Le week-end en amoureux s'est révélé désastreux. Et , finalement , il illustre bien ce qui risque en permanence de nous arriver si je continue à la fréquenter. Un jour ou l'autre, elle tombera sur ceux du gang , sur des personnes mal intentionnées , sur nos ennemis et elle en paiera les frais.
Elle a connu suffisamment de violence pour que je lui épargne ça .

Puis , j'ai peur. Je suis terrifié à l'idée qu'elle meurt par ma faute , que je la perde comme j'ai perdu mon frère dans une stupide fusillade , un règlement de compte idiot.

Sauf que je suis aussi un lâche. Alors , au lieu de prendre mon courage à deux mains , de l'appeler, et de lui dire pourquoi il fallait qu'on arrête , quand bien même ça se passe bien, je l'ai juste...ignoré. J'ai ignoré ses appels , ses SMS , et je ne l'ai même pas bloqué , donc j'ai lu. Tout lu , tout écouter...et à chaque fois , je crevais d'envie de la rappeller pour m'excuser , mais je finissais toujours par pleurer de rage à la place.

Je ne la respecte pas en faisant tout cela , mais...c'est simplement plus facile de l'ignorer que d'assumer , surtout après plusieurs semaines où je ne saurai même plus comment me justifier. Je lui ai brisé le cœur, sans aucun doute , et le mien aussi par la même occasion.

J'essaie d'oublier. J'essaie d'oublier que les gars traînent souvent près de ce resto où nous sommes allés , là où l'on s'est confié beaucoup de choses , et j'essaie de l'ignorer quand on fait nos trafic par là-bas.
Jusqu'au jour où mes "amis" ne font pas spécialement attention à moi , que nos affaires sont terminées , et qu'en me retournant vers le bâtiment , je suis sûr de l'avoir reconnu. Je m'éloigne du groupe pour m'approcher du restaurant. C'est complètement con , parce que nos regards se croisent , mon cœur se serre , ma bouche se dessèche.

J'aurai dû rester là où j'étais. Parce que tout ce que ça a donné , ce sont ses larmes. Et , je ferais mieux de m'en aller , d'ignorer la petite voix qui me hurle qu'elle compte trop pour moi pour la laisser filer. Non , je devrais écouter la raison qui me rappelle que je ne causerait que sa perte.
Pourtant , je m'élance à sa suite , sans trop savoir pourquoi, ni ce que je vais lui dire. Et bien sûr, je peux la rattraper.

"Aura ! Attends !" , quand on se retrouve face à face , je ne sais toujours pas ce que je vais lui dire . Improvise. "Je suis désolé. Je t'assure , je ne  voulais pas te faire souffrir. Mais...je me suis dis que ce serait plus facile pour nous deux si...Je n'ai pas pu être honnête. Désolé." , elle n'était pas le problème . Le problème c'était moi , qui met toute sa petite famille en danger. Car , il est impossible pour moi de changer de vie.

J'essuie mes larmes, du mieux que je peux et le plus rapidement possible. Je ne voulais pas me sentir forte alors qu'il venait de me mettre à terre. Je ne voulais pas aller à l'encontre de mes emotions. Je le laisse parler comprenant qu'il ne faisait même pas un effort pour inventer une excuse, rien du tout. Je réduis la distance entre nous et le baffe. Est-ce que ça te remet les neurones en place ? Ca t'a donné une paire de couilles Aaron ? Ca va mieux ?

Je me recule, croisant les bras, reniflant parfois. Tu n'es pas désolé vu que tu ne sais pas être honnête. Enfin si, me dire que ça t'emmerdait d'être avec moi, tu es capable. Tu veux pas me faire souffrir mais tu penses que me ghoster, c'est dans quel but ? Tu vois ce que je dois faire pour te croiser ? J'ai eu peur pour toi, avec tout ce qu'on entend dans ses rues. J'ai .. prié pour que tu ne sois jamais dans les victimes qu'on peut citer. Alors que tu vas très bien, même pas un rhume. Et je ne te souhaite aucun malheur, jamais.

