Il affirme avoir comprit tout seul et elle hausse un sourcil. Qu'est-ce qui avait pu être le déclencheur d'une telle réflexion ? Qu'est-ce qui avait permit que l'homme soit un peu moins con qu'il l'avait toujours été ou l'avait en tout cas toujours laissé croire ? Qu'était-il arrivé, que s'était-il passé dans sa vie, pour qu'il réalise que ses mots faisaient du mal, que ses mots avaient des répercussions sur autrui ? Elle n'en sait rien, mais elle ne va pas s'en plaindre. Au moins, elle aura peut-être un peu la paix à la patinoire maintenant. Si, bien sûr, aucun autre hockeyeur ne décide d'essayer de la tuer, ce qui est loin d'être exclu. Enfin, ils trouveront bien un moyen de lui pourrie la vie. Sachs est une goutte d'eau dans un verre. Une grosse goutte peut-être, mais une goutte. Il n'y a que Lisa qu'ils laissent tranquille, seulement parce qu'ils savent que s'en prendre à elle, c'est risquer de finir la tête au carré. Elle n'a pas du tout la même protection, en ce qui la concerne. Pas le même bouclier.

De à Sachs

Ah ouai, un Sachs sait réfléchir ?

Envoie-t-elle en premier lieux avant de renvoyer, presque aussitôt.

De à Sachs

Désolé, j'ai pas été prévenu !

Elle fronce les sourcils devant son dernier message, celui auquel elle l'a pas répondu. Celui qui lui fait froncer les sourcils. Comment ça, elle ne comprendrait pas ? Il la prend pour une fille si stupide que ça ? Elle n'a pas le temps de chercher à le lui demander que des bruits, dans la rue, lui font comprendre qu'il est revenu. Une première tentative de passer sa batte sur le balcon échoue, suivi d'une réussite qui résonne dans l'obscurité. Bravo Sachs, n'essaie pas d'être discret, surtout.

Elle l'observe faire, fronçant les sourcils, alors qu'il progresse jusqu'à sa chambre, entrant bientôt dans celle-ci. Elle secoue la tête et reporte son attention sur son écran de téléphone, jetant un coup d'œil à l'heure. Il revient d'où, comme ça ? Voilà qui ne la regarde pas mais qui l'intrigue. L'interroge. Quand il ressort, ce n'est pourtant pas de ça qu'elle parle. Elle se contente de le regarder comme il semble la saluer et elle se lève, son téléphone posé sur la table basse, s'appuyant contre le balcon.

"- Essaie quand-même ? De m'expliquer ?"

Tu déglutis. Toi qui pensais qu’elle se contenterait de tout fermer pour ne pas te répondre, se contentant de terminer la discussion par téléphone et d’aller se coucher. Elle est là. Devant toi. Le vide qui vous sépare, chacun sur son balcon. Yeux dans les yeux. Il fait nuit, il n’y a que les lampadaires des rues et la lune qui vous accompagnent et elle te parle. Te demande de t’expliquer. Tu te mords la lèvre et instinctivement, tu réussis à envoyer un message d’alerte à Lisa du pouce. Il faut qu’elle t’aide pour le coup. Tu calcules rapidement l’heure qu’il y a là-bas et te dit qu’elle doit être réveillée.

Est-ce que tu connais ton clavier par cœur ? Peut-être ? Est-ce que ta meilleure amie est bien placée dans ton répertoire pour savoir exactement où et quand t’arrêter pour lui envoyer un message ? Bien sûr. Tu souris un peu, te massant la nuque en pouffant nerveusement. Tu vas devoir combler en attendant d’avoir la réponse de ton binôme de toujours. Combler en essayant de ne pas trop rougir, bégayer, mourir littéralement devant ses yeux. Te trahir même !

- Pourquoi t’veux savoir ça ?

C’est bateau, mais c’est un début. Tu grimaces un peu en sentant ton téléphone vibrer et tente d’utiliser rapidement le langage texto que tu n’aimes pas en général, mais tu n’as pas le temps. Tu te mords la lèvre et redresses le regard vers la brune en face de toi.

