Au sourire qu’il avait en pensant à sa nièce, June su qu’il aimait vraiment cet enfant. C’était touchant. Malgré son caractère et son goût pour la solitude, Tobias était entouré d’une famille aimante. Elle se dit qu’il avait de la chance. Mais il ne semblait pas vouloir laisser tomber son histoire d’apprendre à nager. « -j’en profite déjà. Juste les pieds dans l’eau c’est bien aussi. » lui avait répondu la jeune femme qui n’était pas du tout à son aise en avançant peu à peu. L’eau montait maintenant jusqu’à sa poitrine, elle savait qu’un peu plus loin, ça serait trop. « -bas chassez votre petit sourire taquin et j’arriverais à croire autre chose ! » avait elle répliqué avant qu’il ne lui demande s’il pouvait la toucher pour l’aider. Hors de question qu’il ne la lâche là au milieu !

June ne fit pas de grands efforts, et elle fit bien vite demi tour pour revenir à un endroit où ses pieds pouvait la porter. La question de Tobias la surpris un peu, mais elle répondit avec sincérité. Elle n’avait toujours eu que sa mère. Le reste de la famille, elle ne le connaissait pas assez pour les considérer ainsi. Le Texas ne l’attirait pas plus que ça. Encore moins les vaches, la campagne et les tracteurs ! « -non. De toute manière ils doivent me croire morte. Techniquement. » sauf s’ils avaient la télé. Et encore, ils ne l’avaient pas vu depuis qu’elle avait quoi… huit ou dix ans. Depuis elle avait changé.

Ce fut ensuite son tour de poser une question qui sembla déstabiliser son interlocuteur. Elle eut envie de lui dire qu’il n’était pas obligé de lui répondre. Qu’elle n’aurait pas du demandé ça. C’était sa vie, il n’était pas dans l’obligation de lui confier ses états d’âme. Il sembla mal à l’aise, hésita mais finit par la regarder à nouveau et répondre. Elle hocha la tête en se pinçant les lèvres, oui il n’avait pas tord, la solitude allait avec la vie qu’il menait. La suite fut… étrange. Elle fronça les sourcils en ne comprenant pas tout de suite ce qu’il voulait dire. En fait elle l’interpréta à l’inverse. Elle venait troubler sa solitude. Enfin, ça n’était pas une grande nouvelle en soit, elle avait bien compris qu’elle était l’élément perturbateur de sa vie. June n’osa pas parler, se contentant de baisser les yeux en caressant à nouveau l’eau devant elle.

Lorsqu’il reprit la parole, elle se fit la réflexion qu’elle ne comprenait plus rien. Mais elle le regarda à nouveau, plissant légèrement les yeux comme pour desseller la blague derrière tout ça. Pourtant il semblait sérieux et sincère. Clignant des paupières en détournant les yeux elle reprit en souriant : « -attendez vous êtres en train de me dire que je vais vous manquer ? » elle ouvrit de grands yeux, à deux doigts de rire. « -détendez vous, je suis pas prête de mettre les voiles pour le moment ! » ajouta June avec son humour bien à elle. « -vous êtes encore coincé quelques temps avec moi, et je suis certaine que si ça dure des mois, vous serrez soulagé lorsqu’on se quittera ! » si ce jour arrivait. Si ça se passait ainsi. Elle leva une main et dit avec un haussement d’épaules : « -après on peut toujours vivre en collocation ! Peut être pas ici parce que vous allez m’avoir tous les soirs dans votre lit ! Mais... » elle ouvrit de grands yeux en réalisant ce qu’elle venait de dire : « -enfin je veux dire… » elle fit rouler ses yeux comme si c’était évident. « -les Wapitis, la forêt, les loups… » elle lui sourit amusée d’elle même et son regard accrocha le sien quelques secondes. Elle n’avait pas réalisé qu’ils étaient si proche l’un de l’autre. Un pincement de lèvres mal à l’aise soudainement alors que son regard glissait sur le torse de Tobias s’arrêtant une fois encore sur les trois traces qu’avaient laissé les balles. June décida de fermer les yeux fermement. « -enfin… en tout cas… ça me touche ce que vous venez de dire... » ajouta la jeune femme en le regardant à nouveau. « -en fait si je cherche bien, je crois que personne ne m’a jamais dis un truc comme ça. » à nouveau elle plissa les yeux en souriant, priant pour que la gêne ne s’installe pas entre eux.

