Officiellement, Matt existait pour l’entourage de Nate et il le présentait comme son meilleur ami. Ce n’était pas vraiment un mensonge d’ailleurs, il était dans un sens réellement son meilleur ami. Mais il était également bien plus que ça et ça, il ne pouvait le dire à personne. Est-ce que ça se faisait d’avoir une photo de son meilleur ami dans ses affaires ? Probablement pas mais ça ne faisait pas vraiment peur à Nate. Il raconterait une connerie, un mensonge, il savait bien le faire. Il était prêt à prendre le risque parce qu’il n’en avait pas seulement envie… Il en avait besoin. Il avait haussé les épaules quand Matt lui avait demandé ce qu’il se passerait si quelqu’un tombait dessus. Il avait raison, il y avait une bonne raison de ne pas se permettre ce genre de souvenirs mais Nate avait espéré qu’il consente à prendre ce risque. Visiblement, Matt avait décidé de se montrer plus raisonnable que lui. Encore une fois. Il avait distraitement continué à caresser la nuque de Matt, incapable de répondre quoi que ce soit. Ça faisait un moment maintenant qu’ils fuyaient tous les deux les discussions qui pouvaient se terminer en disputes. Il était sorti de ses pensées que lorsque Matt avait repris la parole et il fut étonné d’apprendre qu’il acceptait. Un petit sourire aux lèvres, il était venu rapidement embrasser les lèvres de Matt. « C’est une très bonne idée. Merci. » qu’il lui glissa en reprenant sa place initiale. « Je serai prudent tu sais, tu peux me faire confiance. » Il n’avait aucune envie lui non plus qu’on découvre leur relation clandestine. Il soupira de fatigue en se passant un bras derrière la nuque. « Allez, prends tes cachets. » Et s’il le lui demandait, c’était bien parce qu’il était crevé. Ils allaient avoir toute la semaine pour profiter l’un de l’autre.
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Notre petite routine s'était mise en place. Nous passions la semaine ensemble. Il était aux petits soins pour moi, s'occupant de tout dans la maison, me préparant de bons petits plats, veillant à ce que je n'ai besoin de rien. C'était agréable. Je savourais chaque instant de cette vie à deux. J'aurais voulu que ça dure toujours, qu'on puisse vivre comme ça lui et moi. Passer tout notre temps ensemble, le voir le matin au réveil, me coucher à ses côtés le soir. Je vivais un rêve mais je savais que ce n'était que ça, juste un rêve. Le week end arrivait toujours trop vite et avec lui la cruelle vérité. Il retournait dans sa famille, auprès de sa femme et moi je restais seul comme un con.

Je n'étais plus retourné chez ma voisine. Elle avait du interprété mon silence comme un refus et elle n'avait pas vraiment tord. Je la fuyais de peur d'affronter sa colère et de son côté elle me fuyait trop blessé par mon silence. J'avais perdu une amie et je m'en voulais.

C'était difficile de me débrouiller seul le week end mais je faisais de mon mieux pour survivre pendant son absence. Ma jambe me faisait de moins en moins souffrir, seul point positif de la situation actuelle. Oui, je pouvais profiter de Nate mais nous avions recommencé à éviter de parler des sujets qui fâchaient. On n'en parlaient pas mais ils me torturaient chaque jour. Chaque week end je souffrais de le voir partir. Chaque jour où je me sentais un peu mieux je réalisais que bientôt je serais sur pied, qu'il n'y aurait plus de raison pour qu'il reste à prendre soin de moi. Bientôt je devrais recontacter mon patron pour lui dire que j'étais apte à reprendre le travail. Il ne m'avait pas appelé de tout le mois et je craignais de plus en plus de deviner ce que ce silence devait dire.

Puis mon mois de convalescence se termina. Nate m'avait amené chez le médecin. J'avais insisté pour rentrer seul dans le cabinet. Nous ressemblions déjà beaucoup trop à un couple lui et moi, je ne voulais pas aggraver les choses. J'étais donc entré seul dans le cabinet du médecin pour en ressortir quelques minutes plus tard, debout sur mes deux jambes, sans béquilles. Ma démarche était encore mal assurée mais je pouvais désormais marcher.

