Tous ceux qui errent ne sont pas perdus. [PV Lulu] [+18]
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Ezvana
Mer 21 Aoû - 22:59
Méléän Hastros
Je suis un loup-garou, vivant entre la ville et les forêts. Je n'ai pas d'attache, plus de famille, pas d'amis, pas de meute. Je suis un solitaire mais cette situation me pèse. Aucun loup ne choisit d'être un solitaire. C'est juste qu'il n'a pas trouver de compagnon, ou de meute pour l’accueillir. Un renégat. Moi, j'ai du me sacrifier pour pouvoir vivre. Je suis un mercenaire et je survis au jour le jour. Après des années d'errance, je cherche une âme, une présence. Mais la vie me contraint à vivre de contrat tous plus dégradant les uns que les autres. Mais un jour une mission me met sur la voie de quelqu'un. Elle.
Ombre immense tel une tour qui jamais ne menace de flancher, l'œil alerte et la menace dans l'éclat d'une prunelle bigarré. L'Animal était prêt à dénuder ses crocs, de gronder d'un air mauvais pour mieux protéger cette douce créature près de lui. Le nez s'agite, tente de percevoir des notes qui l'alerteraient d'une mauvaise intention, qui pourrait le mener sur la piste comme on traque une proie dans les broussailles. Pourtant, il reste un peu en retrait, laisse faire l'ailée pour qu'elle agisse comme elle le souhaite. Un regard vers ses deux mains qui se lie, ce frémissement alors qu'il y a une onde inaudible, un lien invisible qui se forme et qui semble résonner à l'intérieur de ses os. Curieux le Loup, qui observe sans rien dire, cet échange, ne cesse de faire des allées et retour entre les deux enfants du soleil pour tenter de comprendre ou de percevoir le moindre malaise chez la danseuse.
Un froncement de sourcils en entendant la phrase, telle une prophétie ancienne énoncée à voix haute. « Pansies ». Les prunelles qui observent la fée, plongées dans ses propres réflexions. Il y avait tant de choses qu'il ne comprenait pas, qu'il ne percevait pas. Elle semblait loin soudain la féerique, d'un autre monde bien différent du sien. Curieux comme les légendes et les divinités se rencontrent et luttent, comme les croyances et la magie qui s'imbriquent tout en se confrontant. Cela l'effraie comme l'intrigue, comme si elle était devenue une déesse foulant la terre des mortels et qu'il a l'honneur de pouvoir être à ses côtés. L'Animal sauvage se laisse approcher, trop curieux pour fuir les reflets dorés qui entourent la divine. Un long frisson, en entendant cette possibilité, de perdre son éclat et de devenir une dévoreuse de chair. Cela le répugne profondément, c'était viscéral, comme une abomination de la nature qui n'a pas lieu d'être. Une créature sans âme, n'ayant qu'un seul but : se nourrir. Il était presque impensable d'imaginer une aussi douce espèce devenir un vide ambulant, obsédé seulement par une chose. Cruel destin qui le révolte, lui donne envie de mordre celui qui a osé annoncer un tel désastre avec une telle nonchalance.
Puis il se souvient, se rappelle de certaines malédictions et il ravale la boule qui se forme dans sa gorge. Il n’était personne pour juger, surtout lui. Les doigts qui s’agitent, un frisson qui le fait piétiner sur place, le fait détourner le regard de son amie pour se perdre dans des herbes séchées contre un mur, sur des bougies parfumées qui embaument la pièce. Mal à l’aise, il tente de fuir ses propres démons à la gueule écumantes et aux griffes trop longues. Lita’Zia l’observe sans rien dire, comme si elle percevait sans le toucher son malaise. Elle tente vainement de l’intercepter de ses prunelles, pourtant le Loup refuse le contact, se contente de déglutir et d’observer les petites billes lumineuses dans le bocal.
Un soupir discret qui s’extirpe des poumons, l’espoir qui est ravivé par la chaleur émanant de ce remède presque miraculeux. Oui, peut-être qu’il y avait encore des chemins inexplorés, tortueux et plein de ronces certes, mais qui pouvaient mener à la libération de Pansy plus facilement. Sa rune allait s’éteindre pour un temps. Peut-être qu’elle retrouvera ses pouvoirs.
Une main qui s’avance par automatisme, glisse sur les côtes, tombe sur une hanche de façon intime. Le besoin de lui indiquer qu’il serait là, que pour tenir face à la douleur et l’incertitude, il serait le Géant de chair qui la soutiendra même si la purge est difficile. Le soulagement, qui lui fait baisser la tête, cette façon de humer son odeur à travers les replis de sa chevelure d’encre. C’était trop facile, devenu une habitude qu’il peinait à réfréner, un réflexe qui le rassure et émoustille ses sens. Barrières baissées à chaque heure passée à ses côtés, l’Animal ne se rend même plus compte que sa proximité l’affecte et dévoile toujours un peu plus de sa tendresse maladive. C’est quand il ouvre les yeux qu’il s’aperçoit qu’il les avait fermés, qu’il était bien trop proche de la danseuse comme s’il désirait l’envelopper de sa présence. Alors il la libère, un peu, juste de quoi s’éloigner d’un pas sans briser la proximité.
Un demi-sourire devant la mine déconfite de l’elfe noire qui est prête à dévoiler les dents dans une grimace alors qu’elle paye le Solarius. Jamais ses doigts ne touchent la peau parcheminée de l’ancien, comme s’il pouvait la contaminer. Lui ne fait que sourire, les yeux brillants d’une malice centenaire. Et alors que la Drow se retourne pour partir, le Lycan s’avance, accroche le vieil homme pour le retenir encore quelques secondes.
- Ne doutez pas une seconde que nous reviendront si mon amie à besoin d’aide ou de nouvelles perles ou du moindre soutient, de la moindre question. J’espère pouvoir vous retrouver ici même sans problème.
Un avertissement sous un enrobage de miel. Promesse silencieuse que le Traqueur n’hésiterait pas à chasser l’homme ou qu’il soit pour le punir de son affront. Le Solarius se contente de hocher la tête, peu impressionner par l’attitude de son interlocuteur, tout en prenant en compte le danger potentiel. Sortir dans la nuit qui les accueils, alors que la fraîcheur s’installe doucement. Xéros les attendait dans la voiture, leur jetant un coup d’œil inquiet pour savoir si tout, c’était bien déroulé. Aucune question ne vient interroger ses amis, observant simplement ce bocal dans les bras de Pansy.
Le Loup-garou donne son adresse au chauffeur alors que de nouveau il s’installe à l’arrière de la voiture. Dans ses pensées l’homme qui se mordille l’intérieur d’une joue d’un air soucieux. Retourner dans son appartement ne lui apportera pas la paix, il était certain que l’organisation interviendrait ce soir. Plus qu’une intuition, c’était la marque invisible sur son bras qui pulse, tel un appel du Djinn qui le prévient qu’il avait avancé dans sa quête. Faire de nouveau face au rouquin lui donnait des aigreurs d’estomac. Rien que d’imaginer son visage, il avait envie de gronder et de lui arracher la seconde oreille et de le voir couiner tel le louveteau qu’il était. Il méritait la mort pour ce qu’il avait fait.
Les sourcils se froncent, la température monte imperceptiblement dans l’habitacle et il remue sur place, s’agite alors qu’il peine à réfréner ses envies de meurtre. À travers le rétroviseur, Xéros l’incendie de son regard, le nez trop sensible aux différences et la lune fouettant le sang dans ses veines. Un marmonnement d’excuse alors qu’il remue une dernière fois, cache son poing serré sous la veste en cuir. Sans vraiment y porter attention, son autre main cherche à ses côtés la présence de la fée, de ce petit doigt qui effleure la peau d’été, sans vraiment l’envahir pour ne pas être intrusif. Cela le rassure, apaise le feu brûlant qui ronge l’intérieur de son corps et chasse les mirages qui le hantent.
Le chemin se passe entre les anecdotes du couple, une proposition de passer chez eux dans la maison perdue au bord de la forêt, de découvrir leurs tanières d’amour. Pourquoi pas avant d’aller au Nexus au cœur de la nuit ? Un peu distant le Lycan qui marmonne, hoche vaguement la tête. C’était une bonne idée mais il ne voulait rien confirmer. Dans la lune l’homme qui voit les rues défiler jusqu’à reconnaître les angles de son quartier. Que penserait la fée ? On était loin du faste qu’elle connaissait. Ici, il y avait peu de couleur. Pas de voilages bariolés pour occuper les façades en brique ou grises, il y avait bien des petits parcs, des fleurs çà et là pour tenter d’égailler l’air austère des quartiers populaires. Pas de bougies parfumées pour tamiser l’ambiance, rien que la lumière crue des lampadaires. Pas de musique lancinante, rien qu’un silence ponctuer de rire d’enfant, de chants d’oiseaux matinaux ou le vrombissement des moteurs de voiture. Il n’avait rien à offrir de glorieux, rien qu’une cruelle banalité.
Serrer les dents alors que le genou tressaute, que son regard se perd dans le paysage. Encore, en ce moment, il avait un toit sur la tête, un endroit ou crécher le temps de ses missions. Qu’aurait-il fait s’il dormait dans la rue ? Dans un motel miteux ? Libérer la fée pour la plonger dans les bas-fonds des ruelles, cela n’était pas envisageable.
La voiture s’arrête aux pieds de haut immeuble. Malgré l’heure tardive, il y avait encore des enfants qui jouaient dans le parc central, leurs yeux lumineux brillants dans la nuit, sautant en tous sens avec une agilité déconcertantes.
- Tient nous au courant pour demain. Prenez soin de vous.
Un Xéros qui se veut encourageant avec son sourire étirant ses lèvres, ce bref hochement de tête pour donner de la force à son ami qu’il savait trop nerveux. Les remercier chaleureusement, leur promettant de les voir rapidement. Lili semble ravie qu’il ose le dire à voix haute, sacralisant les mots avec ferveur. Elle était visiblement attachée à ce Loup mal léché et elle avait une pleine confiance au sens de ses paroles.
- Pansy, n’hésite surtout pas à me contacter par téléphone. Il te suffira de prendre mon numéro dans les contacts de Furie. Et si tu veux être loin des deux nigauds, je serai là aussi.
Un clin d'œil. Récupérer les affaires, sa veste. Avant de sortir en compagnie de la danseuse. Pas un mot pour égayer le moment, rien qu'un demi-sourire pour l'inviter à le suivre à travers le chemin ou les mauvaises herbes prenaient le pas sur les jointures mal entretenues. Virages sous les arbres, cachant la voûte céleste, des bacs de fleurs aux côtés de bancs rouillés par les années. Arrivant devant un hall, un ballon de cuir usé rebondis et arrive prêt des pieds du Géant qui s'arrête et le prend dans ses bras. Arrive alors une jeune adolescente, aux longues oreilles brunes et duveteuses qui se rabattent en arrière en identifiant le Loup face à elle. Deux queues s'agitent derrière ses hanches avant de se plaquer contre ses jambes, visiblement apeuré de la réaction de cet inconnu face à elle. L'Ombre, elle, sourit doucement et rend le ballon d'un lancé léger. La petite souris timidement et tourne la tête vers ses amis qui l'appelaient en criant. Un merci murmuré, des yeux qui ne peuvent s'empêcher de balayer de haut en bas cet homme à la beauté ancienne, un mouvement de main vers la fée avant de repartir en courant. Entrer dans le bâtiment grâce à un code, attendre l'ascenseur. Une fois entrée à l'intérieur et en appuyant sur son étage, l'odeur de la danseuse lui prend le nez. Elle était si près, si proche de lui qu'il pouvait la toucher sans devoir s'excuser d'une telle proximité. L'effet cloisonné, l'interdit, lui électrise les sens. Un sourire qu'il n'arrive pas à retenir, un air de gamin turbulent aux pensées graveleuses.
- Heureusement qu'on arrive. Difficile de se contenir dans une boîte surchauffée avec ta présence.
Insérer la clé dans la serrure avant de se reculer pour laisser la place à la fée d’entrer, l’invitant d’un mouvement de main. Refermer la porte, fermer à double tour par réflexe. Soupirer en se frottant l’arrière du crâne, posant le sac dans le salon, son manteau de cuir sur le canapé. L’appartement était grand, adapté aux aléas des créatures magiques, mais sobres. Peu de décoration, à peine un ou deux tableaux sur les murs. Deux plantes qui meurent de soif près de la baie vitrée du salon qui donne sur une terrasse ou attendait sagement deux sièges et une table. Il n’y avait que les plaids géants et les coussins qui rapportent une touche de couleur dans tout cet étalage de gris, de crème ou de taupe. La peur de repartir à tout moment, d’être privé de son nid douillet qui le rend nerveux, bien que cela faisait plusieurs mois qu’il réussissait à maintenir cet endroit.
- Fait comme chez toi. N’hésite pas à prendre tes aises.
Se diriger dans la cuisine pour ouvrir le frigo et sortir une bière fraîche qu’il décapsule d’un coup de croc.
- Tu veux quelque chose ? Tu as faim ou soif ?
Se rapprocher d’elle jusqu’à la surplomber de sa haute taille. Se pencher légèrement, juste histoire qu’elle soit envahi de sa présence.
- Tu me le diras, n’est-ce pas ? Si tu as besoin de quoi que ce soit.
Le pli amusé de sa bouche, ce clin d’œil malicieux. Comme s’il pouvait apaiser toutes ses faims. Puis il réalise. Elle était chez lui, enfermé, sous son emprise alors qu’il s’impose avec un sous-entendu qui pourrait paraître malsain. Brusquement, il se redresse et recule d’un pas.
- Navré, je ne voulais pas te gêner.
Espèce de gros con. On devine les mots rien qu’à son expression. Maladroit, l’homme qui se frotte à nouveau l’arrière de son crâne et tend sa propre bière pour trouver une échappatoire à son malaise. Vouloir bien faire c’était bien, le faire correctement, c’était mieux.
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Lulu
Sam 24 Aoû - 10:52
Pansy Doe
Sylphide aux ailes diaphanes se confronte aux années d'une manière bien singulière, échappant à la course effrénée du temps, elle irradie d'une jeunesse éternelle. Son cœur de verre, avide de tendresse, ne demande qu'à vibrer au rythme des mélodies romantiques, mais une pesante solitude le condamne à les savourer à travers le vécu des autres. Derrière le voile de ce nom aux sonorités florales, Pansy dissimule sa véritable identité, étranglée par les années qui passent. Prisonnière d’un cycle infernal : à chaque tombée du jour, elle se dévêt de ses pétales, cédant sa chair aux guêpes insatiables, puis renaît à l'approche de l'aube, revêtant une splendeur éphémère, pour à nouveau se dénuder à la chute nocturne. Elle est le fantôme à l’agonie du Nymphéa, les murs et les planchers, portent les cicatrices de ses griffes et sont imprégnés de sa fragrance étourdissante. Après des années à survivre seule dans cet enfer, mes rêves semblaient évanouis. Chaque performance me volait un peu plus ma dignité et mon identité. Je pensais devoir les abandonner pour toujours, jusqu'à ce que qu'une histoire de vengeance me mette sur la voie de quelqu'un. Lui.
Les étoiles naissaient une à une sur la toile obscure du ciel, telles des fleurs déployant leurs pétales sous le regard timide de l’aube, prêtes à célébrer le soleil. Mais ces astres scintillants, quant à eux, n'attendaient pas la venue de l’astre doré. Ils venaient plutôt admirer la majesté de la lune, déesse ronde et pâle, encore incomplète, mais d'une beauté suffisante pour illuminer les pas des oiseaux nocturnes, palliant ainsi à l'absence des lueurs vacillantes de certains lampadaires. Dans cette jungle d'asphalte, la nuit, remarqua la captive, n’était ni tout à fait noire, ni tout à fait bleue, mais quelque chose entre les deux... Sauf lorsque des nuages apparaissaient, et là, les lueurs artificielles se plaquaient à leur ventre, les illuminant d'une sorte d'orange sombre et fade. Peut-être demain, espéra-t-elle, la nuit serait-elle plus pure, baignée seulement par la lueur de la lune, qui tisserait sur le royaume des ombres un délicat drap de bleu et d’argent – alors annonciateur d’une magie décuplée. Il lui tardait d’en observer, voire même, d’en savourer ses effets. Ce soir, son cœur était léger, ivre de curiosité, d’insouciance, et assoiffé de beauté. Il battait au rythme de ses désirs volatiles ; car en ses bras frêles reposait une jarre dorée, qui lui permettrait peut-être d'alléger ses chaînes, qui jusqu'ici, l'avait empêchée – plus qu'elle ne l'avait pensée – de savourer pleinement l'instant présent et surtout, ses trésors. De plus, elle avait la certitude que ce soir, elle ne regagnerait pas le Nymphéa. Oui, elle se réfugierait dans une tanière savamment protégée, loin des machinations d’autres âmes qui n'avaient eu de cesse de l'assaillir récemment, et dont il ne lui tardait de s’en débarrasser définitivement.
