Je choisis de laisser Aura décider de l'endroit , où nous irions nous promener. Je souris , lorsqu'elle va jusqu'à me traîner par le bras. On dirait des adolescents qui vivent leurs premiers émois. Ça ne me dérange pas vraiment , ça m'amuse. Retrouver un peu d'innocence ne peut pas me faire de mal , je crois. C'est peut être pour ça que je me sens si bien avec Aura , pour ce côté là.

Aucun de nous deux n'est innocents pourtant , elle pour son passé et sa fille , et moi pour des raisons qu'elle ne connaît pas et ne connaîtra pas.

Malgré l'heure , le quartier est encore très bien réveillé. Il y a quantité de stands de nourriture d'ailleurs , et Aura tient absolument à s'arrêter partout.
On vient de manger.
Comment peut-elle encore avoir envie ne serais ce que de regarder de la nourriture ?

"Tu as un vrai amour pour la nourriture , on dirait." , je lâche amusé alors qu'on parcourt les différents stands.

Nous sommes finalement arrêter par un vendeur de roses , qui m'assure que offrir une fleur à Aura nous promet un avenir éternel. Ben voyons. Si c'était si simple. La jeune femme ne semble pas spécialement intéressé par les fleurs , donc je ne sais pas trop quoi faire.
Je réfléchis quelques instants et finis par en acheter une , assez petite que j'offre à ma compagne , je crois que je peux utiliser ce terme ce soir ? :

"Oublie un peu la nourriture deux minutes. J'avais envie d'être un peu romantique." , je lui dis en lui tendant la rose avec un clin d'oeil. Je m'autorise même un petit bisou amical sur sa joue.

Voilà qu'un peu plus loin , on tombe sur un stand de barbe à papa. Et Aura en veux absolument , même une crêpe en plus.
Ses yeux , doux et vraiment jolis , me font complètement craquer.
Oui , je me sens littéralement fondre ce soir , avec elle. Je ne suis pas sûr que ce soit une très bonne chose. Mais , je ne veux pas y penser pour l'instant.

"Je me demande comment tu peux encore avoir envie de manger à cette heure ci , après le restaurant." , sourire en coin , taquin.

"On dirait une enfant." , j'insiste évidemment pour que ce soit moi qui paye tout.

Histoire de ne pas la laisser se faire plaisir toute seule , je l'imite et prend aussi une crêpe au sucre. C'est le seul truc , pas trop gros , que je'pense pouvoir encore avaler. Je lui tends ses deux sucreries.

"Je vais retenir le fait que t'acheter à manger fait ton bonheur." , j'ajoute avec un petit rire. Tout semble simple avec elle , même alors que l'on a abordé des sujets difficiles ce soir.

« Je vais retenir le fait que t'acheter à manger fait ton bonheur. »

Il n'avait pas tort. Je ris doucement, mangeant avec grand plaisir ma barbe à papa. Pour le moment, je ne culpabilise pas des kilos que je vais prendre. Je fais une pause dans ma gourmandise, lui révélant mon projet fou.

« Je plaide coupable manger est une passion, à tel point que j’aimerais être à mon compte un jour, tenir un petit stand, c’est ce qui me rendrait véritablement heureuse. Plutôt que de subir les commentaires d’un imbécile. »

Je me rends compte que j’en avais parlé à personne. C’était réellement un espoir de transformer ma passion en un métier. Je suivais des formations en secret. Je ne voulais pas entendre les avis de mon entourage, qu’ils soient positifs ou non. J’avais la ferme intention d’avancer à mon rythme. Je sais que cela va couter de l’argent, mais j’étais consciente. Pourquoi, lui en parler ? Je ne sais pas le bien-être du moment doit me faire pousser des ailes. La soirée se poursuit, et je décide d’acheter un sachet de cacahuètes sucrées pour Hope. Elle avait hérité de mon palais pour les bonnes choses. Cuisiner à quatre mains, était toujours un adorable moment, avec elle.

