Ça s’était terminé il y a trois ans, Matt et Nate. C’était pour le mieux. Nate avait nourrit l’espoir que Matt s’en sorte mieux sans lui mais force est de constater qu’il n’avait jamais eu l’air aussi mal. Alors il était revenu. Encore. Il avait mis sa fierté de côté et ça lui coutait beaucoup de se tenir debout devant lui. Le rejet de Matt n’était même pas une surprise et, quelque part, il le comprenait. Il avait été clair. Adieu, c’était plutôt clair. Pourquoi est-ce que Nate n’arrivait jamais à s’y résoudre ? « Je vois. » qu’il avait acquiescé en remplissant ses poumons de nicotine. Il se souvenait de ses mots… Ça ne l’étonnait pas. Lui non plus n’avait jamais oublié les derniers mots qu’ils s’étaient dit et trois autres années pouvaient s’écouler qu’il s’en souviendrait encore parfaitement. Sans plus de cérémonie, Matt l’invita à partir. Ça faisait pas deux minutes qu’ils se voyaient, après tout ce temps, et Matt voulait déjà le voir partir. Génial. Un sourire las étira les lèvres de Nate. Ce qu’il aurait aimé la vivre, cette jolie petite vie avec laquelle Matt le bassinait tant. Mais elle n’existait pas. Sa vie n’avait que l’air jolie, elle ne l’était pas. « Ça te va pas bien de mentir. » Ça lui allait beaucoup mieux mais il avait retenu ce commentaire. Il n’allait quand même pas lui tendre le bâton pour se faire battre. Quelque chose lui disait de toute façon qu’il n’avait pas besoin de le faire. Si Matt lui en voulait, il saurait parfaitement appuyer là où ça faisait mal. « Il a eu la fin qu’il voulait ton père. J’imagine que c’est une bonne chose. » Il haussa les épaules. Il n’allait pas mentir et prétendre qu’il regrettait le vieil homme. Ce n’était pas le cas. La seule personne pour qui il avait de la peine ici, c’était Matt. Le père de Matt était bien là où il était, à l’endroit où un homme aussi dur méritait de reposer. « Et toi alors, qu’est-ce que tu veux maintenant ? » qu’il le questionna, ignorant volontairement sa demande. Il ne partirait pas. Pas comme ça, pas alors qu’il avait le ventre en vrac à l’idée de le savoir aussi mal et seul. Nate regrettait. Il aurait du insister, il y a trois ans. Il aurait du l’aider coute que coute quitte à ce que Matt lui fasse la gueule jusqu’à la fin de ses jours. Il aurait peut-être pas fini dans un état pareil s’il avait insisté…
 

- Il voulait mourir chez lui, pas à l'hôpital. Il me l'a assez reproché alors je ne sais pas si on peut dire ça.

Même jusqu'à la fin il n'avait eu que des reproches à la bouche. On disait souvent qu'à la fin les personnes regrettaient toutes les fautes qu'ils avaient pu commettre, qu'ils s'excusaient auprès de leurs proches en voyant la fin arriver. Pas mon père. Si il avait des regrets, c'était surtout de m'avoir vu rater ma vie et ça il ne se l'était pas gêné pour me le dire.

Je soupirais alors qu'il continuait de parler, qu'il me posait des questions. J'avais été clair pourtant, je lui avais demandé de partir. J'avais été encore plus clair ce jour là, je ne voulais plus de lui dans ma vie. Cela ne servait à rien, on se faisait beaucoup de mal. Je ne pouvais pas me libérer autant qu'il le voudrait et même si c'était le cas, ça ne serait jamais assez. On ne pouvait pas être ensemble et on ne pouvait pas se contenter d'un ou deux week end de baise par an. Et le fait que mon père soit mort ne changerait rien à tout ça. J'allais toujours devoir continuer à bosser pour rembourser mes dettes. Il avait toujours sa femme et sa fille. Il ne pouvait pas les quitter comme ça. Avec ou sans mon père, la situation ne changeait pas. Alors qu'il parte, c'était la seule chose à faire.

- Ce que je veux? Je n'ai surtout pas beaucoup de choix là qui s'offrent à moi. Je vais devoir quitter cette ferme. Je vais devoir continuer à bosser à la station de pétrole pour rembourser la facture d'hôpital énorme que j'ai. Alors non je ne vais pas faire ce que je veux.

Je soupirais, ma vie ne serait décidément jamais simple.

- Qu'est ce que tu fous là Nate?

