Ouai, elle peut compter sur Corny pour que tous les deux sachent enchaîner plusieurs quadruples quand elle va revenir, dit-il. En deux semaines ce serait absolument prodigieux et il y a peu de chance que ce soit le cas mais… elle sait qu'ils auront prit de l'avance et, si ce n'est pas dérangeant dans le cas d'Andy, elle sait qu'en ce qui concerne Cornélia, ça peut lui coûter une place en compétition. Faut dire que l'une n'a que le patinage dans sa vie. Lisa, elle, la partage entre les entraînements de patinage, les cours dans lesquels elle essaie d'exceller, les engagements humanitaires… forcément au bout du compte, si elle a du retard, elle ne peut s'en prendre qu'à elle-même, même si elle sait qu'elle fera tout pour le compenser en rentrant. Elle viendra plus tôt, partira plus tard. Elle l'a déjà fait si souvent… Elle prétendra qu'elle vient d'arriver, quand elle sera sur la glace depuis six heures du matin. Classique. Pendant qu'elle voyage aux quatre coins du monde, ses rivales prennent de l'avance. Cette avance, elle doit la récupérer. C'est comme ça qu'elle a toujours essayé de maintenir l'équilibre.

Elle préfère ne pas répondre, se concentrant davantage sur le voyage à venir et les opportunités qu'elle y aura, comme le snorkeling dont elle explique le principe à Andy, lequel semble absorbé par ses dires. Lisa élargit son sourire. Il parle de plongée, de son amour de l'eau et… ça semble si naturel d'être sur la même longueur d'onde que lui…

”- Tu en as déjà fait ? De la plongée ?” demande-t-elle, sourire aux lèvres, avant que son attention ne soit absorbée par la discussion d'Aayden et Cornelia.

Il essaye, elle ne lui en veut pas, même si pour cela il évoque des événements anciens et qu'elle aimerait mieux ne pas voir abordé devant Andy, considérant que, depuis le temps, il a sûrement oublié tout ça et qu'il n'est pas nécessaire de le lui rappeler. Aayden s'en rendant compte affiche une mine désolée et Lisa redoute d'avoir parlé trop haut. Elle passe une main dans les cheveux de son meilleur ami, déposant un baiser sur sa tempe.

”- T'inquiète pas…”

Elle n'aura pas le temps d'en dire plus. Les autres non plus. La voix criarde de Karine parvenant à leurs oreilles, Lisa lève les yeux au ciel. Un jour, cette Barbie comprendrait que si elle avait eu un soupçon d'espoir de sortir avec Aayden, elle avait perdu toute chance avec lui au moment où il avait été évident qu'elle cherchait à évincer Lisa de sa vie. Comme si elle avait ce pouvoir.

”- Des choix plus qualitatifs que de traîner avec toi, toujours.” réplique Lisa au moment où Karine les "remarque".

Connasse, pense-t-elle si fort qu'elle redoute un instant de l'avoir dit à voix haute. Si Lisa est une fille douce en général… Karine fait ressortir ce qu'il y a de pire en elle, sûrement. Elle avait fait une erreur, la blonde. Une erreur abominable. Essayer de séparer Aayden et Lisa. Essayer de lui prendre son pilier. Son repère. L'homme qui avait maintenu un semblant d'équilibre dans son existence et relevé tous ses standards en lui prouvant qu'elle méritait mieux que ce que son père lui avait fait.

Aayden ne perd pas de temps pour essayer de comprendre ce que veut cette fille et… la même chose que d'habitude, rien de surprenant là-dedans. Elle veut se faire bien voir. Comme d'habitude. Et mettre le grappin sur Aayden. Rien de nouveau sous le soleil. C'est d'une banalité affligeante. Et Aayden ne se laisse pas faire, au grand dam de la blonde, s'énervant même assez pour que quelques têtes se retournent. Enfin… beaucoup de tête. Lisa pousse un soupir et se lève, pour détourner l'attention de tous de son meilleur ami.

”- Tu sais quoi Barbie ? Va voir ailleurs si on y est. Avec un peu de chance tu trouveras ton cerveau en chemin.” siffle Lisa.
”- Oh toi !” s'agace la blonde en faisant un pas vers elle. Lisa ouvre une main dans son dos en signe stop, pour Aayden.
”- Vas-y essayes, juste pour voir…” souffle-t-elle sans quitter Karine du regard. La blonde recule. ”Bien. Maintenant, dégage.”