Quand le froid se fait plus intense, on décide rentrer. On se taquine sur le retour. Et il décide de me ramener. Ma tête collée contre la vitre, j’observe le paysage nocturne défilant sous mes yeux. Le silence pour nous tenir compagnie, et toujours plaisant avec lui. Je me repasse cette journée. La peur de le perdre – alors qu’on ne se connait que depuis quelques semaines, le restaurant, nos révélations et cette gourmandise pleinement assumée. Est-ce que notre relation sera toujours mouvementée ? Je lui indique ma maison, dans la résidence et il prend le temps de se garer et même de me ramener jusqu’à ma porte.

« Merci pour cette journée, outre la frayeur, tout était parfait. La prochaine fois, c’est moi qui t’invite et tu finiras en cobaye »

Je ris doucement, à la perspective de l’inviter à la maison.

« Je te souhaite une bonne nuit Aaron »

Je me mets sur la pointe des pieds, pour l’embrasser sur la joue. Bon d’accord, j’ai sacrément manqué d’audace, pour le coup. Et j’entends déjà les filles me huer d’exaspération.

Je fais remarquer à Aura que elle semble avoir un réel amour pour la nourriture. Ça lui donne un vrai côté adorable , je dois dire. Vraiment.

Elle me répond que oui , manger est une passion telle qu'elle aimerait en faire son métier également, un stand de ce genre à son compte. C'est évident que ça lui éviterait les commentaires de son abruti de patron.
C'est un bel objectif. Oui , dit comme ça, ça paie pas de mine mais le plus important , je pense , c'est de faire quelque chose que l'on aime. Dans lequel on se sent bien.

"Pourquoi pas alors ? Tu pourrais manger la moitié de ce que tu dois vendre." , faut bien la taquiner un peu.

Ça lui ferait un travail plus tranquille que l'actuel. Ou que le mien assurément. Hum. J'avais presque oublié cette histoire de gang...pourtant c'est dur à oublier.
On finit par prendre le chemin du retour , et je la laisse me guider jusqu'à chez elle.

"Merci à toi , Aura. Hâte d'être ton cobaye." , petit clin d'oeil.

En y repensant ça peut faire pervers non ? Enfin , c'était pas mon intention réelle. Du coup , j'en suis un peu gêné . Je crois que ça ne la perturbe pas ? Pas trop ? Je ne sais pas.

Un bonne nuit accompagné d'un petit baiser sur la joue. C'est tout ? Après tout ça, j'ai juste le droit à une bise ? Je fais une petite moue à la jeune femme.
Je ne suis pas sûr d'avoir le courage de lui demander plus.
Et la prendre par surprise , ça serait irrespectueux non ? J'hésite.
Je ne sais pas trop sur quel pied danser.
Et , si elle le prenait mal ?

Finalement , je prends mon courage à deux mains , pitié faites qu'elle ne me gifle pas ! Que je gâche pas toute cette soirée !
Je dépose très brièvement mes lèvres sur les siennes , avant de lui adresser un sourire sincère.

"Bonne nuit , Aura."

Voilà trois semaines que je suis avec Aaron et tout ce passe merveilleusement bien. Je ne m’attendais absolument pas à ce que notre relation soit si fluide. L’attachement fut présente dès le départ – depuis le jour de l’an – mais je n’aurais pas cru que cela soit si intense. Non pas dans le sens charnel, bande de pervers. Mais je suppose que depuis qu'on s’est avoué nos démons, je me sens plus libre à lui partager mes états d’âme. Dont la curiosité de mon Boss à son sujet. Bon, je me filtre pas mal, je n’ai pas envie qu’il pense être avec une névrosée non plus. Mais je peux dire que nos sorties, nos discussions, tout est parfait.

D’après mes copines, cela se voit sur mon visage. Les unes me disent de profiter et d’autres de restaient sur mes gardes. Mais Aaron est véritablement un ange tombé du ciel. Il est si compréhensif et patient. La Perfection, mon petit gars. Nous avons décidé de passer à l’étape suivante. Non toujours pas celle que vous pensez mais au moins diner chez moi. Jusqu’à maintenant, on se voyait toujours en terrain neutre, si je peux dire. Mais je ne sais pas, le besoin d’être posé dans un lieu en toute sécurité – je n’ai pas oublier l’attaque des semaines précédentes – me rendrait moins nerveuse.