Les larmes se remettent à couler, parce que sa vérité me fait encore plus mal qu'un mensonge, mais quitte à l'avoir une derniere fois devant moi, autant vider mon sac. T'es juste pas un homme fiable. Alors que j'ai cru en toi et je t'ai aimé sans retenu. Et ce qui m'enerve le plus, c'est quand un de mes patrons va le comprendre, je pourrais même pas nier ses propos. A mes yeux, je te pensais différents mais au final, que ce soit une bonne droite ou d'être réduite comme une merde, la douleur est la même. Merci Aaron, c'est gentil de te rajouter sur la liste.

Je prends une grand inspiration, terminant mon discours, qui je pense, sera rapidement oublié. Je te souhaite sincèrement du bonheur, de trouver la personne avec qui tu auras envie de t'engager, et sans enfants vu que ça semble aussi hors de ta portée. J'aurais pu tout entendre mais pas ton silence. J'en ai fini avec toi. La deception dans le gosier, parce que .. merde .. belle idiote amoureuse. Je préfère partir que supporter davantage.

Ok , la baffe fait mal.
Pas parce qu'elle tape fort , hein. Ça brûle , mais c'est pas tellement le soucis. Le truc , c'est que c'est elle qui me frappe. Ça change beaucoup de choses. Ça me fait mal , tellement que j'ai l'impression que c'est un boulet de canon qu'elle m'a envoyé et non pas sa main.
Je serre les dents, parce que je refuse de pleurer devant elle.
Je refuse.
Je ne lui montrerai pas mes sentiments , parce que ce sera encore pire si je me laisse aller.

"Mes neurones sont parfaitement en place." , je lâche , sûrement un brin vexé aussi.

Bien sûr que je suis désolé. Bien sûr que je m'en veux d'avoir agi comme un imbécile, enfin. Je m'en veux de l'avoir fait souffrir , mais pas réellement d'avoir coupé les ponts. Parce que c'était ce qu'il y avait de mieux à faire , et que je le referai encore. Mais entendre Aura faire sa victime dans son monologue , m'énerve. Je n'aurai jamais pensé dire cela un jour , mais elle me sort de mes gonds.

"Tu sais ce que c'est ton vrai problème , Aura ? C'est que tu ramène toi à toi. À toi et à ta petite gueule. Tu te cache derrière ta carapace ou derrière le fait que t'as un enfant. J'ai pas coupé les ponts par peur de m'engager. Je l'ai fais pour te protéger , pour que tu ne finisse pas me haïr. Et au vu de ce que tu sais de moi , si tu avais réfléchis deux secondes tu aurais pu comprendre. Mais non , tout ce que tu sais faire , c'est faire ta victime." , le moi coléreux , violent , se montre enfin à elle et ce n'est pas du joli. Pourtant , je n'arrive même pas à le regretter. "J'en avais fini avec toi bien avant aujourd'hui ,Aura." , je lâche finalement , prenant conscience qu'il vaut mieux que je m'en aile avant de dire encore des choses blessantes , ou pire lui avouer la vérité. Je tourne les talons.


Il s'est passé 2 semaines depuis mon coup de sang avec Aura. Enfin , coup de sang. Je ne l'ai pas touché bien entendu , mais je sais que je n'aurai pas dû m'emporter , ni chercher à me justifier avec des demis vérités.
D'ailleurs , j'aurai d'autres choses à penser à l'heure actuelle.

20h30.
Gros coup pour le gang ce soir , et je ne cesse de vérifier si mon arme est bien chargée , mes pensées courant vers Aura.
On sait que ça va dégénérer , en pleine rue etc.
Si la plupart des gars sont calmes , je n'arrive pas à l'être. Mauvais pressentiment sûrement.

Les coups de feu résonnent au milieu de la rue , encore éclairée. Je me baisse , je tire...pendant plusieurs minutes. Jusqu'à ce je reconnaisse un visage dans cet enfer...

"Aura ?"

