Bien sûr, ils ne pouvaient pas s'attendre à ce que quatorze années se résolvent aussi vite, pas après tout ce qui s'était passé, pas après tout ce qu'Aayden avait dit et fait. Il était normal que Cornelia soit un peu perdue et, même si elle était désolée pour Aayden, profondément meurtrie de le voir aussi atteint, n'ayant jamais supporté le fait de le voir souffrir, supportant encore moins bien, en fait, la souffrance du jeune homme que la sienne, Lisa ne pouvait pas dire qu'elle ne comprenait pas Cornelia. Ce devait être difficile aussi, pour elle, d'assimiler qu'Aayden Sachs soit plus que ce que son père avait fait de lui. Ce devait être difficile d'assimiler que tout ce qui s'était passé entre eux était désormais derrière eux. Pour elle, il était probablement encore associé à de douloureux souvenirs et il était égoïste d'attendre d'elle qu'elle les oublie rapidement. Pourtant, c'était exactement ce que Lisa désirait. Que Cornelia puisse rapidement faire la paix avec tout ça et s'ouvrir au nouveau Sachs qui cumulait les efforts pour elle.

"- C'est normal que ça prenne du temps, c'est pas pour autant que tu dois baisser les bras." souffle Lisa en le pressant contre elle. "On ne sait pas comment elle a vécut toutes ces années et tout... tout ce que ça implique pour elle, c'est normal que ça prenne du temps mais ça ne veut pas dire que ça ne vaut pas la peine de faire des efforts." souffle-t-elle en continuant de le bercer. "Au contraire... Je sais que tu voudrais l'avoir tout de suite, que tu voudrais pouvoir tourner la page sur tout ça mais..." elle cherche ses mots. "Donne lui du temps. Continu de lui montrer que cette guerre c'est finit, vraiment finit, qu'elle peut avoir confiance. C'est normal qu'elle soit sur la défensive. Et je sais qu'au fond de toi tu le sais." murmure la rouquine.

Elle le laisse se rouler en boule contre elle, sa main toujours passée sur sa taille dans une étreinte rassurante. Il avait été spontané, impulsif, comme il l'était toujours. Cela faisait parti de lui. Il s'en voulait suffisamment à présent pour qu'elle ne fasse pas remarquer l'évidence, pour qu'elle ne souligne pas que Cornelia n'avait pas tout à fait tord de penser qu'il n'aurait jamais laissé personne leur faire la même chose, s'immiscer entre eux. Ils auraient le temps d'y revenir plus tard, d'en reparler à tête reposée mais, dans l'immédiat, elle voulait surtout l'apaiser et permettre que le reste de la journée se passe mieux. Si c'était encore possible.

Elle se sent mal, terriblement mal, terriblement perdue, aussi. Elle ne comprend pas ce qui se passe, elle ne comprend pas le bourbier qu'est devenu sa vie. Sa relation avec Sachs a toujours été compliquée mais aujourd'hui elle la comprend encore moins, parce qu'il ne l'a pas habituée au comportement qu'il a ces derniers temps. Alors, elle ne sait pas vraiment à quoi s'attendre, ni sur quel pied danser. Et si Andy commence à défendre Sachs... Bien sûr, elle comprend qu'il veuille se faire bien voir, par rapport à Lisa mais... Ses mots l'atteignent particulièrement, alors qu'il lui donne l'impression de lui reprocher son comportement. L'impression de lui reprocher d'être perdue, d'avoir mal et d'être toujours sur la défensive avec Sachs, alors même que ce dernier ne lui a jamais apprit qu'il pouvait être autre chose qu'un petit con moqueur.

Quand il la prend dans ses bras, lui caressant le dos en l'encourageant à tout faire sortir, conscient que les larmes menaces et que ses nerfs sont à fleurs de peau, elle craque, s'astreignant pourtant à faire le moins de bruit possible. Elle n'a pas envie que Sachs l'entende, pas envie que Lisa ne l'entendre non plus. Elle veut juste quelques minutes d'intimité, quelques minutes pour pouvoir pleurer en paix, soutenue par son meilleur ami, entre ses bras. Quelques minutes de répit, quelques minutes pour craquer, pour évacuer tout ce qu'elle accumule en elle ces derniers temps.

Au bout de quelques minutes elle inspire, expire, inspire, expire, calquant son rythme sur celui d'Andy, se calmant petit à petit en écoutant sa voix, ses mots. Oui, elle sait que quand elle est comme ça, quand elle est dans cet état là, on ne la comprend pas forcément. Pas bien. Elle mange ses mots, souvent. Alors elle essaie de se calmer et de réfléchir à ses mots, pour pouvoir s'exprimer, expliciter sa pensée.

"- C'est juste que... Que je comprend pas. T'sais d'puis... D'puis qu'il m'a ramené chez moi là, en me foutant sur son dos il... Il est bizarre et... Il est tout l'temps là. J'veux dire... Dans mes SMS et... Maintenant il se mêle de nous et... Et ment pas, on sait très bien que si tu avais fais la même chose à Lisa pendant qu'il plaisantait avec elle, ça aurait été le premier à s'énerver alors... Alors je comprends pas pourquoi il se permet d'interférer dans notre amitié et..." sa voix perd une octave, peut-être deux. "Et j'ai l'impression que tu l'défends et ça m'rend folle..." Elle s'essuie les joues avant de reprendre. "J'aurais pas dû venir. Je pensais... Je pensais que t'aurais besoin d'aide avec Lisa mais... Mais j'ai tout gâché." elle souffle, s'essuyant encore.

- C'est normal qu'elle soit sur la défensive.

Qu’elle finit par dire, à la fin de son monologue, de son explication. Oui, c’est normal. Oui, ça prend du temps, tu le sais. Bien sûr que tu le sais. Oui, tu aimerais bien que tout ça, tout ce maudit passé soit qu’un mauvais souvenir, quelque chose qui peut s’enterrer, scellé sous clé et jeter dans u endroit où tout cela ne reviendrait pas. Mais c’est quatorze ans. C’est quatorze ans de vie brisée. C’est quatorze années déchiré, bercé par l’idiotie de l’adolescence et un entourage qui alimentait une guerre idiote, des mots blessants. Alors, oui, tu sais pourquoi elle est comme ça, la petite brune.

