Son cœur bat la chamade dans sa cage thoracique, entre le mouvement rapide du bras du goalie qui s'est placé instinctivement devant elle et la pression du moment, de l'impact qu'elle a senti venir et qui n'est finalement jamais arrivé. Ok. Elle note mentalement que, la prochaine fois, s'il y en a une, elle prendra peut-être un Lift. Quoique. Elle n'a pas vraiment envie d'être retrouvée entre deux poubelles dans une rue douteuses. Ouai, ouai, pas tous les chauffeurs. Mais c'est pas marqué sur la carrosserie lequel est un enfoiré de première. Alors elle appellera peut-être Andy, quitte à lui faire faire l'aller-retour. C'est peut-être mieux que de finir dans le décor, en fait.

"- Ouai"

C'est vite dit mais ça va. Elle a le cœur qui bat à cent à l'heure, mais elle est au moins toujours en vie, c'est le principal. Elle suppose, en tout cas. D'un autre côté, ça lui rappelle pourquoi elle n'a pas encore passé son permis. Parce qu'elle a peur des gens qui roulent comme lui. Vite. Trop vite. Elle n'est même pas sûre qu'il respecte la limite de vitesse autorisée, mais ne se risque pas à glisser un regard en direction du tableau de bord, des fois qu'elle n'aimerait pas ce qu'elle y verrait.

Enfin, au bout d'une course effrénée dans des petites rues qu'elle n'aurait jamais emprunté, la voiture s'arrête et coupe le frein à main. Il descend rapidement et, avant même qu'elle ait ouvert la porte, est déjà de son côté, la lui ouvrant, annonçant que le carrosse de la princesse est arrivé à destination. Elle écarquille les yeux.

"- Depuis quand je... suis une princesse ?"

Elle ne masque pas son étonnement en rejoignant l'arrière de la voiture pour récupérer son sac de sport, les jambes chancelant un peu et le teint livide. Ce mec n'était pas seulement un danger pour ses adversaires de hockey, il l'était aussi sur la route. Ce n'était pas la première fois qu'elle montait avec lui pourtant mais... Cette fois avait été différente. Stressante.

"- Merci pour la course. Je... te mettrai une bonne note sur Lift." tente-t-elle de plaisanter avant de regarder le bâtiment. "Bon bah... Je... Je vais être en retard si je..."

Elle montre la patinoire en s'expliquant et s'éclipse finalement en direction de celle-ci, fonçant vers les vestiaires. Il reste... Un peu moins d'un quart d'heure avant le cours. Elle comprend mieux la course de son cœur dans sa poitrine... Et la tête que tire Andy en la voyant arriver lui dit qu'elle doit avoir un teint à faire peur.

Elle semble surprise au surnom que tu lui donnes et tiques un peu. Tu venais de l'appeler comment ? Princesse ? Oh merde. Bon ok, ça lui allait bien, mais si tu continuais comme ça, va savoir comment elle réagirait ensuite. Tu essayes de détourner le regard pour qu'elle ne voie pas tes rougeurs et la laisse prendre ses affaires avant de lâcher un rictus nerveux à sa petite blague. Ouais, nan, elle n'était pas mal, pas sûr cependant que c'est le genre de truc que feras de nouveau dans le stress comme ça. Du moins, tu t'y prendras à l'avance pour éviter qu'elle ait cet air livide.

- Tu ….

Que tu comptes demander avant de commencer à la voir partir vers la patinoire. Tu soupires et verrouilles ta voiture avant de la suivre. Tu te masses la nuque et essayes alors de trouver tes mots, pour oser lui demander quelque chose. N'importe quoi. Tu repenses à ce qu'avait dit Lisa et allait l'interpeller quand tu vois la tête d'Andrew devant la patinoire. Tu serres les dents et t'arrêtes, les mains dans les poches, derrière la brune, l'air patibulaire. Tu inspires doucement, tu ne vas pas t'énerver hein ? Il n'a rien fait et a le droit d'être là… T'as juste un léger pincement au coeur, mais c'est normal, on va dire.

