Elle entre dans la voiture, le salut, claque un bisous sur sa joue et balance son sac sur la banquette arrière rapidement afin de s'attacher pendant qu'il prend précautionneusement la route. Elle a envie d'entrer de suite dans le vif du sujet, ressentant le besoin de se décharger de ça, de vider son sac, mais elle ne le fait pas, s'inquiétant d'abord de savoir s'il a des nouvelles de Lisa, avec laquelle elle suppose qu'il parle régulièrement et peut-être même tous les jours. Et ça ne loupe pas. Un grand sourire aux lèvres, un peu béat, l'homme sans confirmer que c'est bien le cas avoue avoir des nouvelles de la blondinette et de ses vacances de rêve qui n'en sont pas vraiment, mais qui en revêtent l'apparence. Cornelia hoche la tête.

"- J'me disais bien que tu avais des cernes jusqu'à tes pieds..." souffle la demoiselle en riant, avant de lui accorder un sourire en coin. "Ouai, je veux bien croire que les paysages paradisiaques ça fasse envie mais... ouai, non, je ne suis pas sûre que ce soit vraiment ça qui te fasses... envie." qu'elle souffle avant de rire légèrement. "Elle rentre quand ? Ne me dit pas que tu compte les jours..."

En réalité, elle est presque sûre qu'il le fait. Et elle s'en veut encore de ne pas avoir compris ça toute seule, de ne pas l'avoir remarqué. Maintenant qu'elle sait que Lisa plait à Andy, maintenant qu'elle sait que son meilleur ami a des vues sur elle, elle remarque tout ce qu'elle n'a pas vu auparavant, tout ce à quoi elle n'a pas fait attention. Du léger sourire que forment ses lèvres quand il parle d'elle à l'éclat particulier de ses yeux quand le nom de la demoiselle est prononcé. Ouai. Elle ne sait pas comment elle a fait pour passer autant à côté de ça. Peut-être... Peut-être parce que ça fait trop longtemps. Qu'elle s'est habituée. Qu'elle a considéré tout ça comme étant de la normalité. Après tout, ça fait cinq ans. Y'a cinq ans, elle savait si peu de choses de l'amour que... Non, elle n'avait pas compris.

"- A ça d'aller la chercher à l'aéroport dis-donc." murmure-t-elle avec un petit sourire. "Non !?" se reprend-elle en sursautant presque et lui jetant un regard, avant de s'affaisser de nouveau sur son siège. Il compte vraiment le faire ? Peut-être. Enfin, elle imagine que Lisa étant avec sa mère, il n'osera pas forcément mais que si elle était seule... Elle souffle et son sourire s'élargit. "j'suis sûre que t'as imaginé cinquante fois la rejoindre..."

Ton amie rigole doucement, faisant quelques allusions tacites que tu comprends quand tu parles des photos reçues des Fidji. Tu parles des paysages, évidemment, mais elle, elle parle d’autre chose et s’en amuse doucement. Tu te pinces les lèvres et hoches la tête en conduisant, voyant parfaitement où elle voulait en venir avec tout ça.

- Ouais alors. J’suis chanceux, elle m’envoie pas trop de selfies que je pourrais garder jalousement dans un coin de mon téléphone.

Que tu dis en pouffant, en simple réponse. Tu soupires doucement, surtout parce que oui, tu as hâte qu’elle rentre, la rouquine. Tu as hâte de la retrouver, profiter de lui faire des câlins comme un ami à défaut de plus, lui parler à la patinoire, profiter de l’entraînement pour l’observer sans t’arrêter. Tu te grattes la tempe avant de te garer près du parc où vous avez décidé d’aller courir.

- M’en parle pas… J’ai vraiment hâte qu’elle rentre, mais ce serait égoïste de lui dire. Elle a l’air de bien s’amuser.

Tu souris un peu, pensif. Oui, tu comptais les jours depuis son départ, mais tu ne voulais pas passer pour un fou. Après tout, tu passais déjà quelques fois la moitié de ta nuit à lui parler par message pour avoir de ses nouvelles. Tu as ces petites étoiles dans le regard quand tu y repenses. Tu t’étires un peu avant d’attraper ton sac à l’arrière et secoues la tête.

