Nate devait se rendre à l’évidence : il ne disposait pas d’assez de temps pour avoir le luxe de se faire des reproches. S’ils voulaient se voir, ils devaient renoncer à l’idée d’avoir une relation équilibrée sur tous les points. Et se faire confiance. Juste confiance. C’était facile, là comme ça, alors qu’ils étaient si proches l’un de l’autre pour se croire. Nate savait qu’il aurait des moments de doute… mais il devra être plus fort que ça et ne pas se laisser éternellement tourmenter par les craintes qu’il avait. En ce moment, Nate se sentait si faible. Mais pour Matt… Il avait envie d’être fort. Alors il avait hoché la tête quand Matt avait rajouté ses conditions. Ils n’allaient plus parler d’argent. Ça coutait beaucoup à Nate mais si c’était le prix pour la sérénité entre eux, il était prêt à le payer. Il s’était approché, ses yeux dans ceux de Nate et ce qu’il rajouta ensuite fit frissonner le nouveau trentenaire. Il était resté bouche bée un instant avant qu’un large sourire étire ses lèvres. Sans s’en rendre compte, il avait lâché sa cigarette. La vie était surprenante. Il ne s’était pas attendu à ce que les choses tournent aussi bien en venant jusqu’ici. Mais, après trois ans loin l’un de l’autre, le goût des lèvres du cowboy lui manquait beaucoup trop pour qu’il se permette de réfléchir plus longtemps. Ses lèvres avaient tout naturellement retrouvé les siennes. Timidement d’abord, plus fiévreusement ensuite. Ça faisait si longtemps qu’il n’avait pas senti le tabac ailleurs que dans ses cigarettes et c’était juste terriblement bon. L’instant dura quelques secondes, peut-être une minute ou deux, avant que Nate ne s’écarte. « On est d’accord. » Et Nate n’avait pas eu la présence d’esprit d’inspecter les environs pour voir si personne n’était là. En même temps, l’endroit était assez reculé et un coup d’oeil lui apprit qu’il n’y avait pas un chat.  

Je pouvais enfin sentir ses lèvres à nouveau. Je me collais contre lui, répondant avec envie à son baiser. Trois ans... ça me semblait être une éternité sans pouvoir être avec lui. Je savourais cet instant, le serrant dans mes bras comme pour éviter qu'il ne m'échappe. Je me reculais juste le temps de lui demander si il voulait me suivre dans la maison. Oh mon père et mes soeurs auraient beaucoup de choses à dire si ils savaient ce que je m'apprêtais à faire dans la maison alors qu'on venait à peine d'enterrer mon père, mais je m'en foutais. Ils avaient décidé de tous me pourrir la vie alors je ne voyais pas pourquoi je devais encore tenir compte de ce qu'ils pensaient de moi. Mais il refusa. Bien entendu il était avec sa femme et son beau père. Il ne pouvait pas les faire attendre davantage. J'avais simplement hoché la tête avant de le laisser partir.

- Je te contacte très bientôt... je te le promets.

Un dernier baiser et il était parti... retrouvant cette vie dont je ne voulais pas entendre parler.

Le mois qui suivit passa à toute vitesse. Mary n'avait pas menti, elle avait bien des acheteurs. La ferme fut vendu à une vitesse folle. Un peu plus de deux semaines plus tard j'avais emballé les quelques affaires que j'avais. J'avais dit adieu à mes bêtes, ces animaux que j'avais bichonné depuis qu'elles étaient toutes petites. Ce fut un déchirement, mais je n'avais pas le choix de toute façon.

Je m'étais trouvé un petit appartement, un deux pièces non loin du centre ville et à quelques arrêts de bus seulement de mon boulot. Vu que je n'avais pas de voiture ça me convenait parfaitement. J'avais utilisé ma part de la vente de la ferme pour m'acheter quelques meubles et régler une partie de mes dettes. Ce n'était pas du grand luxe chez moi mais je m'y sentais bien et pour la première fois de ma vie c'était mon chez moi, sans personne pour venir me juger ou me critiquer. Je goutais enfin à la vraie liberté.