- J’veux dire… Je… J’ai...

Tu as quoi ? Tu es tombé amoureux d’une patineuse et tu t’es rendu compte que tes conneries la blesser plus que raisonnablement et la voir ainsi te rendait malade au point de ne plus en dormir ? Et tu t’étais déjà rendu compte de ça, il y a plus de huit mois de cela. Peut-être que c’était encore plus ancien, mais… Le naturel, l’éducation… Tu soupires en baissant la tête. Dire la vérité ? La cacher ? Dernier petit coup d’oeil à ton écran.

*Lisa… Aide moi...*

Elle fronce les sourcils. Pourquoi elle veut savoir ça ? Pourquoi ça semble le déranger qu'elle veuille savoir, qu'elle cherche à comprendre ? Elle a presque l'impression que le jeune homme est fuyant, qu'il cherche à gagner du temps. Pour quoi ? Elle ne sait pas. Elle ne sait pas et ça la turlupine particulièrement. Il y a quelque chose de louche dans tout ça. Quelque chose de pas net. Quelque chose sur quoi elle doit pourtant mettre le doigt.

Elle hausse les épaules. Elle a plein de raisons de vouloir savoir. Après tout, elle est sa victime principale depuis des années, ce qu'elle lui a bien rendu mais... Elle, elle n'a fait que répondre à la haine par la haine, en ayant conscience que ce n'était pas la meilleure chose à faire. Sauf qu'elle avait été à court de patience, rongée par cette haine, rongée par ce ressentiment et que, comme un animal blessé, elle avait fait ce qu'ils font tous. Elle avait mordu à son tour. Elle avait apprit à ne plus seulement grogner pour éloigner l'ennemie mais à se défendre, comme elle pouvait, avec les maigres armes qu'elle avait et qui semblaient fonctionner sur eux.

"- Bah pour appliquer les mêmes principes à toute l'équipe de Hockey ?" souffle-t-elle avec un grand sourire, appuyant sa tête sur sa main et son coude sur la rambarde, le détaillant du regard.

Après tout, ils sont beaucoup dans cette équipe à être comme lui. Soit des suiveurs du reste de l'équipe, soit des meneurs abrutis par les discours de leurs pères, voire par leur propre pensée d'être supérieurs aux autres sports de glace. Alors qui sait. Si lui a changé (il lui faudra cependant plus que des mots pour y croire) alors peut-être qu'il peut s'occuper du reste de son équipe ?

"- Tu as ?" demande-t-elle encore, sourire aux lèvres. "Je t'écoute..."

Tu lis rapidement le message de ta meilleure amie et glisse ton doigt sur le bouton d’appel avant de faire semblant de l’oublier sur la chaise de ta terrasse. Tu soupires et te masses la nuque une nouvelle fois avant de te concentrer sur ton interlocutrice. Tu l’observes un peu, buguant en voyant son sourire. Tes yeux se perdent et se baladent sur son visage. Une nouvelle fois, tu es là, perdu à la regarder alors qu’elle te parle. Tu déglutis, te donnant une baffe mentale pour reprendre en main le cours de la discussion. Si la dernière fois, Lisa et Andrew pouvaient combler, là…

Vous êtes seuls. Au milieu de la nuit. Personne en témoin… Sauf peut-être l’ouïe distraite de Lisa à l’autre bout du monde. Tu verras ta facture de téléphone plus tard, de toute façon, ton père voudra la payer pour que tu n’aies pas d’autres trucs à penser que le hockey. Tu grimaces un peu.

- J’essaye d’les cconvaincre déjà d’mon côté là-d’ssus.. D’t’façon, vu mon nouveau statut pour la rentrée… J’aurais pas l’choix.

Que tu dis, sans conviction. Tu sens déjà que la dernière année scolaire va être un bordel monstre alors que le mois de juillet est à peine entamé. Tu baisses ensuite la tête. Tu souris un peu et te mords la lèvre avant de croiser de nouveau le regard de la brune en face de toi, que tu distingues un peu, l’œil habitué au manque de lumière. Tu te masses la paume de la main, serrant les dents. Tu ne vas pas y arriver… Ou si ?