Au détour d’un sentier obscur, les deux surnaturels croisèrent une compère, qui, à peine eut-elle flairer l’essence du loup, fut saisie d'une terreur silencieuse, mais visible. Péri, bien plus avenante l'âme tranquille qu'agitée, laissa alors éclore sur ses lèvres un sourire tendre, en chœur avec celui du Géant qui, s'empressa de rendre le ballon à sa jeune propriétaire. Le sourire de la fée s’épanouit davantage, le cœur babil et sans coquille, s’enivrant de cette saynète touchante. Le loup, tantôt prédateur impitoyable, tantôt incandescent d’une adorable douceur, resplendissait d’une beauté invétérée, qui faisait inlassablement tourner la tête et brûler le cœur de la créature d'été.
Il en était ainsi chaque fois que leurs âmes, ancrées à n'importe quel lieu, se retrouvaient face à face, peu importait la foule qui les entourait. Mais dans cet ascenseur, ils étaient seuls. Les effluves enivrantes émanant du cœur de la péri se répandaient en elle comme un doux poison, serpentant dans ses veines, affaiblissant ses membres devenant alors aussi fragiles que des fils de coton. Valse qui se répétait, dès qu'elle avait l'opportunité précieuse, de partager un moment de proximité avec lui, même bref. Et lorsque, des lèvres du prédateur, s'échappèrent un sourire séducteur et des paroles ensorcelantes, la biche n’aspirait plus qu’à une chose : lui offrir son corps brûlant, consumé de désir, en offrande.
— « Pourquoi se contenir…? Mh ? »souffla incendiaire, les prunelles et les lèvres à la fois plissées de malice et scintillantes de sincérité.
Sa peau exhalait certainement d'effluves invisibles à ses sens, qui, au fil de cette journée ensoleillée, n’avaient cessé de parfumer son épiderme d’un arôme capiteux. Chaque parole séductrice échappée des lèvres, chaque geste enivrant délivré par le loup semblait distiller sur cette soie dorée aux notes florales et fruitées, les fragrances de nombreux désirs réprimés. Elle se demandait encore comment ils réussissaient à contenir les flots féroces de cette fièvre brûlante, même en cet instant. Ses intentions, ses désirs, son affection pour ce loup étaient d'une limpidité sans équivoque, tandis que ceux du lycan demeuraient, à ses yeux incertains, plus obscurs, plus troubles. Aucune impatience ne l'irritait, aucune douleur ne semblait la meurtrir – du moins elle s'efforçait de les ignorer, de les silencer, persuadée que les conflits intérieurs du lycan étaient bien plus ravageurs. Elle l’avait vu aujourd’hui, vacillant entre l'exaltation et la retenue, s’ouvrant un instant pour aussitôt se refermer avec froideur. La peur et le doute, démons aux crocs acérés, n’épargnaient ni l’un ni l’autre, condamnés qu’ils étaient, à se dévorer en secret.
Dès qu’elle eut franchi le seuil de l'antre du loup, une onde de bien-être submergea l'âme de l’ailée, et un sourire pur, illumina ses lèvres. C’était un sourire aussi doux et absolu que le premier rayon du jour. Ce n’était pas la décoration, plus humble et réservée que celle de sa propre chambre, richement parée, voire saturée de bibelots accumulés au fil des siècles, qui lui inspirait cette détente profonde, ce doux confort. Non, c’était plutôt cette senteur enivrante qui inondait ses narines dans des caresses brûlantes, comme le ferait celle d’une épice exquise. Une odeur boisée, où se mêlaient des effluves de cuir tanné, de jean usé, et de tabac froid. Une senteur qui lui était aussi réconfortante et apaisante que celle de la canopée humide de son enfance, aux accents herbeux et floraux, ou encore celle, métallique et fruitée, des sources chaudes du Nymphéa. Ici, cette fragrance précieuse imprégnait chaque recoin, chaque parcelle d’air. La fée, avec une hâte à peine dissimulée, se laissa engloutir par cette atmosphère douce et chaude, se dirigeant vers ces grands plaids et ces coussins moelleux, qu’elle caressa du bout de ses doigts avides et délicats. Étrange impulsion que celle de cette sylphide, qui, au Temple des Soupirs, faisait tout pour fuir le sommeil, malgré l'opulence de coussins débordant de son lit, aussi moelleux qu’un nuage, et tout aussi vaste, en tout cas, pour sa silhouette épineuse. Ici, elle se savait à l'abri.
Dès que la voix chaude et grave de son hôte résonna dans l’appartement, ses prunelles s'échouèrent sur lui. À peine posé, le voilà qui s’empressait de s’enquérir des envies de son invitée, tout en étant prêt à lui offrir la clef de tous ses désirs, peu importait leur nature. Avant d'y songer – malgré l'offre alléchante –, la nymphe s'immergea volontiers dans les ténèbres de cette silhouette dense qui la dominait, comme le ferait une montagne surplombant une vallée baignée de fleurs. Il y avait en cette union quelque chose de délicieux et d'inquiétant par sa puissance, une sensation apaisant d’effacement, comme si l’univers tout entier – et ses problèmes – se dissolvait autour d’elle, ne laissant subsister que cette Ombre et les plaisirs qui rimaient avec. D'ailleurs, dès leur première rencontre, la danseuse se souvenait de s'être délectée de ce vertige singulier plutôt que de s’en soucier. Mais soudain l'Ombre se retira avec la vélocité d’une vague, fuyant le sable brûlant qu’elle venait d'embrasser, craignant de troubler cette quiétude avec des intentions malvenues. Confession touchante, mais expressions inquiétantes. Pourtant, au lieu de se réjouir de cette délicatesse rare – non pas rare chez le loup, mais chez ceux qui l'avaient précédé – l'ailée sentit son cœur se serrer douloureusement face à l'embarras, à cette souffrance intérieure qui semblait le dévorer. Il n'avait nul besoin de se haïr, ni de se flageller pour une maladresse qui n'existait que dans les méandres de son esprit.
— « Il semblerait que ton flair te fasse défaut ce soir, petit loup... », murmura-t-elle, avec une tendre complicité.
Elle s’avança à pas de velours vers le loup, prudente comme une lionne avide d’apaiser son lion blessé. Profitant de ce bras tendu qui lui laissait une ouverture, elle glissa tout près de lui, échouant sa silhouette serpentine contre la carcasse épaisse du cerbère. Ses doigts, délicats comme la brise, vinrent goûter à la rugosité de ses joues, pour l'inviter silencieusement à abandonner sa tête lourde de nervosité dans le creux de son cou où dansaient les arômes de fleurs et de désirs inassouvis, qui avaient gravé leur empreinte sur sa peau soyeuse au fil de la journée.
— « Et s’il n’est pas usé… », ensorceleuse murmurait ces mots avec une audace à peine voilée, alors qu’un mince rideau flottait entre les crocs du prédateur et l’une de ses veines.« Tu pourras sentir, sur chaque parcelle de ma peau, l’empreinte brûlante de mon désir pour toi, qui s'est manifesté dès mon réveil... Sans s'essouffler un seul instant. »
Ses lèvres, avides et fébriles, vinrent s’échouer doucement contre une joue épineuse, qu’elles embrassèrent avec une lenteur infinie ; qu’il ressente, jusqu’au tréfonds de son âme, la chaleur douce et langoureuse de cette tendresse qui pesait si lourd, si délicieusement, dans le cœur de la fée.
— « Je chéris comme un trésor, comme une bénédiction, le moindre instant de proximité que nous partageons… Et que nous pourrions encore partager »souffla-t-elle, ses paroles se fondant à sa peau brûlante, avant que son visage ne s’éloigne légèrement, ses talons retrouvant la dureté sol avec grâce.« Ta présence, loin de m'angoisser, m’apaise… Sauf quand on se rend fébrile l’un l’autre, n’est-ce pas ? »ajouta-t-elle avec un sourire complice.« C’est plutôt ton absence qui m’effraie »confia-t-elle, son regard se teintant un instant d’une inquiétude fugace.
Mais cette crainte s’évanouit aussi vite qu’elle était apparue ; car elle savait, au plus profond d’elle-même, qu’il ne l’abandonnerait jamais. Et quant à elle, son cœur était comme Vénus, tournant sans fin autour de ce loup-soleil ; jamais elle ne cesserait de graviter autour de lui, de l’adorer, car sans lui, son univers se disloquerait dans le froid et le vide. Ses doigts effleurèrent tendrement ses joues, réticents à se détacher de cette peau tant chérie, chaude et rayonnante comme l'astre adoré. Et si l'un d'eux osa s'en décoller, ce ne fut que pour replacer tendrement une mèche poivrée, puis, au lieu de regagner sa joue, ses doigts plongèrent ensuite dans sa chevelure, qu'elle se mit également à caresser. Comme si elle ne pouvait s'empêcher de le toucher, de le dorloter.
— « Mais puisqu’il n’est pas question de ça… Et pour répondre à ta question plus tôt ; est-ce que tu accepterais que nous terminions cette journée en regardant un autre film ensemble ? »proposa-t-elle, le ton plus timide.
Souhait en écho aux confidences du loup, de ces moments doux et regrettés qu’il avait évoqués, alors qu'ils étaient nichés dans la cuisine du Nymphéa. Si lui avait su enchanter ses jours, elle, de son côté, s’efforcerait d’illuminer ses nuits. Car la pensée d’apporter un peu de chaleur, de réconfort à ce cœur écorché et chéri, faisait naître en elle une joie profonde, aussi vaste que cette ombre où elle aimait tant se lover.
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Mar 27 Aoû - 20:04
Méléän Hastros
Je suis un loup-garou, vivant entre la ville et les forêts. Je n'ai pas d'attache, plus de famille, pas d'amis, pas de meute. Je suis un solitaire mais cette situation me pèse. Aucun loup ne choisit d'être un solitaire. C'est juste qu'il n'a pas trouver de compagnon, ou de meute pour l’accueillir. Un renégat. Moi, j'ai du me sacrifier pour pouvoir vivre. Je suis un mercenaire et je survis au jour le jour. Après des années d'errance, je cherche une âme, une présence. Mais la vie me contraint à vivre de contrat tous plus dégradant les uns que les autres. Mais un jour une mission me met sur la voie de quelqu'un. Elle.
Présence se dégageant d’une sylphide au touché délicat qui s’approche de lui, brise le peu de distance entre leurs deux corps, comme on s’affranchit de toute règle de survies. Aérienne, qui désire plus ardemment le touché de l’Animal, qui refuse de bouger, comme hypnotisé par les mouvements gracieux de la créature face à lui. Docile le Loup, qui laisse des mains le guider, d’enfouir son museau avide dans les replis d’une peau d’été qui sentait le soleil ardent. Inspirer, si fort que cela en est audible, s’enivrer de la fragrance tant désirée.
Exhaler un lourd soupir qui parcourt l’échine de la danseuse, cette façon dont cette bouche s’approche encore un peu, ses lèvres qui manquent de se déposer sur l’arc du cou, la pointe de crocs menaçants de marquer cette peau. Présence presque écrasante, fauve et intense, qui pourtant ne franchit pas la barrière du désir. Aucune main ne vient glisser sur le corps contre le sien, pas même des doigts qui pianotent sur la courbe d’une hanche, pas même cette envie presque furieuse de passer ses mains dans cette crinière d’encre. Juste pour en attester de la douceur. Juste pour que ses doigts s’agrippent et tirent. Les yeux se ferment, contrôlant l’intensité des envies qui tourbillonnent, cyclone qui manque de faire faillir les défenses de l’homme qui tente de ne pas se laisser emporter. Envoûter le Lycan, qui serrait prêt à gémir sa frustration et son plaisir au contact de ses doigts dans sa chevelure. Plus. Il m’en faut plus. Ce baiser qui manque de lui couper le souffle. Un faible son qui trahit son émoi, cette façon de plisser les paupières comme pour sceller une malédiction qui manque de transparaître. Avide l’Ombre, qui menace de se dissoudre tant l’envie était là, pressente, tenace. Les paroles chaudes glissent à ses oreilles, s’immiscent dans son corps comme tant de baiser ardent, viennent éclore dans son cœur qui tambourine un peu plus fort. Impossible de parler, de savoir articuler des mots compréhensibles. Il ne pourrait que grogner, tel un loup sauvage, exprimant ses désirs les plus fous de façon primitive. S’il commençait à articuler, il ne pourrait pas arrêter les sombres fantasmes de tournoyer dans son esprit et de dévaler sa langue. Rouge. Rouge est le sang qui est pompé violemment. Rouge est le cœur qui frémit, fait une embardée. Les mots dansent et s’imprègnent dans ce muscle qui en demande encore, toujours plus. Apaise ma faim douce fée, comble le manque qui risque de m’étouffer chaque journée passée dans cette ville, chaque nuit ou les draps ne porte que mon odeur et son froid d’une présence tant quémandé. Approche toujours plus près, Louve, partage avec moi un peu de toi, laisse moi devenir tient le temps de quelques instants.
Inspirer l’air qui manque à ses poumons, tenter de reprendre contenance. Les yeux qui s’ouvrent, là ou danse un jaune intense, presque d’un souffre démoniaque. Dévisager cette femme qui arrivait à lui mettre un lien invisible autour du coup, lui qui accepte volontiers et quémande même cette main contre sa peau. Un battement de cil lent, lourd de promesse dansant au fond des prunelles, de cette bouche qui se referme pour ne pas balayer ses crocs d’une langue humide.
- Un jour, libellule. Un jour je lécherai le soleil à l’intérieur de ton cœur. Se redresser, s’échapper de l’emprise, mais pas tout à fait. Saisir cette main dans la sienne, la guider vers ce salon ou trônait un canapé d’angle. L’invité à prendre place sur la place plus confortable tandis qu’il s’assoit lourdement à ses côtés. Activer la télévision devant ses yeux pour qu’elle comprenne le fonctionnement, va sur une plateforme de streaming et lui laisse la possibilité de choisir en lui tendant la télécommande. Lui, tente de faire passer les frissons qui hérissent son poil. Ses doigts pianotent sur le canapé et c’est quand son regard se pose dessus qu’elle s’immobilise un instant. À nouveau, les ongles sont longs. Trop long. Les yeux qui se plissent, une grimace qui fronce le nez alors qu’il agite ses doigts pour chasser une preuve évidente.
L’envie d’attraper ses cheveux et de tirer dessus jusqu’à en avoir mal, juste pour chasser l’inquiétude qui le ronge. Il ne pouvait pas être si proche de la fée, pas alors que tout pouvait dégénérer à n’importe quel moment. Si elle savait… ? Si elle s’en rendait compte. Est-ce qu’elle le jugera ? Si non, elle le devrait. Lui le faisait bien suffisamment pour deux. Ses envies déraisonné ne venaient pas de nulle part, cette boule qui remue au fond de son estomac non plus. C’était là, latent, roulant sous la peau tendue sur des muscles qui se tendent nerveusement. Plus la lune devenait ronde, plus il devenait… Autre chose. De plus sauvage, de plus primitif. D’interdit. Tel le prédateur qui s’affine pour devenir une machine à tuer.
L’intérieur des joues mutilées par des dents impatientes, un raclement de gorge pour chasser le grognement trompeur. Un doigt qui vient parcourir la cicatrice à sa joue encore rose, souvenir de cette nuit d’horreur. Heureusement qu’il cicatrisait très vite, sinon il serait devenu un zombie ambulant. La blessure par balle c’était déjà refermé, rien qu’une petite boursouflure qui s’estompera. Voilà, s’attacher à des choses réelles, concrètes. Ancrer son esprit à des faits plutôt qu’à ses ressentis profond. Alors il regarde le film choisi, tente de s’y intéresser pour chasser ses peurs.