- Ah bah t'es là ? J'ai failli t'appeler pour savoir si je devais venir te chercher. Oh salut, Sachs.
- Myers…

Tu bouillonnes intérieurement, pris d'une jalousie soudaine en les voyant discuter. Tu baisses le regard, envieux. Tu soupires et sais de toute façon que tu ne peux rien faire en vérité. Lisa aime beaucoup trop Myers pour que tu puisses vraiment être agressif et Corny tient à lui comme tu tiens à Lisa. Tu tentes alors une autre approche. Tu touches l'omoplate de l'adolescente du bout du doigt, attendant qu'elle se tourne vers toi, consciente que tu veuilles lui parler. Tu baisses un peu ta tête vers elle, être à son niveau et demandes presque en murmure.

- J't'attends pour rentrer ? J'veux dire, tu veux qu'j'te ramène ? Ça m'dérange pas hein ?

Tu essayes de sourire un peu avant de te redresser pour commencer à avancer en continuant.

- J'serais à l'autre bout d'la patinoire si tu changes d'avis.

Si… bah.. Tu te retournes pour être dos à eux, partis rejoindre enfin les vestiaires et soupires. Tu avais tenté au moins. Tu es soudainement certain qu'elle dira non, qu'elle demandera à Myers de la ramener et tu auras loupé une occasion de lui parler au calme. Tant pis. Tu allais mettre tes patins quand tu croises deux de tes coéquipiers. Bah, cette escapade à la patinoire n'aura pas été vaine en fait. Tu attrapes tes gants, tes protections et ta crosse pour les rejoindre, faire quelques arrêts, alors que ton regard s'éloigne sur l'entraînement au loin des patineurs…

Qu'est-ce qu'elle répondra ? Tu laisses alors passer le temps, rigolant avec tes deux hockeyeurs et retire ton casque quand tu vois venir vers vous la jeune femme. Tu croises son regard, le cœur battant. Tu fronces les sourcils en voyant bien qu'elle te fait signe et hoches la tête avant de dire à Jo, ton attaquant et Willhem, le défenseur, de t'attendre. Tu rejoins la jeune Hardt au milieu du terrain et baisse la tête.

- Ouais ? Un problème ?

Tu termines de te préparer en souriant devant les textos envoyés par Lisa. Cela te fait doucement rêver avant qu'on ne te sorte de ta torpeur parce que l'entraîneur, vous attendez, autant pour le cours que pour vous donner une nouvelle. Enfin, attendu, vu que vous saviez très bien qu'à la rentrée de septembre, vous aurez un nouveau coach. Une coach pour être précise. Mais là n'était pas le problème. Cornelia commençait légèrement à être en retard et si tu n'avais pas eu l'esprit détourné par Lisa, tu aurais déjà appelé la brunette pour lui demander si tout allait bien. Mais rien.

Pas de texto ni d'appel. Tu grimaces, un peu inquiet, gardant tes patins à la main pour attendre à l'entrée de la patinoire. Personne. Tu soupires, répondant une dernière fois à Lisa avant de commencer à composer le numéro de ta meilleure amie… Pour voir se garer comme un fou furieux la voiture un peu sportive de Sachs se garer devant. Tient ? Tu sais qu'il y a deux trois hockeyeurs qui sont là plus pour s'amuser que s'entraîner vu que ce n'était pas leur créneau, mais tu te souvenais pas que … OH ! Tu clignes plusieurs fois des yeux en le voyant ouvrir la portière passagère et voir sortir Cornelia. AH OUI ! Non mais s'il lui sort le grand jeu aussi…

Tu pouffes intérieurement, déçu que le club de supporter et pom pom girls ne soit pas présent pour que la rumeur parvienne aux oreilles de Smith. Tu approches alors pour les interpeller et essayes de ne pas réagir à la soudaine aura qu'impose Sachs. Ouais nan, vu comment il regarde ta meilleure amie et comment il se positionne derrière… Qu'est-ce que se sera si un jour, ils sortent ensemble… Tu comprends VACHEMENT mieux pourquoi Lisa n'a pas peur d'être emmerdé par des mecs étranges quand ils baladent ensemble. Tu entends ce qui lui dit avant de le voir partir. Tu attends un peu avant de sourire à ta meilleure amie.

- Bah alors ? On a un chauffeur attitré maintenant ? Mais ça va ? T'as l'air livide. T'as vu un fantôme ou bien ?

