Elle décroche mais elle ne me répond pas tout de suite. J'ai aussitôt peur qu'elle n'ai été blessé dans la fussilade. Si cela arrivait , je m'en voudrais le reste de ma vie. Finalement, elle me demande où je suis. On se guide au téléphone, chacun cherchant l'autre.
Lorsque l'on se retrouve enfin , Aura me saute dans les bras. Je dois avouer que je suis un peu surpris par cette démonstration d'affection. Néanmoins, je lui rend son étreinte , sincèrement soulagé qu'elle aille bien.

"Je m'inquiétais aussi." , je murmure bien que ne sachant pas comment réagir à sa dernière phrase. Si ça me touche , ça me met aussi mal à l'aise. Je l'entraîne à l'écart de la foule quand les autorités nous demandent de dégager. Je dois avouer que j'ai un peu flippé en voyant les flics s'approcher de nous mais , tout va bien ils ne nous ont rien demander.

"Que...que faisons nous maintenant ?"

Je n'ai pas vraiment envie de la laisser rentrer seule chez elle , après tout ce qui vient de se passer. Mais , en même temps , on ne peut pas rester ici. J'hésite un instant avant de proposer.

"Je connais un restaurant à l'autre bout de la ville. Mais si tu préfères , je peux te raccompagner chez toi."

Je lui laisse le choix.

« Je connais un restaurant à l'autre bout de la ville. Mais si tu préfères, je peux te raccompagner chez toi. »

Un tas de questions me passe par la tête. Ça aurait été un proche, je l’aurais inspecté sous toutes ses coutures mais je me fais violence pour ne pas m’assurer de mes yeux qu’il n’était pas blessé. Je ne sais que faire. D’un côté, j’ai envie de rentrer et serrer fort ma princesse et de l’autre, je n’ai pas envie que notre première soirée – probablement la dernière si je lui ai fait peur avec mon effluve sentimentale – se termine ainsi. Je lui demande quelques secondes et me mets à l’écart pour appeler Hope, qui finalement s’est endormie. Ce n’est pas plus mal, je culpabiliserais moins ainsi. Je rassure les filles qui gardent ma puce et elles m’encouragent à poursuivre sur la bonne voie, me menaçant même de me laisser à la porte. Je roule des yeux, toujours dans l’abus celle-là. M’enfin, je ne suis guère mieux dans une autre mesure. Je reviens vers Aaron, souriant doucement.

« Je suppose que toute cette inquiétude, mérite au moins, une bonne glace. »

Je tente d’alléger l’ambiance, n’oubliant pas ce qui venait de se passer. On décide qu’il valait qu’il conduise parce qu’émotionnellement, je n’étais pas franchement en état. Et je suis bien contente que ce soit les filles qui m’aient déposé quelques heures plus tôt. Certains trouvent le silence dérangeant mais pas moi. Il me permet de mettre de l’ordre dans mon esprit. De me remettre de cet angoissant moment. Aaron semble gérer bien mieux que moi ou il s’efforce de l’être pour deux. J’ai l’impression d’être un boulet. Et les mots que j’ai eu plus tôt ont dû complètement l’effrayer. Je ne sais pas me filtrer, et je m’en veux de ne pas m’être tue. Je soupire laissant la sérénité me retrouver. Le paysage défile encore quelques minutes et c’est Aaron qui me sort de mes songes, une fois la voiture garée. Une pizzeria. Je regarde l’enseigne. « Tu montes dans mon estime. » Je le taquine de nouveau, tout en sortant de la voiture et les effluves propres au quartier Little Italy embaument mes narines. Je le laisse ouvrir le chemin et trouvant place dans un petit restaurant, que je ne connaissais pas. Faut dire que je n’étais pas adepte des restaurants préférant cuisinier moi-même.

« Comme je t’ai tout imposé au dernier midi, je te laisse tout choisir cette fois. »

Et s’il me sort une aberrante pizza, je le plante sur place. Enfin, je n’irais pas très loin, faut l’avouer. Et j’aurais trop peur de ressortir sans lui.