Un mois plus tard, alors que j'étais enfin bien installé, je m'étais décidé à lui passer un coup de fil. J'avais composé le numéro, le coeur battant la chamade. J'avais peur de tomber sur sa femme. Peur qu'il me dise non, revenant sur ce qu'on s'était promis ce jour là devant mon ancienne ferme. J'attendais... espérant qu'il décroche.

Les choses auraient pu s’accélérer, les choses auraient pu déraper. Quand Matt proposa à Nate de rentrer, Nate hésita. Il avait bien cinq minutes pour rentrer et faire ce qu’ils avaient à faire. Mais il devrait repartir de là en courant aussitôt qu’ils auraient terminé. Ce n’était pas comme ça que Nate voulait traiter Matt. Alors il avait décliné avec un sourire chagriné. Il aurait pu s’expliquer. Avant qu’ils ne posent des limites, Nate aurait probablement fait tout un speech pour expliquer qu’il avait attendu des heures et qu’il ne pouvait pas se permettre de laisser Alison se poser des questions. Et s’il n’y avait eu qu’Alison… Il y avait son père aussi. Il passait pour le gendre idéal et il comptait bien ne pas ternir la belle image que son beau-père avait de lui. Mais de tout ça, il ne dit rien. Il embrassa une dernière fois Matt avant de s’éclipser, emportant avec lui un coeur rempli d’espoirs. Ils se reverraient. C’était reparti. Tout avait été plus facile à endurer ce soir-là. Le diner avec Alison et son père, les blagues douteuses voire carrément racistes, les sourires de pub de dentifrice. Nate était heureux.
Mais ça n’avait pas duré avant qu’il ne souffre de l’attente. Matt avait déjà l’habitude de parasiter l’esprit de Nate mais là il était omniprésent. Quand il était retourné à sa vie routinière, Nate n’avait eu de cesse de guetter son téléphone. Chaque coup de fil qui n’était pas celui de son amant le faisait mourir d’impatience. C’était si long. Même l’alcool ne lui faisait pas oublier à quel point il mourrait d’envie de le retrouver. Il faisait un puzzle avec Penny quand le téléphone avait retenti ce jour-là. Alison s’était dirigé vers le combiné mais Nate se releva d’un bond pour la devancer. Si c’était Matt, il était hors de question qu’il entende le son de sa voix. Il allait essayer de tenir sa promesse pour une fois. « Allo ? » qu’il décrocha alors, la voix pleine d’espoir sous le regard un brin surpris de sa femme. Alison ne comprenait pas toujours tout avec Nate et, à vrai dire, elle n’avait jamais vraiment essayé de le faire. « C’est qui au téléphone papa ? » qu’était venue demander la fillette en s’enroulant autour de ses jambes, probablement pas très contente d’avoir été abandonné en plein puzzle. « Continue ton puzzle, ma puce, j’arrive dans deux minutes. » qu’il l’avait congédié en posant sa main sur le combiné pour éviter d’être entendu directement. Penny s’éloigna avec un air renfrogné, Nate soupira. « Pardon. J’écoute. » qu’il reprit à l’attention de la personne à l’autre bout du fil qui ne s’était pas encore manifesté, sûrement coupé dans son élan par la petite Penny.  

J'entendis d'abord sa voix. Je poussais un soupir de soulagement en découvrant que c'était lui et non sa femme qui avait décroché le téléphone. Je détestais toujours ça. Je n'aimais pas l'entendre. J'aurais préféré passer toute ma vie à faire semblant qu'elle n'existait pas. C'était plus simple. Puis j'entendis la petite et ça me brisa le coeur. Je savais ce que je m'apprêtais à faire. J'allais la priver de son père. J'appelais pour le prendre un peu pour moi, pour essayer de l'avoir tout un week end dans le creux de mes bras, blotti dans mon lit avec moi. Elle ne méritait pas de vivre ça. Mais si je ne le faisais pas... je savais qu'on ne tiendrait pas le coup, ni lui ni moi. J'avais besoin de ça, de lui, de l'avoir un tout petit peu dans ma vie. J'acceptais qu'il ne divorce pas, qu'il reste pour elle, pour prendre soin de sa fille. Je demandais juste à l'avoir un tout petit week end.

