Ils n’auront jamais été aussi proches de réaliser leur rêve le plus fou, celui de vivre ensemble. C’était grisant, Nate avait du mal à y croire. Tout était mélangé dans sa tête. Il se sentait mal et, en même temps, il ne s’était jamais senti aussi bien. Il aurait aimé que tout ça se fasse autrement, dans d’autres circonstances… Mais c’était ainsi, il allait devoir faire avec. Plus rien ne serai jamais pareil et s’il avait perdu beaucoup, il allait peut-être gagner énormément en retour. Il gagnait Matt. Enfin. Il pouvait être celui qu’il avait toujours attendu… À quelques détails près. Il lui faudrait un nouveau boulot et puis il y a l’alcool qu’il lui faudrait arrêter. Mais pas tout de suite. Il devait digérer tout ça. C’était trop récent. S’il avait encore quelques marques visibles sur le visage, son corps était encore recouvert de son ultime altercation avec sa belle famille. Matt avait déballé leurs repas, Nate mangeait comme un moineau. L’appétit n’était pas vraiment là, il se forçait. Ce qu’il aurait aimé faire, c’était picoler. Mais en compagnie de Matt, ça allait être compliqué. Il se voyait mal lui imposer ça. Il avait toujours été contre et il ne voyait pas vraiment pourquoi ça aurait changé. Il hochait la tête en écoutant Matt, il entendait Alison à travers ses mots. Foutue Alison. « J’ai essayé de t’appeler en arrivant à l’aéroport… Je suis désolé. Je voulais pas que ça se passe comme ça. » Non, Nate n’avait pas vu les choses comme ça. « J’espère… J’espère. » qu’il avait soufflé quand Matt lui avait dit que ça irait maintenant qu’ils étaient tous les deux. Il n’était pas sûr que ce soit si simple. Et si ça mettait du temps à passer cette tristesse ? Et s’il déprimait pendant longtemps ? Il ne voulait pas entraîner Matt là-dedans. Comme il n’avait pas prévu d’en parler pour le moment, il continua : « Bon alors, tu me racontes… C’etait qui tous ces gens ? » Il avait souri, resserrant sa main dans la sienne.
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- C'est pas grave, c'est très bien aussi. J'étais au boulot c'est pour ça que je n'ai pas eu ton message. On venait juste de sortir. On avait prévu de manger là avant d'aller dans une boite gay avec Dan.

Je lui souris doucement alors que je reprenais ma main pour continuer mon repas.

- Tu imagines ça? Une boite de nuit, avec seulement des mecs comme nous. Il y a quelques endroits dans Los Angeles qui sont relativement safe, pas mal fréquentés par la communauté homosexuelle, le restaurant où on s'est vu est un de ces endroits. Mais là c'est carrément un endroit qui nous est réservé. On ira voir ça un de ces soirs?

Je recommençais à sourire en parlant de ça. Ni lui ni moi n'aurions jamais cru ça possible. Ce n'était pas si loin que ça l'époque où nous étions obligé de nous cacher tous les deux. Il s'imaginait qu'un jour les gens pourraient évoluer et qu'on pourrait être nous même sans avoir à se cacher. Je ne le croyais pas et pourtant ce monde là commençait à arriver. Il y avait quelques mois en arrière nous étions à une innocente fête foraine et nous n'osions même pas marcher côte à côte. Et maintenant nous étions dans une ville où il existait une boite où on pourrait danser ensemble, flirter, s'embrasser sans que personne ne trouve à y redire.

- Et Dan et les filles, se sont des collègues de boulot. Je te les présenterais un autre jour. Là, on va profiter du week end. Je ne travaille que lundi. J'ai deux jours entiers rien que pour toi. On va juste penser à nous ok? Rattraper le temps perdu. Visiter la ville. Allez à la plage aussi. Il y a tellement de choses que j'ai envie qu'on fasse. Tu m'as tellement manqué.

