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LE TEMPS D'UN RP

[Another World] Be careful who you trust, the devil was once an angel. (avec Rein)

Clionestra
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Crédits : La grinch de mon coeur !

Univers fétiche : Fantastique
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CLIONESTRA RANG GAGNE
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Clionestra
Sam 27 Juil - 23:22

Stefan
Whistledown
Hartol

J'ai 25 ans et je vis à Londres, Grande-Bretagne. Dans la vie, je suis majordome et je m'en sors bien. Sinon, grâce à ma malchance mon père a essayé de me tuer à l'âge de 10 ans et je me suis caché dans la rue. Mes bienfaitrices essaient de me caser avec un ange

[Another World] Be careful who you trust, the devil was once an angel. (avec Rein) Lv68
→ Il est particulièrement doué en mathématique et retient absolument tout ce qu'on lui dit. Il a la mémoire absolu.
→ Il a une petite soeur qu'il n'a pas vue depuis des années.
[Another World] Be careful who you trust, the devil was once an angel. (avec Rein) Mgsd
Stefan étira ses lèvres, dévoilant des canines légèrement plus aiguisés que la norme… Il savait s’en servir pour faire naître des sensations nouvelles, et il espérait pouvoir le prouver à la jeune femme très prochainement. Son sourire était sincère, mais aussi un peu taquin et tentateur. Elle rougissait de voir ainsi son désir pour elle ? Le visage qu’il donnait à la jeune femme sur l’instant était loin de la poupée de cire qu’il gardait comme masque protecteur. C’était rare, pour dire inédit, qu’il ne baisse son bouclier ainsi pour du sexe. Quand il baisait avec les prostitués, il n’hésitait pas à le faire en gardant son expression neutre… ce qui forçait les jeunes proies à tout donner pour faire naître une moue d’extase en lui. Là, Eurydice n’avait rien eu besoin de faire. Elle avait juste  titillé son âme à force d’innocence bien étrange pour une femme marié et de cette piétée qu’il avait envie de détruire avec une force nouvelle. Ce qui faisait, il devait l’avouer, palpiter son sexe d’autant plus. L’idée de posséder une femme qui le voyait comme un pêché, de remplir son cœur et sa tête de doute vertueux alors qu’il la ferait jouir. Intéressant. Amusant. Unique. Excitant. Impossible de ne pas montrer une expression de désir et un sourire de vile tentateur. Dans Sodome et Gomore, Stefan aurait été celui qui dévergonde les âmes pour en faire les villes maudites par Dieu.

- Vous pouvez regarder, souffla-t-il avant de reculer à peine, vous pouvez même toucher. Je suis votre modèle après tout.

Si l’idée avait été saugrenue, pourquoi Diable les femmes qui le voyaient comme son fils et qui, en plus, s’aimaient mutuellement, aurait eu envie de l’immortaliser dans le plus simple appareil. L’idée que l’artiste caresse son corps pour en apprendre les contours était certainement déjà dans la tête de ses deux « mamans »… Vraiment, les deux femmes étaient tout aussi démoniaques que lui, pour donner une oie blanche et pure à celui qui pourrait la plumer pour la farcir d’idée perverse. Il l’observa alors qu’elle lui répondait avec la stupidité d’une fervente du Seigneur tout puissant qui ferait sa vie au-dessus de leur tête. La caresse de la jeune femme ne l’empêche pas de répondre froidement.

- Ma foi ne s’est pas tarie. Je n’ai jamais cru en lui.

Il se souvient de sa vie, avant ses dix ans… et même là, l’idée qu’une personne le gouverne le dérange. Peut-être était ce du à son « statut » d’héritier, mais il ne s’était jamais sentit inférieur. Même maintenant, en tant que majordome, il savait être supérieur à tous et à tout le monde… il n’avait pas besoin qu’on lui dise ou qu’on lui fasse remarquer que sa puissance était au-dessus du lot. Il était le diable incarné. L’homme qui pouvait manipuler les gens et les faire abdiquer. Il avait réussi à torturer plus d’une personne sans que Dieu ne vienne sauver des brebis qui le supplier de le secourir… Alors, Dieu… S’il existait, Stefan était intimement persuadé qu’il devait avoir peur de lui et ce qu’il pourrait lui faire s’il arrivait à le choper.

- Ce n’est pas à Dieu que vous devez le toit sur votre tête, ou le repas sur votre table. Ce sont vos actions.

