Dans la cours, il semble que les choses aient largement dégénérées. Au vu des notifications qui se succèdent et des téléphones qui n'arrêtent pas de vibrer, Cornelia devine largement que c'est plutôt grave. Peut-être grave au point qu'il y ait des sanctions. Peut-être grave au point que la police soit dépêchée sur les lieux ? Quand elle regarde ses notifications, les photos semblent présenter une sérieuse altercation. Aayden debout, devant une Barbie qui a perdue de sa superbe. Aayden, le visage déformé par la haine, une haine sourde et sauvage comme elle ne lui en avait jamais vu auparavant. Pas même contre elle-même.

Il y a une vidéo et elle ne sait pas si elle doit la lancer ou non. Si elle a vraiment envie de la regarder. Vraiment envie de voir ça. Vraiment envie de savoir de quoi Aayden Sachs est capable quand il se met vraiment en colère. Elle n'est pas sûre de ne pas le regretter si elle la lance. Alors Andy prend son courage à deux mains et y jette un oeil, lui conseillant rapidement de ne pas la visionner. Ce qui, de la part d'un agneau comme son meilleur ami, n'a rien d'étonnant. Il n'aime pas la violence. Il l'exècre, même. Un des points qu'ils ont en commun, quoiqu'elle y soit un peu moins sensible, peut-être. Un point qu'il a en commun avec Lisa, aussi.

"- C'est si terrible que ça ?"

Elle hésite et peut-être qu'elle ne devrait pas, mais elle lance finalement la vidéo pour la visionner pendant qu'Andy cherche les noms sur les listes, indiquant qu'elle sera en classe avec Lisa. Parfait. Avec lui aussi. Une très bonne chose, même si pour les cours, tout dépendra de leurs options. Elle sait qu'ils en ont en commun et d'autres non. Ils ont remplis les documents ensemble.

"- Oh bon sang ! C'était impressionnant en photo mais là...." souffle Cornelia en voyant Aayden briser le pare-brise, furieux de voir Barbie s'en prendre à Lisa. "Je pense que dans l'immédiat... Envoie un SMS à Lisa mais je doute qu'ils se soucient de ça maintenant. Il aura de la chance s'il finit pas dans le bureau du proviseur. Et pas pour se plaindre de la longueur de nos jupes."

Il devient comme fou quand il entend Karine s'en prendre verbalement à Lisa, se vanter d'avoir détourné le jeune homme de sa meilleure amie alors que cette dernière se sent déjà totalement impuissante pour le calmer. Malgré ses suppliques, c'est comme s'il ne l'entendait pas. Comme s'il était sourd à ses mots. Et c'est déjà assez difficile comme ça. Elle culpabilise bien assez de ne pas réussir à le retenir, l'apaiser, comme elle en a l'habitude, sans que Barbie Pouffiasse vienne y rajouter son grain de sel. Et forcément, la voyant faire, D'en perd les pédales. Parce que personne ne touche jamais Lisa impunément, que ce soit physiquement ou verbalement. Personne.

Il éclate le pare-brise et sa main avec, de minces filets de sang s'échappant des petites entailles que l'impact provoque. L'homme est comme fou, menaçant l'étudiante pour qu'elle cesse immédiatement de parler à la patineuse, conscient du mal qu'elle fait à sa meilleure amie en se jouant d'elle ainsi et, rapidement, il attrape ses affaires et la main de Lisa pour s'éloigner le plus rapidement possible de la cours.

Il s'effondre dans un couloir, contre le mur de celui-ci, se recroquevillant sur lui-même et Lisa s'empresse de le rejoindre, l'enlaçant entre ses bras de longues minutes, aussi longtemps qu'il en a besoin, sans voir le temps qui défile. Tant qu'il a besoin d'elle, tant qu'il a besoin de soutien, elle sera là. Il sait qu'il pourra toujours compter sur elle pour faire son maximum, même quand son maximum n'est pas suffisant. Même quand son maximum ne sert à rien et que son inutilité déclenche sa culpabilité, une vraie tempête émotionnelle qu'elle contient autant que possible parce que, pour le moment, Aayden a besoin qu'elle tienne. Besoin qu'elle soit forte. Besoin qu'elle ne flanche pas.

