J'ai 41 ans et je vis à Brisbane, Australie. Dans la vie, je suis co-directeur d'une entreprise financière et je m'en sors plus qu'aisément. Sinon, grâce à ma dévorante passion pour ma carrière professionnelle, je suis veuf depuis peu et je le vis plutôt très mal, tant j'ai conscience d'être à l'origine du geste désespéré de ma femme. Informations supplémentaires ici.
Oui. Je connaissais déjà le nom de l’amant d’Aubrey. Je voulais uniquement qu’il me confirme que nous parlions bien du même tout les deux. Et je n’étais pas déçu de le constater. Au contraire, j’ourlais mes lèvres d’un sourire sarcastique pour l’en informer. Cependant, il manquait des informations qui m’étaient inconnues à son sujet : son physique, son métier, sa localisation. Et je voulais ces informations. Je les voulais parce que je savais que si ce Joseph avait eu l’audace de venir prendre des nouvelles de ma défunte épouse ici même, ce Liam n’en ferait certainement pas autant. Oh que non. Dans la description succincte qu’en avait fait ma femme : cet homme était encore bien plus malin, autant qu’encore bien plus égoïste que son ami traînant dans les rues. Et à la terreur que je lisais sur les traits du sans-abri, l’homme semblait le terrifier bien plus que je n’y parvenais moi-même. Il parlait d’un type comme lui, ensuite. Un type ayant approximativement le même âge que lui, mais étant peu bizarre ou un peu fou. C’était vague, comme portrait robot. Cependant, j’acceptais malgré moi de m’en contenter, me fiant à l’aveu de l’homme qui disait ne l’avoir croisé qu’une fois. Pourquoi me mentirait-il ? Je l’ignorais. Bien que mon instinct, lui, me soufflait de ne certainement pas prendre cette parole pour argent comptant. Je n’avais aucun autre moyen de pression, du reste. Par conséquent, je reconnaissais que je me frottais à un homme bien plus dangereux que celui que j’avais entre les mains. Il était préférable de ne pas aller chercher vengeance de ce côté.
_ Bien. Je soupirais froidement. _ J’imagine que tu ne sais pas non plus où je peux le trouver ?
Je lui demandais tout de même, à tout hasard. Peut-être qu’Aubrey lui avait dit ? Je pensais surtout à cette lettre qu’il me restait encore, pour lui. Je me faisais la remarque qu’il souhaiterait probablement découvrir à son tour les conséquences de sa lâcheté sentimentale. Hm. Peut-être. J’étais confus, à présent. J’étais d’autant plus confus parce que ce Joseph ne me parlait d’aucune promesse faite à ma femme, d’une amitié qu’il pensait la soulager de son départ, mais qu’il ne connaissait pas tant que ça son amant. Tout cela n’avait aucun sens ! On ne quittait pas une amie sans un mot parce qu’elle entretenait des rapports sexuels avec un autre homme que l’on avait à peine entrevue ? De plus, j’existais moi aussi. Il le savait pertinemment. Pourquoi n’avait-il pas eu peur de coucher avec ma femme, s’il savait que moi même je pourrais vouloir lui régler son compte ? Ce n’était pas très claire son histoire, cela se confirmait.
_ Alors avec moi ça ne te gênait pas, mais avec lui si. Je constatais amèrement. _ Pourquoi est-ce que tu me mens ? Qu’est-ce que tu sais sur ce malade que tu ne me dis pas ?
Je n’avais pas le sens de l’observation accrue de ma défunte épouse. Je ne savais pas lire sur les traits du visage pour déceler du mensonge. Mais ce que je savais très bien faire, par contre, c’était déceler les discours paradoxaux. Joseph se contredisait lui-même, se débattant dans son flot de bobards qu’il me déversait. Je voulais savoir qu’est-ce qui le rendait si nerveux au sujet de ce Liam. Était-il un tueur en série ? L’avait-il déjà menacé pour avoir couché avec Aubrey ? Cela me déplaisait fortement ce sentiment d’être mêlé à la mauvaise intrigue d’un thriller de série B. Et cela me déplaisait également qu’il remette en doute les sentiments qu’elle lui portait, et dont je lui avais fais part non sans difficulté. Il n’avait pas le droit de bafouer sa mémoire en avançant des idées préconçues de merdes. Non. Il n’avait pas le droit.
