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Date d'inscription : 15/11/2019
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Elizabeth Van Sechtelen
J'ai 28 ans et je vis à Helsinki, en Finlande. Dans la vie, je suis comédienne de théâtre et je m'en sors avec un sentiment d'exil. Et puis...Il y a LUI qui m'empêche de me suffire. Je le vis douloureusement. Le comte et la comtesse Van Sechtelen s'aimaient comme l'on pouvait s'aimer dans le milieu aristocratique. Quelques années plus tôt, leurs familles respectives avaient œuvré avec soin pour que leurs progénitures se rencontrent, s'apprécient. De rallyes en rallyes, des affinités se liaient, les jeunes tricotaient et fricotaient ensemble. Ces deux-là finirent par se marier, encouragés par leurs proches très au fait des avantages de porter un nom prestigieux. Mais Madame pécha par excès. Grisée, lassée et délaissée depuis trop longtemps par son époux, elle succomba à ce bel amant d'un soir. Renversée sur le bureau d'ébène, elle se laissa aller comme jamais, noyée au creux d'un ventre en feu et assoiffé. 1994 Au sourire de la Lune, elle naquit presque sans bruit. Ne pleura pas. Ses grands yeux ouverts s'arrêtèrent quelques instants sur l'aube de cette grande vie qu'on lui offrait. Il paraît même qu'elle avait souri... Elizabeth, fruit d'une adultère éphémère. Si jeune et déjà, elle voyait les anges. Le secret de son origine fut férocement gardé. On l'éleva comme il se doit, telle une descendance de rois. Par chance ou par destin, l'enfant maudit se révéla excellente élève, douée pour les études. Elle aurait pu être promise à une brillante carrière mais sa passion brisa les aspirations familiales. Comédienne ! Ce n'était pas un métier, encore moins un avenir, tout juste un passe temps d'original et ce, chez les autres ! Pas dans le milieu ! Alors, d'une manière subtilement hypocrite et joliment perfide, on la bannit définitivement du clan familial. On ne l'aima pas l'enfant de "l'accident". Le manteau infâme de la Bienséance la revêtait comme une lèpre. Alors, au fil des années, elle développa une sensibilité à fleur de peau. Elle devint différente.HPE diagnostiqua le rapport du spécialiste. Un. Deux. Trois. Le bruissement du rideau qui se lève. Arrêt sur scène. Les secondes ralentissent. Elle ne voit plus ici. Ses ailes se déploient délicatement L'audace d'une extravagance Le chant d'un songe L'insolence de l'irréalité Le théâtre. Le RÊVE. Et puis cette rencontre. Un chauffeur de maître. Un être à part. Ob. Celui qui la comprend. Celui qui résonne. Celui qui rêve avec elle. Les clartés de Là-bas se mirent à resplendir les éclaboussures d'un sublime amour. Un feu douillet valsait tout autour, les écailles de Lune voletaient. Projetée dans une dimension parallèle. Aveugle et sourde à la réalité. S'imprégner de l'éternité. Rêver à deux, à l'Absolu, à l'Infini. Enfin! L'exil n'est plus! Mais...Il s'en est allé loin, soudain inaccessible tel un songe éthéré n'ayant jamais existé. Eli avait deux cœurs : l'un ici, l'autre...L'autre... ? Non, vous ne saurez pas. Vous ne pouvez pas comprendre. avatar :Daria Sidorchuk copyright:️ Azu Les yeux sont le reflet de l'âme. La rousse s'étale dans l'expression consacrée fixant intensément Valravn : sagesse, expériences, voyages, sourires, silences, délicatesse, compréhension, écoute, générosité, intelligence, profondeur...Elle renifle une foule de valeurs, de qualités rares, du mystère, une douceur, des volontés... absorbe tout ce qu'elle peut capter de cette aura particulière et riche qu'il dégage. Si elle devait parler de lui, elle serait incapable de le définir. Le chaman ne peut être réduit à des mots humains. Il EST, c'est un être humain qui se vit, se partage à travers une exigence de liberté absolue, parfaite.
Elle le regardait, -non-, elle le « contemplait » de l'intérieur, discrètement, percevant ses abysses de Lumière et de savoirs, abreuvée de cette amitié somptueuse, miraculeuse qui s'insinuait dans les tréfonds de son cœur. Elle souriait à demi, percevant des invisibles qui transpiraient. Un frère d'âme...Un miracle. Il pouvait disparaître du jour au lendemain sans prévenir, d'un long temps qui lui appartenait. Elle ne saurait rien de ses pérégrinations, de ses vagabondages, de ses bonheurs ou de ses malheurs mais cela n'avait aucune importance. L'essentiel demeurerait gravé à tout jamais dans son âme. Une signature scellée en lettres d'or perdurerait au delà de leur vieillesse, de leur maladie, de leur mort : l'éternité de leur fraternité. À quand bien même le natif n'éprouvait pas la même puissance de sentiments à son égard, elle s'en fichait. Eli l'aimait radicalement, puissamment sans chercher à comprendre, à se trouver des raisons. Cela était.
-Mais même éloigné, crois-tu que ton cœur ou ton âme l'oublieraient ? Crois-tu qu'il lui suffit de prendre la porte pour que tu parviennes à le chasser de ta mémoire, sans le moindre remord ou regret ? S'il te déniait le droit d'aller au fond de ta quête, ta liberté de toute manière ne serait-elle pas entachée de ce refus ?
Elle se mordilla légèrement la lèvre, la mine espiègle soudain.
-Je ne l'oublierai pas non, mais au bout d'un certain temps mon amour pour lui sera verrouillé et ce, définitivement. Il y a des deuils qui...que...mais je connais le processus alors je sais que c'est possible. C'est possible et tout passe ici bas...