Tu pouffes en lui donnant un coup de coude avant d'avancer pour finir de te préparer pour aller sur la glace. Tu attends ses explications avant de commencer à t'échauffer en rejoignant la glace. Mais vous n'avez pas vraiment le temps d'en rajouter. Le vrai entraînement commence et tu ne peux que te concentrer sur tes réceptions avant de pouvoir de nouveau parler un peu avec ta meilleure amie… Qui.. hein ?

- Corny ? Ou…

Tu la suis du regard et sourit en la voyant approcher des hockeyeurs qui étaient restés dans le fond pour ne pas déranger vos entraînements. Tu la suis, restant un peu plus loin quand même. Faudra vraiment que tu en parles à Lisa après.

Princesse. Princesse ! Non, définitivement, Sachs est tombé sur la tête. Il n'y a aucun univers dans lequel il l'appellerait Princesse, à moins d'être bourré et de la confondre avec quelqu'un d'autre. Sauf que, dans l'immédiat, il a l'air d'être sobre. Enfin, elle suppose qu'il l'est, qu'il n'aurait pas prit le volant sans l'être mais... Force est de constater qu'elle n'en sait rien, en fait. Ce n'est pas comme si elle connaissait vraiment Aayden Sachs, bien qu'il soit son voisin depuis dix-sept ans, qu'ils aient grandis à quelques dizaines de mètres l'un de l'autre seulement, se détestant cordialement tout ce temps, non pas parce que c'était vraiment le cas mais parce qu'on les avait éduqué comme ça. Enfin lui, surtout.

Elle va pour rentrer dans la patinoire quand Andrew surgit de celle-ci, disant s'être inquiété pour elle et avoir faillit l'appeler pour savoir s'il devait venir la chercher. Faillit, seulement ? Elle hausse un sourcil considérant l'heure qu'il est. Connaissant son ami et sa générosité, il avait dû être sacrément occupé pour ne pas réellement le faire, bien qu'elle aurait décliné. Elle ne sait pas par quoi mais... Peut-être bien qu'elle sait par qui. Ce constat lui arrache un sourire, que la main qui frôle son omoplate vient dissiper. Se tournant vers le goalie, elle l'observe sans vraiment comprendre, avant de manquer de s'étouffer. La ramener ? Après cette... conduite ? Et... l'attendre, exprès ? Elle tourne vers Andy un regard choqué, avant de reporter son attention sur le joueur de hockey qui s'éloigne déjà, affirmant qu'il serait dans les parages au besoin.

"- Vu sa conduite, c'est moi qui ait faillit devenir un fantôme ouai..." souffle-t-elle en l'observant encore tandis qu'il s'éloigne. "Je sais pas ce qu'il a en ce moment." remarque-t-elle. "Attend quand on est arrivé, il a dit que le carrosse de la princesse était à destination. Princesse ? Mais n'importe quoi !" proteste la jeune femme en laçant ses patins. "Je ne sais pas ce qu'il prépare mais... J'sais pas. On dirait qu'on l'a échangé c'est... trop bizarre." souffle-t-elle.

Rejoignant rapidement la glace, l'échauffement commence et rapidement, l'entraînement les empêche de réellement parler. La brunette se concentre sur ses sauts, ses réceptions, retravaillant encore et encore ses pirouettes. Dans son esprit, pourtant, la matinée tourne en boucle, de même que la proposition de la raccompagner chez elle. Bien sûr, elle pourrait demander à Andy mais... Cela lui ferait faire un détour et elle préfère le lui éviter. A moins qu'ils ne sortent faire elle ne sait trop quoi après l'entraînement. Aussi, elle pourrait rentrer à pieds... Mais il fait vraiment chaud et à midi, le soleil à son zénith rendra le parcours particulièrement contraignant, même pour une personne sportive comme elle. Sachs, lui, habite à côté. Il n'a pas de détour à faire. Il va de toute façon faire la route, avec ou sans elle. Si elle accepte, il aura juste à l'attendre. Ce qui l'ennuiera peut-être mais... Il lui doit bien ça pour tout ce qu'il lui a fait par le passé, sûrement.