- Ne dis pas d’connerie… Et oui, j’y ai pensé figure toi… Mais…. Je sais pas. Il y a sa mère et tout, j'ai pas envie que ça fasse bizarre… M’enfin.

Que tu rajoutes avant de sortir. Au moins, il faisait beau, il y avait un petit vent agréable et peu de monde. Une bonne chose, vous allez pouvoir faire une séance d’entraînement qui soit à la fois utile physiquement et qui puisse servir de confessionnal. En parlant de cela… Tu réajustes tes lacets de baskets et regardes ton amie.

- Tu veux qu’on fasse un tour avant ou tu me dis ce qui te tracasse vraiment en courant ?

Ouai, elle est sûre que ce n'est pas les paysages qui intéressent le plus Andy dans les échanges qu'il a avec Lisa mais bien la demoiselle et il le lui confirme à demi-mot quand il dit qu'elle n'envoie pas trop de selfies, mais qu'il garderait ces derniers précieusement dans un coin de son téléphone si ça arrivait. Ouai, elle voit bien le genre et ça ne manque pas de la faire rire. Elle a un petit jeu de sourcil en le regardant.

”- Ouai… tu m'étonnes que tu garderais les petites photos en maillot de bain au bord de l'eau. J'espère que t'es pas trop déçu qu'elle n'en envoie pas ! C'est pour épargner tes yeux, je pense…” souffle la demoiselle avec un petir rire. ”T'as qu'à lui envoyer un petit selfie sportif, qui sait. Autant devant ton corps en sueur elle voudra tenir la comparaison…” dit-elle en riant. ”Et hop, plus qu'à enregistrer soigneusement le cliché.”

Cornelia le chambre, évidemment. Comment ne pas le faire ? C'est trop tentant et puis… son meilleur ami est plutôt bon public dans le genre. Elle sait qu'il en ferait tout autant si, bien sûr, elle avait un petit faible pour quelqu'un mais… elle n'est pas sûre de savoir ce que c'est, elle, que d'avoir un petit faible pour qui que ce soit. Ce n'est jamais arrivé. Pas pour l'instant, en tout cas. Elle ne sait pas ce que c'est que de manquer de la personne que l'on aime et de compter les jours jusqu'aux retrouvailles parce qu'elle n'a jamais vécu ce genre de séparation. Elle ne sait pas ce que c'est de désirer si fort que quelqu'un revienne.

”- Ouai… T'es pas obligé de lui dire. Mais ça t'empêche pas de le penser.” remarque la brune. ”Encore heureux qu'elle s'amuse !”

Elle lui jette un regard comme elle se demande s'il irait la chercher à l'aéroport, quand elle rentrera. Elle est sûre qu'il en crève d'envie et qu'il l'a imaginé plusieurs fois. Et même s'il lui dit de ne pas dire de conneries,  l'homme confirme que oui, il y a pensé, mais n'est pas sûr de le faire, de se l'autoriser. Parce que même s'il brûle d'envie de la revoir au plus vite, il sait qu'il y aura sa mère et… il a peur que ce soit bizarre.. Cornelia peut comprendre.

”- Après… tu es son ami… donc… Tu pourrais y aller en ami, tu sais. Juste… comme ça.” souffle la brune.

Elle attrape son sac sur le siège arrière et sort de la voiture comme ils sont arrivés devant le parc. Le temps est idéal et la fréquentation n'a pas l'air trop importante. C'est parfait. Elle est prête à faire un bon running. Mais son meilleur ami entre dans le vif du sujet, d'un coup, et elle se rembrunit un peu. C'est vrai qu'elle devait lui parler de choses importantes et moins triviales que l'intérêt de l'adolescent pour Lisa.

”- On va… on va faire un tour, d'abord.” dit-elle en s'avançant en direction du parc, le visage soudain fermé.

Elle en a des idées derrière la tête la petite en vrai. Beaucoup diront qu’elle est l’innocence incarnée, la délicatesse à son paroxysme. Toi, tu connais une fille déterminée, qui ne manque pas de piquant dans ses paroles et d’humour un peu étrange. Mais peut-être qu’elle est comme ça avec toi parce qu’elle sait qu’elle peut s’exprimer sans crainte, aussi. Le fait est qu’elle appuie sur un point sensible en parlant des photos, un scénario qui pourrait se produire si tu n’étais pas aussi prévoyant et respectueux. Tu bugs alors en l’écoutant, clignant des yeux rapidement en te tournant vers elle et pouffes en secouant la tête en rigolant un peu.