Tobias en oubliait presque que la jeune femme avait dû tirer un trait définitif sur sa vie passée par sa faute. Il avait fait disparaître Daniela Williams pour faire naître June Miller, réduisant à néant le moindre lien familial qui pouvait encore exister. Il resta alors silencieux, se sentant quelque peu coupable qu’elle ait dû tirer un trait définitif sur sa famille. Enfin, le peu qui pouvait lui rester. Son silence se fit davantage plus long quand la jeune femme lui demanda s’il ne se sentait jamais seul. Cette simple question lui avait fait perdre ses mots pendant quelques secondes, peut-être minutes. Se sentait-il seul ? Parfois, mais il avait choisi cette vie depuis bien longtemps maintenant. Mais cette solitude commençait doucement à lui peser depuis June. Il vit à son regard qu’elle ne le comprit pas immédiatement, et la remercia intérieurement de le laisser poursuivre sa réflexion. La solitude allait lui peser quand ils devront se quitter, parce qu’il s’était fait à sa compagnie à ses côtés. Il appréciait leurs conversations, son humour et sa simple présence. Oui, il allait finir par se sentir seul à son départ… Tobias pencha légèrement la tête quand la jeune femme simplifia ses paroles et sourit « Oui » et acquiesça lentement de la tête. Il s’autorisa même un petit rire discret en s’imaginant prendre ses jambes à son cou si jamais toute cette histoire durait des mois « Vous aussi ».

Tobias se mit à hausser les sourcils non sans sourire en entendant le double-sens de la phrase de June qui s’en rendit compte, à son tour et il se délecta de sa manière de se rattraper en évoquant la faune sauvage vivant dans la forêt « Bien sûr, c’est évident » tout en haussant légèrement les épaules, confirmant que ça coulait de source. Elle n’allait pas occuper son lit pour autre chose que sa peur des animaux qui arpentaient la forêt à la nuit tombée. Son regard ancré au sien, il ne détourna pas le regard, sentant juste son cœur battre un peu plus fort dans sa poitrine quand elle se pinça les lèvres et que ses yeux glissèrent sur son torse, comme s’il craignait… appréhendait le moindre geste de sa part. Il se trouva ridicule. Il n’était plus un adolescent. Elle ferma soudainement les yeux, comme si elle s’en voulait de l’avoir regardé… Il hocha lentement de la tête et sourit timidement « Je n’ai jamais dit ça à personne. C’est une première pour nous deux » et fit un signe de tête en direction de la terre ferme « On va manger un morceau ? » et fit quelques pas avant de se tourner brièvement la tête vers elle, lui adressant un petit sourire.

Arrivé sur la terre ferme, Tobias aida June à le rejoindre et déposa une serviette sur ses épaules, avant d’en faire de même pour lui, s’essuyant les cheveux et le visage. Ils prirent ensuite place au sol et le tueur à gage distribua le repas du déjeuner « Bon appétit » avant de mordre dans son sandwich, observant le paysage qui s’offrait à eux « Mes cicatrices vous perturbent ? » demanda-t-il en tournant la tête vers elle. Il reprit un morceau et ajouta « Je peux vous proposer de rentrer se doucher, de regarder quelques films et ce soir… dormir à la belle étoile ? ». Une gorgée d’eau pour se rincer le gosier « Je ne veux pas qu’on parle de ce qui va suivre. Aujourd’hui, je veux avoir l’impression que nous sommes en vacances… » comme pour justifier ses choix pour le reste de la journée.

« -non je pense pas. » avait répondu June du tac au tac. Clairement elle n’était pas certaine de partir en courant si leur petite vie à deux durait encore des mois. Elle n’avait plus que lui, et elle avait clairement conscience que sans Tobias, elle n’allait pas vivre encore longtemps. De plus, malgré leur petite engueulade quelques jours plus tôt, elle trouvait que la cohabitation avec lui n’était pas si terrible que ça. C’était rare un colloc qui faisait la vaisselle, le ménage, à manger et en plus pas de bruit ! Et elle avait compris que s’il s’était emporté sur elle à l’hôtel, c’était parce qu’il avait eu peur. Il n’avait pas forcement su l’exprimer convenablement selon elle, mais c’était une certaine preuve d’amitié, et encore une fois, comme elle venait de lui confier pour effacer son trouble, jamais personne n’avait fait ça pour elle.

