Elle avait fait un tableau. Maman avait insisté. Et quand Marisol Juanita Aguirre insistait …

Lupe avait donc fait un tableau. Une feuille sur laquelle elle avait tracé quatre colonnes, titrées respectivement : chocolat, vanille, fraise, et café. Puis elle s'était rendue au district 8, West Los Angeles area, où elle ne travaillait pas encore officiellement, et puis elle avait confié son tableau au commissaire Rivera, qui s'était tapé le fou rire du siècle. Puis le tableau avait été affiché en salle de repos et les membres de la brigade, les futurs collègues de travail de la jeune femme, avaient pu s'inscrire dans les colonnes. Selon le goût qu'ils préféraient pour leurs churros relleno.

Heureusement que le commissaire connaissait bien la mère de sa nouvelle recrue, sinon il aurait pu prendre tout cela pour une vaste blague. Mais Marisol Juanita Aguirre n'était pas femme à plaisanter. Et certainement pas avec la nourriture.

Alors c’est les bras chargés de boîtes, elles-même chargées de pâtisseries, que la jeune Lupe, de son nom complet GuadaLupe Marisol Aguirre, nouvellement promue inspecteur de police, débarque sur son nouveau lieu de travail. On pourrait presque croire qu’elle vient d’arriver au cours élémentaire. Non, ça ne fait pas très sérieux … Mais l’accueil se fait plutôt bon. Il faut dire que teaser une bande de flics à propos de pâtisseries pendant deux semaines, ça aide à se faire bien voir quand on livre enfin les dîtes pâtisseries. (Ok. On est pas si loin du cours élémentaire, finalement.)

Toute la famille s'y était mise. Il y avait pas mal de boulot, et il valait mieux faire ça la veille. Alors réunion de famille chez les Aguirre. Cuisine et débriefing sur son nouveau poste, sa nouvelle place. Il y avait du monde dans la maisonnée et tout le monde y était allé de son petit commentaire. Miguel manquant de s’étrangler quand la matriarche s'extasia d'avoir enfin un enfant avec un travail respectable (#deblanc surtout). Luisa pariant avec Manuel que Lupe ne tiendrait pas une semaine avant d'être renvoyée dans un district moins guindé. Les jumeaux évoquant leurs souvenirs personnels avec le commissaire Rivera (qui ne l'était pas encore à l'époque). Et Lucia préférant se lancer en conjectures sur le futur coéquipier de Lupe avec ses belles-sœurs.

Parce qu'il y avait ça, en plus. Lupe avait pensé pouvoir rencontrer au moins de loin, de visu, son nouveau coéquipier. Sauf qu’il était aussi nouveau qu’elle. Mystère et boule de gomme. Mystère d’autant plus grand qu’elle ne savait même pas s’il préférait ses churros goût chocolat, vanille, fraise, ou café. (Oui c’est important.) Du coup, elle en avait fait un de plus de chaque pour lui. Voilà.

Bref. Elle est arrivée un petit peu en avance pour ne pas empiéter sur l’emploi du temps et l’organisation de tout le monde. Petit monde qui sera bientôt fort au courant de combien elle va pouvoir lui casser les pieds, alors Lupe évite de le faire dans les vingt premières minutes, héhé.

Une première impression pas trop mauvaise, c’est toujours pas mal.

La jeune femme discute calmement (si si l’adjectif est important) avec son nouveau lieutenant-chef quand la voix du commissaire dans son dos l’interpelle pour enfin lui présenter son nouveau coéquipier tout juste arrivé. Lupe, les coins des lèvres pleins de chocolat parce qu’elle ne sait pas bouffer correctement, se retourne pour découvrir un blond aux sourcils broussailleux. Elle lui adresse un sourire qui dévoile ses dents pleines de chocolat.

Pour la première impression … on repassera.

“Bonjour !! Lupe Aguirre ! J’ai fait ça pour vous. jsais pas ce que vous aimiez alors je vous ai fait un de chaque !”

Elle attrape un petit sachet en papier contenant quatre petits churros et le tend à l’homme dont elle se rapproche. Sous le regard doublement amusé du commissaire. Rivera fait un petit geste circulaire du doigt autour de ses propres lèvres pour signaler à Lupe qu’elle s’en est foutu partout, et celle-ci s’excuse avant de s’essuyer la bouche d’un revers de main … ce qui ne fait que déplacer le problème …

“Ay dios mio, qu’est-ce que j’ai foutu des serviettes ??”