Profitant d'un temps de pause, elle patine jusqu'à lui, ne se rendant pas compte qu'Andy voulait lui parler et elle s'arrête à quelques centimètres de lui, dans un mouvement contrôlé, avant de relever la tête vers lui. Un problème ? Elle est piquée au vif. C'est pas lui qui a proposé de la raccompagner et qui a affirmé qu'il serait au cout de la patinoire ? Il lui semble que si. Alors...

"- Non, rien."

Elle se détourne, commençant à s'éloigner en glissant sur la surface gelée, prête à rejoindre Andy qui semble les observer. Elle savait bien que personne ne pouvait changer en une nuit. Et surtout pas Aayden Abruti Sachs. Pourtant elle s'arrête à peine deux mètres plus loin et revient vers ce dernier.

"- J'ai besoin de savoir à quoi tu joue, Sachs."

Ta meilleure amie affirme qu’elle aurait pu y passer. Tu essayes de rire nerveusement, n’ayant eu que des rumeurs sur la conduite du gardien. Tu fronces cependant les sourcils quand elle te parle du concerné, comme si quelque chose la chiffonnait. Lui semblait étrange. Tu ne dis rien, l’écoutant tranquillement. Tu ne pouvais rien dire non plus, tu ne pouvais pas avouer la vérité, vérité palpable, que l’on peut percevoir si on fait vraiment attention. Il y a ses regards qu’il lui lance, il y a les petites actions comme celle-là qui confirme tout ça.

Il l’a amené, alors que tu es certain que les hockeyeurs n’avaient rien à faire aujourd’hui. Il a proposé de faire le chemin du retour, attendant sa réponse dans la mâtiné alors qu’il sera occupé à taper dans son palet avec ses camarades. Pourtant, elle se pose des questions, semble peu sereine. Tu hausses les épaules.

- Il essaye peut-être de se racheter et d’être gentil, y a rien d’mal.

Tu ne t’attardes pas plus, commençant l’entraînement comme si de rien n’était, gardant un œil tout de même sur ta meilleure amie. Elle est concentrée aussi, présente, mais il y a une incertitude dans son regard. Bien sûr que cela ne concerne pas du tout le patinage. Bien sûr que non. Elle doit réfléchir à plein de trucs au milieu qui doit concerner le gardien au loin qui rigole en faisant le con avec sa crosse. Tu pouffes un peu et reviens vers elle avant de la voir repartir pour aller parler au blond. Tu observes un peu la scène au loin et fronces les sourcils.

Ouh… La tête de Sachs dit rien qui vaille. Elle lui a dit quoi encore ? Tu soupires et approches pour voir s’il fallait que tu interviennes, mais.. Elle a l’air de gérer… Enfin.. C’était avant que tu ne voies l’attaquant des Loup-garou (oui, choix du club d’avoir une équipe d’ado avec de l’humeur qui déconne et des hormones en pleine croissance avec un nom pareil) qui lance le palet peut-être un peu trop loin. Tu grognes et essayes d’avoir leur attention.

- CORNY ! SACHS!

- Hein ?

Rien ? Comment ça rien ? Pourquoi elle revient vers toi pour te dire rien. Tu redresses un peu la tête, perdu. Tu n'avais rien fait de mal, si ? Tu te retournes un peu pour vérifier que tout va bien avec les deux hockeyeurs avant de te concentrer de nouveau vers la jeune patineuse qui revient vers toi. Tu te grattes la tempe comme tu peux avec ton gant en déglutissant. Elle aurait ? Non, elle n'aurait pas deviné. Si ? Tu lèves les yeux vers Myers, mais tu penses bien qu’il n’avait rien dit non plus, enfin, tu le penses sincèrement vu ce que t’avais dit Lisa.

- De quoi ? Comment ça à quoi je joue ?

Enfin… Si.. Tu essayes de gagner un peu ses faveurs en voulant lui prouver que tu valais mieux que tout ce que tu avais pu lui montrer avant avec les dires de ton père et la pression du club. Tu baisses un peu le regard pour essayer de trouver une réponse logique, qui pouvait plaider en ta faveur alors que tu rougis des joues rapidement. Si proche et si loin à la fois.. Tu inspires un peu et ouvres la bouche pour répondre avant d’entendre la voix d’Andrew qui gueule de l’autre bout de la patinoire. Tu fronces les sourcils, te redresses et bascules la tête sur le côté.