"- Ça va aller." souffle Lisa en essayant de le rassurer, déposant un baiser sur sa tempe.

Bien sûr, avec tout ça, il y a de fortes chances pour que Cornelia ait vu la scène, ou qu'elle on entend de parler point bien sûr, il y a de fortes chances pour que tout ça ne passe pas inaperçu pour la jeune patineuse. Mais la jeune femme fait confiance à Andy pour minimiser les choses, pour réussir à plaider la cause d'Aayden. Pour faire valoir, si besoin et, que le jeune homme n'est pas vraiment responsable de tout ce qui vient de se passer. Après tout, il a été poussé à bout et, parfois, quand des situations inacceptables se reproduisent trop souvent, il arrive que l'on pète un plomb. C'était exactement ce qui était arrivé ici.

"- Je suis sûre qu'Andy a prit les choses en mains de ce côté-là. On devrait peut-être aller à l'infirmerie, ta main a pris un sacré coup..."

Tu tournes la tête rapidement, voyant qu’elle avait eu le courage d’ouvrir la vidéo. Tu grimaces un peu et envoies le dit SMS avant de soupirer. Plus qu’à attendre sa réponse. En attendant, tu fais signe à Cornelia d’avancer vers la salle avec le reste des camarades, surtout des patineur, hockeyeurs et coureur… Ouais, non, la classe était remplie de sportifs par catégorie. Tu soupires, prenant place aux côtés de la brune et te tournes un peu pour capter les discussions. Les joueurs sont divisés entre être fier de leur capitaine-goalie et d’autre se disent que c’est hyper dangereux d’avoir un mec comme ça dans leur équipe. Les patineurs, eux, vous regardent, avec pitié.

Ce n’est pas nouveau que vous vivez avec, c’est connu maintenant, ils doivent se dire que c’est une plaie d’être avec un mec aussi impulsif. Pourtant, tu le sais, tu l’as vu, il n’était pas comme ça à la maison. Un peu plus timide, craintif, à ne pas s’immiscer dans vos discussions, à faire ses tâches ménagères, avec une certaine lenteur ou une logique propre à lui, mais il le faisait. Et il prenait soin des chiens. Non, tu secoues la tête, posant ton téléphone sur la table pour avoir des nouvelles alors qu’un professeur arrive.

- On se calme ! On se pose et on écoute ! Je ne vais pas me répéter !

Il balaye la pièce du regard, papier dans ses mains qu’il pose sur le bureau et soupire en regardant la liste de la classe de réunion de pré-rentrées. Tu redresses la tête alors qu’il passe à côté de vous.

- Monsieur ? Je...
- Oui, Myers ?

Tu déglutis alors que tu sens aussi les regards sur toi d’un coup.

- Est-ce que… S’ils viennent pas… Je peux prendre… Leur...
- Emploi du temps ? Non, j’attendrais. Autre chose ?

Tu baisses la tête et la secoues négativement en laissant partir ton aîné et soupires. Tu regardes Cornelia et hausses les épaules.

- J’aurais essayé hein ?

Que tu dis en souriant avant d’attraper ton téléphone pendant que votre professeur, apparemment principal et d’histoire, vous répète les principes de l’école, le règlement, le fait que les études sont aussi importantes que le sport. Tu réponds rapidement à Lisa avant de laisser ta meilleure amie à côté lire les derniers messages.

- J’ai dit on, mais si tu ne veux pas les attendre avec moi, c’est comme tu veux hein ?

Le temps que tu mets pour te calmer te semble interminable. Tes larmes et tes sanglots sont là, brisant le silence du couloir où vous êtes. Tu réussis à sentir tout de même les bras de ta meilleure amie autour de toi, sa présence qui te réconforte. Tu sens ses baisers sur la tempe qui se veulent rassurants. Tu réussis à redresser un peu la tête en souriant, posant ton front contre sa tempe. Tu essuies ton visage, tes joues et t’accroches un peu à son bras en soupirant quand elle te dit que tout va bien. Tu soupires doucement en baissant la tête.