Aura me demande quelques secondes pour passer un coup de téléphone. Elle est ensuite trop loin pour que je puisse distinguer la teneur de la conversation , je l'attend simplement mains dans les poches.
Elle revient , plus souriante ce qui me rassure quelques peu , se permettant même de plaisanter. Elle accepte donc la proposition et , je me propose de conduire jusqu'à la fameuse pizzeria. Le trajet est plutôt calme mais ça ne me dérange pas. Ce n'est pas un silence pesant , je pense simplement que Aura a besoin de se remettre de ses émotions.

Quand on arrive et qu'elle me taquine à nouveau , je me dis qu'elle doit aller un peu mieux. Et , le choix de restaurant semble lui plaire. Une fois installés , elle me demande mon avis comme j'ai fais la dernière fois avec elle.

"Aujourd'hui je vais prendre celle au saumon c'est mon petit plaisir. Si je peux te conseiller , leur pizza 4 saisons est vraiment excellente. Si tu aimes les oeufs la Romaine est pas mal aussi..." , je continue en les lui montrant sur la carte. Je suis désormais plutôt à l'aise avec elle , sans même m'en rendre compte. Certes , l'incident de cet après midi ne me sort pas de l'esprit. Je sais que ça va mal se finir avec Peters , il va m'en envoyer dessus devant tous les gars.
Connards.
Mais , j'essaie de ne pas trop y penser pour l'instant .

"J'espère que mon choix de restaurant te plait en tout cas ? Je viens souvent ici , ils ne m'ont jamais déçu."

Ça fait des années , à vrai dire que je viens régulièrement ici. J'y allais souvent avec Matthew mais , même après sa mort j'ai continué. Peut être justement, car c'est quelque chose que nous partagions tous les deux. Cet endroit me rassure et c'est aussi pour cela que j'ai emmené Aura ici , espérant que cela l'apaiserait après tout ce qui est arrivé.

« Aujourd'hui je vais prendre celle au saumon c'est mon petit plaisir. Si je peux te conseiller, leur pizza 4 saisons est vraiment excellente. Si tu aimes les œufs la Romaine est pas mal aussi... »

Je l’écoute attentivement. Voilà, homme presque parfait ! Il ne m’a pas sorti l’infâme pizza à l’Ananas. On pouvait continuer à se voir. Quoi que …  le voudra-t-il après aujourd’hui ?

« J’ai horreur des œufs, donc je ne vais pas prendre la Romaine. La Quatre fromages me fait franchement de l’œil mais je vais opter pour la Saumon comme toi. Mais on aura bien d’autres occasions pour goûter toute la carte »

Il y avait une dizaine de pizzas mais rien d'extravagant, qui me fait penser que tout pouvait être concocté fait - maison. Les desserts me font de l'oeil et je n'y manque pas de vouloir déjà choisir mais je m'abstiens de le dire.  

« J'espère que mon choix de restaurant te plait en tout cas ? Je viens souvent ici, ils ne m'ont jamais déçu. »

J’en profite pour observer la decoration. Ce n’était pas une grande pizzeria mais on sentait bien que les propriétaires y mettaient du cœur dans leur plat. C’était un lieu discret mais franchement chaleureux.

« C’est parfait Aaron. Tu grimpes dans mon estime. »

Je ris doucement. Je pense qu'il est de celleux qui ont en rien à faire de paraitre correcte devant les gens. Il avait déjà obtenu un haut capital au jour de l’an et ne cessait que d’augmenter depuis qu’on apprend à se connaître. J’ai encore du mal à y croire que je puisse laisser un homme dans ma vie qui ne soit pas un de mes proches ou d’ordre professionnel. Mais comme diraient les copines, au bout de cinq ans, il est temps. Je ne sais pas jusqu’où on ira, mais tout ne sera que bonus, si je peux dire.

« Comment te sens-tu ? »

Je ne voulais pas ignorer ce qui s’était passé. La violence était dans notre quotidien. Les Forces de l’Ordre faisaient ce qu’elles pouvaient – aussi dépassées que les citoyens, il faut bien l’avouer. On nous incitait à vivre et j’étais en accord mais pas au prix de nos Vies. Je vais finir par songer à me protéger également. Je le questionne, impressionné de le voir bien plus serein que moi. Ou serait-ce une façade ?