- Tu essayes pas de la tuer, celle-là d’coéquipier, hein ? Ou du moins, tu essayes de pas trop faire ton truc là… ton Mojo… On en a besoin ici. Au pire, si ça te plaît pas, tu sais quoi faire.

Tu lèves un sourcil alors que tu hausses les épaules, assis dans ce putain de fauteuil, dans ce putain de bureau de police que tu connaissais bien maintenant. Tu as eu le topo, il a eu le tien, ton faux dossier traînant sur sa table. Tout a été falsifié, morcelé, refait. Tu as encore une nouvelle identité, une nouvelle adresse et un nouveau passif. Un truc plausible pour que le commun des mortels ne cherchent pas trop qui tu es réellement, pour qu’ils ne tentent pas de voir quelque chose qui semble sortir de l’imaginaire. Puis tu voulais te poser un peu plus longtemps dans cette ville qui sonnait comme une blague.

La ville des Anges. Bah tiens. Tu soupires, évitant d’en rajouter au discours de l’homme en face de toi, sachant très bien pourquoi il disait ça, connaissant tes antécédents. Tu te lèves, lui serrant la main et descend tranquillement en le suivant, déambulant dans ce putain de commissariat. Tu fais quelques signes de tête en guise de bonjour, sachant très bien que de toute façon, leur frêle mémoire allait possiblement t’effacer après. Ou pas. Tu t’en fous en fait. Tu essayes d’être poli et avances vers ton futur bureau. Ah, ta future coéquipière est déjà là. Oui, il paraît que ce sera une femme.

Tu t’en fiches pas mal en réalité, homme ou femme, c’est pareil. Un humain reste un humain. Tu approches, laissant le commissaire faire les présentations. Tu restes derrière, les mains dans les poches.

- Parfait ! Aguirre ! Ton coéquipier ! L’agent Hawkings. Hawkings, voici l’agent Aguirre.

Qu’il termine en montrant la brune qui… Oh par Gabriel. Tu la vois, souriante, du chocolat partout autour de la bouche. Tu lèves un sourcil alors qu’elle se présente en te tendant un sachet gras et plein. Tu le prends, hochant la tête en guise de remerciement et regarde à l’intérieur. Oh merde. Tu inspires doucement en clignant des yeux, analysant ce péché de gourmandise qui te pendait au nez. Si c’est ça tous les matins avec elle, Belzébuth se foutra de ta gueule de là où il est. Tu attrapes le churros fraise et reposes le sachet devant elle, le croquant à pleine bouche. Tu la vois aussi qui se débat avec le chocolat qu’elle étale plus qu’elle ne l’enlève et soupire. Tu lui montres ses cuisses, où traîne de pauvres fine serviette qui ne serviront à peine à absorber le gras de la pâtisserie.

- Bon aller ! J’vous laisse faire connaissance en voiture ! Baptême du feu sur Oakwood Avenue ! On se retrouve là-bas.

Qu’il lance sans rien de plus. Tu coinces alors ton churros entre tes dents, attrape ton badge, ton arme que tu charges et la toise du regard.

- J’prends le volant. Pas de négociation.

Que tu clames en prenant les clés du véhicule qui vous est attribué. Tu n’attends même pas sa réponse ou qu’elle te suive. Tu feras ami-ami après.

"Aaaaahhh !! … merci, merci."

La jeune femme garde sa bonne humeur et sourit à son nouveau coéquipier en remerciement (encore) avant de se saisir d'une serviette pour se rendre un peu plus présentable. Elle le détaille du coin de l'œil : grand, blond, les yeux clairs, la mâchoire carrée et l'air de vouloir se taper une sieste sur une banquise … Ils l'ont tiré du casting de Vikings, ou bien ?? En tout cas, deux points pour sa petite sœur, c'est bien un mâle blanc. Lupe sursaute presque quand le commissaire s'adresse de nouveau à eux pour les envoyer sur leur première affaire.

"Oui monsieur !"