Je m'approchais de lui, lui souriant doucement.

- Ca y est... je peux remarcher.

Je souriais mais je n'arrivais pas à être heureux. Je savais ce que marcher voulait dire. J'allais devoir affronter mon patron et peut être me retrouver sans emploi. Et surtout... il allait devoir partir définitivement.

C’était trop beau pour être vrai, Nate le savait. Il profitait des jours qu’il avait avec Matt à fond, ce n’était que temporaire. Les habitudes, la vie commune, ça prendrait fin. Les choses allaient reprendre leur cours normal. Nate retrouverait sa place auprès de sa famille et Matt reprendrait le travail ainsi que la vie en solitaire. Toutes les rêveries de Nate, ses envies de divorce, ne valaient rien face à la réalité : ils ne pouvait pas être ensemble. Alors, tant qu’il le pouvait, Nate était décidé à passer des moments exceptionnels. Il était aux petits soins. Jamais un mot de travers. Surtout pas de dispute. C’était incroyablement bien. Si Nate arrivait à mettre de côté les petites voix dans sa tête, il pouvait même se dire qu’il était parfaitement heureux. C’était finalement tout ce dont il avait besoin : être aux côtés de celui qu’il aimait. Matt faisait des progrès, il se sentait de mieux en mieux. Nate en était ravi, bien sûr, mais pas que… Quelque part, une petite partie égoïste de lui aurait aimé qu’il reste blessé encore longtemps. Quand il serait rétabli, il n’aurait plus de raison de ne pas être chez lui. Mais le mois était passé et, effectivement, Matt se portait mieux. Nate avait été confiant en l’emmenant chez le médecin même s’il avait la mort dans l’âme de savoir ce que sa guérison signifiait. Il était nerveux à attendre seul devant le cabinet. Matt avait tenu à y aller seul, sans doute pour ne pas paraitre trop bizarres ensemble. Est-ce que les gens se posaient des questions en les voyant ensemble ? Nate aimait se dire que non mais il ne savait pas dire s’il était très objectif. Ça avait donc semblé être une éternité mais quand Matt était ressorti du cabinet, il marchait. Oh, il n’allait visiblement pas partir pour un marathon dans la foulée mais il marchait. Nate en avait le coeur serré mais on ne voyait rien d’autre qu’un sourire encourageant sur son visage. « C’est génial. » Génial, c’était le mot. Ou pas. Nate ne savait pas vraiment dire s’il était content ou pas. C’était un mélange de deux émotions et c’était compliqué. « Alors, c’est quoi le programme maintenant ? » qu’il avait demandé sans se douter que la simple idée de passer à autre chose lui donnerait la nausée comme ça. Ils avaient été tellement bien ensemble…
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Génial ouais... je ne savais pas si c'était vraiment ce que je ressentais mais oui ça devait l'être. J'étais à nouveau en état de marcher et de me débrouiller seul. Le médecin voulait par contre que je fasse des séances de rééducation à l'hopital avant de reprendre le boulot dans quelques semaines. Je doutais que mon patron accepte de me payer les séances et surtout qu'il continue de me payer pendant que je faisais ma rééducation. J'allais surtout me retrouver au chomage et encore convalescent. C'était génial oui...

Je lui souris doucement alors qu'il me demandait quel était le programme.

- On devait aller à la fête foraine non? J'irais bien manger un hot dog, faire un tour de grande roue avec toi et prendre ces fameuses photos.

Nous étions vendredi, demain il devrait rentrer chez lui et ça de manière définitive. Moi le lundi j'appellerais mon patron et je me retrouverais sûrement au chomage. Mais en attendant je voulais profiter d'une dernière soirée avec lui. Un ultime moment à deux avant que l'on ne soit séparé, surement pour des mois. Si je partais bien à Los Angeles, je ne le reverrais peut être plus jamais.

