Bon. Bah ça c’était fait. Une vierge. Youpi. Eren soupire doucement, sans vraiment faire attention à son attitude, et fait tourner sa manette entre ses mains, pensivement. Il lui dit qu’il s’en fout. C’est pas tout à fait vrai. Enfin il s’en fout pour elle, si elle s’en fout pour elle, ça c’est vrai. Mais purement pour lui-même, ça le gonfle léger de devoir coucher avec une meuf qui sait rien faire. En plus, si il a pas de chance (enfin si elle a pas de chance surtout) y va y avoir du sang partout. Et ça pue la mort le sang. Il est loin d’être hématophobe, Eren, hein, encore heureux vu le nombre de plaies qu’il se bouffe quasi hebdomadairement. Mais ça pue quand même. Enfin bon. Vu comme c’est parti. Ce ne sera pas pour ce soir. Et avec un peu de chance, ça ne se fera pas. Pour une raison ou une autre. Y a plus qu’à croiser les doigts. Enfin, même si elle a l’air déter’ avec son “c’est toi que je veux”, fort présomptueux dans la bouche d’une vierge.

Il la regarde avec un sourire en coin alors qu’elle lui programme des nuits riches en rebondissements dites-donc … un Uno, et un karaoké. Il va presque regretter ses clients “boom contre la porte” … Presque, c’est le mot.

“Ouais … on verra. Tant que t’as le fric …”

Fric, c'est le mot magique. Il se dit que … si elle le veut tant que ça … et que si elle a tant de fric que ça … (et même si ça le gonfle pas tant que ça …) il pourra peut-être augmenter ses tarifs, erm. Pas fou le gars. Enfin, il verra bien. Le sourire en coin d’Eren s’agrandit alors qu’il l’écoute le défier de la battre sur la piste arc-en-ciel.

“J’ai jamais dit que je comptais te battre honnêtement.”

Qu’il annonce avec une immense sincérité. Il sait bien danser sur les deux tableaux, Eren. Entre l’hypocrisie et la franche honnêteté. Il prend toujours ce qui l’arrange. C’est comme ça qu’on survit dans sa situation. C’est pour ça qu’il réfléchit extrêmement sérieusement à la proposition de la jeune femme. ”Si tu gagnes, tu gagneras un service, ou quelque chose”b Il fait un rapide calcul, estimant à vu de nez ce qu’il va lui coûter en un seul mois … même s’il n’a aucune idée de la fréquence à laquelle Yuki va vouloir se payer ses “services”. Mais très certainement plus d’une fois si elle veut être dépuceler avant l’année suivante. Alors il finit par lever une main et pointe le casque VR du doigt.

“Ça. Si je gagne, je veux un casque.”

Ouais. Ça fera grave plaisir à Sara. En plus il doit déjà y avoir un paquet de jeux dessus. C’est un sacré paquet de fric économisé et pleins de nouvelles occupations pour sa petite sœur. Un très très bon choix de récompense. Eren attend d’avoir l’aval de la blondinette pour ce pari, et puis elle lance le jeu.

“Accroche-toi à ton slip, princesse.”

Il balance ça à mi-voix, par habitude, parce qu’il le dit toujours à sa petite sœur avant de lancer une partie de tout et n’importe quoi. La partie se lance et Eren prend les choses très très au sérieux. Et il gagne. La première course. Lançant un regard entendu à Yuki l’air de dire … “je te l’avais dit, meuf”, mais sans le dire. Et heureusement qu’il ne le dit pas, parce qu’elle le bat à la course suivante. Ok, ok, serious business … Et puis elle le bat à nouveau et là, ça devient un poil compliqué. Il lance un regard en biais à la jeune femme en faisant glisser le bout de sa langue entre ses lèvres, trèèèès lentement. (Est-ce qu’il le fait exprès ? Un petit peu. Oui.)

“OK, ok, te réjouis pas trop vite.”

Et puis la piste arc-en-ciel. Le moment de vérité.

“BAM !!”

Qu’il braille en balançant sa manette sur les draps avant de sauter sur ses pieds, debout sur son lit pour une petite danse de la victoire tout en déhanché, fort content de lui. Avant de se laisser retomber sur ses fesses en rebondissant sur le matelas. Et de faire rebondir Yuki dans le mouvement.