Elle acquiesce à grande voix et à grands gestes. Achève de se débarbouiller le visage et le dos de la main. Trop contente que les choses sérieuses commencent. En parlant de choses sérieuses, le nordiste de service a l'air on ne peut plus sérieux. Même pas elle a envie de le contredire juste pour le plaisir de le faire. (Pas tout de suite, en tout cas.)

"Oui monsieur !!!"

Elle se répète, Lupe. Mais c'est parce qu'elle a bloqué son cerveau en mode acquiescement pour ne pas péter une pile sous l'excitation. Fini la circulation, les PVs, les patrouilles de jour boring as fuck. Enfin de l'action, de la vraie. Du taff de flic. Coincé des vilains. (Et leur mettre des fessées.) Parce que coller des prunes aux mères aux foyers de colorées qui sortent trop tard de leur manucures ou courir après de tagueurs en skate … c'est vraiment un boulot de con des fois. Donc la rookie est fin folle d'aller sur le vrai terrain. Et elle se contient comme elle peut. Évacue son excitation à grand hochement de tête et fait mine de perdre du temps en allant chercher ses affaires juste pour pouvoir légitimement trottiner après son coéquipier. Parce que si elle trottine juste comme ça … bah ça ne fait pas très sérieux.

Elle ne rejoint Calvin qu'au parking des voitures de service. Parce qu'elle a pris le temps de regarder un peu les lieux et de prendre ses marques. Et Lupe lui adresse un grand sourire par dessus le toit avant de se glisser dans l'habitacle.

"C'est mon premier jour !"

Qu'elle annonce d'un coup. Elle boucle sa ceinture et pose ses mains à plat sur ses cuisses pour tapoter dessus un rythme plus ou moins aléatoire.

"Donc. Je vais rester un pas en arrière et je vais me taire. Enfin je vais essayer. C'est pas gagné-gagné. Si vous voulez on peut se trouver un safeword pour me faire taire quand je dis des conneries."

Comme là tout de suite par exemple. Voilà. Cinq minutes qu'il la connaît et il sait trois trucs à son sujet. Son nom de famille. Qu'elle est bavarde. Et qu'elle a des connaissances en bdsm. PARFAIT. Ta gueule, Lupe. Juste ta gueule en fait. Elle s'éclaircit la gorge et coince ses mains entre ses genoux pour qu'elles arrêtent de s'agiter. Sauf que ce sont ses mollets qui prennent le relais pour faire tressauter ses jambes.

"Euh. Ça fait combien de temps que vous êtes inspecteur ?"

Voilà. Une conversation normale, Lupe.

Il y a soudainement comme un écho dans la voix de ta collègue. T’as vraiment l’air plus vieux qu’elle avec ton apparence actuelle ? Oh merde. Oh, tu réglerais ça plus tard hein ? Tu files vers le parking et entres au volant, ne t’attachant pas. Non pas que c’est le protocole, mais surtout parce que tu n’as pas peur de mourir, clairement. Tu ne saigneras même pas. Bon ok, tu ne vas pas pouvoir bien le justifier s’il y a un accident, mais tu t’en fous, tu trouveras un moyen de faire passer ça sans qu’on ne s'en rende compte.

Tu lèves un sourcil en l’entendant parler. Premier jour ? Oh merde. Tu la vois qui s’attache et soupires. Ouais, non, c’est bel et bien une nouvelle. Tu sens que cela va être drôle, surtout si elle n’a jamais tâté le terrain. Tu démarres un peu, continuant de l’écouter d’une oreille alors qu’on t’envoie l’adresse par téléphone. Tu lis ça d’une main, reconnaissant l’endroit du premier coup d’œil. Tu démarres un peu en trombe et hoches la tête quand elle dit qu’elle restera en arrière. Tu lèves un sourcil quand elle parle de … Safeword ? Attends, quand est-ce que la discussion est partie en trip chelou ?

- Un… pardon ?

Ok, d’accord. Tu vois un peu le genre de gamine en face que tu as. Tu secoues la tête et caches ton sourire derrière ta main, avant de passer aux choses sérieuses en allumant le gyrophare, conscient qu’à cette heure-ci, les bouchons risqueraient de vous limiter. Tu soupires un peu.

- Un an.

