Je me dis tout d'un coup que je n'aurai peut être pas dû demander à Aura pourquoi elle hésitait tant. Je veux dire , je suis pas con , je me doute un peu vu ce qu'elle m'a raconté. Pas en détail mais...Ça me révolte.
Ouais , malgré le fait que je sois un criminel , je suis pas sang coeur. Ça ne me viendrait jamais à l'idée de lever la main contre Aura ou de la menacer. Absolument jamais.
Je pourrai m'énerver contre elle bien sur. Je suis sanguin , comme on dit. Se mettre en colère , c'est une chose. Savoir la gérer en est une autre. Et , je pense que je sais comment réagir dans ces cas là .

En tout cas , Aura accepte de m'expliquer ce qu'elle ressent , et j'apprécie cette marque de confiance. Je l'écoute calmement me parler de ses craintes , de sa volonté de la surmonter. Elle me propose même de venir deux ou trois jours...Je lâche un petit rire à la pensée que ses amies se vantent d'avoir crée notre couple. Quest ce qui faut pas entendre...

"Tu veux dire venir au Brésil avec toi ?" , je répète pour être sur mais aussi noyer le poisson...Je ne veux pas lui dire non...J'aurai sincèrement envie mais... "Tes amies peuvent oublier l'idée que je les remercierai !"

Ah...le patron fait encore des siennes...Peut être qu'il a un sorte de sixième sens. Je commence vraiment à me le demander , d'ailleurs. Ce serait injuste qu'il prive Aura de ses vacances car il a peur de moi...Ou est jaloux. C'est une possibilité également.
Je ris encore à la pensée qu'elle ai voulu lui annoncer un quelconque mariage et une grossesse , ce qui est impossible mais passons...Je veux répliquer une petite blague mais , je n'en ai pas le temps. Sa phrase suivante manque de me faire m'étrangler avec le cocktail , tant je ne m'attendais pas à ça.

Je tousse un peu , pour faire croire que j'ai bien failli avaler de travers et non que j'ai réagis à sa boutade...
Parce que c'est juste une plaisanterie , tu ne te doutes de rien Aura , pas vrai ? J'espère pour toi. Vraiment.

"J'ai jamais aimé ton patron." , je réponds simplement pour passer à autre chose . "Non , avoir mon entreprise ne m'intéresse pas. Ça demande trop de travail , et je ne suis pas prêt à la fournir." , je ne suis pas flemmard...juste honnête . Mes activités à côtés ne m'en laissent pas le temps.

"C'était excellent merci beaucoup , Aura !" , je lui souris à pleine dents , essayant d'oublier ma gêne passée. "Je ne risque pas d'oublier la nourriture , surtout pas ta cuisine maintenant que j'ai eu la chance d'y goûté !" , je commence d'ailleurs a manger le deseert que Aura vient de servir quand elle se remet à parler sérieusement d'un week end tous les deux...
Deux jours...C'est peut être faisable ?

"Ce serait une bonne idée." , je commence un peu hésitant. "Où ça ? Et pour ta fille ?"

Ravie de te faire plaisir, tu es le bienvenu, autant de fois que tu le voudras. Ecris-moi, juste une heure avant et je serais prompte à remplir ta panse. Ma mère dit toujours qu'on séduit un homme à son estomac, alors je m'y attellerais avec soin.

Je lui souris en coin puis je me penche sur la table, pour retirer une miette de gâteau sur le coin de sa bouche et l'embrasser tendrement. Je me surprends toute seule à exprimer tant d'affection aussi spontanément. Et je ne peux m'empêcher de lui sourire quand il pense à ma princesse. Était-il prêt à la rencontrer ? Était-ce prématuré ? En tout cas, je ne doute pas que les deux ensembles, me feront déjà suer. Connaissant ma fille, pour être bien plus taquine que moi, elle n'aura jamais de filtre. L'insouciante enfantine. Tout ce qui me plaisait. C'était grâce à elle et sa force que je m'étais battue pour lui offrir le meilleur.