- J’sais pas si j’peux t’en parler comme ça… J’veux dire… Ça t’avancerait à quoi t’savoir c’que je traverse ? J’l’ai pas fait pour toi avant… Et t’y gagnes quoi dans cette histoire si je te racontais ?

Que tu dis, surtout parce que tu n’as pas envie de te dévoiler comme ça.

Il essaie de les convaincre, dit-il, et elle le comble d'une petite moue sceptique. C'est plus fort qu'elle. Elle ne peut pas prendre ses mots pour argent comptant, pas avec tout ce qu'il a fait ces dernières années, pas avec toute la merde qu'il y a eu. Non pas qu'elle ne le veuille pas, mais elle ne le peut vraiment pas, tout simplement. Ce serait prendre le risque de baisser sa garde devant un serpent. Un serpent dont elle sait que la morsure peut être vénéneuse. Elle sait qu'elle ne peut pas croire tout ce qui sort de sa bouche. Un jour, peut-être, pourra-t-elle lui faire confiance. Mais il ne lui semble pas que cela puisse être possible avant... Longtemps. Au moins un certain temps.

"- Ce serait pas une mauvaise chose." se contente-t-elle de confirmer, bien qu'elle n'est pas certaine qu'il puisse vraiment calmer le jeu. "C'est Lisa qui sera contente si tu y arrives." poursuit-elle, sans entendre le rire de la concernée au bout du fil, qui confirme.

Il ne sait pas s'il peut lui parler de tout ça, de ce qui l'a conduit à ouvrir les yeux, parce qu'il ne sait pas bien à quoi ça l'avancerait de savoir tout ça. Elle doit bien admettre que l'homme a raison, ça ne l'avancerait pas à grand chose mais... Elle a besoin de savoir, besoin de comprendre. Besoin de comprendre ce qui s'est passé dans cet esprit pour que, subitement, le jeune homme réalise qu'il avait merdé. Elle a besoin qu'il lui parle, parce qu'elle a besoin de pouvoir décortiquer tout ça encore et encore et que c'est sûrement ce qu'elle fera avec Andy, la prochaine fois qu'ils se verront. Voire probablement avant. L'envie de lui envoyer un message est présente mais... Il est 2h du matin. Alors elle s'abstient. Elle aura tout le temps de lui parler de tout ça demain.

"- Comment tu veux que je crois que tu ai vraiment changé, si je ne sais pas ce qui se passe dans ta petite tête, Sachs ?" finit-elle par souffler. "Parce que... ça pourrait aussi être juste un coup tordu pour faire un coup de pute plus tard. Non ?"

A l'autre bout du fil, Lisa souffle. Ok, alors... Dit lui que tu as réalisé que ça me faisait du mal, ça devrait pouvoir passer.

Pas une mauvaise chose… C’est ce qu’elle dit, ce que tu te répètes doucement. Oui. En effet. Tu hoches doucement la tête quand elle confirme que Lisa sera contente quand tu parles de calmer le jeu de la provocation des hockeyeurs envers les patineurs. Tu serres les dents, sachant que ce sera plus facile à dire qu’à faire. Tu connais assez bien ce qui sont restés, ce sera facile de les convaincre, mais les nouveaux… Les petits derniers qui se croient invincibles du haut de leurs quinze ans… Ce sera autre chose. Tu y crois pourtant, au fond de toi, tu y crois.

Mais elle…

Elle doute. Tu le vois à ses yeux, la façon dont elle te fixe. Trop habituée encore à tes stupides blagues de mauvais goût. Elle souffle doucement et tu sais qu’elle a raison. Tu poses tes mains sur la barrière et recules comme pour t’étirer, le dos à plat, le regard vers le sol. Tu soupires et fermes les yeux, te hurlant dessus mentalement de lui dire la vérité. Mais ton cœur bat trop fort dans ta poitrine pour que tu te concentres assez pour faire une phrase correcte. Tu te redresses et entends vaguement la voix de Lisa au loin. Tu serres les dents et secoues la tête.