_ La psychologue de vous deux, c’était elle il me semble. Je lui rétorquais amèrement, en le relâchant pour le laisser tranquille. _ Alors tu peux me croire sur parole : si elle a demandé à garder une place dans ton cœur, c’est parce qu’elle savait que ta place dans le sien n’était pas une illusion pour combler mes absences.
Non. Elle s’était sincèrement attachée à lui, je le savais. Elle s’était attachée à lui comme à ce Liam Weiss, et je nous maudissais tout les trois de l’avoir conduite au suicide. Nous étions cons, c’était un fait. Nous étions trop cons pour comprendre à quel point nos attitudes d’hommes égoïstes pouvaient lui être destructeur, et nous avons continués de l’être sans nous préoccuper des répercussions sur elle. Contre tout attente, y compris pour moi-même : je proposais à Joseph de boire un verre en ma compagnie, pour me parler d’elle en sa compagnie. En retour, j’obtins les plus abracadabrances suggestions que l’on pouvait me faire. Avais-je vraiment l’air d’un homme prêt à abattre un autre de sang-froid ? Je ricanais de le penser.
_ Le pire que je pouvais te faire c’était surtout de te coller mon poing dès que j’en ai eu l’occasion.
Je lui rétorquais, non sans un petit ton moqueur pour la femmelette qu’il semblait être. Il ne risquait rien. Je tenais uniquement à lui parler. D’ailleurs, je fermais déjà le coffre de mon véhicule pour récupérer l’urne sur le siège avant. Ensuite, je regagnais le loft avec ma femme dans les bras.
_ Je suis sûr qu’elle aurait été enchantée que son mari et l’un de ses amants puissent trouver du réconfort ensemble.
Je lui lançais en ouvrant la porte, faussement innocemment. J’étais seul. J’avais besoin de parler d’elle à quelqu’un qui n’était ni un psychologue, son amie Abigaël, ni l’un de ses parents. Tant pis pour lui s’il préférait partir maintenant.
J'ai 35 ans et je vis à Brisbane, Australie. Dans la vie, je suis ex taulard en réhabilitation et je m'en sors aussi bien qu'un ex taulard en réhabilitation. Sinon, grâce à ma chance étrange, je suis en relation étroite avec ma meilleure amie et je le vis plutôt bien.
Il t’interroge comme si Liam et toi aviez été de vieux copains, comme si tu connaissais ses habitudes journalières, sa routine matinale, la quantité de sucre qu’il met dans son café. Non, tu n’as pas eu le bonheur de le rencontrer réellement. Tu sais simplement qu’il a quitté le club et qu’il souhaitait retrouver le cycle d’une vie normale. Tu n’as pas posé plus de questions car tu en avais marre de trop en savoir sur les activités au noir. Tu détestes sentir la pointe d’un fusil rivé vers toi, prêt à tirer au moment où tu révélerais des informations qui doivent rester enterrées.
- Quelque part à Brisbane, j’imagine. Je l’sais pas plus que toi, mec.
Tu serres les dents en tentant une dernière fois de pousser sa masse imposante loin de toi mais ses deux pieds restent bien plantés dans le béton. Il comprime tes poumons, tu n’arrives plus à respirer correctement et cette peine qui brûle ta gorge n’aide absolument pas. Aussi dégoûtant que cela puisse paraître, tu regrettes ta nausée qui s’est envolée à l’instant où la tension a monté. Si seulement tu pouvais gerber en plein dans sa gueule pour qu’il te relâche. Le mécanisme de défense d’un corps trop marqué pour réagir aux attaques. Tu lis dans ses yeux qu’il n’avale absolument pas tes mensonges et c’est très compréhensible. Tu dis n’importe quoi, il n’y a aucun fil conducteur à ta pensée. Tout ce que tu veux, c’est partir et te cacher. Te cacher loin des regards pour vivre ce deuil de la seule façon que tu penses pouvoir le vivre : en noyant tes joues. Une plainte de déception s’échappe de tes lèvres lorsque que Jon te pose de nouvelles questions auxquelles tu ne peux toujours pas offrir de réponses. C’est que t’es pas dans la position la plus agréable. - J’te mens parce que j’peux pas faire autrement.