Mon oncle et ma tante vivent ici. C'est eux qui m'ont aidé quand je suis arrivée. Ils la garderont sans problème. Surtout quand ils connaitront la raison. Ou alors, les filles se proposeront sans problème. Je devrais juste expliquer la situation avec Hope. Je ne sais pas trop quoi lui dire, honnêtement. Je ne doute pas de nous mais, je ne sais pas, c'est probablement trop tôt pour lui révéler ton existence ? Tu en penses quoi ? En pour notre weekend, on n'est pas obligé de partir trop loin mais ça ne fait jamais de mal de respirer un autre air, une idée où tu voudrais partir ?

Je commence enfin à manger mon gâteau. Ce n'était pas mauvais et j'étais réellement fiere de moi. Je nous resserre en cocktail, sentant mes joues rosir. La vodka commençait à faire son effet. Etant chez moi, je suppose que je n'avais pas besoin d'être sur le qui-vive. Mon téléphone vibre. Je lis le message et rougit aussitôt.

Message copine:

Et il se met à sonner et je décroche. Hope qui tenait absolument à me raconter un épisode important de sa série. Dix minutes, où je ris et commente tous ses propos. Je raccroche enfin.

Excuse-moi, Peppa Pig à la piscine, je devais tout savoir, et évidemment, ça ne pouvait pas attendre demain.

Je me détourne de sa personne pour préparer un thé et un café. Les deux m'allaient bien et je prends la tasse qu'il ne choisit pas. Une boisson chaude pour calmer mon ivresse qui se pointait lentement. Je reprends place face à lui.

Parle-moi de l'ambiance à ton boulot. Des amis ? Des ennemis ? Des amantes ?

J'éclate de rire, le taquinant un peu. Tout en jouant avec l'anse de ma tasse. J'avais tellement de questions à lui poser, ses expériences passées, ses ex, tout ce qui me trotte dans la tête. L'avant-Moi.

Je ne manque pas de remercier Aura pour le délicieux repas qu'elle a préparé. C'était vraiment bon , et je suis heureux d'avoir pu découvrir quelques spécialités de son pays d'origine. D'une certaine façon , ça me permet de me rapprocher encore un peu plus d'elle. Malgré le fait que je devrais l'éviter à tout prix , mais c'est encore une autre histoire...
Bref , Aura est prête à me faire souvent à manger si je lui écris avant. Ah oui ? Mais , c'est le paradis sur terre ça !

"Ta mère a une sacré vision des hommes !" , je rétorque , amusé avant de lui rendre son baiser. Je suis d'ailleurs un peu surpris qu'elle agisse si spontanément mais...c'est agréable.

Tout comme l'idée de partir quelques jours ensemble. J'imagine que je pourrais bien me libérer le temps d'un week-end ? Je ne peux m'éloigner trop longtemps du clan mais...deux jours ce n'est rien. Et , surtout il faut que je m'arrange pour qu'aucun des membres de ne sache que je pars avec Aura. Je ne peux pas la mettre en danger de cette manière , elle ou la petite Hope. Non , vraiment je dois tout faire pour que mes "amis" ne les connaissent pas.

Qui va garder Hope d'ailleurs ? D'après Aura , sa tante et son oncle qui l'ont déjà aidé ou ses amies sont prêt à le faire sans problème . D'accord. Ça nous laisse donc effectivement la possibilité de partir.

"Eh bien , je ne sais pas trop quoi te dire. Tu la connais mieux que pour moi pour savoir quand le moment sera venu. Je ne te forcerai pas à le faire , en tout cas. J'aimerai bien la rencontrer c'est vrai , mais je saurai être patient." , dans un sens moins je la vois mieux ce sera pour elles. "Et pour notre week end donc...Je dirai loin de la ville. Histoire de vraiment changer d'air. Au bord d'un lac...c'est romantique , non ?" , je lui demande un sourire taquin aux lèvres.

Je suis loin d'être un grand romantique même si tout est simple avec elle. Et , je ne suis pas quelqu'un de très proche de la nature non plus. Mais , le moment me semble bien choisi pour corriger cela. Surtout avec Aura. Je préfère que l'on soit dans un endroit le plus calme possible pour profiter , et éviter les...dangers qu'offrent les villes.

