oubliant que le monde de ce côté-ci ignore toutes les malversations de son père. Aux yeux de tout le monde, c’était Howard Berrygreen qui avait donné l’éducation à ses fils, et cette manière de faire anticonformiste. La réalité était que Benedict ne voulait pas manger sans ses frères et sa sœur, pour pouvoir les protéger. Que quand Elizabeth est arrivée, cela fut le cas aussi. Que les enfants pouvaient manger à table et étaient même les bienvenus dans les discussions. Parce que c’était une famille, pas une assemblée dans la chambre des Lords. Pour Ethan, l’idée que sa femme mange ailleurs qu’avec lui ne lui avait même pas effleuré l’esprit. Il observe à nouveau les mots et réfléchit un instant avant de faire toucher son index et son pouce et faire un hochement positif de la main.
- Oui, signa-t-il donc sans avoir à parler avant de rajouter à voix haute cette fois, cette demeure vous appartient autant qu’à moi, vous pouvez en faire ce que vous désirez. Je demanderais juste de faire attention à mes livres, mais sinon tout peut être cassé et remonté selon votre désir, vous êtes la maîtresse de cette maison.
Il devait lui donner son budget d’ailleurs. Benedict, dans sa grande obsession pour les choses bien faites, avait alloué un budget de « réparation » à chaque maison. Un budget si énorme que même en augmentant les gages, il n’était pas sur de pouvoir tout dépenser. Alors la jeune femme pouvait en profiter sans les moindres soucis, en plus de ses réserves d’ailleurs.
- Nous parlerons de votre budget pour la maison demain, et sachez que votre dot vous appartient totalement et que vous allez devoir la dépenser seulement pour vous.
Oui. Elle a une dot. Une dot offerte par Benedict pour dire qu’elle arrive avec une dot, dont Ethan n’a pas besoin et qui donc revient à offrir à la jeune femme une généreuse somme d’argent pour en faire ce qu’elle désire. Sauf le potager, puisque cela va dans le budget de la maison… Il allait le rajouter quand il remarqua le nœud qui se défait et la petite poitrine caché en dessous. Machinalement, il ferma les yeux pour protéger la pudeur de la jeune femme. Il la laissa l’embrasser et sourit doucement à sa réponse sur la lumière.
Dieu n’entendait pas toujours ses prières, mais il était sûr que Son Seigneur avait entendu celle de Benedict… Il existait dans ce monde une personne capable de lui correspondre parfaitement, et Benedict l’avait trouvé. Si ce n’était pas un miracle ça, qu’est-ce que s’était ? Hadès dirait une putain de coïncidence, mais il était trop occupé à faire jouir sa divinité préféré pour s’occuper des humains. Il adorait quand Dieu le griffer dans le dos jusqu’à ce que l’odeur métallique du sang emplisse la pièce, se mêlant à l’arôme de leur ébat. Il aimait Dieu. Il se pencha et lui fit encore l’amour. Car s’il venait à lui dire, son cœur en mourrait. Aphrodite l’a maudit et il ne pouvait dire à la seule être qu’il aimait réellement son amour.
Ethan se mit à côté de la jeune femme et la laissa s’endormir. Dans la nuit, sa femme bougea plusieurs fois. Il eut même une fois où son épaule se dénuda complètement, dévoilant un sein particulièrement appétissant à la pâleur divine. Il l’avait rhabillé et il la gardait prés de lui. La jeune femme était sur sa clavicule et il faillait un peu de contorsion pour pouvoir lui caresser le crâne. Elle gémit, une fois, et ce son qui n’avait pas été fait par ses lèvres avait rendu son âme. Il voulait lui faire l’amour. Elle était si belle.
Il resta ainsi dans la nuit, dormant comme toujours sans réellement dormir, et se réveillant à chaque mouvement à ses côtés. La jeune femme finit par frotter son nez contre son épaule, par se blottir plus, elle passa même une jambe à un moment sous les siennes. Ils étaient tous les deux dans les draps, mais Ethan pensa qu’il aurait dû se mettre par-dessus.