“Bon ok, ok, techniquement on est à égalité. Mais je t’ai quand même battu sur la piste arc-en-ciel. Just saying …”

Yuki doute de saigner, pour tout avouer. Si elle avait appris pratiquement ce qui allait lui arriver, elle se demandait si, avec toutes les fois où on l’avait ouverte, elle ne pourrait pas passer au-dessus de ça. Bon, elle avait été ouverte partout, vérifier partout, on a suivi son corps sous toutes les coutures, même dans ce lieu qui ne devrait avoir que l’amour qui rentre. On avait fait des examens sur elle, pour vérifier qu’elle n’avait pas une tumeur de caché. Partout. Elle frissonna à peine en se souvenant de la sensation de se faire vérifier entièrement, avant qu’on réalise que la jeune femme allait mourir, encore. Ce n’était même plus douloureux à force, juste chiant … de savoir que l’on ne pourra peut-être pas vivre une journée de plus parce qu’une partie de soi décide de ne plus fonctionner comme il faut.

- J’ai le fric, affirma-t-elle.

Parce que dans son ennuie, elle aimait bien investir, et qu’elle était intelligente dans sa connerie. Elle ne savait peut être pas que le sucre pouvait ne pas être du sucre, mais elle savait que les bananes faisaient du yo-yo dans leur chiffre d’affaire pendant que la noix de coco était un fruit plutôt stable. Plus ses parents qui lui offrent tout ce qu’elle veut… Et le fait qu’elle était vraiment bonne pour certains jeux et gagner des choses à faire des let’s play ou elle cache sa voix et son visage. Bon. Elle utilisait son propre argent pour venir se faire défloré … parce que … C’était un peu délicat d’expliquer à ses parents super protecteur que son plan, avant de mourir, c’était coucher avec quelqu’un, même un prostitué qui avait déjà pris plus de femmes dans son pieu que ce qu’elle s’était fait opérer. Quoi que ça ferait beaucoup.

Elle suit le geste de l’homme et tombe sur un des casques VR. Ouais. Pourquoi pas. Ce n’était pas comme si elle utilisait souvent le second. Elle pourrait le voir, que l’un était utilisé et souvent pendant que l’autre était neuf. Pourtant les deux avaient été achetés en même temps… Parce qu’elle était toujours toute seule, elle utilisait celui qu’elle voulait. Elle accepta le deal et Peach contre Boo, le combat fut terrible. Elle le regarde quand elle gagne, elle observe son regard qui se veut provocateur, ou cette langue, mais elle fait qu’un plissement de nez avant de lui tirer la langue à son tour. Elle pouvait jouer avec sa langue elle aussi. Elle se concentre sur la course et une putain de carapace rouge l’attaque. Elle hurle un « Noooooooon » retentissant alors qu’elle se met ses deux mains devant elle pour exprimer son mécontentement. Elle observa la danse de l’homme et semble faussement outré.

- Il faut gagner la cup, pas seulement la course. Assis-toi que je te bats !

Elle le regarde, choisi la route aléatoire pour faire la course de la décision finale. Le manoir de Boo. C’était le terrain de son personnage mais Peach était bien plus puissante que ce que quiconque pourrait le penser. Elle se mit en position, à côté de l’homme et quand elle remarque les gros blocs dans le ciel proche du Boo, elle utilisa une main pour venir faire des guillis à Kaki. Il fallait absolument qu’elle gagne. Ils étaient proche de la fin, alors elle laisse sa voiture partir alors qu’elle se penche encore plus pour faire des guillis à Kaki qui sourit et se force à se concentrer, mais elle insiste. Alors qu’il essaie de s’échapper, elle finit par tomber sur lui, alors que le son caractéristique qui signifie la fin de la course se fait entendre. Elle est sur lui. Complètement sur lui. Et elle tourne la tête en laissant ses cheveux se retrouver dans le visage de Kaki pour qu’il ne voie pas le placement.

Dés.
Réussi : Elle saute partout, elle a gagné et elle reste clairement sur lui.
Echoué : Elle essaie d’empêcher Eren de voir l’écran avec ses cheveux, par principe.

“Rien à foutre de gagner la cup ! C’est MOI qui ai gagné la course arc-en-ciel !”

Oui. Il insiste en se préparant quand même à la dernière course pour se départager. Ok, non, il n’en a pas tant rien à foutre que ça. Il a quand même un super casque VR à faire gagner à sa petite sœur. Alors il se concentre complètement sur la partie. Ignorant la blondinette à ses côtés. Jusqu’à ce qu’elle passe à l’attaque. Dans la vraie vie, et non pas dans le jeu. Il pouffe, mais se retient comme il le peut. Il a déjà subit ce genre de torture le petit. Alors malgré sa sensibilité, il a quand même acquis une certaine résistance. Ok, pas très longtemps, il faut qu’il échappe aux doigts de Yuki et les entraîne tous les deux dans sa chute. Il se marre doucement et retire les longues mèches blondes de son visage avec attention. Puis le jeune homme se redresse un peu, pose l’index sous le menton de la demoiselle pour tourner son visage vers le sien.