Une boite gay ? Nate avait froncé les sourcils. Il était sérieux ? Vu sa tête, il avait l’air. Nate ne l’avait jamais vu aussi excité. C’était incroyable toute cette énergie. Pour le coup, il n’était pas du tout sur la même longueur d’ondes que lui. Mais un détail n’avait pas échappé à l’attention de Nate : il avait prévu d’y aller avec Dan, le blond qui l’avait dévisagé. En tête-à-tête ? Comme un rencard ? Il s’était mordu l’intérieur de la joue pour ne rien demander. Il n’avait pas à le faire, il n’était absolument pas bien placé pour ça. Il n’y a pas si longtemps, il était encore marié. « J’ai un peu de mal à imaginer… Mais oui. On ira voir ça. » Comment lui dire non ? Nate n’en avait à ce jour aucune envie mais Matt était si emballé qu’il ne s’était pas vu lui refuser. Il n’avait pas vraiment le coeur à la fête, ni même à la découverte. Si ça ne tenait qu’à lui, il se cloisonnerait chez Matt et il attendrait que ça passe. Le temps fera son affaire, il ira mieux. « Des collègues… D’autres serveurs tu veux dire ? » Oh, Nate avait loupé un épisode et il était bien loin de se douter de ce qui l’attendait. Profiter du week-end… Profiter. Nate aimerait mais il n’était pas sûr de pouvoir le faire. Il pourrait bien se forcer… pour Matt. Après tout, sortir lui permettra peut-être de se changer les idées. « Tu sais quoi ? On a le temps… Pour la première fois, rien ne presse. » qu’il avait dit dans l’espoir subtil de calmer les ardeurs de Matt. Il allait avoir besoin d’un peu de temps pour ça, pour être capable d’approcher le niveau d’excitation de Matt. Il avalait difficilement son repas, à moitié avec Matt, à moitié ailleurs. « T’es… changé. J’aime bien. » qu’il lui confia avec un sourire timide. Lui aussi, il avait changé mais pas de manière aussi positive que Matt.
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Je lui souris doucement alors qu'il me disait que j'avais changé. Je n'en avais pas vraiment l'impression. Enfin si un peu, en cet instant je n'étais plus vraiment le Matt renfermé qui ne souriait jamais. J'étais heureux, limite euphorique, mais ça n'avait rien à voir avec ma nouvelle vie.

- Changé non je ne sais pas trop. Je suis surtout tellement heureux de te voir. Je me suis imaginé le pire Nate. Pendant deux semaines j'ai cru que tu étais... que tu étais mort sans que je n'ai rien pu faire, sans que je n'ai pu te voir une dernière fois ou te dire adieu. J'ai senti tout mon monde s'écrouler à l'idée de t'avoir perdu. Et puis tu es apparu...

Je lui souris doucement, des larmes d'émotion m'étaient monté aux yeux. J'avais passé les deux pires semaines de ma vie à croire que j'avais perdu définitivement celui que j'aimais. Je ne voulais plus jamais revivre ça.

- Alors tu n'imagines pas le bonheur que je ressens à te voir là. Si je m'écoutais je te garderais mes bras et je ne te lâcherais pas de peur de te perdre à nouveau.

Je terminais mon repas et rangeais les quelques emballages vides.

- Mais peut être que j'ai un peu changé oui.

Je haussais vaguement les épaules, réfléchissant un peu à ce qui m'était arrivé ces derniers mois.

- Disons que... ma vie me plait plutôt bien ici. Mon travail me plait. J'ai commencé à sympathiser avec quelques personnes. Je ne me sens pas juger par qui que ce soit. Et puis... je vis enfin pour moi, pas pour m'occuper de mon père, pas pour régler mes dettes, juste moi. Il ne me manque qu'une chose pour que ce soit parfait.

Je me penchais vers lui et attrapais doucement sa main.

- Tu... tu penses rester combien de temps?