Tu dégluties, ta salive est amère. - R’garde. J’ai aucune information qui pourrait t’aider, toi. Vaut mieux qu’t’acceptes simplement l’fait que j’le connais pas, Liam.
Tu ne mens pas, cette fois. Rien de ce que tu pourrais lui au sujet de son premier amant pourrait l’aider à comprendre le suicide de sa femme. Aubrey n’a jamais été impliquée dans ces conneries de gang. Elle est simplement tombée au beau milieu de la cible par hasard. Il apporte une nouvelle information à laquelle tu ne crois pas, incapable d’imaginer les sentiments que ton amie aurait pu ressentir pour toi. Jon te relâche enfin mais il ajoute une phrase qui te déstabilise. Même s’il n’y a plus aucun contact physique entre vous, tu sens encore cette pression désagréable dans tes poumons. C’est ta nausée qui revient. Bouleversé, tu n’arrives pas à lui répondre. Si tu avais bel et bien une place dans son cœur, pourquoi ne t’a-t-elle pas informée de son départ le jour de Noël ? Tu te secoues les puces en gardant appui sur le véhicule lorsque Jon te propose une conversation autour d’un verre. Quoi ? Tu ne peux évidemment pas accepter si facilement, même si tu sens que tu aurais bien besoin d’un peu d’alcool pour te débarrasser de cette boule de tristesse dans ta gorge. Putain que c’est de la merde, les sentiments. Son ton moqueur ne t’atteint pas, tu sais que tu n’as jamais été un bagarreur. D’ailleurs, tu n’arrives toujours pas à comprendre la science derrière cette guerre que tu as commencée en tabassant le mec qui a insulté Lexie, durant la soirée mondaine. Jon se dirige vers l’avant de sa voiture, ouvre la portière, récupère l’urne et tu détournes automatiquement les yeux, incapable de la regarder plus longtemps. Retiens-toi, retiens-toi. Ce n’est qu’un vase. Fuck. Alors que le veuf ouvre la porte de la grande maison pour t’inviter officiellement, tu te retournes rapidement dans une tentative de te cacher. Et… tu déverses tout ton déjeuner dans l’herbe verte. Génial. C’est donc l’urne et ton imagination trop puissante qui te rend malade. Ce stupide vase est rempli des cendres d’une femme que tu as abandonnée le jour de Noël. Une femme qui t’a hébergé, t’a nourri. Tu vomis une seconde fois, les paupières closes, le visage déformé, et tu te redresses vivement, comme si rien ne s’était passé. Tu t’offres quelques secondes de répit avant de te retourner vers Jon, toujours planté à l’entrée de la maison.
- Attends la pluie avant de passer la tondeuse ici.
Mais t’es con, putain. Reprends-toi, tu as le temps.
- Désolé. J’veux bien… le verre. Ça va m’enl’ver l’goût d’merde.
Le goût du vomi ou le goût des remords ? Laissez place à l’interprétation. Tu n’attends pas le second accord de Jon pour te diriger vers lui, évitant son regard et évitant l’urne comme si elle était faite de magma. Tu contournes l’homme en murmurant :
- Trouvons du réconfort…
Le timbre de ta voix est sarcastique mais tu sais que tu as besoin de quelque chose pour t’aider.
Invité
Mer 13 Fév - 6:30
Jon Kruger
J'ai 41 ans et je vis à Brisbane, Australie. Dans la vie, je suis co-directeur d'une entreprise financière et je m'en sors plus qu'aisément. Sinon, grâce à ma dévorante passion pour ma carrière professionnelle, je suis veuf depuis peu et je le vis plutôt très mal, tant j'ai conscience d'être à l'origine du geste désespéré de ma femme. Informations supplémentaires ici.