Le temps passe et le Gardien s’installe plus confortablement, étendant ses longues jambes pour appuyer ses pieds sur la table basse. Tantôt, il sourit, tantôt ses sourcils sont froncés devant le film. Parfois, il jette un coup d’œil vers la danseuse pour voir si elle était investie, si tout allait bien. Cette façon de se rapprocher d’elle sans y prêter attention, de sentir la chaleur corporelle se dégager d’elle comme une essence divine qui l’apaise. Puis quelque chose l’alerte. Un frisson, un instinct qui lui dit que quelque chose allait arriver. Les yeux qui parcourent la baie vitrée, cherchent une ombre pernicieuse. Puis une brûlure sur son bras. Un sursaut léger, une grimace alors que la marque brille doucement. Vite, cacher sous un plaid la preuve de l’intervention du Djinn, que la fée profite de ce moment de répit. Puis une sonnerie, avertissant l’arrivée d’un message. Froncer des sourcils alors qu’il déverrouille son téléphone. Les yeux qui se plissent en voyant le texto.
Finn/Li :« Rendez-vous dans deux heures, square du chêne. Il y aura Harlow. Emmène la fée. »
Bordel. Il ne ce n’était pas trompé. L’accalmie avait été de courte durée. Il aurait aimé que Pansy puisse se reposer, trouver du réconfort dans sa tanière, le temps de souffler, de s’armer de courage. Mais voilà que la réalité les rattrape furieusement. De plus, elle devra se confronter à son bourreau et cela le met en rage. Le moindre faux mouvement et je lui arrache le cœur. Le bout d’un pied qui remue, cette façon de se mordiller la lèvre inférieure qui trahit son état intérieur. Pourtant, il ne dit rien à son amie, la laisse profiter du film jusqu’à la fin. Cette envie de lui prendre la main. Pour rassurer qui ? Elle ou lui ? Un peu des deux peut-être. Se contenter de rapprocher ses jambes des siennes, d’être un peu plus penché vers elle. Silencieux le Loup, qui a pourtant les pensées qui ricochent contre son crâne. Il n’était pas très bon pour s’exprimer et la fée était fragile. Le moindre faux pas et elle s’écroulerait sous sa poigne ou d’une langue maladroite. Cela l’agace, le titille, comme une épine plantée dans son esprit qui ne cesse de lui faire mal. Aussi, quand le film se termine, il regarde la danseuse, l’observe de ses prunelles marbrées.
- Cela va devenir un rituel le film le soir.
Un doux sourire. C’était comme cristallisé les espoirs, une promesse qu’il y en aurait d’autres comme celle-ci, qu’il le désirait ardemment. Oh oui, j’en veux encore et encore, j’en veux chaque journée de cette éternité interminable.
Se reprendre, se redresser alors qu’il s'était naturellement penché vers son amie. Soupir discret alors qu’il tente de trouver les mots.
- Avant de vraiment se poser, nous avons une dernière mission ce soir. Finnéas nous a donné rendez-vous dans 40 minutes pas loin d’ici. Ta présence est requise, j’imagine que pour potentiellement s’associer à cette organisation, tu es indispensable. Et il y aura Harlow.
Lire sur le visage de l’ailée ce qu’elle pouvait ressentir. De l’angoisse ? De la peur ? De l’aversion ? Une lassitude ? Boire ce qu’elle pouvait offrir sans se soucier de l’amertume ou de l’acidité. Puis se lever, il était temps de se préparer. Négligemment, il saisit son coutelas dans son étui, et le range a l’arrière de son jean. Sa veste en cuir craque quand il l’enfile, qu’elle s’aligne avec ses larges épaules. S’approcher de la fée, soulever son menton du doigt pour qu’elle le regarde dans les yeux.
- Ne crains rien ma libellule. Ce soir le prédateur, c’est moi.
Adieu le chocolat qui est vite balayé par un jaune de nouveau intense. Il était trop tard pour tenter de se raisonner, de faire taire la Bête en lui. La pleine lune chante et s’infuse dans ses veines, il ne pourrait pas retrouver son état normal tant qu’elle ne s’éloigne pas. Frémissant, il se dégage, ouvre cette porte qu’il referme derrière Pansy. Proposer l’ascenseur à son amie alors que lui prend les escaliers. S’il se retrouvait à nouveau enfermer avec elle dans cette boîte en métal, il ne sait pas s’il pourrait se contenir. Pas maintenant alors que la frénésie menace de ronger son esprit conscient.
La retrouver en bas. L’air frais de la nuit qui les accueils ainsi qu’un faux silence. Il y avait des activités, encore des enfants dans le parc au centre. Il y avait beaucoup d’espèces nocturnes dans les environs, aussi, il y avait toujours de la vie dans ce genre de quartier. Pourtant, les enfants ne hurlent pas, les gens ne crient pas, dans un respect de la vie commune. Accompagner l’ailée vers la destination sans un bruit, le son des pas du Loup étouffé par sa démarche de prédateur à l’affût, à peine son souffle pour trahir sa présence. L’œil alerte, chaque recoin est sondé, les muscles sont tendus comme s’il était sur le point de bondir. Puis voilà le square, éclairé par la lumière des lampadaires, qui semblait vide. Puis une silhouette sort de l’ombre, dansant dans un nuage d’air volatil.
- Bonsoir Fin… Lilith.
Le Djinn se laisse apercevoir, une grande femme à la peau noire, des yeux toujours aussi étranges, bleu tacheté. Son sourire dévoile deux crocs longs. La créature s'amusait à changer de forme et celle de cette Vampire sensuelle était l'une de ses favorites.
- Bonsoir Furax. Pansy.
Un bref hochement de tête pour la danseuse, juste de quoi paraître poli sans se soucier d'une réponse.
- J'ai réussi à retrouver le beau rouquin. Ce ne fut pas chose facile. Mais il a accepté cette entrevue, il sait que nous sommes au courant pour l'existence d'une organisation. Mais il refusait de faire quoi que ce soit sans la présence de la fée. Il la considère comme… impliqué.
Un grognement pour réponse.
- Ah, mais le voilà qui arrive.
Lilith se retourne en affichant un sourire. L'Ombre elle, relève son visage, incendiant de son regard la direction désignée par la Djinn.
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Préférence de jeu : Femme
Lulu
Dim 8 Sep - 15:56
Pansy Doe
Sylphide aux ailes diaphanes se confronte aux années d'une manière bien singulière, échappant à la course effrénée du temps, elle irradie d'une jeunesse éternelle. Son cœur de verre, avide de tendresse, ne demande qu'à vibrer au rythme des mélodies romantiques, mais une pesante solitude le condamne à les savourer à travers le vécu des autres. Derrière le voile de ce nom aux sonorités florales, Pansy dissimule sa véritable identité, étranglée par les années qui passent. Prisonnière d’un cycle infernal : à chaque tombée du jour, elle se dévêt de ses pétales, cédant sa chair aux guêpes insatiables, puis renaît à l'approche de l'aube, revêtant une splendeur éphémère, pour à nouveau se dénuder à la chute nocturne. Elle est le fantôme à l’agonie du Nymphéa, les murs et les planchers, portent les cicatrices de ses griffes et sont imprégnés de sa fragrance étourdissante. Après des années à survivre seule dans cet enfer, mes rêves semblaient évanouis. Chaque performance me volait un peu plus ma dignité et mon identité. Je pensais devoir les abandonner pour toujours, jusqu'à ce que qu'une histoire de vengeance me mette sur la voie de quelqu'un. Lui.
Les couleurs et les corps dansaient sur les rétines médusées de la fée, ses muscles étaient relâchés, et son cœur bercé par une paix rare. Le monde s’était éteint, ne laissant subsister que l’essentiel : les échos d’un divertissement bienvenu et cette longue silhouette admirée, dont les jambes frôlaient les siennes. À plusieurs reprises, son esprit avait cédé à la tentation d’échapper au feuilleton mièvre, résistant difficilement au désir obnubilant de répandre autour de lui les flots de sa tendresse – l’urgence de le nourrir constamment de son affection, quitte à lui faire frôler la noyade. Alors, doucement, un pied, puis des doigts effleurèrent ce corps, dont elle ne remarqua pas les torpeurs, pour lui offrir des caresses innocentes. Par chance, il ne répondit pas à ces dernières, empêchant celles-ci de se muer en contact moins raisonnables, plus intenses. Mais si elle n’avait su percevoir les tremblements précédents du lycan, ce pied qui s’agita à la lisière de sa vision ne put lui échapper. La péri détourna alors son attention vers le loup, les traits assombris par une inquiétude vive, mais elle se garda de prononcer un seul mot. Car elle l'avait devinée : à l’instant où il se sentit observé, il s’efforça de contenir cette agitation soudaine, il ne voulait pas souffler un mot à ce sujet. Peut-être à la fin de la séance, espérait-elle... Une crispation inconsciente serra la mâchoire de l'ailée, tandis qu'une nuée de scénarios angoissants submergea soudainement son esprit.
Puis, leurs prunelles se frôlèrent dès que l’écran noir apparut, comme deux âmes assoiffées et désespérées, se jetant, aussitôt trouvée, dans les bras d'une source fraîche. Dès qu'il lui annonça que cette soirée film ne sera pas la dernière, un sourire, éclatant comme le soleil à son zénith, fleurit sur les lèvres de la nymphe. Elle brûlait d'une joie vive et pure, qu'aucun ne saurait faire mourir. Se délecter d'un bonheur simple, d’une tendresse qui ne serait pas éphémère et qui, surtout, n’exigerait – enfin – d'elle aucun sacrifice. Et elle savait, de nouveau, pourquoi son cœur, chaque fois qu’elle le contemplait, s'emballait comme les flots d'une mer en furie. Une joie vive et pure, qu'aucun ne saurait faire mourir... Vraiment ? Dès que l'ombre d'un trouble flotta sur la mine du loup, l'inquiétude l'enveloppa de ses doigts glacés. À peine eut-elle mouver ses lèvres pour le questionner, qu’il la devança, et le ciel d'été se fit noir comme celui de l'hiver, et les nuages, autrefois doux, semblèrent se métamorphoser en amas sombre, convulsant d'orages. Le répit était un précieux trésor dont la danseuse en avait oublié la fragilité et la rareté. Son cœur s'alourdit comme son aile à peine survivante, tandis que ses mains tremblantes s'enroulèrent en poings sur ses cuisses amaigries. Ses yeux se perdirent dans le vide, comme un navire à la dérive. Elle aurait voulu disparaître, se fondre dans le tissu du canapé, se diluer dans les murs de cette pièce réconfortante, devenir une brise éthérée qu'aucun ne pourrait attraper. Mais hélas, le monde ne se pliait pas à ses désirs ; pauvre marionnette qu’elle était, condamnée à danser sous le joug des volontés d'autrui, c'était elle, qui devait se plier, à s'en briser les os. Et elle pouvait déjà sentir ces rouages implacables et familiers, se resserrer autour de son enveloppe frêle, broyant sans pitié chair et âme. Elle ne voulait pas voir ces visages, ni être jetée à nouveau dans leurs intrigues comme un vulgaire pion. Mais, hélas, le sort de ceux qu’elle aimait reposait entre ces mains perfides.
Alors, la péri se redressa, sans la grâce qui lui était fidèle, lourde d'appréhension – Atlas accablé à qui l'on s'apprêtait à briser les épaules frêles sous le poids d’un monde cruel. Ses poumons se déployèrent en grand ; effort vain pour délier cette poitrine opprimée, la masse nerveuse refusait de la quitter. Mais des doigts, chauds et habiles parvinrent à relâcher les fils entremêlés du nœud qui la faisait suffoquer. Alors, ses prunelles, tremblantes, se perdirent dans cet océan cuivré et aux reflets dorés, là où la houle semblait prête à se déchaîner. Comme si les tréfonds de cet océan familier étaient déchirés de volcans prêts à éclater, et dont on pouvait percevoir l'effervescence jusqu’à la surface. Personne n’aurait envie de réveiller ces menaces prêtes à tout dévaster sur leur passage, se consolait la fée. Oui, ce soir, un loup rôdait dans la ville, et aucun n’aurait l’audace de maculer ses crocs d’ivoire, de jets carmins. Elle choisit alors de s’abreuver à sa fureur plutôt que de la fuir, de blottir sa joue contre cette main chaude, prête à déployer ses griffes. Puis, dès qu'il articula à voix haute ce possessif tant choyé et désiré, le palpitant de la libellule se réchauffa aussitôt, se gonflant d’un peu de témérité et surtout, de tendresse. Lui, n'abîmerait pas ce qui était sien.
La fée enveloppa alors son corps gracile dans son long manteau – s'étonnant elle-même de ne pas l'avoir oubliée au bar –, et qui offrit à sa silhouette affaiblie une allure nouvelle, plus souveraine. S'arracher ensuite à la chaleur de ce nid protecteur, pour chuter vers une réalité plus froide. Ils empruntèrent des chemins distincts, elle l'ascenseur et lui l'escalier, et ce détail arracha un sourire fugace aux lèvres de la péri. Elle savait, et lui aussi peut-être, qu’elle aurait tout osé affronter, qu'elle aurait piétiné ses doutes, ses peurs rampantes, pour échapper à ce fichu rendez-vous qui les attendait. L’air frais lui mordit les joues, tandis que les rires légers des enfants résonnaient aux quatre coins du parc, échos de joie pure qu'aucun ne pourrait silencer. Mélodie légère qui aurait pu soulever son cœur fragile vers des hauteurs insouciantes, si leurs pas ne les entraînaient pas vers le recoin le plus sombre et silencieux de ce lieu pourtant si chaleureux. Ses doigts, tremblants d'angoisse, cherchèrent désespérément une ancre à laquelle s'accrocher pour ne pas dériver vers des horizons houleux. Alors, naturellement, elle s'empara du bras puissant qui l’avait enveloppée toute la journée, pilier de chaleur auprès duquel elle n'avait eu de cesse de trouver réconfort et tendresse. Elle avança ensuite, attentive à leur environnement, tentant maladroitement d’imiter la discrétion du prédateur qui marchait à ses côtés. Elle, biche aux yeux craintifs, n’était pas née pour se fondre dans les ombres, mais plutôt pour y être dévorée. Comment maîtriser l'art de se cacher quand l’on a passé des siècles piégée dans des pièces trop étroites pour abriter la moindre cachette ? C’est alors, qu'une fois arrivés, les ténèbres vomirent une silhouette, inconnue. Ses muscles se tendirent aussitôt, son cœur tambourinant avec violence, tandis que la bête de nerfs aboyait à ses oreilles, grondante et terrifiante. Un instant de panique, une confusion qui la paralysa – jusqu'à ce que, avec une courte latence, elle reconnaisse enfin le djinn métamorphosé. Elle sut avec certitude qu’il s’agissait de lui lorsqu’il prononça le nom du loup avec respect, et le sien avec indifférence. Et cette froideur, lui convenait à merveille. Plus elle se dérobait à son attention, mieux elle se portait. Un répit qui ne serait que passager. Car le sol vibra sous les pas lourds du dernier convié, et sa silhouette longue, traînante, se balançait de manière désinvolte. Les pupilles de la péri se détournèrent aussitôt, fuyant cette sinistre présence. Spectre vengeur qui n’avait pas simplement souhaité lui accorder une mort rapide – non, il avait voulu lui infliger une lente agonie. Une fin aussi cruelle, que ce qu’elle et l’Ombre avaient infligé à son ami. Ses chaussures cirées s’ancrèrent près de ceux du djinn, auquel il adressa un sourire complice – qui affubla sa trogne d’un air grotesque –, auquel l’entité antique lui répondit par un sourire poli. Les yeux du roux dérivèrent ensuite vers l'autre coureur de lune – celui même qui lui avait arraché l’oreille –, meurtrissure désormais dissimulée sous une cascade de cheveux soigneusement placés. À ce dernier, il offrit un regard défiant, empli d'une arrogance vive et exacerbée par les chants d'une lune, qui l'incitait à révéler toute la sauvagerie de sa nature aussi bien pour l'honorer que pour la divertir. Il garda le silence, préférant déverser son fiel aux pieds de celle qui avait osé commanditer l’assassinat de son frère.
— « J’ai encore des morceaux de ton aile coincés entre mes crocs », lâcha-t-il avec une satisfaction obscène, son sourire gonflant ses joues naturellement rosies.
L’effroi s'étira comme une ombre sur le visage de la péri, ses yeux cherchant refuge dans un tas de feuilles mortes. Elle avait mal entendu… n’est-ce pas ?
— « Tu as fait quoi… ? »murmura Lilith, effarée, ses prunelles glissant lentement vers le lycan. — « Je l’ai mangée », répéta fièrement l’impudent, rejetant ses épaules en arrière, s’affranchissant de toute honte.« Les sorciers disent que manger de la fée renforce la puissan-» — « Les péris ne sont pas comme les petites fées de vos contes et légendes », rétorqua sèchement le djinn.« Tu as de la chance que, contrairement à ses ancêtres, celle-ci soit… » — « Stupide », trancha le lycan, les bras maigres croisés sur son torse, ses yeux brûlant d’un mépris acerbe.