“Si tu veux un baiser, faut vérifier le classement d’abord. Ce sont tes conditions. En attendant, tu descends de moi.”

Il la taquine. Il s’en cogne qu’elle soit sur lui. Il reprend juste les conditions de jeu qu’elle a elle-même imposées pour lui casser un peu les pieds. Et puis il se redresse complètement, la pousse doucement pour voir l’écran. Il ricanement lui échappe quand Eren constate que c’est lui quand même lui qui a gagné, malgré la tentative de déconcentration tout à fait déloyale de Yuki. Il lui lance un regard et un sourire torve. Comme un petit con qui se la pète à mort. Ce qu’il est tout à fait.

“T’as cru quoi ? J’ai une petite sœur. Jsuis habituée à ce genre de fourberies de sa part. En tout cas, elle te remercie pour son nouveau casque VR.”

Eren se tire du lit et se lève pour effectuer une grande révérence … attrapant le casque au passage, en se relevant. Perd pas de temps l’asticot. Il le pose sur la commode en-dessous de la télé. Genre pour se le réserver quoi. Qu’elle reparte pas avec le lendemain, héhé. Et puis il avise du temps qu’il reste avant l'arrivée de la bouffe. Encore deux petites minutes. Alors le jeune homme retourne s'asseoir sur le lit, replie une jambe en-dessous de lui et tend une main pour faire glisser le bout de ses doigts sur la joue de Yuki. Tout juste un effleurement, parce qu'il n'a pas été invité à le faire. Alors il ne veut pas être trop intrusif non plus.

“T’inquiètes pas, tu l’auras quand même ton baiser … Tu le veux tout de suite ou tu veux le gagner à un autre jeu ?”

Il ne peut retenir un rire bref à cette idée qu’elle ait à gagner un baiser de sa part à lui. Alors qu’elle a payé pour sa compagnie. Et pas que sa compagnie. Techniquement, Yuki a le droit de ce qu’elle veut, quand elle veut (ou elle veut). C’est débile. Un poil hypocrite peut-être ? Quoique Si ça peut l’aider dans son cerveau de vierge sans doute hésitante. Mettre un bel emballage autour de cette situation sordide. Il se demande franchement ce qu’elle vient foutre dans une situation aussi sordide d’ailleurs. Mais ce ne sont pas ses oignons. Et tant qu’il se fait du fric … Oui voilà. C’est ça, Eren. Tant qu’il se fait du fric.

“Ou alors je peux te convaincre de me laisser t’embrasser … Pas avec des arguments hein … juste. Que ce soit … un peu plus “normal”. Si on peut dire.”

Mais oui, Eren. Il s’en fout complètement des états d’âmes et des raisons de Yuki. C’est ce qu’il se répète en faisant descendre le bout de ses doigts dans le cou de la jeune femme. Encore juste un effleurement. Et puis il se lève juste avant qu’on ne vienne frapper à la porte pour leur livrer les okonomiyakis et les gyozas commandés plus tôt. Il récupère les plats et referme sans rien dire au type chargé de leur apporter et se tourne vers Yuki avec un air interrogatif.

“Tu veux manger sur la table ou dans le lit comme de sales gosses ?”

Elle était un peu dégoûtée, la blonde. Pas pour son casque VR, elle s’en tape de son casque VR. Juste le principe de dire qu’elle avait perdu. Elle était pourtant douée aux jeux vidéo…. Mais elle avait trouvé son maître ? Pas question ! Elle n’avait pas passé sa vie dans un putain d’hôpital pour ne pas pouvoir battre quelques hommes à plate couture. Bon, déjà ce n’était pas son jeu favori. Elle préférait les jeux où elle joue seule… parce que tant qu’à être seule, elle préférait le faire complètement. Mais ça restait rageant, alors elle cache l’écran de ses cheveux pour Kaki et l’empêche de voir le classement. Elle aimerait bien pouvoir choper la télécommande mais le geste prouverait à l’homme qu’il a gagné, mince. Elle n’avait même pas écouté pour son histoire de baiser et son geste trop mignon… Non. Et elle n’était clairement pas descendu de sur lui, parce qu’ainsi elle pouvait tricher comme une sale gosse.

- J’ai décidé que j’étais pour ta sœur pour chaque combat à venir que tu feras ! Non mais oh ! fit-elle en se relevant à peine pour croiser ses bras sur sa poitrine.

