Aura a toujours cette même répartie , faisant mine d'être blessée. Elle n'est pas crédible à mes yeux , évidemment mais ça me fait sourire. Elle est adorable quand elle essaie de me taquiner surtout avec son petit sourire en coin. Elle rougit même un peu mais je ne la quitte pas des yeux. Ainsi , c'est son entourage , comme elle le dit , qui l'a poussé à me recontacter. Je ne sais pas si ce sont ses amies assez énervantes de la dernière fois mais , elles auront au moins fait ça de bien. Je dois avouer que je ne les ai pas spécialement apprécié lors de la soirée.

"Je remercie donc ton "entourage"

Elle me pose ensuite des questions sur le métier. À vrai dire , nous ce n'est pas trop sportif , surtout parce que je travaille à mi-temps. Néanmoins , je ne lui précise pas pour éviter la fameuse question : pourquoi à mi-temps ? Tu fais quoi d'autre ?

"Je suis en voiture donc c'est tranquille , ça ne fatigue pas autant physiquement. C'est surtout long au bout d'une journée entière. Et non , les clients me laissent tranquilles en général..."

Je suis bien tombé sur quelques idiots mais ce n'est pas récurrent. La plupart n'ose sûrement pas me chercher étant donné que je suis plutôt imposant. Le fait aussi que j'ai souvent une arme sur moi mais , que je n'ai jamais sortie durant mon travail.
Le repas se déroule sans encombre , on parle toujours aussi naturellement. La question sur la famille me met forcément mal à l'aise. Je pense à Matthew bien sûr. Ça fait 6 ans mais la douleur n'a pas vraiment disparue. J'essaie néanmoins de ne pas me montrer trop affecté.

"Je viens de Seattle. Avec ma famille on est venu à New-York quand j'avais 10 ans. Mes parents sont retournés là-bas après...la mort de mon frère." , je préfère ne pas m'attarder sur le sujet mais je ne veux pas lui mentir non plus.
"Et toi tu m'as dit que tu venais du Brésil non ? Tu as encore de la famille la-bas ?" , je continue pour détourner l'attention sur elle.

Sa petite remarque sur le dessert m'amuse bien sûr que je continue à la taquiner.

"Je retiens sait-on jamais..."

J'ai conscience que l'heure tourne et je suis déjà déçu à l'idée que notre...repas prenne fin. J'ai failli penser rendez-vous. Quoique s'en est un , pas vrai ? Dans un certain sens...

Spoiler:

Je l’écoute attentivement, lui faisant les gros yeux quand j’apprends qu’il est en voiture pour ses courses. Pfff ! La déception. Mais d’où lui sort cette musculature alors ? Je le charrie de plus belle, le traitant de fainéant. Je souris niaisement d’en apprendre plus sur lui. Je fais une moue triste apprenant pour son frère et lui transmets toutes mes condoléances. J’avais envie de me lever et de le câliner fort. Ayant déjà perdu des membres de ma famille, j’imagine sa douleur, d’autant que c’est son frère. Je serais inconsolable s’il arrivé malheur à ma fratrie. Aussi insupportable soit-il. Ils sont toute ma vie, alors perdre l’un d’entre eux, me serre le cœur. Je ne peux m’empêcher de venir attraper sa main pour la serrer avant de la laisser tout aussi rapidement, intimidée. Il me questionne et je prends le temps de réflexion.

« J’ai toute ma famille la-bas. Je suis partie, il y a cinq ans pour changer d’air. Mais ma famille vient nous voir tout le mois de Juillet. J’ai tellement hâte. »

Je n’ose pas en dire plus, de peur qu’on parle de mon bourreau. Je ne voudrais pas lui faire peur avec mon violent passé. Et je réalise que je ne lui ai pas parlé de Hope. Je me contente de sourire. Telephone qui sonne. Docteur A.

Message du Patron:

Je reste estomaquée. Ma vue se brouille un instant. Comment peut-il se permettre de tes mots maux ? Il m'insupporte.

« Je .. On doit y aller. »

Je me lève, livide. Comment on peut faire cela ? Ce n’est pas légal, si ? Je range quand même la table, c’est plus fort que moi et prends mon sac. On se dirige vers la caisse et avec un grand sourire, parce que j’étais quand même en charmante compagnie, je tends ma carte pour payer nos deux parts.

« Ne fais pas cette tête, tu te rattraperas »

Repas enfilés et payés, nous repartons à pied vers mon travail. Et je ne peux m’empêcher sur sa chemises.