Nate s’était pincé les lèvres en apprenant que jusque sur son lit de mort, le père de Matt lui avait fait des reproches. Parait qu’on se débarrasse pas facilement de la mauvaise herbe, son père avait mis très certainement beaucoup de temps à se laisser consumer par la maladie. Mais il n’était plus là. Il n’y avait personne pour l’accueillir avec une carabine… à part peut-être Matt mais il était resté courtois pour le moment. Dieu sait qu’il était capable pourtant de le virer d’ici à coups de pieds. Alors Nate mesurait ce qu’il disait. Il n’allait pas venir souiller le souvenir d’un homme qui était de toute façon mort, il ne fit aucun commentaire. « Tu déménages ? » S’il déménageait, il pouvait tout à fait disparaitre dans la nature. Nate n’aurait plus aucun moyen de le retrouver. Cette idée le paniqua mais il resta en apparences assez calme. De nouveau, Matt lui demanda ce qu’il faisait ici. Lui aussi, il commençait à se le demander. Il avait tiré sur sa cigarette, recrachant la fumée de ses poumons en fermant les yeux. « Je m’inquiète. Je te l’ai dit. J’ai de bonnes raisons d’être inquiet, je crois, non ? » Il avait rouvert les yeux en soupirant. Même s’il se faisait un sang d’encre, ça ne changerait rien. Nate avait l’impression qu’il ne pouvait pas rattraper ce qui était cassé entre eux. C’était un tel gâchis quand il y pensait… Il l’avait tellement aimé, Matt. D’ailleurs, il l’aimait toujours. Mais la certitude qu’il avait que ce soit réciproque n’existait plus. C’était trop tard sans doute. Même les plus beaux des sentiments pouvaient s’éteindre à force de déception. « Je sais pas, convainc-moi que t’es heureux. Ou plutôt que t’es plus heureux quand je suis pas là. Jure-moi que t’as envie de rester seul, que t’as besoin de personne et surtout pas de moi… Ou j’en sais rien… Frappe-moi tiens ! Qu’est-ce que j’en sais… » Et voilà que Nate se désespérait totalement. Il devait être complètement taré. Ou manquer cruellement de dignité. Peut-être bien les deux. « Dis-moi que tu m’aimes plus. Ou que tu m’aimes pas tout court, en fait. » Il parlait et n’arrivait plus à mettre de barrières entre ce qu’il pensait et ce qu’il disait à voix haute. « Oh et puis même si tu me jetais comme la pire des merdes… J’aurais envie de t’aider, je partirais pas. Putain, Matt. J’ai juste envie de t’aider. C’est tout. » Adieu, au final, il n’était pas certain de savoir le faire. Pas quand il s’agissait de Matt.
 

Et il explosa... cette la question de trop, le qu'est ce que tu fous là qui avait fait tout péter. Il avait lâché tout ce qu'il avait sur le coeur. Il n'avait pas tord sur une chose, je n'étais pas heureux et je ne pouvais pas l'en convaincre. Mais le reste... non le reste n'était qu'un ramassis de conneries. Est ce que je devais lui dire la vérité pour autant? Il y avait trop de choses que je gardais pour moi, pour éviter de souffrir davantage, pour éviter qu'on ne souffre tous les deux. Mais pour moi aussi, ce fut l'éclat de trop. Alors je craquais moi aussi, je vidais mon sac.

- Est ce que je suis heureux? Non bien sur que non. Ca fait des années que je me tue au boulot pour mon père, pour essayer d'être là pour lui, parce que c'est qu'un fils est sensé faire en général. Et au final qu'est ce que j'en retire? Que dale! Mes soeurs m'ont traité de fainéant, que j'avais été incapable de gérer la ferme et que c'était de ma faute si j'étais endetté. Elles vont vendre la ferme parce qu'elle leur revient de droit. Je peux encore m'estimer heureux qu'elles m'aient laissé en profiter tant que mon père était là mais maintenant c'est fini. Je vais devoir dégager, me trouver un appartement où vivre et continuer à bosser pour payer toutes les dettes qu'il me reste. Alors non je ne suis pas heureux.

J'étais au fond de la merde et je ne voyais pas d'issu possible à tout ça. Devant moi ne s'étendait qu'une longue vie de travail et très peu de joie pour venir agrémenter tout ça.

