Warren avait rien à la jeune femme … parce qu’il savait qu’elle ne croyait pas à son intérêt profond et sincère pour elle. Bon. Pas amoureux, peut-être mais vraiment honnête et … bon… presque quoi… en tout cas il y a quelque chose. Charnelle et pas que. Il allait éviter de penser à la dimension physique de leur attirance avec des enfants. Warren écouta les enfants et sourit puis se figea.

Il y avait tellement de personne qui pouvait avoir inventer les pâtes à la banane. Warren se souvient très bien le jour où, ne sachant pas comment contenter tous les enfants avec peu de banane, sa mère avait décidé de faire le plat. Les enfants, surtout Warren, Xan et Raalpar avaient fini en combat de pelure de banane. On avait découvert des restes de peau de banane des semaines plus tard.

- Ma mère en faisait, murmura-t-il mais les enfants ne l’entendirent pas.

Il continua de sourire mais sentit son coeur se serrer en continuant d’écouter les enfants. Il fit faussement outré du commentaire sur le métissage de la jeune fille bleue. Puis, il posa les regards sur la petite fille et fit un clin d’oeil.

- On lui a enlevé tous les mauvais côtés des lightnings pour garder que le meilleur. Le Wa en moins.

Warren sourit un peu plus. Si la jeune fille pouvait être heureuse de son métissage, de cette particularité … Il espérait qu’elle ne souffre pas comme ses frères adoptifs avaient pu souffrir sur leur planète. Un peu, beaucoup, raciste. Il y avait souvent des difficultés à cause de ça. Warren ne le voyait pas ainsi. Il avait été élevé par sa mère et le métissage était beau. C’était l’amour.

Il finit par regarder avec intérêt la jeune femme et sourit quand elle y arriva avec une facilité déconcertante. Les enfants en semblaient ravi. Il regarda plusieurs fois la petite bleue et lui fit un sourire doux. Puis, il éclata de rire avec sa petite pastèque dans les mains. Un rire franc et doux. Il fit déplacer la pastèque le long de ses pieds, la faisant rouler avec maitrise jusqu’à sa main. Jongler avec un ballon, ça il savait faire. Il prit la pastèque et regarda la jeune femme avec un sourire de vainqueur, encore… Il avait une idée. Le faisant d’abord sérieusement, comme la jeune femme, de chaque côté, incapable de passer à travers la résistance de la peau de la pastèque.

- Si j’y arrive, j’aurais le droit à un baiser ? Fit-il pour Maki.

Les enfants répondirent pour elle et il sourit encore. Ok. Il était dans le stade. Et le fluide avait la permission d’être utilisé à partir du moment où l’on se trouvait à l’intérieur  stade. Alors il utilisa le fluide. Le fluide traversa la pastèque, allant d’une main à l’autre faisant éclater la pastèque en petit bout.

- J’ai réussi, fit-il tout content.

Tout le mauvais côté des lightnings ? Le “wa” en moins ? La remarque du grand Warren à l'intention de la petite Ren ne tombe pas dans l’oreille d’une sourde. Même si elle fait mine de rien. Maki ne veut pas faire dévier la conversation sur des sujets trop sérieux en présence des enfants. Enfants dont elle va se débarrasser à coup de coups de pieds aux fesses s’ils continuent comme ça !! Comment ça “oui” il aura droit à un baiser ?!!

“Mais ! On a dit quoi à propos du consentement ?!
_ Bah on a dit oui !!
_ Mais c’est pas le votre qu’il faut !!”

Bon, ils ont encore rien compris. Mais Maki rit de bon cœur. En se disant que ça ne doit pas être si terrible que ça d’embrasser le beau Warren. (Et que de toute façon, elle en avait déjà envie, erm.) Et puis elle se demande, en le voyant galérer, si elle pourra quand même l’embrasser s’il n’y arrive pas ? Du coup ? Zut alors … Enfin la question ne se pose pas puisque finalement, le fruit explose entre ses mains, et Maki se marre pendant que les gamins s’extasient.

“Hheeee, il y a triche Monsieur Galactik Football. J’ai tout vu. Tu as de la chance que je n’avais pas précisé “sans fluide” dans le contrat.
_ C'est déjà un pirate, Warren !!”

Mmmhmm. Le gamin n'a pas tort. Maki note que Warren filoute sans trop d’hésitation pour arriver à ses fins. D’accord, d’accord. Il faudra qu’elle se méfie alors. Quoique, ça lui plaît plutôt pas mal. Sans doute son sang de pirate à elle qui parle.