Elle apprécia le fait qu’il prenne ses mots et sa défense avec le sourire, évitant ainsi qu’elle ait besoin de s’enfoncer un peu plus encore. June fut soulagé lorsqu’il proposa d’aller manger. Il mettait ainsi fin à cette discussion qu’elle avait décidé d’engagé sans savoir pourquoi. Alors elle hocha la tête en soufflant un petit oui, avant d’avancer dans l’eau aux côtés de Tobias. Elle lui rendit son sourire et pour la première fois depuis qu’elle le connaissait, elle le trouva beau. Automatiquement elle se demanda si elle n’avait pas bu de l’eau de la source ou si ce lieu n’était pas magique pour lui faire penser un truc pareil. Un petit bafouillement de merci lorsqu’il posa sa serviette sur ses épaules. Lui tournant le dos, elle prit le temps de se sécher avant de nouer la serviette autour de sa poitrine, afin de couvrir un maximum de son corps. Maintenant qu’ils n’étaient plus dans l’eau, il ne faisait pas super chaud…

June pris place à côté de Tobias, et le remercia pour le repas, lui souhaitait également un bon appétit. Elle avala presque de travers en entendant sa question. Forcement elle rougit parce que oui, il avait bien vu qu’elle avait vu ! « -non… je… enfin... » elle sourit en grimaçant. « -disons que c’est différent de ce que j’ai pu voir sur le torse d’un homme jusqu’à présent. » les hommes qui étaient passés dans sa vie n’avaient pas de cicatrice, généralement plus des tatouages. « -je suis désolée... » avoua June en comprenant bien que ça pouvait le mettre mal à l’aise ou qu’il n’apprécie pas. La jeune femme partie d’un rire joyeux avant de répondre : « -alors le début du programme me va parfaitement mais la nuit à la belle étoile ? » son sourire allait d’une oreille à l’autre. « -soit vous voulez que je meurs rapidement d’une crise cardiaque, soit vous avez trouvez que j’étais pas assez collée à vous cette nuit ! » un nouveau elle rit. « -vous m’imaginez vraiment capable de dormir dehors ? On va finir dans le même duvet je vous préviens d’avance ! » elle était vraiment amusée de l’idée. Elle ajouta en le regardant avec douceur : « -merci de faire en sorte que ça soit un peu moins difficile. Et moi non plus j’ai pas envie de parlé d’après. Mais vous savez quoi… d’accord pour les étoiles. Pas pour dormir dans votre sac de couchage mais pour regarder les étoiles. j’ai jamais fais ce genre de trucs… C’est un peu de vacances de la découverte ! » elle avait conscience qu’elle devait vraiment passer à ses yeux pour une fille qui ne connaissait rien de la vie.

Assis au bord de l’eau, encore un peu trempé de leur baignade de la matinée, ils commencèrent à manger quand Tobias décida de l’interroger sur ces regard qu’elle avait posé sur son torse durant la matinée, ou plutôt sur ses cicatrices. Un sourire doux se dessina sur ses lèvres quand il la vit rougir comme une écolière à sa question. Il trouvait cela attendrissant de la voir mal à l’aise soudainement alors que ce n’était rien. Il se mit à rire doucement « Je pense que vous ne devez pas connaître beaucoup d’homme dans mon genre » et son sourire disparu quand elle s’excusa, avant de sourire de nouveau comme pour la rassurer « Vous n’avez pas à vous excuser ». Il n’était pas particulièrement fier d’être marqué physiquement par la vie, mais elles lui permettaient de ne pas oublier ce qu’il avait vécu, remerciant le Ciel d’être toujours parmi les vivants.
Tobias décida de changer de sujet en évoquant le programme qui allait suivre, donnant ainsi un air de vacances à leur traque. Ils avaient le droit de s’autoriser une journée de quiétude. Le danger viendrait bien par assez vite frapper à leur porte. Un léger plissement d’yeux, lui donnant un regard rieur et ce léger rictus amusé quand elle l’interrogea sur la nuit à la belle étoile. Il se mit finalement à rire discrètement tout en se passant une main dans les cheveux pour les remettre en arrière « On sera sur la terrasse, on ne risquera rien et puis je vous protège » et la regarda avec douceur « Et j’ai un grand duvet » alors qu’il termina son sandwich, s’essuyant les mains avec une serviette se trouvant le sac à dos.