C’était donc par message, non sans un bon coup de stress que je lui avais proposé. Il avait accepté, riant même que j’ai pu avoir peur. Cela fait donc trois jours que j’épluche mes bouquins pour lui concocter un divin repas et une façon de le remercier de me supporter. Imaginez dans les mois et années. Bon okay, je me calme, on n’y est clairement pas. Puis finalement, j’ai décidé de l’emmener au Brésil.

J’ai opté pour des Salgados en entrée puis un Gallletto alla brace accompagné de Feijoadaet en dessert des mini Brigadeiro et le tout servi avec le célèbre cocktail, Caïpirinha. Je me suis fait violence pour ne pas transformer ma maison en un mini Brésil. Bien que le salon y fasse déjà pas mal référence. Je pense qu’il sera vite repu, le pauvre. M’enfin, il pourra toujours en emporter avec lui, ce n’est pas un souci, j’ai tout prévu !

J’avais commencé la veille pour tous les plats nécessitant d’être mijoté et le dessert avec Hope. J’avais juste dit qu’un ami allait venir manger à la maison pendant qu’elle serait chez une copine. Même si cela se passe bien avec lui, et qu’il accepte largement Hope, je ne suis pas encore sereine à l’idée de les présenter. Est-ce qu’il prendrait peur, en la voyant et comprendrait que c’est véritablement sérieux ? Parce que si je lui présente ma prunelle, c’est que je crois véritablement en nous pour le restant de nos vies, concrètement. Donc ce n’est pas une étape à la légère.

Enfin bon, en attendant, il est sous le coup des 18h00 et il doit débarquer dans une heure et j’avoue, je flippe un peu, c’est con mais oui, je voudrais que tout soit parfait. Je me lave rapidement, me pouponne et décidé d’opter pour une robe fleurie mais cosy. Je fais les cent pas dans la cuisine craignant une impossibilité ou pire.

Parfois , j'ai l'impression que mon temps passé avec Aura est comme une parenthèse dans mon existence. Les moments avec elle sont agréables , lumineux. Mais , ensuite je retrouve mes démons , ce monde impitoyable et violent.

Et , je m'en veux de mêler Aura à ça , malgré elle. C'est sûr pour le moment , elle n'en a aucune idée . Je ne compte pas lui avouer , cela dit. Puis , je fais de mon mieux pour ne rien laisser paraître au sein du gang. C'est rare de sortir avec quelqu'un...d'extérieur.

Et , Aura ne doit absolument pas se retrouver dans ce milieu. Je refuse , aussi bien pour elle que pour sa fille. Alors , je ne connais peut être pas encore cette Hope dont elle me parle tant , mais ça ne change rien à mon désir de les protéger , toutes les deux , de cette ambiance.

C'est pour ça que j'ai hésité en recevant l'invitation de la jeune femme. J'ai lu le message plusieurs fois. Je sais que le fait qu'elle m'invite chez elle représente beaucoup , pour nous deux. Ça rend notre relation plus...concrête ? Sérieuse ?
Enfin , nous ne sommes pas des gamins. Mais , l'idée de donner cette tournure à nos rapports déjà dangereux pour elle n'était pas pour me rassurer.

Pourtant , j'ai répondu positivement à son invitation. Je n'ai pas plus réfléchi que ça, ou je n'ai pas pu résister à l'idée de passer une nouvelle soirée en sa compagnie.

Aujourd'hui , est donc le grand jour. Je m'arrange pour arriver presque pile à l'heure. Trop tôt lui ferait croire que je suis euh...impatient , et trop tard ne fait pas sérieux. J'en profite pour lui acheter une petite surprise , avant de prendre la direction de chez elle.
J'ai hésité sur la façon de m'habiller , mais j'ai opté pour un jean propre et...Et la fameuse chemise ! Point important. J'aime bien le clin d'oeil. Puis , ça reste simple. N'en faisons pas trop. On n'est qu'au début...