- Ne m'donne pas de mauvaise idée.

Que tu souffles un peu quand elle te dit pour le selfie. Tu souris et te mords la lèvre, essayant d’imaginer ce que pourrait être sa réaction si, en effet, ce matin, tu te décidais à envoyer un selfie à la rouquine. Mais non. Puis, tu sais aussi que ton amie te chambre un peu, te pousses dans tes retranchements pour oser parler à la demoiselle, depuis qu’elle le sait. Cela t’allège certes d’un poids, mais… Tu sais que la priorité de l’adolescente pour le moment, c’est de s’occuper de Sachs. Tu soupires alors avant que la discussion sur le retour de Lisa se fait. Tu te masses la nuque.

- J’vais y réfléchir pour la chercher à l’aéroport… Si ça se prouve, après Sachs y aura penser avant.

Que tu clames avant d’essayer d’entrer dans le vif du sujet, de tirer les vers du nez à la brune. Mais non. Elle se ferme d’un coup, le regard sombre et avance vers le parc en te demandant d’entamer la course d’abord. Tu tiques, fronces les sourcils et te demandes bien quand est-ce que la dernière fois, tu l’avais vu ainsi.

- Comme tu veux.

Que tu réponds alors, sachant très bien que cette dernière pourrait se renfermer encore plus si tu insistais. Alors tu mets ton sac sur les épaules et attends son top pour commencer à trottiner en suivant son rythme. Vous passez pour un couple de jeunes joggeurs aux yeux des gens et tu t’en fiches bien. Tu salues un peu ceux que vous croisez, par politesse. Tu vois des couples, des plus âgés, des plus jeune. Une vieille dame qui nourrit des pigeons, des yogistes dans un coin. C’est animé, mais sans plus. Tu te concentres sur le trajet, côte à côté avec ton amie. Elle accélère, un peu. Tu grimaces, voyant bien qu’elle désire plus se défouler que s’entraîner. Tu suis le rythme et attends qu’elle termine pour ralentir, approcher d’un banc et lui tendre sa bouteille d’eau.

- Mieux ?

Que tu demandes après un temps de silence.

"- Où tu vois une mauvaise idée ? Toutes les filles aiment recevoir des photos de beaux mecs musclés..." réplique la jeune femme en riant et haussant les épaules. "Et puis vous avez l'avantage que vous pouvez le faire innocemment en mode "Ohlala je viens juste de sortir de séance". Alors que nous, pour exhiber nos abdos hein..."

Clairement, c'est plus simple pour les mecs. Elles, à moins de porter des brassières... Enfin, bref. Le fait est qu'Andy pourrait le faire et que ça pourrait passer pour quelque chose de normal.

"- Elle t'envoie des photos d'ses vacances. Tu peux lui répondre par un selfie fin de course lancé innocemment en mode "ahahah le paysage n'est pas le même." J'suis sûre que ça passe crème."

Ouai, ça passerait. Juste à plaider la spontanéité et... Cornelia ne pense pas que Lisa serait du genre à s'offenser pour ça. Pas de la part d'Andy, parce que ce type est juste la générosité, la bonne humeur, la gentillesse incarnée. Qu'il est une personne de solaire, dont on irait pas supposer que cette action était préméditée. Et, dans les faits, puisque c'est Cornelia qui en parle... On pouvait dire que l'esprit du brun restait innocent.

"- Si tu veux on l'fait ensemble ce selfie, à l'arrivée. J'te servirais d'Alibi..."

De mauvaises idées, elle ? Mais non, voyons. Elle ne voit vraiment pas de quoi il veut parler. Et la discussion s'oriente sur le retour en ville de la patineuse, Cornelia supposant qu'il aimerait bien aller la rejoindre à l'aéroport ce jour-là, quoi qu'il ne se l'autorisera peut-être pas. La peur que ça soit bizarre et... la peur que Sachs soit là. Ouai. Elle pousse un soupir. C'est vrai qu'ils auront peut-être prévu de se retrouver dès le retour de Lisa, elle ne sait pas. Ils sont toujours fourrés ensemble, après tout.