Tobias releva son regard sur elle quand elle reprit la parole et lui sourit avec tendresse, son regard ancré dans le sien, et hocha lentement de la tête « On le mérite, non ? » que leur quotidien soit un peu plus doux de temps en temps. « Vous allez voir, sans la pollution de la ville, on a vu imprenable sur la voie lactée » et il aimait lui faire découvrir des choses comme la source d’eau chaude ou encore dormir à la belle étoile. Il se doutait bien qu’une fille de la ville qui se respecte ne dormait pas beaucoup à la belle étoile, sauf si elle était sans-abris. Il l’observa quelques secondes, et baissa les yeux sur sa bouteille d’eau dont il prit une gorgée « Allez, venez, on rentre » tout en rangeant le tout dans son sac, lui lançant quelques regards de temps à autre et monta dans la voiture. Quelques minutes de route et voilà qu’ils étaient de nouveau de retour au chalet. Tobias rangea le contenu du sac « Vous pouvez aller prendre vos douche, je ne vais pas tarder à en faire de même » et en effet, lui aussi se glissa sous l’eau chaude, troquant son maillot de bain trempé pour un jean et un pull sombre, ainsi qu’une paire de basket. Un regard pour le miroir, il se passa une main sur sa barbe qu’il tailla légèrement, une main dans ses cheveux pour tenter de les dompter, et quelques gouttes de parfum, avant de rejoindre June au salon. Ils passèrent toute l’après-midi à regarder des films, et le tueur à gage ne quitta le canapé que pour préparer le dîner, gnocchi au pesto, rien de bien sophistiqué, mais ça leur tiendra au corps pour la fin de soirée. Ils mangèrent en silence, comme bien souvent maintenant, débarrassa, fit la vaisselle, troqua sa tenue pour quelque chose de plus confortable et se retourna vers la jeune femme « Je monte au grenier, restez sage » et partit récupérer les duvets pour la nuit. Il en tendit à un June « A moins que vous vouliez venir dans le mien dès maintenant » tout en esquissant un sourire taquin, et installa le sien sur la terrasse non sans un regard pour le ciel étoilé, puis prit place dans ledit duvet.

Au milieu de ses joues qui avait rougit et de son regard qui s’était détourné, June avait articuler un : « -pas vraiment non… » avait d’y ajouter une pointe d’humour dont elle avait le secret : « -pour ça aussi vous êtes le premier ! » avant de lui présenter des excuses, qu’il ne jugea pas nécessaire. Un regard, un léger sourire et il enchaîna en lui proposant une journée de détente, presque de vacances. Elle se mis à rire devant l’idée de la nuit à la belle étoile, s’imaginant déjà au beau milieu des bois, en proie à toutes les bêtes sauvages de la création. Elle lui signifia avec humour que c’était une mauvaise idée. Et puis elle se trouva très conne, et rit de plus belle quand il précisa qu’ils se trouveraient sur la terrasse ! « -oh sur la terrasse ! Oh ba oui, aucun souci alors ! » c’était surjoué exprès parce que terrasse ou pas, ça restait tout de même le dehors ! Et June était une dedans ! « -si vous avez un grand duvet nous voilà sauvé ! » ajouta t elle en préférant en rire que de ressentir à nouveau cette gêne étrange.

La jeune femme trouva juste de remercier Tobias. Il semblait vouloir faire en sorte que leur séjour se passe au mieux, et surtout que June ne soit pas au bord de la déprime. Et pour cela, vraiment elle se devait de le remercier. « -je sais pas, je sais pas non vraiment ce que c’est que des vacances ! » ajouta la jeune femme avec une petite grimace. Quand on a besoin d’argent pour s’en sortir et ne pas vivre dehors, et bien les jours de repos ou les vacances c’était un luxe qu’on ne pouvait pas vraiment avoir. Elle sourit en l’écoutant, le regardant alors qu’il en faisait de même, avant de hocher la tête. Oui il était temps de rentrer. June enfila rapidement son tshirt par dessus son haut de maillot de bain, gardant autour de la taille la serviette. Une fois au chalet elle hocha à nouveau la tête, direction la douche. Elle pris son temps. Et lorsque June ressortie de sa chambre afin de passer une après midi télé avec Tobias, elle portait une robe pull qu’elle adorait parce qu’elle se sentait super bien dedans, laissant ses jambes nues. Une paire de chaussette basse de couleur différente parce qu’elle détestait faire ça lorsque le linge sortait de la machine. Remettre tout le monde ensemble. Elle avait remonter ses cheveux en un chignon vite fait sur la tête.