Quelque part à Brisbane. La réponse était aussi vaste que la description qu’il m’en avait faite. Tant pis. Je n’allais pas parcourir la ville entière à la recherche de ce type, même si l’annuaire me permettrait de mettre la main dessus de manière plus radicale. Ma volonté de ne pas aller y jeter un œil auparavant n’était pas anodine, d’ailleurs : je n’envisageais pas de jouer les facteurs pour ma défunte épouse. J’envisageais de garder ces lettres durant quelques années, le temps qu’elle tombe dans l’oublie pour ces types, avant de m’en débarrasser totalement. Enfin, à ce propos, je n’étais pas totalement sûr. Ayant pour projet de quitter incessamment sous peu le pays qui l’avait vu naître, avec elle, j’aurais pu tout aussi bien jeter les lettres dès mon arrivée à destination. Peu importait. L’heure n’était pas à réfléchir à cela. L’heure était plutôt de faire cracher à ce type les informations qu’il me cachait sur ce Liam. Pourquoi est-ce qu’il le terrorisait autant ? Que pouvait-t-il avoir de si singulier pour qu’il ne tourne pas autour de ma femme à son contact, là où moi il n’a pas eu de honte à la faire jouir, comme il s’en vantait, en prenant mon identité à l’hôpital ? Je l’ignorais. Joseph refusait de me dire plus que cet aveu sur lequel il me mentait, certes, mais parce qu’il ne pouvait pas faire autrement. Je comprenais entre les lignes, à présent. Je comprenais que je me frottais à quelque chose de bien plus dangereux qu’un simple patient dépressif ayant besoin de réconfort dans les bras de ma femme. Je préférais ne pas insister, estimant que j’avais assez de mon deuil comme contrainte dans ma vie à venir.
_ Oui. Vaut mieux que j’accepte que tu ne le connaisses pas, ce Liam.
J’acceptais sans faire preuve de plus d’entêtement sur le sujet. Qu’est-ce que j’en avais à faire de ce type, après tout. Est-ce qu’il s’inquiétait, lui, d’avoir brisé le cœur d’une femme qui était prête à tout quitter pour lui appartenir ? Non. Alors qu’il allait au diable, cela nous ferait certainement des vacances. Le calme revenu, je libérais le sans-abri au sol de mon emprise, avant de lui laisser à nouveau la liberté de ces mouvements. Cela m’emmerdait qu’il ne croit pas les sentiments de ma femme pour lui sincère mais, en l’observant bien, je sentais surtout qu’il agissait ainsi pour s’épargner le plus de souffrance possible. Et cela me révoltait, du reste. Aubrey avait fait ce geste, avait écrit ces lettres, pour nous inculquer une leçon. La douleur de sa perte faisait partie de notre apprentissage. Je repensais soudainement à cette femme dont elle parlait dans sa missive : Lex. Elle l’encourageait à la retrouver pour lui dire qu’il tient à elle. C’était un conseil avisé. J’aurais apprécié qu’elle l’inscrive sur des post-it collés à chaque recoin de notre villa, de ce loft. Croyez-moi que je n’aurais plus jamais oublié de lui faire ressentir à quel point je l’aimais, malgré toutes ces années. Mais les choses étaient ainsi. Ma femme n’avait pas songé aux avertissement, et moi à elle, et désormais je transportais son urne pour l’avoir près de moi. Je proposais à son « ami » de partager un verre avec moi, à l’intérieur, ne serait que pour me parler d’elle du temps où il l’a fréquentait, et mon initiative reçut une réaction assez amusante. Joseph croyait que je tentais de l’éloigner d’éventuels témoins pour le tuer. C’était grotesque. Je n’avais pas la tête d’un assassin. Et le pire qu’il craignait de moi n’était qu’un coup de poing que je ne lui avais finalement pas administré. De ce fait, je maintenais l’invitation. Toutefois je ne la répétais ni n’attendais de réponse. Je préférais fermer le coffre de ma voiture, pour ensuite regagner le loft avec ma femme dans les bras. La vision de l’urne eut un effet radical sur Joseph, d’ailleurs : il se mit à vomir à plusieurs reprises sur le gazon devant le loft. Très élégant. Me moquais-je un peu satisfait de son état, je devais bien l’avouer. Ce n’était pas parce que j’avais mis de côté la hache de guerre que je l’appréciais pour autant. Bien au contraire. Je le tolérais par respect pour ma femme, uniquement. Lorsqu’il eut finit de se vider sur la devanture de mon futur-ex-domicile, il me conseilla d’attendre la pluie avant de passer la tondeuse. Je ne pus m’empêcher de ricaner, le trouvant amèrement amusant pour deviner ce qui avait séduit Aubrey, avant de lui indiquer.