Elle se poussa en faisant semblant de bouder. Elle ne boude pas vraiment. Elle continue à sourire. C’était la preuve qu’elle était loin de bouder. Comme elle l’avait dit, ça ne la dérange pas que l’homme prenne son casque VR. Elle le regarde faire, son manège. Souris à peine plus. Parce que ça la faisait sourire. Et que ce n’était même pas pour lui en plus. Elle le trouvait incroyable. Elle le regardait se mettre en position, elle observe cette main qui approche.

- Je veux le gagner, fit-elle en frissonnant un peu. Cela me laisse plus de temps. Si ça te va.

Parce qu’elle était peut-être pas assez amusante ? C’était possible. Peut-être que Kaki la trouvait ennuyante. Aussi, elle ne savait même pas comment faire autrement. Elle ne voulait pas que cela soit juste un baiser parce qu’elle faisait pitié. Parce que ça serait forcément ça s’il venait à l’embrasser. Il le ferait par pitié. Parce qu’elle faisait pitié. C’était tout. Alors elle allait le gagner.

- Tu veux m’embrasser ? Demanda-t-elle en penchant la tête, je ne vois pas réellement comment tu peux me convaincre sans argument, je l’avoue.

Elle le laisse faire. Elle le regarde. Elle frisonne sans pouvoir s’empêcher. Elle aimait la délicatesse de ses caresses. Elle aimait la sensation. Elle se sentait étrange. Elle avait l’impression qu’une plume parcoure sa peau. Elle avait l’impression que … Elle ne sait pas. Elle avait l’impression qu’elle frissonnait partout. Quand ça s’arrête, elle se sent d’un coup froide et mal. Elle rougit et détourne la tête. Peut-être qu’elle n’était pas faite pour ça, en réalité. Elle avait l’impression que son corps ne faisait pas ce qu’il fallait. Elle se demande ce que s’est. Elle se demande même si c’est normal. On l’avait déjà toucher comme si elle pouvait mourir … mais c’était la première fois qu’elle ressentait ça.

- Sales gosses, répondit-elle en se poussant, et tu dois choisir le nouveau jeu pour que je puisse avoir mon smack. Vue mes statistiques du moment, je dirais que j’aurais mon premier smack environ au même moment que …

Elle allait dire au moment de ma mort mais se stoppa. Elle pinça les lèvres et regarda la nourriture sur le sol. Elle savait ce que c’était, mais elle n’en avait pas le droit normalement. Encore une chose qu’elle avait peut-être mangé un jour. Elle était si jeune et si vieille, et elle ne se souvenait clairement si elle avait déjà mangé. Elle touche les gyozas, trouve ça étrange.

- C’est quoi ce que tu préfères toi ?

Il se marre pour de bon. C'est pas de la moquerie mais … presque. Disons que c'est un mélange de moquerie et d'incrédulité. Cette fille a décidément zéro connaissance question relation sexuelle. Ou même simplement relations humaines amoureuses. Pas besoin d'aller jusqu'au sexe, ni même jusqu'à un baiser. Eren a soudain la sensation qu'on n'a même pas dû lui tenir la main à cette fille. Juste pour le plaisir de le faire. Alors ça lui passe son envie de rire, et il s'occupe plutôt de récupérer la bouffe.

Et puis, selon les "ordres" de la demoiselle, Eren s'installe sur le lit avec ses plats. Retire les cloches en cartons qui protègent les assiettes et fait glisser machinalement une assiette d'okonomiyakis vers Yuki.

"Au même moment que prendre ta retraite ? C'est sûr que vu tes connaissances en la matière … Alors je t'explique comment ça marche dans la vraie vie, princesse …"

Il se contrefout des éventuels triggers qu'il pourrait générer en causant de la "vraie vie" ou en la traitant de "princesse". Lui non plus il ne connaît pas la "vraie vie". Enfin celle que de jeunes japonais comme eux devraient connaître. Les études, les responsabilités qui arrivent avec la vue adulte … Eren pointe l'assiette de gyozas des baguettes qu'il a récupérées pour répondre à la question de la jeune femme. Ponctuant le geste d'un "ceux de ma mère sont meilleurs mais bon …". Et puis il hausse les épaules et continue sur sa lancée précédente.

"Dans la vraie vie, tu rencontres un mec, ou une nana, comme tu veux. - D'ailleurs, sachant que tu m'as choisi … tu peux te questionner sur ta bisexualité si ce n'est pas déjà fait. - Et puis tu passes du temps avec. Et puis il ou elle se risque à te caresser la nuque. Ou à te faire ses bisous dans le cou. Où se tape un long fixe dans tes yeux de bichette. Et c'est à ce moment-là que tu as envie de l'embrasser. Sans arguments."

