Elle penche la tête sur le côté. Elle rêve ou James venait de se refermé comme une dionée, ces plantes attrape-mouches qui se referme quand elles sentent quelque chose sur leur feuille… ou bien comme un crocodile à qui on aurait touché le palais. Un réflexe mioquelque chose. En tout cas, elle remarquait bien que quelque chose n’allait pas. Elle jette un regard vers la porte du médecin avant de faire trois grands pas pour rejoindre James.

- Attends, il s’est passé quelque chose ? C’est une mauvaise nouvelle ?

Elle continue à le suivre vers la voiture mais se plante devant lui quand elle y arrive. Elle serait prête à s’assoir sur lui. Elle était tellement inconsciente de la drague ouverte de Monsieur Garner que l’idée ne lui passa pas une seconde à l’esprit qu’il pourrait simplement être jaloux. Elle avait rangé la carte dans son sac en le suivant, mais pas pure réflexe… et parce qu’elle avait envie de voir Jessica, c’était aussi simple que ça. Elle se penche et met la main sur sa joue, le visage contractait par la peur que James puisse souffrir encore.

- Explique-moi James. Sinon, je m’assois sur toi, menaça-t-elle bien que sa voix fut plus inquiète que menaçante, ce traitement va te faire du mal ? Dis-moi, tu sais que je suis là pour toi, alors je pourrais peut-être t’aider… à avoir moins mal

Devait-elle avouer qu’elle avait fait des recherches sur … sur ça ? Elle regarde James, baisse les yeux vers son pantalon malgré elle et elle rougit de plus belle. Elle ne pourrait plus poser sa tête sur ses genoux pendant un petit moment si elle pense à ce genre de chose. Et ce n’était clairement pas le moment de penser à ce genre de chose. Même si c'était un peu gênant pour elle, qui ne prenait jamais... qui ne touchait ... BREF... VOILA.... Elle le ferait pour lui, si ça peut l'aider et lui faire du bien. Elle caresse la joue de James et s’approche, clairement entre lui et la voiture, qu’il ne pourra pas rouler sans elle, de toute façon. Elle plante ses yeux dans ceux de James. Cherche à comprendre, sa bouche était tordue d’inquiétude, ses sourcils froncés. Elle était prête à aller défoncer la porte du médecin si James ne s’expliquer pas… bien que le médecin ne pourrait lui apporter aucune réponse, mais ça, elle l’ignore.

- Bien sur que non ce n'est pas une mauvaise nouvelle.

Je lui avais juste dit que je devais prendre un traitement. Il n'y avait rien de négatif là dedans. Le médecin voulait juste mettre toutes les chances de mon côté pour que les choses rentrent dans l'ordre plus facilement. Non ce n'était pas ça qui me contrariait.

Je fis une grimace de dégoût alors qu'elle me proposait de m'aider à faire passer la douleur.

- Et je peux savoir comment tu comptes m'aider à avoir moins mal LA?

Ca ne ferait qu'augmenter la douleur si elle s'amusait à aller y toucher. Je n'étais qu'un homme, je réagissais normalement. Je ne pourrais m'empêcher de me dresser si elle s'en approchait et ça ne ferait que me faire souffrir davantage. C'était justement un des problèmes, un de ceux dont elle avait bien évité de parler. Parce que ça la gênait. Peut être parce que ça la dégoûtait d'être obligé de toucher un handicapé. Ca serait tellement plus simple de coucher avec un mec comme le bellâtre dont elle avait pris le numéro un peu plus tôt.

- Qu'est ce qui s'est passé à ton avis? Tu as préféré aller flirter avec ce connard plutôt que de m'accompagner à mon rendez vous. Voilà ce qui se passe. Alors maintenant j'aimerais bien que tu te pousses pour me laisser monter dans la voiture. J'ai besoin que tu m'amènes à la pharmacie puis que tu me raccompagnes chez moi.

Parce que bien entendu tout ça je n'étais toujours pas capable de le faire seul. J'avais besoin qu'elle soit là avec moi, qu'elle me conduise un peu partout. Je restais un putain d'handicapé. Quoi qu'elle en dise, après des mois et mois à me supporter dans cet état, en sachant que cela durerait des mois encore, elle avait le droit de se lasser, de vouloir un mec valide.

Elle le regarde… Si ce n’était pas une mauvaise nouvelle alors pourquoi semblait-il aussi fermé que … Que leur rencontre. Elle avait fait quelque chose de mal, alors ? Mais elle ne voyait absolument pas ce qu’elle avait pu dire, ou faire, entre le moment où il était rentré dans la pièce avec le docteur et le moment où il en était ressortit … Elle rougit à la question et détourné le regard.

- J’ai … Heu … fait des recherches, dit-elle d’une touuuuuuute petite voix.

Assez fort pour qu’il l’entende vue leur proximité mais la gêne fit déraillé sa voix. Elle avait fait des recherches, et on pouvait trouver beaucoup de connerie sur internet … mais comme elle y connaissait rien parce que … Si le plaisir féminin n’était pas essentiel à ses partenaires, la vérité était vraie… Letty faisait l’amour en se laissant faire mais sans rien faire pour adoucir la chose … Elle ne le savait pas, elle, que ça pouvait faire du bien de se faire caresser là … Parce qu’elle ne le faisait pas. Et elle n’y connait rien en médecine. On lui a juste dit de le masser quand il avait mal, et il avait mal, la logique voudrait que…. VOILA. Elle regarde à nouveau James quand sa colère se fit entendre dans ses propos. Flirter ? Connard ? Elle papillonne des cils, réfléchit avant de sentir un sentiment se loger dans sa poitrine. C’était comme un serpent qui s’enroule, mais un serpent doux et simple, qui monte jusqu’à ce qu’elle lâche un petit rire joyeux qu’elle ne peux pas contenir.

