Rester dans le confort du lit me paraît bien plus intéressant , et agréable surtout en compagnie d'Aura , que la journée sportive qu'elle a prévu. Alors , je tente de la retenir un peu au lit , histoire de retarder le dur moment où je devrais quitter la chaleur des draps , pour aller me dépenser.
Horreur , rien que d'y penser.
Mais qu'est ce que je peux ajouter contre l'argument du soleil ?
Sans oublier les pâtes...

"Faut pas éliminer les pâtes. C'est pour le rebond et le gras du ventre." , je réplique taquin , avant d'enfin me décider à me redresser dans le lit. Mes yeux brillent presque à la vue du petit déjeuner. "Ce sont davantage tes petites attentions que le soleil , qui vont me motiver à sortir. Merci encore." , je dis avant de commencer à dévorer mon plat matinal.
Elle joue clairement avec moi ! Je fronce les sourcils à ses deux propositions. Aucune ne me semblent attrayantes , et je suis sûr qu'elle le sait parfaitement.

"C'est un coup bas là..." , je fais remarquer en faisant mine de réfléchir. Comment savoir qu'elle activité sera la plus facile ? Si tant est qu'elle ne me laisse pas vraiment choisir , vu qu'il semblerait qu'elle ai décidé de laisser le hasard choisir pour nous. "Si c'est de la marche , les 10 km à pieds semblent faisable...Mais je dirais que le plus agréable reste le vélo. Même si je crois que tu ne rend pas compte de ce que c'est 20 km..." , est-ce que j'ai seulement fait plus de 3km de marche un jour ?

"Moi , je dis que tu construis le deal à ton avantage...allez le vélo. Même si je sens que tu vas m'arnaquer. Tu as de la chance que je t'aime." , petit clin d'oeil et nouveau baiser , avant que je ne sorte enfin du lit et enfile un des t-shirt que j'avais amené. "Sa majesté a décidé ? Fais attention , sinon je vais venir te voler ces papiers. Ou alors je rampe le long du chemin...mieux encore je t'écrase pour que tu ne bouge pas." , je continue en prenant le temps de finir ce qu'elle m'avait préparé. "Sinon , on devrait se regarder un film ce soir. Si on évite une comédie romantique trop niaise...Et pour le repas...des frites. Parce que tu sais que je suis un grand enfant." , en apparence. Quand on ignore mes activités. Je ne sais pas pourquoi cette pensée me saute à l'esprit , juste à ce moment-là.

Il ose me parler gras du ventre quand lui même a un corps d’Apollon. Je roule des yeux. La charité qui se moque. Je souris, les joues rougies concernant les petites attentions. J’avais envie de lui répondre que ce n’était que le début mais je ne voulais pas le faire fuir. J’éclate de rire à sa réflexion. Aucun coup bas, juste de la malice. Et il se décide enfin.

« Mais c’est toi qui passe tes journées à vélo. Ca va être facile pour toi. » Quant a moi, je vais mourir. « Je t’aime aussi. Va pour les frites et le film. Avec beaucoup de romaaaaaance. » Je le taquine et quitte le lit à mon tour, je disparais dans la salle de bain, le temps de me rincer de cette chaude nuit et de ressortir en tenue de sport. Legging et débardeur.

« Allez mon râleur, en route ! » On redescend avec le plateau. J’emporte mon sac à dos et deux bouteilles d’eau ainsi que de quoi manger. Au cas où, on finit par rester coincé dehors et perdus. Oui j’imagine le pire. Protèges contre le soleil, casquettes bien enfoncées et crème solaire, c’est main dans la main qu’on file louer nos vélos.

Pour le soulager un peu, j’accepte les électriques. « Que dans les montées Aaron ! Sinon sanction. » On règle nos selles, casques. Coup de pédale, et c'est parti. Comme on est débutant - surtout moi - on suit le sentier jaune indiqué par le guide à l'accueil.