« J’ai horreur des œufs, donc je ne vais pas prendre la Romaine. La Quatre fromages me fait franchement de l’œil mais je vais opter pour la Saumon comme toi. Mais on aura bien d’autres occasions pour goûter toute la carte »

D'autres occasions hein ? Je lâche un sourire radieux , évidement. L'entendre dire qu'il y a des chances que nous revenions ici , tous les deux , ne peut que me réjouir. Surtout après la merde qui nous est tombée dessus , cette après midi. Ma colère contre Peters est retombée mais je sais que nos retrouvailles ne vont pas se passer de la meilleure des manières.
Aura semble apprécier l'intérieur , la décoration du restaurant. Je trouve que c'est un endroit chaleureux , calme la plupart du temps.
Et je grimpe dans son estime ? Parfait. Je ne pouvais pas demander mieux.

"Heureux que ça te plaise." , je répond. Je me permets par la même occasion de poser ma main sur la sienne , sur la table. La jeune femme me demande ensuite comment je me sens. Je sais qu'elle fait référence à tout ce qui s'est passé. Il est vrai que je dois lui paraître quelque peu insensible. Je serre les dents pendant une poignée de secondes avant de soupirer.

"Ça...ça va. Ce sont des choses qui arrivent malheureusement. L'important c'est que nous n'ayons pas été blessé." , je tais mon implication et ma mise en danger volontaire , bien entendu. Je serre doucement sa main , un sourire sur les lèvres.

"Ne t'inquiète pas pour moi en tout cas. Et toi ça ira ?" , même si je voudrais éviter d'en parler , je me soucie de ce qui a pu lui arriver quand nous étions séparés. Elle m'a semblé touchée , peut être un peu trop lorsque nous nous sommes retrouvés. Je veux juste m'assurer qu'elle va bien , maintenant.
Et qu'elle n'a rien vu , me concernant.

Je reste sérieuse de l’extérieur, mais son sourire me fait défaillir. On peut dire ce que l’on veut, il n’en demeure pas moins magnifique. Le mot est probablement fort. Mais faut avouer, qu’il n’est guère déplaisant à observer. Je crois que je pourrais faire ça durant des heures. Comme avec Hope quand elle dort. C’est d’une sérénité. Je défaille plus encore quand il vient poser sa main sur la mienne. Je vais mourir sur place. Je sens mes joues rosir gentiment et je serre sa main. C’était … Je n’ai pas les mots. Cela voulait-il dire qu’il envisageait d’aller plus ? Sentimentalement parlant ! Va falloir que je lui parle de mon bébé, un jour, si on tend vers du sérieux. Je l’écoute se confier.

« Ça...ça va. Ce sont des choses qui arrivent malheureusement. L'important c'est que nous n'ayons pas été blessé. »

Et j’ai bel et bien un homme plus terre-à-terre que moi. Les opposés s’attirent, non ? Et il a totalement raison. Je ne sais pas le nombre de victimes mais lui, est en vie. Ce n’est guère altruiste mais je me rends compte qu’il prenait petit à petit une place dans mon quotidien. Et le perdre, m’aurait plongé dans une profonde tristesse. Je serre de plus belle sa main, espérant l’avoir toujours avec moi. Cette pensée me trouble, me rappelant à quel point, je fus tétanisée par la gente masculine encore quelques années et qu’un geste brusque me fait toujours aussi peur.

« Ne t'inquiète pas pour moi en tout cas. Et toi ça ira ? »

« C’est mal barré dans ce cas, je suis une angoissée de la vie, donc je m’inquiéterais tout le temps. Et nous vivons dans une ville où tu peux facilement mourir. Je sais qu’il ne faut pas s’arrêter de vivre mais quand même, demeurons prudents. Et je dois dire que hurler sur une mamie, n’était pas ne belle expérience ni même enfermée. M’enfin, on est en vie. »

La serveuse revient avec nos commandes. J’observe nos deux pizzas. Elles ont l’air succulentes. Je meurs. A contre cœur, je délaisse sa main pour commencer à couper des parts. Et un autre serveur vient nous apporter nos boissons. Mon cocktail me semble divin. Je le prends dans ma main, pour trinquer.