Corny jette un regard à Lisa comme Aayden lui présente de nouveau des excuses. C'est la deuxième fois, aujourd'hui et... Lisa ne semble pas lui en vouloir. La brune les observe en grignotant un nuggets. En les regardant comme ça, ça a l'air presque facile. Il a l'air presque supportable. Loin de l'image qu'elle se fait de lui d'ordinaire. Ouai, elle a du mal à s'y faire. Du mal à envisager qu'il puisse juste être... Normal. Elle n'a pas l'habitude.

La voix de Karine qui parvient à leurs oreilles ne manque pas de crisper Cornelia. Cette fille est insupportable. Parfaitement insupportable. Comment les deux chihuahuas à ses côtés parviennent à la supporter ? À supporter la manière qu'elle a de les traiter ? C'est au-dessus de ses forces de comprendre ça. C'est encore plus perturbant que de voir Sachs gentil. C'est dire.

Cornelia reste dans son coin pendant l'échange, se contentant d'observer le duo face à elle qui les oublie totalement en présence de Karine, focalisé sur cette dernière. L'agacement de Lisa, la colère d'Aayden... Tout le monde se retourne vers eux et Cornelia elle-même sursaute quand il tape du poing sur la table. Elle n'est pas sûre de l'avoir déjà vu à ce point en colère. Sauf peut-être en match. C'est... Impressionnant. Elle se penche finalement vers Andy, pour murmurer à son oreille.

"- Voilà comment elle fait pour l'apprécier en fait..." remarque-t-elle. "Tu crois que Karine va le lâcher un jour ?" murmure-t-elle encore. "C'est normal que j'ai l'impression qu'il lui arracher ait la tête si Lisa était pas entre eux ?"

La scène qui se passe devant tes yeux semble irréaliste. Karine qui tente de faire des yeux doux à des murs qui la renvoient illico presto d’où elle vient. Entre Sachs qui s’énerve pour de bon, la traitant de moineau et Lisa de Barbie… Tu déglutis sous le soudain silence dû au coup-de-poing sur la table. Ouais non, tu comprends mieux pourquoi il fait un sport aussi brutal que le hockey. Il aurait su sa place en sport de combat aussi, tu le penses sincèrement. Bon, tu ne sais pas si c’est une bonne idée, vu ce qu’il serait capable de faire à ses adversaires, mais il aurait eu le mérite d’avoir l’énergie et la rage pour. Tu essayes de finir ta boisson en silence et hoches doucement la tête à ton amie.

- J’sais pas… Vu comment il la remballe, elle aurait dû comprendre depuis le temps...

Tu essayes de baisser la tête pour ne pas croiser le regard de Karine, manquerait plus qu’elle en rajoute en vous voyant, mais pour le moment… Vous pouvez souffler, elle est focus sur le duo de choc qui… Tu rigoles nerveusement à la phrase de Conelia, ayant aussi remarqué que Lisa s’était bien plus placée pour retenir Sachs plus que pour empêcher Karine d’approcher.

- Il est à deux doigts de lui sauter à la gorge plutôt, je ne l’avais jamais vu comme ça… Même quand il parlait des patineurs. Ouais non là, il est vraiment en colère.

Tu continues de grignoter un peu, essayant de te faire tout petit et sourit un peu, compatissant à Sachs et Lisa. Tu attends que la blonde parte et soupire.

- Hé bah… Maintenant, j’comprends mieux ton surnom, Sachs… M’enfin… T’en fais pas pour nous, on savait qu’elle était un peu attardée, Smith, mais là… C’est d’un niveau Olympique. La médaille d’or de la connerie qu’elle mérite...

Tu essayes de rire, mais un peu de tension traîne encore à l’attablé. Tu vois Sachs faire, dire… Ouais non. La fin du repas est proche à ce rythme là.