- Salut... c'est Matt...

Je laissais échapper un petit soupir, ne pouvant m'empêcher de sourire en sachant qu'il était là au bout du fil avec moi.

- Ca y est j'ai mon appartement. C'est pas le grand luxe mais il y a l'essentiel. Une kitchnette, un coin salle à manger, un salon, une salle de bain. Et... ma chambre, avec mon lit...

Mon lit qui n'attendait que lui depuis que je l'avais monté. J'avais soigneusement choisi mes draps, essayant de les prendre le plus confortable possible. Je voulais qu'il puisse se sentir bien chez moi.

- Alors si... si tu veux passer un week end chez moi. Ils me doivent des jours au boulot parce que j'ai fait pas mal d'heures supp. Je peux me libérer tout un week end quand tu veux.

Et je le referais autant de fois que nécessaire si ça pouvait me permettre de passer du temps avec lui.

- Tu me manques.

Et putain ça faisait tellement de bien de pouvoir le lui dire en étant sur que personne dans la pièce ne m'écoutait pendant que je le disais.

Et le soulagement d’entendre Matt à l’autre bout du fil fut tel que Nate dut tourner le dos à Alison pour se laisser aller à un sourire franc. Dieu sait qu’il avait attendu cet appel. Bon sang, il allait enfin voir la lumière au bout du tunnel. Ils allaient se voir. Il n’avait pas passé un mois à attendre pour rien. Son coeur avait manqué un battement quand le cowboy fit allusion à sa chambre… et à son lit surtout. Nate s’était pincé fort les lèvres pour ne pas rire comme une midinette. Il ne pouvait pas se permettre une telle mièvrerie avec Alison dans la même pièce. « Ça a l’air parfait. » qu’il finit par dire avec une voix assurée malgré le chamboulement intérieur qu’il vivait. Maintenant qu’il était parvenu à maîtriser le sourire niais sur son visage, il avait de nouveau fait face à Alison. Il l’avait rapidement observé du coin de l’oeil, s’assurant qu’elle ne voit rien d’étrange à ce mystérieux coup de téléphone. Visiblement, elle était à des années lumières de s’en soucier. « Toi aussi, tu sais… Toi aussi. » qu’il avait articulé en restant vague quand il lui avait dit qu’il lui manquait. Le mot était faible. C’était un crève-coeur de vivre aussi loin de lui. « On fait des portes ouvertes ce week-end au garage mais… Le week-end prochain, ce serait bon pour toi ? » Et à ces simples mots, Alison se redressa. Elle avait froncé les sourcils et Nate reconnaissait là une envie de s’interposer. Il avait tendu son bras en sa direction pour l’empêcher de s’approcher. Il refusait catégoriquement qu’elle lui fasse une scène maintenant, elle pouvait bien attendre deux minutes. Elle avait pris la mouche et avait fait demi-tour pour s’éclipser dans une autre pièce, furibonde. Mon Dieu, ce qu’il la trouvait compliqué, sa femme. « T’as déménagé où ? » qu’il avait demandé sans avoir pu s’empêcher de lever les yeux au ciel en pensant à la future scène de ménage à laquelle il allait avoir le droit. Se disputer avec Matt, c’était quelque chose mais ça en valait la peine puisqu’il l’aimait. Se disputer avec Alison ? C’était ridicule et complètement usant.  

- Je devrais pouvoir me débrouiller oui.