« A quoi peut-on bien trinquer ? »

J’avais moult idées : le revoir en chemise et coudre celle avec bouton manquant. Continuer de le voir et d’apprendre à le connaitre. Probablement en faire mon compagnon de vie. C’était tellement irréaliste. Moi qui avait hurlé maintenant que je finirais seule.

Je vois , amusé, Aura rougir lorsque nos deux mains se touchent. Sa gêne augmente vraiment son côté adorable. Tandis que je l'écoute me répondre , je me dis de plus en plus que je dois la tenir éloigné de mon monde. Comme elle le dit si bien , elle est angoissée de nature , je n'imagine pas alors si elle connaissait mes activités. Oui , effectivement, elle n'en dormirai pas de la nuit. Ça fera un premier secret à conserver entre nous , malheureusement. Je ne suis pas prêt de toute manière à lui en parler. Ce serait dangereux pour nous deux.

Néanmoins, ça ne veut pas dire que ce trait de caractère qui lui colle à la peau me dérange. Nous avons tous une personnalité propre et , pour être honnête je me sens bien avec elle malgré sa certaine réserve et sa tendance à paniquer. Je me sens utile , en fait. Utile parce que je peux l'aider à traverser ces moments difficiles. Je souris donc , gardant ma main posée sur la sienne.

"Comme tu le dis l'important c'est de rester prudents. Ces évènements restent majoritairement des cas isolés." , peut-on considérer que je lui mens car je participe (très) régulièrement à ce genre de coups ?
Nos pizzas arrivent et je sens ma faim se manifester. Aura veut traquer , comme la dernière fois. Je souris , en coin avant de proposer :

"Pourquoi ne pas simplement trinquer à nos deux ?"

Je ne me permets pas d'ajouter précisément quoi. À notre relation naissante , je suppose.

« Comme tu le dis l'important c'est de rester prudents. Ces événements restent majoritairement des cas isolés. »

Je hoche la tête, il avait probablement raison. Je ne suis pas toujours à l'affût des sanglantes nouvelles. Je fais en sorte d’éviter ce genre d’informations circuler surtout si Hope est dans les parages. Je ne veux pas jouer les autruches mais j’ai quand même une petite fille a élever et je ne veux pas qu’elle grandisse dans la peur. Nous l’avons suffisamment vécu. Et notre quartier nous permet de vivre une relative sécurité. Alors, je ne veux pas intégrer cette graine d’horreur. Pour autant, je n’oublie pas l’horreur dans laquelle nous évoluons. Un mort reste un mort. Quoi que parfois, il revient vite nous hanter. Enfin, bon, ce n’est clairement pas le moment d’y songer.

« Pourquoi ne pas simplement trinquer à nos deux ? »

Je pense qu’il ne restera plus grand-chose de moi, sur cette chaise, à l’entendre dire ce genre de chose ou faire palpiter mon cœur, de la sorte. Je répète à nous deux et nous trinquons, puis buvons droit dans les yeux. Je ne sais pas exactement ce que nous venons de nous souhaiter, mais je le suis sans aucun souci. J’attends de voir comment il mange sa pizza avant de faire de même. On ne sait jamais, je n’ai pas envie qu’il me voie comme une sauvage. Ce qui s’est passé plutôt avait déjà bien dû l’embarrasser, je ne voulais pas lui faire honte plus que nécessaire. Le silence s’installe, mais je crois qu’avec lui, cela ne me dérange pas tellement. Il n’est pas gênant. Et ça me laisse le temps de trouver un sujet de discussion. Pourquoi, je n’ai pas demandé aux filles ? Enfin si, elles m’en ont imposé mais la conversation allait devenir réellement gênante.