Tu souris méchamment à la blonde en face de toi alors que Lisa en rajoute. Tu grimaces, prêt à te lever quand tu sens qu’elle pourrait s’en prendre à ta meilleure amie. Mais une main de la rouquine t’en empêche. Pas de scandale dans le restau, bien…. Mais ça n’empêche pas le regard sombre que tu lances à la blonde. Ça n’empêche pas le tremblement de la jambe, le poing serrer à t’en faire blanchir les jointures. Mais Karine recule. Elle se redresse, montrant son décolleté, son visage hautain et semble vexée, faisant volte face pour repartir retrouver sa table, alors que ses espèces de larbins, derrière se contentant de glousser en vous regardant. Elle fait signe et dit assez haut et fort pour que tout le monde puisse entendre, comme si tu avais aussi besoin de ça.

- Tant pis ! Quand tu arrêteras de jouer avec la plèbe, je t’attendrais Choubidou !

Tu te facepalms, hésitant de longues secondes en fermant les yeux à lui jeter ton ice-tea à la tronche, mais… Non. Pas le moment. Tu ouvres les yeux, croises ceux de la brune en face de toi et reprends une grande inspiration pour te calmer. Tu te remets face à elle, perdant de ta confiance et grimaces en baissant le regard.

- Pardon pour ça...

Que tu dis doucement. Myers essaye de faire de l’humour pour détendre l’atmosphère morose à installer la pompom girl, mais rien n’y fait. Tu soupires et te redresses un peu. Tu n’es plus d’humeur à quoi que ce soit là. Tu as juste envie de rentrer chez toi, mourir sous ta couette pour cette espèce d’humiliation publique. Tu n’arrives même plus à lever les yeux de ton plateau vers la patineuse en face de toi. Tu as trop peur du jugement qui pourrait exister dans son regard, pour t’avoir vu énervé, dans ta rage la plus pure. Non.. Tu ne veux pas. Elle aurait peur, comme à chaque fois. Tu soupires et regardes Lisa.

- Je… j’crois que.. Faut qu’j’rentre… Si tu veux rester… je...
- T’en fais pas, Sachs, j’la ramènerais.

Tu redresses la tête vers le brun. Il sourit et lève le pouce, comme pour dire qu'il maîtrise la situation. Tu essayes de sourire en réponse, mais tu n'y arrives pas.

- Merci, Myers...

Tu reviens à la rouquine, attendant d’avoir sa réponse. Tu montres bien dans ton regard, qu'elle n'a pas à partir avec toi, que si elle désirait passer encore un peu de temps avec Andrew, elle pouvait. Tu lui devais bien ça.

”- Le cerveau a probablement cramé sous les multiples lissage. Y’a pas d’autre explication. Enfin, si tant est bien sûr qu’il y en ai déjà eu sous cette crinière peroxydée, ce dont je doute.” souffle la brunette, aussi discrètement que possible pour son meilleur ami en même temps que son regard reste fixé sur le duo qui s’associe, fait équipe face à la blonde.

Si la fureur d’Aayden est évidente et compréhensible, celle de Lisa n’est pas en reste, quoiqu’elle soit plus calme, plus discrète. Le ton est dur, froid, sans ménagement et, pour la première fois, Cornelia pense que Lisa Hampton, sous ses airs de gentille fille, serait parfaitement capable d’écraser une personne, si celle-ci venait à s’en prendre à quelqu’un qu’elle aime. Et, de toute évidence, Aayden Sachs était, pour une raison que la brune ignorait, l’une de ces personnes que la rouquine protégerait et défendrai, corps et âme. Et, pourtant, ça n’est pas tant pour le protéger de Karine qu’elle se dresse entre eux comme un rempart mais pour le protéger de lui-même et de ce qu’il pourrait faire, commettre, si elle se poussait. Si elle le laissait atteindre la blonde, ce qu’elle refuse de faire même quand Karine commence à s’en prendre à elle, adressant un signe de la main discret à son meilleur ami, que toute la tablée remarque pourtant.

”- Elle le mériterait sans aucun doute…” souffle Cornelia aussi bas que possible.