« Celle-ci, te va très bien ,avec tous ses boutons. Et tu sais, pour l'autre, il suffit de me la donner pour que je la répare. Mais, je doute, pouvoir te la rendre. »

J’éclate de rire, me faisant taquine pour masquer ma peur de ce qui m’attend avec mon supérieur. Arrivés en bas de l’immeuble, je lui demande de m’accompagner. Chevalier jusqu’au bout ? Je sors en première de l’ascenceur. Et Il était là, à attendre.

« Mlle Ruiz, si vous préférez user de votre temps avec des hommes, la racaille du coin, c’est votre droit. Sachez que vous n’avez pas à négliger votre poste. La prochaine fois, ça sera le licenciement pour abandon de poste. »

Première fois qu'il me parle ainsi, alors que j'ai eu des retard bien pire que dix minutes. Lorsqu’il se retourne, remarquant Aaron. Un ange passe.

« Et jeune homme, trouvez-vous une femme de votre .. Condition. Au lieu d'embêter d'honorables jeunes femmes. »

J'ouvre la bouche mais aucun son ne sort. Je .. suis .. Choquée. Comment peut-il être aussi irrespectueux ?! Pétrifiée. Prête à m’enfermer dans les toilettes. Je reste digne pour ne pas pleurer. Cette situation est gênante. Et j'ai peur de comment peux réagir Aaron. Mon regard traversant le sien, désolé. J'avais juste envie de le défendre mais je suis là, comme une idiote, ayant peur pour son emploi. Pour autant, je recule de quelques pas vers Aaron. Signe de soutien ou de peur ? Que sais-je.

Je suis un peu surpris lorsque Aura prend ma main à l'évocation de mon frère disparu. Le geste m'apaise et , me permet de ne pas ruminer mes souvenirs , surtout en ce moment. Je souris quand elle parle à son tour de sa famille :

"C'est bien d'arriver à garder le contact !"

L'atmosphère devient plus lourde après qu'elle ai lu un de ses messages , m'informant que l'on doit partir. Je vois que quelque chose ne va pas et , je suis pris de court alors je ne demande pas d'explications. Je veux néanmoins protester lorsqu'elle paye nos repas mais , elle me répond que j'aurai l'occasion de me ratrapper. Ça confirme bel et bien que nous allons nous revoir alors ? Cette pensée me colle aussitôt un sourire sur les lèvres.
Aura continue de me taquiner sur ma chemise sur le chemin :

"Je pense que je dois mieux éviter de te confier une chemise."

Une fois devant son lieu de travail , elle me demande de l'accompagner. J'accepte , bien entendu. Après tout , si elle a un léger retard c'est bien de ma faute. Ça me dérange d'ailleurs de la mettre dans une mauvaise situation.
Par contre , je regrette immédiatement de l'avoir suivie. Parce que son patron menace de la licencier pour dix minutes de retard.
Où est passé l'homme protecteur et charmant que j'ai vu il y a une heure ?
Ah ben , il vient d'apparaître à nouveau. Je dois trouver une femme...de ma condition ? Pardon ? J'ai bien entendu là ?

"Je suis bien curieux de savoir ce que vous reprochez à ma condition."

Question de statut social ? De couleur de peau ? Je dois nager en plein rêve. À moins que ce cher monsieur ne soit jaloux ? Ce serait la meilleure , franchement. Je pourrai lui faire ravaler ses paroles , il s'apprête à me répondre justement mais , je le coupe.

"Excusez le retard d'Aura c'était ma faute , en effet." , honnêtement j'ai toujours envie de lui coller mon poing dans la figure. Néanmoins , je ne voudrais pas avoir le renvoi de la jeune femme sur la conscience. Il n'empêche que j'ai l'impression d'être retourné à l'école avec cette scène.

Histoire de ne pas alarmer davantage la situation, j'adresse un dernier regard à Aura avant de reprendre l'ascenseur pour m'éloigner rapidement de ce type. Je vais faire une connerie sinon , je le sens. Je n'étais pas un type sanguin à l'origine mais , les années à fréquenter le gang m'ont conduit à...vite m'emporter on va dire.
Je reprend ma tournée avec un peu retard également. Je n'ose pas écrire à Aura pendant toute la journée . J'espère sincèrement que son patron l'a laissé tranquille après tout ça . Qu'elle n'a pas perdu son boulot juste pour un retard stupide . C'est le soir venu , fatigué par ma journée que je me décide à lui écrire de nouveau .