- Oh, James.

Elle s’assoit sur lui. Elle avait prévenu, avant de mettre son nez contre son nez et de sourire. Si proche de lui que son sourire fit toucher les lèvres de James mais sans transformer cela en un baiser. Il était jaloux. Son « flirt » était la discussion qu’elle venait d’avoir. L’autre connard était Monsieur Garner. Et elle, qui n’avait vu à aucun moment l’intérêt de Monsieur Garner pour elle, trouvait que la jalousie de James était… presque flatteuse.

- Mon amour, dit-elle tout bas, je ne voulais pas venir pour ne pas te gêner. Je sais que tu as dû mal à me parler de tes poches. Tu les caches. Et je sais que tu devais aussi parler d’une partie intime de toi. C’est pour ça que je ne suis pas venu.

Elle fait un bisou sur la commissure des lèvres de James alors que son rire était encore audible dans ses paroles. Il avait été jaloux. Personne n’était jamais jaloux avec elle… parce qu’elle était le genre de personne qui était moins bien que l’autre. Elle était moins bien que James. C’était elle qui avait de la chance, elle qui souffrirait à la fin… parce que James méritait une femme parfaite et qu’il l’avait elle. Personne n’était jamais jaloux de peur de la perdre. Jamais.

- Et je n’ai pas flirté, fit-elle en réfléchissant à la discussion, on parlait de Jessica, sa fille, que j’ai aidé. Et il pourrait apparemment m’aider pour le local de l’association, si je peux me débarrasser de la charge mentale et tout donner à lui et à Paul, je le fais sans la moindre honte.

Elle revient devant ses yeux.

- James, tu es le seul que j’aime alors arrête de te faire des films. Monsieur Garner ne s’intéresse pas du tout à moi, en plus.

Qu’elle croit sincèrement. Ce n’était pas de la fausse modestie, pour elle. C’était honnête, pour elle. Elle ne remarquerait pas qu’on s’intéresse à elle si on ne lui disait pas clairement. James avait dû le remarquer non… Elle attendait pour l’embrasser par peur, pour la même raison. Comme maintenant. Elle doutait d'être la bonne personne pour lui. Elle comprendrait qu'il veuille une personne plus "tout".

- Descends de là....

Je sifflais entre mes dents, essayant de la pousser tant bien que mal. Mais je n'avais pas encore assez de force pour ça. Si elle avait décidé de ne pas bouger je ne pouvais rien faire à part tenter de remuer faiblement et la pousser tant bien que mal. Elle pensait me calmer, elle était bien loin du compte. Plus elle parlait, plus je sentais la colère monter en moi. Je voulais qu'elle descende, qu'on s'en aille d'ici. Ce n'était pas l'endroit pour parler de tout ça. Vu comme elle se voilait la face, la dispute allait être longue et compliquée et je ne voulais surtout pas la faire sur un parking devant tout un tas de passants qui nous regardaient étrangement.

Je la laissais descendre de mes genoux avant de monter à l'arrière de la voiture. Elle s'installa derrière le volant avant de démarrer pour m'amener à la pharmacie. Je ne lui laissais pas l'opportunité d'aller à ma place. Je quittais la voiture pour m'y rendre seul. J'étais parfaitement capable de le faire désormais. Je n'avais pas besoin d'aide pour ça, je n'étais plus un complet assisté.

Je fulminais toujours quand on rentra dans l'appartement. J'attendis qu'on soit tous les deux installés dans le salon pour exploser de plus belle.

- Tu te fous de moi? Tu crois qu'avec des petites minauderies et des petits bisous que je vais me calmer et que je vais oublier ce qui s'est passé?

Je n'étais pas con à ce point. Je ne pouvais pas me laisser endormir facilement par son attitude toute innocente. J'étais en colère et j'estimais que j'avais le droit de l'être.

- Arrête de me faire croire qu'il ne se passait rien parce que ce mec te draguait ouvertement. Ses regards, ses petites remarques... c'était de la drague. Il ne veut pas t'aider par pur altruisme mais parce qu'il espère ainsi se rapprocher de toi. Je doute que tu l'aurais bien pris si une fille m'avait regardé de cette façon devant toi.

Il y avait peu de chances que ça arrive vu mon état actuel mais je doutais que ce soit quelque chose qu'elle apprécie. Elle doutait d'elle, elle avait peur que je ne l'abandonne un jour. Alors elle devrait comprendre que coincé dans un fauteuil comme je l'étais, je puisse penser la même chose.

- Et même si tu ne répondais pas à ses avances... ce mec tu le connais à peine et tu acceptes son aide comme ça sans problème. Alors que tu me parles à peine de ce qui t'arrives, que tu ne me laisses pas t'aider.

J'étais son mec merde! J'étais là pour l'aider, pour la soutenir. Je n'étais pas l'handicapé de service qu'elle devait protéger de tout. Je restais un homme putain de merde et je voulais être là pour soutenir celle que j'aimais.