Mais qu'est ce qu'elle fait là, bon sang ! Elle va se faire tuer !
Et justement , sans vraiment trop m'en rendre compte , je tire dans la jambe d'un type qui se trouvait juste derrière elle.

J’en avais fini avec toi bien avant aujourd’hui. C’est tout ce que je retiendrais de sa violence verbale. J’ai serré mes poings aussi fort que je le pouvais. Je l’aimais sans retenues alors que .. oui .. Il venait de tout remettre en question. En fait, j’avais été quoi à ses yeux ? Et je ne veux même pas répondre à la question. La réponse me fait peur. Je n’ai rien ajouté. Le regarder partir. M’engouffrer dans la voiture. Et pleurer tout mon saoul. Juste ce soir. Et je me relèverais. Pour ma petite gueule et mon enfant.

Je l’ai annoncé le lendemain à mon entourage sans donner le moindre détail. Juste, j’en ai trop demandé, je suis égoïste fin de l’histoire. Chacun lui a redoré le blason mais je n’ai plus reparlé de lui. Bloquer souvenirs, pensées, tout.


Cours du soir se terminant tard mais j’avais besoin de me défouler. Je n’avais pas réalisé que le temps avait filé aussi vite. Je me le suis permise, Hope étant chez une copine. Et moi, j’allais juste m’enfiler une bouteille et des cupcakes. C’était la suite des événements avant d’aller me coucher. Mais le farceur Destin en avait joué autrement.

Un premier coup de feu retentit. Fuir. Soit dans ma voiture soit rentrer dans la salle. Ce n’est pas le moment d’être tétanisée. Le cœur galope. Je n’arrive plus à réfléchir. Je dois bouger. Mais aller par où ? Je m’apprête à enfin me mettre en mouvement quand la fatalité me frappe. Les coups ne cessent de pleuvoir. Mais il y a Lui. Non pas toi. La vision horrifiée de l'homme que je tentais tristement d'oublier avec une arme à la main. Mais ce n'est pas tout.. Le cerveau est dézingué.. L'amour visiblement en bouclé. Parce que la seule à laquelle je pense quand je vois une arme se dresser au loin, dans sa direction, c'est le pousser aussi violemment que je le peux. Va t-en !

J'ai senti l'épaule avoir un mouvement de recul. Cette sourde douleur se répercutait dans ton mon corps. Me tenir là où la balle était en entrée. Main poisseuse. Quel est ce cauchemar. Hope. Les larmes ont jaillit. C’est tout ce que je me souviens. Le reste est un mélange de douleurs dans le bras et le cœur puis un sommeil profond.

Je ne sais plus ce que je dois faire. Croiser le regard d'Aura ici est un crevé cœur . Je ne sais pas ce qu'elle pense de moi en cet instant , mais peut être qu'elle a enfin compris le pourquoi du comment , pourquoi j'ai tout envoyé en l'air. Je lui crie de dégager , mais elle n'écoute pas. Ça me rend fou.
Qui resterait au milieu d'une fusillade ?
Je ne veux pas qu'elle se rapproche de moi. Je veux qu'elle disparaisse de ma vue. La voir me rappelle tout ce que je ne peux pas avoir.

Puis vient le coup de feu fatidique. La colère , la peur , le hurlement qui me brûle la gorge. Aveuglé par la haine et les larmes , je tire dans le tas. J'ai deja perdu mon frère , pas question qu'il en soit de même pour Aura. Rapidement , je lui fixe un garrot , j'essaie de lui parler mais elle a perdu conscience. Tout le monde se disperse. Je l'embrasse sur le front , avant de m'enfuir , en voyant les sirènes.
Rester ici me conduirait à la prison , ou même pire. En général , les flics aiment rarement voir un noir , une arme à la main.

Je me débarrasse de mon arme , quelques kilomètres plus loin , près d'une vieille usine fermée , après l'avoir desinfecte et carbonisé. Je rentre chez moi , l'esprit ailleurs. Je prends une douche pour tenter vainement de retirer le sang sur mon corps , entre mes doigts.
Le visage défiguré par la douleur de la femme que mon cœur aime ne cesse d'apparaître dans mon esprit.