C’est l’euphorie au début. Du plat. Des paysages a tomber. cheveux au vent, je gère comme une reine. Je croyais. Au bout du neuvième kilomètre, j’en pouvais plus. Alors c’est au bord d’un lac que je m’arrête et m’allonge dans l’herbe. « D’accord t’as gagné. On aurait du rester dans le lit ou jouer aux cartes. Je vais mourir. »

Je n'ai pas utilisé l'electrique pour vraiment me mettre au sport et ne pas passer pour une feignasse ni recevoir un gage ou autre. Mais j'étais essoufflée alors que je cours tous les jours en plus de mes cours de Krav. Faut croire que ce n'était pas suffisant. « Je sens que je vais avoir des courbatures. Pourquoi tu m'as laissé faire cette folie. » Je le regarde et ris. Faut bien un fautif, non ?

Je me redresse, pour attraper mon sac et sortir ma bouteille d'eau. J'avais juste envie, c'était de plonger dans le lac, faire la planche et trouver un moyen rapidement pour rentrer, sans le moindre effort. Mais baignade interdite. Et je doute que mon cher et tendre accepte de pédaler pour deux. « Et toi, ça va ? » Je le regarde en coin, j'en menais pas large mais je crois que lui non plus mais il ne voulait pas l'avouer.

J'essaie de tourner le deal de la journée à mon avantage. Même si je me déplace pas mal pour me boulot , quand même souvent en voiture , je ne suis pas un grand sportif. Ou alors , quand je force , il me faut deux jours pour m'en remettre. Donc , je choisis le vélo , une activité qui me paraît plus réalisable , et oui , plus compliqué pour Aura. Je fais mine de m'évanouir à la mention d'un film romantique , avant de courir à sa suite quand elle me traite de râleur.

"J'ai mes raisons de râler !"

Je l'aide à rapidement préparer nos affaires , et soupire de soulagement quand je la vois choisir des vélos électriques. Ça permetra de soulager les jambes, même un tout petit peu. Et , c'est non négligeable.
Que dans les montées ?

"Ah ouais ? Quelles sanctions ? Je ne crois pas qu'elles me feront très peur." , je la taquine , ne croyant pas qu'elle serait capable de vraiment me punir. Quoique...

Finalement , c'est plutôt agréable. Même si je crois que l'on aurait mieux fait de ne pas démarrer aussi vite , peut être commencer doucement pour s'économiser. En tout cas , je profite du moment , des paysages. Étant un enfant des villes , je n'ai eu que très peu l'occasion de venir me promener dans ce genre d'endroit. C'est calme , c'est reposant...c'est vraiment parfait. Je me laisse griser aussi , oubliant tout de mon passé , de ce qu'est réellement ma vie , oubliant même que je n'ai pas la forme d'un coureur cycliste pour faire de temps en temps la course avec Aura.
Je m'arrête en même temps qu'elle , le souffle court , m'allongeant à ses côtés :

"Tu vois ma chérie...tu viens d'apprendre une grande leçon. Celle que Aaron a toujours raison." , oui je parle de moi à la troisième personne.

Pas sportif et pas tout jeune...Je ne suis pas vraiment en position de me la ramener. Cela dit , j'ai utilisé la fonction électrique du vélo une ou deux fois...ben oui , fallait bien que je me gère un minimum. Seulement dans les portions vraiment durs...enfin , ça dépend du point de vue.

"Ah , parce que maintenant c'est ma faute ? Nan mais t'exagère toi !" , je ris doucement en attrapant une autre bouteille d'eau. "J'avoue que je n'en mène pas large non plus. Je crois que le pire ce sera demain avec les jambes lourdes. Mais , le coin est super , alors ça vaut le coup , non ?" , je lui adresse un sourire suivi d'un baiser sur la joue.
"Mais , vu que tu n'as plus aucune énergie , on peut rester un petit moment ici , le temps de récupérer. Manger un bout pour reprendre des forces...ou faire une petite sieste. C'est pas mal aussi !" , je propose , guère enclin à remonter sur un vélo dans la minute. "T'es la cheffe donc tu décide. Et choisis bien cette fois !"

Apparemment la baignade est interdite ici. C'est dommage , ça nous aurait fait du bien de plonger et de nous rafraîchir. Sauf qu'on va éviter de mourir noyé , ce serait mieux...

"C'est là qu'il fallait un jeu de cartes pour s'occuper..."

Je n'avais clairement aucun cardio alors que je m'embêtais régulièrement à aller courir sans cesser ma pratique du Krav Maga, je vais devoir m'y remettre plus sérieusement. Ca ne va plus du tout !