- Myers ? Que...

Ce n’est qu’après que tu vois dans un coin de ta vision périphérique, l’espèce de machin rond, noir et plat qui manque t’arriver dans la tête de la patineuse devant toi. Tu laisses ton instinct faire, mettant ta main gauche devant pour réceptionner le palet avec une facilité déconcertante. Tu laisses une seconde passer avant de le poser par terre, prêt à le pousser avec ta crosse pour leur rendre. Tu grognes, le dos rond et le regard noir.

- Putain Jo ! Ça va pas, non ?! M’vise pas quand j’ai pas l’casque ! Et la vise pas elle non plus, où j’te l’enfonce dans les dents !

Que tu râles en montrant la patineuse. Tu vois que ce dernier tremble un peu et hoches la tête avant que tu ne leur rende la potentielle arme du crime du jour. Tu soupires avant de baisser de nouveau la tête vers la brune.

- Pardon pour eux… J’sais bien qu’ils font pas gaffe, mais là, ils exagèrent… Tu… Du coup...

Ah oui. Pour gueuler contre deux couillons en patins qui font presque la même taille et le poids que toi… Tu y es, tu peux, tu gueules… Mais pour essayer de répondre à la patineuse devant toi qui fait la moitié de ta taille…

- Je…

Tu te mords doucement la lèvre. Ouais non… Y a zéro moyen qu’elle rentre avec toi après là… Si ? Faut prier à ce rythme. Tu te maudis de ne pas avoir Lisa à tes côtés actuellement.

Elle ne comprend pas. Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond, forcément et, même si Andy pense que Sachs veut simplement se montrer gentil, qu'il n'y a rien de mal, elle ne peut pas croire qu'il veuille seulement se racheter. Comme ça, un jour, dans la nuit, il avait décidé de devenir sympa ? Sachs n'était pas sympa, pas avec elle, il ne l'était jamais, il ne l'avait jamais été alors... pourquoi maintenant ? Elle sait qu'il a apprit à la détester, à la haïr, qu'elle représente tout ce que sa famille exècre. Et lui aussi. Alors pourquoi veut-il soudainement être gentil avec elle ? Non, ça n'a aucun sens, ça cache forcément quelque chose. Elle n'est pas Lisa. Il n'a aucune raison d'être correct avec elle parce qu'en dehors de la rouquine... il a toujours été assez insupportable avec les autres patineurs.

"- Ouai, tu m'as très bien entendu, à quoi tu joue ? Tu fais le gentil, ça te ressemble pas. Tu m'dis que t'es là et quand j'arrive tu me demande c'est quoi mon problème et..."

Elle n'a pas le temps de terminer de parler que la voix de son meilleur ami l'interrompt et elle se retourne vers lui, le questionnant du regard avant que le gant du goalie n'entre dans son champ de vision. De même que le palet noir qui aurait bien put la toucher. Son cœur bat à cent à l'heure alors qu'elle regarde toujours le machin du coin de l'œil, complètement paniquée. Un peu plus et ce truc l'emmenait tout droit en réanimation. Adieu les entraînement et... adieu la saison, probablement. Peut-être même adieu le patinage. Elle le réalise alors qu'elle fixe toujours l'objet, son cœur battant la chamade. Elle l'entends réprimander les garçons et s'excuser, mais c'est comme un bruit de fond alors que les battements paniqués de son cœur tambourinent toujours à ses oreilles. Et puis, elle explose.

"- PUTAIN MAIS !!! C'est pour ça que les hockeyeurs ont une patinoire spéciale, vous êtes au courant !? Les vitres c'est pas pour faire joli, vous avez conscience que vous pourriez envoyer quelqu'un à l'hôpital ?"

Elle se tourne, parlant d'avantage pour les deux autres que pour celui qui, factuellement, vient de lui sauver la mise et peut-être même la vie. Le stress qui explose fait dévaler des larmes de colère, de frustration, de peur le long de ses joues.