Quand il pensa à l’idée, il sentit la main de la jeune femme trouver le bas de sa chemise. Il avait un pantalon léger en tissu et une chemise sur lui. Elle passa la main dessus, et elle commença à toucher sa peau. Il gémit à cette douce intrusion. Elle découvrait son corps et laissa passer un le long de son torse. Elle caresse son épiderme si doucement, et avec une telle délectation. Pendant qu’elle découvre sa peau, elle remonte sur son téton et le caresse. Il se tend. Il se sent étrange et comprend être en train d’avoir une érection. La jeune femme ne remarque rien à tout ça, son petit soupir sur ses lèvres. Il gémit. Elle ne pouvait rien entendre, alors il n’avait pas peur. Puis, dans son sommeil…. Elle fit quelque chose qui fit perdre la tête à Ethan. Alors que sa main continuait son exploration, elle humidifia ses lèvres, comme si ses rêves l’avaient amené dans un baiser. Ethan se pencha et lui vola un baiser avant de se reculer.
Que venait-il de faire ?
Rouge, il arrive à faire descendre les mains de la jeune femme pour les enlever de sous sa chemise. Il se déplaça pour être avec un drap entre eux et il la reprit dans ses bras. Il la tient contre lui, les mains de la jeune femme un peu coincés pour qu’elle ne puisse plus explorer ainsi…. Il venait de lui voler un baiser, et il se sentait honteux de l’avoir faire. Hadès attendit le sommeil de Dieu pour se mettre à lui faire l’amour pendant qu’elle dort. Lui n’était pas un gentleman, du tout.
Le lendemain, il était réveillé depuis longtemps. Se maudissant en acceptant ses fautes. Il l’avait embrassé. Ce n’était pas ce que devait faire une bonne personne. Il se mordit les lèvres et attendait le réveille de sa femme. Elle se réveilla comme les fleurs au matin, comme le soleil dans sa lente ascension vers le ciel, comme une magnifique présence. Il signa à son tour le mot « bonjour », avant de se mettre sur les coudes.
- Je vais chercher notre petit-déjeuner, et ensuite j’aurais quelque chose à confesser, avoua-t-il en se levant doucement pour souffler les bougies qui ne servaient plus à rien alors que le matin se faisait clair par la fenêtre qu’il ouvrit.
Il portait toujours sa chemise qu’il savait caché toutes les marques de son dos. Son bas cachait aussi les marques sur ses mollets et ses jambes. Il descendit sans s’habiller plus que ça, pieds nus, pour prendre un plateau en silence dans la cuisine. Il remonta rapidement, posant sur le lit le plateau de tout ce qu’on pouvait rêver pour un matin doux comme celui-ci. Il laissa la jeune femme mangé, après lui avoir préparé des tartines de tout pour qu’elle ne puisse pas refuser. Le silence s’installa doucement. Quand elle bu un peu de lait, sourit avec sa moustache, il lui essuya.
- Dans la nuit, je vous ai embrassé, Gabrielle. Et je m’en excuse. Vos lèvres étaient si proches des miennes que le baiser fut un besoin plus qu’un accident. Je vous promets de me racheter et de rendre notre véritable baiser plus inoubliable que cela, parce que vous m’apprécierez à ce moment là.
Il finit de laver ses lèvres avant de prendre un café qu’il bu doucement. Pour lui, qui croyait que le désir d’être embrassé n’était que de son côté, le sujet était clos. Il l’avait embrassé, il lui demandé pardon de l’avoir fait, et il recommencerait quand elle se sentira prête. Voilà. Il ne voulait pas la brusquer mais la vérité avait toujours la préférence avec lui. Ainsi, il lui a dit et il lui tendit son carnet et sa plume, avec l’encrier sur le plateau de leur repas, si elle voulait lui répondre et le disputer.