- J'sais bien… J'sais bien pourquoi elle est comme ça… C'ma faute… Comme toujours...

Que tu arrives à dire en ouvrant doucement les yeux. Tu te ronges un ongle en tremblant doucement. Ça se mélange dans ta pauvre caboche et tu essayes de trouver les bons mots pour t’expliquer. Tu n’y arriveras pas et ce n’est pas à Lisa qu’il faudrait leur dire ces mots, tu t’en doutes bien. Mais la personne à qui tu penses est malheureusement dans le même état que toi, dans les bras de son meilleur ami et pas apte à voir ta tronche actuellement, tu en es sûr et certain.

- J'ai.. j'ai jamais… J'voulais pas… Je… J'suis… Épuisé… J'suis désolé…

Le contrecoup est soudain, te rendant amorphe, vidé de ton énergie. En te roulant en boule, la seule chose que tu voulais maintenant, c’était dormir, oublier, rester dans le noir en mangeant du chocolat pour te remonter le moral. Tu essayes de te redresser, mais ton dos te fait mal, encore sous tension. Tu cherches du regard ce que tu pourrais manger, mais tu n’as pas la force de bouger, tu le sais.

Ça y est. Elle parle enfin normalement. Tu souris, écoutant attentivement ce qu’elle a sûr le cœur et consent tout ce qu’elle te dit, bien sûr. Tu la laisses finir, évidemment, pour ne pas la brusquer et l’embrasse sur le front avant de commencer à lui répondre, maintenant qu’elle est calmée.

- Alors primo… Il est beaucoup plus impulsif que moi. Donc je serais déjà en train de faire le plongeon du siècle si les rôles avaient été inversés.

Et tu sais que cela aurait été possible, garde du corps ou non. Sachs n’est pas connu pour ses mots, mais pour ses gestes, en premier. Pourtant, tu dis ça sur le ton de l’ironie, de l’humour, parce que pour le moment, tu n’as pas peur du gardien. Non, tu sais où sont ses limites.

- Secundo, oui, c'est déroutant. Je peux le comprendre, j'étais le premier à me méfier de tout ça… À ne pas comprendre pourquoi il fait ça… Maintenant, c’est autre chose. Et tertio, j'le défends pas, j'essaye de ne pas me mettre le cul entre deux chaises comme le fait Lisa entre les hockeyeurs et nous patineurs. Vous avez vos différents, je le sais.. Mais il fait des efforts pour tenter d’arrêter tout ça...

Que tu rajoutes, parce que non, tu n’es pas plus de son côté que de celui de Cornelia. Ou du moins pas aujourd’hui. Tu es et seras toujours le premier soutient de la jeune patineuse, connaissant ses défauts autant que ses qualités. Donc tu sais aussi quand elle exagère. Pour ça que tu essayes dans un premier temps de lui dire, doucement, simplement, évitant de lui balancer la vérité de manière abrupte. Parce qu’aussi, tu n’es pas comme ça.

- J'commence à comprendre ce que disait Lisa. J'te l'ai dit. Seul avec elle, c'est pas pareil… J'veux lui donner le bénéfice du doute et j'suis sûr qu'on peut se servir de ça pour que les hockeyeurs nous foutent définitivement la paix.

Tu continues de bercer dans l’eau Cornelia, te baissant pour que tout cela vous arrive aux épaules, marchant pour ne pas attraper froid non plus. Tu soupires doucement, tranquillement faisant la longue du bassin. Tu tentes alors une dernière fois.

- Je sais que c'est dur pour toi. Je sais que c'est pas facile… Je te demande pas de le pardonner… Juste d'essayer de comprendre, de voir qu'il a changé. Tu peux tenter ? A ton rythme ?

Évidemment, ils savent tous les deux pourquoi Cornelia réagit comme ça, pourquoi elle est sur la défensive, pourquoi elle est implacable avec Aayden. Leur passif est responsable. Il lui a dit trop de choses, entendues auprès d’adultes qui l’avaient influencés, pour que Cornelia oublie rapidement tout ce qui s’était passé, tout ce qui s’était dit, tout ce qui l’avait blessé toutes ces années. Évidemment, il faudrait du temps pour rattraper quatorze années de critique, d’attaques, de remarques, de moqueries. Il faudrait du temps pour reconstruire ce qui avait été brisé des années plus tôt. La confiance, notamment. Mais, évidemment, Lisa comprend que son meilleur ami voudrait que tout ça aille plus vite, alors qu’il souffre d’être fou amoureux d’elle. Elle comprend bien que le jeune homme voudrait que maintenant tout ça soit de l’histoire ancienne et que sa belle soit prête à se laisser conquérir. Que c’est difficile de récolter tout ce qui a été semé tout ce temps, sans que ça n’ait été vraiment sa faute.

”- Non, c’est pas ta faute.” souffle Lisa en le berçant contre elle. ”Tu sais très bien que tu n’as fait que répéter des mots et des comportements, des attitudes. Tu sais très bien que ce n’était pas vraiment toi qui lui disait toutes ces choses. Pas vraiment toi qui t’en prenait à elle mais ton père à travers toi parce que, pour une raison qui nous échappe toujours, Hardt et lui se détestent. Toi, comme elle, vous n’avez rien à voir avec ça.“ souffle Lisa.

Elle ne le laissera jamais croire qu’il est responsable du mauvais comportement que des adultes lui ont montré, lui ont inculqué et l’ont même forcé à avoir. Elle ne lui permettra jamais de se reprocher ce qui est arrivé avec Cornelia, considérant comment Sachs père avait implanté ce poison dans son esprit toutes ces années, poussant son fils à détester les patineurs et ne surtout jamais s’en approcher sinon pour leur montrer sa supériorité. Il ne pouvait prendre aucun reproche pour lui-même, sinon celui d’avoir été un bon élève. A une exception près. Une exception qui le berce encore contre elle en caressant sa tête.