- J’sais bien que… Ça prendra du temps pour qu’tu m’fasses confiance… Écoute...

Tu passes une main sur ton visage et redresses les yeux. Tu les plantes dans les siens, tremblant un peu de la jambe. Tu montres que tu es confiant, mais.. Le corps parle de lui-même. Il faudrait qu’elle soit attentive pour s’en apercevoir.

- J’ai… J’ai mis l’temps… Mais j’ai compris que ça faisait du mal… Pas qu’à Lisa… Mais aux autres, indirectement aussi. Et…

Tu te pinces les lèvres, baisses les yeux et te masses le poignet, nerveux.

- Et a une nana en particulier…

C’est lâché. Comme une bombe dans l’océan…

Forcément, elle est un peu méfiante. Forcément, elle ne peut pas croire tout ce qu'il dit comme ça. Ce n'est pas aussi simple. Les racines de cette méfiance sont anciennes, profondes, héritées de la mésentente que leurs ont légués leurs parents. Du moins leurs pères. Il y a trop longtemps qu'ils s'opposent tous les deux, trop longtemps que la jeune femme subit ses brimades, ses piques et ses moqueries, pour qu'elle ne voit pas là-dedans une possible nouvelle tentative de s'en prendre à elle. C'est une possibilité, en tout cas, qu'elle n'oublie pas. Qu'elle n'exclue pas. Elle sait qu'il est capable de tout, il le lui a montré avec les années.

Il est difficile pour elle de penser que, peut-être, son meilleur ami a raison et que le goalie a simplement enfin pris conscience de ses erreurs, qu'il essaie désormais de rattraper. Si tel est le cas - et c'est ce qu'il semble dire lui aussi - alors elle a besoin de comprendre ce qui s'est passé pour qu'il fasse un tel constat. Besoin de comprendre ce qui a permis un tel changement. Elle ne peut pas simplement se contenter de cette affirmation, elle a besoin de la vérifier. Besoin de comprendre comment son esprit tordu a fonctionné pour en arriver là. Parce que ce n'est pas le genre de choses qui arrive comme ça. On ne se réveille pas un beau jour en décidant d'être un mec parfait, quand on a été un petit con toute sa vie.

Cornelia n'a pas l'impression de lui demander quelque chose de particulièrement difficile, elle veut juste la vérité. Qu'est-ce qui lui a permis de comprendre qu'il faisait fausse route ? Qu'est-ce qui lui a permis de comprendre qu'il prenait la mauvaise voie ? Elle ne lui demande pas vraiment d'entrer dans les détails mais de lui donner suffisamment de matière pour pouvoir y croire. Suffisamment de matière pour qu'elle puisse accepter l'hypothèse selon laquelle, en effet, il a simplement changé, mûri, pris conscience de certaines choses.

Enfin, il finit par dire que c'est parce qu'il s'est rendu compte que cela faisait du mal à Lisa et pas seulement. Parce que cela faisait du mal aux autres aussi, indirectement, mais surtout à une fille en particulier. Cornelia fronce les sourcils. De quelle fille veut-il donc parler ?  C'est quelles sont quelques unes dans le cours de patinage, de filles. Et sa curiosité est piquée au vif.

"- Je vois..." elle souffle dans la nuit noire. "Une fille ? Quelle fille ?'

La vérité sort à demi-mot. Tu ne dis pas tout, mais tu en dis assez pour voir son expression qui change doucement. Enfin, c’est ce que tu penses, vu le peu de luminosité, mais tu le devines, à sa position. Tu pensais pouvoir en rester là, penser à autre chose, changer de sujet. Pourtant, la curiosité de l’adolescente est insaisissable, tu t’en rends bien compte. Tu bugues doucement, alors qu’elle continue. Elle continue avec ses questions et tu ne peux que baisser la tête, grimaçant un peu. Comment dire maintenant ? Tu es presque dos au mur. Tu inspires doucement et te pinces le nez avant de te redresser.