"-Mais ça vous est complètement égal hein, après tout, ces abrutis de patineurs, qu'est-ce qu'on en a à foutre de briser leurs vies, leurs carrières ! Bande de dangers publics !!! Vous avez une patinoire pour vous." rappelle-t-elle avant de s'éloigner, patinant vers Andy. "On peut partir ? Je reste pas sur cette glace tant que ces espèces de demeurés jouent avec nos vies !"

Tu paniques doucement. Tu as oublié un truc ? De lui dire quelque chose ? Non, tu essayes juste de l’aider à la base, et oui, quelques fois, tu dis les choses comme elles te viennent en réfléchissant après aux conséquences, mais tu essayais de faire un effort avec elle. Du moins c’est ce que tu voulais faire depuis la fin de l’année scolaire, au moins, comme Lisa t’avait conseillé d’agir. Tu restes donc un peu sur le cul quand elle dit que tu essayes justement d’être gentil avec elle, agréable. Oui, tu avais demandé s’il y avait un problème, mais parce que ton cerveau débile avait zappé de regarder l’heure.

Il était temps pour certains de quitté la glace et voilà que Jo en a rajouter, manquant de cogner la tête de la demoiselle. Tu essayes alors de t’excuser pour ça, voulant bien faire les chose, mais c’est un ras de marée que tu te prends en face. Elle hurle tellement fort que tout le monde présent s’était figé. Tu bugs, ne l’ayant jamais vu ainsi, serrant ta crosse d’une main tremblante. Tu essayes d’ouvrir la bouche pour répondre, toi qui as normalement le répondant facile, mais rien ne vient. Tu ne sais même pas si elle te parle à toi ou aux deux autres. Tu grimaces, là voyant ainsi en train d’exploser.

- Attend… Corny.. Nelia...

Tu tends un instant la main, te reprenant sur le prénom ; avant de l’entendre crier une nouvelle fois, tournant ensuite les talons pour rejoindre son meilleur ami. Tu la suis du regard avant de croiser celui du brun. Tu serres les dents, incapable de bouger, abasourdi par ce qui vient de se passer, le cœur qui n’était pas prêt. Myers te fait un regard désolé avant de rejoindre la patineuse. Tu soupires un peu avant de retourner de ton côté, fusillant du regard tes camarades, leur balançant le palet dans le ventre.

- Bravo Jo… Bien visé… T’es content d’toi ?

Que tu ajoutes en râlant. Tu quittes ainsi la patinoire, passablement énervé, encore. Journée gâchée. Tu rentres directement chez toi, ayant pris le courrier, soupirant. Plus qu’à mettre Lisa au courant…

Les réflexes du gardien ont épargné le visage de ton amie, mais à quel prix. Tu t’approches doucement avant d’être témoin d’une scène plus qu’improbable. Cornelia Hardt, du haut de son mètre soixante-trois qui tient tête au gardien des Loup-Garou. Cornelia Hardt, avec toute la délicatesse que tu connais chez elle, sa sensibilité qui hurle devant le garçon qui a toujours su mettre sa patience à rude épreuve sans qu’elle ne puisse cependant pas exploser ainsi. Tu caches ta bouche avec ta main, évitant de te mettre au milieu, sachant très bien les dégâts que peuvent engendrer une fille en colère.

Tu ne sais même pas si elle engueule Sachs ou les deux couillons derrière. Un peu des deux. Tu vas mettre ça sur le compte de la fatigue et surtout, surtout des années accumulée où Sachs se moquait d’elle à longueur de temps. C’est sûr que pour elle, ce n’est pas facile à comprendre pourquoi ce dernier semblait soudainement serviable et protecteur avec elle. Et tu ne peux encore rien lui dire. Pas sans l’accord du blond ou de Lisa. Cornelia revient vers toi, te demandant de quitter cet endroit. Tu souris un peu et lances un regard désolé au gardien avant de suivre la brune.

Tu restes derrière elle pour la rejoindre devant les vestiaires, la laissant aller au sien alors que tu rejoins les tient. Tu n’as pas le temps d’échanger un mot avec Sachs qu’il s’en va déjà. Sûrement sous le choc. Tu le comprends. Tu soupires, te grattant la tête, envoyant un message à Lisa avant de rejoindre ta voiture. Tu mets ton sac dans le coffre et tente de sourire à ton amie.