”- Je sais, je sais…” souffle Lisa comme il s’agite. ”Reste tranquille.” l’enjoint-elle. ”Tu as besoin que j’aille te chercher quelque chose ? Manger ? Boire ?” s’enquit-elle en se redressant déjà, quittant le transat pour disparaître, revenant rapidement avec ce qu’il avait demandé. ”Assieds-toi, laisse-moi faire.” murmure encore la rouquine en s'asseyant derrière lui, ayant récupéré la crème solaire qui fera bien office d’huile. ”On inspire… On expire…” elle souffle. ”Une grande inspiration. Encore. Encore. On tient. Et on relâche.” guide-t-elle en même temps que ses mains commencent à s’activer dans son dos. ”On inspire… on tient… on expire… Et on se détend…”

Oui, il est plus impulsif qu’Andy et c’est peu de le dire mais, malgré ça, Cornelia n’arrive pas à comprendre pourquoi il se mêle de ce qui ne le regarde pas, pourquoi il intervient dans quelque chose qui ne le concerne pas, alors même qu’ils ne faisaient que s’amuser, Andy et elle. C’est justement ce qui l’énerve le plus dans ce qui vient de se passer. Que Sachs se permette ce qu’il ne tolérerait pas qu’il lui soit fait.

”- Justement ! Justement, pourquoi il le fait alors qu’il aurait détesté ça ?” qu’elle s’agace encore.

Oui c’est déroutant, c’est perturbant, elle ne sait plus sur quel pied danser et elle se sent complètement perdue, voilà la vérité. Tout ça n’est pas habituel, ni même normal. Tout ça n’a aucune logique pour elle. Oui, il a dit que cette guerre n’était pas la leur et elle sait que c’est vrai mais… C’est difficile pour elle de passer d’un extrême à l’autre en un claquement de doigt. C’est même inquiétant. Est-ce que c’est seulement possible ? Est-ce qu’elle ne devrait pas se méfier de lui ? Probablement.

”- Alors pourquoi j’me sens comme si c’était lui qui avait eu raison d’intervenir et moi qui déconnais ?”

Des efforts, elle veut bien croire qu’il en fait. Mais qu’il intervienne comme ça entre eux, qu’il croit pouvoir s’immiscer entre eux,  leur dire quoi faire ou comment se comporter l’un avec l’autre… ça non, elle ne peut ni le comprendre, ni l’admettre, ni accepter qu’il le fasse. Tout ça la dépasse. Et elle ne comprend pas que son meilleur ami l’accepte si facilement mais, avec Lisa dans l’équation, elle se doute qu’il met de l’eau dans son vin, évidemment.

Avec Lisa il est différent, elle veut bien le croire mais est-ce qu’ils peuvent vraiment en tirer avantage ? Elle ne sait pas, elle ne sait plus et elle a autre chose en tête dans l’immédiat. Une tête qui va exploser de toutes ces questions qui tournent sans cesse depuis plusieurs jours, plusieurs semaines. D’ailleurs elle renifle encore comme Andy la berce dans l’eau, lui demandant de faire l’effort d’essayer de comprendre, de voir qu’il a changé.

”- J’veux juste… qu’il se mêle pas d’mes affaires comme ça.” Elle renifle de nouveau. ”Qu’est-ce que ça peut lui faire si tu me fou à l’eau ? on fait ça tout l’temps, ça l’regarde pas !”

- Alors pourquoi … Pourquoi on en est là ?

Oui. Pourquoi, c’est vous qui subissez une connerie qui ne concerne que vos pères ? Pourquoi vous devez subir des années après le contrecoup d’une animosité qui ne te concerne pas et que tu ne connais pas ? Pourquoi ? Et pourquoi ton père est autant rancunier ? Quel intérêt aussi de s’en prendre à une fille innocente ? Et son sport ? Rien ne va, rien n’est clair et tu es là, à comprendre tout ça en essayant de gérer tes émotions, tes sentiments. Pour le moment, tu ne peux rien y faire. Ton esprit est embrumé et tu as besoin d’un peu de sucre.

Peut-être pour te calmer aussi, pour avoir le sentiment que tu puisses contrôler quelque chose et avoir un peu de dopamine pour ton cerveau. Tu te mords la lèvre en te redressant doucement.

- J’ai… Je… L’chocolat… Ice-tea… Te plaît...

Que tu demandes à ta meilleure amie qui s’empresse de retourner dans la cuisine pour aller chercher tout ça. Tu te grattes le bras, encore incapable de te retourner, trop peur de croiser le regard de la brunette qui doit encore être dans les bras de Myers. Par ta faute. Tu baisses le regard, te disant que tout ça aurait pu être évité si ton impulsivité n’avait pas fait réagir ton cerveau. Tu jures avoir pris tes médicaments ce matin pourtant. Tu redresses la tête en voyant la boite de biscuit et la bouteille devant ton nez. Tu souris un peu en les prenant, commençant à piquer dans le paquet, mâchant doucement alors que Lisa commence à te masser le dos.

Tu souffles en baissant la tête, inspirant et expirant au rythme qu’elle te demande, te permettant de te calmer doucement. Le sucre, les nœuds qui s’en vont, le stress qui part. Tu ouvres doucement les yeux en soufflant une nouvelle fois. Tu te mords la lèvre alors que tu commences un peu à boire. Tu déglutis et te tournes un peu vers elle.

- Merci...

Que tu dis en la prenant dans tes bras avant de reculer. Tu te mets en tailleur sur le transat, mangeant tes biscuits plus pour le besoin d’avoir un truc à manger que par faim. Tu redresses le yeux, voyant ce qui se passe dans la piscine. Tu serres les dents et demande, instinctivement.

- C’trop tôt pour que j’aille encore m’excuser, tu crois ?

Mais la réponse n’est pas attendue… Tu te doutes bien que oui, c’est trop tôt. Tu regardes un des biscuits, faisant la moue, murmurant pour toi-même, envieux.