Que tu réponds simplement, sans plus. Cette journée promet. Tu inspires profondément.

*Calme-toi Azriel… Ce n’est qu’une simple humaine un peu bavarde. Ne l’emplâtre pas de suite dans son siège. Elle ne mérite pas ça, elle veut sûrement juste bien faire son boulot.*

"C'est une façon de dire "stop", sans utiliser le mot "stop"."

Par certaine que le "pardon" de Hawkings soit une demande de précision. Mais Lupe préfère largement imaginer qu'il ne sache pas ce que "safeword" signifie, et lui explique en omettant tout le côté … qui n'a rien à faire dans l'habitacle d'une voiture de police.

"Un an."

Elle répète. Elle répète souvent les choses, Lupe. Ce qu'elle dit, ou ce que les autres disent. Pour ses raisons diverses et variées. Parce que son cerveau bloque sur une formulation, comme tout à l'heure. Parce qu'elle parle trop vite (surtout en espagnol) et se répète parfois pour bien se faire comprendre. Parce qu'elle écoute pas les gens parler, enfin pas consciemment, et répète ce que son inconscient a enregistré pour le faire passer dans les strates supérieures de sa pensée. Et puis aussi parce qu'elle a besoin de parler et que des fois elle a rien à dire, ou juste des bêtises. Alors elle répète.

Ça fait pas beaucoup un an.

C'est ça qu'elle aurait voulu dire. Mais c'est pas très poli. Et ça faut genre elle juge. Oui elle juge. Pas lui, hein. Enfin un peu. Disons qu'elle juge sa capacité à réussir à la gérer. Et elle juge la viabilité de leur équipe. C'est tout. Erm. Bref.

Elle ne l'a pas dit, elle a juste répété.

"Z'êtes pas bavard, hein."

Oui bah, elle fait ce qu'elle peut pour filtrer ce qu'elle dit, mais ses paroles passent souvent par ses lèvres avant de passer par la case cerveau. Et cette fois, ça lui échappe pendant qu'elle regarde la ville défiler par la fenêtre. Elle se mord la lèvre inférieure pour ne pas rire mais en rajoute une couche à mi-voix.

"Vous allez souffrir avec moi. Toutes mes condoléances par avance."

Genre elle est possédée par une entité démoniaque qui lui créé des bouches sur des parties aléatoires de son corps pour pouvoir causer même quand elle essaye de la faire taire. Comme dans le manga là. Bref. Pour se faire taire, elle tire un sachet de mini churros de sa poche et s'en enfile un avec une grande attention pour occuper aussi bien son cerveau que sa bouche.

- Non, mais, je sais c’est quoi un safeword, merci !

Alors, le pourquoi du comment tu sais, on va éviter d’en parler, pas comme si tu avais connu les débuts de la pratique qui se cache derrière, ou comme si tu avais déjà testé, mais soit. Tu soupires, essayant de ne pas y repenser, répondant simplement à sa question anodine dont la réponse se fait répéter. Tu fronces les sourcils, essayant de comprendre pourquoi elle joue les échos avant de tranquillement griller un feu rouge. Ton esquive de voiture n’est pas à plaindre en tout cas.

Tu lèves un sourcil quand elle se remet à parler, n’ayant laissé que peu de temps de silence entre vous. Enfin, silence. Avec le gyrophare et les klaxons en fond sonore hein, mais silence quand même dans l’habitacle. Au moins, elle est honnête, elle confirme qu’avec elle, ce ne sera pas une partie de plaisir. Elle donne même un côté solennel à tout ça, implorant des condoléances. Tu secoues la tête et fait comme n signe de croix rapide avant d’embrasser ton pouce.

- Je prierais alors pour mon salut.

Que tu dis, levant un peu les yeux aux ciels. C’est tellement ironique de dire cela de ta part, mine de rien. Si elle savait. Pourtant, tu ne portes rien sur toi qui insinuerait que tu sois religieux, bien sûr. Il ne manquerait plus que ça. Ta seule aile, que tu ne sortiras pas, parle d’elle-même de toute façon.

- M’enfin. C’pas avec ça qu’je l’emporterais au Paradis.