- C’est...

Mais tu ne peux pas continuer à répondre. Tu te figes en entendant une voiture qui se gare rapidement à l’entrée. Tu fronces les sourcils et bouges un peu de ton balcon pour voir de qui il s’agissait et tu blêmis… Tu ne comprends pas, il ne devait revenir que dans quelques jours encore. Tu te tournes rapidement vers Cornelia avant de récupérer ton téléphone et de retourner dans ta chambre sans demander ton reste. Tu te changes rapidement, éclairé par la lampe du portable et file sous la couette en tremblant presque. Tu fermes les yeux, en panique.

TW Violence parental:

Tu te retiens d'hurler pendant sa tirade, t’attendant à recevoir un nouveau coup, mais c’est juste le claquement de porte. Tu reprends doucement ton souffle et grimaces en entendant des cris en bas. Sûrement tes parents qui se disputaient, encore. Tu entends aussi la voix de ton frère, réveillé par ce vacarme. Tu grimaces et te lèves pour éteindre la lumière avant de te figer en tournant la tête. Elle était encore là ? Oh … Elle a donc tout vu ? Tu baisses la tête, mort de honte, tirant la baie vitrée, le rideau et tu finis par éteindre la lumière. Tu récupères ton téléphone et raccroches avec Lisa. Elle comprendra. Tu le sais. Elle aussi a dû tout entendre, mais ça reste moins honteux que ta voisine d’en face. Tu vas dans ton lit avant d’envoyer un message.

De Sachs à

Désolé pour le spectacle.

Que tu envois avant de balancer le portable sur ta table de chevet et d’exploser en sanglot dans le noir, bercé par les cris au rez-de-chaussé. Encore un été… Ton dernier été ici.. Dans cet enfer...

Bon sang. Elle n'ose pas croire ce qu'elle voit. Et pourtant ça arrive. Alors qu'Aayden est rapidement rentré dans sa chambre, plongeant celle-ci dans le noir, elle a vu la porte de celle-ci s'ouvrir quelques secondes plus tard et une silhouette imposante se découper dans le lumière du corridor. Bien-sûr, elle n'a rien entendu de ce qui s'est dit, rien entendu des vociférations de l'homme, mais elle a tout vu, bien malgré elle, figée face à la scène qui se déroulait devant elle. Elle n'a jamais vu quelque chose d'aussi violent, d'aussi poussé, dans la maison d'en face. Elle a déjà vu des choses préoccupantes quelques fois mais... Elle avait eu l'impression que c'était passé, que c'était de l'histoire ancienne. Aujourd'hui, Aayden Sachs était presque adulte et il avait une certaine force et un certain tempérament, aussi, qui laissaient penser qu'il pouvait faire face aux comportements déviants de son paternel. Mais ça n'était finalement pas le cas. Pas ce soir.

Livide, elle observe la fenêtre devant elle, incapable de bouger, de réagir. La logique aurait sûrement voulu qu'elle prenne son téléphone et appelle la police mais quelque chose l'en avait empêché. La possibilité que Sachs père fasse payer tout ça à son fils, peut-être, car les procédures sont trop longues et qu'il a le bras trop long, aussi, pour la détention provisoire. Trop long pour être inquiété de quoi que ce soit. Il n'a peut-être pas eut la carrière qu'il désire si ardemment pour son fils, mais ça ne veut pas dire qu'il ne fait pas parti des puissants. Elle ne le sait que trop bien. Combien de fois son propre père a-t-il critiqué l'attitude de leur voisin sur ce point ? Un nombre incalculable.

Quand enfin le calme revient dans la chambre d'en face, elle déglutit, envoyant rapidement un message à Andy, même si elle sait qu'il doit dormir maintenant. Il est bien 2h20 du matin, largement une heure pour ne plus être debout. Mais elle doit le voir. Vite. Au réveil. S'il peut. Elle a besoin de parler, de raconter ce qui s'est passé, besoin de soulager ses épaules et son cœur de tout ça. Besoin de partager ce bordel avec son meilleur ami qui, elle l'espère, saura quoi faire, quoi dire.