Message de Aaron à Aura:

Je repose le téléphone. Puis , je le reprend rapidement :

Message de Aaron à Aura:

Je précipite peut être un peu les choses non ? Ça fait très rendez-vous. Vraiment , même. Et , je ne sais pas quel genre de film , elle aime.

Message de Aaron à Aura:

« Je suis bien curieux de savoir ce que vous reprochez à ma condition. » Situation oblige, comparaison oblige.

Je trouve Aaron, bien plus gentlemen que mon responsable. Et peu importe de quel quartier, de quelle richesse, de quelle origine, il peut provenir. Il a été présent dans un exercice périlleux pour moi – jour de l’an – et rien que pour cela, je lui en serais reconnaissant.

Je trouve aberrant qu’on puise juger un individu, sur ses fringues, sa couleur de peau, ou même son faciès. Et j’en suis d’autant choquée de part le comportement de mon supérieur. Je le pensais plus respectueux de chacun. Clairement déçue. Et je comptais bien lui faire savoir le moment venu.

Je fais un timide sourire à Aaron, mal à l’aise de cette situation, mais lui faire comprendre qu’il avait tout mon soutien. « Excusez le retard d'Aura c'était ma faute, en effet. »

Il se poste en tant qu’alibi, héros, je dirais même, et je mime un merci sur mes lèvres. Mais ce retard n’est qu’une excuse. Car j’ai fait bien pire et Docteur A. n’a jamais rien dit, si ce n’est exprimé de l’inquiétude. Je m’abstiens de rouler des yeux. Aaron s’en va et je n’ai même pas pu le remercier comme il se doit.

Je repars à mon poste, soucieuse. « C’est pour votre bien, que je fais cela. Il faut que tout homme sache dans quoi, il s’engage. D’autant que vous avez une fille. Ce n’est pas à prendre à la légère. »

J’étais entrain de vérifier les mails quand je relève mon océan regard, commençant à devenir d'houleuses et menaçantes vagues. Il a vraiment du culot. Noir regard en guise de réponse, sinon j’aurais pu dire des mots châtier. « Retournez dans votre bureau Docteur A. votre prochain patient ne va pas tarder. » Voix blanche mais colère plus que présente. Il hausse les épaules et repart. Je prends mon visage entre mes mains, laissant un sanglot échouer sur mes joues avant de me reprendre aussitôt. Je suppose que je viens de laisser le seul homme qui me plaisait s’envoler vers d’autres « conditions ». Je mets cette fâcheuse situation de côté afin d’offrir un merveilleux sourire aux patients, malgré mon cœur lourd. Les heures passent et aucune nouvelle. Et je n’ose me manifester, déjà que la première fois, je fus aux pieds du mur. Il a dû tirer un trait sur moi et je ne peux que lui donner raison. Je soupire, démotivée.

18h30, c’est la mort dans l’âme que je range mon bureau, salue mes collègues avant de prendre la voiture, faisant un détour dans une épicerie pour faire un chili sin carne et repart derechef, à la maison.

Hope déjà rentrée avec sa nounou. Je la remercie et effectue le virement, aussitôt avant de me retrouver avec ma Princesse. Nous commençons le repas à quatre et durant le temps de mijotage, je l’écoute me raconter sa journée dans son bain.

Sèche et en pyjama, nous retournons en cuisine, bref regard sur mon téléphone et .. EM CORCOVADO, o que eu vou fazer?¹ Aaron qui m’invite à diner. Je sautille sur place, criant de joie. Puis mes yeux se posent sur Hope. Je ne lui ai pas dit pour ma fille. Mère indigne. Pensa, Aura, pensa!² J’en informe les filles et deux d’entre elles se proposent. Dans quinze minutes, elles seront là. Je soupire de soulagement. Je réponds aussitôt à Aaron relisant ses messages. Ah .. C’est Samedi, Mas que imbecil!³  

Message à Aaron:

 

Et je la fais courte, lui épargnant mon discours sur l’ouverture d’esprit. Mais c'était une notion importante, surtout dans un pays aussi melting-pot.

Message pour Aaron:

Ça ne fait pas trop, suis troooooooop pressée. Tu es femme de trente ans, comporte-toi comme telle, ta « condition ».