- Hey… Tu… Tu veux qu’on aille prendre une glace pour… Pour oublier tout ça ? J’veux dire… Ça te ferait du bien et le Diner a un nouveau parfum. Il pourrait te plaire.

Parce que tu as vu ses larmes. Tu sais que quelque chose l’a touché, elle aussi. Alors tu tentes. Tu tentes de la réconforter comme tu peux… Cachant la vérité encore un peu.

Au travers de ses larmes, elle voit flou. Ses émotions sont encore en vrac et elle n'est pas sûre qu'elle pourra redescendre avant un moment. Cette fois... Cette fois, ils sont allés vraiment loin. Ils n'ont prit aucune précautions, n'ont fait preuve d'aucune sécurité... Ce n'est pas pour rien s'il y a une vitre tout autour des patinoires de Hockey. Ils n'avaient rien à faire sur la même glace que les patineurs. Pas avec leurs crosses, encore moins avec leurs palets. Ils auraient pu blesser quelqu'un. Ils auraient même pu faire pire que ça encore. Et ça aurait pu être elle. L'idée même de ce qui vient de se passer lui donne la nausée sous le coup de l'énervement et de son stress qui retombe. Comment ces idiots peuvent-ils prendre autant de risques sans réfléchir ? Elle ne comprend pas.

Elle essuie rageusement les larmes qui roulent sur ses joues, s'habillant à la hâte avant de sortir, ses patins ballotés sur son épaule. Andy arrive presque aussi tôt, sortant à son tour de la patinoire pour la rejoindre. Cornelia essuie de nouvelles larmes, mais quelques traces humides restent sur ses joues et il semble le remarquer car, bien qu'il soit toujours généreux et gentil, Andy semble l'être plus encore que d'habitude, si c'est possible, proposant d'aller manger une glace.

"- Je... J'me sens..." elle souffle. "Pas bien."

Non, elle ne se sent pas bien, vraiment pas. Y'a trop d'émotions qui retombent trop rapidement après être apparues trop vite et son corps est sens dessus dessous, ne parvenant pas à gérer la situation. C'est trop et trop d'un coup. Son corps ne le supporte pas, est essoufflé sans avoir couru.

"- J'crois que j'vais v..."

D'ailleurs, elle plaque sa main sur la voiture et se détourne, se repliant sur elle-même avant de rendre le contenu de son estomac pourtant vide depuis un moment déjà. L'enfer sur terre. Ses jambes qui flageolent. Ses yeux qui pleurent encore et ses larmes qui redoublent. Elle n'a de sa vie jamais eu aussi peur, c'est certain.

Elle est énervée, fatiguée aussi, apeurée. Le choc n’a pas aidé et tu es là, essayant de lui donner un mouchoir pour qu’elle s’essuie le visage, mais c’est trop tard. Son teint perd des nuances et tu as à peine le temps de lui attraper les cheveux qu’elle finit par faire ce que tu craignais le plus. Tu grimaces et lui caresses doucement le dos.

- Doucement… Respire…

Tu secoues la tête et maudis les hockeyeurs un instant. Pas la faute de Sachs pour une fois, lui qui venait de lui sauver le visage à ton amie, mais plutôt cet attaquant maladroit. Tu pries intérieurement pour que le gardien lui ait refait le portrait. Ou du moins, gueule assez fort pour l’humilier en public. Il en est capable, tu le sais. Lisa t’avait déjà raconté les dingueries qu’il a pu sortir à son équipe parce qu’ils s’en prenaient à la rouquine. Tu n’imagines même pas ce qu’il pourrait dire pour Corny. Tu aurais fait la même chose, remarque. Avec plus de subtilité et de passivité agressive, mais tu l’aurais fait.

Tu attends un peu que la brune revienne doucement à elle, lui tendant les mouchoirs et la bouteille d’eau que tu gardais dans ton sac. Tu souris un peu et fais signe.

- Je change pas d’avis, j’vais t’amener manger un truc. Gras s’il faut pour te remplir l’estomac et te calmer… T’as eu un choc, hors de question que je te ramène chez toi comme ça...

Que tu souffles doucement, plus comme une affirmation qu’une question. Tu la connais trop bien pour savoir qu’elle pourrait refuser pour éviter que tu perdes du temps avec elle, mais non. De toute façon, ta mère savait déjà que tu passais la journée dehors, alors bon. Elle n’avait pas à s’inquiéter.