Le patron lui avait bien dit qu'il lui donnerait un week end si il le voulait. Il suffisait juste qu'il le prenne au moins quelques jours à l'avance. Là ça devrait être largement bon. Il bossait bien et il faisait des heures supp sans se plaindre alors son patron était plus cool et lui accordait ce petit privilège. Quand il avait bossé à la ferme il n'avait jamais eu le temps de faire ça mais maintenant qu'il était seul, avec juste lui à s'occuper il en profitait. Il préférait travailler dur la semaine et pouvoir s'octroyer un week end de repos de temps en temps avec Nate. Peut être qu'ainsi, ils pourraient enfin se voir plus régulièrement.

- J'habite en plein centre ville, au dessus d'une boucherie. C'est la seule de la ville d'ailleurs tu ne la rateras pas. Je t'attends le samedi matin. J'ai hâte de te voir Nate...

Je finis par raccrocher le téléphone un sourire aux lèvres. J'avais angoissé. J'avais eu peur qu'il ne puisse se libérer, qu'il ait réfléchi et qu'il ait préféré mettre un terme à tout ça parce qu'on risquait de se faire du mal un jour ou l'autre, qu'on finirait par souffrir de cet ersatz de relation. Mais il voulait venir... il viendrait, apaisant momentanément la souffrance que je ressentais au quotidien.

Le jour J finit par arriver. Mon patron n'avait fait aucune difficulté. Il était même soulagé de me donner des jours. Je n'en avais pas pris pendant la fin de vie de mon père et très peu pendant son enterrement. Je me tuais au boulot comme il le disait alors je méritais bien quelques jours de repos.

J'étais chez moi. J'avais rangé la maison, nettoyé le moindre centimètre carré plusieurs fois. Les draps étaient propres et sentaient bons, merci à ma voisine. J'avais même rempli le frigo avec de la bonne viande fraiche, merci la boucherie en dessous qui me gardait ses meilleures pièces et me faisait des prix dessus. Il ne manquait plus que Nate. Je le guettais à la fenêtre quand je vis finalement sa voiture venir se garer devant la boucherie. Je ne parvins pas à me retenir. Je quittais la maison, dévalant rapidement les escaliers pour le voir. Je m'arrêtais devant lui, me retenant difficilement de ne pas me jeter sur ses lèvres pour l'embrasser.

- Tu es là... tu es enfin là.