Monsieur fanfaronne et je lui tire la langue. Je suis certaine que tu as triché. Mauvaise foi mais je ne voulais pas admettre que j'en avais bavé même sur du plat. Je souris quand il m'embrasse la joue et je me redresse pour boire une nouvelle gorgée. Oui, les lieux sont sublimes. Et avec lui, qu'importe l'endroit, tout était parfait. On se fera un bon bain ou jacuzzi pour tes jambes lourdes de vieux. Grand sourire alors que je le taquine.

Il me suggère diverses options, tout aussi plaisantes et je fais mine de réfléchir. Comment tu me mets la pression. Demain, je ne décide de rien. C'est toi qui gère ! En attendant, je me lève pour prendre de quoi se restaurer. J'étale le tout devant nous. Allez sers-toi, tu l'as bien mérité. Puis ensuite, une immense sieste. Et on se perd dans les bois. J'en ris, j'en ris mais c'était surtout ma hantise.

Panses remplies, on s'allonge à même l'herbe. Ma tête posée contre son épaule. Le bruit des oiseaux en guise de berceuse. Je me sens véritablement chanceuse, et en sécurité. Rien ne pouvait nous arriver. Et c'est avec cette pensée que je somnole.

J'aime me vanter , lui rappeler que j'avais raison de dire que ce serait être maso que de faire du sport , en vacances. Parce que , oui , je crois qu'on n'avons définitivement pas la même vision du mot vacances , du fait de se reposer. Elle sait que je suis plus du genre à rester affaler sur le canapé qu'à sortir , et encore plus en ce moment même, ou mes jambes brûlent de l'effort.

Du vélo. Ça, c'était une bonne idée de merde.
Mais , je suis moins fatigué qu'elle...donc je l'ai battu.
Si si , c'est vrai.
Pas d'objection .

"Moi , triché ? Naaaaan....bien sûr que non !" , sourire au coin des lèvres. "Je vais attendre ce jaccuzi toute la sainte journée...Eh parle pour toi, tes jambes sont toutes aussi vielles que les miennes ! Tu vas regretter de me laisser décider pour demain."

C'est vrai que la fatigue commence à se faire sentir. Je grignote plus que je ne mange. À vrai dire , la faim ne se fait plus vraiment sentir. Je remarque qu'Aura somnole assez vite , et il en est de même pour moi. Je me retrouve , sans m'en rendre vraiment compte , à fermer les yeux quelques secondes...puis quelques minutes...

Je me réveille en sursaut , brusquement , comme pris d'une mauvaise intuition. Il fait beaucoup plus sombre que toute à l'heure. Aura est encore endormie , visiblement , mais je remarque vite ce qui m'a réveillé. Deux silhouettes déjà au loin..,avec nos vélos. Heureusement qu'on dormait avec nos sac comme coussins , sinon toutes nos affaires seraient parties avec.

"Aura réveille toi , on a un problème." , je la secoue , doucement hein , pour qu'elle se réveille. "Des types ont pris les vélos pendant qu'on dormait. Il faut qu'on se mette en route tout de suite , si on veut espérer rentrer avant la nuit."

Honnêtement , ça paraît déjà utopiste. Pourtant , je n'ai absolument aucune envie de le retrouver seuls , en forêt en pleine nuit , surtout que j'ai pas mon arme...Je rassemble rapidement nos affaires , priant pour que Aura ne panique pas.

Je commence à me demander si ce weekend est une bonne idée vu toutes les épreuves que nous enchainons. Entre le fou furieux, ce vol de vélo et maintenant, on allait devoir marcher. Oui, je me questionne ! Soit on a un karma de merde soit quelqu'un nous déteste. Et quand Aaron m'annonce le pire, j'ai envie de pleurer. Tu veux réellement marcher ? On n'appelle pas les secours ? On était une petite heure de vélo mais à pieds .. Parmi la foret avec ses monstres impitoyables, tu veux qu'on marche ? Et pire, on se fait culbuter par une voiture .. Même si on en a vu aucune. On peut mourir à tout instant mais il veut quand même prendre le risque. Je prends de grandes très grandes inspirations. Tu me lâches pas la main alors ? Il était à des années -lumières de réaliser mon angoisse, moi la nuit dehors ... C'est trop pour moi. Mais il avait raison, on devait marcher quand même.