Chacun de son côté du canapé, ils avaient passé l’après midi devant la télé. Y allant de leur commentaires à la fin des films. Pas pendant, June était certaine que Tobias était le genre de personne à détester ça. Elle s’était installée au piano alors qu’il partait en cuisine. Et en fit de même lorsqu’il fit la vaisselle, se permettant même de chanter. La nuit était tombée, et lorsqu’il lui demanda de rester sage elle lui répondit simplement : « -je vais mettre un jogging. » jambes nues, elle savait qu’elle allait avoir froid. Elle ajouta donc un legging à sa tenue, avant de rejoindre Tobias et de récupérer le duvet. « -vous aimeriez bien... » lui répliqua t elle taquine en prenant le duvet. Un léger frisson une fois sur la terrasse. Pas certaine qu’elle passa la nuit ici… La nuit entière. Elle s’installa à son tour , restant assise, les genoux sous le menton levant timidement les yeux sur ce ciel qu’elle n’avait jamais admiré de cette façon.

Un sourire amusé « C’est la journée des premières » pour tenter d’alléger légèrement l’ambiance, puis elle s’excusa et il lui demanda de ne pas le faire. Ce n’était pas nécessaire. Il décida donc de changer de sujet en lui proposant une après-midi en toute relaxation, sans avoir à penser à Lee Jong et McPherson. Juste profiter de la vie et seulement cela. Une journée qui se clôturait par une nuit à la belle étoile, ce qui ne semblait pas réellement rassurer son invitée, mais il la rassura. Ils n’allaient pas dormir au milieu des arbres. La terrasse ferait très bien l’affaire. Un sourire quand il sentit son soulagement en prenant connaissance de cette information. Ça aurait été quelque peu sadique que de la faire dormir en pleine forêt alors qu’elle l’avait réveillé au beau milieu de la nuit pour un wapiti. « Je savais que l’idée allait vous plaire » et précisa que, de toute manière, son duvet serait assez grand pour eux deux. Il sourit tout en acquiesçant. Oui, ils étaient sauvés. « C’est une première aussi alors » en relevant son petit regard allumé d’une lueur taquine. Il ne souhaitait pas faire tourner cette journée en après-midi déprimante. Ce n’était pas le but recherché.

Ils finirent par rentrer au chalet, prenant une douche pour ôter toute trace de leur baignade matinale dans la source d’eau chaude, et ils s’étaient mis d’un bout à l’autre du canapé pour regarder plusieurs films, ne les commentant qu’à l’issue, appréciant que June respecte son silence durant le film. Il n’aimait pas cela. Que l’on bavarde durant. Ce ne fut qu’en fin de journée que Tobias quitta le canapé afin de préparer le dîner, et cela tout en musique. Plusieurs fois, il s’était surpris à arrêter de cuisiner pour écouter la jeune femme jouer, se surprenant lui-même à l’observer. Ils dinèrent en silence et lorsqu’il fit la vaisselle, il découvrit enfin sa voix et son talent de chanteuse, appréciant le son de sa voix. Il aurait pu l’écouter toute la soirée, mais la nuit était tombée et il était revenu avec les duvets pour rejoindre la terrasse. Il lui en tendit un lorsque cette dernière était revenue vers lui, vêtu d’un bas de jogging et ils prirent place sur la terrasse. Il lui proposa de venir le rejoindre dès maintenant et sourit tout en haussant les épaules « Peut-être » avant de s’installer dans son duvet. Tobias l’observa alors qu’elle levait timidement la tête vers les étoiles. Il décida de s’éclipser quelques secondes et revint avec un plaid qu’il déposa sur ses épaules « Les nuits sont fraiches ici » et reprit place sur son duvet « Vous devriez vous allonger, le spectacle est plus agréable » alors qu’il obéissait à sa propre consigne, un bras derrière sa tête. Il n’observait pas vraiment le ciel étoilé, mais plutôt elle. Il fronça les sourcils en s’en rendant compte et se concentra sur le ciel étoilé, mais au bout de quelques secondes, son regard dévia de nouveau sur June. Il décida donc de briser le silence « Vous avez connu quel genre d’hommes ? » avant de justifier sa question quelque peu indiscrète « Vous m’avez dit que j’étais le premier… à deux reprises ». Apparemment, elle n’avait pas rencontré d’homme à qui elle allait manquer, ou dont le corps était marqué par le front. Elle en avait eu un qui l’avait trompé. Il se disait qu’elle avait des relations à l’image de son ancienne vie : Chaotique. « Si vous avez peur, je suis là » alors qu’on pouvait entendre un loup hurler au loin.

