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Date d'inscription : 15/11/2019
Région : Ailleurs
Crédits : Pinterest
Univers fétiche : Historique
Préférence de jeu : Femme
Nathan GaignaultJ'ai 52 ans et je vis dans le Berry loin de Paris. Dans la vie, je suis chirurgien cardiaque et je m'en sors très bien. Sinon, par malheur, je suis veuf depuis une putain d'année et je le vis en survivant comme un con sans mon épouse. Je viens d'une longue lignée de chirurgiens, issu de l'amour passionné de mes parents et de mes grands parents dont respectivement la mère et le père venaient d'Afrique. D'aucuns pourraient croire que je subis une espèce de transmission générationnelle imposée mais ils se trompent. Je ne crois à rien d'autre qu'à la médecine, la science. J'aime à me croire agnostique et l'association de ces deux termes me fait sourire. Le décès de mon épouse n'a rien bousculé de mon ignorance, c'est même pire: je ne sais plus que Rien et cela me suffit. Il me reste Hugo. Mon fils unique. Desert rose - Spoiler:
Hathi mouda etwila, Cela fait longtemps Ouwana enhawesse ana aala aala ghzalti Que moi je cherche mon âme sœur Ouwana enhawesse ana aalaaaa ghzaliiii Que moi je cherche mon âme sœur
I dream of rain Je rêve de pluie I dream of gardens in the desert sand Je rêve de jardins dans les dunes de sable I wake in pain Je me suis réveillé dans la douleur I dream of love as time runs through my hand Je rêve d'amour comme si le temps courait sur ma main I dream of fire Je rêve de feu Those dreams are tied to a horse that will never tire Ces rêves sont liés à un cheval qui ne se lassera jamais And in the flames Et dans les flammes Her shadows play in the shape of a man's desire Ses ombres jouent à la façon du désir d'un homme This desert rose Cette rose du désert Each of her veils, a secret promise Chacune de ses voiles, une promesse secrète This desert flower Cette fleur du désert No sweet perfume ever tortured me more than this Aucun doux parfum ne m'a jamais autant torturé que celui-ci
Blason des apothicaires, perruquiers et chirurgiens d'Issoudun en 1698
Il eut l'impression d'un mouvement, non, plutôt d'un effleurement de l'air froid nocturne. Le type bougea t-il véritablement ? Un abîme... Ne pas savoir ce qui...Cette odeur de feuilles pourries qui se balançait par vagues successives au bout de ses narines... Ça sentait... le pus de la forêt en hiver. D'ordinaire, il appréciait les expirations de la nature mais là... c'était comme un relent d'os et de chairs amères, d'humus saturé, transformé...différent. Se trouvait-il ici ou bien...là ? Là-bas ? Avant ?! Après ?! Où cela ? La vie ? La mort ? Une épouse ? Un fils ?
Les croûtes gluantes du néant l'enfonçaient dans la terre. Poison et prison. Saleté. La crasse d'une tombe hurlante.
Obscur délire et réalité mêlés ne faisaient pas bon ménage.
"Je dois être mort " Les syllabes se faufilèrent dans ses synapses, enroulèrent les membranes dépecées de sa conscience. Le ressac de son tourment se heurtait aux veines alourdies. Décharné de son humanité malade, il survivait malgré lui.
Mais oui, c'était cela ! C'était lui la carcasse bientôt putréfiée et non son fils ! Quelle monstrueuse erreur !
Misère ! Quel soulagement ! Il en aurait presque ri.
-Je suis la vérité. Venez avec moi ? Il fait froid, la nuit est humide il va sans doute neiger bientôt...
Que faisaient-ils là ? Que faisait-il là ? Une silhouette, éphémère, gardienne du cimetière ? La Femme Blanche ? Pourquoi ?! Des spectres croqueurs d’hommes et de lumière ? Un rêve de merde ? Un cauchemar ?
-Réfléchis Nath, le vent est invisible et pourtant il est bien là, remets tu en cause son existence ? Pourquoi te limiter à l’organique ?
Une banale discussion avec son grand père. Il n’était à l’époque qu’un jeune étudiant à l’esprit assuré, bourré de connaissances et de convictions. La logique de la vie s’inscrivait dans la matière faite de sang, de chair et d'os, effroyable et sublime machinerie. La spiritualité ? La religion ? L’au-delà ? Il résumait le concept aux cadavres encore chauds qui quittaient parfois la salle d’opération. Et l’exercice proprement sanglant mais nécessaire qui consistait à dépecer avec soin les dépouilles pour en maîtriser l’anatomie suffisait à juger de la limite irrémédiable de la vie terrestre et RIEN d’autre.
Ne croire que ce que l’on voyait représentait déjà une infinité à explorer alors inutile de s’embrouiller le cerveau.
Il plissa légèrement les yeux. L'autre paraissait affable, un mec sympa de sa génération, -décidément- qui se baladait dans le cimetière. Comme lui.
Haussant les épaules, il répondit laconique :
-Ouais...
Le suivre? Mmh...TOUT sauf s'étouffer dans le glauque d'une solitude sordide.
Ils marchèrent côte à côte parfaitement silencieux jusqu'au château. Des branches craquèrent sous leur pas. Un hululement. Aucun soupir.
Un coup de brise lécha ses joues. La lourde porte s'ouvrit...
Les murs en décrépitude. Le sol brisé. Des fenêtres éventrées. Le sifflement des courants d'air par intermittence. Le froid. Des déchets de bois et de caillasses qui jonchaient le sol.
Des moisissures. Des herbes folles. Des chardons. Des orties. Des ronces. Beaucoup de ronces.
Puis cette pièce sur la droite qui aurait pu, aurait du, être le salon ? Un salon pour recevoir avec ses banquettes et ses tables bouillottes, ses tapis de laine, authentiques Persan faits main, uniques et précieux, le plafond peint par des maîtres artisans, les larges rideaux de velours installés pour l'hiver, les cheminées de part et d'autres, les boiseries fixées avec subtilité, les tableaux accrochés aux cadres somptueux, dorés à l'or fin... Un immense miroir aux contours de plâtre patinés de bronze...
Tout cela avait disparu au fil du temps n'est-il pas. Cependant, il vit, planté sur le coussin de velours en parfait état, un homme jeune et très mince, pianotant des doigts sur les accoudoirs dont les clous d'or brillaient étrangement dans la pénombre ambiante.
Au plafond désespérément écaillé, effondré par endroits, pendait un magnifique lustre de laiton dont les six chandelles électriques constituaient la seule source de lumière.
-Monsieur, bonsoir.
Sourcils froncés, il jeta un œil à l'hôte inconnu qui l'avait invité.
-Toi, tu es la vérité, et lui ? Le mensonge ? La paresse ?
Le "tu" qui tue... saupoudré d'un zeste d'ironie.
L'univers dépouillé de ses frontières... Qu'en avait-il à f...des convenances?! Désormais?
« Et moi, je fais quoi ici ? » Il n'en savait fichtre rien regrettant une fraction de seconde de ne point pouvoir se mirer dans un miroir: il aurait éclaté de rire.
Finalement, c'était assez agréable de se laisser mener -sans doute en enfer- avec cette merveilleuse, sublime, soudaine sensation :
Une apathie vorace s'était mise à ronger son chagrin qui diminuait...diminuait...diminuait... |