"Bon allez les crottes de nez, laissez nous tranquilles maintenant.
_ Pourquooiii?
_ Vous allez faire des trucs d'amoureux ?
_ Exactement.
_ Beurk !!"

Voilà exactement la réaction attendue par Maki. Sinon, pourquoi aurait-elle répondu par l'affirmative ? (On se le demande.) Les trois plus vieux s'enfuient en courant, sauf Ren qui les regarde sans comprendre. Trop petite.

"T'es vraiment trop mignonne toi…" s'extasie Maki toute seule en la prenant dans ses bras et en frottant sa joue contre celle de la petite bleue avant de se redresser pour parler à quelqu'un un peu plus loin.

"Eeh Sowa !! Tu crois que jpeux garder ta fille ou ta femme risque de m'assassiner dans mon sommeil ??"

C'est visiblement la seconde option puisque Maki se marre avant de renvoyer la petite vers son père. Elle l'a regarde s'éloigner en secouant la tête et puis se lève à son tour en attrapant bière et téléphone.
"Jvais prendre une douche, la pastèque ça colle, et je te rappelle ok ??"

Elle ne laisse pas franchement le temps à Warren pour répondre, nourrit par l'énergie des gosses et coupe l'appel pour aller se laver. Sauf qu'une fois propre elle découvre un message de Warren lui disant qu'il l'appeler demain. Et elle ne sait pas bien pourquoi, mais ça lui fait un petit pincement au cœur.

Warren sourit encore. Secouant la tête doucement. Il avait le droit à un baiser. Il sourit de manière triomphale alors qu’on le traita même de pirate. Pour un baiser, anytime. La piraterie n’était que l’antagoniste de la technoïd dans ce monde… Et Warren n’avait jamais vu les pirates comme les méchants de l’histoire… peut-être comme pour toutes les personnes qui aiment le football ? Voir les pirates sur le terrain leur enlève leur côté « dangereux criminels ». Même plus. Warren était convaincu que la plupart des fans de foot aiderait les pirates, par principe. Les gamins continuèrent de le faire rire, jusqu’à en rester qu’un. Warren sourit à la petite. Un grand sourire tout content avant que Maki n’appelle son père. Warren se fige. Devient blanc malgré le fait qu’il soit bleu. Il n’a pas le temps de réagir, trop occupé à se sentir mal, que Maki le laisse. Il s’écroule sur le terrain. Le monde tourne.

BON. Sowa n’était pas non plus un nom super inconnu. Beaucoup de monde peuvent s’appeler ainsi … et avoir comme spécialité les pâtes à la banane … hein… oui. Puis… Il n’avait pas vue Sowa depuis si longtemps, son petit frère adoré, il n’aurait jamais appelé sa fille à demi comme lui… N’est-ce pas ? Et si c’était le voisin de la jeune femme, alors il avait vu sa photo et la discussion et … il aurait dit quelque chose ? Comme « oh putain, c’était mon frère, il y a douze ans ». C’était. Warren se sentit trembler. Il s’excusa auprès de Maki et promit de l’appeler demain … il ne pouvait pas là.

Il rangea le tout en mode automatique. Moins conscient de ses gestes que du bruit de son coeur qui pulse dans son corps. Il nettoie. Il prends même une douche sans vraiment s’en rendre compte. Sors. Evite la foule et les journalistes. Remonte l’aller central et rejoint le bureau de son sponsor. Il grimpe les marches toujours blancs et se fige, la main sur la porte. Non.

Sa famille était sur la planète Heaven, dans un manoir que sa mère gérait avec deux servantes et ayant adopté au moins trois autres enfants. Et tous les enfants avaient de l’argent à profusion. Et de l’amour. Et ils ne pouvaient pas être pirate. Pas qu’être pirate soit malheureux … mais pourquoi être un pirate quand on avait tout l’argent possible ? Sowa aurait habillé sa fille d’habit toujours neufs, pour contre balancer leur absence d’habit neuf. Sowa était après lui, c’était donc lui qui récupérer toutes ses affaires quand Warren grandissait. Il ne toqua pas à la porte. Il rendra chez lui. Seul. Et se mit dans son lit. Seul. Et pleura. Seul.

Le lendemain, il avait promis de l’appeler… Il regarda longuement son téléphone en se demandant s’il pouvait l’appeler tout de suite, maintenant, là. Il était six heures du matin, heure standard. C’était tôt. Très tôt. Beaucoup trop tôt. Mais… Il n’avait pas dormi en réalité. Alors il l’appela. Pas en vision, elle verrait sa tronche, ça enlèverait tout de suite l’envie de le rejoindre. Et lui en avait besoin.