Je n'ose pas appeler les connaissances de Aura. À la place , je me rends dans plusieurs hôpitaux pour savoir dans lequel elle a été admise. Le troisième est finalement le bon. J'attend la fin des heures de visite pour être sûre que sa famille et ses amis ne soient pas là. Elle dort. On me dit qu'elle va bien , que le garrot lui a sûrement sauvé la vie. Ne sachant trop quoi faire , je déposé un baiser sur ses lèvres , lui prend doucement la main , m'excusant pour mon comportement de connard.

Je reviens le lendemain lui déposer des fleurs , renouvelant mes excuses , alors qu'elle semble toujours être plongé dans le coma.

Cinq jours se sont écoulés. Des heures de cauchemars. Des nuits, des jours. Aaron en boucle. Ma famille. Ma fille. Je perds tout. Encore. Encore. Et encore. Ces jours où je me sens impuissante. Ces nuits qui m'arrachent au réveil. Mais je le sens, je l'entends ; me battre. Vivre. Et j'y parviens. Difficilement, mais je m'en sors. Les avertissements sonores avertissent l'équipe médicale à l'aube. Matinée d'examens qui m'épuisent mais le chirurgien est confiant, ma cicatrice ne sera qu'un souvenir. Une psychologue passera me voir une fois par semaine pendant un mois. Je devais rester encore deux jours pour s'assurer que tout allait bien. Et je n'avais pas la force de m'y opposer. De toute manière, que pouvait-il bien m'arriver ?

J'en ai eu rapidement la réponse, quand ce dernier matin à l'hôpital, il était là. Le cœur loupe un battement. Je ne sais pas si je suis en colère ou soulagée. En colère de découvrir un face si sombre de lui, d'apprendre qu'il participe à l'insécurité dans notre ville. Et soulagée que j'ai pu lui épargner cette balle. Je ne sais pas du tout comment réagir. Heureuse. Peinée. Mais définitivement amoureuse. Pathétique que je suis. Que viens-tu me dire cette fois ? Ses mots de .. rupture parfaitement ancrés dans mon esprit. Ou viens-tu finir le travail de tes ennemis ? J'aimerais te demander pourquoi tu m'as jamais révélé ton lien avec la criminalité de notre ville .. Mais toi et moi savons parfaitement que j'aurais fuit. Alors pourquoi m'as-tu laisser entrer dans ta Vie, dans ton quotidien, dans ton lit ? Ca m'échappe Aaron. Le flot de paroles ne s'épuise pas.. Vouloir comprendre.. Trouver l'excuse de ne plus l'aimer et le haïr. Les orbes se relèvent sur sa personne, déjà prête à en pleurer.

Quand j'ai su qu'elle était réveillée , j'ai pensé que tout allait enfin s'arrêter là. Qu'elle irait bien, qu'elle m'oublierait , et qu'on pourrait tourner la page tous les deux , parce que c'est nécessaire qu'on le fasse.

La vérité , c'est que je suis incapable de passer à autre chose. Aura est dans chaque coin de mon esprit , alors que j'ignore totalement les appels et messages des membres de mon gang.
Comme si j'essayais d'effacer cette partie de ma vie , mais je sais bien que ce ne sera pas sans conséquences .

Honnêtement , en allant voir Aura , en entendant ses reproches , je ne savais pas quoi dire. Pourtant , il fallait bien dire quelque chose, maintenant que nos yeux se croisent.
Je laisse parler mon cœur.