Tu regardes un peu ta main d’ailleurs, qui commence à piquer lentement. Tu hoches un peu la tête en te levant comme tu peux, tremblant doucement. Ta main saigne encore et tu te diriges comme tu peux avec elle jusqu’à l’infirmerie. D’ailleurs, la concernée soupire en te voyant.

- Tu as fait fort cette fois Sachs. Même pas la journée de la rentrée hein ? La pré-rentrée... Aller vient que je te soigne. Tu peux rester Hampton.

Tu fais un sourire nerveux à la cinquantenaire qui réajuste ses lunettes pour mieux désinfecter ta plaie. Oui, elle n’est pas surprise, t’ayant déjà vu venir plusieurs fois depuis le début du lycée et aussi pour accompagner tes collègues. Quand on est dans un lycée sportif aussi, c’est un peu son quotidien de gérer les débuts de blessures avant de vous envoyer possiblement à l’hôpital. Elle vous regarde en souriant alors qu’elle finit ton bandage. Tu serres doucement la main avant de la remercier, t’excuser et tu sors de la pièce avec Lisa… Avant de croiser le Directeur qui vous attendait.

D’un simple regard, tu comprends qu’il faut le suivre à son bureau et tu t’exécutes, sans rechigner… Ouais nan… Tu la commences bien cette dernière année.

-------------------------------------

Il te faut un temps pour te calmer, pour entendre le discours du directeur avant de pouvoir parler de la tenue des écolières avant de pouvoir sortir sans encombre… Étrangement… Ou alors à cause de ton nom, encore. Tu soupires en te levant pour sortir de la salle, rejoindre Lisa… Et espérer finir cette journée de l’angoisse...

Autour d'eux, c'est l'effervescence. Les sportifs en tout genre sont sur les charbons ardents. Il y a ceux qui ne comprennent pas comment on peut laisser un type comme Sachs être le capitaine de l'équipe de Hockey et il y a les joueurs de cette même équipe qui, au contraire, sont plutôt fiers de leur capitaine et de la manière qu'il a eut de "remettre Barbie à sa place". De toute évidence, la greluche peroxydée ne fait pas l'unanimité parmi les élèves de la patinoire. Les patineurs ne peuvent pas prétendre l'apprécier particulièrement non plus.

"- Tu vas voir qu'ils vont parler de ça toute la semaine. Ou tout le mois." remarque la demoiselle avec une petite moue comme le professeur entre et demande le calme.

Rapidement, le bruit des conversations diminue et l'homme commence à distribuer les emplois du temps. Cornelia jette un œil au sien, alors qu'Andy arrête leur professeur, le temps de demander les emplois du temps de leurs camarades absents, en ce moment même dans le bureau du directeur. Non pas que Lisa ait quelque chose à y faire personnellement, mais elle n'aura sans doute pas voulu abandonner Aayden pendant la confrontation avec le directeur, pas après tout ça.

"- T'auras essayé."

Bien sûr, l'homme ne donne pas du tout l'emploie du temps à Andy, affirmant qu'il attendrait simplement les retardataires. La confiance règne. D'un autre côté, elle peut comprendre que ce soit plus prudent et une mesure qu'ils prennent dans tous les cas sans distinction. Si Andy est un amour et ne serait pas capable de la moindre connerie avec les emplois du temps d'autrui, ce n'est pas vraiment ce que l'on peut dire de la part de certains autres élèves.

Andy répond rapidement au message de Lisa avant de lui montrer l'échange de SMS et la demoiselle fronce les sourcils. Pourquoi préciser qu'ils vont bien physiquement ?. Pourquoi souligner seulement le physique ? Elle peut comprendre qu'Aayden Sachs soit encore énervé. Mais Lisa ? Qu'est-ce qui s'est passé ? Qu'est-ce qui leur échappe exactement ? Qu'est-ce qui ne va pas ?

"- Elle veut dire quoi par physiquement ? Aayden je comprend, mais elle ?" demande la brune.