- Bonjour, déesse de mes nuits, j’aimerais te poser une question… La petite Ren, son père Sowa, c’est un lightning ?

Il attendait la réponse et l’entendit alors qu’il ne lui avait pas vraiment laisser le temps de se réveiller ou quoi… il devait savoir. Il mit sa main sur son visage alors qu’il respira doucement. C’était quoi le pourcentage de chance ? Il y avait des risques ? Pourquoi serait-il là-bas ? Pourquoi ne l’aurait-il pas dit ?

- Tu peux me raconter un peu sa vie ? Juste … un peu ?

Et sa phrase se brisa à la fin. Parce que … si la jeune femme se souvenait de toutes leurs discussions, ce qui a été le cas depuis le début … elle pourrait se souvenir de lui racontant une frasque de Sowa, comme quand il avait décidé de passer sa vie nue pour éviter d’avoir chaud pendant une canicule, ou comment il avait fait peur à leur mère en disparaissant un jour pendant deux heures pendant un marché pour arriver avec un nouveau frère pour la famille.

“Trixiiiiiiiiiiee y a des gens qui dorment dans la vie. Va falloir t’y faire, Surtout si tu comptes sortir avec Ahito.”

Elle râle toute seule Maki. Bougonne la tête enfoncée dans son oreiller en cherchant son téléphone à tâtons. Attrapant un truc avec avant de se rendre compte que c’est Jack. Ouais, non, le matin à cette heure-ci, c’est difficile. Elle finit par trouver son téléphone et ses sourcils se froncent instantanément quand elle ne voit pas la tronche de l’autre chipie en gros plan sur l’écran d’appel, mais juste écrit sobrement “Warren”. Elle n'aime pas ça. L’heure + Warren. C’est très bizarre. Alors elle décroche aussitôt, même si elle est encore dans le pâté. Et quand il l’appelle de nouveau par son petit sobriquet, elle a envie de lui répondre que c’est plutôt le monstre du matin à l’heure qu’il est. Sauf que la question qui vient tout de suite après la surprend.

“Q-quoi ?? Euh oui, il l’est.”

Hein ? Elle a loupé un épisode ou quoi ? Maki se frotte les yeux, le visage, et s'assoit dans son lit en essayant de remettre les événements en place. Et de comprendre comme ils en ont arrivés au moment présent. Sauf qu’elle ne pousse pas le raisonnement bien loin parce que de Warren n’a pas franchement l’air bien de l’autre côté du téléphone.

“Euh ouais, je ouais. Euh … Sowa est pas pirate à proprement parler. C’est sa femme, Myst, qui l’est. Euh … ils se sont rencontrés sur Xzion, où elle refilait les … le fruit de ses “pêches” à bas prix pour aider les gens. Et … euh je sais pas trop il l’a suivi jusqu’ici. Ils ont eu la petite Ren et Myst attend le suivant. Il est … prof ? On a pas franchement d’écoles ici, mais il enseigne des trucs aux gosses quoi …”

Maki émerge petit à petit avant de capter que c’est sans doute pas ça que demande Warren. A moins qu’il soit extrêmement curieux et impatient de savoir comment vit un lightning sur Shiloe. Pour préparer sa future vie avec elle, ahah. Erm. Non. C’est pas drôle, y a un truc pas drôle du tout dans l’ambiance de l’autre côté du téléphone.

“Enfin avant ça … Je sais pas trop, il en parle pas très souvent à vrai dire. De c’que j’ai compris il avait pas un rond. Et une grande famille. Que des frères, j’crois, Myst avait fait une remarque dans le genre quand Ren est née …”

Oh. Maki s’interrompt. Soudain vachement bien réveillée. Un frisson la parcourt des pieds à la tête. Elle a peur de comprendre. Il l’a déjà dit, hein, Warren, ce prénom. Dans toutes ses histoires avec sa grande famille. Pauvre. Avec que des frères.

“Attends …” qu’elle souffle. “Tu crois que … que c’est …”

Elle finit pas sa phrase. Consciente du choc que ça doit être du côté de Warren à ce moment. Et que l’entendre dire “ton frère” ne risque vraiment pas d’aider …

“Warren. Ça va ??”

Bon, c’est pas la joie de son côté non plus. Maki déteste que les gens aillent mal. Maki déteste ne rien pourvoir faire. Et là … Maki déteste être aussi loin de lui.