Et la chance ou la malchance. Le hasard ou la manipulation. Le réseau de connaissance ou le fait d’avoir loupé une rencontre. Tout cela n’était pas dicté par Dieu… il était intimement convaincu que chaque action était prise par une personne et faisait son propre malheur, ou bonheur. La jeune femme remerciait Dieu qu’elle ne soit pas frapper ? Pourtant, ce n’était pas grâce à Dieu, puisque son mari allait voir ailleurs pour se soulager. Son mari n’était pas dans les bonnes grâces de Dieu à tromper sa femme et il restait en vie ? Si on prenait trois minutes pour réfléchir, il était clair qu’il n’y avait rien au-dessus d’eux pour les guider, qu’une bande de connard en blanc et noirs qui essayaient de faire passer leur parole pour celle d’un être supérieur.

- Dieu n’existe pas, reprit-il en plantant son regard sans le sien, et Satan pas plus. Vous êtes ici, avec moi. Une femme désirable et qui cache un volcan de volupté se retrouve avec un homme la désirant, prêt à supporter la lave qui coulera de ce corps ardent.

Il observe encore ce visage si unique, parfait, sans la moindre imperfection… mais Stefan savait que même avec une balafre la jeune femme resterait parfaitement désirable. Il l’écoute et un sourire, plus doux, plus tendre, naquit sur ses lippes. Pourquoi ?

- Il n’y a pas besoin d’amour pour se donner du plaisir avec le corps, Mademoiselle Hodges. Il n’y a jamais eu besoin d’amour pour l’acte le plus évident pour le corps.

Il se recula d’un grand pas, s’exposant plus clairement à son regard. Il laissa son érection, bien qu’il savait pouvoir la calmer, il n’en avait rien à faire lui, pour qu’elle puisse le regarder. Il allait la frustrer. Il allait être le banquet de Tantale… Mais cette fois-ci, l’être pourra se défaire de ses liens pour pouvoir se nourrir, si elle l’accepte. Il savait aussi que pour l’avoir, à longue terme, il fallait qu’elle accepte cette tentation. Il se rassit, assez loin, les jambes écartées sans aucune honte.

- Comment différenciez-vous ce que Dieu vous donne et ce que Satan vous propose ? Vous avez décidé selon vos critères et votre éthique que notre relation serait voué à la damnation, mais je ne vois aucune preuve. Comment se faire du bien pourrait être mal ? Venez ici, mon ange, venez me toucher, caressez ce corps qui palpite pour vous…

Il prit sa verge dans sa main et se caressa doucement en la regardant droit dans les yeux.

- Je vous promets que si votre âme se trouve souillé, je trouverais l’enfer pour vous en sortir. Et si cela ne vous convainc pas… Voyez-moi comme un modèle que vous pouvez palper, et caresser, une poupée de cire qui vous appartient de manipuler comme bon lui semble. L’adultère n’est-ce pas l’acte sacré ? Laissez-nous débuter des caresses qui ne s’apparentent pas à cet acte que vous trouvez répréhensible. Nous pouvons nous faire plaisir, de bien des manières. En commençant par vous laissez m’explorer comme je sais que vous le désirez… et je promets de ne pas bouger, de vous laissez à votre curiosité pour mon corps.

Il se penche, ses cheveux glissent le long de ses épaules, se retrouve sur son torse. Il attend de voir sa réponse. Elle pouvait partir en courant… mais il sait qu’elle reviendra… Et il sait qu’elle peut le toucher si elle le désire, ou le regarder faire. Elle a tous les droits. Il était prêt à être mangé par cette affamée.


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Rein
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Sam 21 Sep - 21:51

Eurydice Hodges
J'ai 28 ans et je vis à Londres, Angleterre. Dans la vie, je suis une lady esseulée au foyer et je m'en sors moyen. Sinon, grâce à ma malchance, je suis mariée à un lord que je n'aime pas et je m'y suis habituée.