Je sonne donc chez Aura les deux mains dans mon dos , lui souriant lorsqu'elle ouvre la porte vêtue d'une jolie robe fleurie qui lui va bien.

"Bonsoir." , je lui tends une boîte de chocolat. "Vu que tu aimes plus la nourriture que tout au monde..." , je lui adresse un petit sourire taquin avant de lui montrer ma deuxième main où se trouve la rose que je lui ai achetée avant de venir. "Mais , je me suis dit qu'un peu de romantisme fait pas de mal quand même ."

« Bonsoir, vu que tu aimes plus la nourriture que tout au monde… Mais, je me suis dit qu'un peu de romantisme ne fait pas de mal quand même. »

Et mon cœur fond littéralement. Cet homme est d’une perfection sans nom. Je prends la boite de chocolat et la rose. Je le remercie et l’embrasse tendrement.

« Cela tombe bien, j’ai fini une tablette hier soir devant une série. Tu tombes à pic. Comme tu es responsable de l’entretient de mes poignets d’amour, tu as gagné le droit de m’accompagner au prochain footing, ne me remercie pas. »

Un bisou sur sa joue, je ris en le taquinant et je me décale pour le laisser entrer. « Fais comme chez toi ! » Je referme la porte derrière nous et le guide jusqu’à la cuisine ouverte.

« Bon, j’espère que tu as faim, parce que je crois que j’ai cuisiné pour tout un régiment. Tu pourras toujours en donner à d’autres. Ne faudrait pas les priver de mes talents. »

Promis, je ne fume rien mais je crois que l’humour sera mon arme pour contrer mon oppressant stress.

« J'espère que tu as passé une bonne journée : tes livraisons ne t'ont pas trop éreintées ? »

Je le laisse s'installer sur la table de la cuisine. Enfin, c'était plus un bar avec des chaises hautes. Etant que nous deux, je me suis dit que je n'avais aucun intérêt à tout mettre sur la grande table. On aurait l’air fin, avec autant de distance entre nous. Ainsi, je peux à la fois terminer les cuissons et discuter avec lui. J'enfourne l'entrée et lui sert le cocktail de la soirée.

« Tu m'en diras des nouvelles. Je ne l'ai pas fait trop fort, au cas où, tu n'apprécierais pas ; Sinon, j'ai des bières, je sais que je ne me trompe pas là. »

Nos deux verres remplies et décorés aux couleurs de mon pays, je lève mon verre et trinque.

« Espérons que tu ne tombes pas malade, ou la gorge en feu. »

J’éclate de rire, m'épuisant toute seule. La sonnerie du four m'indique c'est prêt. Munie d'une manique, je sors l'entrée et dresse deux assiettes, je glisse la seconde vers lui.

« Monsieur est servi ! » Annonçais-je avec un grand sourire. Fière.

J’enlève mon tablier, me lave les mains et viens m’asseoir, face à lui. Je conserve le silence, laissant ma timidité prendre le dessus. La première bouchée ravit mes papilles. il y avait des défauts mais pour ce soir, je ne ferais aucun commentaire. C'était un moment plus que plaisant et je ne voudrais absolument pas l'entacher avec des commentaires négatifs.

« Alors, qu'en penses-tu ? »

J'essaye de ne pas me faire trop insistante. Mais bon, que je sache si je dois commander un macdo ou non. En attendant, son avis, je me bois une bonne rasade. C'était vraiment léger. Il ne pourra pas dire que j'abuse de lui par l'alcool, au moins. Mes copines auraient dit que ça serait caché un tel potentielle. Insortables celles-là. Je reprends la dégustation de mon assiette.

« Oh, je ne t’ai pas dit mais les filles veulent aller au Brésil pour quelques jours. »

Si mon cadeau me fait gagner un baiser , il semble qu'il va me condamner à faire un footing avec Aura. Courir ? Quelle horreur !
Je refuse de faire ça. Je ne le fais que lorsque je suis obligé , souvent avec le gang d'ailleurs...Mais , jamais par plaisir.

