Assis sur les sièges de la salle d’attente, Jacob laissa la jeune femme poser sa tête contre son épaule. Apparemment, elle avait retrouvé son calme habituel, ou était-ce la fatigue qui avait finit par l’accabler. Cela n’avait que peu d’importance à cette heure-ci, et dans un tel endroit. Ils s’en étaient presque sortis sain et sauf, ce qui relevait sûrement du miracle au vu de la dangerosité de leur agresseur. Jacob parvint tout de même à faire un trait d’humour qui fit sourire la jolie brune « Je sais » avait-il alors rétorqué, avant de prendre conscience que s’il était rentré une heure ou deux plus tard… Il aurait pu perdre la jeune femme blottie tout contre lui. Il se mit à sourire tout en baissant son regard sur elle « Et te partageais ma cachette à cadavres ?! Aucune chance », et son sourire se dissipa aussitôt. Oui, il avait été présent « Dieu merci » murmura-t-il tout en passant son bras autour des épaules de Victoria « Je ne suis pas particulièrement surprit ». Les criminels n’étaient pas toujours intelligents. En fait, en règle générale, ils étaient même relativement stupide, et leur agresseur donnait raison aux statistiques. Un regard pour leur environnement, et Jacob déclara ne pas vouloir rester un instant de plus entre ces murs. Ils effectuèrent un rapide détour à leur appartement, laissant la jeune femme se charger de leurs effets personnels, pendant qu’il récupérait son arme et un chargeur. Il était hors de question de ressortir à l’extérieur sans être armé.

En arrivant à l’hôtel, Jacob constata que sa coéquipière avait envisagé qu’ils puissent être ensemble. Un lit pour deux. Il tourna la tête en direction de Victoria et la coupa « Avec Victoria Ruiz » et précisa « Je vis avec Victoria Ruiz, et pas la nana de Roberto » pour reprendre ses mots. Il n’aimait pas qu’elle se définisse par les expériences qu’elle avait vécu. Elle était un être à part entière, et c’était avec elle qu’il partageait un appartement. Il se laissa choir sur le lit, éreinté de la soirée qu’ils avaient vécu. Il se redressa sur ses coudes « C’étaient mes premières conclusions », puis se releva pour venir à sa rencontre « Comme 99,9% de la population, tu as entendu sûrement du bruit et tu as ouvert la porte. L’humain est curieux, c’est ainsi. Ne te flagelle pas pour ça, c’est inutile. Tout ce qui importe, c’est que tu sois saine et sauve. D’accord ? ». Il se saisit ensuite de son arme à sa ceinture, la rangeant sur la table de nuit avec son holster, et se mit à rire « Quelle délicate attention ! Je veux bien. Je serais rapide ». Il récupéra une serviette, un boxer et un débardeur, puis prit une douche. Rapide. Il ne voulait pas laisser Vic’ trop longtemps seule, et ressortit donc de la salle de bain au bout de quelques minutes « Tu peux prendre la place si tu le souhaites » et vérifia une nouvelle fois que la porte était fermée à clef, puis plaça une chaise tout contre, bloquant ainsi la poignée de porte. Il se glissa ensuite sous les draps, appréciant le confort du lit en cet instant pour son corps meurtri par les coups reçus.

« -t’es pas cool… » avait elle répondu avec un sourire mi tendre mi amusé. Si les choses s’étaient déroulées ainsi, elle doutait que Jacob ait agit de la sorte. De plus, elle aurait été incapable de tuer cet homme. Il aurait eu le dessus à coup sûr… Et comme venait de le dire Jacob, il aurait eut droit à un tout autre spectacle en rentrant. « -vraiment idiot… quand tu veux des réponses, tu évites d’étrangler la personne… » c’était logique… elle préférait en rire à cet instant. Les choses auraient pu être différente, mais Jacob était présent et ils allaient bien l’un comme l’autre. Enfin, à peu près bien. Ils avaient surtout besoin de repos. Détour par chez eux, avant de trouver refuge dans la chambre d’hôtel. Elle ne releva pas la réplique de Jacob au sujet de leur probable relation. Wendy ne faisait pas exception… Vic préférait qu’il n’y ait qu’un lit. Au moins ils pourraient dormir ensemble, en se rassurant dans les bras l’un de l’autre.