La dernière chose dont elle ait envie, c’est que la reine du lycée commence à l’emmerder plus qu’elle ne l’est déjà. Plus qu’elle ne l’a déjà fait en s’approchant de leur tablée avec tout le manque de considération dont elle était capable et qui, s’il n’a rien de surprenant, n’est jamais des plus agréables. Mais elle finit par se tirer quand Lisa le lui demande, les laissant tous les quatre dans une ambiance lourde qu’Andy tente de dissiper, tant bien que mal, sans grand succès comme Aayden garde le regard rivé sur son plateau avant de décider d’y aller, ne semblant visiblement pas dans son assiette, pour une raison que la brune ignore. Il est passé de la colère à… ça… si vite, qu’elle ne comprend pas grand chose. La lassitude, peut-être, tout simplement, d’être harcelé constamment par la blonde. Pour une fois, la brune le plaindrait presque. Non, pas presque. Elle le plaint.

”- Un jour, elle rentrera dans son crâne que “la plèbe” la surpasse tu penses ou c’est peine perdue ?” souffle Lisa pour Aayden en reprenant place à table, se réinstallant dans cette ambiance tendue.

Bon sang cette peste ne disparaîtrait donc jamais de leurs vies ? Elle ne pouvait pas jeter son dévolu sur quelqu’un d’autre ? Quelqu’un qui ne soit pas Aayden, histoire de les laisser tranquille ? Lisa pousse un soupir. Des années que cette pimbêche essaie de les éloigner l’un de l’autre, comme si elle avait la moindre chance d’y arriver et, pourtant… Pourtant chacune de ces tentatives est un rappel douloureux pour celle qui n’oublie pas que, dans cette vie, n’importe qui peut la quitter. Son propre père l’avait bien fait. Le traumatisme était encore présent et elle redoutait que d’autres ne suivent son exemple. Si Aayden lui tournait le dos, s’il disparaissait.. Elle est presque sûre qu’elle ne s’en remettrait jamais, ne s’en relèverait jamais, ne pourrait plus jamais accepter de croire qu’une quelconque forme d’amour, qu’il soit amical ou non, existe. Et elle avait beau savoir, au fond, qu’il ne partirait pas… Il y avait cette petite voix en elle qui murmurait que si, il le ferait. Parce qu’elle n’était pas digne que l’on reste. Pas digne que l’on se batte pour elle. Son propre père avait abandonné.

”- C’est sûr que pour la distribution des cerveaux, elle n’était pas la première arrivée…” souffle Lisa en fixant son propre plateau avant de pousser un soupir. ”Quelle p… mh !”

La voix de son ami qui parle de rentrer lui fait tourner la tête vers lui. Il ne va pas bien. Et s’il affirme qu’elle peut rester encore un peu si elle le veut, il n’y a absolument aucun univers où Lisa le laisserait seul dans un tel moment. Sûrement pas. C’était une des raisons pour lesquelles Karine ne pourrait jamais les séparer. Ils avaient traversé trop de choses ensemble, affronté trop de choses, pour qu’il soit possible de s’immiscer entre eux. Elle ne pouvait pas le comprendre, toutefois. Elle n’avait aucune idée de ce que pouvait être l'amitié, la vraie, sincère et désintéressée.

”- Non c’est rien, je viens avec toi.” souffle-t-elle en se redressant, avant de tendre la main dans sa direction. ”Et il n’y a absolument aucun univers dans lequel je te laisserais conduire dans cet état. Donc… c’est moi qui conduit.” En d’autres termes… Elle demandait ses clés. ”C’était très sympa de vous voir tous les deux en tout cas…” souffle-t-elle pour Andy et Corny en leur adressant un regard. ”Désolé que Karine ait… fait sa Karine et tout gâché. Comme d’hab.”

Tu pries pour pouvoir partir rapidement, commençant à réunir ton merdier sur ton plateau, rangeant ce que tu n’avais pas mangé dans ton sac pour plus tard. Tu te tournes un instant vers ta meilleure amie, qui décide de ne pas te laisser seul pour rentrer. Tu soupires. Évidemment. Tu ne vas pas insister parce que tu n’avais pas la force de lui tenir tête et l’envie de te disputer avec elle après ce qui venait de se passer. Tu vois sa main tendue vers toi et te facepalm en voyant bien ce qu’elle avait en tête. Tu serres les dents et cherches dans tes poches la clé pour lui donner, sans conviction.