Il ponctue les derniers mots en levant un gyoza coincé entre ses baguettes au niveau du nez de la jeune femme avant de l'enfourner dans sa bouche. Avant d'en prendre un second et de faire pareil. Eren continue, la bouche pleine parce que c'est un vrai sale gosse. Il voit d'ici sa petite sœur lui lancer sa serviette en lui créant d'arrêter de parler la bouche pleine.

"M'enfin … encore une fois … c'est comme tu veux … quand tu veux … où tu veux …"

Il fait plusieurs moulinets du poignet, pour montrer qu'il s'en fout … Enfin pour lui, il s'en fout. Voilà. Ça s'éclaircit un peu de sa petite tête. Pour lui, c'est kif kif bourricot. Dans les deux cas, ça revient à embrasser une inconnue, fort mignonne d'ailleurs, au moins elle a ça pour elle. Enfin pour lui. C'est moche à dire, mais c'est comme ça dans son taff. On est bien content quand l'autre qu'on doit se taper n'est pas un laideron. Ou qu'il ne pue pas des pieds. Ou de la gueule … Enfin bref, c'est pas le cas Yuki, amen. Tout ça pour dire que pour lui ça ne change rien, alors pour lui, il s'en fout. Mais pour elle, il s'en fout moins. Alors s'il peut faire que ça se passe mieux pour elle. Il le fera. Et il propose.

"Si tu veux que je te donne, physiquement, instinctivement, envie de m'embrasser, … je peux … Si tu préfères le gagner à un jeu, … je peux aussi … Tu manges pas ?"

Lui il s'est déjà tapé la moitié des ses okonomiyakis. Alors il demande en pointant de ses baguettes ceux de la jeune femme qui sont encore intactes.

Yuki l’observe. Elle le regarde. Regarde comment Kaki se déplace dans la pièce, comment il s’assoit à ses côtés, comment il prend sa nourriture et la mets dans sa bouche. Il semble si naturel pour lui d’être là, avec elle. Elle se demande pourquoi. Elle se demande vraiment pourquoi il est là. Depuis qu’elle avait vu son visage, elle s’était dit que ça devait être lui, rien que lui. Avant sa mort. Mais maintenant qu’elle était en face, en plus de toutes les pensées qui la tiennent … elle se demande pourquoi il fait ça. Pour l’argent ? Elle avait tellement d’argent qu’elle pourrait faire vivre deux ou trois personnes sans compter. Elle l’observe alors, en se demandant si elle pourrait être moitié moins aussi … comme lui. Si elle pourrait avoir sa prestance. Quand il l’appelle princesse, elle ne s’en formalise pas. Cela lui va bien, en vrai. Princesse Raiponce. La princesse oubliait dans sa tour qui ne peut que s’occuper de ses cheveux. C’était un peu ça. Alors elle l’écoute, religieusement pratiquement, tout en continuant de faire river ses yeux sur le garçon. Même la bouche pleine, il y avait quelque chose chez lui de profondément « complet ». Elle, qui n’était qu’une poupée où l’on avait progressivement remplacé toutes les pièces, elle s’étonnait toujours de l’entièreté de certaines personnes. Ils ont été faits en un bloc, une entité, en une fois. Et elle, elle n’était que bouts d’autres, de morts, ou qu’on enlève ce qui ne fonctionne pas. Elle ne fonctionnait toujours pas. Elle sent la nourriture, sourit. Sa mère, elle ne lui avait jamais fait de nourriture pareil. Parce qu’elle ne sait pas cuisiner, et que de toute façon sa fille ne peut pas manger ce qu’elle veut.

- Pourquoi je me questionnerais sur ma bisexualité parce que je t’ai choisi ? Je t’ai choisi pour tes yeux, si tu te demandes. Je crois. Je t’ai vue, je me suis dit « lui ». Je n’ai pas cherché plus loin.

Surtout qu’elle avait passé tellement de temps à regarder les autres sans avoir la moindre réaction. Son cœur n’avait pas battu, elle ne s’était rien dit. Elle n’avait même pas eu de « beau » ou de « pas beau ». C’était juste que personne n’ait eu de réaction sur elle. Et puis, elle était tombée sur lui. Lui qui était si beau. Si incroyablement lisse. Qui semblait …

- Authentique, finit-elle par dire avec un sourire, je t’ai trouvé authentique. Mais je n’ai jamais ressenti ce que tu racontes, pour personne.