Warren tremblait dans son lit. Il était couché sur le flanc,  téléphone contre ses oreilles, la main sur le téléphone pour ne pas le faire tomber. Et il tremblait… De la tête aux pieds. Il était secoué de tremblement qu’il ne pouvait pas arrêter. Il… Ce n’était pas possible. Il était simplement impossible que Sowa soit ce Sowa … parce qu’ils étaient sur Heaven. C’était la seule chose qu’il avait su de son sponsor. Sa famille avait déménagé, sur Heaven. Il ne sait que ça. C’est ce qu’il sait. Et Sowa … Bah Sowa avait toujours rêvé d’aller sur Heaver. On dit que là-bas, on t’aide à accomplir tes rêves. Donc il devait être là-bas…. Mais il est blanc, Warren, quand il écoute l’histoire de ce Sowa.

Cela pourrait coller avec son Sowa.
Cela collait tellement qu’il en trembler encore.
Respirer.

Il avait dû mal à respirer et il se releva de son lit avec une rapidité incroyable pour sa taille. Il se plia, mit sa main entre le micro et la jeune femme et fit une crise de panique alors qu’il entendait la jeune femme parler. Il ne pouvait plus respirer et avait l’impression de suffoquer. Sowa. C’était son Sowa ? Les pensées faisaient boomerang dans son esprit… Ses pensées n’arrivaient pas à s’arrêter sur les informations en cours. Qu’allait-il faire, dire, pouvoir dire ? Ce voisin qui l’avait vue … Pourquoi ne pas avoir parler de lui ? Pourquoi ? Il devait savoir que la jeune femme lui parler. Pourquoi ne disait-il pas qu’il était son frère ? Warren écoutait la voix de la jeune femme et … il se figea. Non. NON. Il n’allait pas bien. Il avait fait ça avec tellement de … Toute sa vie tourner autour du fait qu’IL envoyait de l’argent. C’était lui … Lui qui avait coupé les ponts avec sa famille. Alors pourquoi ça faisait aussi mal. Il n’arrivait pas à respirer.

- Je … je …te laisse.

Il entendit la voix de la jeune femme l’appeler juste avant de raccrocher et il n’y tient plus. D’un coup, il se mit à pleurer comme … comme un débile. Il se sentait stupide alors qu’il était assit et qu’il pouvait entendre la respiration de la jeune femme au bout du fils. Une respiration qui apaisait la sienne. Il comprendrai tellement la jeune femme venait à ne plus lui parler. Il était pathétique.

- Je ne comprends pas, fit-il alors. Sowa … Sowa est sur Heaven. Avec … Avec le reste de ma famille. Je crois. C’est ce qu’on m’a dit … On m’a dit … Sowa a toujours aimé apprendre aux autres.Il était le professeurs de nos frères. Parfois, il essayait même de m’apprendre … des choses…

Il mit sa main sur son visage. La jeune femme ne pouvait pas le voir, mais elle pouvait l’entendre dans son soupir. Il respire doucement. Toujours un peu plus calmement. Toujours avec plus de délicatesse.

- Je suis désolé. Je …. Il n’a jamais parlé de moi ? Jamais ? Ou … Ses frères tu les aurais déjà …croisé ? Non. Oublie. Oublie. Je le mérite. Je le mérite.

Il envoya sa tête en arrière. Et se sentit vide. Il le méritait de se faire expulser ainsi de sa propre famille. Surtout après ce qu’il avait fait.

Elle est loin d’avoir toutes les données en main pour comprendre la situation Maki. Mais elle sent la détresse de Warren de l’autre côté du téléphone. elle ne sait pas comment, si c’est le bruit du silence, son aura, de l’empathie, elle n’en sait rien du tout, mais elle sent son propre cœur se creuser de paniquer et de tristesse. Elle sait, presque, l’état dans lequel il est à l’autre bout de leur coin de galaxie. Peut-être parce qu’elle a connu Trixie dans des états similaires … Et y repenser ne fait qu'accroître la peur qui est lentement en train de s’installer en elle. Alors quand Warren veut raccrocher, elle crie son prénom. Se lève d’un bon en cherchant … quoi faire. De sales images en flashback défilant au fond de son esprit. Non, non, calme toi, Warren c’est pas Trixie. Ils ne réagissent pas pareil. Calme-toi. Maki serre les dents en l’entendant pleurer, pleure elle aussi sans un bruit, mais quelque part. Quelque part ça la rassure qu’il n’ait pas raccroché. Elle s'assoit sur son canapé, se demande encore ce qu’elle peut dire. Faire. Et Warren reprend la parole. Elle l’écoute, comprend … pas grand chose à vrai dire, il y a plein de zones d'ombres et de non dits, mais elle a quand même compris l’essentiel, il lui semble. Surtout si elle rassemble les histoires qu’elle connaissait à propos de Warren avant de le connaitre … lui. Même si visiblement il y a encore bien des choses qu’elle ignore. Mais ce n’est pas l’important pour l’instant.