Tu gardes le regard baissé, désolé pour les deux d’en face toi aussi. La voix de Myers te rassure légèrement, sans vraiment parvenir à défaire ce petit sentiment de culpabilité qui te rongeait doucement.

- Oh, vous en faites pas. On s’refera ça une prochaine, sans elle cette fois.

Qu’il dit en souriant, rigolant. Comme si pour lui, c’était déjà un mauvais souvenir. Tu n’arrives pas à suivre et attends que Lisa parte en première pour faire un simple signe de la main en guise d’au revoir, partant rapidement vers le parking, sans croiser leur regard. Non, ce serait la cerise sur le gâteau. Tu attends patiemment à côté de la voiture avant de pouvoir entrer côté passager. La laisse faire, parler, regardant le paysage un instant avant de commencer à pleurer en silence. Tu pleures de frustration, de rage, de colère… Contre toi, contre Smith, contre ton père… Tu soupires un instant avant de reprendre un peu de contenance et de grimaces.

- Désolé.. je.. Chier.. Heureusement qu’mon père rentre pas ce week-end… Putain… Pose-moi d’vant chez moi, ça ira… Garde la bagnole et on s’arrange d’main va..

Que tu dis simplement. La boule au ventre, la gorge nouée… Tu souris un peu en regardant ta meilleure amie.

- Merci quand même pour l’McDo… J’ai.. J’aurais réussi à un peu lui parler… Grâce à toi.

Que tu dis en tendant la main pour serre la sienne, comme un frère avec sa sœur, comme deux amis qui tentent d’avancer à tâtons dans cette fin d’adolescence perturbée. Tu sais de toute façon que vous aller continuer d’en parler dans l’après-midi et dans la soirée… Tu le sais… Tu ne sais pas ce qui t’attend pour la suite.. Mais cela t’a donné un peu d’espoir…

Au moins pour survivre à l’été qui arrive.

Il lui donne ses clés et Lisa le laisse passer, souriant à la cantonade. Laissant l'homme la devancer, elle prend congés des deux autres et lui emboite rapidement le pas, le retrouvant sur le parking. Prenant place côté conducteur, elle procède aux réglages nécessaires pour pouvoir utiliser le véhicule de son meilleur ami, puis s'engage dans la circulation en faisant la conversation, son meilleur ami n'ayant pas vraiment le cœur à parler, de toute évidence. Lui jetant quelques coup d'œil discrets en même temps qu'elle conduit, elle remarque ces larmes silencieuses qui coulent le long de ses joues et se tait, le laissant digérer, s'exprimer s'il en a besoin. Elle essaie de lui offrir la paix dont il a besoin.

Enfin, il parle, évoquant son père et le voyage de ce dernier qui a la bonne idée de ne pas être là en ce moment, au moins. Lisa acquiesce d'un mouvement de tête et, repérant une place plus loin, à deux pas de chez Aayden, elle allume son clignotant pour s'y installer quelques secondes plus tard, coupant le contact avant de se tourner vers lui, lui tendre les bras, lui offrant son soutien, son réconfort, tout ce dont il aurait besoin.

"- De rien. Tu l'aurais fais pour moi." souffle Lisa quand il la remercie pour le MacDo.

Bien sûr qu'il l'aurait fait. Si elle avait été à sa place, Aayden aurait remué ciel et terre pour qu'elle ait une occasion de parler à Andy. Il n'y avait aucun univers, alors, où Lisa en ferait moins. Ce n'était pas possible. Comme il n'était pas possible de le laisser rentrer chez lui, seul, de l'abandonner pour la fin de journée, même s'ils resteraient en contact par SMS. Lisa avise la main qu'il lui tend et se ravise, rallumant le contact. Il n'y avait aucune chance qu'elle le laisse seul avec ses démons, au risque que son frère, sa sœur, ou Dieu sait qui vienne en rajouter. Alors elle prend la direction de chez elle, où elle est sûre qu'il sera tranquille et où elle pourra le laisser être seul dans sa bulle s'il en ressent le besoin. Sa mère n'est pas là avant ce soir et, de toute façon, Aayden a toujours été chez Lisa comme chez lui. A ceci près que, chez Lisa, quelqu'un l'aimait. Non pas pour ce qu'il pouvait être, mais pour qui il était. Si la vie avait prit un fils à Julia Hampton, elle lui en avait depuis longtemps également offert un.