J'ai 20 ans et je vis à Londres, Angleterre. Dans la vie, je suis la fille du révérend Eastwood et je m'en sors mal. Sinon, grâce à ma malchance, je suis mariée, mais je le vis plutôt bien, car mon mari est d'une douceur sans égale. - Gabrielle est sourde et muette depuis sa plus tendre enfance - Elle est discrète, mais attentive au monde qui l'entoure - Elle adore l'agriculture et rêve de vivre dans une ferme à la campagne - Elle a une petite sœur qu'elle aime plus que tout au monde et qu'elle refuse de laisser entre les mains de son père - Elle ne se plaint jamais - Elle a peur du noir - Ses jambes sont couvertes de cicatrices - Sa langue a été scarifiée par son père après qu'elle ait été témoin de son adultère homosexuel
Gabrielle avait du mal à comprendre les mots d'Ethan. L'air ingénu, elle observait son mari et ses sourcils plissés trahissaient son incompréhension. Elle avait presque l'étrange impression d'avoir fait quelque chose de mal. Oui, ils ne se connaissaient pas. Trois jours auparavant, ils étaient encore de parfaits inconnus l'un pour l'autre. Son père l'avait joué aux cartes, promettant la main de sa fille au premier venu, uniquement dans le but de prolonger l'euphorie que lui procurait un pari des plus dangereux. Et il avait perdu. Gabrielle l'ignorait, mais Benedict Berrygreen l'avait sauvé d'un mariage infâme en s'imposant dans cette partie de cartes.
Aussi, il était difficile pour Gabrielle de comprendre qu'Ethan estimait ses actions envers elle comme justes et naturelles, elle qui avait toujours été maltraitée par son entourage, à l'exception d'Eve et de sa mère. Elle aimait la douceur de son mari qui ne perdait pas patience face à toutes ses questions. Son père, lui, avait toujours détesté sa lenteur d'esprit et il l'avait souvent battu pour cela, mais cela ne semblait pas déranger Ethan. Gabrielle aimait la gentillesse de ses mots et la tendresse de ses gestes.
Ses lèvres effleurèrent la paume de sa main alors qu'il caressa sa joue, lui arrachant un sourire. Elle s'empourpre, bien qu'il ne puisse pas le voir, et frotte sa joue contre sa peau en soupirant de bien-être.
C'était étrange, mais elle se savait être en sécurité.
"J'aime la manière dont vous me traitez, messire. Avec vous, je n'ai pas peur... Votre gentillesse n'est-elle pas une façon de me faire la cour ? Me courtiser davantage serait inutile, mais je serai ravie d'apprendre à vous connaître et que nous devenions amis, sans une quelconque pression maritale."
Il caresse ses lèvres, la gratifie d'un sourire et Gabrielle sent son cœur s'emballer dans sa poitrine. Elle détourne le regard, une seconde, et toussote dans un bruit étouffé, pivoine. La pauvre enfant n'avait pas conscience qu'Ethan était incapable de distinguer la rougeur sur ses joues. Alors, quand il serra ses doigts entre les siennes, ramenant l'attention de Gabrielle sur lui, elle lui sourit en retour.
Elle aimait lire sur ses lèvres le fait qu'il dise aussi souvent qu'elle était sa femme. Cela lui donnait l'impression d'être importante à ses yeux, d'être aimée.
"Je ne veux pas vous peiner, messire. Dorénavant, nous mangerons ensemble, je vous en fait la promesse."