_ Je penserais à en avertir les futurs nouveaux propriétaires, s’ils avancent la date de leur emménagement.
Le compromis de vente devait être signé dans la soirée, et leur emménagement s’effectuer au début du mois de mars. D’ici là, j’estimais que la pluie devrait être tombée sans que j’ai besoin de réellement les avertir. Alors que je m’apprêtais à rejoindre le salon, Joseph accepta mon invitation. Bien. Je lui fit signe de me rejoindre, avant qu’il ne passe devant moi sans un regard pour l’une, ni même un contact avec celle-ci.
_ Elle te met mal-à-l’aise à ce que je vois. Je lui déclarais sérieusement, faisant fit de sa remarque sarcastique qui suivit. _ Tu préfères que je la dépose loin de ta vue, pour que tu puisses garder le contenu de ton verre plus de dix secondes dans l’estomac ?
Je pourrais être tortionnaire dans l’âme, et le contraindre à la regarder tout en partageant un verre en ma compagnie, ne serait que pour le mettre sur le fait accomplie de ces choix, mais Aubrey m’en voudrait de faire preuve d’autant de cruauté. De ce fait, j’étais disposée à l’éloigner de moi pour son bien-être physique.
_ Le bar est dans le salon. Sers-toi ce que tu veux et donne moi la même chose. Je vais déposer l’urne et je reviens.
Je m’apprêtais à aller la déposer dans le bureau qu’elle s’était aménagée à domicile, et où il ne restait que des meubles encore neufs. Je savais que si elle était encore avec moi, c’est là que je l’aurais retrouvée, le nez dans ses dossiers.
J'ai 35 ans et je vis à Brisbane, Australie. Dans la vie, je suis ex taulard en réhabilitation et je m'en sors aussi bien qu'un ex taulard en réhabilitation. Sinon, grâce à ma chance étrange, je suis en relation étroite avec ma meilleure amie et je le vis plutôt bien.
Il abandonne et te voilà rassuré. Le simple fait d’en savoir beaucoup trop sur les activités illégales qui se nourrissent des yeux aveugles des policiers est un énorme fardeau que tu portes sur ton dos depuis que tu as été coincé par la justice. Tu donnerais beaucoup pour te réveiller un matin en ayant totalement oublié les manthas, le club, Liam… Le suicide d’Aubrey. Tu aurais dû simplement éviter de venir prendre des nouvelles de ton amie aujourd’hui. Malheureusement, ton inconscient a voulu te faire souffrir en affichant le visage de la psychologue dans ta tête toute la journée. Tu aurais simplement dû rentrer chez Lexie. Aubrey aurait simplement disparu et jamais tu n’aurais eu la curiosité de demander aux nouveaux propriétaires de la barraque immense où est disparue la jolie femme qui y habitait avant. Jon te relâche, l’eau est jetée sur la poudre à canon et les hostilités meurent. Il te propose un verre, contre toute attente, et ta réponse est de gerber sur le terrain vert. Tu as besoin de te vider de ces émotions incapables de sortir autrement. Tu ne peux contenir une petite plaisanterie. Tu as besoin de détendre l’atmosphère ou de te détendre, toi. La psychologue avait vu juste : tu te caches derrière l’humour lorsque tu n’as pas le courage d’affronter la réalité. En t’approchant de l’entrée de la propriété, tu remarques la poitrine bondissante de Jon. Ta vanne déplacée ne l’a pas laissé indifférent et ça te rassure, en quelques sortes. Ton cœur s’attriste de nouveau lorsqu’il précise qu’il passera le message aux prochains propriétaires de la maison, te rappelant qu’Aubrey n’est plus là pour y poser ses meubles. Il remarque tes yeux posés partout sauf sur l’urne et comprend la raison de tes nausées. C’est bel et bien cet objet beaucoup trop précieux qui te vire l’estomac à l’envers. Tu ne peux pas refuser sa proposition de dissimuler le vase contenant les cendres hors de ta vie. Tu hoches la tête, les mains enfoncées dans les poches, le corps crispé comme une tortue protégeant sa chair des crocs d’un prédateur. - Oui.