- Alors non je ne peux pas te convaincre que je suis heureux, pas plus que je ne peux te dire que je ne t'aime pas. Parce que c'est faux... Je n'ai jamais cessé de t'aimer un seul instant. Mais nous ne pouvons pas être ensemble. Tu as ta femme, ta fille à t'occuper. Et moi... moi je ne peux pas arrêter de bosser, pas tant que je n'aurais pas tout payé. Alors ça sert à quoi qu'on continue de se faire du mal? J'en ai marre qu'on se dispute, marre que tu me reproches de ne pas pouvoir passer plus de temps avec toi. Je fais ce que je peux Nate... je fais ce que je peux pour m'en sortir mais... je peux pas faire plus...

Nate avait dit tout ce qu’il avait à dire et Matt ne tarda pas à faire de même, sidérant Nate comme jamais il ne l’avait fait. Il avait écouté chacun de ses mots, buvant ses paroles comme si c’était un de ces whisky qu’il se buvait après le travail le soir. Il était resté debout, planté là, interdit. Il était partagé entre la tristesse de le savoir aussi mal et le bonheur d’entendre qu’il était encore aimé. Il avait encore une chance, aussi infime soit-elle d’aimer et de l’être en retour. Il avait réfléchit un long moment, son cerveau marchant en accéléré, avant de dire quoi que ce soit. « Je peux divorcer. » Il avait haussé les épaules. Son mariage n’avait jamais eu aucune foutue importance pour lui de toute façon. Le seul problème, c’était Penny, mais il pourrait tout aussi bien la voir une semaine sur deux. Ça se faisait, c’était possible. « Et je t’aiderais. Le garage rapporte bien. Ou je ferai autre chose… Peu importe. Tant que je t’aide. A nous deux, ça ira plus vite. » Nate s’était mis à réfléchir à voix haute, c’était la première fois qu’il envisageait sérieusement de quitter sa femme. Avant, il avait toujours pensé que Penny l’en empêcherait. Mais elle avait trois ans maintenant… Elle pourrait supporter la vie de famille récompensée. Quand elle était bébé ou à peine née, c’était pas pareil. Et puis, les dernières années qui s’étaient écoulées lui avait prouvé à quel point Nate était incapable d’être heureux dans la vie qu’il s’était fabriqué. Il fallait qu’il fasse autre chose. Ils avaient une opportunité de tout recommencer ensemble. C’était un peu casse-gueule mais c’était faisable. « J’ai jamais voulu qu’on se fasse du mal, tu sais… » qu’il avoua ensuite avec un sourire triste. C’était tellement sincère. Nate ne voulait que du bien à Matt. Tout ce qui s'était passé de négatif entre eux, il le regrettait. D’ailleurs, il lui fit la confidence. « Tu mérites tellement mieux Matt… T’en as assez bavé. Faut que ça s’arrête. » Si seulement Nate avait une baguette magique pour arranger tout ça, il le ferait tout de suite. La vie ne marchait pas comme ça. « Tu t’es vu dans un miroir ? Sérieux, on dirait que tu sors d’un camp de concentration… On peut pas laisser faire ça. On peut pas. » qu’il appuya en se grattant la tête, à bout de solution cette fois. C’était la seule qu’ils avaient. Autrement… Autrement, Matt aurait raison : il fallait qu’ils sortent définitivement de la vie l’un de l’autre.
 

Il parlait... et plus il parlait plus je secouais la tête, comme pour démentir ses propos. C'était tentant, terriblement tentant. Une vie tous les deux, comme on en avait toujours rêvé. On se retrouverait tous les soirs. On pourrait se faire l'amour toute la nuit. Puis le matin on se lèverait ensemble, chaque matin je pourrais contempler son beau visage endormi, me dire que cet homme était enfin complètement à moi, que plus rien ne pourrait nous séparer. Oui ça faisait envie, beaucoup trop envie, mais ce n'était pas raisonnable non plus. On ne devait pas faire ça.

- Réfléchis un peu plus loin Nate... Tu divorces ok et après? Ta fille tu ne la verras qu'un week end de temps en temps, ce ne sont jamais les pères qui ont la garde et tu le sais. Tu devras payer une pension alimentaire, une grosse partie de ce que tu gagneras ira là dedans. Et comment tu expliqueras le fait qu'on vive ensemble? Tu diras quoi à Alison? A ta mère? Et à ta fille plus tard quand elle se posera des questions, quand elle se demandera pourquoi ses parents ne sont plus ensemble et que son père vit avec un homme. Tu lui diras quoi Nate?