- Fille unique, son père était un baron pingre et sa mère, une femme volage
- Elle a un don et une passion pour la peinture et le dessin
- Elle est passionnée d'astronomie
- Elle a toujours entretenu une relation très distante avec ses parents
- À 20 ans, on la mariait de force à un lord bien plus vieux, dans l'espoir d'éponger des dettes de jeu
- Son mari a exigé qu'elle arrête de peindre, alors elle le fait en secret
- Elle n'aime pas son mari, mais lui reste fidèle, comme la bible l'exige
- C'est une fervente croyante en Dieu

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Eurydice, pauvre brebis égarée, se savait être la proie du plus terrible des prédateurs. Elle avait diablement conscience que Stefan Hartol voulait se repaître de son corps, bien qu'elle ne comprenne vraiment pas pourquoi. Elle n'avait rien d'extraordinaire, rien de particulier qui attire le regard, qui fait se retourner un homme dans la rue pour le laisser pantelant ensuite. Au contraire, pensa-t-elle, la jeune femme devait certainement faire pâle figure en comparaison avec les conquêtes habituelles du majordome. Instinctivement, Eurydice essaya encore de reculer pour s'éloigner de Stefan. Sa chaleur l'irradiait et la troublait. Elle aurait aimé pouvoir se fondre dans sa toile pour lui échapper, mais elle se rappela qu'un autre Stefan l'y attendait, dissimulé derrière la peinture.

La jeune femme secoua la tête avec une lenteur qui trahissait le trouble grandissant qu'elle éprouvait. Elle était perdue face à ce sentiment de désir qui titillait son âme. Un désir impur, aux tendances adultères... Jamais, ô grand jamais, son mari n'avait réussi à échauffer ainsi son esprit, et cette pensée inavouable l'effraya au plus haut point. Que Dieu lui vienne en aide, parce qu'elle mourrait d'envie de le regarder. Son invitation à le toucher arracha un sursaut outré à Eurydice. Elle s'empourpra et détourna son regard, mais elle ne savait plus où l'arrêter sans que Stefan n'apparaisse dans son champ de vision. "Votre statut de modèle ne me confère aucun droit sur votre personne, messire. Vous êtes votre propre maître." souffla-t-elle en posant une main sur sa poitrine. Cette dernière se soulevait bien trop vite, et Eurydice pouvait sentir son cœur papillonnait à une vitesse folle. "Je ne peux pas vous toucher... Je suis mariée..." L'ange voulut ajouter qu'elle ne voulait pas le toucher, mais cela serait un horrible mensonge... Et Eurydice n'était pas femme à mentir. Elle ne mentait qu'à son mari, uniquement dans le but de flatter son ego, pour qu'il la laisse aussi tranquille que possible.

Je n'ai jamais cru en lui. Une lueur compatissante éclaira le regard d'Eurydice, qui posa des yeux d'une douceur infinie sur Stefan. "Je respecte vos convictions, messire. J'espère, qu'en retour, vous saurez respecter les miennes. N'ayez crainte, je ne suis pas le genre de femme à prêcher en faisant fi de l'opinion des autres." En vérité, Eurydice n'aimait pas cela. Tous ces adorateurs de Dieu qui prêchaient la bonne parole dans la rue et imposaient leur discours à ceux qui n'avaient rien demandé. Non. L'ange n'était pas de ceux qui suivaient le Tout-Puissant, car Il les terrifiait. Si Eurydice devait être parfaitement honnête, Stefan l'effrayait encore plus que Dieu lui-même. Il représentait tout ce qu'elle n'aurait jamais, mais qu'elle désirait d'une façon quasi primaire. Il remettait en doute ses principes et ses convictions. Il bafouait et piétinait le sens même du mariage. En tout cela, Stefan Hartol était un adversaire bien plus à craindre que Dieu, car il était capable de guider Eurydice sur une pente dangereusement descendante...

"Mes actions..." répéta-t-elle d'un air songeur.  De quelles actions parlait-il ? Elle n'avait rien fait de plus honorable, que le sans-abri d'en face, par exemple, pour mériter un toit et trois repas chauds par jour, elle. Et pourtant, Dieu le permettait. Le pauvre homme, lui, vivait une lutte de chaque instant pour sa survie... Mais plutôt que d'en vouloir au Tout-Puissant pour une telle différence de traitement, Eurydice ne pouvait s'empêcher de se sentir chanceuse et infiniment reconnaissante. Alors, l'ange lui offrait ses prières en guide de remerciements chaque jour. Puis, elle subissait les assauts de son mari, en silence, car elle estimait que c'était un prix ridicule à payer pour ne pas avoir à connaître le froid et la faim. Le regard de Stefan, dur et froid, ne suffit pas à faire faillir les convictions d'Eurydice. Néanmoins, l'ange ne put s'empêcher d'être frappée par la différence qu'il y avait entre les mots tentateurs de Stefan et la froideur de son regard. "Vous avez vos convictions, messire, et j'ai les miennes." répéta-t-elle avec une lueur déterminée dans les yeux. "Pour ma part, je pense que Dieu vous a mis sur mon chemin afin de tester l'étendue de ma foi envers lui. Je... Je ne peux pas vous céder. Je ne dois pas vous céder ou mon âme sera damnée." se justifia-t-elle tout en secouant lentement son visage angélique en signe de protestation.

