Nate n’avait aucun mal à imaginer comment Matt était arrivé là où il en était sans même chercher à le faire. Ce n’était pas que son physique qui avait plu, il en était certain. C’était… Son charisme, son regard, tout ce qu’il dégageait et qui l’avait toujours fasciné. Être aussi magnétique, ça devrait être interdit et pourtant Matt n’avait même pas l’air de le soupçonner. Ça en rajoutait peut-être à son charme. Ils étaient rentrés chez Matt et avaient commencé à déballer leurs courses. Nate découvrait encore l’endroit et était sans doute un peu gauche dans l’exercice. Il faisait néanmoins de son mieux. Sans s’interrompre dans le rangement, il écouta Matt parler. Tout était si vide, c’était impressionnant et assez satisfaisant d’enfin remplir ces placards et ce frigo. « Non, ça va. » qu’il rétorqua immédiatement quand Matt lui avait dit qu’il pouvait aller se reposer s’il en avait envie. Bien sûr, un peu de tranquillité ne lui ferait pas de mal mais vu les circonstances, ça paraissait bien impossible. Et puis, il avait tellement de choses à rattraper avec Matt… D’ailleurs, il y avait une chose en particulier qui lui manquait et qu’il avait eu envie de faire à ce moment précis. Délaissant le rangement des courses, il s’approcha de Matt pour l’encercler de ses bras avant de capturer ses lèvres dans un baiser tendre. « Je suis pas très à l’aise non plus mais… J’ai envie de l’être. » qu’il avait murmuré contre ses lèvres en terminant leur baiser. Il s’était ensuite écarté, reprenant le rangement et une fois qu’il fut terminé, il commença à préparer ce qu’il lui fallait pour le diner. « Et j’ai envie de t’embrasser en pleine rue aussi. Enfin, franchement… Qu’est-ce qu’on ferait de mal ? C’est pas normal… J’ai pas été tabassé parce que j’ai trompé ma femme. Ça, à la rigueur, j’aurais pu le comprendre… Je l’ai été parce que… C’était toi. Je suis sûr que si j’avais eu une aventure avec une femme, ça ne se serait pas passé comme ça. » qu’il confia, parlant ouvertement pour la première fois de ce qu’il avait pu endurer au Texas au moment de sa séparation.

Je le regardais faire surpris alors qu'il venait s'approcher de moi pour m'embrasser tendrement. Je profitais de ce baiser, l'un des rares qu'il m'avait fait depuis son arrivée. Je me doutais que ce serait difficile pour nous de retrouver l'intimité qu'on avait autrefois. Nos retrouvailles découlaient directement du fait qu'il s'était fait jeter par sa femme pour avoir coucher avec moi. Il n'était pas pleinement heureux d'être ici et de me retrouver. Alors ça n'avait rien d'étonnant qu'on n'ait pas couché ensemble depuis qu'on s'était retrouvé. Bien entendu ça me manquait et bien entendu c'était un peu blessant, mais ça allait avec tout ce que je devais accepter de cette situation. Alors je profitais des petites miettes d'affection qu'il voulait bien me donner.

Je le laissais préparer le diner. Je ne le comprenais pas mais je ne disais rien. Je lui avais proposé de sortir ce soir aller au cinéma et diner au restaurant. Il m'avait dit ne pas être fatigué et être toujours d'accord pour sortir, pourtant il était là à préparer le diner. Je n'insistais pas. Je le laissais faire, me disant que ce serait mieux qu'on reste à se reposer ce soir. Il avait bien assez de choses à digérer. On n'avait pas besoin de sortir. Demain on resterait tranquilles aussi. J'avais mon texte à apprendre et lui il avait besoin de temps de toute évidence.

Je me contentais de mettre la table en silence, l'écoutant me parler de sa rupture.

- Les mentalités n'ont pas encore assez évolué. Être avec un homme c'est contre nature pour certains. Mais ça change petit à petit. Je ne pensais pas que ça changerait. Je ne te croyais pas quand tu le disais mais c'est bien entrain de se produire.

Je terminais de mettre la table avant d'aller m'installer sur le canapé avec une cigarette. Je le regardais, admirant chacun de ses mouvements, les plis concentrés de son visage. Il était beau... la plus belle personne que j'ai pu rencontrer dans ma vie.

- Un jour peut être, on pourra se balader main dans la main, s'embrasser en pleine rue sans que personne n'y trouve à dire quelque chose. Mais pour le moment c'est déjà bien. On peut vivre ensemble sans problèmes. On n'aurait jamais pu faire ça si j'étais resté dans la ferme de mon père ou toi là où tu vivais.