L’insultée, prise d’un soudain élan de courage, soutint son regard avec défi. Mais à l’instant où des braises dorées jaillirent des prunelles du carnassier, son audace vacilla, et elle laissa de nouveau ses yeux errer vers ces pauvres feuilles mortes. Affolement qui l’avait poussée à détourner le regard, et dont elle ne se lamenta pas ; inutile d’alimenter ces braises qui les empêcheraient de rester concentrés sur la raison – puisse-t-elle être excellente – de leur présence en ces lieux.
— « Moins stupide qu’un imbécile qui ingurgite n’importe quoi », riposta Lilith, lasse et exaspérée. — « Argh », râla-t-il, roulant ses yeux vers le ciel d'un air blasé.« Et qu’est-ce que ça va me faire ? Me faire chier de la poussière de fée ? » — « Je t’expliquerai… », soupira Lilith, ses doigts massant une tempe fatiguée. — « Pourrions-nous revenir à l’essentiel ? »demanda l'ailée, sa voix trahissant l’angoisse qui gonflait en elle et généreusement alimentée par chacune de ces secondes passées à subir ces compagnies indésirées.
La surprise saisit les mines des deux créatures, comme si elles avaient oublié qu’elle possédait une langue. Ils cherchèrent à capter son regard, mais la nerveuse demeurait inaccessible, refusant de leur accorder la moindre œillade. Tout ce qu’elle désirait, c’était que cette rencontre prenne fin au plus vite. Elle rêvait déjà de retrouver son nid, de se lover dans les bras chauds de son loup. Les sourcils du rouquin se froncèrent, bosselant son front de rides colériques. Il s'apprêtait à répondre, sans doute avec une pique acérée, mais la vampire, d'un geste délicat, effleura de ses doigts glacés son épaule brûlante.
— « Ils t'ont fait confiance pour parler en leur nom... »murmura-t-elle à son oreille, d'une voix douce et chaude. — « Wraith... », commença-t-il, les poings tremblants de rage contenue.« Il veut ressusciter les daevas assassinés. On pensait qu’il ne s’agissait que d’une petite fantaisie, jusqu’à ce qu’il s'acoquine avec un nécromancien... Et... jusqu'à ce qu'on découvre aussi, dans les corps de sorciers alliés à lui, une substance noire et visqueuse comme du goudron... » — « La même qui souille tes veines... » souffla la carnassière, ses yeux étincelant de malice, fixant intensément la fée, qui osait enfin la regarder, abasourdie par la révélation.« Celle qui a souillé les veines de tes ancêtres, les transformant en créatures malfaisantes... »ajouta-t-elle en songeant aux goules et non aux djinns, trop nobles pour être issus de créatures aussi crédules et corrompues. — « Nous pensons que ces sorciers s’empoisonnent eux-mêmes, qu'ils font de leurs corps des sortes de réceptacles, prêts à recevoir l’esprit des daevas, dont les cadavres ne sont plus que des poussières... » — « Pour beaucoup, les daevas sont devenus des idoles, des êtres dont ils espèrent le retour... Certains rêvent même de bâtir un nouvel empire, comme celui de Jamshid, afin de restaurer une ère dominée par les sorciers... »Lilith parlait avec une passion vive, elle qui semblait s’être plongée dans cette intrigue avec une ferveur presque troublante.
Troublante, pour la péri. D'où venait ce brusque élan de dévotion envers le sort des autres créatures surnaturelles ? Toujours rancunière, la brune doutait de cet altruisme soudain, et se demandait quels intérêts obscurs se tapissaient derrière sa ferveur. Il y en avait forcément.
— « Et si la possibilité qu’une nouvelle puissance, qui, sans l’ombre d’un doute, réduira toute espèce surnaturelle en esclavage, comme ils l’ont fait avec les péris… Ne vous glace pas les entrailles… »lança le djinn, son regard perçant croisant celui du loup et de la fée.« Wraith, n’a jamais effectué une seule expérience, alors nous ignorons tous si ce rituel maudit portera ses fruits. Nous risquons alors, de nous retrouver avec des sorciers potentiellement changés en créature notoire, peut-être conscientes, peut-être non... »depuis longtemps qu'elle n'avait pas observé de telles ambitions.« Si les goules sont nées des péris souillées, que deviendront ces sorciers ? »osa-t-elle questionner.
Peut-être frémissait-elle en effet d'effroi à l’idée que le chaos s'apprêtait à déferler sur leur monde, si d'innombrables créatures, dénuées de toute conscience, esclaves de désirs voraces, venaient à errer librement ou en étant dirigées par un individu avide de pouvoir, de vengeance. Qui pourrait alors échapper à cette marée destructrice ?
— « Sans oublier que... Wraith désire les marquer d'un sceau, qui agirait comme un réservoir d’énergie, qui amplifierait leurs pouvoirs. Des artefacts qui renfermeraient des morceaux de notre chère amie ici présente », ajouta Lilith, un sourire venimeux ourlant ses lèvres.
L’effroi crispa les traits de celle qui était destinée à devenir un vulgaire amas de chairs lacérées. Si elle s'était nourrie une heure avant cette rencontre, elle aurait sans doute vomi de dégoût face à cette horreur qui lui était imposée.
— « Harlow pourrait en témoigner ; la chair des péris confère une force éphémère mais redoutable à qui la consomme », poursuivit-elle.« Wraith songe à te réduire en morceaux et, grâce aux pouvoirs de son nécromancien, à empêcher tes chairs de pourrir », monstre qu’il était, incapable de lui céder un quelconque repos même en étant réduite en lambeaux.« Wraith aurait pu te garder en vie, mais il sait que des morceaux de chair n'ont ni conscience, ni désir de rébellion. Il n’aurait donc, jamais à craindre de fuite, de résistance, de vengeance... Et ce dernier point est sans doute important à ses yeux, car quiconque osant goûter la chair d'une péri sans son consentement devient l’esclave absolu de sa volonté. »
À cette annonce, le teint du rouquin blêmit tandis que dans une lenteur sinistre, Lilith se tourna vers lui.
— « Elle pourrait, là, maintenant, t’ordonner de te trancher la gorge… et tu le ferais, sans ciller », lui souffla-t-elle, avec une fascination à peine dissimulée.
Tandis que le loup se décomposait, écrasé par le poids de son erreur, la danseuse secoua la tête avec véhémence. Ce pouvoir, elle le rejetait avec horreur. Elle connaissait trop bien l’effroi de perdre le contrôle de son propre corps. Et même si le loup l’avait autrefois martyrisée, même s’il n’hésiterait pas à recommencer, elle n’avait pas oublié les raisons de sa haine. C’était elle qui avait traqué son ami, elle qui l’avait condamné, elle qui avait recruté l’Ombre pour l’exécuter – imposant ainsi à ce dernier la mort d’un innocent. Elle s’était laissée berner, aveuglée par sa propre colère. Il avait perdu un proche par sa faute, et le remords rongeait son cœur. Pour cela, elle acceptait, à tort ou à raison, de subir son courroux.
— « Tes pouvoirs atteindront leur apogée grâce au Nexus, et ça pour une semaine encore. Dès que Wraith percevra cette force nouvelle, il se hâtera de mettre son plan en action. Faut dire qu’il s’échine depuis des siècles… À trouver une façon de te rendre ta puissance, tout en te gardant dans un état pitoyable afin de pouvoir te garder sous son joug... Et le Nexus le lui permettra », ajouta Lilith, d’un ton détaché, comme si l’agitation qui bouillonnait autour d’elle n’était plus qu’un vent lointain et insignifiant.
Ses yeux s’attardèrent un instant sur le roux, figé par l’angoisse, le sommant de prendre la parole.
— « Nous… », balbutia-t-il, cherchant à reprendre son souffle. « … nous exigeons de ta part, de rendre ce rituel possible. Nous frapperons lors de celui-ci, non seulement pour empêcher sa réalisation, mais aussi car les plus grands sorciers de leur ordre vont se réunir… Nous éliminerons les potentiels gardes du corps, nous bloquerons toutes les issues du Nymphéa, et… et nous réduirons ce maudit lieu en cendres, ainsi que tous ceux qui s’y trouvent », acheva-t-il avec détermination, son regard enflammé glissant sur la fée.
Une vie pour une vie. Que son corps périsse dans les flammes, se fonde à celui de son maître dans ce brasier vengeur, que ses hurlements déchirent les murs, comme ceux de son ami avant elle. Ainsi viendrait la justice, ainsi il apaiserait sa rage et la peine de ceux qui pleuraient encore sa mort. Ce serait ainsi, et pas autrement. La condamnée serra la mâchoire, ses bras se cadenassant contre sa poitrine, comme pour contenir une détresse vive. Hélas, elle ne pouvait pas céder à ses désirs. Non, elle ne pouvait plus apaiser cette colère dévorante… Plus aujourd’hui, plus depuis, que son cœur espérait enfin réussir à se lier à un autre.
— « Les djinns… », siffla Lilith avec ce sourire acide qui ne la quittait jamais.« …sont insensibles aux flammes », le regard désespéré de la fée et celui, plein de rage, du loup se braquèrent sur elle. « Je ferai ce qui a été convenu. Je dévorerai l'essence de Wraith et de son nécromancien, mais je pourrais également te sortir de ces flammes, à une condition… Que, comme Mel et Harlow, tu te livres à moi, corps et âme, pendant un mois. Qu’est-ce qu’un mois, comparé aux siècles de servitude que tu as endurés ? Un mois, c'est quasiment un cadeau face à ce que Wraith t'a infligé ! N’est-ce pas, mon beau ? »dit-elle, gorgone jetant ses prunelles complices sur l'Ombre. — « Hors de question. Je sortirai de là, sans ton aide… Même si je dois ramper à travers le feu et le sang ! » rétorqua la péri, avec véhémence. — « Tu ne sortiras pas de là », tonna le lycan, ses yeux étincelant d’or, tandis que ses crocs luisaient sous la lumière tremblante d'un lampadaire.« Nous nous en assurerons. »
La colère du loup se mua en lave d'or, tandis que la péri, toujours sur le qui-vive, fixait Lilith avec une intensité froide. La démone, quant à elle, semblait se délecter de ce conflit ardent. La danseuse ne pouvait donner au loup la vengeance qu’il exigeait. Peut-être l’aurait-elle fait, si son cœur ne s'était pas attaché à ceux qui lui avaient tendu la main, si elle n’avait pas découvert en eux une raison de vivre, et tout particulièrement en l'un d'eux. Avant Lui, mourir n’aurait pas été un supplice, mais une véritable délivrance. Mais désormais, elle luttait quotidiennement, de ses mains tremblantes, pour repousser la faux de sa nuque vulnérable. Enfin, elle s’était enfin trouvée une raison de survivre, de s'extirper de cette agonie sans fin. Tu ne l’abandonneras pas à un désert de glace, où toute tendresse trépasse. Sous cette cuirasse fendillée par les coups, battait un cœur brisé, mais vibrant, sensible, avide. Avide d’être touché, d’être compris, et elle, elle souhaitait en prendre soin. Étrangler de ses doigts fins mais déterminés, cette sensation effrayante, vertigineuse, que procure un lit vide aux cœurs avides. Assassiner ce sentiment, ou plutôt ce poids funeste qui broie le cœur effrayé, que de n’avoir l’impression que d’enchaîner les adieux quand on a tant d’amour à déverser mais jamais suffisamment de temps de tout dire, de tout offrir. Et elle, était prête à tout sacrifier pour grappiller quelques heures, voler des jours, des semaines, des années entières pour s'éterniser à ses côtés. Car il y avait des abysses aussi douces qu'accidentées, que d’autres fuyaient, mais qu’elle, elle brûlait de découvrir. Et Lilith, le savait.
— « Mon beau Mel, qui aurait cru que tu me serais à ce point utile ? Je te remercie, vraiment », souffla tendrement harpie, sourire franc aux lèvres.« Allez, donne ta main »reprit-elle, impatiente, ses doigts fins ondulant dans l’air tels des serpents affamés, alors qu’Harlow, furieux, grondait derrière.« Ne t’en fais pas, chéri, je ne la fais survivre qu'un petit temps. Tu pourras te venger dès que j’aurai terminé, je te le promets », ajouta-t-elle d'un ton solennel. — « Va te faire foutre ! »cracha-t-il, avant de se détourner d'eux pour disparaître dans l'obscurité, le cœur en furie. — « Il ne pensait pas ce qu’il disait... »murmura Lilith, sereine, tandis que d’un geste élégant, elle rejeta sa chevelure derrière elle.« Allez, toi, ta main ! »ordonna-t-elle brusquement, saisissant avec brutalité le bras tremblant de l'ailée.« Ou bien l’idée de le trahir te laisse indifférente ? Lui n’a pas hésité une seule seconde à sacrifier sa liberté pour te sauver la vie. Mais toi... tu n’es qu’une déception... Pour moi, pour lui. »
Le venin se faufila jusqu’au cœur de la péri, et ses doigts s’agrippèrent fermement la main du djinn. Là où leurs mains se rejoignaient, la peau du serpent s’éclaircissait, sous la pression de cette volonté farouche. Un rire sincère jaillit du djinn, surpris par tant de ferveur, tandis que des fils d’or enchaînèrent leurs mains unies, prêts à sceller un nouveau pacte. Et la danseuse ne dévia pas ses prunelles scintillantes de cette magie malfaisante. Ne se concentrer que sur sa résolution ferme, et engourdir toute terreur.
— « Parfait, voilà qui est fait ! »s’exclama Lilith, triomphante.
Leurs mains se séparèrent, et la fée laissa la sienne flotter un instant dans le vide, comme perdue. Que ferait-elle de son corps ? Cette question ne l’avait jamais effleurée, quand Wraith l'avait utilisée. Elle avait survécu des siècles sans (oser) se questionner, pourquoi pas un mois de plus ? Oui, elle en serait capable. Un simple mois, rien qu’un petit mois, c'était un cadeau. Un cadeau contre la certitude de pouvoir donner le meilleur de ce qu'elle avait à offrir, dans l'espoir d'aider le loup à s'extraire de ses errances. De lui rendre, ce qu'on lui avait autrefois volé. Elle n’avait ni force surhumaine, ni pouvoir extraordinaire, mais, comme l’avait si bien dit le loup bleu, elle possédait visiblement une résilience exceptionnelle. Et cette résilience, elle comptait bien l’utiliser. Sa gorge se dénoua légèrement, et ses yeux se posèrent sur l’Ombre. Un sourire mince, mais sincère, vint flotter sur ses lèvres, tandis qu’une douce chaleur envahissait sa poitrine. Juste pour savourer cet instant, pour ressentir cette chaleur, elle aurait été prête à devenir l’esclave de quiconque.
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Ezvana
Mar 24 Sep - 22:27
Méléän Hastros
Je suis un loup-garou, vivant entre la ville et les forêts. Je n'ai pas d'attache, plus de famille, pas d'amis, pas de meute. Je suis un solitaire mais cette situation me pèse. Aucun loup ne choisit d'être un solitaire. C'est juste qu'il n'a pas trouver de compagnon, ou de meute pour l’accueillir. Un renégat. Moi, j'ai du me sacrifier pour pouvoir vivre. Je suis un mercenaire et je survis au jour le jour. Après des années d'errance, je cherche une âme, une présence. Mais la vie me contraint à vivre de contrat tous plus dégradant les uns que les autres. Mais un jour une mission me met sur la voie de quelqu'un. Elle.
La silhouette c’était avancé, dévoilant les traits du Loup haï. Les prunelles jaunes ne sont pleines que d’une haine, d’un dédain profond pour ce compère qui n’avait rien de la noblesse de son espèce. Un louveteau arrogant qui ne méritait que d’être remis à sa place, apprenant le respect et le fait d’être humble par la même occasion. Mouvement du corps qui se positionne devant la fée, d’un geste naturel de protection. Les larges épaules se soulèvent, les muscles se tendent à l’extrême sous la peau. Au moindre faux mouvement, il était prêt à agir, devenant la machine infernale qu’il pouvait être au fond de lui. Pour elle, il ferait un carnage.