"Cependant, vous avez raison sur un point." souffla-t-elle. "L'amour et le désir sont deux sentiments différents." Eurydice pensa à l'homme qu'était son mari. Ils ne s'aimaient pas, et pourtant, cela n'empêchait pas son mari, trop vieux pour elle, de la posséder avec ferveur, et cela, en dépit d'une file de maîtresses qui se bousculaient toutes derrière sa porte. "Il est déplorable que l'acte qui unisse deux corps ne nécessite nul sentiment amoureux. Cela doit être merveilleux..." murmura-t-elle. "J'aurais tant voulu être aimé..." confessa-t-elle dans un souffle. Elle pensa à ses parents, qu'elle avait toujours laissé indifférents. Naïvement, l'ange avait espéré que son mari l'aimerait. Le choc qu'elle avait ressenti en le surprenant au lit avec deux jeunes femmes — le lendemain de leurs noces — l'avait grandement fait déchanter.

Eurydice le savait, personne ne l'aimait. Alors, peut-être se rattachait-elle à Dieu uniquement parce qu'elle voulait croire en l'amour infini que le Tout-Puissant éprouvait supposément pour ses enfants, qui sait ? Stefan recula suffisamment pour s'exposer entièrement à la vue d'Eurydice, ce qui lui arracha un sursaut. Son regard, innocent, rencontra fatalement l'érection du jeune homme et ses yeux s'écarquillèrent avant qu'elle ne détourne les yeux par pudeur. "De grâce, rhabillez-vous..." balbutia-t-elle en jouant nerveusement avec un pan de sa chemise. Comment différenciez-vous ce que Dieu vous donne et ce que Satan vous propose ? Ses mains remontèrent sur ses oreilles, qu'elle essaya de couvrir pour ne plus avoir à l'entendre. "Les Saintes Écritures sont on-ne-peut-plus clairs à propos de l'adultère, messire. Vous n'êtes pas mon mari, nous ne devons pas-"

Venez ici, mon ange.

Un délicieux frisson parcourut l'échine d'Eurydice, qui se mordilla la lèvre, visiblement troublée. L'ange se figea, confuse, tiraillée entre son désir de se soumettre entièrement à la volonté de Stefan et son envie de prendre ses jambes à son cou. Son regard rencontra celui du majordome, occupé à se caresser lascivement. Elle savait qu'il prenait plaisir à la torturer et à la provoquer. Pourquoi ? Comment ne pas croire que Satan l'avait mis sur son chemin ? Stefan était le fruit défendu. Non, il était à la fois Eve, le serpent et la pomme. Il incarnait tout ce qui pouvait priver Eurydice du Paradis. La précipiterait-il en enfer pour lui arracher ses ailes ?

Voyez-moi comme un modèle que vous pouvez palper, et caresser, une poupée de cire qui vous appartient de manipuler comme bon lui semble.

L'ange s'avança jusqu'au sofa sur lequel trônait Stefan. Il ressemblait à un roi. Non, Eurydice pensa qu'il avait l'étoffe d'un dieu vivant, et Satan devait avoir parfaitement conscience du pouvoir d'attraction qu'il avait attribué à Stefan en lui donnant la vie. Eurydice fit un pas en avant, puis en autre, réduisant considérablement la distance qui la séparait de Stefan jusqu'à ce qu'elle se retrouve face à lui, quelques centimètres à peine séparant leurs deux corps. D'une main tremblante, ses doigts effleurèrent le torse du jeune homme en une simple caresse. La peau était ferme sous la pulpe de ses doigts, les muscles se contractaient délicieusement contre ses ongles... Ils descendirent avec une lenteur semblable à de la torture... Jusqu'à ce qu'Eurydice parvienne à attraper un drap de soie rouge qui traînait à côté de Stefan.

D'un geste vif, l'ange déroba à sa vue le désir tendu et le corps dénudé du jeune homme. Elle l'enveloppa dans l'étoffe avec douceur et caressa sa joue du bout des doigts. "Vous n'êtes pas qu'une vulgaire poupée de cire." Puis, Eurydice se pencha sur Stefan, lui dévoilant par mégarde sa poitrine jalousement dissimulée par sa chemise entrouverte. Ses lèvres rosées baisèrent chastement le front du jeune homme tandis qu'elle se pencha encore davantage pour murmurer au creux de son oreille. "Et vous valez mieux que ça, messire..." L'ange sourit avec douceur avant de finalement prendre la poudre d'escampette. Oui, elle prit ses jambes à son cou, fuyant avec ardeur cette situation épineuse avant que son désir ne l'emporte sur sa raison et, dans sa hâte, elle réalisa avoir oublié l'intégralité de ses affaires.