De toute façon c'était impensable pour lui de retourner vivre là bas pour le moment. Il pourrait croiser à tout moment son ex femme ou son ancienne belle famille. Et je doutais qu'ils le laissent vivre sa vie.

Et même s’il faisait de gros efforts pour que ça passe inaperçu, Nate était confus. Il était ici et ailleurs, et même nulle part en même temps. Il pensait quelque chose et faisait l’inverse sans même réaliser sa maladresse. Ainsi il disait blanc à Matt mais faisait en fait noir. Et Matt était assez gentil pour ne rien dire. A moins qu’il ait compris qu’il lui fallait être patient ? Quoi qu’il en soit, quand Nate sera assez reposé pour voir tout ce qu’il avait fait de travers, il sera très reconnaissant envers sa moitié. Parce que c’était lui sa moitié. pas la femme qu’il avait épousé et dont il avait divorcé. Ça avait pour ainsi dire toujours été lui. Du plus loin qu’il se souvienne, Nate n’avait jamais ressenti ce qu’il ressentait pour personne d’autre que Matt. A une époque, ils avaient des habitudes tous les deux… Là, c’était dur de les remettre en route. Comme si la machine était rouillée, comme si Nate n’était pas vraiment lui. Mais il parait que c’est en faisant que ça revenait alors Nate y mettait tout son coeur même si c’était clairement maladroit. « Ça change… Oui. » que Nate avait acquiescé, l’air distrait. Il devait bien avouer qu’il avait remarqué ces subtils changements. Il se sentait déjà plus libre ici qu’il ne l’était au Texas. Mais ça n’allait pas assez vite, ça n’avait pas empêché un passage à tabac dans les règles de l’art. C’était frustrant et injuste. Nate n’avait encore jamais ressenti le poids de l’injustice comme ça mais plus les heures passaient et plus il ne voyait que ça… Et ça le mettait en colère. Il avait envie de mettre un coup de pieds dans la fourmilière et de faire réellement changer les choses. De tout ça, il n’avait rien dit. Matt avait mis la table, il s’était affairé en cuisine. Par moment, il sentait le regard de Matt sur lui et il lui adressait un sourire timide. « A ce rythme-là, on pourra faire ça dans vingt ans… Eventuellement. Trente ? On sera des vieillards. » L’idée l’avait fait sourire. Est-ce qu’ils seraient encore ensemble à l’âge de la retraite ? Nate n’avait que peu de doute, à part si Matt finissait par le sortir de sa vie. « Mais tu sais quoi ? Je suis partant, même si on est vieux. On sera mignons. » qu’il avait doucement rigolé. Rire, il avait l’impression qu’il ne l’avait pas fait réellement depuis une éternité.

Je haussais vaguement les épaules alors qu'il parlait. Oui on serait probablement des vieillards quand on pourrait vivre pleinement, s'embrasser dans la rue, être comme tous les autres couples. Est ce qu'on serait encore ensemble à ce moment là? Je n'en savais rien. Je savais que je voulais passer toute ma vie avec lui, qu'il n'y avait que lui qui comptait. Et à un moment je pensais la même chose de lui, maintenant je me mettais à douter. Est ce qu'on tiendrait vraiment toute notre vie ensemble? Est ce que ça ne serait pas trop dur à supporter pour lui? Et si il décidait de retourner à sa vie d'avant, de rentrer dans le rang pour être un peu bon père pour sa fille? Je le perdrais peut être. Je ne pouvais pas espérer le garder pour toujours. Je n'étais que le lot de consolation.

Je tirais une bouffée de ma cigarette, perdu dans mes pensées. Je réfléchis un instant avant de parler.

- Ce n'est pas grave... si ça n'arrive que dans vingt ou trente ans. On est ensemble déjà. C'est beaucoup plus que ce que j'aurais pu espérer.

J'avais été seul jusqu'à présent. J'avais fait ma vie sans lui, me contentant de quelques moments volés. Maintenant il était là. Il vivait avec moi. Je ne savais pas pour combien de temps, ni si il était vraiment heureux d'être là, mais pour le moment je l'avais à mes côtés. Et moi ça me rendait heureux.

- Qu'est ce que tu nous prépares de bon?

Je lui souris doucement, continuant de le regarder faire. J'aimais assez bien l'idée qu'il soit là à cuisiner pour moi. Je pouvais vraiment me faire à cette vie.

- Tu sais si tu n'étais pas obligé de cuisiner. On pouvait aller diner dehors pour que tu puisses souffler un peu.

Il en avait assez chier jusqu'à présent. Il méritait de pouvoir souffler un peu et d'être heureux.