« Je ne sais plus si tu me l’avais dit. Mais tu as toujours vécu ici ? Ça ne te lasse pas de vivre ici ? Tu as déjà eu l’occasion de voyager ? »

Je me rappelle de son frère mort mais je crois que j’ai dû oublier le reste. Bravo Aura et ta mémoire.

Aura est d'accord pour que nous trinquions à nous deux. Je suis son geste , sourire taquin aux lèvres. Une fois les plats présentés , je n'attends que quelques secondes avant de manger. Tous ces événements n'ont pas entamé mon appétit, bien au contraire. Je suis bien heureux de pouvoir enfin prendre le temps de me poser , tranquillement, devant une bonne pizza. Aura prend le temps de manger également, laissant un agréable silence s'installer. Lui parler ne me pèse , bien sûr mais ne rien dire et juste manger , c'est bien aussi de temps en temps. De plus , avec elle tout semble facile et naturel que ce manque de paroles n'est même pas gênant.
La jeune finit tout de meme par briser ce silence , au bout de quelques minutes. Je relève la tête de mon plat , réfléchissant quelques secondes à ce que je dois lui répondre.

"Eh bien je vis ici depuis longtemps. Cette ville est assez dynamique pour je pas s'ennuyer..." , on parle de New-York tout de même. Toujours des activités ou des événements de prévu. Difficile de ne rien trouver à faire. "Et non je n'ai jamais vraiment voyagé . Je préfère ma routine..." , j'ajoute un clin d'oeil . En réalité, ce sont bien mes activités illégales qui m'empêchent de partir , me l'interdisent même .

"Tu aimes voyager toi ? Tu ne m'as pas dit pourquoi tu es venu aux États-Unis d'ailleurs..." , en tout cas je ne me souviens pas. Laisser toute sa famille derrière soi , à plusieurs milliers de kilomètres, ce n'est pas une mince décision. Au contraire. Il doit bien y avoir une raison qui l'a pousse à venir ici...?

« Tu aimes voyager toi ? Tu ne m'as pas dit pourquoi tu es venu aux États-Unis d'ailleurs... »

Celle-là Aura, tu l’as bien cherché ! La question qui me met toujours mal à l’aise. Et pour masquer ma gêne, je préfère trouver un soudain intérêt pour mon verre et je bois tout doucement avant de le reposer. Prendre le temps de trouver une réponse adéquate, n’éveillant pas trop les soupçons. Même si, je doute qu’il m’offre ce dégradant regard, je ne veux pas qu’il ait pitié de moi ou même qu’il me voit comme une chose fragile.

« Je n’ai jamais voyagé en dehors du Brésil mais j’aimerais bien partir, découvrir les pays limitrophes. Enfin, je pense que mon prochain voyage sera Québec. Ce pays m’attire tellement. Je ne saurais expliquer pourquoi. »

Gagner du temps. S’abstenir de trop se projeter. Parce que j’aurais été capable de l’inviter à partir avec moi dans ma lancée. Chaque chose en son temps.

«  Je suis partie parce que je voulais changer d’air. Quitter le cocon familial et sachant que nous sommes soudés dans la mienne, si je ne mettais pas distance entre nous, jamais, je me serais autant responsable actuellement. »

On peut dire que je ne mentais pas. J’avais juste omis la partie, fuir un violent homme et je ne comptais pas le faire de sitôt. Je n’ai pas honte de mon vécu. J’ai merdé et je le sais mais je ne veux plus accorder ma venue ici, à cause de lui. Il est le déclencheur, je ne peux le nier mais la situation a permis une opportunité. C’est ainsi que je le vois.

« Un jour, peut-être, je te traînerais dans les Favelas »

Bravo Aura ! Je suis incorrigible. Je vais vraiment finir par le faire fuir. Je détourne le regard. Je ne sais même pas si j’oserais l’y emmener. J’aurais trop peur qu’il croise mon bourreau. Quoi que si je ne lui dis jamais, il ne pourra pas le reconnaître.

« Et je suis bien d’accord pour la dynamique de cette ville ! Cela fait cinq ans que je suis ici, et il y a tellement d’endroits que je n’ai toujours pas visité. Un endroit privilégié ? »