Je me redresse, l'embrasse fougueusement. Tu sais que je t'aime hein mais là, je vais le haïr ce weekend. La prochaine, c'est maison, lit, serie. On range les affaires et on se met en chemin. Il est balisé pour les vélos donc ça devrait bien se passer. Juste le pont à passer d'ici une vingtaine de minutes. Et je m'y prépare mentalement. S'il te plait .. Parle-moi de ton enfance, tes ex, tes rêves n'importe quoi mais parle moi. Sinon, je vais hurler de panique, d'être aussi vulnérables.

L'écouter pour faire passer le temps, autant que pouvoir en découvrir davantage sur lui. Porter toute mon attention sur sa magnifique personne que sur le merdier dans lequel nous étions. On allait s'en sortir, c'est ce que je me disais. Mais dans quel état ? La véritable question.

Notre week-end aurait pu mal tourner...non il a mal tourné pour la deuxième fois. C'est assez fou. À croire qu'on ne mérite pas un instant de répit , de calme. Que tout est censé déraillé quand nous sommes ensemble . Ça me laisse un goût amer dans la bouche , comme si touts ces mauvais pressentiments que j'ai toujours eu concernant notre relation venait à se réaliser , assez ironiquement, loin de la ville.
Sentant Aura tendue , je lui presse tendrement la main , chassant mes idées noires.

"Mon portable capte aucun réseau. Je ne peux pas appeler de secours. Le tien peut être ?" , mais je n'y crois pas vraiment. Putain qu'elle poisse...et ma chérie qui annonce des possibilités pour le moins...invraisemblables. "Des monstres ? Quels monstres ? On a pas croisé beaucoup d'animaux en venant. Et le sentier est interdit aux voitures. On ne risque rien. Puis...crois moi , le premier qui nous approche , je m'occupe de lui." , je lui assure avec un petit rire forcé. Je serre plus fort sa main. "Je ne te lacherais pas. Promis."

Je ne suis pas si angoissé que ça. Certes , marcher la nuit en pleine forêt , ce n'est pas tellement mon délire premier , mais j'ai connu pire. Je m'inquiète davantage de la tête du type qui gère la boutique de vélos. On va devoir payer une caution , ou je ne sais quoi , et ça risque de faire mal. Je me doute que la femme que j'aime , est bien plus tendue que moi , même si je ne peux pas le comprendre.
Je lui rend son baiser , avec toute la passion que je lui voue , déçu qu'il s'achève si rapidement.

"Je t'aime encore plus." , je souffle tendrement. "Rester sur le canapé , c'est le bonheur. Le sport c'est pas une bonne idée , je te l'ai dis !" , je plaisante , déposant un baiser sur sa joue.

Le début du chemin se passe bien , sans trop d'encombre. On est pas cense rencontrer de voitures , et la plupart des cyclistes sont sans doute déjà rentrer. Je ris doucement à la demande d'Aura , posant mon regard sur sa silhouette , un regard amoureux. Quoiqu'il puisse arriver dans les prochaines minutes , espérons rien, je ne laisserai rien lui arriver.

"T'a vraiment envie que je te parle de mes ex ? J'en ai pas eu tellement , tu sais. Aucune qui n'a été une relation sérieuse , en tout cas. Faut croire que j'ai jamais été doué pour ça." , détendre l'atmosphère, avant de commencer à raconter des choses un brin plus sérieuses pour qu'elle se détende : "J'ai toujours rêvé de faire du surf. Tu vois , d'être le prototype du mec beau gosse , musclé avec sa planche à voile...Je t'accorde que j'ai pas ce physique. Mais , ce sont toujours les surfeurs que les femmes regardent dans les films...Quoi ? C'est vrai ! Enfin , j'étais ado quand je pensais à ça. Mes parents avaient pas les moyens de nous enmener à la mer et...et après j'ai jamais pris le temps. La mer c'est une chose , faudrait encore que j'apprenne à garder mes pieds sur une planches. Pas certain que je sois doué pour ça...Sinon...hum." , petit bruit sur notre droite qui m'alerte , mais je ne le relève pas , sait-on jamais qu'Aura ne l'ai pas entendu , pour ne pas l'effrayer davantage. "Ah oui. Tu devrais l'aimer cette anecdote là. La première fille que j'ai embrassé , on devait avoir 15 ans , m'a repoussé a cause de mon haleine. Jambon , chedar, ce genre de choses , au repas de midi sans se brosser les dents...La plus grande honte de ma vie." , heureusement que j'ai grandi depuis.