[Début Juillet 2023]

Message envoyé. Tu ranges ton téléphone rapidement dans ta poche avant de tapoter sur le volant de ta voiture en prenant une grande inspiration. Tu fermes un peu les yeux avant de te concentrer de nouveau sur le présent. Tu déglutis en klaxonnant une fois pour que ta passagère du jour puisse comprendre que tu venais d'arriver et que tu l'attendais devant sa porte. Pas comme si tu avais eu besoin de faire un grand trajet aussi, il s'agissait quand même de la maison voisine. Tu profites du laps de temps où tu es seul pour te remémorer le comment tu en es arrivé là.

Tu t'étais levé tôt, par habitude, pour pouvoir faire tes premiers échauffements matinaux. Ce n'était pas parce que tu étais en vacances scolaires et que tes parents n'étaient pas à la maison que tu devais ignorer ce que tu faisais habituellement. Ton frère était à la maison, mais tu savais que c'était surtout pour squatter un lit gratuitement. Ok, il faisait à manger et le ménage, mais comme compagnie il y avait eu mieux. Et ta sœur n'avait jamais voulu s'occuper de toi en l'absence de tes parents, donc ce n'était pas aujourd'hui qu'elle allait faire cet effort. Tu t'en fichais bien. Quand Lisa reviendra de son voyage humanitaire, de toute façon, tu iras chez elle.

Le fait est qu'en t'habillant, tu avais jeté un coup d'œil rapide à la fenêtre d'en face et tu avais remarqué la présence inhabituelle de ta voisine. Cela t'avait surpris, parce que la connaissant, ayant appris par hasard son emploi du temps et ses habitudes… Elle aurait déjà dû être à la patinoire. Tu avais un peu hésité en l'observant en train de déambuler dans sa chambre. Tu avais pesé le pour et le contre avant de lui envoyer un message pour lui demander si elle voulait que tu l'amènes. Tu l'avais déjà fait, en urgence pour une compétition, tu pouvais le faire pour un entraînement.

Tu t'étais jeté à l'eau, croyant qu'elle refuserait ou t'enverrait bouler, mais non. Elle avait accepté et tu avais presque tout envoyé valser pour t'habiller en vitesse. Tu avais prétexté avoir aussi un truc à faire à la patinoire, alors tu avais balancé ton sac sur ton épaule. Tu avais pris une grande inspiration dans ta salle de bain, essayant de te donner du courage devant ton miroir avant de rejoindre ta voiture. Et voilà… Voilà comment tout ça est arrivé. Tu sors pour aller ouvrir ton coffre en voyant arriver la brune.

- Hey… file ton sac.

Que tu dis simplement pour le mettre sur le tien avant de lui ouvrir la portière. Tu regardes un peu autour de vous, assez anxieux que l'on vous voit, mais bon. Pas le choix. Elle n'avait plus personne pour la conduire et tu as fait une BA hein ? Tu refais le tour du véhicule pour aller au volant et commences à démarrer en t'attachant.

- T'es genre méga en r'tard ou t'as encore du temps?

Que tu demandes, connaissant par cœur les chemins possible pour arriver en tant de temps à destination. Tout dépendra de sa réponse.

Son frère avait probablement oublié qu'il devait exceptionnellement la déposer à la patinoire aujourd'hui et tous les matins de la semaine, à vrai dire, puisque leurs parents étaient partis une semaine en amoureux. Il semblait être déjà parti quand elle était sorti de la douche suite à son traditionnel running du matin et... elle avait beau essayer de le joindre, ses tentatives restaient désespérément sans réponses. Elle allait devoir se décider à faire le chemin à pied, ou appeler Andy pour voir s'il pouvait venir la chercher mais... Il devait déjà être à la patinoire. Autant dire qu'elle n'allait pas l'obliger à faire l'aller retour. Et qu'elle n'allait pas lui dire, non plus, qu'elle était en galère sinon, le connaissant, il le ferait.