Je quittais l'hôpital avec lui pour aller dans sa voiture. Je marchais doucement, encore mal habitué à reposer ma jambe et à m'appuyer dessus. C'était bizarre mais ça faisait aussi beaucoup de bien. Je grimpais dans la voiture à côté de lui et je posais doucement ma main sur sa cuisse.

- On va pouvoir profiter d'une soirée tous les deux. Ca vous nous faire du mien. J'ai passé un mois enfermé à la maison alors j'ai besoin de prendre un peu l'air.

Je serais devenu fou si j'avais du rester seul pendant un mois enfermé dans mon appartement. Sans parler du fait que je n'aurais jamais réussi à me débrouiller seul. Mais maintenant c'était terminé....

Je le laissais conduire, une main posée sur sa cuisse. Je préférais ne pas penser à ce qui nous entendrait dés le lendemain.

Nate se sentait vraiment bizarre, incapable de se réjouir de la bonne nouvelle. Il en aurait aimé un peu plus… Peut-être juste une semaine ? Un mois, ça n’avait pas été assez et, à vrai dire, ce ne serait jamais assez. Il allait tellement lui manquer. Il ne devrait pas déjà être en train d’y penser. Après tout, ils étaient encore ensemble… Mais Nate avait bien du mal à ne pas se laisser atteindre. Il faisait semblant du mieux qu’il pouvait, un sourire aux lèvres. « Avec plaisir. » qu’il avait répondu, sincère cette fois. Il se réjouissait autant de faire un tour de grande roue avec le seul amour de sa vie que de prendre enfin ces photos qu’il attendait tant. Ils étaient retournés à la voiture, Matt avait posé sa main sur la cuisse de Nate et ce dernier essayait tant bien que mal de ne pas se pourrir les pensées en pensant au lendemain. Ça ne changerait de toute façon rien de se torturer, il valait mieux qu’il profite de cette soirée. « Je comprends. Maintenant que t’es guéri, on va prendre soin de ta santé mentale un peu… » qu’il avait dit en rigolant doucement, son regard qui déviait de temps en temps sur Matt bien qu’il restait concentré sur la route. Il commençait à bien connaitre le coin et il n’avait eu aucun mal à trouver la fête foraine. Après avoir tourné quelques fois sur le parking le temps de trouver une place, il s’était garé et était ressorti de la voiture en compagnie de Matt. Ils y étaient, la fête foraine. Une des rares sorties qu’ils feraient en public. Nate voyait les familles avec leurs enfants avec un pincement au coeur mais le pire, c’était indéniablement tous ses couples qui se tenaient la main et batifolaient sans se soucier du regard des autres. Eux, ils ne pouvaient se permettre rien de tout ça. Déjà comme ça, ils étaient assez bizarres à trainer en tête-à-tête. « Bon alors, ils sont où ces hot dog ? » qu’il avait demandé après avoir payé les entrées, essayant de se changer les idées et de ne pas trop penser au fait qu’il crevait d’envie de tenir la main de Matt lui aussi.
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Le reste de la route se passa dans le silence. J'étais perdu dans mes pensées et peut être que c'était le cas pour lui aussi. Il devait aussi se douter que ce que ma guérison impliquait. Il allait devoir partir. Il n'aurait plus beaucoup de raison de rester ici. On serait obligé de recommencer à se voir uniquement de temps en temps.

Je finis par descendre de la voiture pour aller rejoindre la fête. On se retrouva rapidement entouré de familles heureuses et de couple. On faisait tâche là. On était les seuls hommes à venir à deux. C'était un endroit où on venait en famille ou en couple, pas avec un ami. Ou alors les filles venaient entre amies mais les mecs en général ne venaient pas entre eux.

Je le suivis dans la fête, un peu mal à l'aise. Je me tenais le plus loin possible de lui pour ne pas éveiller les soupçons. Putain ce que ça pouvait être frustrant. J'avais l'impression d'être un hors la loi alors que je tentais juste de profiter d'un moment agréable avec la personne à laquelle je tenais le plus au monde.

- Je crois que c'est par là. Je meurs de faim.