Je tente d'appeler avec mon téléphone. Mais aucune tonalité. Heureusement, il est chargé au max. Peut-être pas utile. Mais à tout moment, on va pouvoir capter des ondes hertzienne. J'ai presque envie de lui proposer de grimper jusqu'à la cime d'un arbre. Et finir mort par coup du lapin. L'apogée de notre sortir. Vraiment tentant. Aussi sportif et de bons gestes de défense, je ne sais pas s'il fera le poids. Mais je veux quand même y croire. Tu seras mon héros pour la Vie. Encore plus quand on sera rentré. Promis, je t'écoute la prochaine fois. Je serre plus fort sa main. On va dire que ce moment est romantique.  

On continue d'apprendre à se connaitre. Ce n'est pas si mal en soit. Si on oublie qu'on nous a volé les vélos, qu'on va devoir payer la caution si ce n'est plus. Qu'on s'était déjà bien fait remarquer. Qu'il va faire nuit. Qu'on ne sait pas ce qui se cache dans cette foret. Qu'on a je ne sais pas combien d'heures de marche. Mais tout va bien, je suis avec l'homme que j'aime, main dans la main. Oui. Tout. Va. Bien. Punaise, sortez moi de là, je vais pleurer. Je me concentre sur ses mots que sur mes angoisses.

Je hoche vivement la tête à sa question. Je ne veux pas en faire un sujet tabou. Bon, je sais que de mon côté, ce n'est pas la joie, plutôt sanglant. Mais j'avais envie de tout savoir, le beau, le doux, le moche, le triste. Tout tout. Etais-je une relation sérieuse ? La question aux bords des lèvres mais je me contente de les mordre pour ne pas l'interrompre. Je roule des yeux. Avec moi, tu l'es en tout cas, doué. Je fronce le regard tout en riant doucement. Alors, tu es parfait babe et les vagues n'auront qu'à bien se tenir. Ensuite, on regarde les muscles, qu'importe le sport. Mais la personnalité est aussi très importante. Et la tienne rayonne chaque jour, que je te côtoie. Alors si tu veux faire du sport, fais le pour toi mais va pas te tordre une cheville, je vais t'engueuler.

J'éclate de rire à son anecdote. Je comprends mieux pourquoi tu as toujours un sourire étincelant. Je note de bannir le cheddar et l'ail, au cas où. Bête qui sort d'un buisson et je hurle à faire vibrer mes cordes vocales. Tue la Aaron, elle va me manger. Je me cache derrière lui, apeurée. Le mot est faible. Brave que je suis, et tremblante. J'en perds ma respiration, me serrant contre lui, si je pouvais faire qu'un avec, je l'aurais fait. Je vais mourir, je vais mourir. On va tous mourir. Immobilisée, je ne vois que le pire dans cet endroit, le souffle se faisant plus rapide.

Même si je n'ai pas connu beaucoup de femmes intimement dans ma vie , Aura me semble différente. Pas seulement à cause de sa sa sensibilité ou de son humour , mais aussi pour cette envie de parler de nos anciennes conquêtes. Je n'en vois pas vraiment l'intérêt.
Un tabou ? Ce n'est pas parce que je n'étale pas le profil des gens avec qui je suis sortis que j'en ai honte. C'est simplement que je ne veux pas créer de jalousie inutile , de débats sans fins.

Sérieusement qui aime parler de ses ex ?

Mais , étant donné qu'il s'agit de Aura , et que je suis faible face à elle , j'accepte de livrer quelques détails , plutôt amusants sur moi. Ça permet aussi de ne pas trop penser à notre situation franchement merdique et angoissante.

"Tu me fais trop de compliments , je vais finir par rougir....t'en fais pas , je vais rien me tordre du tout. Le sport du lit , c'est très bien !" , petit sourire charmeur, faut bien commencer à la taquiner maintenant qu'on a dépassé ce stade dans notre relation..."Effectivement. Cet épisode m'a traumatisé. Je n'ai pas l'habitude d'avoir honte , tu sais..."