"Je ne finis le travail de personne." , que je dis tout d'abord. "Le problème , c'est que je n'étais pas sûre que tu allais fuir , justement. La preuve , voilà ce qui a finit par t'arriver." , je désigné sa blessure d'un geste vague. "Je ne voulais pas risquer de te mettre en danger toi , ou même ta fille. Mais , je n'ai rien prémédité. Quand je t'ai rencontré , je ne pensais pas que je tomberait amoureux. Je ne pensais pas que mes sentiments seraient si forts si intenses , ni que je trouverais en toi l'amie en qui je pourrais me confier aussi bien sur la perte de mon frère , que concernant mes accès colères." , je prends une grande respiration. "Je me suis laisse piéger , emporté dans ce tourbillon d'émotion. L'amour a chassé la peur pour un temps , voilà pourquoi j'ai voulu construire quelque chose avec toi. Mais , la peur est revenue au galop , la peur de te perdre , alors...alors j'ai préféré te repousser. Parce que je ne serais jamais capable de te protéger , ni d'être l'homme que tu mérites. Je suis désolé , Aura. Je ne t'ai jamais menti sur mes sentiments. Je t'aimais, je t'aime , et je t'aimerais pour toujours , Aura. Crois-le ou non , mais je t'aime ."

Moi qui avait toujours peur de me retrouver dans des histoires de gang, de malfrats, qui faisait toujours attention a ne pas m'attirer de problèmes, qui priait pour que ça ne m'arrive jamais ni à Hope et voilà que je m'étais sacrifiée pour un homme qui m'avait jeté quelques jours auparavant ; j'ai vraiment pas d'amour-propre.

Je ne m'attendais pas à le voir. Etrangement, je n'étais pas effrayée, surtout très en colère.. Je ne saurais pas même l'expliquer. C'est encore brumeux. J'avais choisi l'attaque verbale, comme si ça me soulagerait d'avoir agi comme une imbécile et atténuerait ma douleur qui revenait gentiment. Et je pensais qu'il allait se mettre à hausser le ton mais ce fut tout l'inverse.

Je suis restée si bête face à ses mots. A deux doigts de lui demander de la refaire, parce que je n'étais vraiment pas prête. Les larmes coulent, à défaut d'avoir des mots adéquats. Je ne fais que secouer la tête, séchant en vain mes larmes. Non, il me fait une caméra cachée ? Que répondre franchement ? Alors le silence s'impose pendant quelques minutes avant de pouvoir prendre doucement la parole. - Je suppose que si j'ai pris une balle pour toi, c'est que les sentiments à ton égard sont présents. Et le terme est faible. Je peux aisément comprendre que tu ne m'aies rien dit, en soit, qui l'aurait fait ? Les propos semblent s'échapper dans mon esprits à mesure que je veux les formuler. C'est flou et compliqué d'émettre une pensée. - Je ne sais pas ce que tu attends de moi Aaron. Tu contribues à la délinquance de notre ville. Imagine, si .. si tu te serais baladé avec Hope .. Comment peux-tu aimer une personne alors que .. Y'a visiblement pas d'avenir ? Je suis condamnée à aimer un homme dont je ne sais pas s'il rentrera chaque soir ? C'est romantique que dans les séries cette situation. Je ferme les yeux sentant un mal de crane poindre. - J'ai besoin de temps, de réflexion, de savoir quoi faire .. L'amour ne fait pas tout dans ce monde.. Encore moins avec un gangster. C'est moi qui t'appellerait; dehors maintenant. Je voulais pas me montrer froide, plutôt le prendre dans mes bras et me jurer de partir loin.

Il m'aura fallu une dizaine de jours pour me remettre véritablement. Hope ne me lâchant plus les cinq premiers jours et refusant catégoriquement d'aller à l'école. La période de séparation qu'on avait connu durant ses premiers mois était revenue en force et je ne pouvais pas la blâmer. Alors on avait accepté la situation passant des journées ensemble. J'avais également négocié pour reprendre en télétravail pendant un mois. Un psychologue m'avait été assigné et c'était l'une des rares sorties que je faisais, parce que j'avais peur, je l'admets. Dehors etait devenu le Danger. Puis au bout de dix jours, Hope voulait aller dormir chez une copine et j'avais tout bonnement dit oui. Son absence comme un signe, j'avais appelé Aaron pour qu'il vienne. J'étais pas encore sûre de moi mais je devais le voir, en chair et en os. C'est assise sur le perron que je l'attends. - Bonsoir. Comment réagir à présent ?