Je bois à nouveau un peu de cocktail quand Aura me ressert. Son téléphone vivre et elle rougit en lisant le message. Tiens ? Pourquoi ? Son patron ? Ses amies ?
Enfin , ça ne me regarde absolument pas. Je préfère finir le dessert , sans rien dire. Son téléphone sonne cette fois-ci , et je comprends bien vite qu'il s'agit de sa fille. Je l'écoute patiemment les minutes suivantes commenter les paroles de la petite Hope , et je ne peux m'empêcher de sourire en la regardant .

"Je suis sûr que l'histoire de Peppa Pig à la piscine devait être passionnante à entendre !" , malgré moi je trouve ça vraiment adorable qu'elles arrivent à parler si facilement , à être si proche. Je prends ensuite la tasse de café qui est clairement la bienvenue après tout cet alcool , avant de répondre à ses questions.

"Le boulot ouais...ben c'est assez solitaire finalement de faire des livraisons , tu sais. Tu passés à l'entrepôt mais ta pas le temps de faire la causette. Les délais sont souvent intenables , d'ailleurs." , je soupire. Encore je me plains mais je suis à mi temps pour me laisser du temps pour...bref. "Difficile de se faire des amis , encore moins des amantes !" , je ris doucement.

"J'ai un collègue , Will avec qui je prends quelques pauses quand on livre dans le même coin. Un mec sympa. Mais désolé de te décevoir , je ne collectionne pas les femmes ! Sérieusement , je suis pas ce genre de gars." , je suis pas le cliché du sale type des gangs. Enfin , ça dépend pour quoi. Mais clairement pas pour le fait d'enchaîner les conquêtes. Je dirai pas que ya jamais eu des histoires uniquement de cul mais...c'était plus dans ma "jeunesse".

Je n'aurais pas cru qu'Aaron accepterait de rencontrer ma Princesse. J'aurais pensé qu'il serait plutôt frileux avec l'idée. Et je ne peux m'empêcher de sourire bêtement. Je crois que je suis encore plus étonnée quand le mot romantique sort de sa bouche. Il vient vraiment de le dire ? Je crois que j'ai trop bu. Et je rougis. C'était tellement mignon, mon cœur bat plus vite que je ne le voudrais. Mais quel Être parfait ! Je suis en amour.

La féerie perdure quand il me dit qu'il n'est pas un Don Juan. Pourtant, c'est un très bel homme. Qui ne voudrait pas le remercier en nature ? Oh mon dieu ! Je viens vraiment de penser à ça .. Seigneur Aura. Je vais aller me confesser Dimanche. Faut que j'arrête l'alcool. Je me racle la gorge et me ressaisit.

Tu vas pouvoir prendre des jours de congé facilement ? Sauf si tu ne travailles pas le Samedi ? Je sais que je travaille un Samedi sur trois.

Mon âme d'organisatrice resurgit et mon cerveau turbine. Moi et mes plans utilisant toutes les lettres de l'alphabet sont déjà au taquet. Et mille et un scénario se font dans mon esprit. Je suis désespérante. Mais avec mes patrons, il va falloir que je m'y prenne à l'avance, surtout un et ses crises.

Près d'un lac ? Dans un chalet ? Ça serait merveilleux. Si tu connais des endroits, je te suis ! On est allé une fois pour fêter l'anniversaire d'une d'entre nous. Je ne saurais te dire le nom mais je peux toujours me renseigner, si tu veux. Tu as déjà fait de la randonnée ? Ça peut être sympa de tenter, non ? Ou tu veux vraiment un truc ultra reposant ?

Aura semble tenir à cette idée de week-end, et malgré moi je crois que je suis vraiment partant. J'aurai peut être dû réfléchir un peu plus , avant d'accepter aussi vite , non ?
Les gars vont forcément me demander où je pars tout un weekend ? C'est plus eux le problème que mon travail , contrairement à ce que pense Aura.
Je la rassure sur ce point.