***

Elle comprend pourquoi "physiquement". Elle comprend quand elle voit, de longues minutes plus tard, la mine abattue de Lisa et les mines silencieuses. Elle comprend surtout qu'il ne faut pas poser de question, qu'il faut les laisser digérer. Que c'est quelque chose qui les regarde. Elle coule un regard vers Andy, hochant la tête. Ils savent. Ils comprennent. Silencieusement, ils suivent les deux autres récupérer leur emploi puis rejoindre la voiture. C'est plus que l'heure de rentrer. Plus que l'heure de laisser cette journée derrière eux, alors que le retour est silencieux.  

Septembre 2023

- Allez, tout le monde s’installe tranquillement, s’il vous plaît.

Tu grimaces un peu, alors que tu laisses passer tout le monde, sachant très bien que, de toute façon, personne ne voudra être à tes côtés après ce qu’il s’est passé la semaine passée. Le week-end s’était écoulé, la vidéo a tourné sur les réseaux, tu avais passé ton samedi roulé en boule dans ton lit à ne pas vouloir sortir, ayant réussi à faire un effort pour sortir les chiens qui avaient refusé de quitter ta chambre et pour n’inquiéter personne… Et aussi pour que Lisa change tes bandages, pour qu’elle prenne soin de cette blessure. Mais tu avais évité son regard à Elle…

Tu avais évité de la croiser pendant deux jours, ou au moins au maximum, trop peur de ce qu’elle pourrait penser, imaginer ou pour ne pas voir la peur dans ses yeux en te voyant. Lisa t’avait dit de ne pas t’inquiéter, qu’Andy aurait arrondis les angles, mais… Ton côté un peu défaitiste concernant la brune n’avait rien arrangé. Alors, non, tu n’avais pas croisé son regard… Tu ne l’avais pas non plus vu de la journée, vu que la plupart des options n’étaient pas en commun avec elle et qu’ils les avaient regroupées pour commencer la semaine. Une aubaine… Enfin presque…

Tu inspires alors que tout le monde semble être dedans et entre, sous les regards nerveux de tes camarades… Avant de buguer sur une tête familière au premier rang… Seule… Et qui semble être l’une des dernières places disponibles. Tu déglutis avant de sursauter.

- Sachs ! Posez-vous et on commence le cours !

Tu grimaces et vas t’asseoir à ses côtés elle en silence. Pourquoi il fallait que vous suiviez le cours de Nutrition ensemble déjà ? Tu laisses ton sac sous ton siège et prends ta trousse et ton bloc-notes, gardant la tête basse, serrant un peu le poing qui possédait encore le bandage frais de la pause midi. L’année va être LONGUE.

Elle a passé une bonne journée, c'est le cas de le dire et il est sûr et certain que la journée du lundi risque de devenir sa préférée. C'est une journée parfaite. D'abord, elle commence par une heure de russe, qu'elle a prit par curiosité mais qui s'annonce plus qu'intéressant. Ensuite, elle a une heure de musique, avec son meilleur ami. Puis une heure de danse, toujours avec Andrew et avec Lisa, aussi, avant de partir en pause déjeuner. Autant dire que la matinée a été plutôt bonne et, en prime, le menu de la cantine n'était - par chance - pas trop dégelasse. Elle qui n'a pas l'habitude d'y manger - puisque sa mère préparait ses lunchbox autrefois - en est agréablement surprise.

Autour de la table du déjeuner, Andy et Lisa piaillent à côté d'elle, évoquant joyeusement le cours de photographie qu'ils ont eu ensemble le matin même, pendant son cours de Russe. Le hasard avait voulu qu'ils aient la même option, en tête à tête. Sans Aayden. Sans elle. Si ça pouvait permettre de les rapprocher, ce serait vraiment une bonne chose, parce que ces deux aveugles, là... Elle les observe sans rien dire, attrapant son téléphone.

"- Hé mais c'est déjà presque 13h !" s'égosille la demoiselle. "Je file, j'ai nutrition ! On se voit tout à l'heure !" annonce-t-elle en se levant, attrapant son plateau pour sortir en trombe du réfectoire.