- Pourquoi j’suis pas à sa place...

Elle retrouve ses mots, sa force et tu peux reculer un peu pour croiser son regard, gardant quand même tes bras sur ses hanches pour la maintenir contre toi, ses jambes autour de ta taille. Tu souris, alors qu’elle essaye de comprendre ce qui se passe. Bien sûr, elle est intelligente, tu te doutes bien que le secret de Sachs ne tardera pas à se faire connaître. Après, tant qu’il reste entre vous quatre, tout devrait bien se passer à l’école. Karine n’ira pas mettre son nez dedans, les hockeyeurs non plus et le père Sachs encore moins. Puis, tu te doutes aussi que le blond n’ait pas eu le coup de foudre d’un coup, en claquant des doigts. Peut-être que, comme toi, ça s’est nourri au fil des années, se cachant pour éviter les problèmes.

- Il a pas réfléchit. J’suis sûr que c’est ça.

Que tu continues alors qu’elle sous-entend que quelque chose ne va pas chez elle. Tu soupires en l’embrassant sur le front. Trouver rapidement les mots pour qu’elle ne se sente pas coupable va s’avère difficile, mais tu la maîtrises, la petite tête brûlée têtue.

- Parce que tu es trop sensible, p’tit Chat. Tu te sens coupable pour rien. Tu avais raison de le remballer, juste pas aussi fort. J’te connais. Tes mots sont quelques fois un peu violent, mais hey… J’me doute que face à lui c'est pas simple.

Pas simple DU TOUT même. Mais tu y crois. Au moins pour Lisa, qui tient beaucoup à lui. Tu t’en rends bien compte au fur et à mesure. Tu jettes un regard aux concernés d’ailleurs, voyant cette dernière qui masse le dos du gardien. Tu soupires avant de revenir à Corny qui semble s’emballer en reniflant. Tu lèves une main pour lui caresser la tête.

- Hey… Calme… Respire. J’pense surtout qu’il sait pas exactement sur quoi est basé notre relation. Tout comme on ne sait pas grand-chose sur lui et Lisa. Peut-être faut lui apprendre, c’tout. T’sais, j’ai mis un temps à comprendre pourquoi ça marchait entre eux. Faut le même temps pour qu’il comprenne comment nous, on fonctionne. Tu crois pas ?

Pourquoi ils en sont là. Elle pousse un soupir, comprenant parfaitement les interrogations de son meilleur ami, comprenant parfaitement qu'il puisse être perturbé par tout ça. Forcément, c'est lui qui paie les pots cassés. C'est eux qui payent le prix d'une histoire qui ne les concerne pas le moins du monde. Surtout lui, en fait, qui paye, en l'état. Parce qu'il est amoureux. Parce qu'il se confronte à la colère et la rancoeur de la jeune femme.

”- Ça finira par passer.” promet Lisa.

Elle ne peut rien de plus pour le moment, seulement le soutenir. Elle peut seulement être là pour lui mais ne peut pas agir au niveau de Cornelia. Elle ne peut que compter sur Andy, que ce dernier travaille sa meilleure amie pour que petit à petit les choses se calment. Que, petit à petit, elle se montre moins dure et moins méfiante avec Aayden.  

Lisa se lève et revient bientôt avec une boîte de biscuits et l'Ice tea que le jeune homme a demandé, puis elle s'installe derrière lui et commence son massage, cherchant à dénouer les nœuds qu'elle sent, les tensions, tout ce stress accumulé. Il y a longtemps que la jeune femme maîtrise l'art du massage, qui lui permet de canaliser son meilleur ami, qui lui permet d'aider ce dernier à revenir au calme. Elle le guide, contrôle sa respiration, tout en passant ses mains sur son dos, ses épaules, ça doit trouver les points d'ancrage nécessaire à sa détente.

Le jeune homme la remercie, la prenant dans ses bras et elle ne répond rien, se contentant de lui rendre son étreinte, le pressant plus fort contre son cœur, tout contre elle. Il n'a pas besoin de la remercier, ce qu'elle fait est parfaitement normal. Elle l'aime énormément et, être là pour lui, c'est le moins qu'elle puisse faire. C'est ce qu'elle a toujours fait et elle le lui doit bien car il en a toujours fait de même pour elle.

Il pose son regard sur la jeune femme un peu plus loin, dans les bras de son meilleur ami et demande pourquoi il n'est pas à la place d'Andy. Lisa pousse un petit soupir, comprenant qu'il puisse envier le jeune homme comme elle-même peut envier Cornelia d'avoir si facilement accès aux bras d'Andy.

”- Parce qu'il n'est pas toi, lui non plus ?” souffle-t-elle. ”Parce que lui c'est son meilleur ami et… t'as pas envie d'ça toi… ou j'le prendrai mal !” prévient-elle en souriant, essayant de faire un peu d'humour.

Il n'a pas réfléchi, c'est bien ça le problème. Andy pense que c'est ça en tout cas. Que le jeune homme s'est interposé comme ça, sans vraiment réfléchir. Ça n'explique pas tout aux yeux de la jeune femme mais Andy semble penser, lui, que ça explique tout. Cornelia pousse un soupir. Tout ça n'est vraiment pas facile pour elle et peut-être que oui, elle est trop sensible. Trop sur les nerfs, surtout quand ça concerne Sachs. Après tout ce qu'il lui a fait, ce n'est pas anormal. C'est peut-être pour ça qu'elle n'a pas été très douce avec lui, qu'elle l'a durement remballé comme elle l'a fait. Andy remarque que quelquefois, ses mots sont un peu violents. Évidemment, il se doute aussi que face à Aayden ce n'est pas facile pour elle. Mais au moins, il reconnaît qu'elle avait raison de le faire, raison de le remettre à sa place. Qu'elle aurait peut-être seulement dû être un peu plus délicate. La délicatesse, pourtant, ça la connaît. Sur la glace, elle en a besoin et, en général, elle l'est plutôt mais, effectivement, quand il est question de son voisin…

”- J'étais si violente que ça ?”