J'étais encore en train de la taquiner lorsqu'elle s'est mise à hurler. Les premières secondes , j'ai eu peur qu'elle ne se soit blessée , avant de remarquer la forme sombre qui sort des buissons.
Je dois avouer avoir un mouvement de recul également , par réflexe , serrant mes bras autour d'Aura pour être sûr de la garder près de moi. Cela dit , vu comment elle se colle à moi , je n'ai pas besoin de faire grand chose.

"Je vais avoir du mal à la tuer juste avec mes mains , tu sais..." , je tente une nouvelle plaisanterie. Je n'ai pas mon arme , mais je ne suis pas certain que j'aurai osé l'utiliser devant Aura. Trop peur de sa réaction ? "C'est un sanglier. En principe , il ne devrait pas nous charger , mais il peut s'effrayer si sa famille n'est pas loin. Ce qui peut expliquer pourquoi il est sorti précipitamment du buisson." , je lui explique doucement pour la rassurer avec ma voix , mais aussi pour le remémorer ce que j'ai une fois lu au sujet de ses bestioles. Ce n'est pas une bonne idée de courir, surtout si il nous prend en grippe. Car oui , les sangliers ça peut courir vite...Mais , cela peut surtout vous blesser gravement. On va espérer aussi qu'il n'y ai pas de chasseurs dans le coin...

"On va reculer tout doucement , d'accord ?" , je souffle à la jeune femme , la forçant à prendre une de mes mains dans la sienne. Avec elle , je recule donc doucement , gardant la bestiole dans mon champs de vision. Au moindre signe du sanglier , je nous arrête. Ce jeu dure plusieurs minutes jusqu'à ce qu'on le perde de vue. Je demande ensuite gentiment à Aura d'accélérer le pas pour à l'on s'éloigne de cette zone , et qu'on regagne notre logement le plus rapidement possible.

Je garde ma main dans celle d'Aura jusqu'à ce que nous arrivions enfin , apres un périple bien trop long à mon goût. Je me fais la réflexion que le sanglier m'a empêché de questionner Aura sur ses ex...

Cela fait deux semaines que nous sommes rentrés. J'ai bien cru y laisser ma peau. Deux semaines où j'ai menti en disant que c'était un merveilleux weekend. Alors que non, ce fut un putain de cauchemar. Et que je voulais plus y retourner. J'ai juste raconté que nous avions été intime, parce que les filles me lâchaient pas avec ça. C'est ce que je voulais bien retenir de toute manière. Mais le reste, je l'ai passé sous silence, même dans ma tête.

Etrangement, c'était la partie la plus acceptable de tout ce merdier.. Parce qu'en plus d'avoir offert une autre réalité, je me retrouvais avec un petit ami qui ne m'avait plus parlé depuis que nous étions rentrés. Appels dans le vide, ou refusés, des messages lu ou non. Les premiers jours, je m'étais ça sur le compte d'un possible débordement à son travail. Ensuite, je me suis dit qu'il se foutait de ma gueule. Je me sentais rejetée.

Il m'a fallut des jours pour en parler aux copines. Bon d'accord, je m'étais fait surprendre entrain de pleurer comme une madeleine merde. Ca allait des insultes à l'injonction de s'expliquer. Sauf que je ne sais pas où il vit, où il travaille. Je sais pas grand chose. Juste un endroit où je savais que je pourrais le croiser. Mais ça me fendait le cœur de devoir me rabaisser à devoir l'attendre bêtement. Et pourtant, c'est bien ce que j'ai fait.

Je terminais plus tôt pour aller me poser dans ce petit restaurant. Les souvenirs dans la tête. Et j'attendais chaque soir, jusqu'à devoir aller chercher Hope aux cours de musique. Ca me brisait le cœur de le faire. Et pourtant un soir, où j'étais entrain de me convaincre d'abandonner. Que j'avais été bête de croire en nous, que je n'étais pas assez bien pour lui. J'ai reconnu sa voix. J'ai levé la tête et nos regards se sont croisés. Les larmes ont coulé aussitôt. Je me suis levée, j'ai séchée les perles. Tu vas bien, je suis rassurée. Bonne soirée.

Tête restée bien haute alors que j'avais juste envie de lui hurler dessus. Mais je me devais de rester digne. Je me suis accrochée à mon sac et j'ai marché jusqu'à ma voiture. Je voulais juste m'effondrer.