C’était un fait. Regarder dans les yeux, elle faisait. Focaliser sur un point dans la prunelle d’un médecin. Elle faisait. Les bisous dans le cou, elle ne l’avait jamais fait, parce qu’elle ne voulait pas qu’on sente son pouls qui battait parfois trop vite. Elle se souvient aussi de la légère cicatrice qu’elle à dans le cou. Parce qu’on l’avait perfusé ici une fois où elle était toute cassé. Machinalement, elle cacha le côté gauche de son cou. On pouvait clairement voir qu’elle cachait le côté gauche, pas qu’elle était en train de libérer le droit. Elle réfléchit à sa proposition avant de mettre tous ses gyozas sauf un dans son assiette et de prendre les trois quarts de son okomomiyakis qu’elle place aussi dans l’assiette du garçon. Elle pourrait manger autant ? Elle se le demande encore. Elle réfléchit à la question en prenant le gyoza dans la bouche, s’étonne de ce qu’elle mange et rigole en mâchant.

- C’est trop bon ! fit-elle doucement avant de rire encore.

Elle finit son gyozas, qu’elle avait mangé en deux fois avant de sourire. Elle observait l’homme. Elle était en train de se demander si elle avait envie d’avoir ce qu’elle lui propose. Elle avait envie d’avoir ce frisson qu’il sous-entendait. Elle en avait vraiment envie … mais … Cela serait de la pitié. Elle faisait pitié. Elle décala son regard.

- Je préfère le gagner. J’aurais plus l’impression d’en avoir le droit. Pour le reste aussi. Qu’importe ce que tu verras … je veux dire … Même si je te dégoute au moins je l’aurais gagné. Je préfère éviter les mensonges. Les trop gros mensonges. Mais je te remercie de l’avoir proposer.

Et machinalement, elle apporta sa main sur le visage de Yuki et caressa sa joue avec un sourire simplement tendre. Elle pencha la tête et sourit encore alors qu’elle prit son bout d’okomomiyaki avant de le mettre en bouche et se surprendre à nouveau.

- C’est super bon aussi ! J’aime beaucoup !

“Parce que jsuis vachement androgyne, c’est tout. J’ai fais pas mal de pont pour des hommes et des femmes qui ont fini par se réaliser gays …”

Eren hausse les épaules, en balançant ça comme s’il causait d’un sujet totalement banal. Autant il passe la prostitution sous silence total dans sa vie de tout les jours. Autant il en parle assez simplement quand il y est. Il n'a pas spécialement honte. Il a surtout une flemme immense de faire face à l’incompréhension des gens. Donc il lâche ça comme ça, et passe à la suite. Et lâche une petit ”merci” amusé quand Yuki lui annonce qu’elle le trouve “authentique”. Et son sourire s’agrandit quand elle s'extasie sur le goût des gyozas. Elle n’a jamais mangé de gyoza ? La question lui effleure l’esprit, mais il est sur un autre sujet.

“Le gagner ? Tu l’as déjà payé. Grassement. Mais je vois ce que tu veux dire … enfin pas pour l’histoire du dégoût. T’es mignonne. C’est pas tous les jours que j’ai des nanas aussi mignonnes que toi qui se paient mes services.”

Mis à part quelques filles complètement bourrées qui s’évanouissent ou s’enfuient avant les choses sérieuses dans plus de 80% des cas … Non, il avait rarement des filles qu’il aurait lui-même tenté de brancher s’il l’avait croisé dans un bar ou dans un club. Eren la regarde lever sa main et la poser sur sa joue et refoule instinctivement et instantanément les drôles de sensations que ça réveille en lui. Il n’y prête pas attention, et s’intéresse plutôt à la nouvelle réaction d’étonnement de Yuki sur le second plat.

“Ok, je modifie la question … t’as jamais mangé de gyoza et d'okonomiyaki ? Mais tu viens d'où, princesse ?”

Eren arque un sourcil en continuant de l’observer, et puis il hausse les épaules. Ce ne sont pas ses oignons. Ok, ok, il doit bien avouer qu’elle a un côté beaucoup plus intéressant que beaucoup (si ce n’est la plupart) de ses clients. Que contrairement à beaucoup, il a envie de savoir ce qu’elle fait là, pourquoi elle n'a jamais embrassé personne, pourquoi elle a jamais mangé des plats pourtant pas très originaux, pourquoi elle pense qu’elle va le dégoûter … Il y a décidément beaucoup, vraiment beaucoup, de mystère autour de Yuki. Mais. Ce. Ne. Sont. Pas. Ses. Oignons.