Nate se sentait vidé de toute énergie, de toute émotion. En temps normal, de telles retrouvailles l’auraient totalement submergé de joie. Et il avait été heureux de retrouver Matt, vraiment. Mais ça n’effaçait pas le reste. Ça n’effaçait pas ce divorce précipité, la vente du garage, son passage à tabac et surtout… Penny. L’idée qu’il ne la reverrait plus jamais était horrible et ça l’obsédait. Oui, c’était dur de composer avec tout ça et c’était la raison pour laquelle Nate n’arrivait pas à se réjouir pleinement de se retrouver ici. Matt, lui, était fou de joie et ça contrastait avec l’état d’esprit de Nate. Il s’était alors contenté de l’écouter en souriant légèrement. Qu’est-ce qu’il pouvait bien dire ? Lui aussi, c’était imaginé sa fin alors qu’il avait été laissé pour mort. Mais il était là et il ne savait pas trop bien encore s’il devait s’en réjouir. Ce qui était bien, c’est qu’il n’était pas seul et qu’il avait retrouvé l’homme qu’il aimait. Le reste… Absolument tout le reste était insoutenable. Matt était en train de lui expliquer comment il était heureux, comment il ne manquerait qu’une chose pour que ce soit parfait et Nate devinait de quoi il s’agissait. La question qu’il lui avait posé ensuite le lui confirma. Nate avait lentement terminé son repas avant de souffler. « C’est fini. J’ai divorcé, j’ai vendu le garage et Penny, je… » L’émotion l’avait gagné, il ravala sa peine pour continuer : « Plus rien ne me retient. Je reste. » Il déposait un baiser sur le front de Matt avant de partir à la recherche d’une cigarette. Il avait toujours cette furieuse envie de boire comme s’il n’y aurait jamais de lendemain et il avait bien du mal à la maitriser. Ce serait tellement plus facile de noyer tout ça dans l’alcool.
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C'était compliqué. Il venait de tout perdre, tout ce qui faisait sa vie. Sa femme l'avait mis à la porte et avait demandé le divorce. Il avait perdu son garage, celui qu'il avait depuis des années. Et il avait même perdu sa fille, la personne qu'il aimait le plus au monde. Je pouvais essayer de comprendre ce qu'il traversait. J'avais tout perdu moi aussi à une époque. Je devais être une maigre consolation pour lui comparé à la perte de sa vie. J'avais l'impression d'être un égoïste à me réjouir de l'avoir avec moi alors qu'il avait tout perdu.

- Bon... je te laisse emballer tes affaires et on y va? Tu ne vas pas rester tout seul dans cet hôtel. C'est pas le grand luxe chez moi mais ça sera déjà mieux qu'une chambre d'hôtel.

Je l'attendis dans l'entrée, le laissant emballer les quelques affaires qu'il avait pu prendre. Je n'avais pas changé d'appartement. J'étais resté dans mon petit deux pièces malgré le fait que j'ai changé de boulot. C'était encore trop nouveau pour moi pour que j'aille dépenser de l'argent pour un appartement plus grand. Je pensais rester encore seul à l'époque. Je me disais que je me foutais de mon appartement, ce n'était qu'un endroit pour dormir. Je préférais mettre de l'argent de côté pour penser à mes vieux jours et surtout au moment où ma carrière prendrait fin. Je ne voulais pas uniquement dépendre d'un métier aussi incertain que celui d'acteur.

Une fois terminé je l'accompagnais dehors, marchant tranquillement avec lui dans les rues de la ville.

- Ce n'est pas très loin d'ici. Je ne sais pas comment tu as fait mais tu es tombé pile dans mon quartier.

Je lui souris doucement avant d'entrer dans un immeuble situé au dessus d'une petite supérette où je ne mettais que rarement les pieds. Je n'étais toujours pas du genre à préparer mes repas moi même. Je lui fis monter deux étages avant qu'on arrive dans mon appartement, au dernier étage de l'immeuble.

- Voilà... c'est ici... la chambre est par là. Et la salle de bain est par là bas.

Nous étions dans une petite pièce de vie. Depuis les fenêtres du salon et de la cuisine on avait vu sur la rue. La cuisine d'ailleurs était plus petite mais vu que je ne cuisinais jamais elle me suffisait. Il y avait une petite table avec deux chaises pour faire office de salle à manger. J'avais réussi à dénicher un canapé beige plutôt confortable. La décoration était plutôt sommaire. Je n'avais jamais été doué là dedans non plus. Il y avait quelques magazines sur la table basse et surtout le script de mon film actuel qui trainait là, attendant que je révise mon texte pour lundi.

- Je devrais pouvoir te faire un peu de place dans le placard de la chambre pour tes affaires.

Je rentrais aussitôt dans la pièce, rassemblant les quelques vêtements que j'avais pour lui dégager la moitié des étagères.

- Fais comme chez toi. C'est chez toi d'ailleurs maintenant si tu en as envie.