“Je. N-non. Il parle de sa mère, des fois, comme … comme tout le monde évoque sa mère de temps en temps … Ou … des fois il dit des trucs comme “avec mon frère on a” … mais il a jamais trop donné de noms …”

Elle sait pas si elle est franchement en train d’aider, Maki. Elle ne sait vraiment pas. Et quand elle se souvient des ombres mélancoliques qui passent dans le regard de son voisin les rares fois où il évoque sa famille … Elle doute vraiment qu’elle soit en train d’aider …

AAAAAAAAAAAAHHHH !! Ça la met vraiment en colère d’être impuissante comme ça, Maki. Elle avise les deux pastèques dans un coin de son vaisseau en se disant qu’elles vont certainement la sentir passer quand elle n’aura plus son téléphone entre les mains. La jeune femme soupire, se pince l’arrête du nez.

“Warren … Tu es sur Xzion je suppose ?? Putain c’est vraiment loin ...”

Elle soupire encore, grogne plus qu’elle ne soupire en fait. C’est vraiment une sensation insupportable pour elle. De ne rien pouvoir faire pour soulager sa peine. En prendre une partie. On lui avait déjà dit, à Maki, que ses muscles ne venait pas d’un effort physique, mais du poids des souffrances qu’elle avait retiré des épaules des autres. Elle trouvait ça mignon comme image. Maintenant elle trouvait ça nul à chier. Elle ne pouvait rien faire pour Warren. Ou alors …

“Tu veux que je lui parle ? Tu veux lui parler ? Jveux dire … là, il pionce mais, il est à côté …”

Il panique. Il panique tellement. Il ne se sent plus respirer. Il n’arrivait pas à s’empêcher de pleurer et quelque part, au fond de son coeur, il sait que la jeune femme est en train de pleurer aussi. Elle pleure avec lui, et il se sent moins seul. Comme quand il était petit. Quand l’un des frères, ou la mère, allait mal. Il se mettait tous dans le même lit. Neuf personnes dans un lit bien trop petit. Neuf personnes qui pleurent pour la personne qui est triste. Parce que c’était ça, la famille. C’était ça. Et la jeune femme était en train de pleurer pour lui. Alors il se calma, doucement, respirant, provoquant le moins possible de tremblement sur son corps. Il essayait.

« Il n’a jamais donné de nom ». Ouais. Normal. Il les avait laissé. Il avait laissé sa famille et il n’avait absolument AUCUNE idée d’où était sa famille. Où. Était. Le. Reste. De. sa. Famille. Ou était sa mère ? Ses autres frères ? Où sont-ils tous ? Et pourquoi … Pourquoi eux ne parlent-ils pas de lui ? Un peu… Un tout petit peu. Juste … Parce qu’il était là, il existait. Il n’y avait pas de contrat du côté de sa famille pour ne pas parler de lui … N’est-ce pas ? Il ne capta pas les raisons, complète, de la question.

- Oui, je suis Xzion pendant encore une autre. Ensuite je dois me rendre sur Volmir. On doit partir dans un peu moins d’une heure.

C’était ce qui était mal dans le fait de ne pas dormir. Il pensait pouvoir prendre le temps de se préparer au petit matin… Mais non. Il ne pourrait pas se préparer puisqu’il n’avait pas dormir, il n’avait pas mis de réveil. Il hésita même à embarquer la jeune femme dans sa douche, sans la visio c’était moins bizarre pour ne pas avoir à la quitter. Parler de Volmir détendait un peu. Il maitrisait. Ouais. Il maitrisait complètement cette partie millimétré de sa vie. Il pouvait continuer à se cacher dans cette partie de sa vie. Celle qui le tient tellement en haleine qu’il n’a pas le temps de penser à sa famille. Aux douze ans qui sont passés et à ce manque qu’il ressentait tout le temps.

Quand elle proposa de parler à Sowa, il se releva d’un coup, en lui disant une suite de « non » avec plusieurs vitesses. Il essaya vraiment. Mais non.