Eh bien, tant pis ! Elle ne pouvait pas y retourner. Eurydice était persuadée que Stefan était encore là, sur le canapé, et qu'il n'avait pas bougé d'un pouce. Si elle revenait, il l'accueillerait avec son sourire de tentateur... Non, c'était beaucoup trop dangereux. Si l'ange revoyait l'érection fièrement dressée du jeune homme, palpitant dans sa paume, Dieu seul savait ce qui se passerait.

Au diable, la peinture.

Eurydice préférait garder son âme intacte.

*

Les jours passèrent, et le quotidien reprit son cours, pour le plus grand bonheur d'Eurydice. Fort heureusement pour cette dernière, lorsqu'elle était rentrée de sa dangereuse escapade, son mari était encore absent. Aussi, il n'avait pas vu sa femme franchir le pas de la porte couverte de peinture et vêtue d'une simple chemise. Eurydice demanda pardon à Dieu pour son écart de conduite. Elle culpabilisait horriblement, et son désir pour le majordome l'horrifiait. Alors, elle l'implora de ne plus jamais mettre Stefan Hartol sur sa route. Auquel cas, elle lui demanda humblement de l'aider à résister, car elle se savait faible et incapable de lutter davantage contre lui.

Mais Dieu avait d'autres plans, parce que Hadès l'avait éveillée au désir, et elle trouvait injuste que ses plus loyaux enfants ne puissent pas goûter à pareille passion. Aussi, elle laissa carte blanche à Hadès et préféra descendre entre ses cuisses plutôt que de répondre aux prières de sa fille.

Le lendemain de son escapade chez Katherine et Bree, Eurydice Hastings, ingénue, sourit devant la fleur qu'un de ses majordomes lui apporta. Elle ressemblait étrangement à une fleur qui avait attiré l'œil d'Eurydice dans la serre des Smith, mais il n'y avait aucune carte, pas un indice sur l'identité de l'expéditeur... Alors, elle supposa qu'il s'agissait des deux femmes, en guise de remerciements. Du moins, le croyait-elle. Lorsque l'ange défit avec soin le papier qui enveloppait le bourgeon, elle étouffa un cri de surprise. La fleur avait été emballée dans les pages d'un livre aux illustrations particulièrement osées. Non, ce n'était pas le bon mot. Ces dessins étaient obscènes, mais ils indiquaient très clairement l'identité de ce nouvel admirateur secret particulièrement têtu.

Chaque jour, une nouvelle fleur était livrée, toujours plus chatoyante, toujours plus resplendissante... Et, surtout, toujours soigneusement enveloppé d'un papier aux dessins particulièrement obscènes. Pivoine, Eurydice les avait tous jetés au feu, mais non sans prendre le temps de les observer avec attention au préalable, car ces illustrations osées montraient mille et une manières pour deux êtres de s'abandonner entièrement l'un à l'autre. Poussée par son ignorance et sa curiosité, l'ange avait dû commencer à lutter contre sa propre imagination. Oh, les premiers jours, elle avait réussi, par miracle. Jusqu'au jour où, tandis qu'elle arpentait les rues londoniennes après avoir fait des achats au marché, elle crut l'apercevoir. Son panier manqua de lui échapper des mains tant sa surprise fut grande. Elle ne sut dire si elle l'avait rêvé, ou si Stefan Hartol avait réellement été debout au milieu de la foule, l'air impérieux, un sourire de diable aux lèvres... Mais, en rentrant, ce soir-là, elle avait été incapable de lutter davantage contre son imagination.

Stefan s'était immiscé dans son esprit, là où il pouvait jouer avec son corps à sa guise.