"Je n'ai pas pris de congé depuis un moment donc ça ne devrait pas poser de problème. J'imagine que pour toi va falloir éviter de dire où tu vas à ton patron hein !" , avec qui surtout.

C'est surtout qu'à mi-temps , je ne fais pas tant de weekend que ça, pour les besoins de mon gang et c'est bien mieux comme cela. Bah , j'en fais quelqu'un c'est vrai , mais il n'y a pas de raison pour que mon patron me refuse des jours de congés. Je peux proposer de travailler à un autre moment sinon , de remplacer un collègue.

Je viens vraiment de penser ça ? C'est de moins en moins raisonnable , là. Peut être que son patron , trop protecteur ou amoureux qui sait , doit avoir raison. Ça va mal finir cette histoire.

Alors pourquoi je ne pars pas ?

"Non je t'avoue je ne connais pas d'endroits. Je suis un gars de la ville...d'où l'envie de sortir. Tu étais près d'un lac dans un chalet c'est ça ? Ça serait vraiment sympa qu'on fasse quelque chose du genre , j'aimerai bien. Tu peux regarder ? Quant à la randonnée...bon j'en ai jamais fait. Tu sais que je suis pas un grand sportif. Mais , si l'idée te plaît , je te suis sans probleme." , et petit sourire charmeur.

Je suis vraiment en train de faire n'importe quoi , de perdre pied. De m'accrocher de trop , au point de faire des concessions. Mais , j'en suis heureux. Aura est tellement loin de la violence que je vis quotidiennement.

Il m’aura fallu deux semaines pour tout organiser : la destination, le chalet, les activités et les courses. Deux semaines où j’avais décidé de faire une surprise à Aaron. Je sentais bien qu’il n’était pas franchement serein tandis que moi, j’étais intenable. Je n’avais même pas eu à me battre pour prendre congé. J’avais juste pris le Vendredi pour tout préparer. Je voulais que tout soit parfait. J’avais quand même préparé au moins le repas du soir. Pour trois jours deux nuits, je suppose qu’on n'allait pas trop dépenser. J’avais fait une liste au préalable qu’Aaron aura juste à confirmer ou modifier en arrivant, rien de léger. On commençait à approcher des températures fraiches, c’est ainsi que je me justifierais.

Hope suspectait quelque chose, je ne l’ai jamais autant laissé à quelqu’un d’autres que ces derniers mois. Alors j’ai pris le temps de lui parler d’Aaron. Je ne me voyais pas lui mentir. Sa seule inquiétude, c’était de savoir si elle allait devoir partager du gâteau au chocolat avec lui. Fou rire monumental que j’ai raconté à Aaron le soir même. J’étais soulagée qu’elle puisse envisager de faire de la place à un autre adulte. Je ne sais pas quand ils allaient se rencontrer mais elle avait décidé que je rayonnais davantage. Je ne saurais le dire mais oui, ça se pourrait.

Les filles étaient intenables. Et me forçaient à les laisser m’aider à faire ma valise. Ce qui signifiait, clairement pas des pyjamas en moumoute. Je .. Hors de question. Trop tôt ? Je ne sais pas. Cela fait des années que je n’ai pas approché un homme aussi intimement. C’était même exclu. Je les ai chassés, préférant la faire seule et sans tenue affriolantes. J’étais même prête à y mettre un cadenas avec elles. Le temps me fut tellement long jusqu’au Vendredi.

Le temps qu’Aaron me rejoigne chez moi, j’allais déposer Hope chez mon oncle. Des bisous, des promesses. Elle déballe tout à ma famille qui se rejouisse pour moi et me presse de le rencontrer. Jamais, dans ma tête. Une vingtaine de minutes et je le retrouve enfin, grand sourire aux lèvres quand je l’aperçois. Un chaste baiser et on charge ma voiture. J’étais surexcité intérieurement.  

J’espère que tu es prêt, tu ne vas pas être déçu !!