Message pour Aaron:

Bon d’accord, je n’avais pas pu me retenir. Désolé Aaron. Faut que je le note, me taire à ce sujet. Je ne veux pas paraître ennuyeuse !

Les filles arrivent et je leur explique que je me suis trompée de jour dans .. L’euphorie, je l’admets. Elles rient de plus belle sous les yeux interloqués de ma fille. Je les invite à manger et on se fait un face-to-face avec le reste du groupe, riant de plus belle.

Traduction:

Elle me répond ! J'attrape aussitôt mon portable , lisant son message : elle n'a pas revu le médecin . Elle en profite pour s'excuser , me disant que pour elle c'est la personne qui compte , pas les origines. Je le sais , bien entendu , j'ai remarqué qu'elle ne pense pas comme lui. Je ne peux m'empêcher de sourire.

Message à Aura:

Je préfère que l'on passe à autre chose. Son patron est un connard donc , j'éviterai de me trouver à nouveau face à lui . En espérant , qu'il ne fouille pas trop dans la vie privée de son employé et , ne revienne me faire chier. Qu'on me manque de respect ça passe une fois mais, deux je risque de finir par faire quelque chose que je regretterai. Ce n'est pas comme si c'était ce que je faisais régulièrement, cela dit.
Bref. Je penserai à tout cela plus tard. Je reprend mon téléphone , venant de penser à un petit détail.

Message à Aura:

Pas question qu'elle me refasse le coup de ce midi.

Les filles sont reparties après s’être bien moquées de moi. Je prends le temps de coucher ma Douce, rituel durant une trentaine de minutes. Et je reviens me poser au salon. Il est encore tôt pour me laisser le temps de flâner. Téléphone posé sur l’accoudoir, me voilà comme une adolescente, pianotant sur le clavier. Je ris doucement, enfin glousse, n’ayons pas peur des mots.

Message à Aaron:

Je me permets de le charrier. Et c’est ainsi tout le restant de la semaine. Oui, je suis le genre où la confiance me pousse derrière un écran mais je peux aussi être à l’aise, au bout d’un moment, de vive voix. On ne s’écrit pas tant que cela, préfère probablement apprendre à se connaitre directement et cela me va bien. J’avais bien trop peur de ne pas savoir quoi lui répondre sinon.

Donc dès le Samedi, heure de brunch, ma chambre ressemble à un capharnaüm et je ne pouvais rien y faire. Je n’avais même pas mon mot à dire et j’étais déjà à ma troisième tenue. Les filles se sont donné la mission de me rendre potable. Je n’ai pas encore la définition exacte mais pour le domaine des fringues, je peux leur fais confiance. Parce que moi, un haut et un bas, m’allait amplement mais visiblement, je devais être on fire. Une tenue qui fasse suffisamment bien habillée pour aller manger un bout mais pas trop non plus, pour le cinéma.

J’allais imploser.

Les conseils fusent des pipelettes mais je me retiens de leur avouer qu’on fera comme on voudra et que rien ne sera précipité. Cela fait exactement cinq ans que je n’ai pas eu de véritable rencard – je crois qu’on peut le dire ainsi – alors je n’allais pas m’encombrer d’avisements de quiconque.

Je souris en lisant le nouveau message de Aura. Elle n'est pas difficle sur les films donc , nous ne devrions pas nous disputer au sujet duquel regarder. Je ne sais même pas ce qu'il y a au cinéma en ce moment . Nous verrons bien samedi.
Elle me prévient même, à moins qu'elle ne plaisante mais j'ai bien envie de le prendre au sens littéral, que c'est une femme donc elle sera sûrement en retard. Je devrai m'y habituer.

Message à Aura:

Puis elle me taquine. Encore. Ça aussi je vais finir par y prendre goût.

Message à Aura:

On s'écrit encore un peu durant la semaine. Ça me fait bizarre à mon âge. Non que je me sente particulièrement vieux mais , je pensais bien finir célibataire. Et voilà, que sans réfléchir j'invite une belle femme qui me plaît . Je suis un idiot , je crois. Tout ça ne peut pas finir. Pourtant , je m'obstine. Une envie de m'émancipée de mes affaires "privées" , d'oublier le triste sort de mon frère.