- Tu veux que j’envoie un message à ton frère pour lui dire que tu rentres pas de suite ? Que je te ramène ?

Bon sang, comment c'est possible de vider un estomac qui ne contient déjà plus rien ? Elle ne sait pas mais c'est pourtant bien ce qui lui arrive, alors qu'elle a à peine le temps de se tourner pour ne pas imposer ça à Andy. Pour fuir, aussi. Lui ne fuit pas, en revanche, se précipitant au contraire vers elle pour lui tenir les cheveux sur l'arrière de sa tête et la pensée que tout le monde devrait avoir un Andy dans sa vie traverse son esprit. Elle a de la chance, elle en a parfaitement conscience, alors que l'homme lui caresse doucement le dos, l'invitant à respirer calmement pour faire passer tout ça. Elle hoche la tête, s'appuyant contre la voiture le temps de reprendre un peu ses esprits et ne manque pas de le remercier comme elle récupère le mouchoir qu'il lui tend, ainsi que la bouteille d'eau.

"- Je ne suis pas sûre que le coach apprécierait." remarque Cornelia comme l'homme parle de l'emmener manger quelque chose de gras pour lui remplir l'estomac. "Je ne sais pas si je vais pouvoir avaler quoi que ce soit." objecte la demoiselle en faisant couler un peu d'eau dans sa bouche, gargarisant avant de recracher en grimaçant. "Mais en même temps je crois que je pourrai littéralement tuer pour un kebab. On en a pas mangé depuis... depuis une éternité ? Non ?"

Plusieurs mois en fait. Enfin, au moins elle, en tout cas. Elle ne sait pas si elle pourrait vraiment en manger un toutefois, l'idée de manger la dégoutte, pour l'instant. Elle réitère son gargarisme, recrachant cette nouvelle gorgée d'eau avant de lui rendre la bouteille.

"- Merci." souffle-t-elle. "Je ne suis pas sûre qu'il s'en soucie, il doit être avec ses potes du basket, ou il se dira que je suis soit avec toi, soit à la patinoire mais... Ouai. C'est mieux."

Elle revient doucement à toi et tu souris un peu, toujours un peu inquiet pour ton amie. Tu pouffes un peu quand elle parle du coach et tu secoues la tête. Ah lala… Tu es certains qu’avec sa détermination et sa persévérance, elle ira au championnat et aux Olympiques, c’est sûr, mais là… Pour le moment, elle avait besoin d’une pause dans tout ce merdier, ce stress. Elle avait besoin d’une oreille attentive pour déverser ses émotions. Tu fais signe et hausses les épaules.

- On s’en fout du coach pour le moment ! C’est pas lui qui recrache sa bile par terre à cause des hockeyeurs. Et tant mieux qu’il parte l’an prochain. Il commençait à s’faire vieux. Avec tout le respect que je lui dois.

Que tu dis, te disant bien aussi que pour la rentrée, qui dit nouveau coach, dit nouvelle règle. Et pour la dernière année scolaire qui vous reste, ça va être un bordel monstre pour les partants. M’enfin, tu aviseras au moment voulu, là, tu as ta meilleure amie à rassurer et réconforter. Tu souris même quand elle se rectifie, disant au départ qu’elle ne pourrait rien avaler avant d’opter pour un kebab. Tu te frottes les mains et hoches la tête.

- Aller vient… Monte et on s’fait ça.

Que tu dis avant d’aller au volant, prêt dans un premier temps à envoyer un texto à Caleb, attendant la réponse de Conelia. Tu fronces les sourcils en entendant l’excuse qu’elle donne à son frère pour ne pas avoir été à ses côtés aujourd’hui, ne pas l’avoir amené ou se soucier qu’elle existe. Tu te pinces le nez et murmures doucement.

- ‘Tain question famille.. Sachs et toi z'êtes pas aidés...

Que tu râles avant d’envoyer un message et de t’attacher. Tu secoues la tête et souris.

- Aller ! Direction le centre et le kebab. Let’s go !

Au moins que tu puisses faire passer un bon après-midi à ta meilleure amie.