“Laisse tomber. T’es pas obligé de répondre.”

Le jeune homme hausse les épaules et engloutit ses propres okonomiyakis vite fait bien fait. Y en a qui se demandent comment il fait pour être aussi freluquet avec tout ce qu’il bouffe. Il en est quand même à son deuxième dîner de la soirée. Mais ça s’explique par le fait qu’il y a eu des jours où il a quasi rien bouffé, quand il était plus jeune. Parce qu’il passe la moitié de ses journées à courir, à grimper ou à sauter. Et parce qu’il passe la moitié de la nuit à se faire sauter aussi, et mine de rien, ça crame pas mal d’énergie de baiser. Enfin bref. Il finit ses okonomiyakis et attaque ceux que Yuki lui a refilé d’un air à moitié absent, en cherchant un jeu sur lequel affronter la blondinette pour qu’elle puisse gagner son baiser. Et pas qu’il lui offre par pitié. Il n'a toujours pas compris le bail à propos de ça. Mais bon. Si elle est plus à l’aise comme ça. Et bien elle fait comme elle veut.

“Super smash bros ? C’est un bon classique pour les duels ou régler ses comptes. Évite juste de casser des trucs en balançant ta manette quand tu perdras. Sinon tu paies.”

Il lui lance un regard en biais qui se veut moqueur. Si elle veut du challenge, Eren peut lui servir tout le décorum qui va avec, les provocations et les taquineries de rigueurs, sans soucis. Il a l’habitude avec sa petite sœur.

“Sinon tu peux choisir un jeu où t’es certaine de gagner. Peut-être un jeu que je connais pas. Sinon t’es mal barrée, princesse.”

Ouais voilà, c’est gratuit, ça fait plaisir.

- Je te trouve juste beau, moi, personnellement. Et je me pose pas de question, c’est mieux.

Elle avait toujours été attirée par les hommes. Point. Elle n’était pas allée chercher bien loin. Elle l’avait trouvé beau. Elle s’était dit que c’était lui. Qu’il était bien. Avait-elle déjà ressenti du désir pour une femme ? Quand elle essaie de se faire du bien –essaie parce qu’elle n’y arrive pas vraiment- elle imagine toujours un homme. Elle aime l’idée d’avoir un homme sur elle. Alors elle ne cherche pas. Elle avait envie de faire l’amour avec Eren. Elle ne cherchait pas non plus loin.

- Tu crois que je suis mignonne, fit-elle en haussant les épaules, mais je ne le suis pas. Nuance.

Elle ne s’en occupe pas. Elle sait que la première impression est souvent la mauvaise. Comme si elle pouvait être mignonne avec ce qu’elle savait d’elle. Mais bon. Elle hausse les épaules parce qu’elle s’en fou, au fond. D’être dégoutante. Fin. Elle ne s’en fou pas d’être dégoutante quand elle doit apprendre à faire l’amour. Ou faire l’amour. Paraît que ça se fait en deux fois. Que la première fois est douloureuse… Il lui faut deux fois, non ? Aurait-elle le temps de faire l’amour deux fois avant de mourir ? Ou de se faire changer encore une pièce. Elle se le demande.

- J’ai toujours vécu à Tokyo. Depuis le début de ma vie. Et non, je n’en avais jamais mangé.

Elle n’en avait pas le droit. Pourquoi aurait-elle le droit de manger à ça, alors que tout dans son sang fini mal ? Elle pourrait manger de la salade bio que quelque chose lui ferait du mal. Elle aurait bien haussé encore les épaules … parce que la plupart des gens, une fois qu’ils comprennent qu’elle est cassé, ils pensent qu’elle ne mérite plus qu’on la touche. Kaki ne la toucherait tellement pas s’il savait qu’elle avait tout découpé. Non. Personne ne voulait d’une personne capable de cracher ses poumons, littéralement, pendant un acte charnel. Elle compte bien éviter de cracher du sang, mais ce n’était pas exclu selon le moment …

- Si je te réponds la pure vérité, tu me trouveras dégoutante. Laisse-moi encore un peu dans le mensonge. Mon mensonge. Et ensuite ça sera à ton tour de mentir. C’est mieux.

Elle n’avait pas envie de perdre la possibilité d’avoir un baiser sans dégoût. Elle avait vraiment envie qu’il l’embrasse en se disant qu’elle était mignonne, comme il semblait le penser en ce moment. Ouais. Cela serait bien d’avoir un baiser avec quelqu’un qui pense qu’elle est mignonne. Elle en avait vraiment envie, en vrai. L’idée de tricher en mettant un jeu qu’elle était sûre de gagner lui passa l’esprit. Mais non. Elle voulait le gagner avec toute honnêteté.