Le samedi venu , je rejoins le lieu de rendez-vous, un peu tendu. J'ai quand même un peu la crainte qu'elle choisisse de ne pas venir. Pour ma part , je me suis contenté de cinq petites minutes d'avance. Elle m'a dit quelle serait en retard , après tout...
J'ai mis un simple jean foncé et un t-shirt noir. Vu qu'il fait encore frais , je porte également un blouson. Au début , je voulais mettre une chemise , vu qu'elle semble tant les aimer...Puis , je me suis dit que le changement, c'est pas mal aussi . Surtout qu'en réalité , je ne suis pas un habitué des chemises .

Tenue de la demoiselle

J’arrive avec les dix fameuses minutes de retard. Et je m’excuse à plusieurs reprises. Politesses échangées, une timide bise. Et je valide son parfum.

On décide de se promener dans le centre de New-York, se charriant toujours autant. Je m’étonne même d’être tout autant à l’aise, face à lui que par messages. Je l’embête aussi pour le vélo. Maintenant que je sais pourquoi, il doit se sert d’un véhicule motorisé. On marche jusqu’au cinéma. Et on décide d’aller voir Alita Battle Angel. Film d’actions mêlant de la science-fiction, qui me va très bien. Boisson et grand paquet de popcorn, la base. Mains se frolant par moment, rougeur colorant mes joues également. Deux heures à s’en prendre plein les yeux.

« Alors, qu’as-tu pensé du film ? »

On remontait le long de l’allée principale quand un bruit sourd se fait entendre. Je sursaute sur le moment, et me retourne pour m’assurer que c’est juste un lourd objet tombé au sol puis je regarde le ciel, qui sait, le tonnerre sera de la partie mais non, rien qui le présageait.

Instinctivement, je me rapproche d’Aaron, sans pour autant lui tenir le bras. Chose que je fais aussitôt entendant le deuxième et le troisième éclat. Je le regarde tétanisée. Des coups de feu, en pleine rue.

Je sais que les histoires de gang font rage mais je n’aurais jamais cru que ces criminelles viendront jusqu’ici. Je tremble de tous mes membres, songeant déjà à ma dernière heure. L’écho fait présager que les coups ne sont pas si loin de nous. Et un dernier choc amplifie le mouvement de foule au point nous faire séparer, Aaron et moi. Et je panique littéralement, de me retrouver sans lui, bousculée.

Je ne sais pas comment l’information a pu remonter dans mon cerveau mais je ne sais pas dans quel reportage, où il est dit d’entrer dans un lieu ou alors de se plaquer contre le mur mais de surtout de ne pas tomber.

Je prends aussitôt mon téléphone pour l'appeler. Ne serait-ce que pour garder le contact, entendre sa voix ou je ne sais quoi, juste être rassuré. Et savoir qu'il était bien moins loin de moi, que je ne le pensais. J'ai toujours refusé de laisser la violence me dicter ma Vie mais là, je ne sais pas si j'allais pouvoir l'ignorer bien longtemps.

Comme elle m'avait prévenu , Aura arrive avec dix minutes de retard. Je suis un peu timide tout comme elle , au début. Néanmoins, nous arrivons à briser la glace assez rapidement, retrouvant l'aisance que nous avions par téléphone.
Encore le vélo qui revient. Je me contente de lever les yeux au ciel , lâchant un petit rire.
Nous nous dirigeons vers le cinéma. Comme promis , je la laisse choisir le film et nous prenons aussi de quoi manger et voire pendant la séance. Le long métrage se nomme Alita Battle Angel et , je dois avouer que c'est plutôt sympa. Beaucoup d'action qui exclus l'ennui. Ma main frôle plusieurs fois celle d'Aura , créant ainsi quelques moments plus gênants. Instants qui m'empêchent de me concentrer véritablement sur le film. C'est pour cela que je mets quelques secondes avant de pouvoir lui répondre quant à savoir si le film me plait.

Quand je le veux , des coups de feu retentissent. Oui , si Aura semble croire à un orage tout d'abord, je reconnais immédiatement la mélodie des armes à feu. La jeune femme se rapproche de moi alors que je serre les dents. Je me souviens en une seconde d'un détail qui m'était sorti de l'esprit. Je suis donc presque heureux quand le mouvement de foule me sépare d'elle. Mes pas se précipitent aussitôt en direction des coups de feu alors que mon téléphone sonne. Ce n'est pas Aura.

"Bordel Jackson tu fous quoi ? Je t'ai vu. Ramène ton cul maintenant on a besoin de toi sur ce coup et tu le sais." , Alexandre Peters. Mon boss.