Je secouais doucement la tête en soupirant. Il était idéaliste, beaucoup trop idéaliste encore une fois. Il rêvait d'une vie pour nous deux sans penser à ce que cela impliquerait. Et je n'avais parlé que de ses proches, pas des voisins et autres qui ne tarderaient pas à se demander ce qu'on faisait, qui finiraient par nous juger.

- Je ne veux pas être celui qui détruit une famille. Ta fille ne mérite pas qu'on lui fasse ça.

Je lui fis un petit sourire pour le rassurer.

- J'ai pas vraiment eu le temps de bien manger ces derniers temps. J'étais trop pris par la ferme, le boulot, les allers retour à l'hôpital. Mais ça va changer. Je vais avoir plus de temps. Peut être même que j'arriverais à prendre des jours pour moi de temps en temps. Tu pourrais venir chez moi...

Je soupirais tristement avant de le regarder.

- C'est tout ce que j'ai à t'offrir Nate.

Nate haussa les épaules. Matt lui posait des questions auxquelles il n’avait pas encore réfléchi. L’idée de divorcer émergeait seulement dans son esprit, il n’avait pas encore une solution à tout. Mais c’était pertinent. Evidemment. Nate savait évidemment ce que ça lui couterait de dire la vérité aux femmes de sa vie… Mais il le ferait. Pour peu que Matt soit d’accord. Ce qu’il n’était pas. Il plissa les yeux. Matt et ses foutus principes. Un peu dépassé par les événements, Nate s’alluma une autre cigarette pour remplacer celle qu’il avait fumé quelques minutes auparavant. En quelques années il s’était mis à cumuler les vices… Mensonges, alcool, cigarettes. Tout y passait. A contre-coeur, il avait fini par hocher la tête. Matt avait raison. Penny méritait sûrement mieux qu’un père amoureux d’un autre homme mais qu’il reste ou pas avec Alison, ça ne changerait pas. Est-ce que Penny pourrait avoir une famille plus minable que celle qui abrite déjà tant de mensonges ? Nate en doutait. Mais il n’argumenta pas. Il n’était pas venu faire la guerre, il ne tenait pas à confronter sa vision idéaliste des choses à celle beaucoup plus terre à terre de Matt. Mais Matt avait sourit et ça avait fait tellement de bien à Nate qu’il s’était senti transporté ailleurs. Après tout ce temps, même un simple sourire était inespéré. Alors quand il avait parlé de se revoir de nouveau ? Nate s’était illuminé, comme s’il sortait tout juste d’un long cauchemar. « C’est ce que tu veux… Toi et moi, comme avant ? T’es sûr ? » qu’il avait demandé avec précaution. Leurs situations n’avaient que peu changé, après tout. Si Matt était libre, Nate était toujours marié et père de surcroit. Ils allaient encore possiblement se déchirer s’ils remettaient ça… Peut-être même qu’ils se quitteraient de nouveau et Nate n’était pas sûr d’y survivre une nouvelle fois. Alors il avait besoin d’entendre que Matt était sûr de lui, il avait besoin d’être rassuré juste un peu.
 

Est ce que j'avais envie de recommencer avec lui? La question se posait à peine. Je vivais très mal depuis trois ans. Il me manquait. Le temps n'arrivait pas à apaiser la douleur que je ressentais au quotidien. Je pensais à lui, sans arrêt. Ses bras, ses baisers me manquaient mais ce n'était pas tout. Ne pas le voir, ne plus pouvoir profiter de son sourire, c'était un déchirement. Alors oui, bien entendu que j'avais encore envie de le revoir. Mais il y avait tout le reste à côté. Ca faisait trop mal, les disputes qu'on ne cessait d'avoir, les reproches qu'il me faisait. On n'avait toujours que peu de temps à passer ensemble et le peu de temps qu'on avait on le gâchait en dispute et ça je ne le supportais pas.

Je ne tardais pas à l'imiter, sortant mon paquet de cigarettes pour aller m'en allumer une deuxième moi aussi. J'étais sur les nerfs, particulièrement en ce moment avec la mort de mon père et tout le reste, et sa présence n'arrangeait pas l'état dans lequel j'étais.

- Je n'ai plus envie qu'on s'engueule comme on a pu le faire. Ca fait mal, quand tu crois que je pourrais être capable d'aller coucher ailleurs, que tu me fais une scène parce que j'ai du boulot et que je ne peux pas être aussi dispo que toi. Je fais de mon mieux pour gérer toute la merde dans laquelle je suis et je n'ai pas besoin d'entendre tes reproches par dessus.