June avait plissé les yeux à sa réponse. Mais bien sur ! Comme s’il n’attendait que ça qu’elle lui demande de pouvoir venir se loger au creux de ses bras. En tout cas, elle apprécia cette note d’humour. Tout comme elle avait apprécia la journée et le temps passé avec lui. Assise dehors, June avait levé les yeux sur les étoiles, découvrant vraiment pour la première fois un ciel étoilé. A Charleston elle aimait les regarder, mais il n’y en avait pas autant gommé par les lumières de la ville. Ici, au milieu de la forêt le spectacle n’avait rien avoir. Pourtant elle tourna la tête en voyant Tobias se lever : « -hé mais vous allez où ? » avait elle demandé en ne sachant pas si elle devait prendre peur toute de suite. En le voyant revenir avec un plaid elle sourit. « -vous êtes adorable. » lui souffla la jeune femme en sentant la couverture sur ses épaules. C’était sortie tout seul. Et c’était la vérité. Il était au petit soin pour sa personne et c’était aussi déstabilisant qu’appréciable.

La jolie brune releva le nez sur le ciel, avant de regarder Tobias en tournant la tête dans sa direction. Il s’était allongé. Elle ne le fit pas toute de suite, restant les genoux remontés sous le menton, le visage tourné vers les étoiles. Ce ne fut qu’en entendant la question de son protecteur que June se décida à s’allonger. Elle avait installé son duvet juste à côté du sien. Par précaution tout simplement. Elle posa ses mains sur son ventre, enroulée dans le plaid et soupira avant d’ouvrir de grands yeux. « -c’était quoi ça ? Sérieusement y a des loups dans cette forêt ? » demanda t elle en tournant son regard vers Tobias, s’étant redressé sur les coudes. Elle n’hésita pas trois secondes de plus et en deux coups de fesses se rapprocha un peu plus de lui.

Elle fixa à nouveau son regard sur le ciel, remis ses mains sur son ventre et décida de répondre : « -j’ai connu le genre menteur, joueur, profiteur, violent verbalement ou physiquement… mais le genre protecteur, je suis pas vraiment habituée... » elle ouvrit les mains avant de les refermer : « -même si ça n’a rien avoir puisque vous et moi ça n’est pas ce genre de relation que nous avons. » oui, autant préciser bien correctement que ça n’était pas comparable en fait. « -je crois que je n’ai jamais attiré un mec bien parce que j’étais pas quelqu’un de bien. J’ai jamais eu de chance, alors je crois que… je crois que je me disais simplement que je méritais pas vraiment d’avoir mieux. Je sais pas… quand j’y repense, j’ai vraiment évolué depuis quatre ans... » elle le savait aujourd’hui, jamais elle n’accepterait d’être traité comme elle l’avait été. « -enfin, ils étaient pas tous méchant et méprisable. Ils avaient aussi des bons côtés. » il allait finir par croire qu’elle ne tombaient sous le charme que des crétins.

Un petit sourire quand June semblait rester sur ses gardes, s’inquiétant de son éloignement soudain. Il ne répondit rien et revint rapidement avec le plaid posé habituellement sur le canapé du salon afin de le déposer sur les épaules de la jeune femme. Tobias ne répondit rien à son compliment, tout en étant touché par la sincérité de ces quelques mots. Il préféra prendre place sur son duvet, s’allongeant sur ce dernier et invita June à en faire de même. Elle ne le fit pas immédiatement, seulement quand il se montra curieux sur sa vie sentimentale, ou plutôt sur les hommes qui avaient croisé sa route par le passé. Le hurlement d’un loup fit réagir cette dernière presque aussitôt. Il se retint de rire, affichant seulement un rictus amusé « C’est une forêt donc oui, il y a pas mal d’animaux » en la taquinant un peu. Cela eut pour effet de la faire se rapprocher de lui. De nouveau, ces battements de cœur qui se firent plus rapide le temps de quelques secondes et voilà qu’elle répondit à sa question.