"Je t'avais dit pas aujourd'hui putain. Je suis occupé." , je répond les dents serrés , sortant mon arme que je porte toujours sur moi , comme nombre d'américain au passage. Je repère mon groupe non loin et , coupe mon portable. Il sonne immédiatement à nouveau et c'est le numéro de Aura qui s'affiche. Je soupire et le laisse sonner sans décrocher.

"T'étais occupé à quoi Jackson ? T'étais censé nous aider sur ce coup."

"J'étais avec ma meuf" , je répond sans réfléchir. "Et raconte pas de conneries je t'avais dit pas aujourd'hui."

"Pourquoi traîner dans le coin alors imbécile ?

Je n'ajoute rien aidant mes "amis" à récupérer le "paquet" en question , échangeant quelques tirs avant que les sirènes de la police ne retentissent. Je désigne une ruelle aux gars qui ont notre trésor avant que Peters et moi prenons un autre chemin , incognito , vers la ville. Mon boss m'engeule vraiment , prétextant que ce sera ma faute si nos hommes se font prendre. Je lui répond de régler ses emmerdes tout seul , que rien ne m'obligeait à les aider aujourd'hui . Sentant la tension monter entre nous , nous choisissons de nous séparer.
Je me rend compte que Aura était en danger par ma faute.
Je reprend aussitôt mon téléphone , constatant que l'appel de Aura remonté à moins de dix minutes. Je compose le numéro immédiatement, la cherchant des yeux dans la longue avenue éclairée de gyrophares bleus.

"Aura tu vas bien ? Tu es en sécurité ? Désolé avec la foule je n'ai pas entendu mon portable j'ai un peu paniqué ."

Tenue de la demoiselle

Je ne sais pas combien de temps je suis restée cloîtrée dans ce restaurant mais j’allais frôler la crise de nerfs. Aaron qui ne répond ni au téléphone ni aux messages. Et j’imagine le pire, blessé, kidnappé, torturé, mort. Respire Aura, respire. Je me pince l’arête du nez. Et m'efforce de rester lucide.

Assise à même le sol, je fixe distraitement mon téléphone puis avalanche de messages, pour savoir comment j’allais. L’information tournant rapidement en boucle sur les réseaux sociaux et il ne faut guère longtemps pour que mes proches comprennent que c’était l’endroit où j’étais. J’en profite pour rassurer ma princesse. J’écourte toutes les conversations téléphoniques pour attendre l’appel d’Aaron mais rien ne vient.

Boule nouée dans la gorge qui commence à m’étouffer.

Je coince ma tête entre mes jambes. Et l’erreur se produit. Une main inconnue sur mon épaule droite. Et je me mets à hurler de ne pas me toucher. Devant la stupeur de la vieille dame, je m’empresse de m’excuser et éclate en sanglots, de nerfs, de peur.

Où peut-il être ?
Pourquoi, il ne me répond pas ?

Je sursaute à chaque déflagration, espérant qu’il soit ailleurs que sur la scène de crime. J’ai cessé de pleurer mais mon ventre est noué. Mes pensées vont pour un seul homme. Heureusement, que je peux encore écrire même avec mes tremblantes mains.

Le dénouement arrive, enfin… Les autorités acceptent de nous laisser sortir : la situation est sous contrôle. On se rue vers la sortie et je prends une grande bouffée d’air. Téléphone qui sonne : Aaron. Je me dépêche de répondre.

« Aura tu vas bien ? Tu es en sécurité ? Désolé avec la foule je n'ai pas entendu mon portable j'ai un peu paniqué. »

Quel soulagement d’entendre sa voix. Mais l’émotion m’empêche de répondre pendant une bonne minute. Je lui demande où il est. L’un et l’autre se trouvant encore sur la longue avenue. Il n’était pas si loin de moi. Je bouscule les gens, slalome entre eux sans le quitter au téléphone. Les minutes s’écoulent et je l’aperçois enfin.

Je raccroche et cours vers lui – découvrant que je peux le faire même en talons – et je saute dans ses bras, enserrant son cou avec les miens.

« J’ai eu tellement peur pour toi. J’ai cru que tu étais blessé. J’ai imaginé le pire. » Et j’éclate en sanglot à nouveau. « Me lâche plus jamais. » Dis-je, sans réaliser le poids de mes mots.

Je ne sais pas combien de temps, je suis restée contre lui, telle une moule à son rocher mais visiblement bien trop pour les autorités qui nous pressent de déguerpir d’ici.