Pas un jour ne s'écoula sans une nouvelle fleur à sa porte. Pas un jour ne passa sans une nouvelle page d'illustrations obscènes entre ses mains fébriles. Un soir, lors d'un bal masqué, Eurydice jura apercevoir Stefan alors qu'elle valsait avec son mari. Elle rougit affreusement, et son souffle s'accéléra. Lord Hastings, toujours aussi lubrique, remarqua l'état de son épouse. Orgueilleux, il s'imagina que la fébrilité de sa femme lui était tout adressée. Eurydice, docile, n'objecta pas quand il l'emmena à l'écart de la foule. Si Stefan était réellement présent, l'ange pria Dieu pour qu'il ne voie pas son mari la posséder au détour d'un couloir désert. Que penserait-il de voir un homme aussi disgracieux prendre son plaisir sur elle ? Que dirait-il devant l'expression neutre de l'ange, qui n'arrivait même pas à soutenir le regard de son mari pendant qu'il la possédait tant il la dégoûtait ?

Oh, elle ne voulait pas le savoir.

Elle avait trop honte.

-

Trois semaines passèrent. Trois semaines où Eurydice avait parfois la sensation d'être observée. Elle se persuada d'avoir rêvé les apparitions de Stefan. Il lui arrivait de croire l'apercevoir au détour d'une rue ou parmi la foule... Mais c'était impossible. L'ange avait l'impression que Dieu et Satan étaient de connivences. Prenaient-ils tous deux plaisir à la torturer ? Était-elle punie pour ses fantasmes adultères ? Possible.

"Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit..." Eurydice exécuta un signe de croix parfait, en harmonie avec les paroles du prêtre, avant de baiser chastement son chapelet tout en murmurant. "Amen."

L'ange, rongée par la culpabilité, s'était rendue à l'église chaque jour depuis son escapade coupable chez les Smith. Elle avait prié avec ardeur, une tentative vaine pour apaiser son cœur. Alors qu'elle s'apprêtait à quitter l'église, un soupir las franchit ses lèvres.

"Lady Hastings, quelle heureuse coïncidence !" Eurydice tourna un visage confus vers la voix féminine qui l'interpellait. Son regard rencontra celui de Katherine, suivi de celui de Bree. Derrière le couple, Stefan l'observait avec un sourire amusé. Merde. L'ange esquissa un pas de recul en se mordant la lèvre. L'étiquette lui interdisait de snober les Smith. D'autant plus que Katherine et Bree étaient des femmes adorables. Elles n'étaient pas responsables de cette proximité étrange qu'Eurydice avait partagé avec Stefan - du moins, le croyait-elle. Aussi, elle s'inclina respectueusement, un sourire timide aux lèvres. "Lady Radcliffe, Lady Smith... M-Messire Hartol..." Sa voix se tarit en prononçant le nom de Stefan. Elle n'était plus qu'un murmure. "Nous n'avons pas eu l'occasion de vous remercier pour le sublime tableau que vous avez peint de notre Stefan." Eurydice écarquilla les yeux, confuse, car elle était persuadée que la toile avait dû être gâchée par les frottements incessants de sa chemise contre la peinture fraiche. "Je vous en prie. Ce n'était vraiment pas grand-chose, je vous assure..." balbutia-t-elle en baissant les yeux. "Avez-vous trouvé Stefan à votre goût ?" demanda Bree innocemment. Katherine étouffa un rire, car elle savait pertinemment que sa question n'avait rien d'innocent. L'ange releva vivement la tête, pivoine. Elle semblait sur le point de mourir d'embarras. "J-Je vous demande pardon ?" Le couple rit d'une même voix. "Nous nous demandions si notre Stefan avait été un modèle digne de votre intérêt." Eurydice s'autorisa un coup d'œil vers Stefan. Sa beauté arrogante lui coupa le souffle, et elle réalisa qu'elle n'avait rêvé aucune de ses apparitions ces dernières semaines. Elle esquissa un nouveau pas en arrière tandis qu'ils échangèrent tous deux un regard lourd de non-dits. L'air frais sembla se réchauffer et se charger en électricité. "J-Je suis navrée..." balbutia-t-elle en secouant la tête, l'air paniqué. "J-Je dois y aller. Si vous voulez bien m'excuser." L'ange esquissa une révérence avant de prendre la fuite. Elle virevolta entre les passants qui stagnaient sur le parvis de l'église, jouant des coudes pour se frayer un chemin parmi la foule.

Tout le monde avait quitté l'église, mais Eurydice, avide de tranquillité, préféra retourner se cacher à l'intérieur. Ses pas s'accélèrent jusqu'au confessionnal le plus isolé du lieu saint et elle s'y enfourna sans un regard en arrière. L'ange s'agenouilla, inconsciente que personne ne répondrait à sa demande d'absolution aujourd'hui. Au contraire, Dieu s'apprêtait à la jeter dans la fosse aux lions. "Pardonnez-moi, mon père, car j'ai péché..."
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