Son regard rivé sur le ciel étoilé au-dessus d’eux, Tobias baissa bien vite les yeux en entendant June se confier sur ses mésaventures amoureuses et tourna la tête vers elle. Il se reprocha mentalement sa curiosité soudaine, tout se disant que ses attentions à son égard devaient lui paraître étrange… « Comme vous apportez le petit-déjeuner au lit après avoir levé la main sur vous la veille » et serra la mâchoire soudainement, ferma les paupières avec force et souffla un « Je suis désolé, je n’aurais pas dû ». Mais il n’avait jamais compris les hommes qui levaient la main sur les femmes. Il avait eu un frère d’arme qui s’amusait à cela quand il était chez lui. Un jour, il l’avait surpris en train de lever sa main. Ce dernier avait été déclaré inapte au service pendant plus d’un mois. Il réouvrit les yeux pour fixer le ciel « Vous étiez quelqu’un de bien… perdue et sauvage, mais bien quand même. Et même si ça n’avait pas été le cas, vous ne méritiez pas ce genre d’individus… ». Tobias tourna de nouveau la tête vers elle, la regardant avec douceur « Vous méritez quelqu’un de bien ». La jeune femme avait eu une vie difficile, ce qui l’avait rendu difficile, il n’allait pas dire le contraire, il se souvenait encore de leur première rencontre, mais pas au point de mériter de subir les violence d’un homme.

Tobias fixa de nouveau le ciel quelques minutes, dans le silence le plus total, si on omettait les différents bruits de la forêt et il tourna de nouveau la tête vers elle « Et le dernier que vous avez rencontré, c’est à cause de votre secret que ça n’a pas fonctionné ? ». Pourquoi il voulait savoir la vie sentimentale de June ?! « Vous pouvez refuser de répondre » tout en lui souriant avec douceur. Il se redressa sur ses coudes quand il entendit du bruit sur le côté de la maison. Il se leva, longea le mur jusqu’au bout de la terrasse et fit signe à June de venir le rejoindre, et posa son doigt sur ses lèvres pour lui dire de venir doucement. Quand elle fut à sa hauteur, il posa sa main dans son dos, la faisant approcher un peu plus de la rambarde de la terrasse « Je vous présente votre harceleur de cette nuit » tout en posant son regard sur elle avec un sourire et reporta son attention sur l’animal qui venait manger les arbustes.

« -oui enfin je suis pas totalement naze en géographie, non en zoologie enfin… en je sais pas comment on dit. Mais je sais qu’il n’y a pas des loups de partout. Tout comme les ours ou… oh ! » elle ouvrit de grands yeux en s’étant rapproché de Tobias. « -j’avais pas encore pensé au ours ! » elle ferma les yeux très fortes comme pour éradiqué ces pensées. Elle n’était pas seule perdue au milieu des bois. Ils étaient sur la terrasse du chalet, il y avait de lumière pas loin s’il le fallait. June finit par s’allonger à nouveau, et répondre enfin à la question indiscrète de son protecteur. Ça n’était jamais plaisant de parler de ses ex. Pour elle ou pour quelqu’un d’autre d’ailleurs. Elle avoua ne jamais avoir trouvé celui qu’il lui fallait vraiment, se jugeant au passage. Un regard pour Tobias et elle répondit un : « -non ! Je vais être franche, un seul à essayé, et… » elle lui adressa un grand sourire presque fière : « -il l’a regretté. » lorsqu’il l’avait bloqué contre le comptoir de la cuisine en lui tirant les cheveux et en la traitant de tout les noms, June lui avait planté une fourchette dans la cuisse. Le type boitait certainement encore. « -non ne vous excusez pas. » avait répondu June en fronçant les sourcils, souriant en coin. C’était assez étrange de voir qu’il ne semblait pas en accord avec un homme qui frappait une femme. Pourtant, il avait dû exécuter des femmes ? Elle était bien sur sa liste à la base. Quelle était la différence ?

Elle préféra regardé les étoiles que lui lorsqu’il lui jeta des fleurs. « -si vous le dites... » souffla t elle tout simplement en ne souhaitant pas vraiment se souvenirs plus que ça de sa vie d’avant. Elle tourna la tête en même temps que lui : « -arrêtez de dire de conneries, la soirée n’est pas encore finit... » elle lui sourit amusée, préférant le remballer plutôt que d’accepter ce qu’il lui disait. Un moment de silence, avant qu’il ne se montre à nouveau curieux. Elle lui jeta un petit regard en coin. « -en parti. Quoi qu’est ce qui a ? » demanda June en le voyant soudainement plus attentif à la nuit qu’à ce qu’elle pouvait lui raconter. Elle ne bougea pas d’un millimètre, et elle aurait préféré qu’il ne bouge pas non plus !