Elle essuie ses joues. Elle n'a pas eu l'impression d'être particulièrement virulente, mais peut-être que son idée est légèrement déformée. Peut-être qu'elle l'a été plus qu'elle ne le pensait. Mais il faut dire que son intervention l'a tellement pris de cours… elle ne comprend toujours pas vraiment, d'ailleurs, ce que ça a pu lui faire, pourquoi il a éprouvé le besoin d'intervenir. Mais Andy pense que c'est seulement parce qu'il ne sait pas de quoi est faite leur amitié, de la même manière qu'ils ne savent pas pourquoi Lisa et Aayden sont aussi proches l'un de l'autre. C'est vrai. C'est vrai mais elle ne sait pas trop ce que ça change.

”- Je vois quand-même pas trop ce que ça peut lui faire que tu me mettes à l'eau.” souffle la demoiselle. ”Mais disons que c'est ça ouai.” dit-elle en posant sa tête sur son épaule.

Situation qui se dénoue, tension qui s’en vont, émotions qui se calment… Pour le moment la mission est un succès. Tu souris doucement, ravis d’entendre ses mots, de savoir qu’elle réussi à dire ce qu’elle ressent, sachant très bien que c’est compliqué quelques fois. Elle garde beaucoup en elle, se voulant forte, déterminée, mais tout comme toi, il y a encore cette légère part d’enfance qui tente de survivre face à ce monde d’adulte qui vous entoure lentement, qui vous amène à votre futur. Et là, cette fois, cette bulle de défense qu’elle avait créer s’était déchirée. Tout a volé en éclat et c’était ton job de recoller les morceaux.

Tu avais fait ça bien, comme toujours. Doucement, lentement, avec patience et calme. Ce n’est pas la première fois que tu dois la récupérer à la petite cuillère comme ça. Surtout quand il s’agit d’un gardien un peu trop colérique. Elle souffle un peu, mais tu sais que c’est signe qu’elle s’est calmée et que tu peux négocier si jamais. Ou au moins t’éloigner assez pour qu’elle ne repique pas la crise du siècle. Sa tête sur les épaules, tu continues ta balade aquatique en la berçant doucement.

- Tu sais, p’tit Chat… La sensibilité des gens varient. Ce que tu peux dire peut vexé quelqu’un et faire rire un autre. Peut-être que là oui. Peut-être qu’une autre fois non. Mais hey… C’est fait, c’est fait. C’pas grave. J’suis sûr qu’il oubliera.

Que tu lui dit avant de te rapprocher du bord avant de pouffer doucement. Tu la soulèves pour la poser sur les dalles et lui frotte les bras avant de lui embrasser le front. Tu lui poke un peu le nez en souriant avant de reculer pour te remettre à nager sur le dos.

- Prend le soleil va, t’es toute tristounette là. Et mange. M’fait pas le coup de hypoglycémie à cause de ton régime. Deal ? Sinon j’te nourris moi-même.

Que tu dis avant de siffler à l’intention du duo plus loin, leur faisant signe de venir profiter de l’eau aussi avant de finir cette mâtiné un peu bancale.

- Ça finira par passer.

Oui… Ça passe toujours d’une certaine manière. Pas celle que tu veux, mais oui. Tu le sais aussi bien qu’elle. Pourtant, ça te bloque, ça te bouffe et ça t’empêche réellement de profiter, d’être heureux. Tu es là, en retrait, à envieux un homme qui peut la prendre dans ses bras et la faire sourire. Alors que tu sais au fond de toi que tu n’as rien à craindre de lui. Tu sais que ses pensées sont tournées ailleurs, sur la rouquine qui essaye de te remonter le moral, mais qu’elle est assez aveugle pour croire l’inverse. Tu rigoles nerveusement avant de hausser les épaules.

- Si elle me voyait en ami, plutôt d’ennemis, ce serait déjà bien..

Que tu souffles en croquant mollement dans un biscuit. Tu fronces les sourcils doucement en voyant les signes d’Andrew et bascules la tête sur le côté. Tu vois aussi la petite patineuse sur le bord, qu’il avait sûrement reposé-là. Comme un enfant qui doit attendre un peu avant de revenir à l’eau. Tu serres les dents et regardes Lisa en souriant doucement.

- Vas-y… Va l’rejoindre… J’arrive...

Tapotant tes mains pour faire partir les dernières miettes qui te collaient aux doigts, tu allies paroles et gestes. Tu te lèves doucement, prenant une profonde inspiration et avance, peu serein. Chaque pas te rapprochant d’elle, chaque battement de cœur qui s’accélère et chaque inspiration qui te rappelle de ne pas paniquer après ta bourde, plus ou moins prêt à recevoir une nouvelle vague de colère de sa part. Tu déglutis et te poses à ses côtés, plus ou moins assez loin pour ne pas l’effrayer. Les pieds dans l’eau, se baladant, tapant du talon contre le carrelage de la piscine, tu es là, triturant tes doigts en silence. Tu soupires un peu et murmures.

- J’suis désolé… J’voulais pas en arriver là...

Non… Tu ne voulais pas. Le reste des mots ne sortent pas.  Du moins pas ceux que tu voulais, mais tu espères que ça suffira.

- J’recommencerais plus… Promis...

*J’m’en veux… Pardonne-moi… pour tout...*

”- Tu sais… Une amitié, ça se construit.” elle esquisse un sourire. ”Tout le monde ne peut pas entrer dans la vie de quelqu’un par une chute sur les fesses !” elle pouffe.

Encore moins à leurs âges, c’est certain. Ces choses-là ça prend du temps, surtout parce que tous les deux, ils partent de loin. Il y a un passif entre eux, que Cornelia doit d’abord oublier, pardonner, pour qu’ils puissent aller de l’avant, passer à autre chose. Il faut d’abord que la demoiselle s’apaise pour qu’Aayden puisse espérer mieux que les reproches et la rancœur. Naturellement, Lisa espère que cela ne prendra pas non plus des années avant que la jeune femme accepte de voir la réalité en face. Elle sait, bien sûr, qu’il est possible aussi que les dégâts causés toutes ces années soient irréparables. Mais elle préfère ne pas y penser, comme si cela pouvait empêcher à cette éventualité de devenir réalité. Elle imagine que si tel avait été le cas, Andy le lui aurait immédiatement dit, qu’il n’aurait pas laissé l’espoir traîner.