L’odeur de la cuisine et de la cigarette se mélangeaient, cocktail déroutant qui ne manqua pas de donner envie à Nate de s’en griller une lui aussi. C’était quand la dernière fois ? Comment était-ce possible qu’il ait oublié ses cigarettes l’espace de quelques heures ? L’effet Matt sûrement. Il attendrait de finir de manger pour répondre à l’appel de la nicotine cependant. Fumer et cuisiner, ce n’était pas une mince affaire. Nate avait besoin de ses deux mains. « Je dis juste que ce serait chouette de ne pas avoir à se cacher. » qu’il avait soufflé, ses propres paroles lui paraissant terriblement lointaines. « Des spaghetti carbonara… Mais des vrais. Comme les italiens les font. Tu vois, l’Italie par exemple… J’aimerais bien voir. » Et la fuite en avant, ça lui permettait de penser à autre chose. Nate se projetait dans des moments heureux pour éviter de voir son présent si compliqué. Et puis Matt avait continué de parler et Nate avait réalisé. Le restaurant. Le cinéma. Ils avaient décidé de ça ce midi et il avait déjà oublié. Nate avait posé le couteau qu’il tenait en main sur le plan de travail et s’était rapidement attrapé le front dans un geste un peu exaspéré. Il n’aimait pas être comme ça. Il avait beau lutté pour essayer qu’il en soit autrement, c’était là. Il soupira. « Je suis désolé… On avait pas prévu ça, c’est vrai. Hum… On peut toujours aller au cinéma après ? Qu’est-ce que t’en penses ? » C’était le moment de faire cuire les pâtes et Nate avait quelques minutes de répit. Il se dirigea alors vers le canapé pour y retrouver Matt et poser sa main sur sa cuisse. « C’est pas que je veux pas. Je te promets. Ça m’est juste sorti de la tête, je… Je fonctionne un peu en mode automatique là. » qu’il avait alors dit en caressant doucement la cuisse de l’acteur en devenir.

- Super des spaghettis.

Je lui souris doucement, sincèrement ravi de voir ce qu'il me préparait. Mais il fuyait encore. Il parlait de l'Italie, comme si un jour on irait vraiment en Italie. Je ne savais pas si on était du genre à vraiment voyager ensemble. Et puis l'Italie... ça devait être horriblement cher d'aller là bas. Et je ne parlais même pas italien. C'était encore des paroles en l'air, quelque chose d'irréalisable. Je doutais même de ce qu'il me disait autrefois. Avant de se marier il parlait de vivre à deux pour nous. Mais je me rendais compte aujourd'hui que ce n'était que des paroles en l'air. Il avait fini par l'épouser. Il ne l'avait jamais quitté pour moi. Et maintenant qu'elle l'avait mis dehors, il n'avait pas l'air heureux.

Je soupirais doucement alors qu'il venait me rejoindre, se rendant compte qu'il avait zappé nos projets pour la soirée. Je lui souriais, posant ma main sur la sienne. Il me torturait à agir ainsi. C'était peut être juste un geste tendre de sa part, pour s'excuser et se faire pardonner, mais pour moi... c'était de la torture. J'avais tellement envie de lui... mais lui ne semblait vraiment plus être motivé pour tout ça.

- Non ça va être trop tard pour le cinéma. Ce n'est pas grave. On ira un autre soir. Tu as besoin de te reposer. Et ça ne me fera pas de mal non plus j'ai eu une semaine assez chargée.

J'attrapais sa main et la retirais de ma cuisse. Je préférais qu'il ne me touche pas, surtout si c'était pour me frustrer comme ça.

- Passer la soirée ensemble avec un bon diner que tu nous as préparé, c'est déjà beaucoup...