Et en parlant de Sachs... Elle sait qu'elle doit parler. Ils sont là pour ça. C'est précisément pour parler de ce qu'elle a vu la nuit dernière qu'elle avait besoin de voir son meilleur ami ce matin, urgemment, de courir avec lui pour évacuer tout ce merdier. Mais elle n'est pas prête à se lancer dans cette discussion tout de suite, alors elle accepte de faire un tour de chauffe, d'abord. Courir silencieusement dans un premier temps lui permet d'évacuer un peu, de rassembler ses pensées, de les organiser. C'est un premier travail avant de libérer sa parole, ce qu'elle fait quand elle s'assoit sur un banc, attrapant la bouteille d'eau qu'il lui tend en le remerciant.

"- J'ai vu Sachs cette nuit. Il a fait le mur. Quand il est rentré, son père est rentré un peu plus tard, je ne sais pas pourquoi. A peine quelques secondes plus tard il est entrée dans la chambre de Sachs et... Et..."

Tu gardes l’idée de selfie pour plus tard, elle était prête à t’aider. Pour l’aéroport, ce serait autre une autre histoire. Tu attendras de voir. Tu enverras peut-être un message à Sachs dans l’après-midi pour savoir comment allait se dérouler l’organisation. Il doit bien être au courant, lui. Tu parierais un kébab qu’il savait en avance le programme de toute façon. Il n’avait pas réagi au McDo quand elle en avait parlé, donc il devait déjà le savoir. Ou alors, il était trop occupé à mater ta meilleure amie pour écouter la conversation. Qu’importe. Ce n’est pas le moment d’y penser.

Vous allez enfin entrer dans le vif du sujet. Tu t’étires un peu en approchant pour mieux l’entendre. Tu fronces un peu les sourcils à mesure que l’histoire se dévoile. Déjà, Sachs, qui fait le mur... Bon ok… Possible. Mais pour aller où ? Tu ne vois pas d’endroit où il pourrait aller. Et pourquoi revenir plus tard alors ? Et le père n'était pas censé être encore en dehors de New-York ? Tu passes une main sur ton visage, confus. Tu lèves un sourcil quand elle ne finit pas sa phrase et te poses à ses côtés.

- Et quoi ?

Tu réfléchis un peu. Du peu que tu savais déjà, de la part de Lisa, il pouvait être incroyablement con cet homme. Violent aussi ? Tu fronces les sourcils et croises le regard de ta meilleure amie.

- Il ne l’aurait quand même pas…

Comment ce serait possible aussi ? Sachs junior est bien le genre d’ado qui sait se défendre, qui sait utiliser ses poings ou autres objets pour frapper. Rien qu’à voir le sport qu’il fait. Tu ne comprends pas alors comment il pourrait se laisser frapper. Tu écarquilles les yeux et murmures.

- Si ? Il en est venu aux mains ? Et Sachs ? Il s’est défendu ?

C'est le moment de passer aux aveux, le moment de raconter à son meilleur ami ce qu'elle a vu la nuit dernière, ce dont elle a été le témoin involontaire dans la maison d'en face, dans la chambre d'en face, plus précisément. Celle de Sachs. Sachs qui lui pourri la vie depuis des années chaque fois qu'il en a l'occasion et qui, ces derniers temps, semble vouloir changer, d'après ses dires. Elle ne sait pas si elle peut y croire, elle ne sait pas si ce n'est pas une ruse mais... Ce n'est pas ce qui la préoccupe dans l'immédiat. Elle a vu quelque chose de terrible la nuit dernière, quelque chose qu'elle ne peut pas garder pour elle. Quelque chose qu'elle doit partager avec son meilleur ami parce que même si Sachs a au moins été un connard pendant longtemps, il ne mérite certainement pas ce qu'elle a pu voir dans sa chambre la nuit dernière. Et dire qu'ils en parlaient il y a peu de temps... Elle pensait que ce n'était plus d'actualité. Que maintenant, l'homme avait conscience que son fils était ne capacité de se défendre mais... Il ne l'avait pas fait, en fait.