Son téléphone vibre dans sa main et elle a la surprise de voir le nom "Sachs" s'afficher à l'écran. Fronçant les sourcils en se demandant ce qu'il peut bien lui vouloir, se souvenant qu'elle n'a à l'origine enregistré ce numéro dans son téléphone que pour se protéger de lui à un moment où il envoyait des messages digne d'un petit con avec sa bande. Elle avait pu, ainsi, en effacer la plupart sans même les lire. Est-ce qu'il avait recommencé ? Un coup d'œil en direction de la fenêtre en face de la sienne lui fait penser que non. L'homme a l'air seul et... en caleçon. Elle blêmit un peu, détournant le regard avant de répondre, expliquer sa situation. Bon sang. Elle ferme les yeux, son message envoyé, mais l'image de l'homme en caleçon revient s'implanter dans son esprit et, blême, gênée, elle quitte la pièce pour ne plus y penser.

Il se passe quelques minutes seulement avant que son voisin et meilleur ennemi ne klaxonne devant chez elle et la jeune femme sort précipitamment, traversant rapidement la distance qui la sépare encore du véhicule, prête à regarder la route pour toute la durée du trajet. Mais il l'intercepte avant qu'elle ne grimpe, réclamant son sac et elle le lui tend, le cœur battant, le rouge aux joues, n'osant pas croiser son regard. Pas à peine quelques minutes après l'avoir vu... C'est affreusement gênant.

"- Euh je... Je devrai être sur la glace dans 25 minutes. Tenue enfilée et patins aux pieds." affirme-t-elle après un coup d'œil à sa montre.

Tu grimaces doucement, essayant de ne pas trop croiser son regard non plus, trop intimidé aussi de l’avoir dans ta voiture. C’était un peu déstabilisant en vérité. Ce n’était pas la première fois que cela arrivait, mais tu étais plus ou moins préparer la première fois, c’était en stress. Donc tu étais concentré, motivé par le temps, mais là… C’était spontané, tu voulais juste savoir si tu pouvais donner un coup de main, pensant sincèrement qu’elle refuserait. Mais non. Tu te remémores ces mots, tu te revois en train de lire son message.

*C'est gentil... ça t'ennuie pas ?*

Non ! Bien sûr que non ça ne t’ennuyais pas ! Non, bien sûr que non, ce n'était pas un problème ! Tu avais proposé, c’est que tu voulais rendre service, inconsciemment ! C’est que tu étais disponible ! Que tu avais du temps à perdre pour faire un aller-retour pour l’amener et la ramener si besoin ! Bien sûr !! Tu inspires doucement, serrant le volant d’une main, l’autre sur le contact, ayant posé la question de son possible retard et te figes un peu. Tu lèves un sourcil un instant avant de redresser la tête vers elle. Tu écarquilles un peu les yeux avant de jeter un coup d’œil sur ton horloge.

- Vingt-cinq ? Merde ! Accroche-toi.

Tu démarres au quart de tour et vérifies rapidement derrière vous pour reculer avant de prendre la route comme un demeuré. Bon, ok, vous aviez le temps, mais tu sais à quel point une préparation pour aller sur la glace met du temps. Tu sais aussi à quel point l’adolescente peut rapidement stresser avec ça. Tu serres les dents, concentré sur la route et grognes.

- Quel con. J’le retiens ton frère quand même.

Que tu murmures entre tes dents, manquant presque de passer un feu au rouge. Tu te ronges un ongle avant de passer ta main devant elle pour éviter qu’elle ne passe par-dessus le tableau de bord quand tu freines.

- LA PRIORITÉ, CONNARD ! Pardon. J’vais tenter d’prendre un raccourci.

Ouais non, il y a pas à dire. Elle n'allait pas être en retard, c’est sûr. Surtout vu la vitesse que tu avais prise en plein centre-ville.

Bon sang, dire qu'il y a quelques minutes à peine, elle l'a aperçu presque nu dans sa chambre. Elle n'aurait jamais dû voir ça. Pour commencer, sa fenêtre n'aurait jamais dû donner sur la chambre de qui que ce soit. Mais encore moins sur celle de Sachs. Elle n'est pas certaine de pouvoir oublier ça avant un moment. À vrai dire, elle est sûre que si elle croisait son regard, elle y penserait de nouveau. D'où le fait qu'elle évite soigneusement de le regarder. D'autant plus que, de toute façon, elle y pense encore. Comme une image indélébile qui ne veut pas quitter son esprit. Comment est-ce possible ? Est-ce que son esprit est résolu à la tourmenter longtemps encore ? À lui imposer cette image encore et encore ? Un frisson la parcourt et elle détourne le regard. Il n'y a sûrement rien de pire au monde que de voir l'homme qui nous a toujours mal considéré dans une position pareille.