- Alors oui j'aurais préféré qu'il ne te drague pas. J'aurais préféré que tu parles avec moi de tes soucis plutôt que me tenir à l'écart. Et même si c'est gênant, j'aurais préféré que tu viennes avec moi chez le médecin, que tu me poses des questions au lieu de faire des recherches dans ton coin. On est sensé être un couple!! On doit tout partager, les bons comme les mauvais côtés, tes problèmes comme les miens. Je ne suis pas juste là pour que tu me chouchoutes, me fasse des petits bisous en se taquinant sur les soupes. Ce n'est pas ce que je veux.

Ella avait réfléchit, vraiment. Elle ne voyait pas un seul moment où Monsier Garner aurait pu dire, ou faire, quelque chose qui donne l’impression qu’il était intéressé par elle. Déjà, ils ne s’étaient pas vu depuis 5 ans. Ensuite, son ex-femme déteste Letty… Comme tous les parents qui se pensaient parfaits mais laisser leur enfant dans une pièce sans eau ni nourriture pendant un week-end en amoureux avec son nouveau mec. Elle eut un frisson. Elle détestait tellement l’idée que des personnes pouvaient avoir des enfants et les traiter moins bien qu’un escargot que l’on écrase après la pluie. Elle laisse James partir pour faire son achat à la pharmacie et se refit toute la situation trois ou quatre fois dans sa tête pour en venir à la même conclusion. Non. Elle ne comprenait pas. Alors qu’elle allait soupirer, un marché de fruits et légumes apparu dans son champ de vision. Elle sortit de la voiture et s’y rendit pour prendre des légumes pour une soupe. James pourrait attendre … C’était tellement faux, elle n’arrêtait pas de regarder la pharmacie pour être sur qu’il ne sorte pas avant qu’elle ne soit revenu. Il allait encore se faire des films ?

- Vous allez bien, mademoiselle, demanda la jeune femme, environ 18 ans, qui lui tendit ses achats.
- Mon petit ami vient de me faire une crise de jalousie, je crois. Parce qu’un homme m’a parlé. Et je ne sais pas comment faire pour lui faire comprendre qu’il n’y a que lui.
- L’autre homme était intéressé par vous ? demanda la jeune femme.
- Il dit que oui. Je dis que non.
- Alors il doit avoir raison.
- Pardon ? S’étonna Letty en regardant la blonde élancé qui rajouta de la menthe et du thym dans son sac en plastique.
- Je dis que vous êtes une belle femme, et que certainement que votre copain, connaissant assez bien les regards qu’il vous fait lui aussi, pour reconnaître celui d’un autre. Soyez honnête avec lui, et ça suffira, normalement.

Letty réfléchit. Elle ne voyait vraiment rien. Payant ses achats, elle les mets dans le coffre pour revenir devant le volant en réfléchissant encore plus. Monsieur Garner … elle n’arrivait même pas à se remettre efficacement son visage. Elle ne pensait qu’à James, avant de lui parler, pendant un peu encore et après surtout. Il avait été éclipsé dès qu’il était revenu. Elle le ramène et se demande si elle ne devait pas le laisser. Quand il était bougon comme ça, il était difficilement supportable. Elle dépose ses emplettes dans la cuisine. Se demande si elle n’allait pas faire une soupe pour elle et faire une salade pour James. Quoi que… son ton l’agace prodigieusement alors elle avait bien envie de lui faire de la soupe, à lui aussi.

- Il ne s’est rien passé du tout, commença-t-elle en le regardant.

Elle l’avait coupé en parlant mais elle le laissa finir sa tirade avant qu’elle ne place une main sur son visage, puis dans ses cheveux alors que l’autre se mit à se gratter doucement. Elle ne s’était pas gratter là depuis longtemps et ça la démange. Elle avait envie de s’arracher cette peau morte, puis l’intérieur, là où son organe avait été détruit par les coups de couteaux. Elle regarde James. Elle s’approche de lui mais sa main continue de se gratter sans pouvoir s’arrêter.

-  Il ne me draguait pas. James. Cet homme, je le connais comme une donnée mais il ne vaut même pas ton petit doigt !

Elle avait monté le ton et se sentait d’un coup très mal. Elle grattait un peu plus fort. Le frottement de sa paume avait été remplacé par ses ongles et sa robe était, pour le moment, le seul rempart entre sa peau et ses ongles. Elle ne mettait plus de ceinture pour se protéger depuis qu’elle était avec James. Elle aurait peut-être dû. Et si une femme venait à regarder James comme il le pense ? Alors, bordel, elle se dirait qu’elle ne valait rien, qu’il serait mieux avec l’autre, avec mieux. Mais elle ne lui ferait pas une crise ainsi. Oh, elle souffrirait et elle serait jalouse… mais elle sait ce qu’elle vaut dans son esprit, pas grand-chose. Elle réfléchit aux paroles de la vendeuse. James avait vu dans le regard de Monsieur Garner quelque chose qui faisait écho à son propre regard sur elle. Elle s’approche, toujours debout.

- James, souffla-t-elle alors qu’elle sentit une douleur sur son ventre et que sa main s’écarta comme si elle avait été brûlé, pourtant sa main revient pour se gratter ensuite comme attirer par un aimant.

Elle connaissait Monsieur Garner, parce qu’elle avait dû vérifier, de plusieurs manières dont des visites à domicile, qu’il pouvait être un bon père. Si elle lui disait, ça serait pire non ? Il faudrait qu’elle lui explique avec plus de précision tout ce qui se passe quand elle devait faire une mission.