Cette idée de week-end à deux a vraiment plu à Aura. Et moi , j'ai craqué. J'aurai dû fuir en courant sitôt l'idée présentée , mais je n'en ai pas eu le courage. Donc nous voilà dans cette situation merdique. Ça promet. Bon , les gars ne suspectent toujours rien , et c'est l'essentiel pour moi , pour le moment.
Techniquement, tant que personne n'est au courant , tout roule. Aura ne risque pas de payer mes erreurs , ni la petite Hope. Mais , je ne peux m'empêcher de m'inquiéter. C'est presque comme si je me rongeais les ongles jusqu'au sang. C'est stupide , vu que ça ne va strictement rien changé à la situation. Ce qui est fait est fait. Le seul moyen durable de les protéger c'est de...sortir de leur vie. Définitivement. Et , je suis incapable de m'y résoudre , pas même l'espace d'une seconde.
Je crois que je suis terriblement lâche . Surtout que je n'aurai aucune excuse valable à lui sortir. Tout va à merveille dans notre début de relation , j'aimerai rencontrer sa fille , et la petite justement semble bien prendre cette histoire. Bref. Faut que j'arrête de me torturer l'esprit. Juste profiter de ce weekend.

Comme je le pensais , je n'ai pas vraiment eu de mal à prendre des congés. Je devais juste me réserver le vendredi, mais j'étais libre de toute manière le reste du weekend. Quant aux gars , je vais inventé une excuse bidon , style une grosse grippe qui m'éloigne des activités. Impossible de leur dire ce que je fais réellement , ou avec qui. Évitons les risques inutiles.

J'ai laissé toute l'organisation de notre sortie à Aura , mais je ne vais ma culpabiliser sur ça. Je crois que si j'avais dû m'en occuper , on ne serait soit jamais partis , soit jamais arrivé. Ça fait partie des choses que je suis incapable de réaliser correctement.
Question affaires , je n'emmène pas grand chose. Je prends une petite valise , où je glisse quelques habits de rechanges et mes produits de rassage. J'hésite de longues minutes sur le fait de prendre une arme. J'en porte toujours une sur moi , c'est une habitude de longue date. C'est presque devenue une part de moi, un truc dont je ne peux me séparer sans être mal à l'aise.
Donc , après réflexion , je décide de ne pas la porter sur moi pendant notre trajet , mais de glisser le Glock entre deux t-shirt. Comme cela , si Aura venait à ouvrir mon bagage , elle ne trouverait rien de suspect au premier coup d'œil .

Je rejoins donc Aura chez elle , mes doutes envolés sitôt que je croise son regard . Pourquoi s'inquiéter ? Je n'ai qu'à profiter de ce moment. On s'échange un baiser , et je pose ma petite valise dans son coffre , repensant malgré moi à l'arme qui se cache dedans. Je chasse ma gêne pour offrir un large sourire à Aura :

"Je suis né prêt ! Alors dis-moi tout !" , je réplique , curieux de savoir ce qu'elle nous a préparé.

"On monte ? Tu conduis ?" , je demande en désignant sa voiture. "Alors où allons-nous ? T'a prévu quoi ?"

- Je conduis mais je ne te dirais rien du tout. Seulement ce que tu sais déjà. Deux nuits, trois jours. On repart Dimanche à dix-sept heures et notre destination est à deux heures d’ici. Tu vas voir, c’est génial. On va faire de la randonnée comme on avait dit la dernière et plein d’autres activités. Et je veux bien que tu conduises la première heure et je fais la seconde comme ça, tu auras la surprise jusqu’au bout.

Je mets le GPS jusqu’à une adresse à trente minutes avant d’arriver pour ne pas lui dire où nous allons, pile à une aire d’autoroute. Le silence s’installe en début de trajet. Et je crois qu’il va le rester pendant un bon moment. Je finis par somnoler au bout de vingt minutes de voiture. Je crois que j’avais surestimé mes capacités à lui tenir compagnie parce que ce n’est qu’au bout d’une heure trente qu’il ose enfin me réveiller. Parce qu’il ne savait pas où aller ensuite. Je ris doucement. On décide de faire une pause, sur l’aire pour manger un bout. On part en direction du dinner pour aller manger.