Elle jette un regard par-dessus son épaule lorsque Aayden lui propose d’aller rejoindre Andy, pour apercevoir ce dernier nager sur le dos. L’image lui tire un sourire. Non seulement parce que ça veut sans doute dire que Cornelia se sent mieux mais aussi parce que.. Hé bien… La vérité, c’est qu’elle aime le voir, le regarder et que cette seule vision a déjà fait s’emballer son cœur. Ce petit sourire, cette tête… ce corps… Elle ferme les yeux et détourne la tête doucement, prenant une grande inspiration.

”- Pourquoi j’le veux autant ?” qu’elle souffle tant pour son meilleur ami que pour elle-même, reportant son regard sur ce dernier. ”Tu vas t’excuser d’abord ?” suppose-t-elle avant de se redresser comme il lui accorde une réponse positive.

Quittant le transat, elle approche de la piscine, entrant dans l’eau doucement par les marches, nageant jusqu’au jeune homme avant de plaquer ses mains sur les épaules de ce dernier et appuyer, délicatement malgré tout, pour l’enfoncer sous la surface en riant. Évidemment, et malgré le fait qu’Aayden ne soit pas très loin, la riposte est immédiate, l’adolescent l’attrapant à son tour pour l’entraîner dans l’onde avec lui, s’immergeant quelques secondes face à face avant qu’ils ne remontent en riant, les lacets du maillot de Lisa flottant de part et d’autre sans qu’elle ne s’en rende tout de suite compte, dévoilant plus qu’elle n’en devrait. Plus qu’elle n’en voudrait surtout, dans ces circonstances.

Elle pousse un soupir. Elle ne s’est pas rendu compte qu'elle était à ce point violente dans ses mots, pour envoyer chier Sachs mais il faut dire que face à lui, être calme et mesurée n’est pas toujours évident, même s’il tend à faire des efforts. Elle n’oublie pas tout ce qu’il lui a fait subir toutes ces années et même s’il prétend que la guerre de leurs parents ne les concerne pas, même s’il essaie de se montrer gentil, oublier tout ce qui s’est passé pendant toutes ces années n’est pas si simple. Les choses qu’il a faites, les choses qu’il a dites… Tout ça c’était lui qui les avait perpétré, c’était son visage qu’elle revoyait les dire, les faire, et tourner la page sur tout ça n’est pas si simple.

”- Et comment je sais à quel moment ça va blesser et à quel moment non ?”

Du coup elle ne sait pas, elle ne sait plus. Comment était-elle censée dire ce qu’elle avait eu à lui dire ? Comment était-elle supposée lui demander de se mêler de ses affaires ? Elle n’avait pas eu l’impression d’être particulièrement violente dans son propos mais il semblait que lui l’avait pris comme tel et qu’Andy était d’accord avec ça, tout en étant d’accord avec elle. Drôle d'imbroglio. Elle avait seulement eu la même impulsivité que lui, finalement. Non ?

Andy la rapprochant du bord de l’eau, elle se laisse hisser sur la margelle qui la borde et hoche la tête comme il lui recommande de prendre un peu le soleil, comme elle a l’air “tristounette”, une manière comme une autre de lui faire savoir qu’elle a le teint pâle. En soit, ce n’est pas très étonnant. Du peu qu’elle en sait, ses origines seraient des pays de l’est européens, des contrées lointaines qu’elle n’a jamais vu et ne verra jamais. Elle ne sait comment ses géniteurs sont parvenus jusqu’ici et lui ont donné la vie en ces terres américaines. De ces racines, elle ignore bien des choses, en vérité.

”- T’inquiètes pas.” elle souffle. ”J’voudrais pas interrompre encore ton date avec Lisa.” demi sourire à son attention, laissant l’homme repartir nager.

Elle pousse un soupir et un mouvement attire son attention quelques secondes plus tard alors que Lisa quitte le transat, se dirigeant vers les escaliers de la piscine. Cornelia suit son mouvement, la regardant se rapprocher d’Andy, étirant sa lèvre légèrement sur la droite en les observant. Est-ce que son grand dadais de meilleur ami allait finir par se rendre compte que Lisa le dévorait des yeux chaque fois qu’elle en avait l’occasion ? Maintenant qu’elle-même en avait connaissance, ça lui semblait évident.

Une voix l’interpelle et elle tourne la tête, remarquant alors Sachs qui a pris place de l’autre côté, les pieds dans l’eau tapant contre le carrelage de la piscine, s’excusant pour l’attitude qu’il avait eu quelques minutes plus tôt. Cornelia se pince les lèvres, reportant son regard sur l’eau claire. La dernière chose dont elle a envie, ou besoin, c’est de voir Sachs quasiment à poil.

”- J’espère…”

Il suffit de jeter un coup d’œil pour voir que ton appel a eu l’effet escompté. Lisa et Aayden viennent vers vous, le gardien se posant aux côtés de ta meilleure amie, et la rouquine venant dans l’eau pour te rejoindre. Tu te plonges un peu dans l’eau, ne gardant que ton nez et yeux en surface, surtout pour cacher tes rougeurs plus qu’autre chose et la laisse approcher de toi. Tu la laisses faire, voulant voir ce qu’elle comptait faire, gardant un œil tout de même sur ton amie. Mais c’est ce qui causera ta perte, tu ne le sais pas encore.

Trop occupé à regarder les deux au bord, tu n’avais pas fait attention à ce qui se passait derrière toi. Tu écarquilles les yeux en sentant les mains sur tes épaules avant de finir par couler, le poids de la patineuse par-dessus. Tu grimaces et t’appuies sur le fond pour remonter et tu te retournes en souriant.

- Tu veux la jouer comme ça ?