Elle rentre dans sa chambre et son téléphone vibre. Un message. Sachs. Elle fronce les sourcils. Elle ne s'attendait pas à ce qu'il envoie quoi que ce soit ce soir et sa gorge se noue. Il ne pouvait pas s'excuser, par pour ça. Pas quand il n'était pas en tort.

De à Sachs

Désolée que tu ai eu à le jouer...

Elle a eu beaucoup de mal à trouver le sommeil, après ça, malgré la présence de Salchow dans sa chambre, qu'elle a passé une bonne partie de la nuit à câliner, le regard rivé sur son plafond. Sa nuit blanche n'était alors plus le fait de la chaleur mais bien des évènements traumatiques dont elle avait été la malheureuse spectatrice et ce n'était pas tant de l'avoir vu qui l'avait désolé, que de savoir que ce genre de choses arrivait encore. Bien sûr, elle n'est pas idiote et elle sait que, de par le monde, la violence a sa place presque partout. Mais la voir devant soit, dans la maison de son voisin, c'est autre chose.

Quand Andy a enfin répondu, ils ont convenu de se voir pour aller courir un peu, tous les deux, dans Central Park, histoire de pouvoir discuter de ces choses importantes dont Cornelia avait parler, sans entrer dans les détails, sans même préparer Andy aux révélations qu'elle allait lui faire. Elle avait alors à peine prit le temps de prendre un petit déjeuner avant de filer sous la douche puis s'habiller, sortant en trombe de la maison dès que la voiture de son meilleur ami avait fait du bruit à l'entrée de la rue.

"- 'Lut ! T'vas bien ?" demande-t-elle en glissant côté passager, déposant un baiser sur sa joue. "Des nouvelles de Lisa ?"

Tu avais eu une nuit assez courte, entre parler avec Lisa par message et le réveil surprise de Cornelia.. Mais tu n’avais pas à te plaindre. Tu pouvais parler avec la fille de tes rêves et des vacances qu’elle passait d’un côté, devoir faire ton job de meilleur ami de l’autre. La jeune patineuse n’avait pas dormi. Tu ne savais pas encore pourquoi, mais la réponse ne tarderait pas de toute façon. Tu t’habilles à la hâte pour aller courir, un débardeur, tes lunettes de soleil, un short et tes baskets. Tu mets dans un sac une bouteille d’eau et des snack pour tenir, connaissant la détermination de Corny à vouloir faire une simple course qui pouvait durer toute la matinée.

Tu jettes ce dernier dans ta voiture, embrasses ta mère sur la joue, câline ton père prend rapidement la direction de la maison des Hardt. Tu tapotes ton volant, essayant de deviner ce qui aurait pu arriver. Le pire ? Sachs lui aurait tout dit et se serait pris le râteau de sa vie. Le mieux ? Peut-être qu’elle a vu qu’il n'était pas bien méchant et n’aboyait que pour se défendre ou pour éviter les problèmes avec son patern… Tu piles un peu devant la maison et baisses tes lunettes de soleil pour mieux voir le garage des Sachs. Merde…

Tu étais pourtant certain que le père ne rentrerait pas avant le week-end prochain pourtant… Tu n’as pas le temps d’y penser que Cornelia est déjà dans ta voiture. Tu souris au bisou sur la joue et démarres rapidement quand elle ferme la portière.

- Salut à la plus belle !

Dernier regard dans le rétroviseur pour voir que… Oh merde. Tu vois Sachs qui sort de la maison avec son père, eux aussi en tenue pour aller courir apparemment. Tu soupires et souris quand Corny commence la discussion en parlant de la rouquine.

- Elle s’éclate ! J’te montrerai les photos après ! Putain, ça donne envie par contre… La vache…

Tu attends d’être un peu plus proche du parc pour commencer la vraie raison de cette réunion running d’urgence.

- Et toi alors ? Dit moi tout...