Elle parcourt le couloir pour atteindre rapidement la salle adéquate et se glisse à une table vide du premier rang, alors qu'il n'y a encore presque personne, les étudiants quittant paresseusement leur pause déjeuner pour rejoindre leurs classes de l'après-midi. Cornelia attend, patiemment, son cahier ouvert devant elle quand la voie du professeur et le mouvement à ses côtés lui fait relever la tête précipitamment. Aayden Sachs vient de prendre place à côté d'elle. Depuis le vendredi, elle ne l'a presque pas vu, alors même qu'ils vivent sous le même toit. Il faut dire qu'il a évité un peu tout le monde depuis. Il a sortit Lady, a un peu vu Lisa qui a passé du temps avec lui dans sa chambre mais sinon...

"- Salut." murmure-t-elle en reportant rapidement son regard sur le tableau noir, sur lequel le professeur commence à écrire quelques informations.

Elle ne fait plus attention au garçon à ses côtés, mordillant le bout de son crayon tandis qu'elle se concentre sur l'homme qui leur fait face et qui prend la parole, inconsciente de la vision qu'elle offre en même temps à l'adolescent transit d'amour si proche d'elle.

"- Tu vas... mieux ?" demande-t-elle en fixant toujours le tableau, son crayon abandonnant ses lèvres pour écrire quelques mots sur la feuille immaculée devant elle.

Téléphone en main, tu envoies rapidement un message à Lisa, profitant d’activer ton enregistreur vocal pour garder une trace du cours au cas où tu perdrais le fil. Une technique pour toi aussi de pouvoir suivre si tu zonais quand tu n’avais pas la blonde à tes côtés. Tu soupires doucement avant d’essayer de commencer à prendre tes notes, écoutant comme tu pouvais le cours, sentant quand même des regards sur toi, pesant. Tu te tournes pour essayer de croiser les personnes responsables de ce malaise avant de te tourner vers la patineuse à tes côtés qui semble te parler…

- Hum ?

Les réponses en deux temps hein ?

- Salut...

Que tu dis, doucement, simplement, sans oser plus la regarder. Tu serres les dents, le poing gauche contre toi et écrit du mieux que tu peux ton cours. Tu es déjà en train de perdre le fil alors que tu avais mangé, il n’y a pas longtemps, évitant une crise d'hypoglycémie. Tu grimaces, sortant alors un paquet de bonbons de la survie pour le poser sur la table et en piques un pour le mâcher avant de lever un instant les yeux vers ta voisine de table qui… Ah… Tu bugs doucement, le regard qui se pose un peu sur son visage, ses yeux, ses lèvres…

Et ce crayon qu’elle mâchouille nerveusement... Tu détournes le regard en te mettant à trembler de la jambe, nerveux. Si c’est comme ça toute l’année, le lundi après-midi risque d’être… Hein ? Tu te tournes de nouveau vers elle… Elle vient de quoi ? Te demander… Tu bug un peu, ne sachant pas trop quoi répondre et baisses la tête vers ta feuille en soupirant, répondant de temps en temps aux messages de Lisa.

- Je.. J’crois.. Ouais...

Que tu dis alors que tu essayes de lever de nouveau la tête pour suivre les notes marquées par le professeur. Oh super… Tu soupires un peu et notes le calcul calorique qu’il fait et secoues la tête. Tu marmonnes doucement entre tes dents.

- C’pas 200, mais 250… C’pas grave...

Salut. Réponse en deux temps. Elle hausse le sourcil mais ne s’en occupe pas plus que ça, reportant son attention sur le professeur qui commence son cours devant eux. C’est la dernière année scolaire, la dernière ligne droite, et elle veut tout sauf la rater. Elle a des ambitions pour les années à venir et rester sur les bancs de la fac n’en fait absolument pas partie. Pas un instant. Alors elle se concentre sur le cours, même si son attention est un chouïa perturbée par l’homme à ses côtés et par tous les évènements récents qui se sont passés depuis le vendredi. Il faut dire que ça avait été intense. Barbie ne l’a pas volé, mais ça reste impressionnant, tout ça. Et perturbant. Surtout de voir comment il gère tout ça, depuis.