- James, répéta-t-elle, je déteste la paperasse, je te l’ai dit. Je déteste ça. Tout ça m’agace. Alors si je t’en ai pas parlé c’est simplement parce qu’on se prend tellement la tête avec Paul sur ça, que je n’avais aucune envie d’en entendre parler avec toi.  Tu ne peux pas m’aider, parce que pour ça il faudrait que tu travailles à la mairie pour faire accepter l’association. Ce n’était pas te tenir à l’écart, c’était simplement que je n’avais pas envie de te mettre ce souci inutile sur le dos.

Elle s’approche et s’accroupi pour être à sa hauteur. Au moins, sa main n’était plus sur son ventre dans cette position. Même si les démangeaisons continuent et qu’elle avait envie de courir dans la salle de bain pour se gratter à n’en plus finir.

- Je suis désolée, James. Je voulais simplement te permettre de garder ton intimité. Je ne sais pas comment faire parfois. Parce que tu ne m’a jamais tout dit. Je me rappelle de ce que tu m’as dis quand je t’ai proposé d’être ton infirmière. Et je me disais que c’était mieux. La prochaine fois je te demanderais … Et je parlerais de … masturbation et de fellation avec toi, elle s’était mise à rougir avant de détourner les yeux. C’était purement égoïste de ma part, parce que je ne voulais pas que tu te rends compte à nouveau que … tout ça, je ne sais pas faire… Je n’irais pas voir « ce mec », ni même donner le numéro à Paul. Je vais même le jeter tout de suite.

Elle se lève, fait un pas alors que sa main était déjà en train de se gratter et attrapa son sac. Elle ne savait pas comment elle allait se débarrassé du numéro efficacement, elle réfléchit elle pensa à le  plier et le mettre dans sa bouche pour le mâcher. Mais ça ne serait pas assez efficace. Elle se déplaça encore prit un verre d’eau et mit le papier dedans qui s’imbiba du liquide et finira bien par se dissoudre. Elle revient, se planta devant lui, sa main sur son ventre grattant encore.

- Tu veux que … que je te laisse tranquille le temps que… que tu me pardonnes ?

Même si, elle n’avait rien fait avec Monsieur Garner. Elle lui avait à peine parlé. Et elle se souvenait plus de quoi, en plus, exactement. Elle se sentait mal…. James méritait mieux qu’elle et sa stupidité… Pourtant … Elle l’aimait vraiment, plus que tout. James était plus magnifique à ses yeux que n’importe qui. Il n’y avait que James dans ses yeux. On pourrait être en train de la draguer avec insistance qu’elle ne le croirait toujours pas… elle avait encore du mal à croire que lui, il l’aime. Elle ne voulait pas simplement le chouchouter… C’était juste qu’elle était effrayé de ne pas être à la hauteur, qu’il regrette. Même s’il avait dit que non… Elle savait que dans le miroir, elle n’était qu’une poupée vide qui ne pouvait même pas être mère… et même si ce n’était pas quelque chose que tout le monde pouvait comprendre, pour elle c’était pire que tout. Ce n’était pas comme si elle pouvait faire quelque chose, ce n’était pas comme si elle pouvait avoir une incidence sur sa condition. Elle avait encore un petit secret à dire à James, et elle ne savait pas comment le dire, ni s’il le fallait vraiment. Mais maintenant, elle n’avait plus qu’à attendre de voir.

Je gardais un visage fermé alors qu'elle parlait calmement, essayant de me raisonner. Si elle pensait me calmer comme ça, elle était bien loin du compte.

Je lâchais un petit rire alors qu'elle me soutenait que le mec ne la draguait pas. Elle était bien innocente et naïve si elle ne remarquait même pas quand un mec la draguait aussi lourdement. Pourquoi un type qu'elle connaissait à peine et qu'elle n'avait pas vu depuis des années lui aurait proposé son aide comme ça? Et puis ces regards qu'il lui lançait... Il avait espéré qu'elle réponde à sa drague, qu'elle le rappelle qu'il puisse jouer au chevalier servant et ensuite lui proposer un rendez vous.

Elle ne voulait peut être pas me mettre un soucis inutile sur le dos, ça partait peut être d'une bonne intention mais le résultat était tout autre. Je me sentais inutile, tenu à l'écart d'un projet important qu'elle était entrain de monter. Je voulais faire partie de ce projet, de sa vie aussi. Agir comme ça me faisait juste me sentir rejeté et inutile. Un handicapé bon à rien...

Je secouais doucement la tête alors qu'elle venait parler de préserver mon intimité, qu'elle mettait le rendez vous avec le médecin sur le même pied d'égalité que le fait de jouer mon infirmière. Il y avait un monde entre le fait de parler avec elle de ma reprise d'autonomie, même dans ces moments les plus gênants, et la laisser vider ma poche pleine de pisse!!!

Je restais de marbre alors qu'elle jouait son petit numéro, jetant la carte dans un verre d'eau. Elle aurait pu la déchirer et la mettre à la poubelle ça m'aurait suffi. Elle n'avait pas eu besoin d'être aussi mélodramatique.

Mais par contre quand elle me parla comme à un gosse, je parvins plus à me contenir.