Je lui souris doucement avant de l'entrainer dans la fille d'attente. Je nous pris deux hot dogs que je payais cette fois. Il avait protesté mais j'avais insisté. Il avait déjà payé pour les entrées et il avait payé beaucoup trop de choses au cours de ce mois passait chez moi. Mais je ne pouvais pas vraiment me plaindre, je ne pouvais pas bouger de mon canapé à ce moment là.

Je lui tendis son hot dog avant d'aller vers la grande roue avec lui.

- On va faire un tour tout en mangeant?

Marcher loin l’un de l’autre comme s’ils n’étaient que de simples amis, c’était vraiment bizarre. Il aurait été si naturel que Nate lui attrape la main, qu’ils s’enlacent mais… Ils n’étaient pas tout seuls. Ici, le moindre effleurement pourrait paraitre suspect et Nate le savait. Il n’avait aucune envie d’attirer l’attention sur lui mais il ne pouvait s’empêcher de penser que c’était injuste. Il était malgré lui un peu plus vigilant par rapport au regard des autres et chaque fois qu’il croisait le regard de quelqu’un, une petite voix dans sa tête se demandait si la personne était au courant. Est-ce que ça se voyait chez lui ? Chez eux ? Et si ça se voyait, est-ce que c’était vraiment si grave ? Matt mourrait de faim et ça tombait bien puisqu’ils avaient trouvé les hot dogs. Matt avait insisté pour régler et si Nate n’avait pas trouvé ça raisonnable du tout, il avait fini par capituler quand même. Ça ne servait jamais à grand chose de s’entêter contre lui. Leur hot dog à la main, ils s’étaient dirigés vers la grande roue. Ils pourraient peut-être souffler un peu là-haut, à l’abri des regards. Nate s’était installé dans une cabine et si la promiscuité de l’endroit l’obligeait à être proche de Matt, il s’en tenait aussi éloigné que possible malgré tout. Et c’était difficile parce que, là encore, Nate avait juste envie de se blottir contre lui comme le faisaient tous les autres couples sur cette roue. Trop torturé par ce qu’il voyait à côté, il s’était focalisé sur Matt. « J’avais le vertige petit. Je voulais jamais monter, c’était pathétique. La seule fois où ma mère a réussi à me trainer dans une grande roue j’avais pleuré tout du long. » Nate avait levé les yeux au ciel en riant. « Et puis j’ai grandi et c’est passé. J’ai d’autres peurs maintenant. » Comme celle qu’on découvre ses secrets ou celle de perdre Matt. Des peurs bien plus concrètes que celles qu’il avait pu ressentir petit.
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Je m'installais à côté de lui dans la grande roue. On devait paraitre bizarre tous les deux, à faire une activité de couple mais entre hommes. Mais je me sentais bien. On était bien là rien que tous les deux, à l'écart du monde. Peut être que les langues allaient se délier après notre petit tour. Peut être que j'en entendrais parler dans la ville, que j'avais une relation louche avec un mec. Je me posais de plus en plus de questions. Est ce que je devrais vraiment rester en ville? J'étais dans une petite ville. La plupart des personnes me connaissaient. Ils savaient qui était mon père, qui était mon patron... Ils attendaient tous de me voir marié et pas entrain de me balader avec un mec.

Je lui souris doucement en l'entendant parler de ses peurs.

- J'ai du mal à t'imaginer en train d'avoir peur du vide. Ou même d'avoir peur de quoi que ce soit. Tu es tellement... grand et fort et courageux.

Je souris à nouveau, lui mettant un léger coup d'épaule. Je terminais mon hot dog avant de poser discrètement ma main sur sa cuisse. Tant qu'on était en hauteur il n'y avait personne pour nous voir. Il serait temps que je la retire quand on arriverait en bas.

- Sérieusement... qu'est ce qui te fait peur Nate?

J'avais peur d'aller dans un sujet dangereux. On avait bien évité soigneusement lui et moi de parler de tous les sujets qui pourraient fâcher pendant le mois qu'on avait passé ensemble. On avait tout fait pour ne pas se disputer, ne parlant de pas de sa femme, de sa famille ou de quoi que ce soit. Je venais peut être de mettre les pieds dans le plat avec ma question mais je ne pouvais pas non plus ne rien dire.