La tête de Nate était encombrée. Il avait beau essayer de faire de la place, ce n’était pas aussi simple qu’il ne l’aurait voulu. Il repensait à cette dispute avec Alison, ces coups qui ont plu sur lui mais surtout… à Penny à qui il n’avait même pas pu dire au revoir. Quel genre de père allait-elle imaginer qu’il était ? Nate imaginait que trop bien comment sa mère lui retournerait la tête et il n’avait aucun pouvoir sur ça. Il n’était pas là. Il était ici, à Los Angeles, avec la seule personne avec qui il aurait jamais aimé vivre et pourtant… Et pourtant, il n’était pas heureux. Pas totalement. Ou pas encore. Des fois, il ne savait plus lui-même. Et dans cette confusion, il avait embarqué Matt qui subissait son humeur. Forcément, Nate avait cherché à s’excuser quand il s’était rendu compte qu’il avait zappé leurs projets pour la soirée. « Ok, d’accord. » qu’il avait dit dans un premier temps avant de jeter un oeil vers la cuisine histoire d’être sûr que tout allait bien. C’est là que Matt avait saisi sa main pour la retirer de sa cuisse, arrachant un regard incrédule à Nate. Pourquoi ? Il disait pourtant que ça lui allait… Nate prit le temps d’observer Matt et c’est là qu’il avait compris : depuis leurs retrouvailles, il n’y avait eu aucune séance au pieu. La seule fois où ça aurait pu arriver, Nate avait totalement coupé court. Et, pour le coup, Nate se sentait bien bête. En temps normal, ce serait déjà arrivé. A peine passés la porte de l’appartement, ils auraient à peine pu se contenir. Mais il n’y avait rien de normal dans ce qu’ils vivaient visiblement. Nate ne se reconnaissait pas et ça lui faisait peur. Et s’il n’avait plus envie… de manière permanente ? Il pouvait à peine l’imaginer. Pour autant, la simple idée d’entreprendre quelque chose suffisait à refaire apparaitre dans sa tête Alison et les circonstances de leur ultime discorde. C’était infernal. Même loin, même débarrassé d’elle, elle lui gâchait tout. « T’as raison. » qu’il acquiesça en remettant de lui-même de la distance entre eux. « Je vais y retourner, c’est bientôt prêt. » qu’il glissa juste avant de repartir aux fourneaux.

Je hochais la tête en le laissant retourner en cuisine. J'avais pris le scénario, le feuilletant doucement, regardant les scènes que je devais tourner lundi d'un oeil distrait. J'avais été heureux de le retrouver, de le voir venir à moi et pour de bon cette fois. Il n'y avait plus de date limite, plus personne qui attendait qu'il retourne les voir. Je n'avais plus personne moi non plus, personne pour me juger ou me reprocher ma conduite. J'aurais du être aux anges et je l'avais été sur le moment. Mais je devais de plus en plus me rendre à l'évidence, ce n'était pas mon Nate qui était là. Notre relation n'avait rien à voir avec ce qu'on avait connu. Nous n'étions plus aussi proches. Il ne me touchait plus et ne semblait pas en manifester l'envie. Il n'était pas heureux, ça crevait les yeux. Je ne voyais plus son sourire illuminer son visage quand je le regardais. Autrefois il était heureux de pouvoir me retrouver même si ce n'était que quelques heures. Je savais dans ces moments là qu'il était vraiment bien avec moi. Mais maintenant... j'avais la sensation qu'il était ici parce qu'il n'avait pas le choix, parce qu'il n'avait plus d'autre solution. Et ça me faisait remettre en cause toute notre relation, tout ce qu'on avait vécu. Parce que s'il n'était heureux à l'idée de pouvoir passer tout son temps, toute sa vie avec moi, l'avait il vraiment voulu? Est ce que j'étais une pause dans son mariage? Un passe temps agréable? Mais je n'avais jamais été un partenaire sérieux, pas la personne avec qui il aurait voulu passer sa vie s'il avait eu le choix.

Je relevais la tête quand il m'appela pour venir manger. Je rangeais mon script avant de le rejoindre à table.

- Ca a l'air délicieux.

Je me forçais à lui sourire alors que je m'installais à table et commençais à manger en silence. Je restais un moment comme ça avant de parler.

- Comment... comment est ce qu'Alison a fait pour savoir qu'on avait couché ensemble? Tu as décidé de lui dire?

Je connaissais déjà la réponse à la seconde question. Je la sentais au plus profond de moi. Il n'avait pas décidé de lui dire. Elle avait du le découvrir toute seule mais comment je ne savais pas. Mais je lui laissais le bénéfice du doute. Peut être que je me trompais, peut être qu'il avait vraiment décidé de mettre fin à tout ses mensonges et d'être honnête avec elle. Mais je n'arrivais pas à y croire. Il aurait été plus heureux si il avait décidé de partir de lui même non?