Le coeur de Nate fit un bond dans sa poitrine. C’était oui. Il allait enfin pouvoir revoir Matt. Ils n’auraient jamais assez de temps pour rattraper le temps perdu mais ils auraient au moins un peu de temps pour se retrouver et c’était largement assez pour réjouir le jeune papa. Deux semaines… Il allait bien pouvoir attendre deux petites semaines. « Je serai là. » qu’il avait confirmé, l’esprit définitivement plus léger malgré la scène qui l’attendait sitôt qu’il aurait raccroché. Réchauffé de l’intérieur, Nate avait raccroché avec un sourire. Alison n’avait évidemment pas tardé à lui tomber dessus. Elle était revenue dans la pièce, tout aussi furibonde qu’en la quittant, pour lui adresser un regard assassin : « Tu pourrais au moins me demander mon avis ! » Nate avait lentement cligné des yeux. Passé du bonheur à la dispute, c’était rude. Il n’avait absolument pas envie d’avoir cette discussion. Il soupira. « Je partirais tôt samedi matin et je reviendrais tard dimanche soir. C’est l’histoire d’une fois, Alison. C’est pas comme si je partais tout le temps. » Oh, il était vrai qu’en trois ans Nate ne s’était jamais absenté aussi longtemps mais si les choses se passaient comme prévues, il déserterait le domicile familial bien plus souvent qu’il ne laissait l’entendre. « Et on peut savoir ce que tu vas faire ? » Nate avait hésité. Il fallait qu’il mente… et qu’il mente bien. Il n’avait pas de place pour l’erreur. « Je vais aider Matt à faire quelques travaux chez lui. Ils ont du vendre la ferme après la mort de son père, il a déménagé. » Intérieurement, Nate se félicitait. Il avait été parfaitement convaincant, Alison n’avait même pas cillé. « Je croyais que vous n’étiez plus amis… » qu’elle avait soufflé en secouant la tête. « Eh bien on l’est de nouveau. » Amis, ce n’était pas quelque chose que Nate utiliserait pour qualifier sa relation avec Matt. « Allez, Ali… C’est qu’un week-end, vous remarquerez même pas que je suis pas là. » Et Nate soulevait un point très important : ce n’était que deux jours et une nuit. Ni plus, ni moins. Ça passerait affreusement vite.
Ce qui n’était pas passé vite en revanche, c’étaient les heures de route qu’il avait fait à l’aube ce samedi matin-là pour se rendre chez Matt. Chaque kilomètre qui le séparait de lui semblait interminable. Mais il avait fini par arriver et il avait manqué d’exploser de joie en trouvant la boucherie de la ville. Nate se sentait redevenir le jeune cowboy qu’il était à la ferme ce fameux été-là. Il avait à peine eu le temps de sortir de sa voiture et de traverser la route que Matt l’avait déjà rejoint. Si Nate s’était empêché de lui sauter au cou, son sourire était révélateur du bonheur qu’il vivait. « Je suis là. » qu’il avait acquiescé. « On monte ? » qu’il avait proposé en jetant un oeil à la boucherie. Leur histoire ne pouvait exister que dans le huit clos de quatre murs, là où personne ne pouvait les voir. Ils ne pouvaient pas se permettre de se dévorer du regard en pleine rue trop longtemps. Nate était venu les bras chargés. Bouteilles de vin, plats à réchauffer, chocolats, cigarettes et même une petite radio qu’il espérait qu’il n’ait pas déjà. Pour lui, ce n’était pas grand chose mais il n’avait pas pu imaginer venir les mains vides. A peine la porte refermée derrière eux et malgré toutes les bonnes intentions qu’avait Nate de présenter ses présents, il n’avait pas été capable de faire autre chose que de fondre sur les lèvres de Matt. Ça faisait beaucoup trop longtemps.

Il était enfin là... J'aurais voulu pouvoir lui sauter dessus dés maintenant, l'embrassant à en perdre haleine. Mais je n'oubliais pas que nous n'étions en "public". Je savais qu'il y avait le boucher juste à côté dans sa boutique. Il y avait ses clients qui ne cessaient d'aller et venir. Les voitures qui passaient sur la route... Nous n'étions pas seuls, pas comme lorsqu'il était venu dans mon ancienne ferme perdu seule au milieu de la nature. Je me retenais, mais c'était tellement difficile de ne pas pouvoir être avec lui. Je hochais la tête avant de l'entrainer dans mon appartement. Je n'avais pas vraiment prévu de le quitter du week end. J'avais investi dans des rideaux, pour qu'on puisse être à l'abri des regards indiscrets. J'avais déjà fermé ceux du salon en descendant pour le rejoindre.

Je venais à peine de rentrer dans la maison que je le sentais venir sur moi, m'embrassant avec envie. Je souris, le serrant contre moi, répondant sans aucune retenue à son baiser. Je me sentais beaucoup trop bien de pouvoir enfin le retrouver. Je n'avais aucune envie de lâcher ses lèvres, pas pour le moment en tout cas.

Je finis par reprendre mon souffle. Je posais mes mains sur ses joues, restant le front collé contre le sien, un sourire aux lèvres.

- Tu m'as tellement manqué...

Je souriais alors que je l'embrassais une nouvelle fois. J'avais enfin l'impression de revivre. Je me sentais enfin heureux, complet maintenant qu'il était là, tout contre moi. Je savais que ce week end serait à nouveau beaucoup trop court. Je l'avais déjà ressenti après notre week end passé dans la cabane de mon cher beau frère. Mais on n'avait que ça... alors je profiterais de chacun de ces instants passé avec lui.

- Je... je devrais peut être te faire visiter l'appartement.

Je m'interrompis à nouveau pour aller l'embrasser. J'étais comme un assoiffé reprenant sa première gorgée d'eau. Il m'était vitale. J'avais besoin de lui dans ma vie pour ne pas sombrer.