Nate n’avait emporté que très peu d’affaires. En quittant aussi rapidement sa maison, il n’avait pas spécialement eu le temps de prendre plus. Et de toute façon, il n’aurait jamais pu tout trimballer. Alison avait certainement fait un feu de joie des affaires qu’il avait laissées. Est-ce qu’elle a gardé au moins les photos pour que Penny ne l’oublie pas ? Qu’est-ce qu’elle lui avait raconté pour justifier son absence ? Nate n’en savait rien. Il avait été brutalement coupé de sa fille et c’était insupportable à vivre. Il avait enduré tellement de choses pour sa petite fille… Un mariage, être loin de Matt, les disputes, les reproches… Pour rien. Tout lui avait échappé et il doutait de pouvoir arranger les choses. Au moins, il était débarrassé de ses secrets. Bizarrement, ça ne lui faisait pas du bien. Au contraire. « Ok. » qu’il avait simplement acquiescé quand Matt lui avait proposé de rejoindre son appartement. Il était si content de l’avoir retrouvé. Nate aurait fait pareil à sa place et c’est sans doute pour ça qu’il n’avait pas lutté pour ne pas le suivre. Il allait ramener un nuage noir dans la vie si réjouissante de Matt et il s’en voulait. Pour une fois que la vie lui souriait à Matt… Il fallait qu’il vienne tout gâcher. Une fois tous les deux dehors, Nate eut du mal à ne pas faire attention aux regards des passants. Il avait l’impression que tout le monde savait. C’était écrit sur sa tête peut-être maintenant ? « Tous les chemins me mènent à toi. » qu’il avait soufflé dans un demi-sourire. Il le pensait. Tôt ou tard, la vie les rassemblait. Pas de la manière des façons mais quand même… Ils avaient fini par se retrouver ensemble à LA. Nate était rentré chez Matt avec un brin de curiosité. Matt lui faisait visiter et s’affairait pour lui faire de la place, Nate était resté en suspend. Ça ressemblait à Matt ici et ça avait quelque chose de réconfortant. Il soupira. Il comprenait maintenant pourquoi Matt refusait son aide à l’époque : ça avait quelque chose d’indigne. Partager les meubles, le même lieu de vie ? Ça avait quelque chose de surréaliste. Avec le temps, Nate avait presque arrête d’y croire… Et c’était là maintenant et il arrivait à peine à s’en réjouir tant il était meurtri. « Merci. » qu’il avait articulé en déposant son sac comme tel dans l’armoire. Il rangerait plus tard. Là, tout de suite, il avait besoin d’autre chose. Sans un mot, il était venu se blottir dans les bras de Matt. Ça avait duré un moment avant qu’il n’ait la force de s’écarter. « Je suis pas venu les poches vides. J’ai des sous le temps de trouver un travail. Je t'aiderais. » qu’il se justifia alors. Le problème, c’est qu’il n’avait aucune foutue idée de ce qu’il ferait de sa vie.
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Je le laissais venir se blottir dans mes bras. Je le serrais doucement contre moi, lui laissant le temps qu'il lui fallait pour se remettre. Je profitais aussi de ce moment avec lui. Ca me faisait tellement de bien de l'avoir contre moi que j'aurais voulu ne jamais le lâcher. J'avais du mal à croire que tout cela était bien vrai, qu'il était venu vivre ici avec moi. Je m'étais résigné à ce que ça n'arrive jamais, qu'il ne reste marié pour le reste de sa vie et que je ne doive me contenter que de quelques instants volés. Mais il était là... et il restait.

Je le laissais se reculer au bout d'un moment. Je hochais doucement la tête à ses paroles.

- Ne dépense pas toutes tes économies non plus en attendant de trouver du travail. J'ai commencé à faire des économies aussi et... ça pourrait nous servir pour l'avenir tu sais. Si on veut acheter une maison ou je sais pas... Je voulais m'ouvrir un commerce, on pourrait faire ça ensemble avec nos économies à tous les deux.

Je m'arrêtais de parler, me rendant compte que j'étais à nouveau en train de m'emballer et de faire tout un tas de projets avec lui. Je m'étais dit que quand je ne tournerais plus de films je pourrais monter ma petite boîte tout seul, mais ce serait tellement plus facile de faire ça avec Nate. Il avait déjà été patron. Il savait gérer une entreprise. On pourrait s'entraider, se soutenir. Ce projet, j'avais vraiment envie de le concrétiser avec lui.

- Mais ne pensons pas à tout ça pour le moment. Prend quelques jours pour te reposer, te remettre de tout ça. Tu pourras feuilleter les petites annonces plus tard. Il y a pas mal d'opportunités de boulot. La ville se développe énormément.

J'allais déposer un léger baiser sur ses lèvres.

- On devrait aller dormir. Demain on aura tout le temps pour profiter toi et moi.