Quand elle annonce qu'elle doit être sur la patinoire dans vingt-cinq minutes, c'est-à-dire qu'elle doit être arrivée, qu'elle doit être habillée, patins aux pieds et présente sur la glace pour le début de ce cours exceptionnel estival, le dernier qu'elle fera avec un coach avant la rentrée prochaine, l'homme semble paniquer et lui demande de s'accrocher. Immédiatement, il se met en route et fait preuve d'une conduite plutôt sportive qu'elle lui connaît déjà. Sa main attrape la poignée située sur le côté droit de sa tête, s'y agrippant.

"- Tu sais... J'ai dis dans vingt-cinq minutes mais... Ça sous-entendait en vie !" souffle la jolie brune, le teint pâli. "Il a oublié. C'est rien. D'habitude mes parents m'y déposent. Il a juste oublié qu'ils sont partis en ce moment "

Il continue de conduire et elle doit bien l'avouer, elle a un peu peur d'autant plus qu'il manque de passer au rouge tout en parlant. Il stresse, ronge ses ongles, ne la rassure pas vraiment et elle détourne le regard pour ne pas voir la route devant elle. Ne pas voir la mort arriver, peut-être. Mais une voiture attire son attention et elle panique.

"- ATTENTION !"

Un coup de frein, le bras de l'homme qui se place instinctivement devant elle et elle a la respiration presque coupée, fixant les voitures devant eux. Il va prendre un raccourcit. Elle pâlit un peu plus, espérant que ce ne sera rien de trop étroit. La dernière chose dont elle a besoin actuellement, c'est qu'il les envoie dans le décor. Ou de se sentir malade, comme c'est le cas, tellement secouée qu'elle se sent prête à recracher son petit déjeuner. À moins que ça ne soit que dans sa tête.

Silence. Silence soudain dans l’habitacle, encore sous le choc de ce qui venait de se passer. Tes réflexes de gardien servent autant en jeu qu’au quotidien, surtout pour conduire. Autant, si tu avais été tout seul, tu aurais gueulé, tapé sur ton volant et hurler deux trois insultes imagés, mais là… Tu n’étais pas seul. Si c’était Lisa encore, elle aurait gueulé avec toi aussi. Mais non. Tu avais une précieuse passagère avec toi, qu’il fallait encore préserver de tes mauvaises habitudes et de tes crises passagères de colère soumises à l’impulsivité de ta cervelle. Tu prends une grande inspiration, pour te calmer.

Tu fusilles du regard le conducteur qui s'excuse alors qu'il passe, levant la main pour dire qu’il ne vous avait pas vu. Tu soupires en secouant la tête et reprends la route, retirant le bras de devant l’adolescente à tes côtés. Tu redémarres rapidement, jetant un coup d’œil à Cornelia.

- Ça va ?

Tu sembles inquiet dans le fond de la voix. Tu n’attends pas sa réponse, cependant, même si tu gardes une oreille attentive. Tu essayes de te reconcentrer sur la route pour arriver à bon port, roulant toujours à une vitesse à la limite de l’infraction, prenant un chemin que personne ne soupçonnerait possible d’être praticable. Par chance, pas de nid de poule à l’horizon et tu peux accélérer une nouvelle fois sur la ligne droite. Tu grognes doucement avant de tourner pour pouvoir te garer rapidement sur les places devant la patinoire. Tu serres les dents en mettant le frein à main, coupant le moteur avant de sortir rapidement pour lui ouvrir.

- Et voilà, l’carrosse d’la princesse est arrivé à bon port.

Que tu dis, essayant un peu de faire de l’humour. Tu attends qu’elle sorte d’elle-même, lui laissant le temps de se remettre de ta conduite digne d’un fou furieux et va ouvrir le coffre pour lui tendre son sac avant de prendre le tien sur l’épaule.

Et maintenant ?