Je pensais que Aura me rejetterait plus violemment qu'elle ne l'a fait. Je ne sais même pas si on peut dire que c'était un rejet même car...il y a l'ombre d'un espoir dans ces paroles. Bien sûr, ce n'est pas juste pour elle , et je n'ai jamais voulu lui imposer cette vie. Je ne le ferai pas , du reste. Jamais , je ne lui imposerai quoi que ce soit.
Alors...qu'elle me dit que c'est elle qui décidera de la suite , je trouve cela normal. Je suis parfaitement d'accord. Je ne peux pas nier les dangers qu'elle risque d'encourir , on l'a tous les deux bien vus. Je veux encore moins mettre en danger Hope. Je me suis aussi attaché à la gamine , après tout...

Néanmoins , je ne dis rien de plus. J'acquiesce tout doucement à sa dernière phrase , marche à reculons , et quitte la pièce. Ce n'est qu'une fois hors de l'hôpital que je me laisse aller franchement aux larmes.

Putain.
Je m'en veux. Je m'en veux tellement.
D'être celui que je suis. De la faire souffrir , alors qu'elle mérite le meilleur .

Et , malgré ma peine de cœur, le temps , la vie reprend son court. Je ne côtoie le gang que par nécessité, pour qu'ils me foutent la paix, et ne viennent pas chercher à savoir qui est la femme qui m'a sauvé. En règle générale , j'évite les actions risquées , et travaille même un peu plus. J'écoute pas mal de musique.
En fait , j'essaie de faire le point.
Je me rends compte qu'Aura me manque.
Énormément. Et , ça me fait peur. Ça me fait chialer, briser un verre même parfois.

Puis , il y a eu son appel. Bref , mais quand même. Je n'étais pas certain qu'elle veuille vraiment de ma présence. Et...Je voulais pas que cela se passe mal. J'avais pas envie de souffrir davantage . Mais , je ne pouvais pas refuser non plus.
Alors , quand je suis juste devant chez elle , j'ai le cœur qui bat la chamade , encore plus quand elle ouvre. Gêné, je ne sais pas trop quoi dire.

"Salut." , presque timidement , je lui tends les fleurs et le chocolat que j'ai acheté pour elle. Bon , j'imagine que la petite appréciera les sucreries aussi. "Je...Je me suis dit que ça te ferait plaisir. Enfin , j'espère." , je passe une main sur mon crâne, ne sachant pas trop si je peux entrer , ou si elle voulait juste parler un peu. Encore une fois , je ne m'impose pas , je lui laisse le choix.

Je souris malgré moi quand il m'offre les fleurs et les chocolats. Le coeur s'affolant de le revoir. Les sentiments n'ont clairement pas disparus. - Oh, je vois que tu as retenu, mes favoris. C'est très attentionné de ta part. Ca me fait plaisir Aaron. Finalement, tu écoutes quand je ne fais que blablater dans tes oreilles. Tenter d'alléger l'atmosphère, parce qu'on pourrait couper n'importe quoi, tant nous sommes tendus. D'ordinaire, je l'aurais laissé entrer. On aurait probablement tester le canapé et d'autres pièces. Mais tout est à refaire je crois. Je souffle doucement, ne sachant pas vraiment quoi dire mais je ne bouge pas de ma place. Il va falloir tout recommencer et y aller par étapes. - J'aimerais parler de ce qui a été maintenu caché tout ce temps. Tu n'es pas obligé. Je suppose que tu as tes raisons. J'aimerais comprendre pourquoi tu fais ça ? A quel point, tu es en danger ? Et nous dans tout ça ? Je suis quoi dans ta Vie Aaron ? J'aimerais te dire à quel point, je te hais mais .. Il y a cet autre que j'ai aimé qui ne fait que supplanté l'homme dangereux ou que sais-je .. Aide-moi à choisir entre recommencer à deux pour avoir l'homme bon que j'ai connu ou fuir le dangereux .. Oui, j'en suis rendue là, à ne plus savoir quoi faire. Mon instinct de survie s'est fait la malle là.