- Ah non, ne dis pas ça. Ne me prends pas pour un gamin qui pique une crise sans raison. J'ai toutes les raisons du monde d'être en colère. Alors non je ne vais pas rester à me calmer gentiment dans mon coin après un caprice. On va discuter de tout ça comme des adultes et régler le problème ensemble. J'ai raison de t'en vouloir.

Ca n'allait pas se passer comme ça notre histoire de couple. Je n'allais pas lui reprocher des choses pour qu'elle passe dessus comme si de rien n'était et qu'elle fasse passer ça pour des caprices.

Je la fixais, croisant les bras pour essayer de me calmer un petit peu.

- Réglons un problème à la fois. Ton entreprise. Cesse de croire que je n'ai pas besoin de ce soucis. Ca te prends la tête de toute évidence et je n'aime pas ça. Je suis là pour t'aider Letty. Alors explique moi ce qui coince exactement. Peut être que je verrais des solutions que là tu ne vois pas. J'ai des contacts aussi, de personnes habituées au monde des affaires. Je peux peut être faire marcher mon réseau pour t'aider. Alors ne me tiens pas à l'écart de quelque chose d'aussi important dans ta vie. Et même si je ne peux rien y faire... je veux juste... que tu me fasses partager ta vie, pas que tu me tiennes à l'écart.

Elle n’avait pas réalisé qu’elle lui parlait comme à un « gamin ». Elle était tellement habitué à régler des problèmes d’enfants, à devoir leur parler, comprendre les choses que des enfants eux-mêmes ne comprennent pas qu’elle en avait oublié comment parler aux adultes ? Peut-être. C’était peut-être pour ça qu’elle était ainsi. Elle ne devait pas avoir sa source sur la bonne sortie HDMI. Elle devait … Elle devait changer ça en elle. Et puis, elle essaie de discuter c’est lui qui se ferme comme une huître et fini par lui crier dessus. Elle se gratte le ventre.

- Laisse moi te contre dire, tu n’as aucune raison d’être en colère ou de m’en vouloir. Surtout parce que la communication que tu demandes, ça ne commence pas en boudant ou en me criant dessus.  

S’il était venu lui en parler, calmement, normalement, en disant qu’il n’aimait pas le regard de Monsieur Garner sur elle, tout ça n’aurait pas eu besoin de s’envenimer jusqu’à ce qu’elle est envie de lui faire boire de la soupe par les nasaux. Elle ne trouvait pas qu’il avait le droit d’être en colère, surtout qu’il dirigeait sa colère sur elle, alors qu’il était en colère contre Monsieur Garner. Elle voit qu’il se calme et décide de se taire pour ne rien envenimer de plus. Elle n’avait pas besoin de lui dire que ça l’avait blessé, cette manière qu’il avait eu de réagir à ses bonnes intentions. Il la connaissait depuis le temps. Et oui, elle était naïve sur la drague et tout ça, parce qu’elle n’en avait jamais eu rien à faire de ça. Surtout pas des histoires sans lendemain. Elle avait toujours eu besoin de stabilité pour avoir un enfant. Pas de coucherie. Le sexe, elle n’aime pas ça. Et c’était ça qui la perturber, plus que tout le reste. Il se demande pourquoi elle a dû mal à lui en parler ? Mais parce qu’elle était plus innocente qu’une fille de bonne famille à l’époque Victorienne élevé par des sœurs. Ok, pas à ce point. Mais elle était innocente sur plein de chose.

- D’accord, une chose à la fois. Mais sache que l’idée n’était pas de te tenir à l’écart mais juste de t’éviter de te prendre la tête avec moi.

Elle ouvre son sac et sort un gros trieur avec plein de feuilles qui parte de tous les côtés. Elle attrape une feuille et s’assoit à côté de James, sur le canapé en cherchant le document qu’elle cherche. Elle cherche mais jure en espagnol avant de le trouver pas du tout à sa place. Elle lui tend. C’était une feuille de papier avec les sigles et les blasons de la mairie avec la liste de ce qu’il fallait pour ouvrir une association.

- La mairie nous a transmis la liste des choses à avoir pour l’entreprise. Comme tu peux le voir, on a presque tout, sauf le local et la « notion association ». Le local, pour le louer ou l’acheter au nom de l’association, il faut la notion d’association. Et la notion d’association, il faut ou prouver l’existence passée de notre association, ce qu’on n’a pas puisqu’on repart du début, ou avoir des subventions de la mairie pour cette association. Sauf que les subventions de la mairie, on ne peut pas les avoir tant que l’on ne prouve pas l’existence de l’association… Et il nous manque donc, ou le local, ou la notion d’association. La seule solution serait donc d’acheter ou louer à notre nom, à moi ou à Paul, le local, pour le faire passer ensuite dans le nom de l’association, mais pour ça il faudra payer un …

Elle cherche dans ses papiers pour trouver un autre feuille avec nom écrit dessus.

- Une notification de don ou de prêt à une association. Sauf qu’officiellement, notre association n’existe toujours pas. Ou alors faire le tout autrement en faisant une demande d’ouverture d’association au gouvernement. Sauf que cela signifierait que l’on donne des droits à l’état …. Et on ne veut pas. Notre ancienne association je ne sais pas comment on l’a ouverte, j’avais 21ans à l’époque et je n’étais pas sur les papiers, Paul non plus. C’était le mécène.