Que tu dis, avant de coincer ta langue entre tes lèvres, en train de réfléchir à comment bien l’attaquer pour lui rendre la pareille. Sans lui faire du mal non plus, juste la plonger à ton tour. Tu t’approches, l’attrapant par les hanches pour la renverser à ton tour dans l’eau. Tu ne te rends pas de suite compte de ton erreur, déjà parce que tu remontes rapidement, frottant ton visage pour retirer l’eau et pouffe.

- Tu en redemandes ?

Que tu oses avant de réaliser ce qui se passe devant toi. Tu écarquilles les yeux et te tournes rapidement pour être dos à la demoiselle. Du quatuor présent, tu es celui qui doit être le moins légitime d’avoir vu ce que tu as vu. Tu déglutis et rougis.

- Heu… T’as… ton … haut qui…

Tu redresses la tête, priant pour que Sachs n’ait pas vu le désastre et file sous l’eau pour aller dans le dos de la rouquine, essayant de retrouver les ficelles. Tu essayes de l’aider comme tu peux, réalisant le bordel que c’était.

- Oh me… Comment ça se rattache...

Tu as au moins le droit à une réponse. Pas très chaleureuse, attendue, mais une réponse quand même. Tu souris un peu, relevant la tête pour la regarder. Tu avais au moins cette chance d’être assez près pour lui parler un peu. Tu l’observes plus ou moins discrètement, de la tête au pied, n’ayant jamais eu l’occasion de le faire d’aussi prêt. Tu baisses quand même la tête, pour éviter qu’on ne te prenne pour un fou plus que tu ne l’étais. Pourtant, tu la trouvais mignonne dans son petit maillot deux pièces jaunes, mais sûrement une très mauvaise idée actuellement de lui faire entendre.

Tu te redresses alors, prenant une grande inspiration et t’apprêtes à sortir quelque chose de bateau pour continuer la conversation avant de voir ce qui se passe dans la piscine. Tu écarquilles les yeux en voyant Lisa qui… A perdu le haut et voit bien qu’Andrew aussi a vu, se tournant vers vous en panique. Tu vois à quel point il est rouge d’embarras. Pas que tu t’en fous, mais pour toi, tu avais déjà vu Lisa ainsi et ça n’a jamais été un problème. Tu grimaces et fais signe de l’aider avec son haut, mimant l’endroit où il faut nouer le nœud et te facepalm un peu devant la lenteur de Myers. Tu soupires.

- Oh merde… Évidemment….

Tu attends de voir si les deux canards ont besoin de ton aide, mais tout va bien. Tu vas pouvoir éviter d’aller à l’eau encore un peu. Tu secoues la tête et regardes Cornelia. Si tu as vu, elle a vu aussi, il y a des chances. Tu baisses le regard, secouant la tête en soupirant. Tu ne veux même pas imaginer la tempête dans la tête de ta meilleure amie à ce moment-là.

- Il s’est passé quoi pour en arriver là ?

Tu grimaces et décides de glisser doucement dans l’eau, l’esprit peu serein, et ça se voit sûrement dans ton regard, celui d’un enfant apeuré qui peut remonter à la surface à chaque seconde.

Comme il demande si elle en veut encore, ou si elle a eu son compte, Lisa rit. Oui, elle en veut encore. Et il peut même faire ça toute la journée s'il le veut, elle n'est pas sûre qu'elle pourrait se lasser de sentir les mains de l'homme sur ses hanches, l'entraînant sous l'eau, même si elle est sûre que la journée leur réserve bien d'autres plaisirs. Enfin, si leurs meilleurs amis ne recommencent pas à essayer de s'entretuer, bien sûr. Un regard dans leur direction lui confirme que ça semble aller pour eux. Mais c'est Andy qui est devenu livide et qui bégaye. Son haut de maillot. Lisa le regarde, surprise, avant de baisser le regard sur son buste et pâlir à son tour. Oh bon sang. Elle plaque ses mains sur sa poitrine, comme si elle avait encore quelque chose à cacher, maintenant qu'Andy a vu. Ce n'est pas comme si Aayden ne les avait jamais vu, puisqu'il est arrivé qu'il l'aide à se changer après une soirée ou une compétition, quand elle était trop fatigué et se serait couchée maquillée et tout habillée si elle s'était écoutée. Quand à Cornelia, elle sait ce que c'est, ce n'est pas comme si elles n'avaient jamais eu à se changer dans les même vestiaires, en plus, pendant leur adolescence. Quand à Andy... Elle secoue la tête.

"- C'est... C'est rien." qu'elle souffle malgré tout.

Ce n'est rien d'autre qu'une poitrine après tout et pas la plus développée qui soit, essaie-t-elle de se dire, comme si ça allait rendre la situation moins gênante. Mais ce n'est même pas vraiment ça qui compte dans sa tête. C'est le fait que ce soit arrivé devant lui. Que... Oh bon sang. Elle ferme les yeux tandis qu'il vient dans son dos, essayant de se dépêtrer avec le maillot pour le renouer. Apparemment, ce n'est pas un franc succès mais Lisa, occupée à plaquer le tissus sur sa peau ne peut guère l'aider après que les fils soient passés sur ses épaules, sinon en le guidant.

"- Il.... Il faut lacer, comme tout à l'heure..."

Sauf que tout à l'heure, il avait passé de la crème dans son dos, il n'avait pas fait coucou du regard et malgré lui à sa plastique. Tout à l'heure, d'un coup, ça semblait beaucoup moins gênant.