Des fois, Nate aimerait juste retourner à une période où il était plus insouciant, où tout lui semblait plus facile. Avant Alison, pourquoi pas. Dieu sait qu’il aimait sa fille mais avec du recul elle n’aurait pas du exister. Et si elle n’avait pas existé, ça ferait belle lurette qu’il aurait commencé une vraie relation avec Matt. Tout ce temps, elle avait été son seul frein. A un moment, Nate s’était presque décidé à divorcer… Et puis Penny était venue avec ses yeux brillants le supplier de ne pas partir et il avait fait ce que sa petite fille voulait. Il faisait ce qu’elle voulait… Toujours. C’était sans doute sa manière à lui de compenser sa culpabilité. Ces week-end où il n’était pas là, les secrets qu’il avait caché toutes ces années. Et tout ça… Pour en arriver là. C’était malheureux. Quel gâchis. S’il avait su… Sauf que, non, il n’avait pas su. Il n’y avait pas eu de mode d’emploi pour gérer cette situation et lui dire quoi faire. Et aujourd’hui avec Matt, c’était bancal. Si loin de ce qu’ils avaient eu l’habitude de vivre jusque-là. Ce n’était peut-être qu’une passade mais, là non plus, Nate n’avait pas le manuel. Il ne savait pas quoi faire alors, par facilité, il ne faisait rien. Il n’allait pas en parler, il ferait comme si ça n’existait pas. Il aurait très bien pu relever la manière qu’avait eu Matt de le repousser mais il ne l’avait pas fait. Il ne voulait pas entendre ses raisons, il les devinait et c’était déjà assez. Alors il était retourné en cuisine, fuyant une situation épineuse dont il ne voulait pas. Pas maintenant, pas comme ça. Il était encore trop embrumé par tout le bordel qu’avait été sa vie ces derniers temps. Pour rien au monde il ne voulait en rajouter. Et, étrangement, il avait l’impression que Matt était de cet avis aussi puisqu’il s’installait maintenant à table avec sourire et compliments. Mais ça, c’était avant qu’il ne lâche sa bombe, la question tant redoutée. Ça y est, il voulait comprendre. Il n’aura finalement pas fallu longtemps avant qu’il ne pose de questions. Nate avait déglutit avant de poser sa fourchette. Du regard, il soutenait celui de Matt. Il n’avait absolument rien de plaisant à lui, raison pour laquelle il avait tant hésité avant de prendre la parole : « Non. Je ne lui ai pas dit. » Et est-ce qu’il allait vraiment lui dire que c’était en couchant avec elle qu’elle avait fini par tout comprendre ? C’était tellement tordu. « J’étais méchamment bourré, je pensais à toi et… J’ai dit quelque chose qui ne lui a laissé aucun doute. » Haussement d’épaules, Nate essayait d’avoir l’air détaché dans le seul but que les interrogations de Matt s’arrêtent là.

J'avais beau m'y attendre, être quasiment certain qu'il allait me dire ça... putain ça faisait quand même mal à entendre. Il était bien là parce qu'il avait fait une connerie, que sa femme avait tout compris à partir de cette connerie et qu'elle l'avait foutu dehors. J'étais la solution de repli, le plan B, le plan de secours. Mais jamais il n'avait voulu quitter sa femme pour moi. Si il n'avait pas merdé, il ne serait pas là. Il ne serait jamais venu me voir à L.A. On aurait passer des mois voir des années sans se voir. J'aurais peut être réussi à l'oublier en fin de compte, comme il me l'avait demandé. Notre histoire n'aurait jamais du exister. Il n'aurait jamais du être là. Il était ici juste parce qu'il n'avait pas le choix.

Et ça faisait mal... putain ce que ça pouvait faire mal.

Il ne m'aimait pas comme je l'aimais. C'était un comble quand on y pensait. Il avait exigé un jour de moi que je lui fasse une grande déclaration d'amour pour lui prouver que je tenais vraiment à lui, pour lui montrer que oui ça valait le coup qu'il quitte sa femme pour moi. Mais jamais il ne l'avait fait. Jamais il n'avait eu envie de le faire. Je l'avais attendu toute ma vie. Je ne m'étais jamais marié. Je n'avais jamais regardé personne d'autre, ni homme ni femme. Et lui pendant ce temps, pendant que j'attendais de pouvoir être avec lui, il avait fait sa vie avec une femme. Il avait construit une famille qu'il n'avait jamais eu l'intension de quitter pour moi. Et selon lui ce jour là, c'était moi qui ne l'aimais pas assez...

Je me forçais à lui sourire, taisant tout ce que je ressentais à cet instant. Ca ne servait à rien de me torturer avec ça. C'était ainsi... je devais juste l'accepter. J'étais le second dans sa vie. Je le savais depuis que j'avais posé les yeux sur sa fille. Je ne devais même pas en être surpris.

- Et alors tu lui as dit quoi bourré? Que tu ne l'aimais pas vraiment que tu m'aimais moi en fait? Que tu n'avais rien contre l'idée de la sodomiser que toi même tu aimais bien ça quand je te le faisais?

Je m'arrêtais de parler, me rendant compte que je commençais à m'emporter et à dire des choses crus et blessantes. J'étais mal et ça allait se sentir dans mes mots si je ne me calmais pas. Et je ne voulais pas qu'il le sache...