- Non. Non, pitié, non. S’il te demande, dit lui que … dit lui que je continue à dire comme pour les journalistes. Que … non…. Non. Je les ai abandonné c’est normal qu’il ne parle pas de moi … mais … Mais normalement j’ai tout donné … je … Je …. C’est …

Il a donné la moitié de sa fortune. De chaque chose qu’il gagne. Le moindre centimes qu’il gagne et couper en deux et envoyer dans un compte pour sa famille. Pourquoi sa famille aurait été dans le besoin ? Pourquoi …

- Ce n’est peut-être pas lui. Ce n’est pas impressionnant d’avoir que des garçons pour des lightnings.

Une des raison qui ont poussé cette population de raciste à s’ouvrir à d’autres communautés pour faire des bébés … parce que bon, ils étaient plus beaucoup de lighning de sang bleu… Puisque leur sang était bleu. Bref. Il faisait un déni. Ce n’était que des possibilités. Mais Warren savait. Il le savait. Cette petite adorable, demi-warren, était sa nièce ?

- Ils … ils ont besoin de quelque chose ? D’argent ? Tu m’as dit qu’il… il va avoir un autre enfant ? Ils ont … ils veulent …

Il ne pouvait pas chercher où était l’argent qu’il envoyait à sa mère. Sa mère, elle séparerait l’argent reçu pour tous les enfants … elle l’utiliserait pour le bien … Sa mère elle serait heureuse pour Sowa, qu’il eut trouvé l’amour … alors pourquoi lui n’y arrivait-il pas et se sentait-il si vide ? Il se releva. Claqua sa joue dans un splash baigné de larmes.

- Merci, Maki. D’avoir répondu. A l’appel et à mes questions. Merci.

Volmir. C’est pas si loin, Volmir. Nope. Elle n’a besoin que d’une demi-seconde de réflexion pour prendre sa décision, Maki. Elle passe son téléphone en mode haut-parleur et file dans sa messagerie. Se déclare indisponible pour deux jours auprès de tous ceux qui pourraient avoir besoin d'elle, ou qui aurait juste envie de l'inviter pour l'apéro. Elle donne de vagues détails à son équipe de foot, et des détails un peu plus précis à son équipe de pirate. Ou en tout cas à ceux avec qui elle a navigué pendant ses années sous le commandement de ses parents. Qu'ils lui cherchent un vaisseau, un hôtel bien précis, la chambre d'un client très précis et les plans dudit hôtel. Histoire que ça avance déjà pendant qu'elle reste au téléphone avec Warren.

"Ok. Ok, Warren calme-toi, … c'est bon … Ça va aller ..."

Elle ne sait rien si ça va aller. Mais elle fera en sorte que ça aille. C'est pour ça qu'elle se permet de le lui dire. Et c'est aussi pour ça qu'elle ne lui a pas dit qu'elle n'ira pas parler à Sowa. Maki ne fait jamais des promesses qu'elle doute de pouvoir tenir.

"C'est … oui. C'est possible … mais …"

Chut . Tais-toi. C'est pas ton problème. Et non, vous n'êtes pas si proches que ça. Pas assez pour que tu te permettes d'être brutale avec lui. Chut Maki. Tais-toi.
Et puis en vérité, oui. Pourquoi est-ce qu'il n'a rien dit quand elle lui a montré la conversation ? Elle ne lui a pas caché de qui il s'agit puisqu'elle était persuadée qu'il ne suit pas le foot. Il ne suit pas le foot …

"Ils vont bien, Warren. Tu sais, ici on n'a pas besoin de grand chose. Et si jamais … bah on a toujours un voisin pour aider."

Ça lui fait bizarre. De se dire qu'elle fréquente son frère depuis aussi longtemps sans le savoir. Et que lui … il n'a plus que des souvenirs auxquels se raccrocher. Ça la fait même culpabiliser, Maki. Et encore plus parce que sans elle, Warren ne saurait pas, et ne serait pas dans cet état en ce moment. Mais. C'est mieux de savoir non ? C'est ce que tout le monde dit. Mais il y a des jours où c'est difficile à croire. Vraiment difficile.

Maki fait de son mieux pour calmer et rassurer Warren, le temps qu'elle l'a encore au téléphone avant qu'il ne doive partir. Et puis elle reste un moment con. Immobile à repasser tout ce qu'il vient de se passer. Quel. Bordel. Depuis son papillon rose. Personne n'avait réussi à foutre un tel foutoir dans sa vie. Et malgré tout, ça la fait sourire un petit peu. Et puis elle se remet en route. S'habille, mange, encore un message à Johnson et Smith pour leur demander de s'occuper de Jack. Et puis rejoint la petite maison de ses voisins, pour discuter un peu avec Sowa. Un tout petit peu. Elle veut juste être en mesure de répondre aux questions que se pose Warren. Dans la mesure où il voudra bien lui répondre. Bien sûr.