Le ton de sa voix indiquait qu'elle n'en dévoilerait pas davantage et elle savait que Val saurait. Il n'avait pas besoin de tout connaître d'elle, elle n'avait pas besoin de tout connaître de lui.
-Ma liberté ne serait donc pas entachée de cette empreinte. On ne peut pas tout avoir, peu ou prou il y a des sacrifices à faire, des lâchers prises. Tout choix est un renoncement...
Elle avait incarné ses paroles dans un autrefois qui ne reviendrait jamais en arrière. L'aristocrate avait abandonné sa famille pour mieux se retrouver, pour apprendre à s'aimer, pour nourrir une estime de soi assoiffée...L'Inconnu l'avait enlacée nuit et jour sans filet. Elle avait morflé, confrontée à une résilience hors norme. S'effondrer mais aller de l'avant, chuter mais se relever... L'aurore des émotions finissait tôt ou tard par percer les nuits, le noir. Elle n'y pouvait rien, cela avait toujours été. Quelque part, un ange devait veiller sur elle...
-Qu'est-ce qui te fait sourire ?
-Le monde est plein de « simples rencontres » Eli... Mais aucune ne se situe « au delà des mots humains » si elle n'est rien de plus...
Mal élevée, elle lui aurait coupé la parole ! Elle attendit cependant qu'il termine de parler, bouillant d'impatience à lui répondre.
-...il n'est pas expulsable aussi vite et parfaitement que tu le dis... Mais nous parlons pour rien très certainement.
-Si elle n'est rien de plus, bien sûr tu as raison ! Quand je dis « simple rencontre » c'est dans le sens où rien, absolument rien, n'est calculé, il n'y a pas de stratégie, de destin forcé. Je n'attendais plus, je n'espérais plus m'abreuver en cette vie terrestre, convaincue que mes aspirations ne seraient comblées in fine que de l'autre côté, tu comprends ? Mes soifs d'absolu, d'éternité, d'infini... se heurtaient aux déserts de ce monde. Je pensais poursuivre mon chemin seule avec mes amis, le théâtre...jusqu'à l'échéance de ma mort où en fin mes quêtes, mes rêves... seraient pleinement nourris. Tel était mon acte de foi tu vois. Et puis j'ai rencontré Ob...ça a tout bouleversé mais je n'ai pas dit que ce serait facile de m'arracher à lui s'il refusait. Je sais juste que je finirai par y parvenir. « Parce que je l'ai déjà vécu »pensa t-elle.
Une pointe d'indomptable transperçait ses paroles. Maîtresse de ses émotions, elle se contint et sourit à son tour :
-Très certainement nous parlons pour tout, ajouta t-elle avec humour. Je n'ai et n'aurai jamais l'impression de parler pour rien avec toi.
Pincement. Chaque instant avec lui était précieux, il lui manquait déjà dès qu'ils se voyaient car à peine arrivé, elle savait qu'il allait repartir. Eli réussissait à ne pas porter la peine de son départ mais le spectre de son absence pendulait entre eux, irrémédiablement.
...-Et puis... si tu crains sa réaction, ne lui dis rien, le silence n'est pas un mensonge, même s'il est volontaire.
-Je sais. Je n'éprouve aucune peur.
De nouveau, leurs regards se croisèrent avec une franche complicité.
-J'aime les secrets, il y a des choses à garder exclusivement pour soi, j'en suis persuadée, en tous cas, c'est ainsi que je me vis. Et ce que je vais expérimenter avec toi touche l'intime de mon esprit, sans doute ou peut-être celui de mon âme. Alors je veux garder cette part pour moi, pour toi dans sa préciosité, sa particularité. Que j'intègre d'abord tout ce qui va se passer. C'est un véritable « travail » et je ne suis pas prête à le partager, je n'en ai pas envie pour le moment.
Pas d'hésitation, une justesse subjective qu'elle exposait sans détour à Val.
Ob...Un « accident » suprême, nimbé d'un feu sans flamme. Cette brûlure là... Se laisser consumer encore et encore...Suave folie, douce passion. La coulure des doigts lorsqu'elle touchait sa peau. L'Amour qui se faufile et s'immisce, vagues et frémissements, souffles et cris mutiques. L'Onde traversait les chairs, claire et obscure. Ils s'aimaient à la lenteur de leur immortalité. Âme à âme, cœur à cœur, corps à corps.
Certains océans sont si avides.
-Un refuge ?
L'idée lui fit froncer les sourcils.
-Ob...un refuge...répéta t-elle en murmurant. C'est étrange, je n'ai jamais pensé à ça.
L'habitude de la solitude ? De ne compter que sur elle-même ? En quoi aurait-elle besoin d'un « refuge »? Valravn n'avait pas tort, sa finesse d'analyse faisait mouche irrémédiablement. Elle devra y réfléchir...plus tard.
-Je me sens prête. J'ai...médité à ce sujet après ta proposition. Je ne m'interroge plus sur ma légitimité, les choses viennent comme elles doivent venir. Si c'est maintenant, alors c'est maintenant. L'instant T est souverain, je te fais confiance, parfaitement confiance.
Elle l'écouta attentivement, déterminée, mûe par une force tranquille.
-Mon ami, j'aime l'idée de laisser le temps au temps. Je ne suis pas impatiente, tu sais. Je n'ai pas envie de partir dans...voyage avec de la précipitation mais avec du paisible. Adviendra ce qu'il adviendra, je ne suis pas seule, tu me guideras et je ne suis pas téméraire.
Elle avait posé une main sur son bras, rassurante, sereine. Elle se trouvait à sa place, au bon endroit, avec la bonne personne. |