Elle lui pose la question, alors. Essaie de savoir s’il va bien. S’il va mieux, en tout cas. Depuis l’autre jour, elle n’a pas vraiment de nouvelles, elle ne l’a pas vu. Personne ne l’a vu dans la coloc, en fait, sauf Lisa ou quand il passait vaguement dans le salon pour sortir promener Lady, boire un peu d’eau ou… faire une apparition, comme ça. Rien de fou. Alors elle ne sait pas vraiment si ça va. Pas qu’elle en ait vraiment quelque chose à faire… mais elle ne s’en fout pas non plus, en réalité, et elle est peut-être la première surprise. Depuis l’installation dans la coloc… Elle ne sait pas trop comment se positionner par rapport à lui. Elle le découvre sous un aspect qu’elle ne connaît pas, surtout.

"- Tu crois ?"

Il croit, seulement ? Comment peut-il seulement croire ? Soit on va bien soit on ne va pas bien, non ? Ou on est couci-couça, mais la question est plutôt simple, finalement. Oui ou non. Il va bien ou il ne va pas bien. Pas de je sais pas. Mais elle reporte son attention sur le professeur et le tableau qui captent son intérêt, se perdant dans les explications de l’homme que l’homme à côté d’elle conteste. Elle fronce les sourcils.

"- T’es sûr ?"

Tu crois, qu’elle demande. Qu’elle essaye de savoir. Cela te déstabilise en vérité. C’est bien la première en plusieurs mois qu’elle demande. En vérité, c’est la première fois depuis quelques mois que vous êtes seuls a seuls. Ok, en classe, certes, mais à côté, seuls, sans Andrew ou Lisa autour qui font la conversation, qui meublent et qui essayent de vous rabibocher comme ils peuvent, qui essayent de rendre l’atmosphère plus légère. Alors, oui, c’est déstabilisant. Tu crains qu’elle te balance une pique au bout d’un moment, tu crains de faire un impair avec ton cerveau qui déblatère tes paroles plus vite que tu ne peux réfléchir.

Et tu as toujours le cœur qui accélère de plus en plus fort, te nouant le ventre. Tu rougis un peu, la tête basse. Alors tu essayes de te focaliser sur autre chose, sur le cours et râles intérieurement alors que le prof va au fond pour aider ceux qui semblent en difficultés. Tu secoues la tête et grimaces.

- Ouais, j’suis sûr. Il a zappé l’apport sup’ par ici. Donc ça fait une diff d’une cinquantaine d’calories. C’pas grand-chose, mais ça compte en vrai.

Que tu dis en soupirant. Tu secoues la tête avant de voir le professeur qui s’approche de vous, sûrement à t’entendre râler sur ton cahier comme un fou furieux. Il se penche un peu et tu manques de sursauter en voyant son visage aussi proche de toi.

- Un souci, monsieur Sachs ?

Tu déglutis et soupires en ayant les yeux qui baladent partout pour trouver quelque chose à dire, à expliquer.

- Je… Y a juste une diff d’cinquante… Là…

Que tu justifies en montrant ton cahier. Il fronce un instant les sourcils, regarde mieux tes notes, décryptant comme il peut tes pattes de mouche et soupire.

- Ah bah oui… Non, mais j’ai dû oublier.

Il rigole un peu, secouant la tête et regarde Cornelia un instant en souriant.

- Vous faites bien de restez à côté de lui. Il est doué. Je vais aller corriger mon erreur tient...

Qu’il continue en allant au tableau, s’excusant d’avance pour le reste de la classe qui se met à râler à l’unisson. Toi, tu rougis, gêné et te renfrognes un peu sur toi-même en continuant de noter ce que tu peux, en silence. Tu espères juste que la première heure se passe vite pour faire la pause avant de reprendre… Deux heures de nutrition hein ? Au secours...

