Elle se sentait… Elle n’avait pas les mots. L’attirance était quelque chose, certes… mais là, cela avait atteint le stade de l’aimant. Elle était attirée par lui par une force qui dépassait l’entendement. De ce regard qu’elle trouvait trop triste, trop vide, de l’impression qu’il n’avait jamais vécue avant. Qu’il ne vivait toujours pas. Et ça la rend dingue. Parce qu’il avait eu raison, pendant le rendez-vous, sur un point en particulier… elle était clairement une protectrice. Mais Eula voulait aussi protéger les cœurs, en plus des corps. Il ne sert à rien de protéger un corps qui n’a plus de cœur. Et Gaara semblait être le genre de personne à avoir enterré son cœur au fin fond de son esprit. Sinon, comment expliquer qu’il n’avait pas eu la moindre pulsion sexuelle face à quiconque ? Comment expliquer qu’il ne semblait pas connaître la sensation d’un sein contre ses mains ? Parce qu’il était curieux, donc ouvert à la découverte, donc il n’était pas asexué. Il n’y avait simplement jamais pensé, ce qui voulait dire qu’il ne s’était jamais vu comme un homme. Et par là, elle parle de la partie sexualisée de l’homme. Tout comme elle était une femme avec des besoins, les hommes en avaient. Et le fait est que Gaara semblait avoir enterré tout ça, en même temps que son cœur. Ce qui la tue. Parce qu’elle n’aime pas voir quelqu’un ainsi se faire du mal, sans même savoir que ce qu’il fait n’est pas bon pour lui.

Elle comprend que l’on veuille faire l’amour avec une personne que l’on aime, surtout la première fois. Raison pour laquelle, même si elle était proche de lui et prête à tout, elle ne le laisserait pas faire l’amour avec elle. Pas sans une partie des émotions qu’il faut à cette acte. Mais… Elle avait envie de lui prendre tout de même comme une égoïste. Elle voulait lui arracher un bout de pureté. C’était pour ça, aussi et surtout, qu’elle lui arrache sa permission pour le baiser. Et encore, elle avait été douce, la petite Eula. Elle aurait pu faire bien pire. Mais elle se disait que le premier baiser de toute personne (et elle avait été le premier baiser de pas mal de personne) devait au moins avoir ça. Cette douceur et cette demande. Cette curiosité dans le mouvement et la pression de leurs lèvres. Au moins ça. Elle laisse sa langue toucher sa peau, demande l’entré mais il ne la laisse pas faire, comme s’il ignorait qu’elle puisse le vouloir. Mince. Il se recule avant qu’elle puisse le faire ressentir.

Le charme est brisé.

Et ça la fait clairement chier. En plus, il ose la repousser. Oser. Non. Elle l’accepte la petite Eula. Mais il y avait tout de même une petite seconde, qu’elle laisse voir elle, de regret sincère dans ses prunelles. Elle voulait plus. Pas forcément de l’action sexuelle, mais plus. Plus loin. Plus … Plus intime encore. Mais elle comprenait à ses yeux et à sa manière de se tenir qu’elle n’aurait rien de plus ce soir. Les gens trop droits, ça la fatigue. Surtout quand ils se défendent de quelque chose qui pourrait lui faire un si grand bien. Elle frissonne de la caresse et finit par sourire.

- De rien, Gaara. Rêve de moi, cette nuit… qu’elle dit en baissant la voix, en petite culotte de préférence.

Et elle se détache totalement de lui avant de faire le chemin inverse jusqu’à sa chambre. La soubrette qu’elle avait aimé un peu plus tôt avait disparu. C’était mieux. Elle se jette dans le lit, qui avait été fait, propre, c’était pas mal de faire l’amour avec une servante tout compte fait, et elle s’endort. Et elle rêva de Gaara. Mais point de rêve érotique, c’était plus l’impression d’avoir besoin de l’aider qui la tirailla dans son sommeil. Comme si elle pouvait faire quelque chose de plus. Si elle se donnait à lui, comme un pantin, il n’apprécierait pas. Il fallait qu’elle l’aide. Parmi les princesses, il pouvait y en avoir une qui déclencherait chez lui des instincts d’animaux ou protecteurs, non ?  

Le lendemain matin, ou plus exactement entre quatre heure et cinq heure du matin, Dehya était de bonne humeur. Après avoir dormi dans un lit tout chaud, bien odorant et tout moelleux, elle était requinqué. Elle pourrait facilement allait n’importe où avec la fenêtre qu’elle laissa ouverte. Elle grimpa, sauta, se jeta, comme un chat savait si bien le faire. Après tout, elle l’était. Un chat. Elle ne s’approchait pas des gens, mais ça l’amusait de voir les quelques gardes de Suna qui ne la remarque même pas. Fin, si. Ils remarquent un magnifique chat angora aux poils marron et roux. Mais c’est tout. Héhé. Elle saute d’une fenêtre à l’autre avant de trouver celle qu’elle désire. Elle se met à réfléchir. Elle était douée, la petite, pour rentrer dans n’importe quelle maison. Dans son village de chat, ils avaient fait des maisons rien que pour le plaisir de demander à rentrer et sortir. Et après des années à demander à rentrer et sortir dans un village où aucun humain ne venait jamais, Dehya avait appris comment ouvrir une fenêtre de l’extérieur. Alors, elle se glisse dans la chambre du kazekage… Qu’elle croit. Elle se glisse et va dans le lit. Elle se pose devant le corps endormi alors qu’une odeur de bois, de peinture et de quelques choses de plus flotté dans l’air. Elle se penche vers le brun endormi. Elle finit par se mettre contre lui. Ce n’était pas le kazekage, mais il sentait diablement bon aussi. Alors, ça ne la dérange pas de rester à ses côtés. Elle avait fouillé du regard l’appartement et n’avait rien trouvé d’intéressant à se mettre sous la dent.