- Super smash bros, c’est décidé.

Et elle se leva pour mettre le jeu et jeta à nouveau la télécommande au garçon avec un sourire de princesse justement.

- Tiens, petit prince, essaie de me battre pour voir. Tu veux quoi cette fois si tu gagnes ?

Kskskss hein ??! Comment ça il la croit mignonne mais elle est pas mignonne ?? Si c’est une nouvelle technique de fille pour dire “naannnnn jsuis pas si jolie”, ça le dépasse complètement, Eren. Il papillonne des paupières pendant quelques secondes Mouaaiiiis bon, on va passer à un autre sujet, hein. Elle est vraiment étrange la petite Yuki. Mais il n’est pas psy. Alors il passe à la suite en même temps qu’elle. Préfère causer bouffe, même si là aussi, elle lui semble de nouveau bien étrange la blondinette. Comment elle pouvait avoir vécu au Japon toute sa vie sans n’avoir jamais mangé aucun de ces plats pourtant élémentaires … Elle était riche au point de se taper homard/caviard tous les jours, ça se trouve, ahah. Erm. Arrête de penser des conneries, Eren.

Il fronce les sourcils à la drôle de réponse de la jeune femme qui met à mal sa théorie ridicule de l’ultra-riche. Dégoûtante de quoi ? Ok, ok, ok. On a dit pas de questions. C’est pas ses oignons. C’est. Pas. Ses. Oignons. Même si c’est dingue ce que cette gamine peut aiguiser sa curiosité. Pourtant devenue lasse à force d’écouter les histoires tristement banales ou ridiculement merdiques de la plupart de ses clients. Il n’y a pas que la sensibilité du corps que ce boulot use. La sensibilité du cœur aussi. De la même façon qu’il peut être fort compliqué de ressentir quoique ce soit d’agréable physiquement dans ces rapports sexuels rémunérés … Eren se retrouve aussi insensible et indifférent à pas mal d’histoires qui lui sont confiées après … les travaux pratiques. Mais Yuki, elle est suffisamment bizarre, et inattendue dans ses réponses et ses attitudes, pour réveiller son attention. Ce qui est plutôt agréable, hein. On ne va pas se mentir.

Eren attrape la manette au vol avec un sourire de sale gosse et ricane.

“Ok, ok, si je gagne je veux … Six repas à emporter pour demain.”

Deux bons repas gratos pour sa petite famille. C’est plutôt pas mal comme trucs à gagner, tiens. Et c’est le premier truc qui lui est venu à l’esprit dans le peu de temps qu’il a eu pour réfléchir à une réponse.

“On se le fait en trois manches ?”

Bah ouais. C’est plus fairplay qu’un seul combat. La malchance, la mauvaise map, tout ça. C’est un petit con Eren, mais un petit con avec un certain sens de la justice quand même. (Surtout quand ça l’aide lui-même, ahah.) Yuki lance le premier combat qu’elle remporte après un affrontement serré. Mais il est loin de se laisser décourager, Eren, et reporte le second avec un écart à peine plus important (et une légère dose de chance aussi, erm, mais chut). Donc ils sont à égalité quand commence la dernière manche pour les départager. Et cette fois, on n’arrive pas à l’avoir deux fois Eren, le jeune homme se lève du lit pour s’écarter de Yuki en lui lançant un regard entendu.

“Ça triche sévère dans le coin. Je préfère garder mes distances.”

Il la tacle gentiment juste avant que le combat ne commence. qu’il prend très au sérieux. Et puis il se souvient ”tu me trouveras dégoutante. Laisse-moi encore un peu dans le mensonge. Mon mensonge. Et ensuite ça sera à ton tour de mentir” alors il manque son coup. Exprès. Mais. Ni vu ni connu. Il sait faire. Il a l'habitude de composer avec l’ego de sa petite sœur qui refuse qu’on la laisse gagner … mais qui a besoin de gagner, des fois, pour son moral. Alors il sait très bien faire semblant de perdre sans faire exprès. Un talent dans la vie. Et de fait. Il perd. Pour de bon. Mimant jusqu’à la déception de ne pas avoi de bouffe gratos en ralant à se propos.

Et puis Eren se tourne vers la jeune femme pour lui adresser une révérence dramatique.

“Bien joué, princesse !”

Il se rapproche de Yuki, balance la télécommande sur le matelas à côté d’elle, et se penche vers son visage?

“Alors ma mignonne. Tu veux faire ça comment ?”