"- Ouai il... Il l'a fait." souffle Cornelia, perturbée. "Il criait, le frappait, le secouait et..." elle se mord la lèvre inférieure alors que son cœur bat la chamade. "Et Sachs n'a... pas bougé. Pas d'un iota il... Il était comme... pétrifié ? Tétanisé ? Je sais pas mais..." elle pousse un soupir, sans même se rendre compte qu'elle a les larmes aux yeux, ébranlés parce cette violence et cette souffrance dont elle a été témoin bien malgré elle. "Il ne s'est pas défendu il... Il a attendu que sa passe et quand son père est parti, en le laissant enfin tranquille, seul... Sachs m'a envoyé un message pour... s'excuser. Pour le spectacle." confesse-t-elle.

Il l'avait fait. Il avait vraiment présenté des excuses à la brune pour tout ça, dont il était pourtant la victime, dont il n'était pas l'instigateur. Et soudain, elle explose, ne parvenant pas à contenir ses émotions, parlant plus haut, sa voix s'étranglant légèrement en même temps.

"- Tu te rend compte ? Son père a fait irruption dans sa chambre, l'a frappé, lui a dit des horreurs et... Et Sachs s'est excusé. Alors que..." elle se mord la lèvre inférieure et baisse la tête. "Alors que c'était..." Elle se coupe encore une fois. Sa voix est plus basse. Bien plus basse. Presque inaudible. "Ma faute." souffle-t-elle.

Parce qu'elle avait entendu ce qu'il criait. Qu'elle avait entendu qu'il parlait des Hardt dans sa fureur. Alors petit à petit, à mesure qu'elle repassait les évènements dans sa tête, elle se doutait qu'il les avait vu.

Tu viens à ses côtés au fur et à mesure que la langue se délie. Tu lui caresses le dos, sachant très bien qu’elle avait besoin de réconfort et de courage, sentant que la situation était compliquée à expliquer. Toute la situation. Si au début, tu prenais Sachs pour un parfait connard, le vrai harceleur de service, tu voyais bien que désormais, tout cela ne valait rien par rapport à ce qu’il vivait réellement chez lui. Lisa devait sûrement être au courant. Elle en avait rapidement parlé, mais le fait que ta meilleure amie soit témoin de tout ça, rajoute quelque chose de tragique.

Tu serres les dents quand les mots te parviennent. Tu ne réalises pas vraiment. Sachs n’aurait pas bougé, s’était contentait d’encaisser, comme si c’était… Habituel ? Tu n’arrives pas à y croire. Tu lèves un sourcil quand elle te raconte la fin, pour le SMS. Tu te pinces les lèvres et t’approches pour poser ton front contre sa tempe.

- Hey… Dit pas ça. C’était pas d’ta faute ok ?

Tu lui caresses l’épaule et la berces doucement dans tes bras. Tu inspires profondément, l’invitant à faire de même pour qu’elle ne pleure pas, qu’elle ne laisse pas elle aussi ce connard dicter ses émotions. Manquerait plus que ça. Tu serres les dents, incapable de dévoiler le fond de vérité sur Sachs que tu sais. Ce serait trahir un secret et trahir Lisa. Tu soupires et essayes alors de la rassurer comme tu peux. Avec tes mots.

- Écoute… C’est l’père qui est taré d’accord ? Sachs fait ce qu’il veut, non ? S’il voulait te parler, c’était bien qu’il y avait une raison ? S’il a fait le mur et qu’il est parti en pleine nuit ? Ça lui arrive d’avoir des insomnies, il paraît… T’as rien à voir là-dedans. T’étais au mauvais endroit, au mauvais moment. C’est tout. D’accord ?