Et alors que le rouquin parle, la fureur emplit les veines de l’homme qui semble devenir lave en fusion. Il avait osé ingérer l’aile de son amie, il avait osé faire glisser sur sa langue l’éclat pâle et iridescent, il avait osé se délecter d’une partie de sa victime. Si un regard pouvait tuer, il serait devenu un tas sanglant à la seconde. Impossible de bouger, de ne serait-ce avancer d’un pas. Il sentait que c’était là, au bout de ses doigts brûlants, cette façon dont ses ongles se rallongent, que les articulations s’agrandissent pour en faire des mains hideuses. Au bord du précipice le Loup, qui tente de réfréner difficilement ses envies de meurtre. Il lui serait si facile de juste céder, d’ouvrir la cage pour laisser libre cours à la frénésie sauvage qu’il possédait. Ce secret si bien gardé, cette honte qui l’accable depuis si longtemps. Devenir une arme, seulement obsédé par le goût du sang sur la langue, le poids de la viande dans le creux de l’estomac.
Mais plus fort que ses envies, il y avait son cœur. Qui battait à tout rompre pour une danseuse amaigrie et sensuelle. Cligner des yeux, comme un voile que l'on retire de ses prunelles. Il écoute le Monstre, sent ses oreilles siffler tant les horreurs s'enchaînent. Alors comme ça, un nouveau tyran tente de naître parmi ses compères décédés ? Un scénario digne d'un film d'horreur. Cela lui glace le sang, lui fait refermer la bouche d'un claquement sec lui qui respirait par la gueule telle une bête. Puis il se fige, le sang se retirant de son visage avec une vitesse effarante. Le souffle bloqué, il tente de comprendre ce qu'il venait d'entendre. Comment ça « des morceaux » … ?
Déglutir bruyamment, oser laisser les expressions se lire sur son visage. Abasourdis, il est soudainement hanté par l'horreur de la situation, les images s'imprimant dans ses rétines, dans son esprit, dans son âme. Un goût de fer dans la bouche alors qu'il se mord violemment l'intérieur des joues, qu'il tente de contenir la peur qui fouaille dans ses veines, le glace de l'intérieur telle une morsure d'une vipère de neige. Il était bien conscient dans ce monde que la bestialité avait sa place. Lui-même a tué, a eu les mains et la gorge plein de sang, parfois même d'innocent. Loup qui a aussi traqué des créatures dans les forêts, à sentir son dernier souffle entre ses crocs, à dévorer le cœur avec ferveur. Mais il n'y avait aucune cruauté dans ses gestes, rien qu'une mort rapide pour ne pas faire souffrir à outrance. Là, il n’y avait plus aucune règle. L’indicible se mêle à la réalité, les espoirs mauvais d’une créature vicieuse allaient prendre vie en s’appuyant sur les cadavres d’une espèce entière. S’élever le plus haut possible sur une montagne d’os. L’envie de vomir qui remonte le long de sa gorge en bile acide, qu’il ravale sans rien dire. Serrer les poings et se sentir impuissant alors que son monde est en train de s’écrouler devant ses yeux. Le regard est vide pendant un instant, déconnecter pour ne pas partir dans une folie indécente. Quand est-ce que cela s’arrêtera ? Le repos ne sera valable qu’au moment de sa mort, il ne voyait pas comment cela pouvait en être autrement. L’envie de s’arracher les cheveux, de se mordre l’avant-bras avec tant de force que cela menacerait l’os juste en dessous. À nouveau il voulait fuir, fuir cette réalité pesante et écrasante, juste pour mieux respirer, juste pour ne plus sentir son cœur sur le point d’exploser.
Trop de responsabilités, trop d’horreur. Il n’était pas un héros qui sauvait le petit peuple. Il n’était pas la Bête noble qui vient délivrer la princesse. Il n’en avait pas la carrure, pas le cœur. Pourtant, le feu se ravive en entendant le Lycan menacer Pansy. Les muscles se tendent et il lui est difficile de réprimer cette grimace, la lèvre qui se soulève d’un frémissement, dévoilant l’éclat de ses crocs acérés. Grogner de façon terrible.
Tant de rancœur à sortir, tant de maux à formuler dans une bouche devenu sèche. Alors il ne dit rien, se contente de laisser résonner le grondement dans sa large poitrine, menace inscrite à même la chair. Un pas vers eux et il le tue. Et du coin de l’œil, il voit la fée s’avancer, prête à accepter un pacte maudit.
- Non …
Un soupir, un murmure lâché du bout des lèvres. Les yeux se plissent d’amertume, de détresse. Tant son esprit est accaparé, il ne dit rien quand le Loup adversaire s’enfuit, trop lâche pour assumer ses responsabilités. Non, il n’y avait que son cœur meurtri qui voyait la belle s’avancer vers le diable. Un pas en avant qu’il ne s'immobilise aussitôt. Dans son bras, cela pulse douloureusement, comme s’il s'était approché d’une flamme qui menaçait de le brûler.
-Pansy …
Le souffle lui manque, d’un regard la Djinn lui avait retiré l’air de ses poumons. Suffocants, le visage rougissant, il ne peut plus empêcher l’interdit se produire. Une main se tend, telles les serres d’un faucon qui tente vainement d’arrêter l’impensable. Et pourtant, une lumière émerge, le dorée signature de la fée se répand en filaments trouble. Un battement de palpitant plus tard et c’était terminé. Battre des cils alors qu’elle est de nouveau à ses côtés. Mais il était trop tard. Encore une fois, il n’a pas pu la défendre. La colère prend à nouveau le dessus, c'était plus facile pour cacher le reste. Se redresser de toute sa taille, dévoilant à nouveau ses dents face à la Vampire déguisé qui l'observe sans rien dire.
- Tu es une vipère.
Celle-ci sourit, penche son visage sur le côté d'un air aguicheur.
- Allons, ne me traite pas si mal Mel. Tu connaissais les risques.
Alors il s'avance d'un pas, l'ivresse de la rage brûlant ardemment dans son regard. Menaçant jusqu'au tréfonds des entrailles. Le besoin impératif de mordre qui le fait saliver, le fait devenir autre chose, de plus sauvage, de plus primitif. Les doigts qui se crispent, la peau devenant de plus en plus sombre à chaque battement de cœur impulsif. Le corps qui se ploie en avant, prêt à bondir. Du Djinn, il n'en resterait rien.
Hurlement de douleur alors que brutalement, il chute en avant, qu'il tient son bras comme s'il venait d'être amputé. Lignes fluorescentes de cette marque qui s'imprime plus fort dans la chair, comme un dangereux poison qui danse devant ses prunelles déconfites. Cela le brûle atrocement, comme une marque au fer rouge que l'on grave de force dans son avant-bras, comme un acide qui ronge ses muscles de l'intérieur. Serrer les dents pour faire taire ce cri de souffrance alors qu'il incendie du regard celle qu'il avait autrefois considérée comme une alliée.
- Cesse donc de me foudroyer de tes yeux jaunes et d'appâter ton esprit de bête. Tu as de la chance que je t'apprécie, j'aurais pu tirer bien plus de profits de toute cette situation et je te préviendrais lors de l'assaut. Et puis, si tu crains tant pour la survie de la petite, un nouveau pacte est toujours possible.
Sourire mauvais, dévoilant l'avidité abyssale d'un esprit insatiable. Ses yeux tachetées qui balayent le corps du Lycan avant de se détourner et de disparaître dans un nuage de fumée.
Le Gardien, lui, reste à terre. L'échine ployée, les poings serrés sur ses genoux et les dents grinçants sous la pression titanesque, il pleurait en silence. Aucun sanglot, aucune larme pour dévaler les sillions de ses joues, rien qu'un regard en ébullition, incendiaire. L'impression d'être sur le point d'exploser, devenir une boule de magma qui détruirait tout sur son passage. Mais il y avait autre chose, de moins lumineux, de plus ancien. Une boule noire et collante qui recouvre les parois de son esprit, l'accable de tous les maux de la terre. Encore une fois, il n'a pas pu la défendre.
Fermer les yeux, plisser très fort les paupières alors que la douleur se répand dans son corps, lacère telles des centaines de lames de rasoir chaque muscle, se plante dans son cœur qui se contracte, manque de faire défaillir le Géant qui ne laisse pas même une grimace froisser son visage. Dans les prunelles, le soleil se ternit, un voile de glace recouvre les braises fumantes. Les épaules s'affaissent, la respiration s'alourdit. Les forces le quittent, le laissent à l'abandon et échoué tel une épave. Culpabilité écrasante, qui fait ployer les sourcils de tristesse. Il avait cru pendant un temps, juste le temps de retenir son souffle, que peut-être, il y avait un après. Que toutes ces années d'errances et de supplique n'étaient pas veines et qu'enfin le ciel allait se dégager. Que derrière l'orage se tenait les doux rayons du soleil qui le réconforterait. Et voilà qu'il était tombé sur une de ses filles, douce et aimante, chaude et apaisante. Encore une fois, il n'a pas pu la défendre.
Se relever, manque de tomber sur le côté alors que ses jambes ont du mal à supporter le poids de sa carcasse. L'air hagard, il s'avance, regarde le sol sans vraiment chercher la présence de la danseuse. Car dans son crâne ne résonnait qu'une litanie nécrosante.
Encore une fois. Encore une fois. Encore une fois. Tu es une merde. Tu ne sais rien faire. Même quand tu essaies, tu rates. Retourne dans les tréfonds. Pars. Fuis. Connard incapable. Encore une fois. Encore une fois. Encore une fois. Tu lui avais dit que le prédateur, c'était toi, tu pensais la défendre d'Harlow. Mais voilà, le véritable danger, c'est ton incompétence. Elle serait mieux sans toi. Elle serait mieux sans toi. Encore une fois. Encore une fois. Encore une fois il était le poison et il devait se retrouver seul.
Pas après pas, chancelant et vidé, il s'avance, retourne à cet appartement. Sentir la fée comme un courant d'air printanier qui l'effleure mais n'arrive pas à percer la brume humide. Dans un silence pesant, sa langue pesant des tonnes, il monte dans l'ascenseur sans même y penser, ouvre la porte de son appartement, laisse juste le temps à son amie de se glisser à l'intérieur avant de la refermer par habitude. Entité seulement actionné par les routines, par des réflexes qui le laissent dans ton tourment, ne l'empêchent pas de se flageller mentalement. Manteau qu'il tente de poser à sa place, mais qui tombe au sol. Ne pas s'en rendre compte, n'ayant pas cette force.
Murmures insidieux du diable qui lui ordonnent de se diriger vers ce placard qu'il évite, de chercher de ses doigts nerveux une des bouteilles présentes. Whisky bas de gamme qu'il débouche avec force, avant de venir boire directement au goulot. S'abreuver comme un assoiffé, boire encore et encore, sentir la brûlure dans la gorge puis se loger dans son estomac. Boire pour tenter de faire fuir ses démons qui le hantent et ne cessent de le tirailler. Les pieds qui raclent le sol, trop lourd, trop grand, trop impuissant pour être capable de quoi que ce soit. Encore une fois, il n'a pas pu la défendre. S'écrouler sur le canapé en grognant, boire encore jusqu'à vider la moitié de la bouteille. Renverser la tête en arrière et fermer les yeux alors que les orbites roulent pour chasser la peine qui s'alourdit toujours plus. L'envie de pleurer qui n'arrive pas à monter jusqu'à ses prunelles désespérément sèches. Encore une fois, il n'a pas pu la défendre. Encore une fois.
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Lulu
Dim 29 Sep - 18:33
Pansy Doe
Sylphide aux ailes diaphanes se confronte aux années d'une manière bien singulière, échappant à la course effrénée du temps, elle irradie d'une jeunesse éternelle. Son cœur de verre, avide de tendresse, ne demande qu'à vibrer au rythme des mélodies romantiques, mais une pesante solitude le condamne à les savourer à travers le vécu des autres. Derrière le voile de ce nom aux sonorités florales, Pansy dissimule sa véritable identité, étranglée par les années qui passent. Prisonnière d’un cycle infernal : à chaque tombée du jour, elle se dévêt de ses pétales, cédant sa chair aux guêpes insatiables, puis renaît à l'approche de l'aube, revêtant une splendeur éphémère, pour à nouveau se dénuder à la chute nocturne. Elle est le fantôme à l’agonie du Nymphéa, les murs et les planchers, portent les cicatrices de ses griffes et sont imprégnés de sa fragrance étourdissante. Après des années à survivre seule dans cet enfer, mes rêves semblaient évanouis. Chaque performance me volait un peu plus ma dignité et mon identité. Je pensais devoir les abandonner pour toujours, jusqu'à ce que qu'une histoire de vengeance me mette sur la voie de quelqu'un. Lui.
En voyant le lycan gisant, anéanti, comme une statue brisée sur le sol glacé et moussu, les épaules abaissées, les yeux brûlants de larmes invisibles, elle sentit en son cœur imploser de douleur. Il lui semblait que l’on avait inséré une grenade minuscule dans l'une de ses ventricules, mais hélas, l'explosion n'aurait pas été suffisante pour caractériser cette souffrance qui l'anéantissait de l'intérieur. Non, une douleur éphémère aurait eu la bonté de s'essouffler. C'était comme si l’on avait placé dans cette grenade, des tessons de verre, désormais incrustés dans sa chair, s'agrafant à ses nerfs et s’enracinant à ses tendons comme des racines hérissées d'épines. À chaque souffle, elle souffrait ; à chaque mouvement, la douleur revenait, infinie, acide, s'étirant sans répit. Un profond calvaire, auquel elle ne voyait pour l’instant, aucune issue. Car s’il s’écroulait, elle s’effondrait avec lui, sans espoir de se relever. Jamais elle n'avait eu sa pugnacité. Si elle, avait survécu à des siècles de torture, ce n’était pas par courage, pas par force. Seulement parce que son maudit cœur continuait de battre, et que de ce fait, elle continuait à vivre, passive devant toutes ces atrocités qui s’abattaient inlassablement sur elle. C’était lui, son courage, lui, sa force. Mais ce soir, le loup n’avait plus de force. Elle le suivit, muette, le chaos dans le cœur, esseulée. Comme une barque à la dérive, perdue dans une mer furieuse, et privée de son ancre. Ils regagnèrent l’appartement dans un silence assourdissant, et lorsqu’il laissa son manteau choir au sol, elle ne put se résoudre à l’abandonner là, à son sort. Elle se pencha doucement, non pas par manie ou souci d’ordre, mais parce que, tout comme elle refusait de laisser tomber cet habit, elle ne pouvait tolérer de le laisser sombrer, lui. En cet instant, son soutien se traduisait ainsi. Léger comme une brise, imperceptible et pourtant présent, celle qu’on devine en observant des filets de poussière s'agiter discrètement dans une pièce pourtant close. Elle était là, elle serait toujours là, aussi menue et affaiblie soit-elle. Elle ne pouvait sombrer avec lui. Elle s'accrocherait à la moindre aspérité, à chaque caillou, pour ne pas plonger dans ce gouffre béant. Elle trouverait la force de lui tendre la main, de lui dénicher une issue. Il n'était plus question d’être passive. Pendant des siècles, elle l'avait été, et durant ces siècles de solitude, elle s'était lamentée sur son sort, se demandant pourquoi personne ne s’était jamais soucié d’elle, pourquoi aucun être, avant lui, n’avait cherché à la sauver. La mort, elle le savait maintenant, n'était pas seulement une question de chair et d'organes, mais pouvait être aussi, un état psychique qui engourdissait la totalité d'un corps. Et qui donc s’intéresserait à un cadavre errant, qui donc voudrait sauver ce qui n’a plus de vie ? Que peut un mort, sinon contempler impuissant la souffrance de ceux qu’il aime ? Mais elle, elle ne voulait plus être cette morte vivante. Elle désirait survivre, pour ne pas laisser ce loup qu’elle chérissait se perdre seul dans cette spirale de douleur dont elle ne comprenait toujours pas la profondeur. Jamais auparavant, elle n’avait été aimée à ce point, et tout comme lui ne comprendrait peut-être jamais pourquoi elle avait osé pactiser avec le diable pour s’assurer de voir le lendemain se lever à ses côtés.