Le local aussi. C’était peut-être ça le truc. Demander à James d’acheter pour eux et ça fonctionnerait… mais elle en avait marre de dépendre de lui. Toute l’association était déjà « de lui ». Elle avait vraiment voulu bien faire sans avoir à lui demander plus encore. Et en plus, son nom figurerait sur le bail, et l’association, et tout le reste, ce qui signifie que personne ne pourrait ignorer la provenance de l’argent… James voulait être discret encore alors … Mais il était vrai qu’elle ne lui avait pas demandé.

- D’ailleurs, on est toujours en pourparler avec Paul sur le nom de l’association. Normalement, on appelle l’association par le nom du mécène, pour la réputation et tout ça … Cela te plairait ? L’association James Baker. J’ai proposé L’association Far too Young aussi. Mais Paul m’a dit qu’une phrase ferait mauvais genre.

Elle trouvait, elle que c’était parfait. Parce que c’était une phrase pour le renouveau et qui collait avec le fait de devoir s’occuper d’enfants en bas âge. Mais bon, elle était toujours en train de se battre avec Paul pour ça… Et elle n’avait pas eu envie d’entendre une autre personne lui dire que ce n’était pas parfait.

- Et donc voilà… pour le moment Paul est en train de faire des appels et des papiers pour essayer de trouver une solution, et moi je m’énerve parce que ça ne va clairement pas assez vite à mon goût.

Et faisant cela, elle souffle contre une mèche de cheveux et tord son visage dans une grimace d’agacement qui était toute nouvelle pour James. Elle n’avait jamais été agacé avec lui, réellement agacé, agacé comme ça, prête à faire manger le papier à quelqu’un.

- Les gens qui ont inventés les démarches administratives doivent tous se trouver en enfer si tu veux mon avis le plus sincère. C’est presque comme la scène d’Astérix et Obélix là, sauf qu’en plus, il faut justifier de chaque papier avec un papier…. Désolée de ne pas t’en avoir parlé mais c’est que ça m’agace tellement que je voulais faire l’autruche et ne plus y penser quand j’étais avec toi.

Ce n’était PAS parce qu’elle pensait qu’il ne pouvait pas l’aider ou qu’il était un gamin ou autre connerie du genre… C’était simplement qu’elle en avait ras le casque de voir les papiers tout le temps et que James était son havre de paix … quand il n’était pas en train de bouder parce qu’elle avait « flirter ». Elle avait envie de lui tirer les joues d’un coup.

J'avais eu toutes les raisons du monde d'être en colère. Sortir du cabinet du médecin pour tomber sur ma petite amie entrain de se faire draguer par un autre mec, ce n'était pas vraiment le genre de chose que je pouvais prendre avec calme. J'aurais bien aimé la voir à ma place, avec une fille me faisant les yeux, juste pour voir si elle aurait réussi à prendre les choses calmement, sans rien dire.

Je la laissais s'installer à côté de moi. Je l'écoutais parler pendant qu'il me parlait de ses problèmes avec l'administration. Mais là où je n'étais pas d'accord avec elle, c'est que je voyais plusieurs solutions à son problème. Je pouvais acheter le local et faire les papiers dont elle avait besoin avant de le céder à son association. On pouvait aussi prendre l'adresse de mon appartement et le faire passer pour le local de l'association le temps d'avoir les papiers et qu'elle puisse ensuite louer un local à leur nom. Mais je n'étais pas certain qu'elle accepte ces propositions. Elles m'impliquaient un peu trop et j'avais le sentiment qu'elle ne voulait pas que je m'approche de trop près de son projet. Heureusement j'en avais une autre qui pouvait bien marcher.

- J'ai un avocat. Il m'a aidé à monter ma société, à s'occuper de toutes les affaires juridiques relatives à tout ça. Avec les albums à préparer, les enregistrements, les tournées et tout le reste... Je n'avais pas vraiment le temps de monter une société et de batailler avec les papiers comme tu es entrain de le faire. Je vais l'appeler demain et je lui dirais de passer ici vous voir toi et Paul. Il t'aidera à gérer tout ça. C'est son boulot.

Elle n'aurait qu'à se laisser guider par lui. Elle pouvait être certaine que les choses seront faites dans les règles, qu'elle n'aura aucune mauvaise surprise par la suite. Elle aura un cadre juridique en béton pour son association.

Je me reculais un peu en soupirant.

- Tu aurais du m'en parler tu vois. J'avais la solution. Au lieu de passer des jours à t'arracher les cheveux là dessus, tu pouvais simplement m'en parler. Ca ne m'intéresse pas qu'on ne se voit que pour les bons moments, pour les calins et les bisous. Tu as été là pour me soutenir quand ça n'allait pas et tu continues à le faire. Laisse moi faire de même pour moi. Me tenir à l'écart comme ça, ça... ça me fait me sentir inutile. Je n'ai pas besoin de ça.

Je l'arrêtais d'un geste alors qu'elle commençait à parler.

- Je sais ce que tu vas me dire... Tu ne pensais pas à mal en faisant ça. Tu ne voulais pas m'embêter avec tes problèmes. Tu voulais juste profiter des moments avec moi sans parler sans cesse de tes soucis. Je sais. Mais ça ne change rien à ce que j'ai ressenti quand j'ai vu que tu préférais confier tes problèmes à un étranger plutôt qu'à moi. Je veux être là pour toi Letty. Je... je récupère c'est vrai mais beaucoup trop peu encore. Je continue de me sentir handicapé coincé dans cette chaise. Je ne peux toujours pas être là pour toi comme je l'aimerais. Alors je t'en supplie, ne me tiens pas à l'écart de ta vie, ne m'enlève pas ce que je peux faire. Je peux... je peux être là pour écouter tes problèmes, pour t'aider à soulager un peu ta charge mentale. Même si je ne fais que t'écouter et te consoler ensuite laisse moi au moins faire ça. Laisse moi être ton petit ami et pas l'handicapé qui a besoin qu'on l'aide.