Tu t’arrêtes, la bouche entrouverte, puis tu observes Jon du coin de l’œil, toujours aussi surpris de l’avoir vu changer en un claquement de doigt. Il avait fini de se défouler, il faut croire.
- J’n’ai jamais vu la mort. Pas celle d’une personne qui m’était chère, en tout cas.
Le veuf t’indique la direction du bar et tu te retiens de lui dire que tu es déjà au courant. Tu connais cette maison comme le fond de ta poche. Tu y a passé plusieurs semaines et, revenir ici en sachant qu’un fantôme s’y promène, ça t’incommode. Tu acquiesces finalement en te dirigeant vers le salon qui ne renferme aucune surprise et tes pieds s’immobilisent brusquement lorsque ton regard se pose sur le canapé dans lequel tu étais affalé la dernière journée où tu as vu Aubrey. Vous auriez dû vous parler, tout simplement. Elle a senti ton malaise, tu as senti le sien, mais aucun mot n’a été prononcé avant qu’elle ne t’offre un peu d’argent pour recoudre un trou dans la manche de ton complet. Tu te diriges vers le bar en pressant le pas, blessé par le simple fait de te retrouver dans cette salle. D’une main tremblante, tu pousses doucement quelques bouteilles de vin à la recherche de ta précieuse vodka. Lorsque tu poses les doigts sur la bouteille claire, c’est d’un geste machinal que tu récupères deux verres épais dans l’armoire sous le bar. Tu remplies les deux un peu trop et tu portes rapidement le tien vers tes lèvres lorsque la silhouette de Jon se trace dans le cadre de la porte. Tu renifles en essuyant tes yeux avec ta manche, la vue brouillée par de nouvelles larmes que tu n’avais pas senti venir.
- J’t’assure que j’ai fait d’mon mieux pour la faire sourire.
Des paroles probablement troublantes venant de l’amant de la défunte femme de ton interlocuteur. Mais tu tiens à les dire. Tu tiens à libérer ta conscience peut-être. Tu l’as fait sourire, tu l’as fait rire, tu n’as pas profité d’elle comme tu l’aurais fait en temps normal avec une personne possédant plus de richesses que nécessaire.
- J’suis p’t’être pas l’genre de mec à qui on peut facilement faire confiance mais j’t’assure… J’ai fait d’mon mieux.
Tu te noie une nouvelle fois dans la vodka pour éviter de croiser le regard de Jon.
Invité
Sam 16 Fév - 2:41
Jon Kruger
J'ai 41 ans et je vis à Brisbane, Australie. Dans la vie, je suis co-directeur d'une entreprise financière et je m'en sors plus qu'aisément. Sinon, grâce à ma dévorante passion pour ma carrière professionnelle, je suis veuf depuis peu et je le vis plutôt très mal, tant j'ai conscience d'être à l'origine du geste désespéré de ma femme. Informations supplémentaires ici.