La fée était lumineuse de volonté, mais des ombres continuaient de rôder dans certains recoins de son cœur morcelé. Elle se souvenait bien qu’elle n’avait jamais été douée, jamais été adroite, quand il s'agissait de le consoler, de le calmer. C'était en tout cas, ce qu’elle croyait, elle, avec sa piètre estime assassinée et enterrée, depuis des siècles maintenant. D’un pas maladroit, elle s’approcha de lui, alors qu'il engloutissait la moitié d’une bouteille de whisky. D’une main tremblante mais douce, elle glissa ses doigts graciles dans le creux de sa main vide. Lentement, elle enroula ses doigts autour des siens, lourds et plus chauds que d'habitude. Ses yeux la brûlaient, sa gorge était nouée par le chagrin. Elle pouvait sentir, toute la souffrance qui irradiait de celui pour qui son cœur battait avec ardeur, comme s'ils étaient traversés des même vibrations. Mais si celui du loup était en proie à une tempête de chagrin sans précédent, le sien, à elle, essayait de rester accroché à des horizons plus apaisés, pour eux deux. Cette force, cette volonté, elle la ressentait dans chaque fibre de son être, comme un feu sacré, qui vibrerait sous sa peau dorée. Mais comment l’extérioriser ? Comment la lui transmettre, à lui, qui semblait si loin, englouti par ses ténèbres ? Même en l’absence de réponse, elle refusait de renoncer. Elle se devait d’essayer, de lui faire sentir toute la puissance, toute la chaleur de son affection, comme une lumière qu’il pourrait saisir pour ne pas sombrer plus. De ses billes dorées, la fée chercha son regard, espérant devenir un point d'ancrage solide dans cette tempête qui le ravageait. Un repère, aussi fragile fût-il, mais présent, une lueur au milieu de ce chaos assassin.
— « Tu t’es épuisé ces derniers jours à me sauver, »murmura-t-elle, sa voix douce mais vacillante.« À me redonner goût à la vie, à me redonner espoir, à me rendre plus forte… »
Et il n'avait pas échoué, loin de là. Elle en était convaincue. Sans son soutien, sans son amour, elle serait probablement effondrée dans un coin de cet appartement, submergée par les larmes, incapable de se tenir debout, si les derniers jours passés avec lui ne lui avaient rien apporté, ou pire, l’avaient encore plus brisée.
— « Je pense que tu te mets trop de poids sur les épaules… » continua-t-elle, soulignant l'évidence.
Elle savait bien, au fond, que ce n’était pas qu’un petit poids, mais une montagne entière qu’il portait, avec toutes les vies et toutes les âmes qui en dépendaient. Pourtant, elle ne voulait pas l’écraser davantage avec des mots trop lourds, des vérités trop cruelles. Ça elle savait, qu’il n'en avait pas besoin.
— « Tu peux te reposer sur moi, maintenant. Je peux, et je veux, prendre soin de toi, comme tu l'as fait pour moi »affirma-t-elle d'une voix vibrante de conviction, une assurance nouvelle illuminant son regard.
Ses doigts frêles serrèrent ceux abîmés du loup. Elle ne le quittait pas des yeux, même si lui, venait éventuellement à se détourner de son regard. Mais elle, elle restait là, déterminée, comme la lave qui, après des siècles de captivité, dévale les pentes émeraudes d’un volcan longtemps endormi. Force nouvelle qu'elle sentait couler dans ses veines, à l'intérieur desquelles pulsait un sang ancien, divin, à la puissance endormie par des sorciers la voulant docile.
— « Je ne subirai pas ce pacte, et si je ne trouve pas de moyen d’y échapper… alors je me gaverai de chaque souffrance qu’il m’infligera, et je la lui rendrai au centuple » déclara-t-elle, ses yeux brûlants de la même flamme que celle qu’elle avait aperçue autrefois dans les siens.« Comme je t’ai vu le faire. »
Assez de souffrir. Assez de subir. Lui, avec son cœur de guerrier, méritait une âme égale à la sienne, un cœur forgé dans le même feu redoutable. Car malgré la force immense qui brûlait dans ses veines, il n’était pas à l’abri des blessures, ni des peines. Son cœur, à vif depuis toujours, n’avait jamais eu le temps de guérir des drames qu’il avait traversés, et elle se sentait responsable de l'avoir exposé à davantage de souffrance. Elle savait qu’il portait déjà bien trop de cicatrices, et maintenant, c’était elle qui devait prendre soin de lui.
— « C’est lui qui est enchaîné à moi, pas l’inverse »murmura-t-elle, comme pour se convaincre elle-même.« Les djinns ne sont que des parasites qui se nourrissent de nos corps brisés. Leur puissance, c’est à mes sœurs assassinées, à tes frères manipulés, et à tous ces inconnus trompés, qu’ils la doivent. »
Finn, Lilith… ils n’étaient que des usurpateurs, des erreurs. Et il n’y a aucune erreur qui ne puisse être réparée.
— « Les péris leur ont donné la vie, nous pouvons la leur retirer »murmura-t-elle, galvanisée par ses propres croyances.
Les péris ne venaient pas de ce monde comme les autres entités. Elles étaient nées sur des terres sacrées, là où des divinités elles-mêmes s’étaient éveillées. Elle se souvenait maintenant des paroles du prêtre. Il lui avait rappelé, de qui descendait-elle, qui était-elle, la magie ancienne qui coulait dans ses veines, une magie assez puissante pour accroître les forces de centaines de sorciers. Cette puissance, endormie en elle, attendait son éveil. Et ce moment approchait, grâce à l’intervention du djinn, aussi ironique soit-il. Elle regrettait presque de ne pas s’être offensée plus tôt qu’il la sous-estime au point de croire qu’elle n’utiliserait pas ses pouvoirs contre lui. Peut-être la croyait-il toujours sous l’emprise de Wraith. Mais il ne savait pas combien ce loup l’avait transformée.
Doucement, avec une infinie tendresse, elle fit glisser ses doigts graciles et fins comme les pattes d’une araignée, jusqu’à la tête du loup. Elle encadra son visage dans ses paumes encore fraîches, ses doigts se perdant dans ses mèches ébouriffées. Elle caressa ses joues, espérant l'isoler un peu de ses pensées agitées.
— « Mais avant ça... », chuchota-t-elle. « J’ai besoin que tu te reposes. Toi plus que tout. Que tu prennes soin de toi, que tu guérisses un peu. Lili et Xéros nous ont parlé d’une maison près d’une forêt… Pourquoi ne pas y aller avant le Nexus ? »
C’était un havre de paix, une tanière d’amour, avaient-ils dit. Pour elle, c’était exactement ce dont il avait besoin. De calme, de tranquillité, loin de l’agitation étouffante de la ville, loin des souvenirs douloureux qui le hantaient ici. Elle avait également remarqué des signes : ses griffes qui s’allongeaient parfois, ses crocs qui pointaient sous l’effet de la rage contenue, ses traits qui se déformaient, frôlant sans cesse la transformation. Peut-être que, dans la forêt, il pourrait enfin se libérer, relâcher toutes les tensions accumulées au fil des jours. C'était en tout cas, l'espoir qu'elle chérissait.
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Mar 1 Oct - 22:29
Méléän Hastros
Je suis un loup-garou, vivant entre la ville et les forêts. Je n'ai pas d'attache, plus de famille, pas d'amis, pas de meute. Je suis un solitaire mais cette situation me pèse. Aucun loup ne choisit d'être un solitaire. C'est juste qu'il n'a pas trouver de compagnon, ou de meute pour l’accueillir. Un renégat. Moi, j'ai du me sacrifier pour pouvoir vivre. Je suis un mercenaire et je survis au jour le jour. Après des années d'errance, je cherche une âme, une présence. Mais la vie me contraint à vivre de contrat tous plus dégradant les uns que les autres. Mais un jour une mission me met sur la voie de quelqu'un. Elle.
C’est criblé d’impatience que le corps s’agite de tics nerveux, de cette bouche qui remonte parfois, des doigts plantés dans le sommet du genou, de ses yeux qui roulent dans les orbites alors que désespérément, le Loup cherche à oublier. Que ça vienne putain. L’ivresse, l’abandon, le moment où je vais pouvoir mieux respirer. Alcool de merde qui ne monte pas asse vite au cerveau. Je veux juste être défoncé. Je veux juste… Ne plus penser. Que ça l’emporte ailleurs, qu’il devienne si saoul qu’il ne se rend plus compte de rien, que les bulles d’alcools lui permettent de tenir debout, au moins une nuit, une journée de plus. Plus aucune responsabilité, plus aucun devoir, plus rien pour peser sur ses larges épaules qui croulent sous le poids de son monde délétère. Même le contact d’un autre ne pourrait pas lui retirer les chaînes qu’il portait à ses pieds, boulet de la taille d’une montagne qui l’empêche de se mouvoir sans souffler d’effort. Trouver un corps, une peau à lécher et à mordre, juste se perdre dans des gémissements d’une bouche étouffée sur un visage qu’il oubliera sans jamais l’avoir retenu. Une fuite en avant, trouver un refuge dans la décadence pour que ses actes soient plus immondes que le reste, comme un malheureux qui se scarifie pour retirer les maux de son crâne. C’était une évidence qu’il peine à cacher, comme une lumière trop criarde pour son esprit sensible, une vérité dont il connaissait les reflets et qui le brûle à chaque fois qu’il reprend contenance, s’ancre de nouveau dans la réalité. Son corps, son âme, était gravés à jamais par la cruauté des autres et par ses propres mains, incapable de gérer les flots d’émotions qui l’embarquent avec une violence titanesque. Alors parfois, l’alcool l’aide, ou le rouge maculant ses bras, à coup de lame ou de crocs. Souffrir physiquement pour que son esprit cesse de hurler.
Trembler, si fort qu’il verrouille la mâchoire dans un grincement dérangeant. C’était là, à l’intérieur de son corps, comme une vague qui monte et résonne dans ses os. Un besoin de laisser s’échapper ses tourments, de hurler à s’en arracher les cordes vocales, de cracher de ses poumons jusqu’à les froisser dans une expiration gutturale. Ce hurlement qu’il porterait vers le ciel, lui le solitaire pour qui personne ne chante. L’envie de pleurer, d’ouvrir les écluses pour qu’enfin s’extirpe ses larmes salines et traîtresses, de libérer le poison qui se forme dans sa poitrine et manque de comprimer son palpitant qui sursaute brutalement. Mais le Géant refuse de céder à cette facilité, à une faiblesse salvatrice qui pourtant mettrait à mal les murs érigés autour de son cœur. S’il devait mettre un genou à terre, arriverait-il à se relever ? Un signe de vulnérabilité et ce sont les vautours qui se repaîtront de son cadavre. Son monde, c’était des hyènes qui n’hésitent pas à prélever un morceau de lui pour arriver à leurs fins, utilisant l’Ombre sous toutes ses coutures et l’user jusqu’à la trame. Hanter par des images, des sons, des odeurs, d’une errance trop longue sans l’ombre d’une chaleur accueillante. Pas vraiment de chez lui, pas de famille, peu d’amis qui eux aussi vivent leurs vies. Pas de meute, pas de réconfort, pas de mots doux. L’affection, la tendresse, il avait oublié ce que cela faisait. Aussi, quand il sent le toucher de la fée, il ne réagit pas, trop perturbé par ses afflictions pour savoir reconnaître de la bienveillance quand elle était présente. L’habitude d’être touché sans que cela soit désiré, même si le contact physique était un signe important pour le Loup.
Mais les paroles glissent à ses oreilles, arrivent à percer la bulle de terreur. Le corps est soudainement moins tendu, il n'était plus une corde sur le point de rompre. Ouvrir les yeux et observer le plafond, incapable de regarder la danseuse dans les yeux tant il avait honte de son état. De sa faiblesse. De son inutilité.
- Tu n'imagines même pas …
Un rire sec, sans joie. L'impression que chaque douleur ne faisait que s'accumuler sur son dos sans jamais guérir et le laisse écorcher vif, perdant chaque année son énergie vitale. Le poids lui paraissait insurmontable, titanesque. Être certains jusqu'au fond des entrailles que cela sera sa chute, qu'un jour il crèverait à cause de tout cela, seul, dans un caniveau. À vouloir pleurer sans en être incapable.
Main fébrile qui saisit à nouveau la bouteille pour avaler d’autres gorgés, dénouer cette gorge brûlante, faire fuir les images bien trop nettes derrière ses prunelles, comme un acte divinatoire qui le terrorise. À deux doigts de s’étouffer avant d’écarter le goulot de sa bouche, cette langue qui récupère quelques gouttes de sa drogue couleur d’ambre.
- Si je me repose sur toi, tu vas suffoquer, tu auras l’impression que l’air est chassé de tes poumons, que sa ta chair s’ouvre sous la pression, que tes os craqueront jusqu’à se briser en mille morceaux.Voix trop rauque d’émotion et d’alcool, cette façon dont il tourne la tête pour la regarder enfin, l’enfer dansant dans les yeux acides. Ta conscience sera délitée, fragmenter et disperser dans un nuage de poussière. Tu es résiliente, mais mon poids est infini. Ma pierre est plus grande que moi.
Remarque amère, lui le grand guerrier qui domine la populace de sa haute carcasse qui n’est pas capable de tenir la route face à l’absurdité de la difficulté de la quête. Sisyphe qui doit remonter la pierre jusqu’à sommet d’une montagne infranchissable pour qu’elle roule de l’autre côté. Éternellement recommencement. La malédiction de ceux qui sont touchés par l’éternité. Puis la Péri semble se galvaniser, se prodiguer des soins par ses paroles. Content le Gardien, de voir sa protégée prendre le dessus sur ses craintes. Mais rien ne pouvait apaiser les malheurs de ce cœur lacéré. Qu’elle s’auto convainc de ses probables prouesses, lui était trop enfoncé dans une réalité écœurante pour se bercer d’illusions. Au fond de lui il espère qu’elle a raison, qu’elle a cette force insoupçonnée qui la sortira de l’enfer. Lui, il n’avait même pas la force d’espérer.
Fermer un instant les yeux alors que la douleur s’infuse dans ses membres, qu’il manque de s’étrangler tant l’amertume était vivace. Comment survivre à un tel cataclysme intérieur ? Il serre les dents, tente de camoufler ses peines derrière des traits tirés, mais qui aurait put y croire une seconde ? Puis des mains qui se glissent sur ses joues, fraîcheur étrange qui lui arrache un frisson curieux, oscillant entre l’agréable et le déstabilisant. Ouvrir les yeux et plonger dans les deux soleils qui sont face à lui, cherche un brin de candeur dans les deux puits dorés. Mais les paroles lui glacent le sang, le font déglutir presque bruyamment, un bref mouvement de recul, comme pour s’échapper de l’emprise avant de s’immobiliser pour ne pas que les doigts quittent sa peau.
- C’est la pleine lune, mon corps ne sera pas en repos. On ne peut dormir pendant cette période, trop hanté par l’astre argenté pour ne pas répondre à son appel. Baisser les yeux, comme une pudeur qu’il tente de camoufler.Tu perçois l’ironie de la situation belle fée ? Tu quémandes mon repos, mais j’en suis incapable. Je suis oscillant, incapable de souffler correctement, mais ma nature m’empêche de me laisser aller, de juste poser un temps mon fardeau et mieux repartir alors que je suis fais pour encaisser. Non, je dois le sentir m’écraser, je dois le porter à bout de force. Parce que je n’ai pas de meute. Seul. Je suis seul depuis si longtemps.
Un grognement alors que sa langue se délie un peu trop, que l’alcool lentement, mais sûrement montait à sa tête et l’empêcher de garder les barrières levées. C’était plus pratique d’être mutique, au moins on ne dévoile pas trop son cœur et cela évite les questions.
- Et je n’irais pas chez eux. Comment je pourrais leurs faire ça ? Je suis une épave. Ils n’ont pas besoin de mes malheurs, leurs vies sont assez compliquées comme cela. Imagine si cela influe sur les bébés à cause de l’effet de la lune ? Tu imagines ?Un hoquet de peur et d’angoisse, comme un sanglot coincé dans la poitrine qu’il ravale aussitôt. Non, je préférais tout, mais pas cela. Qu’ils conservent leurs quiétudes, nous les verrons demain soir.
Fermer de nouveau les yeux. Il aurait été aisé de croire qu’avec les années on apprenait à mieux gérer ses émotions, à endiguer les vas et vient interminable qui vous ronge de l’intérieur. Pourtant, avec sa nature de Loup-garou, il était difficile au Gardien de se maîtriser. À fleurs de peau, toujours que le qui-vive. Jamais de réels repos, la langue pendante et la bave aux lèvres, à s’user les griffes et les coussinets sur le bitume tous les jours. Courir pour mieux fuir ce qui jamais ne le laisse en paix, toujours s’occuper pour ne jamais laisser l’esprit dériver. L’action plutôt que la réaction. La lente agonie plutôt que le bûcher.
Battement de cils alors que de nouveau, les billes jaunes se posent sur le visage de la fée, détail les traits du visage en des caresses invisibles, pleines d’une lenteur due aux vapeurs d’alcool. Soudain, la tristesse plisse ce visage à la beauté ancienne, les sourcils se froncent et la bouche se tord. Une main se relève vient se nicher sur cette douce joue, un pouce qui caresse la pommette saillante avec une tendresse centenaire. Un râle. Une plainte.