Écrivit-elle, angoissée à l'idée qu'il la rejette ou se mette à la détester. Elle pressa ses doigts de manière anxieuse. Ainsi donc, les Berrygreen déjeunaient tous ensemble ? Et ils faisaient des fêtes auxquelles les femmes avaient le droit d'assister ? Non, tout cela lui semblait irréel. Avait-elle le droit de manger aux côtés de son mari alors qu'Eve et sa mère étaient condamnées à manger dans la cuisine ? Avait-elle le droit de rester avec Ethan pour profiter des fêtes au lieu d'aider en cuisine ? Elle entrelaça ses doigts avec ceux de son mari, les larmes aux yeux. Elle se sentait coupable d'y avoir le droit, et pourtant... Elle le voulait plus que tout. En cet instant, Gabrielle ne désirait rien d'autre que de rester avec Ethan à tout jamais. Elle ne voulait pas retourner chez elle. Elle savait que c'était diablement égoïste de sa part, mais elle ne pouvait pas s'en empêcher.
Ses yeux s'illuminèrent en l'écoutant. N'importe qui aurait pu voir à quel point Gabrielle Eastwood était touchée de voir son mari utiliser la langue des signes pour appuyer ses propos. Elle rayonna face à son accord pour le potager et signa le mot merci un nombre incalculable de fois. Ah, comme elle aurait aimé pouvoir parler de vive voix pour lui exprimer toute sa gratitude. Comprendrait-il ainsi à quel point il lui faisait plaisir en lui permettant d'avoir un loisir ?
Elle ne quitta pas ses lèvres des yeux, attentive à ses propos, mais pencha la tête de côté au fur et à mesure qu'il parla, les sourcils froncés.
"Oh, je ne demande rien d'autre qu'un coin de jardin pour un potager, messire. Votre- Notre demeure est parfaite et je n'éprouve nullement le désir d'y changer quoi que ce soit."
Gabrielle hocha la tête pour appuyer ses dires. Elle se perdit dans la contemplation des bibliothèques qui cernaient la chambre.
"Je devine que ces ouvrages vous sont tous extrêmement précieux, messire. J'y ferai particulièrement attention, je vous en fais la promesse."
Elle aurait tant aimé avoir le loisir d'écouter Ethan lire. De quelle manière prononçait-il les mots ? Comment était sa diction ? Était-elle soutenue ou, au contraire, soutenue ? Prolongeait-il certaines syllabes pour le plaisir de les sentir rouler sur sa langue ? Atténuait-il son ton selon le contexte de ses lectures ? Respectait-il la ponctuation à la lettre ? Ah, tant de questions qui demeureraient sans réponse... Du moins, le pensait-elle.
Quand Ethan mentionna un budget pour Silent Hill alloué à Gabrielle ainsi que sa dot personnelle, cette dernière cilla. Elle dévisagea son mari sans comprendre ses mots. Si Gabrielle avait l'habitude de gérer des finances, c'était avant tout par obligation. Chaque mois, son père confiait à sa mère une somme d'argent ridicule avec laquelle il lui fallait répondre à tous les besoins de la famille. Ainsi, il fallait limiter les dépenses en termes d’habillement, par exemple. Les vêtements étaient reprisés jusqu'à être inutilisables. Il n'y avait pas de vêtements neufs, sauf pour le révérend. Eve portait les anciennes robes de Gabrielle, qui elle portait les anciennes robes de sa mère, etc. En cas de maladie, il n'y avait pas de médicament, mais de la soupe et des prières. Et pour la nourriture... Eh bien, c'était Gabrielle avait trouvé une alternative pour essayer de faire de maigres économies : avoir un potager et des animaux afin d'être aussi autosuffisant que possible. Elle faisait pousser des légumes, en plus de l'élevage de poules et de cochons que sa famille possédait. Le bœuf, mort ou vivant, était trop cher et réservé au révérend les jours de fêtes religieuses. Les repas des trois femmes, eux, étaient maigres, mais ils tenaient suffisamment au corps pour permettre d'avoir un peu d'argent de côté en cas de coup dur, dans le plus grand secret.