Ce n'est pas facile d'être le témoins d'une scène de violence, peu importe la scène en question, mais quand il s'agit d'un voisin, d'un garçon que l'on connait... Tout de suite, ça ajoute à l'horreur et Cornelia a du mal à réaliser que c'est vraiment arrivé. Le fait d'en parler l'y aide pourtant. En mettant des mots sur la soirée, sur ce qu'elle a vu, pour raconter l'histoire à Andrew, la demoiselle revoit les évènements se dérouler devant elle comme s'ils étaient en cours là, tout de suite. Elle réalise les choses, revoit les mouvement, réentends les vociférations du père Sachs. Et, bon sang, si ça ne la fait pas apprécier le fils d'avantage, considérant ce qu'il a put lui faire vivre par le passé, il n'en reste pas moins qu'elle a de la peine, pour lui, de le savoir condamné à vivre ça. Ouai, ça remet les choses en perspectives, même si elle ne l'appréciera pas plus pour autant. Juste... Elle comprend un peu mieux son comportement. Elle savait que dans le passé, il y avait eu de la violence mais... Elle ne pensait pas que c'était à ce point, ni que ça continuait.

"- Si c'était... C'était à cause de moi."

Le jeune homme essaie de la réconforter, de la soutenir, fidèle à lui-même, généreux comme il l'est toujours, altruiste de nature. Mais elle sait, elle sait parce qu'elle a entendu, au milieu des reproches de son voisin, qu'elle était directement concernée, impliquée, dans la fureur de ce dernier, quoi qu'elle ne sache pas bien à quel moment il avait pu les voir.

"- Je l'ai entendu demander, plutôt hurler, mon nom. Enfin. "Hardt" et... J'pense bien que Sachs n'a jamais mis autant de haine dans ce nom que j'en ai entendu de la bouche de son père."

Elle explique, raconte, essaie de faire comprendre à son meilleur ami en quoi oui, c'est un peu de sa faute. Parce que c'était à cause d'elle que Sachs était furieux. A cause d'elle qu'il avait frappé son fils. S'ils n'avaient pas parlés tous les deux, si elle l'avait laissé aller se coucher plutôt que de chercher à ce qu'il dévoile certaines choses, tout ça ne serait tout simplement pas arrivé. En tout cas, pour cette fois.

"- J'étais dehors, sur mon balcon alors... Je sais que je n'étais pas très loin mais... Ils avaient les fenêtres fermées et... et pourtant j'entendais tout alors... J'suppose qu'il devait crier vraiment très fort. Il était... Furieux."

Elle se sent coupable de quelque chose qui ne la concerne que de loin. Tu la comprends, en un sens. Tu soupires un peu et continue de la bercer en l'écoutant. Parler lui fait sûrement du bien, malgré les souvenirs qui doivent la hanter. Tu serres les dents, comprenant désormais toute la haine ressentie par Lisa en faveur du père de Sachs. Tu ne l'avais vu qu'une seule fois à la patinoire, un jour. Le regard sévère, le visage haut, droit, comme si tout lui été acquis. Tout ce qu'il disait était l'unique vérité. Étrangement, avec le recul, Sachs fils n'était pas vraiment comme ça.

Plus introverti… ou plus… influençable peut-être. Mal aimé de sa famille, il avait sûrement trouvé refuge avec Lisa et les hockeyeurs qui lui vouait maintenant un culte au point de le nommer capitaine de l'équipe. La poisse. Puis tout ça pour finir dans la ligne de mire d'une connasse sans nom. À c'est sûr, rien à voir avec ta meilleure amie. Tu comprends presque que le blond préfère Corny à Smith. Non, tu le comprends parfaitement en fait. Tu soupires un peu.

- C'est pas ta faute si tu es la fille de ton père, si ? J'veux dire, l'père Sachs a un différent avec le tien. Tu sais pourquoi ? Depuis quand ? Et s'ils étaient si ennemis, pourquoi habiter à côté ? Y a des trucs qui collent tellement pas…

Tu te lèves, récupères ton sac et cherche à l'intérieur ses barres chocolatées spéciales sportif que raffole tant l'adolescente. Tu lui en tends une en souriant.

- Tient. Pour le moral.

Que tu clames, fier de ta connerie. Tu fais signes ensuite, pour reprendre votre route, refaisant quelques tours pour vous vider l'esprit. Tu repenses d'ailleurs à quelque chose.

- Aller… t'en fais pas pour Sachs. J'suis sûr qu'il tiendra l'coup. Puis, tu sais… Les victimes de ce genre de merdier ont tendance à s'excuser de ce que font subir leur bourreau… À par un bon psy et un éloignement de sa famille, y a rien qu'on pourra faire… Mais j'crois qu'il en voit déjà une en plus.