"Faudra me traîner alors." , je réplique peu enclin à devenir responsable de ses futurs kilos en trop.

Je la suis ensuite , ne manquant pas de jeter un regard par dessus mon épaule avant. Un réflexe issu de la partie de ma vie que je ne peux pas lui avouer. Je suis Aura jusqu'à sa cuisine ouverte , lorsqu'elle ajoute qu'elle a probablement cuisiné pour un régiment. Venant de quelqu'un qui aime tant la nourriture , ça ne m'étonne pas.

"Ne t'en fais pas , je suis affamé , alors je compte bien faire honneur à ta cuisine !" , je lui réplique avant de prendre place sur une des chaises hautes. Ah le travail. Étant donné que mon boulot du jour était loin du fait de faire des livraisons..Je ne vais pas m'attarder sur le sujet. "C'était une journée habituelle. Tranquille." , je mens d'un ton parfaitement détaché.

Je la regarde silencieux tandis qu'elle finit de préparer à manger. J'espère quand même qu'elle ne s'est pas donné tant de mal juste pour...juste pour nous deux ? Elle a aussi son travail , alors je suis un peu gêné à l'idée qu'elle se soit donné tant de peine pour ce repas.
Ça me fait plaisir bien sûr mais...ça rend notre relation encore plus sérieuse , et je ne sais toujours pas si c'est une bonne chose.
Je lui souris en soulevant mon verre pour trinquer.

"Tu es la Reine de l'humour décidément. Je vais finir par avoir vraiment peur !" , je goûte le cocktail et effectivement il n'est pas très fort. Juste bien dosé à mon sens. Je ne suis pas du genre à boire des boissons fortement alcoolisé de toute manière . Comme elle le dit , la bière ça passe tout seul. "C'est très bon." , je dis à Aura sincère.

"C'est une spécialité de chez toi , alors ?" , je demande en goûtant l'entrée qu'elle vient de servir. Je ne sais pas ce que c'est, mais on sent clairement le goût des crevettes. "J'aime bien en tout cas. Je constate que tu cuisines bien !" , j'ajoute un sourire sur le visage. Elle m'apprend ensuite le projet de ses amies.

"Ah oui ? Tu vas aller avec elle alors ? Leur faire visiter ?"

« Tout ce que tu vas manger est une spécialité de chez moi comme tu dis. Et j'espère que tu ne tomberas pas malade. »

Je le dis avec un grand sourire, mais si cela arriver, je me sentirais si mal pour lui et je pense que je remettrais ma reconversion à plus tard. Mais pour le moment, Môsieur, constate que je cuisine bien, non mais, j'hallucine. Je ris doucement et roule des yeux.

« Je me suis donnée du mal pour ta panse mon cher alors j'espère bien que tu vas constater et finir ton assiette. »

Je décide de me lever pour mettre au four la suite du menu et reviens boire une gorgée. Mon cocktail a vraiment un petit gout de reviens-y, c'est à moitié dangereux, même peu alcoolisé.

« Ah oui ? Tu vas aller avec elle alors ? Leur faire visiter ? »

Je hoche la tête et prend le temps de lui expliquer plus précisément.

« J'y vais une semaine en été mais en général, je ne ressors pas de la maison de mes parents. Cette fois, ça serait vraiment un road-trip entre filles pour fêter notre amitié. Je me laisserais bien tenté. Mais bon, je ne suis pas encore certaine de moi. Tu ferais quoi à ma place ? »

Je grimace, un peu boudeuse. Je déteste être en proie aux incertitudes. J’avais peur, de le croiser. Peur de ne pas pouvoir me défendre. Je ne quittais jamais mes parents, parce qu’il n’y avait qu’avec eux que je me sentais en sécurité.

« Enfin, non, oublie, c'est ridicule. Je veux dire, ce sont des histoires de fille. Parlons plutôt de tes prochaines vacances, pour aller lézarder toute la journée sur un transat. »

Je ne sais pas pourquoi, je lui ai demandé son avis. Comment pouvait-il se mettre à la place d'une femme battue ? C'était indécent de ma part et j'espère ne pas l'avoir mal à l'aise. Bravo Aura, reine pour gâcher des ambiances. Plat de résistance prêt, je le place en bout de table et sers nos assiettes.