Gabrielle se demanda si Ethan voulait faire des économies sur certaines choses en rapport avec sa demeure. Pour ça, elle pourrait l'aider. Mais apprécierait-il sa suggestion de restriction budgétaire sur les bougies, par exemple ? L'idéal serait de conserver la cire fondue afin de la réutiliser, y avait-il songé ? L'apiculture pourrait être une alternative tout à fait décente aux besoins en cire d'Ethan. De plus, il permettrait d'obtenir du miel à moindre coût, qu'ils pourraient offrir aux plus miséreux... Ou peut-être voulait-il tester la vanité de sa femme en lui offrant le loisir de se vautrer dans le luxe ? Non, ce n'était pas son genre.
Mais toutes ces questions pouvaient bien attendre demain.
Une fois dans le lit d'Ethan, qui était en phase de devenir leur lit conjugal, Gabrielle, endormie, trouva refuge dans les bras de son mari. Elle se glissa contre lui, le visage niché dans son épaule, ses doigts refusant de lâcher le tissu de sa chemise. Elle l'agrippait en dormant. Au fur et à mesure, elle entrelaça leurs jambes pour se coller encore davantage à lui - si cela était possible, et sa chemise de nuit remonta sur sa peau, faisant miroiter à Ethan des fruits qui lui étaient encore défendus.
Héra, totalement esclave du plaisir que lui procurait Hadès, gratifia sa nouvelle protégée de rêves tendres et amoureux. Elle chassa les nuages qui rongeaient l'âme de sa fille, remplaçant les horreurs de son passé par la présence rassurante d'Ethan. Son sourire, envoûtant, transporta Gabrielle dans un paysage absolument ravissant, où ils ne déjeunaient rien que tous les deux, comme seuls au monde. Ici, Ethan la comprenait parfaitement. Il la couvrait de baisers, la prenait dans ses bras pour la rapprocher de lui et lui offrait des fruits à manger à même ses doigts. C'était merveilleux. Trop beau pour être vrai, mais elle ne voulait pas se réveiller. Ici, elle entendait le son de sa voix. Ici, ils s'aimaient sans obstacle. Ici, elle pouvait découvrir la sensation de sa peau sous ses doigts, inconsciente d'être en train de reproduire ses gestes dans la chaleur de leurs draps. Elle le caressait pour s'assurer qu'il était bien là et qu'il ne la quitterait pas. Elle appréciait les reliefs de son corps, soupira contre ses lèvres... Et alors qu'il porte une fraise à sa bouche pour lui offrir de mordre dedans, Gabrielle en récolte le jus en s'humidifiant les lèvres. Héra sourit de cet appel aux baisers, poussant Ethan à cueillir cette bouche tentatrice dans la noirceur de la nuit.
Et Gabrielle sait que son cœur explose dans sa poitrine de ce contact. Elle le sent. Son bonheur est intense. Il lui réchauffe les entrailles, fait naître de doux frissons qui l'engourdissent. Elle se sent si légère, comme prise de vertiges...
Mais ce moment de pur bonheur fut aussi éphémère que puissant.
*
Les rayons du soleil viennent caresser son corps et réchauffer son âme. Elle soupire en ouvrant un œil, frottant son visage contre le torse d'Ethan à la poursuite de Morphée, en vain. Doucement, elle inspire son odeur avec un sourire, dégageant les draps de son buste sur lequel sa chemise de nuit était horriblement froissée. Gabrielle leva son visage jusqu'à celui d'Ethan avant de le gratifier d'un sourire encore quelque peu endormi.
La jeune femme écouta son mari sans vraiment comprendre ce qu'il voulait lui dire. Sa curiosité piquée, elle tendit la main pour le retenir à ses côtés, mais Ethan s'était déjà volatilisé hors de la chambre. Qu'avait-il à confesser ? Est-ce que dormir avec elle était au-dessus de ses forces ? Elle espéra que non. Elle pria Dieu qu'il ne lui demande pas de faire chambre à part, car elle appréciait de dormir dans ses bras.