Avoir parlé des papiers l’agacer. Elle avait envie de mettre le feu à tout ça et de partir en faisant les choses à sa manière. Pouvoir aider les autres sans demander des sommes folles, ça devrait être de l’ordre de la logique, pas obliger à perdre sa santé mentale pour ça … mais bon. Elle accepte le fait que l’administration aura sa peau et elle supporte. Elle regarda James et d’un coup, elle se sent nulle. Elle n’était même pas capable de faire les choses elle-même. La première chose qu’elle réussi à dire fut « désolée ». Après quoi elle l’avait remercié pour l’avocat …. Mais d’abord elle avait sentit le besoin de demander pardon… parce qu’elle n’était peut-être pas handicapée, mais elle avait peu d’indépendance pour les papiers et tout ce qui en était relative. Elle allait relever la tête pour lui dire qu’il était loin d’être inutile, et qu’il avait déjà tout payer… Ce n’était pas à cause de son utilité ou non, mais il avait déjà tant fait … Et elle, elle était incapable de faire des foutus papiers ? Elle l’observe et d’un coup, elle réalise un détail. Elle se mord l’intérieur de la joue… elle ne sait pas si elle devait lui préciser qu’elle n’avait clairement pas dit tout ça à Monsieur Garner …. Mais … Non. Elle se tut. Cela ne serait que se justifier encore, et elle avait déjà expliqué tout ça.

Son erreur, en plus de ne pas savoir parler à un adulte pendant un conflit … C’était de n’avoir jamais vu James comme un handicapé. Oui, il ne pouvait plus bouger, mais très vite elle avait trouvé que James valait le monde. Il valait plus, et elle n’avait jamais pensé à lui comme à un homme incapable. Elle avait toujours son carnet de note de musique pour se rappeler leurs longues discussions autour de la musique. Elle avait toujours l’image de cet homme parlant de Queen alors qu’un rayon de lumière éclairé son sourire. Il n’avait jamais été handicapé pour elle. Il avait toujours été plus que la plupart des hommes. Et pourtant, ça n’avait pas été le coup de foudre. Elle avait eu envie de lui mettre une pastille rouge sur le front à leur première rencontre.

- Je n’aime pas le sexe, lâcha-t-elle alors, et entre toutes les choses qui vibrent dans mon esprit, c’est celle qui prend le plus de place. Plus que les papiers. Et je n’en ai parlé à personne. Le sexe, pour moi, c’est pour avoir un bébé. Je ne peux pas avoir un bébé. Je n’en vois pas l’intérêt. Je n’en ai même pas envie. Je … Je ne me suis jamais touché. Et je n’ai jamais touché un homme … là. Parce que le but de la manœuvre quand je faisais l’amour, c’était d’avoir un enfant, rien d’autre. Et que je fasse l’étoile de mer en attendant que ça se finisse ou pas, mes … compagnons trouvaient cela suffisant. C’était suffisant. Mais pour toi j’ai envie d’avoir envie, mais je n’ai pas envie. Et ça me fait peur, ça m’effraie, ça m’angoisse. C’est pour ça que quand tu as parlé d’urinologie, et de cette zone, je n’ai pas posé de question. Parce que … Je suis incapable de ressentir quoi que ce soit, je crois que je suis cassée quelque part dans ma tête en plus de mon corps.

Elle ne le regarde pas. Elle sent juste ses larmes qui remontent le long de ses yeux. Elle veut les chasser. Elle ne veut pas pleurer. On parle que de « sexe ». Ce n’était rien, le sexe. Ce n’était pas comme si c’était quelque chose qui attentait à sa vie … Mais c’était un peu le cas. Elle détestait son corps. Elle détestait le voir à l’époque mais encore plus maintenant. Elle l’avait dit à James, elle était cassée. Mais elle, il n’y avait rien à faire pour la réparer, juste à l’accepter en morceau… mais James mérite quelqu’un de complet, de fait en entier, de capable de vouloir faire l’amour. Parfois, elle essaie de s’imaginer dans le passé, avec James au lieu d’un de ses ex, et même là, elle ne ressent rien de plus. Elle se demande juste pourquoi le faire alors qu’il y a d’autres activités plus intéressantes à faire. Elle se mit à se gratter à nouveau. Elle avait envie de s’arracher la peau.

- Est-ce que tu sais ce qu’est une grossesse nerveuse ? Après mon … accident, appelons le comme ça, j’ai fais une grossesse nerveuse. C’était … tout comme être enceinte mais sans l’être. J’étais déjà cassé partout, mais j’y ai cru. J’avais tout. Je sentais que j’étais enceinte. Et la logique ne rentrait plus en ligne de compte, même si je n’avais pas eu de rapport depuis plusieurs mois, je sentais que j’étais enceinte. J’y ai cru. J’avais mon petit ventre, j’avais les douleurs, les vomissements, j’avais tout… Et bien sûr je ne l’étais pas … J’ai voulu mourir parce que j’étais en deuil d’un enfant qui n’avait jamais existé.