« Tu m'en diras des nouvelles ! »

Ce que Aura m'a préparé , vient effectivement de son pays et , elle espère que je vais finir mon assiette. Je ris doucement. Elle n'a pas à s'en faire pour cela , je vais me donner à coeur joie , quitte à finir malade. Quand le sujet vient sur ses amies qui souhaite partir au Brésil , je la sens hésitante. Pourquoi me demander mon avis ? Je pensais que ça lui ferait plaisir de retourner chez elle , un peu plus souvent ?

"Pourquoi tu hésite tant ?" , j'ose demander. Je ne veux pas émettre de fausses hypothèses. "Ça te changerait peut être les idées , non ?" , son travail n'est pas de tout repos , alors j'imagine qu'un peu détente avec son groupe d'amis ne peut être qu'une bonne chose ? Enfin à moins qu'elle ai peur de retourner là-bas , à cause de ce dont elle m'a parlé.

"Ça pourrait peut être te rassurer.", je dis finalement conscient que rester longtemps sur le sujet ne peut pas être productif et sera gênant pour elle.

"Je n'ai pas prévu de partir , moi !" , j'ajoute avec un clin d'œil . Pas pour le moment en tout cas. Aura nous donne le plat , et je m'empresse de goûter. C'est très différent de tout ce dont j'ai l'habitude de manger , mais c'est délicieux.

"Presque parfait !" , je lui dis un sourire taquin aux lèvres.

Je hausse les épaules, sans vraiment savoir comment l'expliquer. Je n’ai pas envie de passer pour une victime, même si, on persiste à me le rappeler, trop souvent, à mon gout.

« Disons que j'ai toujours la crainte de tomber sur des personnes indésirables. Mais je ne veux plus vivre dans la peur. Faut que j'en parle avec mes parents. Je doute qu'ils soient d'accord malgré les années. Mais bon, je suppose qu'il est temps de déchirer la page, une bonne fois pour toute. Et si tu veux, tu peux toujours venir deux-trois jours. Je ne doute pas que les filles soient heureuses de te rencontrer. Depuis le temps qu'elles me posent tout un tas de questions sur toi. Tu sais qu'elles se vantent le mérite que notre couple s'est créé grâce à elles. J'ai cru m'étouffer avec mon verre. Je pense que ça sera une étape libératrice, j'appréhende mais j'ai hâte. M'enfin, mon supérieur n'a pas encore validé mes vacances. Tu sais ce qu'il m'a dit, oh vous y allez avec votre .. Compagnon. Il l'a dit, avec un air.. Comme si j'étais devenue hérétique. J'ai failli lui sortir qu'on allait se marier parce que j'étais enceinte. Mais, je pense qu'il aurait tout fait pour te mettre en prison. Je ne comprends pas qu'on puisse être autant intrusif. Tu ne fais pas parti d'un gang qui sévit dans notre ville quand même. M'enfin, j'aime mon travail alors, je ne dis trop rien. Mais j'espère pouvoir me lancer dans la restaurant tout de même. Et toi, tu aimerais te lancer dans une entreprise à toi ? »

Les assiettes sont vides, tout pendant qu'on discute et cela me rend vraiment heureuse. J’y avais mis du cœur à tout confectionné.

« Bien mangé ? Je te mets les restes dans un tupperware. Tu peux même les congeler, si tu le fais aussitôt. » Je m'exécute aussitôt, débarrassant la table, mettant tout dans le lave-vaisselle et lui prépare deux tupperware. « Tu ne les oublieras pas ! »

Je prépare la dernière partie de notre repas. De la glace avec les petits gateaux que je sers dans une assiettes creuses afin de mélanger la sensation chaud froid du dessert et lui tends la seconde assiette.

« Et sinon, j'étais sérieuse pour un weekend que tous les deux. Histoire de respirer un coup ; Tu penses que c'est possible ? »