Aujourd’hui, Nate n’avait plus peur du vide. Le vertige avait été une peur enfantine, quelque chose qui s’était dissipé seul quand il avait pris de l’âge. En revanche, la vie lui avait amené des peurs nouvelles, des peurs d’adulte, que Matt ne soupçonnait visiblement pas vu le discours qu’il lui tenait. Nate avait explosé de rire, un rire franc et joyeux, celui de quelqu’un qui avait momentanément oublié ce qui l’embarrassait tant. « J’étais beaucoup moins grand et fort à cinq ans, tu sais. » Mais il devait bien l’avouer, même lui ça le surprenait de s’imaginer avoir eu une peur aussi irrationnelle. S’il s’en souvenait bien, ça lui paraissait aujourd’hui insensé. Matt avait posé sa main sur la cuisse de Nate, un geste vraiment apprécié dans le trouble du moment. Matt l’idéalisait et si c’était flatteur, Nate doutait que ce soit très objectif. Ceci dit, il n’avait pas cherché à le corriger. A la place, il avait terminé son hot dog lui aussi pour attraper la main de son compagnon de grande roue. Maintenant qu’ils étaient suspendus dans les airs, ils n’avaient plus à craindre le regard des autres. « Euh… Tout un tas de choses, à vrai dire. » Son regard s’était promené vers le vide où les gens apparaissaient tout petits. Il aimait bien discuter avec Matt parce qu’il se sentait compris la plupart du temps. Mais parler de ses peurs, ce serait aussi aborder des sujets qui fâchent et Nate n’était pas vraiment sûr de vouloir le faire. Après un temps de réflexion, il avait repris : « J’ai peur que Penny soit pas heureuse. J’ai peur que les gens sachent que je ne fais que mentir et surtout… J’ai peur de te perdre. » Et en se rendant compte à quel point il avait l’air grave, il avait secoué la tête. Ils étaient là pour passer un chouette moment, pas pour se torturer l’esprit. « Et toi, t’as peur de quoi ? » Parce qu’on a tous peur de quelque chose, non ?
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- Tu devais être trop mignon à cinq ans.

Et même si je n'aimais pas les gosses, je reconnaissais que lui devait être absolument craquant quand il était gamin. Il ne pouvait pas en être autrement quand je voyais l'adulte qu'il était devenu.

Je lui souris doucement, caressant sa cuisse alors que je l'écoutais parler. Peur pour son enfant il me semblait que c'était un classique. Mes soeurs ne m'en avaient jamais parlé mais je savais qu'elles en discutaient entre elles. Elles tentaient de se rassurer toutes mais elles avaient les même peurs. Elles voulaient le meilleur pour leurs enfants et c'était pareil pour Nate.

Je pouvais comprendre aussi la peur qu'il avait qu'on ne découvre qu'il mentait. Je la partageais aussi. Et j'avais bien l'impression que cette peur était entrain de se concrétiser dans mon cas. Peut être que lundi j'apprendrais que mon secret n'en était plus un et je devrais gérer ça. J'avais peur... vraiment peur de voir tout mon monde s'effondrer. Le peu de choses que j'avais réussi à construire était entrain de se casser la gueule. Ca avait commencé avec ma voisine et ça allait sûrement continuer avec mon boulot.

Quant à la dernière peur... je la comprenais aussi...

- Je comprends. Enfin pas pour ta fille vu que je n'en ai pas mais c'est une peur que beaucoup de parents ont. Mais pour le reste... J'ai peur aussi qu'on ne découvre ce que je suis. Mais surtout j'ai peur qu'il t'arrive quelque chose. Peur de te perdre aussi, de ne plus jamais te revoir...

Et ça aussi ça risquait d'arriver malheureusement...

Je soupirais doucement, serrant un peu plus sa cuisse. La roue arriva vers le bas et je le lâchais. Je détournais le regard de lui, jurant mentalement.

- Et je déteste ça. Être obligé de se cacher comme si on était des délinquants. Alors qu'on ne fait rien de mal. Je veux juste... pouvoir être avec toi...