Dans les bras de Matt, Nate avait soupiré. Combien de temps encore allait-il se sentir aussi mal ? Est-ce que c’était une sentence à vie ? Nate espérait que non mais c’était tellement virulent qu’il avait du mal à y croire. Et tout était tellement différent, ici, à Los Angeles. Matt lui paraissait différent. D’ailleurs, son discours ne tarda pas à confirmer ce qu’il pensait : il avait changé. Il parlait économie, maison, commerce… Que de projets à deux dont Nate ne savait pas quoi faire sur le moment. Il l’avait regardé, légèrement hébété. Il avait tellement connu Matt dans la misère qu’il avait fini par oublier qu’il n’y était pas condamné, qu’il pouvait s’en sortir. Visiblement, il s’en était sorti. Maintenant, il rêvait pour deux. Dans les faits, ce qu’il proposait était une excellente idée sauf que Nate n’avait absolument pas la tête à y réfléchir pour le moment. Matt semblait comprendre parce qu’il enchaina en disant que ça pouvait attendre… Nate ne savait pas si ça pouvait attendre mais il était certain que ça devrait attendre. Il n’était pas capable. Pas tout de suite. Après tout, ils avaient déjà attendu tellement longtemps… Qu’est-ce que ça représenterait quelques semaines de plus ? « C’est une bonne idée. » qu’il avait répondu quand il fut question d’aller dormir. Oh, il n’était pas sûr d’être capable de fermer les yeux mais juste profiter de la présence de Matt en silence, ça lui suffirait. Demain, ils profiteraient… Être près de Matt, c’est tout ce qu’il voulait pour le moment et pourtant, il ne voyait pas comment il allait en profiter. Pour ne pas affoler Matt, il s’était écarté pour se déshabiller. L’essentiel de ses marques se trouvaient dans son dos et sur son torse. Depuis le temps les bleus avaient viré de couleur mais les plus gros d’entre eux étaient encore visibles. Une fois prêt, il l’avait rejoint dans le lit en prenant soin de tout cacher sous les couvertures. « Tu sais, je veux vraiment de tout ça… Je t’assure. J’ai juste vécu des moments compliqués. Mais ça ira. Je te le promets. » qu’il avait fini par dire dans l’effort de le rassurer, conscient qu’il avait été particulièrement peu loquace depuis le debut de leurs retrouvailles.
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Je le laissais aller se changer, lui laissant un peu d'intimité. Je me préparais de mon côté avant de l'attendre dans le lit. Il avait beau essayer de se cacher le plus possible je les vis, les marques sur son corps, les traces qu'il restait de sa dernière rencontre avec sa belle famille. Ils n'y étaient pas allé de main morte avec lui. Je les détestais encore plus pour ça. Je détestais tout ces connards qui ne pouvaient pas comprendre que lui et moi on ne faisait rien de mal. On demandait simplement de pouvoir vivre ensemble. Mais ça allait changer. Je commençais à sentir le changement ici. Il y aurait toujours des connards pour nous regarder de travers ça je le savais mais au moins on pourrait vivre ensemble.

Je le serrais doucement dans mes bras quand il arriva dans le lit.

- Je sais... je sais tout ça. Prends tout le temps dont tu as besoin ne t'en fais pas. On a tout notre temps. On a attendu d'être ensemble pendant plus de sept ans. J'aurais pu t'attendre toute ma vie s'il l'avait fallu.

J'embrassais doucement son front avant de lui souhaiter une bonne nuit. Je ne tardais pas à m'endormir apaisé de le sentir contre moi. Je ne dormais bien que lorsqu'il était à mes côtés. J'espérais que lui aussi arrive à se détendre.

Le lendemain je me réveillais de bonne heure. Je quittais discrètement le lit pour aller me préparer et filer en cuisine. Je mis du café à faire avant de prendre mes affaires pour sortir. J'avais pris quelques habitudes maintenant que j'étais à L.A et je voulais lui en faire profiter. Ca ne suffirait pas pour le faire aller mieux mais j'espérais au minimum que ça le ferait sourire.

Je rentrais un peu plus tard, un carton de donuts à la main. Je lui souris alors que je le trouvais installé devant la télé.

- Salut, bien dormi? Je suis parti chercher quelques beignets pour le petit déjeuner. Je n'ai pas changé, il n'y a toujours rien dans mes placards et mon frigo.

Je ris légèrement avant de le rejoindre sur le canapé. Je posais la boite à côté de mon script et me retournais pour venir l'embrasser tendrement.