- Je suis tellement désolé que tu sois obligé de voir ça. Mon but est de te protéger, pas de t’infliger ce fardeau. Je suis désolé de t’imposer ça, que tu te sentes obligé de me soutenir. Navré d’être aussi lourd sur tes épaules. Pardon d’être aussi faible. Main qui retombe lourdement, comme s’il n’avait plus la force de quoi que ce soit.
- Il faut que toi, tu te reposes. Demain soir, nous quitterons la ville pour retrouver la forêt. Nous avons de la route à parcourir, il faudra que tu sois en forme. Mais avant cela, il faut que tu prennes ta cure.
Toujours conscient le Loup, des soins à donner à la fée à ses côtés. Il lui était facile de se concentrer sur elle plutôt que sur lui. Se lever en grommelant, pas solide sur ses appuis pour aller chercher ce bocal qui brillait telles des lucioles luminescentes et ranger la bouteille d'alcool qui ne restera pas longtemps dans le placard. Déposer sur la table basse le remède avant de reprendre place sur le canapé en faisant attention de ne pas écraser sa la libellule au passage.
- Prends le temps qu’il te faut. J’ai toute la nuit s’il te faut du soutien.
Lentement, la chaleur de l’alcool arrivait à brûler les ronces qui entouraient sa poitrine, lui laissant la possibilité de mieux respirer. À peine une ride pour trahir ses pensées, sur cette conscience d’être incapable de s’occuper de lui et de se réfugier dans le besoin des autres pour oublier ses propres peines. Balayer d’un revers mental cette évidence encore trop happer par la tristesse pour s’attarder. Cette nuit encore, il sera le gardien du bien-être de Pansy. Demain, il recommencera. Encore et encore, le Gardien signe un nouveau contrat de son sang, jusqu’à la dernière chute. Tout plutôt que d’apercevoir toutes les blessures qui le parsèment.
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Lulu
Jeu 3 Oct - 16:07
Pansy Doe
Sylphide aux ailes diaphanes se confronte aux années d'une manière bien singulière, échappant à la course effrénée du temps, elle irradie d'une jeunesse éternelle. Son cœur de verre, avide de tendresse, ne demande qu'à vibrer au rythme des mélodies romantiques, mais une pesante solitude le condamne à les savourer à travers le vécu des autres. Derrière le voile de ce nom aux sonorités florales, Pansy dissimule sa véritable identité, étranglée par les années qui passent. Prisonnière d’un cycle infernal : à chaque tombée du jour, elle se dévêt de ses pétales, cédant sa chair aux guêpes insatiables, puis renaît à l'approche de l'aube, revêtant une splendeur éphémère, pour à nouveau se dénuder à la chute nocturne. Elle est le fantôme à l’agonie du Nymphéa, les murs et les planchers, portent les cicatrices de ses griffes et sont imprégnés de sa fragrance étourdissante. Après des années à survivre seule dans cet enfer, mes rêves semblaient évanouis. Chaque performance me volait un peu plus ma dignité et mon identité. Je pensais devoir les abandonner pour toujours, jusqu'à ce que qu'une histoire de vengeance me mette sur la voie de quelqu'un. Lui.
Seul. Seul. Seul.
Ces mots résonnèrent en écho assassin dans sa poitrine, poignardant inlassablement ce cœur avide, qui n’attendait que ça, de l’envelopper dans sa chaleur, comme une couverture chaude autour d’un corps tremblant de froid. Ce cœur qui, comme cette couverture, semblait avoir été façonné pour le nimber d’affection. Existe-t-il des meutes de deux ? Elle ne savait que peu de choses sur le mode de vie des loups, la fée. Lui appartenait à la terre, elle à l’air. Pourtant, elle était prête à aller contre sa propre nature, à se transformer, à défier les lois pour qu’il n’ait plus à subir l'absence d'écho à ses hurlements plaintifs. Ils pourraient créer leur propre meute, une petite, et briser une règle de plus, qui dirait qu’une meute a besoin de plus de membres pour mériter ce nom.
Lui, était persuadé qu’elle n’y parviendrait pas, énumérait ses souffrances comme un chapelet de douleurs qu’elle subirait en cherchant à l’aider. Mais il n’avait pas dit que c’était impossible. Elle le regardait, la péri, sans que l’ombre d’une peur n’obscurcisse son regard. « Tu vas suffoquer, tu auras l’impression que l’air est chassé de tes poumons », j’ai déjà été noyée, dans mes larmes, par des mains étrangères, plusieurs fois. « Que ta chair s’ouvre sous la pression, que tes os craqueront jusqu’à se briser en mille morceaux », j’ai déjà été brisée, éventrée, mutilée, plusieurs fois. « Ta conscience sera délitée, fragmentée et dispersée dans un nuage de poussière », n’étais-je pas ainsi au Nymphéa, ou dans les douves d’un palais englouti par l’oubli ? Lui, ses parents, ses ancêtres, n’existaient pas encore lorsque ses souffrances à elle avaient commencé. Ces épreuves-là, elle les avait traversées, et il en existait d’autres encore, toutes aussi insupportables, qu’elle avait endurées — et dont elle ne parlerait jamais. Elle les avait surmontées sans même la force d’une volonté. Que serait-ce alors, si elle avait un but ? Si à sa résilience venait s’ajouter cette fameuse volonté manquante ? Elle avait foi en cela, et elle était prête à être confiante pour deux.
Il préférait rester dans cet appartement, aux murs trop étroits pour sa tristesse étouffante. Elle aurait aimé qu’il puisse jouir d’un espace plus vaste, où aucun mur n’aurait pu le rendre prisonnier de sa détresse ravageuse. Pour autant, la fée ne se laissa pas abattre par son refus. Cependant, cette phrase ; « que tu te sentes obligé de me soutenir », la blessa profondément. Était-ce ce qu’il croyait ? Qu’elle agissait par obligation ? Ses yeux se baissèrent, malgré la chaleur de sa main qui, tendrement, caressait sa joue. Il ne voyait pas, ou refusait de voir, qu’elle se souciait de lui non par contrainte, ni par morale, ni par convenance, ni même pour fuir quelque chose, mais par instinct, un instinct qu’elle ne pouvait expliquer. Ce qu’il prenait pour un devoir était en réalité l’expression pure de son affection, légère et libre de toute attente. Elle était de ceux qui s’offraient sans rien attendre en retour, de ceux qui aimaient entièrement, sans désirer voir la reconnaissance briller dans les yeux de l'autre. Peut-être était-ce parce qu’il n’avait jamais été aimé de cette façon qu’il ne comprenait pas la différence. Cette pensée l'apaisa quelque peu, bien que cela ne fût pas plus réconfortant que le reste, elle était néanmoins, moins blessante.
Soudain, elle sentit le canapé trembler légèrement, le loup se levant pour se diriger vers la cuisine, ses pas hésitants trahissant son état. Discrètement, elle serra les poings, l’angoisse de le voir chuter la tenaillait. Heureusement, il était adroit, ou pire, habitué à marcher ivre. Il lui annonça qu'il était temps pour elle de démarrer sa cure, ses mains encore secouées par sa détresse tenant ce pot salvateur. Curieusement, elle se sentit embarrassée par ce coup de projecteur soudain sur ses problèmes. Comme si la nymphe sentait qu’il y avait là quelque chose d’autre, une ombre tapie dans ce geste, quelque chose qui n’était pas sincère. Peut-être ne noyait-il pas ses peines que dans l’alcool. Elle se réprimanda immédiatement pour cette pensée, mais l’inquiétude restait. Silencieuse, depuis le fond du canapé, elle fixa ce pot où frémissaient de petites lumières. Elle n’était pas sereine à l’idée d’ingérer ces soleils. Elle n’était pas tout à fait sereine, à l’idée d’ingérer ces soleils. Elle n’était pas tout à fait sereine, d’ingérer grand-chose, de toute façon. Comme si elle craignait, à force d’avoir été contrainte d’avaler toutes sortes d’impuretés, de se souiller plus qu’elle ne l’était déjà. Sa main se referma de nouveau en poing, ses ongles s’enfonçant dans sa paume. Il n’y avait pas d’autre choix que d’avaler cette magie étrangère, de couper court à ses peurs, de les enfermer dans un coin sombre de son esprit, et d’attraper une de ces petites lucioles. L’avaler sans réfléchir. Ce n’était pas pour elle, qu’elle prenait ce traitement.
La voix rocailleuse du lycan, échoué à ses côtés, rompit ce silence qu’elle s’imposait. À nouveau, cet inconfort perça son cœur, s’y frayant un chemin pour s’y installer avec une lourdeur persistante. Pourquoi pensait-il à elle, alors que de toute évidence, il était celui des deux le plus en détresse ? Cette attention lui paraissait presque forcée, comme un devoir froid qu’il s’imposait, celui de la soutenir. La soutenir, comme s'il s'agissait d’un de ces nombreux fardeaux qui, ce soir, l’avaient fait fléchir. Elle ne voulait plus, non, elle ne voulait plus être un fardeau pour lui.
— « Ça ira », murmura-t-elle, ses lèvres s’étirant en un sourire tendre et réconfortant.
La péri avait survécu à bien pire, seule. Elle pourrait se relever de cette épreuve, sans avoir à s’appuyer sur le loup épuisé. Elle y croyait, sincèrement.
— « J’y survivrai », affirma-t-elle, hochant doucement la tête.« Je suis pire qu’un cafard, ce monde n’en a pas encore terminé avec moi. »
Loin de là. Elle était la preuve vivante, elle qui avait survécu à la mutilation d’une aile, d'un de ses poumons. Sans doute grâce au poison que Wraith avait distillé dans ses veines, mais à cela aussi, elle avait résisté. Comme si là-haut, quelqu’un s’amusait à prolonger indéfiniment son séjour sur cette terre. Ses prunelles caressèrent tendrement les traits épuisés du loup. Si elle ne pouvait plus rien avaler ce soir, il en était sûrement autrement pour lui et son appétit d’ogre. Alors, elle quitta le canapé, s’agenouilla près du sac que le Gardien avait trimballé toute la journée, et en sortit un reste de viennoiserie du matin ; une moitié de beignet à la framboise, ainsi qu’un plat iranien acheté plus tôt. Les bras chargés, elle revint dans le salon et déposa les victuailles sur la table basse, à la disposition du géant.
— « Au cas où tu aurais un petit creux… ou un gros, vu les quantités qu’il reste », dit-elle avec amusement.« Il y a même la moitié d’un beignet à la framboise », ajouta-t-elle, se souvenant qu’il s’agissait de ses préférés, une information importante à relever, donc.
Un jour, si elle trouvait la force de sortir seule dans ces rues bondées d’inconnus, ce serait pour lui en rapporter une montagne. De nouveau, elle se posa à ses côtés avec une grâce naturelle, et aussitôt, ses mains vinrent se poser sur les joues rugueuses du lycan. Elle aimait l’attraper ainsi, sans réellement savoir pourquoi. Peut-être parce qu’elle avait l’impression qu’entre ses paumes reposait le plus précieux trésor que ce monde ait jamais connu, n’en déplaise au concerné. Tendrement, elle déposa un baiser sur son front, long et doux, cherchant à y inscrire sa chaleur, sa tendresse, enflammant alors son cœur, comme une broussaille d'herbes sèches. Puis, délicatement, elle retira ses mains de sa peau. Ses yeux s’égarèrent un instant sur la courbe de ses lèvres, mais elle détourna aussitôt son regard, un peu trop audacieux.
— « Je ne sais pas encore si tu as confiance en mes mots… »dit-elle doucement, consciente qu’il était un être malmené par d’incessantes incertitudes.« Mais tu n’es plus seul, mon petit loup », osa-t-elle murmurer, un sourire timide éclairant son visage.
C’était bien la première fois que ses lèvres osaient le posséder. Elle aimait lorsqu’il le faisait, cette manière qu’il avait de la nommer lui donnait l’impression qu’elle appartenait enfin à quelque chose.
— « Ne serait-ce que ce soir... », poursuivit-elle, cherchant à apaiser les incertitudes qui pourraient naître de cette vérité.« Les prochains soirs, les prochains jours, non plus. Tant que tu m’accepteras à tes côtés, je te serai loyale, même au cœur des tempêtes. Libre à toi de me croire ou non. Moi, je crois en la sincérité de mes mots. »
Car la fée n’avait jamais abandonné personne, à l'exception d'elle-même. Relâchant ses joues hérissées, elle attrapa un plaid qui traînait sur le canapé et s’y emmitoufla, tandis que les premiers frissons apparaissaient sur sa peau. Elle déposa un baiser contre sa joue, légèrement rosie par l’alcool qu’il venait d’avaler. Elle n’avait pas osé lui confisquer sa bouteille, tant il semblait s’y accrocher désespérément, mais l’envie ne lui manquait pas. Sans fermer les yeux, elle reposa sa tête contre son épaule, plus moelleuse et chaude que n’importe quel coussin. S’il voulait se confier encore, ou simplement parler d’autre chose, elle l’écouterait. S’il préférait laisser le silence emplir la pièce, elle se laisserait bercer par sa respiration.
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Ezvana
Sam 5 Oct - 3:33
Méléän Hastros
Je suis un loup-garou, vivant entre la ville et les forêts. Je n'ai pas d'attache, plus de famille, pas d'amis, pas de meute. Je suis un solitaire mais cette situation me pèse. Aucun loup ne choisit d'être un solitaire. C'est juste qu'il n'a pas trouver de compagnon, ou de meute pour l’accueillir. Un renégat. Moi, j'ai du me sacrifier pour pouvoir vivre. Je suis un mercenaire et je survis au jour le jour. Après des années d'errance, je cherche une âme, une présence. Mais la vie me contraint à vivre de contrat tous plus dégradant les uns que les autres. Mais un jour une mission me met sur la voie de quelqu'un. Elle.
Malgré les vagues d’ivresses qui montent lentement, les paroles lui arrachent une grimace qu’il ne peut réprimer. Ronger les barrières du masque toujours glissé sur son visage pour ne pas trahir ses pensées, attitude tellement plus naturelle du Loup qui refait surface au-dessus d’un lac de Whisky ambré qui le ballote en tous sens.
- Tu n’as rien d’un cafard, tu es plus de la nature d’une déesse.
Une vérité douce mais cruelle de son point de vue. Aveux soufflés d’un marmonnement, sur la vision qu’il avait de la danseuse à ses côtés, de cet être solaire qui avait été déchu et devait errer parmi les âmes moins lumineuses. Fêlure sur les murs érigés avec force, sur les sentiments qu’il pouvait porter à Pansy, des mots que jamais il n’oserait dire pour ne pas la rendre prisonnière. Se rendre compte soudainement de l’intonation de ses paroles, sentir son cœur battre fort soudainement, une vague de chaleur désagréable coulant le long de sa colonne vertébrale. Non, il ne pouvait pas. Il ne pouvait pas s’ouvrir ainsi à la féerique et prendre le risque de la bercer d’illusion. Que pouvait-il lui donner de toute façon ? Il n’y avait rien de bénéfique à rester dans son sillage, parsemé d’ombres et de plaintes. À coup de crocs et de griffes, il l’arrachera à sa cage dorée pour lui permettre de goûter à la liberté. Et une fois qu’elle aura compris comment le monde extérieur fonctionnait, il la laissera partir. … Où l’abandonnera-t-il ? Du plomb qui tombe dans le creux de son estomac, la nausée qui remonte en bile acide jusqu’à sa langue. Fermer les yeux si fort que des ridules marque le coin de ses paupières. Se détester au plus profond de soi-même, la Bête intérieure qui le déchire en lambeaux sans ménagements, l’estime de sois qui se rétracte et se blottit dans un coin en tremblant, manquant de se briser sous la menace de la mâchoire puissante. Un combat intérieur qui ravive son corps inerte, lui donne des flammes qui le dévorent, chauffe sa peau qui devient plus rose, moins livide. Mais que pouvait-il faire ? Trouver quelqu’un d’autres, sur qui Elle pourra compter. Trouver un refuge ou elle pourra s’épanouir. Peut-être Xéros et Lili ? Elle serait certainement ravie d’être au contact d’enfants. Et il disparaîtra sans qu’elle s’en rende compte. Donc tu comptes la laisser tomber toi aussi ? Si délétère que tout devenait poussière entre ses doigts, l’impression que monde n’était que cendre ou tente de pousser des herbes sauvages arrachés à chaque coup de faux du destin qui s’acharne sur le Gardien, ne lui laisse que de vagues espoirs pour le maintenir en vie pour ensuite mieux réduire ses aspirations en miettes. Sa vie n’avait pas de sens, n’avait rien de glorieuse ou de joyeuse. Il serait la pierre à sa cheville qui l’emmènerait vers le fond, avant que la vase ne la recouvre entièrement pour l’étouffer. Et jamais, jamais il ne désirait être sa Faucheuse. Plutôt retourner au campement d’esclavagiste plutôt que de faire chuter cette déité. Mais en lui, cela gronde terriblement, lui tord les boyaux pour lui faire mal. Derrière cet état désespéré, se tenait sa nature profonde, son véritable lui qui lui ordonnait de se taire, de ne jamais trahir sa Valaë. Comment pouvait-il s’imaginer sans être aux côtés de sa Louve ? Elle était devenue la personne la plus importante de l’univers. Incarnation de la beauté, de la candeur, de l’espoir. Lui, qui était le fils de Cälar, avait trouvé sa moitié. À son contact, il grandit, se fortifie. Mais justement, pourquoi ne pas la protéger de lui s’il l’ai….