Parce que ça faisait mal, terriblement mal. J'allais mal. Je faisais de mon mieux pour tout gérer mais j'avais du mal à y arriver. J'avais déjà du mal à me dire que je ne pouvais pas le voir autant que je voulais et il ne cessait de m'en faire le reproche. Comme si je faisais exprès, comme si je ne voulais pas vraiment le voir.

- Mais tu me manques oui... terriblement. Et j'aimerais juste... pouvoir profiter de toi sans... sans avoir à en souffrir, du moins pour le peu de temps qu'on se voit.

Nate avait passé de longues années à voir tous les hommes ou presque autour de lui fumer sans que l’idée de le faire lui aussi ne le traverse. Ça ne l’attirait pas, c’est pas ce qu’il aimait. Il était plutôt du genre à aller courir qu’à enchainer les paquets de clopes. Et puis la vie lui avait donné des raisons d’avoir envie de se détruire un peu. A la fin de chacun de ses footing, il crachait ses poumons maintenant. Si on lui demandait pourquoi il avait commencé, il dirait que c’était arrivé au boulot dans une journée particulièrement stressante, par mimétisme avec ses collègues. Mais ce n’était pas vrai. Nate s’était mis à fumer parce qu’il avait perdu l’espoir que les choses s’arrangent un jour pour lui. Et il avait besoin de l’alcool pour continuer à se lever jour après jour sans jamais avoir envie de se jeter par la fenêtre. Ou le moins possible en tout cas. « Je suis désolé. » qu’il avait articulé en réalisant qu’il avait été une des causes du malheur de Matt. Il était allé trop loin. Il était tellement mal placé pour lui faire des reproches en plus… Il avait baissé les yeux, pas très fier de lui. « Tu me manques aussi. » qu’il avait fini par dire en relevant les yeux, cigarette toujours à la bouche. Le cerveau de Nate marchait toujours à fond, à la recherche de solutions. Une idée germa dans son esprit. Il se racla la gorge. « On devrait peut-être avoir des règles… Enfin des limites plutôt. Voilà. On devrait se poser des limites. » Et Nate était sérieux. Il ne voyait pas comment s’assurer qu’ils ne s’engueulent plus sinon. Un mot de travers et ils partaient dans une dispute. « On n’aborde pas les sujets qui fâchent comme… Ton père, tiens. Ou ma femme. » Et Nate ferait même l’effort de retirer son alliance au préalable à chaque fois qu’il verrait Matt pour éviter d’y penser. Il ferait absolument tout ce qu'il fallait pour que ça marche. La vie sans matt, c'était juste pas possible. « T'en penses quoi ? » qu'il avait demandé, cherchant l'approbation du cowboy.  

Je hochais doucement la tête en l'entendant parler. Ouais se mettre des limites ça semblait être une bonne chose. J'approuvais le premier point. Ne pas parler de sa femme ça me convenait parfaitement. Je lui en voulais toujours de l'avoir épousé, de l'avoir mise entre nous. Mais en reparler sans cesse ne ferait pas avancer les choses. Il souffrait assez de devoir la supporter au quotidien et que je le lui reproche ne devait pas l'aider non plus. Même chose pour mon père, il me reprochait de m'être saigné pour lui, d'avoir sacrifié notre couple pour m'occuper de mon père alors qu'il n'était qu'un connard. Je l'entendais mais ça faisait quand même mal. Ca restait mon père, malgré tout ce qu'il avait fait.

- Ca me va... je rajouterais aussi, interdiction de parler d'argent. Je m'occupe de mes dettes tout seul. Je ne veux pas que tu t'en mêles.

Je ne voulais pas qu'il me prenne la tête parce que je travaillais trop ou des choses du genre. Je voulais juste pouvoir profiter quand on était ensemble. L'argent était un problème c'était vrai, mais c'était mon problème, il n'avait pas à s'en mêler.

J'éteignis ma cigarette avant de venir me rapprocher doucement de lui. Je le fixais dans les yeux, profitant de ce moment, de l'idée qui commençait à se former dans mon esprit. J'allais pouvoir le retrouver. Même si ma situation était merdique, j'allais avoir un peu plus de liberté, un peu plus de facilité pour le voir.

- Plus de reproches si j'ai du mal à me libérer. Pas de sous entendu sur une possible infidélité de ma part. Parce que je ne veux que toi Nate... rien que toi...

Je m'arrêtais devant lui, mon corps proche du sien. Pas au point de se toucher mais il me suffirait de faire un pas de plus pour être dans ses bras, pouvoir l'embrasser à nouveau.

- On est d'accord?