Est-ce qu'il est sûr de ce qu'il avance ? Il semble que oui. Comme elle le questionne, il lui explique que le professeur a zappé l'apport supplémentaire à un endroit, ce qui fait une différence d'une cinquantaine de calories, ce qui n'est pas grand-chose mais qui compte tout de même. Peut-être pas pour le commun des gens mais pour eux, qui sont sportifs, qui calculent tout ce qu'ils ingurgitent, au moins pour les plus sérieux d'entre eux, une cinquantaine de calories, oui, ça compte. Oui, ça a son importance cinquante calories. Si Cornelia ingurgite cinquante calories de trop chaque jour, cela deviendra rapidement problématique. Pour elle. Pour son poids. Pour son art. Au bout d'une année c'est facilement plusieurs kilos de pris. Plusieurs kilos qu'elle ne veut pas voir apparaître.

Le professeur les rejoint rapidement et demande si l'étudiant à ses côtés a un problème, prenant de court ce dernier. Le grand Aayden Sachs mis à mal par un professeur ? Décidément... Cette journée va de surprises en surprise mais finalement Aayden retrouve une contenance et explique le problème, le professeur lui donnant raison tout en remarquant qu'elle fait bien de rester à côté de lui. Elle pince les lèvres et corrige ses notes tandis que le professeur fait de même au tableau, déclenchant les protestations des autres élèves.

Le cours se poursuivant, la jeune femme continu sa prise de notes en jetant parfois quelques regards à l'étudiant assit à côté d'elle, comme il s'agite sur son siège par moment. Comment Lisa peut-elle suivre tous ses cours obligatoires dans ces conditions, sans jamais sembler en être perturbée ? Cornelia ne comprend pas, d'autant plus qu'il ne cesse de la frôler, se faisant.

La pause arrivant, elle plonge sa main dans son sac et en tire une petite boîte qu'elle ouvre pour attraper la barre de céréales énergétique maison qui s'y trouve, croquant dedans après avoir rangé de nouveau la boîte dans son sac.

"- Elle a dit cours de nutrition ?"

Lisa lance un regard à la silhouette de Cornelia qui s'éloigne de leur table pour aller ranger son plateau avec les autres, puis reporte finalement son attention sur Andy qui confirme ce qu'elle vient de dire. Oui, dans ses options, Cornelia a bien choisi nutrition. Et un petit sourire se dessine sur les lèvres de Lisa même si, en même temps, elle se sent un peu stressée. Son meilleur ami a choisi la même option, ce qui veut dire qu'ils vont avoir cours tous les deux ensemble, puisqu'elle sait qu'il enchaîne sur deux heures de nutrition après-midi. D'un côté, c'est bien. Ainsi, peut-être que cela pourrait servir à les rapprocher. Mais d'un autre, elle ne peut pas s'empêcher d'appréhender, comme elle sait très bien que les derniers événements perturbant encore largement Aayden et sa perception des choses.

"- Aayden a la même option cette après-midi. Deux heures." souffle-t-elle pour informer son interlocuteur avant de se lever en prenant son propre plateau. "Je te laisse je vais y aller aussi, je dois passer aux... Enfin, on se voit tout à l'heure !" annonce-t-elle avant de porter son plateau à la plonge et sortir rapidement du réfectoire.

Après un passage rapide aux toilettes, elle prend la direction de sa salle de classe, s'installant au premier rang en sortant déjà ses affaires, attendant le début du court. Parent child développement. Évidemment, elle ne s'attend pas à croiser beaucoup de têtes connues, ce n'est pas un cours très prisé. D'ailleurs, c'est une option qu'elle suit seule, comme les cours de littérature. Aayden n'a pas choisis les mêmes, évidemment et... Oh bon sang. Elle sursaute après avoir perdu son regard sur la porte pour voir entrer les nouveaux arrivants, comme la silhouette d'Andy se glisse à son tour dans la salle. Évidemment que lui avait prit un cours pareil. Évidemment qu'il devait être avec elle. Ils sont déjà ensemble en photographie, mais découvrir qu'ils le sont aussi pour ce cours... Lisa lui fait un signe, l'invitant à côté d'elle, lui adressant un grand sourire.

"- Bonjour bonjour monsieur, vous ici ?! Je ne vous y attendais pas..." souffle-t-elle avec humour. Et pourtant, Andy ici, ça fait sens.