14 heures plus tard, Maki prend une douche dans la douche la plus grande dans laquelle elle ne soit jamais entrée. Ouais, elle se fait un petit kiff perso en prenant une douche dans l'appartement de Warren, erm. Non, c'est faux, c'est glauque. Elle s'est juste pas lavée depuis la veille et la journée a été loonnngue pour arriver jusque sur Volmir. Et plutôt mouvementée. Ça faisait longtemps qu'elle était par entrée par effraction quelque part, hehe. Bon certes, elle aurait pu attendre qu'il rentre et ensuite aller frapper à la porte de Warren mais c'était plus drôle comme ça. (Qui a dit que Maki était la sage du groupe ? Elle est juste un peu moins folle que les autres.)

Maki se sèche, se rhabille, et voit sur l'écran de télévision absolument immmeeeeeennnnnse (c'est fou la vie de riche dites donc) que Warren a terminé sa conférence. Elle sort une pastèque de son sac et la pose devant la porte d'entrée. Comme signe de reconnaissance, héhé. Comme ça, ça lui évitera de faire une crise cardiaque en découvrant que quelqu'un s'est introduit chez lui. (Ou alors ça lui donnera la possibilité d'appeler la police pour se débarrasser de la psychopathe qu'elle est, erm.) (Possible, possible.) Mais Maki ne se concentre pas sur cette possibilité, plus inquiète de l'état de nerfs dans lequel il doit être. Malgré son air calme à la télé. Elle se fait un café et reste assise sur une chaise de bar de la cuisine, laissant du lait réchauffer tranquillement dans une casserole, avant d'y ajouter des morceaux de chocolat noir qui y fondent tranquillement.

Il a eut du mal à la quitter. Il n’avait pas eu le choix. Il avait continué à envoyer quelques messages. Mais il n’avait pas essayé de parler de Sowa. Il n’avait qu’envoyé des photos. Une de sa tronche avec un pouce, un des jambes de ses coéquipiers qui attendait dans le jet privé. Une autre où on pouvait voir deux lightnings, en vrac sur leur fauteuil, rattrapant du sommeil.. Lui aussi avait sombré. Le sommeil l’avait fauché. Il était passé par son appartement, toujours aussi froid et impersonnel, pour y laisser ses affaires. Puis, il était reparti pour la conférence. Suivi en live, il avait été impeccable. Il avait été le meilleur de tous, comme d’habitude. Il avait fait en sorte de faire la lumière sur lui. Ses coéquipiers avaient besoin de s’amuser. Alors il avait fait en sorte de leur donner cette possibilité.

Mais il était fatigué. Tellement fatigué. Il n’en pouvait plus. Parfois, il n’arrivait plus à écouter. Parfois, il n’arrivait plus à comprendre ce qu’on lui racontait. Il partit plusieurs fois, mais arriva à faire passer ça pour la fatigue du voyage jusqu’ici… parce qu’il fallait voir le chemin parcouru depuis 7 heures ce matin. Il avait vraiment fait autant qu’il le pouvait, pour arriver à ce mensonge presque parfait. Il tenait. Une fois la conférence fini DEUX HEURES plus tard… il repartit dans son appartement.

Il avait besoin d’un appartement dans chaque lieu où il revenait. Parce que l’hôtel avait fini par le mettre mal à l’aise. Il avait encore plus l’impression d’étouffer que dans ses chambres. Il avait besoin d’un endroit à lui, même si cet endroit était aussi impersonnel que ça. Rentrant dans l’immeuble, il se mit à tirer sur la cravate et l’enleva dans l’ascenseur. Il soupira, remontant sa main sur son visage. Il était fatigué … et la seule chose qu’il voulait, c’était parler à Maki…. Il voulait parler à Maki… mais pour dire quoi ? Lui rappeler qu’il était qu’un pathétique rien du tout qui se faisait passer pour un homme super ? Qu’il n’était qu’un putain d’amuse-gueule. Il s’approcha de la porte de son appartement et trouva … une pastèque ? Là, sur le sol. Une pastèque qui trainait là … et il était sûr de ne pas avoir eu de pastèques…

Puis, son coeur se mets à battre… vite. Il tambourine dans sa poitrine si fort. Il pense à Maki. Il ne pense qu’à elle. Il s’approcha et prit le fruit en ouvrant son appartement.