Installés à une table pour deux, je m’excuse platement d’être une copilote de maigre qualité. J’avais tellement peu dormi la nuit précédente, entre stress et impatience, je n’avais pas réussi à m’apaiser.

- Tu n’as pas eu trop de mal à pouvoir prendre congé du coup ?

Aura aime le secret visiblement. Je n'ai rien le droit de savoir , et je fais mine d'être vexé , prenant un air faussement boudeur. Je ne suis pas un grand fan des surprises mais...une surprise venant d'elle ne peut que me faire plaisir , non ? Je n'ai pas de raison d'en douter. J'acquiesce donc à sa proposition de prendre le volant. Ça ne me dérange pas de commencer, et ça arrange ses projets. Je règle donc le siège pour qu'il soit à ma hauteur , et je suis minutieusement les indications du GPS.

J'hésite à engager un nouveau sujet de discussion avec Aura , mais je constate rapidement qu'elle somnole. Je n'ai pas le cœur de la harceler de questions pour qu'elle se réveille. Au contraire , je préfère la laisser se reposer , rouler dans le calme , et me concentrer sur la route. Toutefois , j'allume la radio au bout d'environ 40 minutes , trouvant pesant le silence de l'habitacle. Rouler sans penser à autre chose qu'au défilement du paysage a vraiment quelque chose d'apaisant.

J'atteins au bout d'1h30 l'endroit qu'elle avait réglé sur le GPS. Je suis bien obligé de la réveiller cette fois, un sourire taquin sur le visage. Il faut bien qu'elle m'indique la suite du parcours. Elle s'excuse de s'être endormie , et je la rassure tout de suite.
Ce n'est pas très grave : nous avons tout le week-end ensemble , pas vrai ?
On rejoint le dinner pour manger , et Aura relance d'elle-même la conversation.

"Aucun problème , à vrai dire. J'avais des jours à prendre depuis un petit moment, et je ne travaillais pas tout ce weekend de toute façon. Et toi ? Ton patron a refait des siennes ? T'aurai dû lui raconter qu'on partait en lune de miel !" , je plaisante en souriant, heureux de pouvoir lancer une nouvelle pique sur son patron.

"J'ai toujours pas le droit de savoir où l'on va ? Tu te sens assez en forme pour finir le trajet ?"

J’arque un sourcil, étonnée le ‘entendre parler de mon patron. Et je ris doucement.

- Il n’était pas là quand j’ai ma demande de congé. Comme j’ai plusieurs patrons, je n’ai pas eu à m’expliquer. Mais je note qu’un jour, on se mariera et on l’invitera pour l’éclabousser de tout notre bonheur.

Je souris doucement. Me marier, un projet que j’avais enterré depuis que j’ai fui mon pays. Cela m’étonnerait qu’il soit de ce genre d’homme à s’engager civilement mais bon, je ne savais pas tout de lui alors bon, l’espoir était permis.

- Non seulement tu n’as pas le droit de savoir mais, on est presque arrivé, profite en pour ronfler un bon coup. Je vais payer, débarrasse.

Je me lève avant qu’il ne proteste, j’étais bien décidé à remporter autant de bataille financière avec lui. Je n’étais pas de celles qui laissaient leur mec tout payer. Mais l’inverse, ne me dérangeait pas plus que ça.

C’est à mon tour de conduire et je suis le GPS mettant l’adresse de notre destination finale. On arrive à une barrière et je présente un badge reçu, il y a quelques jours. Un écran nous indique l’allée où se trouve notre chalet. Je conduis prudemment et on arrive à notre maison temporaire.

- Bienvenue chez nous pour ce weekend, nous sommes à Harriman et on va bien s’amuser mais pour l’heure, il faut que nous fassions des courses et comme je ne sais pas ce que tu n’aimes pas, j’ai préféré attendre que nous soyons sur place pour les faire.

Je l’aide à sortir nos valises et je fais le tour des lieux avec la liste de première visite, j’en profite pour ouvrir les fenêtres afin d’aérer. Tout était nickel. Je me pose en bord de fenêtre, donnant sur le lac. Je n’arrivais pas à croire que nous allions être que tous les deux.