Dans la piscine, des éclats de voix attirent leur attention et si au début ce n'est qu'Andy et Lisa qui s'ébattent joyeusement en éclaboussant tout autour d'eux, assez rapidement la situation dérape, laissant Lisa sans son haut de maillot de bain, qui flotte à la surface autour d'elle, maintenu en place uniquement par le bas. Forcément, Andy a les joues cramoisies par cet accident et Lisa semble gênée. Elle suppose qu'elle le serait tout autant, surtout si ça lui arrivait devant son crush, bien que pour cela il faudrait déjà avoir un crush. A cela, évidemment, s'ajouterait un sentiment plus perfide que la gêne, la honte. La honte de son propre corps, la honte de ce buste qui lui sert de poitrine et qui n'a pas daigné se développer comme celui "d'une vraie femme". Elle le sait d'autant plus que l'homme assit à ses côtés sur la margelle de la piscine l'a un jour traité de planche à pain, même si elle sait que son discours envers elle n'a toujours été qu'emplie de haine et qu'elle ne devrait pas y faire attention, en détruisant sa confiance en elle au passage.

Elle fait de grands gestes, comme Aayden, essayant d'aider Andy de là où ils sont pour qu'il puisse remettre ce maillot correctement. De toute évidence, ça n'est pas une mince affaire. Il faut dire que le laçage dans le dos est plutôt conséquent et qu'il y a pas mal de petites encoches dans lesquelles il doit faire passer le fil pour maintenir le tout en place, en espérant que cette fois, bien sûr, cela tienne vraiment pour toute la baignade.

Il se glisse dans l'eau, soucieux sûrement d'aller les aider et Cornelia se détourne, pensant à mettre un peu de crème solaire avant de les rejoindre. Elle n'en a pas le temps qu'en approchant des transats elle pousse un petit cri de douleur et commence à sautiller sur place comme quelque chose, elle ne sait quoi mais une abeille probablement, vient de la piquer sur la jambe. Les larmes, déjà, inondent ses yeux. Existe-t-il pire insecte que les abeilles et les guêpes ? Sûrement, mais ce n'est pas pour autant que la jeune femme les aime davantage.

Oh, comme c’était plus que gênant là. Te voilà à te dépatouiller à remettre le haut de maillot de la rouquine sans comprendre comment ce truc tenait de base. Tu grimaces, ne sachant pas s’il s’est défait par ta faute ou non, et devant Sachs en plus. Tu essayes de ne pas paniquer, alors que tu essayes de remettre comme les faut le cordage, voyant bien les gestes que ta meilleure amie et le blond tentent de faire pour t’aider. Tu rougis doucement alors que tu te mords la langue pour te concentrer. Tu baisses le regard pour mieux observer ce que tu et secoues la tête.

- Ouais attends… Je… AH ! J’ai trouvé l’trou !

Que tu dis, fier de toi en réussissant à lacer le tout pour arriver à son cou. Peau que tu effleures des doigts sans le vouloir alors que tu essayes de tout attacher. Tu lèves un pouce en direction des deux restés au.. Ah bah non, Sachs est finalement dans l’eau en train d’approcher pour voir si tu avais bien réussi. Mine de rien, cela aurait peut-être moins gênant si c’était lui qui était à ta place, mais bon. Tu es quand même fier de toi après avoir compris ce système de maillot diabolique et sourit.

- C’est quand même pas hyper pratique. Plus simple à retirer qu’à… Hein ?

Que tu demandes, ne pouvant finir ta phrase, surpris par le cri de la patineuse en train de sautiller sur elle-même comme si le sol venait de lui brûler la plante de pied. Tu ne comprends pas ce qui se passe, la voyant au loin près des transats. Tu as un moment de bug, avant de croiser le regard de Sachs, comme s’il attendait ton approbation. Tu sais que dans l’eau, tu seras incapable pour le moment de courir à la rescousse de la demoiselle et que lui, il suffit de sortir sur le bord pour l’atteindre. Tu fais signe.

- Je.. vas y !

Que tu dis avant de garder tes mains sur les épaules de Lisa, observant la scène de loin. Tu souffles un peu, oubliant presque le petit incident du maillot.

- On va prier qu’ils s’entre-tuent pas hein ? Et qu’elle voit qu’il fait de son mieux.

Tu essayes de t’avancer vers le duo, voulant vérifier que tout est mis normalement, alors que l’eau est déjà au niveau de ton ventre. Tu passes au-delà de ta peur, voulant aider au mieux ta meilleure amie. Mais tu n’as pas le temps de t’habituer à la différence de température entre l’extérieur et l’eau qu’un cri te fait redresser la tête d’un coup. Tu n’as pas le temps de passer outre tes angoisses. Tu te retournes, inquiet, le cœur qui déconne, ayant reconnu la voix de ta voisine.

- Nelly ?!

Que tu demandes, par réflexe. Faut vraiment que tu réapprennes à l’appeler normalement avant de te faire choper. Mais là, ce n'est pas le moment d’y penser. Tu te rapproches du bord pour comprendre ce qui se passe et voit bien que la jeune adolescente est en train de faire une danse de la samba pas endiablée du tout. Tu écarquilles les yeux avant de te tourner vers Andrew. Mais ce dernier te fait signe d’y aller toi, étant trop loin pour sortir de la piscine à temps. Tu serres les dents sachant que c’était pour ta pomme.

- Merde…

Que tu dis assez fort pour que la brune entende alors que tu te maintiens sur le bord de la piscine pour en sortir rapidement. Le sport aide hein ? Te voilà déjà dehors, courant presque près d’elle pour voir de quoi il est question. Sans réfléchir, tu t’accroupis, regardant sa jambe sans la toucher et fronce les sourcils. Tu regardes autour de toi, voyant une guêpe qui vous tourne autour, l’air agressif. Ni une, ni deux, tu prends ton livre pour tuer l’insecte et aide la patineuse à se poser.

- Bouge pas ! J’vais chercher un truc.

Que tu dis avant de courir en vitesse rejoindre la cuisine, essayant de ne pas glisser sur le carrelage faux marbre. Tu cherches rapidement un oignon que tu coupes avec le couteau de cuisine et repars vers la piscine pour apposer le côté coupé du bulbe sur sa piqûre.

- Voilà. Ok, ça pue, mais dans cinq minutes t’auras plus rien.

Que tu justifies, comme si ce n’était pas la première fois que tu faisais cela. Tu reprends ton souffle doucement, te plaçant en tailleur face à elle, concentré à maintenir la pression nécessaire pour que sa douleur s’en aille.