Elle se grattait et elle pleurait en même temps.

- Et quand j’ai entendu ta chanson, j’ai décidé de vivre … Mais j’ai aussi décidé que le sexe ne servait plus à rien, parce que ça ne m’apporterait plus jamais rien. Alors je sais qu’il est encore tôt pour parler de ça… Mais … J’ai peur. Et je voulais pas en parler parce que … Parce qu’en plus j’ai honte.

Elle avait honte de ne rien ressentir sexuellement pour lui. Elle avait honte d’avoir été un deuil pour un enfant qui n’existe pas. Elle avait honte de ne pas pouvoir être complète. Il était réparé lui. Et même si, elle se sentait minable. Oh, tous les hommes du monde pouvaient venir la draguer, elle ne remarquerait rien, parce qu’elle sait qu’elle n’est rien qu’une poupée déchirée. Alors que si une femme devait approcher James ? Elle ne pourrait rien dire, elle comprenait l’attirance qu’il exerçait … et s’il devait la quitter pour une autre ? Bordel, elle le comprendrait plus que l’amour qu’il semblait lui porter … Parce qu’elle serait incapable de le combler.

- Je suis désolée, de ne pas en avoir parlé. Et crois-moi quand je dis que l’autre « mec » il n’a jamais eu une chance. Personne n’aura jamais de chance contre toi. Tu es le seul homme pour qui j’ai envie de ressentir plus encore, toujours plus.

Ce qu’elle ignore, c’est qu’il y avait plusieurs niveaux d’asexualité. Elle est demi sexuelle, et couplé ça au fait qu’elle voulait un enfant, le sexe était devenu un outil plus qu’autre chose. Elle ignore encore que ça sera très différent avec James … mais ça c’est une autre histoire. Elle arrête de se gratter et essuyer ses larmes. Bon, en plus maintenant elle était moche. Vraiment tout pour plaire cette fille, se dit-elle avec une moue cassé. Personne ne le savait pour sa grossesse nerveuse. Si Paul savait pour son envie de mourir, et pour sa stérilité, elle ne l’avait dit à personne pour la perte de son bébé. Elle arrête une seconde de se gratter pour mettre la main à plat sur son ventre avant de reprendre le grattage. Ouais. Elle était stupide de pleurer cet enfant … Elle le savait. Mais elle ne pouvait pas le faire autrement. Et elle ne sait même pas pourquoi elle venait de se décider à le dire maintenant … parce qu’il avait dit vouloir la consoler, être là pour elle ? Parce qu’il fallait bien que ses pensées explosent ? Ouais … Sauf que maintenant, elle avait envie d’aller se cacher dans un trou de souris, ce qui était visible dans la manière qu’elle avait de rentrer sa tête dans ses épaules et se courber… elle voulait disparaître de honte. Et de peur. Mais elle n’avait aussi aucune envie de se séparer de James de plus de trois mètres. C’était compliqué dans sa tête. Et elle avait envie d’un câlin…

Je l'écoutais parler, sentant mon coeur se serrer en l'entendant. Je posais finalement ma main sur le sienne, la serrant doucement.

- Arrête ma chérie s'il te plait.

Je tirais un peu sur sa main pour venir l'attirer sur mes genoux. Je l'embrassais avec tendresse avant de la serrer dans mes bras.

- Je ne sais que tu ne veux pas d'un autre homme. Mais je n'aime pas voir quelqu'un d'autre venir te tourner autour surtout alors que je... que je ne suis pas vraiment à mon avantage. Je n'aime pas ça...

Je tenais à elle, beaucoup trop pour supporter de voir un autre agir avec elle ainsi. Et j'avais trop peu confiance en moi pour prendre les choses facilement.

- Pour le sexe... je suis encore loin d'être capable de faire quoi que ce soit tu sais.

Je ris tristement en disant ça. Même si ça marchait plus bas, le reste de mon corps n'était pas capable de faire ce qu'il fallait pour qu'on puisse atteindre l'extase tous les deux. Les moments à deux dans la chambre étaient encore loin de nous, elle n'avait pas à stresser pour ça.

- Mais... le jour où ça se présentera, je ne serais pas comme tes exs. Je ne veux pas d'une étoile de mer. Ce que je veux c'est que tu en ai envie toi aussi, qu'on découvre tout cela tous les deux ensemble. Alors on prendre tout notre temps. Je ne veux pas que tu te mettes la pression pour ça. Le sexe ça ne doit pas stressant. Je veux... c'est un cliché mais je veux que ce soit un moment qu'on partage ensemble, où on prend du plaisir ensemble. Tu vois ce que je veux dire?

Ca faisait un peu cliché et terriblement romantique mais c'était ce que je ressentais. Je voulais qu'elle soit heureuse, lui faire découvrir ce que ça pouvait être le plaisir au lit quand on était avec un partenaire qui nous aimait, qui était à l'écoute.

Je ferais tout pour qu'elle soit mère un jour, effacer cette douleur qu'elle ressentait à l'idée de ne pas l'être. Mais je n'osais pas lui en parler. J'avais peur que ça n'aille trop vite pour elle. Nous n'étions pas ensemble depuis si longtemps que ça, même si nous avions traversé plus d'épreuves que bien des couples. Mais parler d'adopter des enfants avec elle, même si ce n'était que dans un futur lointain, j'avais peur que ça ne soit trop rapide.