Ouvrir subitement les yeux alors que Pansy le ramène brutalement sur terre. Le contact de sa bouche sur son front, éclaircie qui vient balayer les nuages lourds d’orages. « Mon petit loup. » Chaleur délicieuse qui remonte le long de son visage, particules qui éclatent sur sa peau incandescente et le chatouille. Cela fourmille sur son épiderme et ravive le sang dans ses veines, lueur de vie qui emplit enfin les prunelles jaunes. Alors quand elle se pelotonne contre lui, il reste tout d’abord silencieux, comme s’il avait peur de briser ce moment d’intimité de sa maladresse habituelle. Le silence, troublé par leurs respirations, par ce cœur qui résonne à ses tempes, par cette présence tout près de lui. Il sentait la chaleur de sa peau, son souffle qui caresse sa peau. Montagne russe de cet esprit incapable de se reposer, qui désormais trouve une stabilité à ce moment étrange. Qui aurait cru qu’un jour il ramènerait une fée chez lui ? Un demi-sourire qui étire enfin les lèvres du Lycan.
Alors quand il voit un frisson parcourir le corps de la danseuse, il lève le bras et entoure les frêles épaules pour la blottir contre sa poitrine chaude et qu’elle puisse se repaître de son énergie. Tendresse infinie dans le regard qu’elle ne pouvait pas voir, cette façon dont les prunelles parcourent chaque parcelle de peau pour retenir chaque grain, chaque courbe. Cette façon dont il se penche pour que son nez plonge dans la chevelure de nuit, fouille doucement pour en chercher chaque note fruitée. Odeur de pin moulu, d’une pierre léché par le soleil, d’une grenade juteuse. Expirer lourdement, ne même plus se cacher derrière un faux-semblant, trahissant tout à loisir le plaisir évident qu’il avait en sa présence. Ce pouce qui caresse en petite vague cette peau du bras, geste affectueux qu’il ne prédit pas. Cette envie de la serrer encore plus près, la tenir sur ses genoux et l’envelopper de son étreinte, de lui embrasser les lèvres le front, garder le plus précieux trésor de son monde contre lui. Il aurait tant aimé la caresser, de découvrir son corps entier, de sentir son souffle contre sa peau, entendre son rire au creux de son oreille, sentir son affection du bout de ses doigts graciles. Sa proximité apaise son tourment. J’ai moins envie de crever. Mais leur relation n’était pas de cette teneur. Et ne le sera peut-être jamais, ne rêve pas trop.
Plissement de nez, grimace lupine silencieuse alors qu’il se redresse légèrement, fuit les images de ses jeux de chats et de la souris auquel ils s’amusent à tordre les règles, qui aiguise son appétit, affûte ses sens de prédateur pour mieux saisir la biche aux jambes trop longues. L’alcool avait beau lui réchauffer les entrailles, il n’en gardait pas moins une responsabilité qui l’empêche de mal agir. Pourtant, il ne peut empêcher sa main rugueuse de cajoler cette peau d’été. S’approcher de cette oreille, de ce visage penché sur le côté. Ce nez qui effleure le cartilage tel une langue langoureuse, sa respiration qui chatouille le cou de la douce contre lui. Faire des passages sans même y réfléchir, juste parce que ce contact lui fait du bien. L’envie de mordiller de la pointe d’un croc qui le fait vibrer.
- Tu devrais prendre ton traitement avant de te coucher. Ainsi Wraith ne pourra pas te tourmenter avec ta rune et cela me rassurerait. Le Solarius avait bien de le prendre à heure fixe. Il est déjà tard et tu es une fille du Soleil.
Voix douce, enveloppante. Nulle trace de manipulation, rien qu’un sentiment sincère qu’il espère transmettre malgré les vapeurs d’alcool.
- Je te propose ensuite un bain brûlant pour te réchauffer. Ce n’est pas le Nymphéa, mais je sais que tu aimes le repos que l’eau peut t’apporter. Je peux même peut-être te dégoter des bougies pour l’ambiance.
Presque un rire que l’on peut entendre dans sa poitrine, un demi-sourire de connivence en pensant à leurs entrevues au sein de ses bassins vaporeux. Il n’y aura pas cette ambiance magnétique puisque de toute façon il n’y avait pas la place pour deux. Quoi que, si elle se mettait contre lui…
- Ensuite, on verra en fonction de comment tu te sens. Si tu désires te coucher ou regarder la télévision. Je mangerais pendant ton bain.
Une promesse formulée du bout des lèvres. C'était une d'autres faims qui le tenaillaient, cette envie de plonger son museau dans une carcasse fumante ou dans les replis de cette douce créature contre lui. La faim humaine le dérange, comme s'il se nourrissait de la mauvaise manière. C'était presque haletant qu'il se forçait à ingurgiter des repas gargantuesques pour réfréner les pulsions qui lui donnaient des tremblements violents. Se gaver, se remplir le ventre jusqu'à l'écœurement, juste pour ne pas que l'appel de la lune devienne trop imposant. Alors se nourrir devant la fée, c'était compliqué. Parce que se forcer devant quelqu'un ce n'était pas agréable, surtout qu'elle-même avait une relation étrange avec la nourriture. Alors prendre ce moment de solitude lui ferait du bien. Et puis il était toujours un funambule dansant au-dessus du vide. Moment de solitude recherchée naturellement lui qui ne savait pas fonctionner autrement. Mâcher cette boule noire et visqueuse pour mieux la digérer par la suite.
Déposer du bout des lèvres un baiser sur le haut de l’oreille avant de reculer. Partager le Loup, entre l’envie de reprendre la bouteille pour se vider un peu plus la tête, de déchirer ses vêtements pour mieux courir sous sa forme de bête; de retrouver des compagnons pour mieux chanter, de retrouver une solitude écrasante par habitude. L’envie de se blottir contre la poitrine de la danseuse pour entendre son cœur battre et sentir sa peau contre la sienne. Plus facile est la pensée cohérente quand il s’agissait de s’occuper des autres. Cela l’empêche de trop réfléchir à ses propres problèmes tout en apaisant ses craintes au sujet de l’autre personne. Aussi, il ne voulait pas que ses propres démons puissent s’agripper au cœur trop grand de cette danseuse. Ne pas entacher son joli sourire, ne pas faire taire la candeur qui émane de chacun de ses gestes. Alors il fait un effort, tente de combattre ses hantises. Mais il est vrai, que, pour une fois, partager un peu de ses peines lui fait du bien. S’ouvrir un peu, juste de quoi laisser la fée passer une main. Partager sans craindre un retour de flamme. Apprendre ce qu’était l’attention de quelqu’un.
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Lulu
Mar 8 Oct - 23:28
Pansy Doe
Sylphide aux ailes diaphanes se confronte aux années d'une manière bien singulière, échappant à la course effrénée du temps, elle irradie d'une jeunesse éternelle. Son cœur de verre, avide de tendresse, ne demande qu'à vibrer au rythme des mélodies romantiques, mais une pesante solitude le condamne à les savourer à travers le vécu des autres. Derrière le voile de ce nom aux sonorités florales, Pansy dissimule sa véritable identité, étranglée par les années qui passent. Prisonnière d’un cycle infernal : à chaque tombée du jour, elle se dévêt de ses pétales, cédant sa chair aux guêpes insatiables, puis renaît à l'approche de l'aube, revêtant une splendeur éphémère, pour à nouveau se dénuder à la chute nocturne. Elle est le fantôme à l’agonie du Nymphéa, les murs et les planchers, portent les cicatrices de ses griffes et sont imprégnés de sa fragrance étourdissante. Après des années à survivre seule dans cet enfer, mes rêves semblaient évanouis. Chaque performance me volait un peu plus ma dignité et mon identité. Je pensais devoir les abandonner pour toujours, jusqu'à ce que qu'une histoire de vengeance me mette sur la voie de quelqu'un. Lui.
À mesure que ses doigts, pourtant rugueux mais si tendres — difficile pour elle de concevoir qu'ils étaient capables de déchirer les chairs —, se perdaient sur sa peau toujours avide de son contact, son cœur résonnait un peu plus fort dans sa cage d'os. Peut-être, enfin, serait-elle rassasiée, lorsque son parfum de cendre et de bois l'envelopperait, non pas comme un voile léger, mais comme un drap épais. Elle rêvait de le sentir contre elle, sur elle, même en son absence. Dans ces moments-là, elle pourrait au moins se nourrir de ses étreintes invisibles. Pour l'heure, elle savourait sa présence, son contact brûlant à même sa peau. Ce nez au contour rude, effleurant son oreille, lui dérobait une nuée de frissons ardents — prétexte exquis pour se blottir davantage contre son corps brûlant. Un petit tremblement la secoua, et elle accusa le froid régnant dans le petit appartement. Mais il n'était sans doute pas dupe, le loup, lui qui savait si bien lire dans les corps, et distiller sous la chair les brasiers du désir. Un rire cristallin s'échappa des lèvres de la péri, tandis qu'elle haussait légèrement une épaule ronde pour soustraire le creux de son cou à ce souffle qui la chatouillait. Sa peau réagissait trop intensément à son contact, et même une simple brise émanant de ses narines suffisait à la faire crouler sous une avalanche de sensations. Ce n'était pas désagréable, loin de là, mais l'instant ne se prêtait guère à ces jeux de séduction dont ils étaient aussi bien les maîtres invétérés, que les éternelles victimes. Pas encore, pas tant que les brumes liquoreuses ne s'étaient pas dissipées de son esprit, qui plus est, épuisé par une journée pleine de chagrins et de voyages.
— « Je la prendrai avant le coucher, à heure fixe, alors. »
À peine ces mots avaient-ils quitté ses lèvres que ses yeux se portèrent vers l'horloge accrochée au-dessus de la télévision. Elle grava la position des aiguilles dans son esprit, se promettant de ne pas l'oublier. Il n’était pas question que l’ombre de Wraith vienne planer sur leurs silhouettes tendrement enlacées ; lui et d'autres avaient déjà trop fait pour assombrir leur soirée. Lorsque le rire du loup résonna dans sa poitrine, un sourire éclatant étira les lèvres de la fée, qui savourait en secret sa mélodie préférée. Quoique, en secret… il verrait sans doute cette étincelle de bonheur flotter dans ses prunelles, oscillant doucement, à la manière d'une flamme, tendrement ballottée par le vent, et flottant au-dessus d'une petite flaque de cire. À nouveau, il lui offrait de prendre soin d’elle, alors que son être entier semblait affamé d’attention. Elle n’avait guère envie d’étouffer ces cris sourds, voilés à peine par l’ivresse de l’alcool. Dans ses yeux, elle voyait cette douleur toujours présente, ce regard qui s’échappait, se détournant de la réalité à chaque fois que ses lèvres se scellaient, le laissant dériver dans des contrées intérieures, ravagées sans doute par des batailles sans fin.
— « Et si c’était moi qui te préparais un bain chaud ? Je pourrais m’en occuper pendant que tu manges... », proposa-t-elle, ses lèvres s’étirant en un sourire doux.
Sans attendre de réponse, sa main s’agrippa au dos du canapé, redressant son corps encore enveloppé dans le plaid. Elle se tenait prête à s’envoler vers la salle de bain, guettant la moindre lueur d’intérêt qui scintillerait, même faiblement, dans ses prunelles éteintes. Ils auraient pu partager ce bain à deux. Mais elle savait, la fée, qu’ils partageraient sans doute plus qu’une simple étreinte savonneuse si leurs corps nus venaient à s’effleurer dans cette bulle d'intimité. Leurs peaux, affamées, réclamaient toujours l’autre, même à travers leurs habits, même caressées de gestes anodins — s’il en était seulement un seul qui l’eût jamais été. Chaque caresse, chaque baiser qu’elle lui offrait était empreint d’une ferveur presque sacrée, semblable à celle d’un croyant à l’égard de sa divinité, prêt à s’abandonner corps et âme. S’il avait été un Dieu, elle aurait pris le voile pour lui, vouant sa vie entière à le prier jusqu’à s'en saigner les genoux. Mais ce soir, elle n’avait pas le cœur d’invoquer ces marées ardentes. Lui non plus, sûrement, vacillait sous le poids d’un whisky médiocre et de ses chagrins, tel un navire sans gouvernail, ballotté par des flots tranquilles.
— « Je laisserai la porte entrouverte, au cas où... », au cas où la panique viendrait à l’étouffer en son absence.« Et... je resterai près de toi pendant ton bain. Peut-être que tu auras envie de parler, ou peut-être pas, et ton silence me conviendra aussi. »
Elle hésita, le regard ancré dans le sien, préoccupée par ces nuages sombres qui s’amoncelaient au fond de ses yeux bruns.
— « Même si j’aime beaucoup entendre ta voix », ajouta-t-elle maladroitement, se perdant dans ses propres mots.
Ah, elle pataugeait un peu. Elle le sentait, ce soir-là plus qu’un autre, qu’il pourrait s’ouvrir, ne serait-ce qu’un peu. Qu’il aspirait à se délester de quelques-uns de ces fardeaux, à se sentir moins seul face à ses peines. Elle espérait qu’il comprenne, à travers son regard insistant et la douceur de ses propositions, qu’elle était prête, qu’elle désirait ardemment découvrir ce qu’il cachait sous cette armure impénétrable. Qu’il ne reste pas seul avec ses blessures. Elle voulait voir ce qui se tapissait dans les replis de son cœur, même les vérités les plus sombres. Toujours blottie dans son nid, ses yeux hésitants et tendres fixés sur la figure du chanteur de lune, elle attendait. Puisse-t-il comprendre qu’elle était prête à écouter sa chanson, même si celle-ci s’avérait être l’une des plus tristes, bien que sincère. Dans un baiser long et chaud, elle déposa un peu de sa chaleur contre sa joue rugueuse, puis se leva enfin, s’éloignant calmement vers la salle de bain. Comme promis, elle laissa la porte légèrement entrouverte, le temps que l’eau chaude remplisse la baignoire. Les tuyaux émirent un léger tremblement, et bientôt, un vacarme s’empara de la pièce. Ce n’était pas vraiment l’atmosphère qu’elle avait espérée, mais le fracas ne dura qu’une quinzaine de minutes, le temps de remplir le bain. Lorsque le silence s’étendit à nouveau, elle prêta une oreille attentive à l'extérieur de la salle d'eau, cherchant le moindre signe de détresse ; un sanglot, un souffle rauque. Rien. Elle sentit alors les premiers frissons sur sa peau, comme des gouttes de pluie troublant la surface d’une flaque. Le médicament. Elle réajusta son plaid, incertaine de savoir si elle avait trop chaud ou trop froid. Ignorant ces sensations légères, elle se redressa et glissa doucement son visage dans l’embrasure de la porte. Une couronne de vapeur la surplombait, et un parfum de lavande s’échappait de l’ouverture, témoignant de son usage généreux du savon dès que les premières bulles étaient apparues sous ses yeux émerveillés.
— « C’est prêt », annonça-t-elle, un sourire doux éclairant son visage et réchauffant ses joues rougies par la chaleur.« Tu viens ? »se sentit-elle forcée d’ajouter, car ce bain, c’était pour lui qu’elle l’avait préparé avec tendresse.
Pour lui, car si la journée avait été dédiée à elle, fille du soleil, cette nuit lui serait dédiée à lui, fils de la lune.
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Tous ceux qui errent ne sont pas perdus. [PV Lulu] [+18]