- Ou alors je te fais directement visité la chambre.

Avant de sortir de sa voiture, Nate avait glissé son alliance dans la boite à gants. Le temps d’un week-end, son mariage avec Alison n’existerait pas. Il voulait avoir l’impression d’être libre bien qu’il soit en réalité plus que jamais enchainé à son foyer. Mais, pendant deux jours, il pourrait au moins faire semblant que ce n’était pas le cas. Il avait retrouvé le seul et unique amour de sa vie. L’euphorie que ça provoquait en lui le transportait. L’ancien cowboy n’avait pas mis longtemps à retrouver les lèvres de son amant. C’était à chaque fois plus enivrant et Nate se rendait compte à quel point il était dépendant de son contact. Il dépérissait sans lui. A ses côtés, il avait l’impression de retrouver un nouveau souffle. « Tu m’as manqué aussi. » qu’il avait murmuré dans un sourire, son front collé à celui de Matt, ses mains parcourant son dos. Elle était bien loin l’époque où ils hésitaient à s’embrasser, où ils ne savaient pas comment s’y prendre l’un avec l’autre. « J’ai beaucoup envie de voir ce lit dont tu m’as parlé, je crois. » Et cette fois, Nate avait rit entre deux baisers. Il n’y avait qu’avec Matt qu’il était aussi complice. Avec le temps, Alison n’était devenue qu’une colocataire. Ils s’entendaient relativement bien et leur couple tournait heureusement autour de leur fille en commun. Avec son amant, c’était différent. Nate n’avait pas besoin de se forcer, il n’avait pas besoin d’étudier le moindre de ses mots ou de ses sourires. C’était peut-être ça, le bonheur. En tout cas, ça ne durait jamais assez longtemps et c’est pour cette raison que Nate était déterminé à ne pas perdre une seconde du temps qu’il avait avec Matt. Maintenant qu’il l’avait retrouvé, il avait l’impression de ne jamais pouvoir décrocher de ses lèvres qu’il embrassait encore avec fièvre.

Je souris largement en entendant sa réponse. C'était exactement ce que je voulais. On aurait le temps de discuter plus tard. Enfin... je ne savais même pas si j'avais envie de discuter. Toutes nos discussions finissaient le plus souvent en dispute. Je voulais juste passer le week end à profiter de lui et c'était dans mon lit qu'on profiterait le mieux.

- Parfait... suis moi.

Je l'attrapais par la main pour l'attirer avec moi dans la petite chambre attenante au salon. Je l'entrainais avec moi sur le lit, nos vêtements nous quittant au fur et à mesure de nos pas. Je m'allongeais avec lui dans le lit, continuant de l'embrasser avec passion. Le moment où je m'unis à lui fut comme une délivrance. Je poussais un long gémissement de plaisir. Je m'arrêtais un instant en lui, profitant juste de l'instant, de cette sensation extraordinaire que d'être ainsi avec lui, en lui, nos corps ne faisant plus qu'un. C'était tellement bon, tellement enivrant... Puis je finis par céder, l'envie de le sentir davantage se faisant trop forte. Je commençais mes lents va et vient, nous emportant tous les deux vers l'extase.

Je me retirais une fois terminé, allant m'allonger dans le lit, le serrant doucement dans mes bras, encore à bout de souffle. J'embrassais doucement son front un léger sourire aux lèvres.

- Heureusement que ma voisine n'est pas là pour le week end. Je pense qu'elle nous aurait entendu.

Je ris doucement en repensant aux dernières minutes qui venaient de s'écouler. Elles avaient été délicieuses mais ce moment, celui où on était là, blotti dans mon lit, encore étourdi par l'orgasme qui venait de nous emporter tous les deux. Je le gardais serrer contre moi, embrassant son front ou ses cheveux par moment.

- Je suis heureux que tu sois là...

J'aurais voulu qu'on puisse ne jamais bouger de cet endroit lui et moi.