Le malaise était plus que palpable. Et cet homme ne supportait pas la vue de l’urne d’Aubrey, comme l’attestait la pelouse sur le devant du loft. Il était donc de ce fait inutile que je le lui pose la question. Cependant, je m’étais attelé à le faire malgré tout pour acquérir la confirmation que je devrais m’en séparer brièvement. Ce qu’il m’assura, me confiant par la même qu’il n’avait jamais vu la mort d’aussi proche, surtout pour une personne qui lui était chère. Au moins il reconnaissait avoir eu de l’affection pour ma femme, même brièvement. Cela me réchauffa brièvement le cœur, bien que cela me révulsait tout autant, alors que sans un mot, j’allais me séparer d’elle dans le bureau où normalement elle aurait été assise à cette heure-ci, pour toujours plus consacrer du temps à ces patients. Ce n’était pas sain que je l’emporte ainsi partout avec moi, j’en avais conscience. Sa meilleure amie elle-même m’en avait fait le reproche pendant qu’elle m’aidait à emballer ces affaires personnelles. Cependant, je ne parvenais pas faire autrement. Je me sentais totalement incapable de la déposer dans une pièce pour ne plus m’en occuper. C’était même pire que ça : c’était tellement au dessus de mes forces, qu’au cours de mes vaines tentatives ce même jour, je m’en sentais coupable irrémédiablement. La conclusion avait vite tombée pour la psychologue : mon trouble provenait du sentiment d’abandon dont me ma défunte épouse m’accusait. En admettant noir sur blanc que j’avais provoqué son attentat à son existence, Aubrey m’avait traumatisé. Abigaël ignorait si cela durerait longtemps, ou même si je pouvais en guérir un jour, dans l’avenir, mais j’estimais qu’il ne tenait qu’à moi de changer cela lorsque je m’en sentirais prêt. Et en cet instant, c’était un déchirement de la laisser dans son ancien bureau, sans espoir de pouvoir venir la chercher dans l’immédiat. Peut-être le mal-être physique de ce Joseph serait un excellent exercice ? Je le croyais en le rejoignant dans le salon où il semblait déjà avoir bien pris ces aises. Cela me rappelait qu’il avait effectivement bien vécu chez moi durant quelques temps, et je contenais un rire rempli de toute mon amertume sur le sujet. Jusqu’à qu’elle pièce c’était-t-il senti chez lui ? Avait-il partagé mon lit en sa compagnie ? Avait-ils poursuivit leurs ébats dans l’intimité de ce loft ? Mes lèvres brûlaient de l’interroger. Ce que je ne fis pas, sachant que les réponses ne me plairaient sûrement pas. Je préférais rejoindre à mon tour du bar, pour me saisir de du verre qu’il avait servi à mon encontre, du même alcool que le sien. Je l’en remerciais d’un hochement de tête, courtois, puis humais rapidement le liquide transparent. La vodka n’était pas ma boisson préférée, du reste, mais j’acceptais de m’en contenter, sachant que tout alcool glisserait bien trop facilement dans le fond de mon gosier. Je vidais cul-sec mon verre comme mon invité, d’ailleurs, puis grimaçais autant pour sa confession spontanée que la brûlure qui chatouillait mon œsophage. Il avait fais de son mieux pour la faire sourire. Oui. Sûrement. Ce n’était pas qu’il l’ait fait que je peinais à croire. C’était que mon épouse ait pu véritablement sourire à ces blagues de mauvais garçon. Elle me semblait si précieuse, si spéciale, que je refusais d’admettre qu’elle lui avait si accessible. Il ajouta que bien qu’il n’était peut-être pas – je cite – le mec dans lequel on pouvait facilement faire confiance, il avait fait de son mieux.
_ Je veux bien te croire. Lui soufflais-je en nous servant un nouveau verre de vodka à chacun. _ Ce qui me surprend c’est que tu y sois parvenu, surtout.
Je faisais preuve d’honnêteté, ainsi. Il savait qu’il n’avait absolument pas à mes yeux le physique, ni le statut social, du genre d’homme qui pouvait séduire ma femme.
_ J’imaginais Aubrey si… Les mots me manquaient _ Fantastique, unique, bref tout ce qu’une femme merveilleuse peut être, que je croyais qu’elle ne pourrait me tromper qu’avec un homme encore mieux que moi, sans vouloir t’offenser. Je ne pensais pas qu’il était pire que moi, maintenant que je découvrais un peu plus sa personnalité. Je pensais juste que ma femme aimerait un prince charmant au petit bandit. _ Et ce qui m’a le plus énervé en découvrant vos existences à tout les deux, cela a été d’apprendre que ma femme aimait toujours les hommes comme celui que j’avais été à notre rencontre. Un homme croquant la vie à pleine dent, sans fortune comme garantie, avec pour seul désir celui de la faire sourire en faisant souvent l’idiot. Bien que je généralisais. Liam ne semblait pas être similaire à Joseph. _ Raconte moi. Je lui demandais en prenant place dans le canapé. _ Comment vous êtes-vous rencontré ? Au cours de quel occasion vous avez appris à vous connaître ?
Je savais qu’elle allouait des périodes aux personnes démunies qu’elle réconfortait du sentiment d’isolement dont ils souffraient. Avait-il gagné son cœur au cours de ces séances ?