Pour se figer. Il rêvait ? Il avait prit un Mojito de trop ? Elle était là. Assise dans la cuisine … Elle était là et si belle, si incroyable… si … Elle était là. Il jeta sa veste, sa cravate et sa pastèque sur le canapé qui traînait et s’approcha de deux grandes enjambées de Lightning. Il avait besoin de quelqu’un. Vraiment. De quelqu’un qui sache ce qu’il était en train de vivre, qu’il se sentait ainsi mal. Il était si proche d’elle maintenant. Il passa sa main sur le visage de la jeune femme, et il s’approcha. Encore. Et il posa ses lèvres sur celle de la jeune femme.

- Déesse de mes nuits, murmura-t-il contre ses lèvres.

Un rêve éveillé.. il était en train de faire un rêve éveillé. Elle ne pouvait pas être là. Elle n’était qu’une construction de son esprit… C’était une illusion. Une image espéré. Il la voulait tellement qu’il l’avait imaginé, ici, maintenant. Et il pouvait l’embrasser maintenant. Si passionnément que ça lui en faisait mal qu’elle ne soit qu’imaginaire. Puis, il sentit l’odeur de chocolat. Totalement réveillé. Il se figea pour se reculer à peine.

- Tu es vraiment là ? Réalisa-t-il en faisant un pas en arrière, pardonne-moi, je ne voulais pas te sauter dessus…

Oh, si, il voulait lui sauter dessus depuis des nuits … mais ce n’était pas pour ça qu’il l’avait embrassé. C’était parce qu’elle était son rêve, et son besoin de tranquillité, et la seule qu’il rêvait d’avoir. Sa main contre sa joue, il caressa le visage la jeune femme.

- Comment tu peux être là ? Se demanda-t-il enfin.

Elle a le temps de se demander un milliard de fois si c’est vraiment une bonne idée d’être venue. Si … c’est vrai. Toutes les belles choses qu’il lui raconte. Si ce n’est pas une vague farce. Une juste un petit délire qu’il se fait dans son coin. Sans forcément penser à mal, hein, mais … Sans lui prêter plus d’importance que ça. C’est débile, comme pensées, si on remet tout en perspective, mais à mesure que les minutes passent et que le retour de Warren se rapproche, elle ne peut pas rationaliser, Maki. Pourtant, malgré les doutes qui la traversent, elle ne peut pas ignorer toute la souffrance qu’elle a ressenti à l'autre bout du téléphone ce matin. Et à chaque fois qu’elle y pense, au contraire, ça renforce sa détermination à être ici. Pour lui. Et puis la porte s’ouvre enfin, et Maki sent le temps se suspendre, le temps de savoir si … elle a bien fait. Et Warren lui apporte la réponse, deux petites secondes après, faisant entrer leurs lèvres en contact.

Elle est surprise. Bien sûr qu’elle est surprise, sourit à peine à ce surnom qui revient encore, et qui cette fois lui tire un véritable frisson. Et Maki lui abandonne volontiers ses lèvres une nouvelle fois. Lui rend la caresse de ses lèvres avec … une certaine appréciation. Calme toi, t’es pas venue ici pour ça.

Elle rit doucement à sa question. Pose sa main sur la sienne. Gardant ce contact avec lui. Elle ne pensait pas … que ça lui ferait du bien à elle aussi. D’avoir sa présence pour de vrai. Cette douceur à son attention.

“T’as déjà oublié que je suis une pirate ? Cambrioler les apparts de riches, c’est ma spécialité.”

Elle plaisante, bien sûr. Ils ne s’en sont jamais pris qu’à la technoïd et ne se prendront toujours qu’à la technoïd.

“Je t'ai déjà volé une douche et du café. Tu vas appeler la police ? Ou tu bois ton chocolat chaud avant ?”

Elle tend le cou pour déposer à nouveau ses lèvres contre les siennes. Juste un léger petit baiser pour prouver qu’elle est bien là. Et qu’elle ne lui en veut pas du tout pour ce baiser surprise. Maki lui a proposé d’aller boire son chocolat, mais elle glisse plutôt ses bras derrière la nuque de Warren et se lève pour le tirer contre elle. Il a besoin de contact, de chaleur, elle le sait, et, elle aussi. Un peu. Alors elle le serre doucement contre elle avant de chuchoter :

“Je pouvais pas te laisser seul. J’ai missionné mes gars pour me trouver comment arriver jusqu’à toi, et je suis venue. J’pouvais pas te laisser seul.”

Elle se répète, mais c’est vrai. C’était au-dessus de ses forces.