Tu réussis, par miracle, à tout suivre pour cette première partie de cours. Malgré le bordel ambiant de ta cervelle. Jambe qui tremble, l'envie de te lever toutes les cinq minutes, de t'évader, sortir de cette pièce, de regarder par la fenêtre… Mais tu luttes. Tu luttes parce que tu sais que ça ne ferait t'entacher ta sale réputation… Et parce qu'Elle est à tes côtés. Alors tu canalises. Tu grignotes et tu écris le cours. Tu regardes de temps en temps ton téléphone, sans pour autant continuer d'envoyer des messages. Lisa doit être en cours et tu ne voudrais pas la déranger. Pas cette fois.

Alors tu te concentres sur autre chose, remplis les documents que le professeur distribue, les annotes et tente de faire abstraction de ce qui gravite autour de toi. La voisine de table, les murmures, les regards… Et puis, tu gardes la tête basse. Ça ferait désordre d'être surpris à tourner la tête pour la regarder… Juste l'observer quand elle réfléchit, quand elle écrit… Et ce serait pire si tu baisses les yeux plus bas, ailleurs… Alors non. Tu attends… Et la délivrance sonne. La pause. Tu te lèves en laissant tes affaires, coupant l'enregistrement avant et va dans le fond de la classe pour aller discuter avec tes collègues hockeyeurs ayant pris aussi ce cours.. Au moins tu peux souffler loin d'Elle…

~~~

C'était le signal pour la rousse. Ses amies se levant avec elle, la jeune Hailey rejoint la table devant elle, se posant à la place libre et toise sa collègue sur la glace… Et grande rivale.

- Salut Cornelia. Je peux te déranger trente secondes ?

En vérité, l'adolescente n'attend même pas la réponse, se contentant de tapoter l'écran du téléphone que le blond a laissé sur la table, laissant apparaitre son fond d'écran de verrouillage. Sans surprise, il s'agit de Lisa et de Lady. La rousse grimace, avant de fermer l'écran.

- Tu peux nous rendre un service ? On a une amie qui est en gros crush sur Sachs… Et on se demandait… Si tu pouvais nous filer son numéro de téléphone… De patineuse à patineuse…

Qu'elle demande, mielleuse…

Finissant ton repas tranquillement, tu t'apprêtes à manger ton dessert quand Cornelia se lève d'un coup pour partir. Tu la salues rapidement, sans avoir le temps de lui dire "à ce soir" qu'elle a déjà disparue. Tu regardes ensuite Lisa, surprise et hoches la tête en réponse à sa question.

- Ouais. Elle a pris cette option pour avoir de l'avance et être capable à terme de surveiller ce qu'elle consomme pour les compétitions. Pourquoi ?

Que tu demandes alors que tu manges à ton rythme, n'ayant pas cours avant la demie. Tu avais d'ailleurs une cuillère de flan dans la bouche quand la blonde t'explique pourquoi elle se demandait cela. Réponse qui manque de te faire cracher ta bouchée d'ailleurs. Tu avales aussi vite que tu peux avant de rigoler doucement et tapotes dans tes mains.

- Oh merde ! Du génie !

Une bonne manière de les rapprocher sans vous avoir dans les pattes, ce que tu penses sincèrement. Tu fais aussi signe à cette dernière quand elle dit qu'elle doit filer et pouffes tout seul à table. Tu te lèves ensuite, serein. Après tout, malgré les derniers événements, qu'est-ce qui pourrait arriver de pire à votre colocation ? Le goalie n'avait pas encore totalement fait rédemption du passé à tes yeux, mais force est de constater qu'il faisait beaucoup d'effort pour. Alors oui, tu étais serein.

Tu te diriges ensuite vers le prochain cours, te demandant bien ce qu'avait Lisa pour cet après-midi. Tu demanderas en rentrant de toute façon… Ou pas.

En entrant dans la pièce, tu la remarques à une table et t'approches en pouffant, te posant à ses côtés.

- Oh bah. Mademoiselle, vous ici ?

Que tu dis en pouffant. De mieux en mieux cette journée. Tu rigoles en sortant tes affaires.

- Je savais pas que tu avais pris cette option aussi. Oh, il paraît qu'on devrait faire un exposé en duo d'ailleurs. Si c'est le cas, on se met ensemble ?