Alors, vers cinq heure et demi du matin, elle se mit à miauler.

Ce qui ne réveilla pas le bel endormi. Soit, elle se mit à le lécher. Bout du nez et paupières pour le réveiller. Parce qu’il fallait bien que quelqu’un la nourrisse dans ce village, non ? Elle était déjà là pour le plaisir de sa déesse d’amie, mais elle n’avait aucune envie de souffrir en prime. Alors, elle pose son cul sur le buste de l’homme, sa queue revenant devant elle comme une protection supplémentaire avant qu’elle ne s’étire, enfonçant ses griffes dans le corps de l’homme et attrapa clairement son bout de nez entre ses dents pour se mettre à tétouner. Là. Si elle n’avait pas l’attention de l’homme, elle n’aura plus qu’à le griffer pour qu’il la nourrisse. Elle ronronne se faisant. Parce que l’odeur de l’homme, comme du kazekage, était clairement de l’herbe à chat pour la jeune chatte qui ne se demandait même pas pourquoi l’odeur des enfants du kazekage lui faisait cet effet. Elle était un chat. Elle suivait ses envies.

Et parfois, son envie de chat lui faisait faire des choses étranges. Pour le coup, elle mettait l'étrange appréciation de l'odeur sur le coup de l'instinct. Comme son amie allait être la déesse, très prochainement, elle n'a aucune doute elle, de ce lieu, elle en trouvait une raison d'aimer ce lieu. L'odeur de la fratrie, bien qu'elle ignore que cela avait un rapport avec des frères et soeurs puisqu'elle n'avait pas encore fait le rapprochement entre l'homme sous son cul et le kazekage, ou encore l'odeur de la jeune femme dans sa chambre, mais elle aimait. Quoi que... Si, elle avait compris qu'ils devaient tous faire parti de la même famille, mais ça pourrait être des oncles et tantes, ou bien simplement parce qu'ils prenaient des bains au même endroit. De ce qu'elle en sait, les humains qui couchaient ensemble avaient aussi parfois la même odeur, alors, elle s'en fiche du lien qui unit la chambre déserte, le kazekage et l'homme sous elle, elle sait juste qu'elle aime ça et elle en profite, tout simplement.

Kokomi se tenait bien droite alors qu’on vient la chercher. Comme le kazekage lui avait promis, la veille, elle était la première à passer pour un rendez-vous. Elle se demandait s’il était bon pour le jeune chef de village de faire tous les rendez-vous aussi rapidement. Après tout, les entretiens de la veille avaient duré longtemps, et elle n’avait même pas eu vent d’un possible premier tri qu’il aurait pu faire. Cela signifié qu’il devait travailler sur cela, encore, en plus de leur rendez-vous ? Pour elle, qui était une princesse un peu mal aimé de son village, il y avait quelque chose de réconfortant à voir qu’un dirigeant prenait autant de son énergie pour son village. Et cela avec amour, même si c’était rencontré une vingtaine de princesse, dont certaines étaient folles. Mais il y avait aussi quelque d’inquiétant à penser qu’un homme puisse ne pas dormir, pour cela. Oh, elle se doute qu’il n’était pas comme la plupart des gens. Plus comme Yuki que comme Kyo, qui dort souvent… mais ça n’empêche qu’elle se posait la question alors qu’elle attendait dans le couloir qu’on lui avait désigner. Est-ce que le kazekage avait assez dormi. Elle attrapa son calepin avant d’écrire une première phrase. Puis, elle réfléchit à comment exprimer la seconde. Elle l’écrivit aussi rapidement alors qu’elle remarqua l’arriver de Gaara. Elle lui planta son calepin sous le nez, avant de le reprendre, sans lui laisser le temps de lire le moindre mot. Elle se mit à chercher frénétiquement dans les pages. Elle trouve le bonjour, qui était une page rien qu’à lui pour lui permettre de parler et de faire la salutation, puis elle revient sur les deux qu’elles venaient d’écrire. Sur la même page, il y avait deux lignes.

« Est-ce que vous êtes sûr de ne pas vouloir vous reposer encore ? La journée d’hier a dû être éreintante »

Et la seconde.

« Cela ne me dérange pas si vous préférez attendre demain pour être pleinement reposer. »

Elle lui laissa le calepin et fit un sourire, qui voulait tant dire « bonjour » que « je suis honnête avec la question que je pose ». Elle avait appris, depuis le temps, à faire en sorte que sa sincérité, son sarcasme et même son humeur se lisent sur son visage. Elle ne voyait pas pourquoi elle ne pouvait pas le faire avec des inconnus. Si Yuki arrivait à la comprendre sans même la regarder, ce n’était pas le cas de toutes ses nouvelles connaissances. C’était aussi pour ça qu’elle surjouait un peu ses émotions sur son visage, pour aider à la comprendre. Parce que Kokomi et Eula étaient fait de la même souche, celles qui veulent réellement aider son prochain. Il y en avait juste une plus stable que l’autre.

Bref. Elle lui tendait le calepin et faisait un sourire de sérieux, d'inquiétude et d'attention. Parce que si Gaara n'avait pas l'habitude d'être choyer, ou même remarquer par les femmes, Kokomi avait l'habitude de faire attention à tout le monde. Surtout à ceux qui semblaient être prompt à se blesser pour le bien commun.