Que tu murmures alors que tu prends un virage un peu serré. Par réflexe, tu passes ta main devant elle, pour éviter qu’elle ne passe par-devant si tu devais freiner brusquement. En parlant de freinage. Vous êtes enfin arrivé. Tu fais un dérapage digne de Dom et attends de voir si elle se remet de tout ça.

- Si j’dois m’habituer à ta voix, alors habitue-toi rapidement à ma conduite. Et vomi pas. Deal ?

Que tu termines. Ouais, c’est donnant donnant du coup, comme un pacte caché. Tu tends la main, en confirmation.

Heureusement. HEUREUSEMENT qu'elle a assez de self control (si on peut appeler ça comme ça) pour se mordre la langue au lieu de demander à son nouveau collègue s'il a des penchants pour le bdsm. On n'est pas passé loin. Mais on a évité. Elle s'est fait un peu mal. Mais ce n'est pas grave. Elle évitera juste de bouffer épicé ce soir.

"Oh ne vous inquiétez pas. Ma mère prie pour vous et jsuis sûre qu'elle a des arrangements avec le seigneur. Toute ma famille prie pour vous en fait. Ils connaissent votre douleur à venir."

C'était même pas une blague. Enfin ça avait été une blague au repas familial de la veille. C'était même Mario (2 sur 10 sur l'échelle de la foi) qui avait proposé de prier pour son pauvre futur coéquipier. Donc c'était une farce plus qu'une blague. Mais il était aussi certain que le monde est monde que sa mère priait pour Calvin. Bien que Marisol Juanita Aguirre ferait peut-être bien de prier pour la vie de sa vie vue la conduite du flic. Parce que c'est pas Lupe qui va le faire. Elle, elle s'éclate. Et rigole doucement après avoir lâché un "woooooo …!" appréciateur après le dérapage du viking.

"Ouais ouais ouais, ça va aller. Mes jumeaux sont des lowriders. C'est pas le même genre de conduite mais j'ai l'habitude de me faire secouer."

Elle répond, naturellement en se détachant. (Et en remarquant seulement qu'il fallait pas s'attacher, mais que finalement, vu comment il conduit, c'est peut-être pas plus mal de boucler sa ceinture no ?? Ouais, ouais, elle sait pas pour lui, mais elle elle doit pas être dans les petits du seigneur comme sa maman, alors elle va continuer de boucler sa ceinture avec lui, erm. Ok. Non. Bref. Cette parenthèse est beaucoup trop longue.) Et puis elle suspend son mouvement, et rajoute :

"En voiture."

Oui. Bon. En fait c'est la précision qui rend la phrase bizarroïde finalement. Un poil tendancieuse. Tant pis, hein. Lupe esquisse un sourire en coin et sort de la voiture. Elle sautille sur place en ouvrant et fermant ses points plusieurs fois pour relâcher un peu de sa pression d'excitation avant que les choses sérieuses ne commencent pour de bon.

"Je vous suis, chef."

Oui bon, c'est pas lui le chef, mais ça lui va bien comme surnom.

Un point pour la petite pour ne pas avoir vomi. Cela devrait le faire alors si elle tient le coup. Tu sors de la voiture en suivant du regard les mouvements des policiers déjà sur les lieux, en train de délimiter le périmètre de sécurité. Tu grognes légèrement en montrant du regard un van avec une grosse antenne dessus et un logo que tu détestes sur le côté.

- Et aller… Les vautours des médias…

Que tu dis en râlant alors que tu avances vers le lieu-dit, se trouvant dans un appartement assez luxueux. Tu redresses la tête en voyant la gueule de l’immeuble et grimace, croyant reconnaître l’endroit. Familier, on va dire. Tu grimaces et te tournes quand tu entends les journalistes qui essayent de t’interpeller, toi et ta partenaire. Tu soupires et récupères la jeune femme par le bras pour la faire avancer devant toi. Tu secoues la tête alors que tu entres enfin dans le hall, poussant presque Lupe pour qu’elle soit devant toi alors qu’on vous guide et qu’on vous indique le chemin. Tu soupires un peu en voyant les aller et venues avant de te figer devant l’ascenseur. Tu secoues la tête.

- J’vais par là.
- Inspecteur… c’est au...
- Ouais, ouais, je sais Walter. Fait comme tu veux, Aguirre. On s’retrouve là-haut.