Un froncement de sourcils en le voyant revenir et lui demander de faire silence. June pris son petit courage à deux mains, et se leva avec lenteur, tentant de faire de son mieux pour marcher discrètement. Un échange de regard une fois proche de Tobias et elle eut le réflexe débile, de s’accrocher au pantalon de Tobias lorsqu’il la poussa légèrement pour qu’elle approche de la barrière. Ses mains agrippées à chacune des jambes de Tobias, lui dans son dos, elle osa un regard. Ils étaient trop proche l’un de l’autre, mais elle ne s’en rendait même pas compte. Parce qu’elle n’était pas rassurée. Elle vit enfin l’animal, et tourna la tête vers son protecteur en lui adressa un léger sourire. Elle murmura en regardant à nouveau le Wapiti : « -admettez qu’il est pas tout petit petit... » comme si le fait qu’il était imposant pouvait le rendre dangereux. « -ça mange que des feuilles ? » demanda June avant de reprendre : « -je plaisante... » et là June réalisa qu’elle agrippait toujours le jogging de Tobias entre ses doigts, et qu’il était pour ainsi dire collé à elle. La jeune femme décida de faire comme si de rien, croisant ses bras en serrant à nouveau le plaid sur ses épaules.

C’était amusant de voir comment la jeune femme n’était pas du tout dans son élément entre toute cette faune et cette flore. Elle aurait sûrement moins peur dans une ruelle sombre à San Diego qu’entre les arbres de cette imposante forêt. Il ne put s’empêcher de rire discrètement quand cette dernière se rendit compte que des ours pouvaient vivre dans cette forêt qui l’effrayait tant « Il y en a, mais pas à proximité ». Ils restaient proche des coins d’eaux. En tout cas, il n’en avait jamais croisé depuis qu’il venait ici. Le sujet dévia quand Tobias décida de se montrer curieux sur la vie sentimentale de sa protégée, se montrant sarcastique dans sa réponse, n’appréciant pas qu’un homme puisse lever la main sur une femme. Un sourire quand elle le rassura sur le fait qu’un seul homme avait osé lever la main sur elle, et qu’il l’avait regretté. Il s’excusa tout de même des paroles qu’il avait eu. Après tout, ce n’étaient pas ses histoires. Un regard pour cette dernière et un léger sourire « Vous devez penser que c’est un peu déplacé de ma part de porter un jugement sur un homme qui bat sa femme alors que je tu… que je tuais des gens pour de l’argent… », mais il ne voyait pas tout cela de la même manière. Ça n’était acceptable dans aucun des cas, mais Tobias ne se considérait pas comme étant un semblable à ces hommes…

Dans tous les cas, peu importe la femme qu’elle avait pu être par le passé, et elle n’avait pas été mauvaise, elle ne méritait pas de tomber sur ce genre d’homme. June n’en semblait pas convaincu et il sourit tout en acquiesçant. Il ne souhaitait pas assombrir la soirée si elle ne voulait pas entendre ce qu’il tentait de lui faire comprendre. Après quelques minutes de silence, le tueur à gage se montra de nouveau indiscret, mais elle n’eut pas le temps d’y répondre qu’un bruit se fit entendre, poussant ce dernier à se lever du duvet pour aller voir. Il finit par lui faire signe de venir en silence, posant sa main dans son dos et il baissa se yeux sur les mains de June qui tenaient fermement son bas de jogging. Ses yeux se leva lentement sur elle. Ils étaient proches. Un peu trop. Tobias se concentra sur l’animal presque aussitôt et sourit au commentaire de sa protégée « C’est une grosse peluche » en jetant un regard à June et reporta son attention sur l’animal, avant de tourner de nouveau la tête vers elle, taquin « En fait, j’allais vous dire qu’ils aiment la chair fraiche » et observa de nouveau l’animal, sentant les mains de June quitter son jogging, ce qui attira son attention « On retourne là-bas » en se levant, retirant sa main dans une caresse et reprit place sur le duvet, un bras plié derrière sa tête et son autre main sur son torse, laissant un silence prendre place, mais une fois encore, il le brisa, tournant la tête vers elle « Vous savez, ce n’est pas parce que j’ai tué des gens pour de l’argent, que je n’ai pas de principes… Je sais que ça peut paraître difficile à comprendre, mais je ne suis pas un tueur en série… Vous le comprenez, n’est-ce pas ? » comme si, en cet instant, seul l’avis de June comptait. Il ne voulait pas qu’elle le voit comme quelqu’un de dangereux pour elle, ou quiconque d’autres, sans lois ni morale… Il regarda le ciel et ajouta « Au fait, vous n’avez pas répondu à ma question ».