Puis, Gabrielle s'étira de tout son long, se blottissant contre la chaleur qu'avait laissé le corps d'Ethan dans les draps. Elle soupira en frottant son visage contre le tissu, un sourire béat sur les lèvres. Elle avait dormi du sommeil du juste, sans aucun cauchemar, même ses cernes commençaient à disparaître. La présence d'Ethan suffisait à chasser ses mauvais rêves et cela fit battre son cœur plus vite dans sa poitrine...
Son mari fut rapidement de retour, les bras chargés d'un plateau d'où les odeurs divines de pâtisseries en tout genre parvinrent jusqu'à Gabrielle. La jeune femme huma les différents parfums avec des yeux brillants. Elle ne l'entendit pas, mais son estomac gronda dans un bruit sourd.
De retour à ses côtés, Ethan lui offrit de goûter à absolument tout, ce que Gabrielle fit, non sans timidité. Elle savoura la saveur de chaque confiture sur sa langue, mais aussi la douceur du chocolat, qu'elle n'avait que peu eu l'occasion de goûter dans sa vie. En juste retour, Gabrielle prépara, elle aussi, quelques tartines pour son mari, un sourire aux lèvres à chaque fois qu'elle les lui tendait. Gabrielle but d'une traite sa tasse de lait chaud, dans laquelle Ethan avait ajouté une touche de miel, et pouffa en silence tandis qu'il essuyait ses lèvres. Elle sourit de cet air si innocent qu'était le sien, appréciant le contact de la main d'Ethan contre sa peau.
Repu, son regard se posa sur les lèvres de son mari lorsqu'il commença à parler. Ses boucles, désordonnées, retombèrent en cascade sur ses épaules tandis qu'elle pencha la tête de côté en déchiffrant ses mots. Elle s'empourpre furieusement, visiblement surprise par sa confession. Il l'avait embrassé. Il lui avait pris son premier baiser... Et elle n'avait rien senti. Ou presque. Elle porta une main à ses lèvres, qu'elle caressa d'un air absent.
Un besoin plus qu'un accident.
En avait-elle le droit, elle aussi ? Si elle en ressentait le besoin, pouvait-elle l'embrasser à son tour ? Ils étaient mariés, ce n'était plus qu'une question de temps avant qu'ils ne deviennent aussi intimes, non ? Ses yeux plongèrent dans ceux d'Ethan, une lueur indéchiffrable dans le regard, tandis qu'elle réduisit considérablement la distance qui les séparait. Elle secoua la tête en repoussant le carnet et la plume qu'il lui tendait. Puis, Gabrielle écarta le plateau pour s'asseoir sur les cuisses de son mari. Même ainsi, elle ne le surplombait pas. Ethan restait plus grand.
Ses doigts agrippèrent sa chemise dans un besoin presque désespéré de sentir son corps contre elle. Ses lèvres, entrouvertes, effleurèrent les siennes en une demande silencieuse, mais quand elle remarqua un peu de confiture de fraise sur le coin de la bouche d'Ethan... Elle ne put s'empêcher de la récolter à l'aide de sa langue. L'odeur du café, douce, l'enivrait, apaisant son âme torturée et la ramenant dans les douces brides d'un songe passé. Elle l'implora du regard, l'invitant à l'embrasser encore une fois, maintenant qu'elle était parfaitement consciente. Oh, oui, Gabrielle voulait l'embrasser, elle aussi. Elle le désirait du plus profond de son cœur. Elle le voulait tellement qu'elle avait l'impression qu'elle pourrait mourir d'un refus, même si elle n'était pas encore assez courageuse pour clore la maigre distance qui la séparait encore des lèvres d'Ethan.
Rien ne comptait plus pour Gabrielle, en cet instant, que la bouche d'Ethan contre la sienne. Elle caressa sa propre joue, longuement, dans un signe, tandis que ses lèvres effleurèrent de nouveau les siennes. Ainsi, elle prononça un seul mot, silencieusement, sans qu'aucun son ne quitte ses lèvres.