Que tu dis en faisant signe, commençant à prendre la cage d’escalier. Tu n’attends même pas sa réponse que tu t’engages dans l’ascension de cet immeuble, sachant pertinemment qu’il fallait aller tout en haut, quasiment sur le toit. Mais bon, pas comme si tu avais le physique d’un presque Dieu, hein ? Sans souffler, transpirer, tu gravis la vingtaine d’étages pour arriver en haut et montre ta plaque avant même d’analyser les lieux. Tu approches de la légiste avant de lever la tête.

- Bon ! Qu’est-ce … AH!

Tu grimaces un peu et bascules la tête sur le côté. Une croix, un mort à l’envers, les jambes écartés à la place normalement pour les bras et une tête qui manquait. Charmant.

*’Tain. J’en ai vu des crucifixions dans ma vie… Mais celle-là…

La journée commence… TRÈS BIEN !

Bon. Elle comptait le suivre. Et puis elle se retrouve poussée devant. Okkkkk. C’est étrange. Enfin c’est toujours moins étrange que la bande de journalistes qui se pressent devant l’entrée. C'est pas un truc dont elle a l'habitude. Les morts, de là où elle vient, peu importe les conditions, c'est presque un truc normal. Bon ok, peut-être pas un mort comme celui qui l'attend sur le toit, mais ça, elle n'est pas encore au courant …

Calvin prend les escaliers et Lupe amorce un mouvement pour le suivre avant de le voir s'élancer comme une bichette dans les escaliers. Une antilope des beaux quartiers de LA. Il va ultra vite brdl de mrde, même elle, elle ne court pas aussi vite dans les escaliers. Alors la jeune femme fait demi tour et lance un regard au fameux Walter avant de lui demander l'étage. Et de prendre l'ascenseur. Erm. (Son excitation a des limites. Et c'est le nombre de marches à gravir.)

Par contre, l'ascenseur, sur autant d'étage, c'est une vraie torture. Et vu qu'elle est pas toute seule Lupe, elle peut pas danser, sautiller, chanter, (plaquer quelqu'un contre la parole pour luibrouler une pelle), bref mes trucs qu'elle fait d'habitude dans un ascenseur pour passer le temps. Alors elle se tord les doigts, jusqu'à se précipiter hors de l'habitacle à peine les portes ouvertes et tracer jusqu'au arriver dans le dos de sa gazelle de coéquipier déjà arrivé. Speedy Gonzales à ce stade dîtes donc. M’enfin c'est pas franchement ce qui attire le plus son attention.

“Waaah … Et bah va falloir qu’elle prie plus fort ma petite maman …”

Oui. C’est tout à fait la première chose qui franchit les lèvres de Lupe quand elle découvre la scène de crime. S’il y a du diabolique ou du divin, ou de jspquoi de religieux là-dedans … Va falloir que mama lui récite quelques Je Vous Salue Marie de plus.

La jeune femme fronce quand même le nez dans une légère moue de dégoût. Elle a déjà croisé quelques cadavres, vraiment pas beaucoup encore. Et à vrai dire, elle fait plutôt bien avec. Mais le sordide de la scène … ça la dérange presque autant que de l’absence de tête, l’odeur de mort et les insectes. Respirer par la bouche. C’est un truc qu’elle a retenu en regardant une série policière qu’elle serait bien incapable de remettre. Respirer par la bouche. Ça sent moins fort la mort comme ça. Pour ça va qu’ils sont dehors encore mais … Ouais. Voilà. Ça reste violent. Ça reste dégueulasse. Ça reste … Voilà quoi.

Lupe reste juste un pas derrière Calvin, presque cachée dans son ombre, avant de prendre une inspiration (par la bouche) et d’avancer doucement. Vers le corps. Les doigts entrecroisés derrière ses fesses, elle se penche en avant pour regarder le cou découpé. Cligne des paupières en gardant le silence et se tourne vers Calvin. Peut-être un poil plus désemparée qu'elle ne voudrait le montrer. Mais là, c'est vraiment chelou quand même… et ça a la capacité de lui clouer le bec. Enfin presque.

"On a quoi ?"

qu'elle souffle au légiste pour avoir quelques informations sur la cause de la mort. L'heure du décès. Tout le binz quoi.