« -j’imagine qu’ils ne voient pas les choses ainsi… » Jacob n’avait surement pas fait communiqué spécial pour informer tout ses collègues qu’il vivait maintenant avec celle qui avait été la conjointe d’une victime. Et quelle victime ! Elle imaginait sans mal que c’était assez mal vu. A nouveau, elle allait lui créer des problèmes… Vic prit la parole en justifiant le fait qu’elle ne connaissait pas leur agresseur. Ajoutant qu’elle avait été imprudente. « -d’accord… » avait elle soufflé en lui adressant un léger sourire fatiguée. « -prends le temps qu’il te faut. » elle ne craignait rien ici. « -je hurle si jamais… » un petit sourire taquin avant de le laisser prendre la place dans la salle de bain. Elle se décolla enfin de la porte et retira la capuche de sa tête. Puis elle quitta son pull ainsi que ses chaussures. Elle avait oublié de mettre des chaussettes et s’en rendit seulement compte maintenant. Avec patience, elle attendit que Jacob termine, ses affaires de rechange entre ses bras, assise sur le lit. « -merci… » elle prit à son tour une douche, et mit plus de temps à s’habiller qu’à se laver. Peut-être avait elle mit l’eau trop chaude. Un vertige l’avait obligé à se tenir au mur quelques instants. Silencieusement, elle grimpa dans le lit où se trouvait déjà Jacob. Sans rien dire, elle vint se blottir contre lui. « -tu n’as pas trop mal ? » il avait eut de nouveau point… alors elle se faisait du souci. « -pourquoi tu ne l’as pas abattu ? » demanda-t-elle au bout de quelques minutes de silence.

Si Jacob n’était pas rentré si tôt, il aurait pu se retrouver confronter au corps sans vie de Victoria, et rien que cette idée… Il ne voulait pas y songer davantage, parce que c’était bien trop douloureux, et qu’ils s’en étaient sortis relativement sain et sauf, autant l’un que l’autre. C’était tout ce qui importait. Ce qui avait sûrement pesé dans la balance, c’était la stupidité de leur agresseur « C’est peut-être sa stupidité qui nous a gardé en vie, alors ne te moque pas » avait-il rétorqué sur un ton léger, préférant prendre tout cela à la dérision. La réalité les rattraperait bien assez vite. Après un rapide détour à leur appartement, ils avaient rejoint la chambre d’hôtel réservée par Wendy qui avait envisagé la possibilité qu’ils étaient plus que des colocataires. Il allait réellement finir par croire qu’ils renvoyaient l’image d’un couple, plutôt que celle d’amis complices. Il la reprit sur la désignation qu’elle entreprit de faire pour se désigner, parce qu’à ses yeux, elle n’était plus la veuve de Roberto. Elle était Victoria Ruiz, qui existait en dehors de feu son fiancé. « Je m’en contrefiche de leur opinion » avait-il répliqué avec conviction concernant l’opinion que pourrait avoir ses collègues de travail à leur encontre « C’est ma vie privée, et que je sois ami ou en couple avec toi, ça ne les concerne en rien. Tu n’as pas à te définir comme la fiancée de Roberto, ou la petite-amie de la victime, ou du délinquant. Tu es toi. Et à cette personne que je tiens » finit-il par préciser avec assurance et douceur. Il ne vivait pas en conséquence de l’opinion des gens, sinon il ne porterait pas cette arme, ni cette plaque à la ceinture.

Sur ces quelques paroles, Jacob s’éclipsa pour prendre une douche chaude. Il n’en profita pas pour autant. Son corps était douloureux, et l’idée de laisser Victoria seule plus que quelques minutes ne l’enthousiasmait pas réellement. Il était donc ressortit de la salle de bain au bout de quelques minutes, se glissant sous les draps et tenta de résister à l’appel des bras de Morphée jusqu’à ce que la jolie brune ne sorte de la salle de bain, ce qu’elle fit au bout de quelques minutes, elle aussi. Aussitôt sous les draps, elle était venue se réfugier dans ses bras et il l’avait serré tout contre lui « Ils m’ont donné des médicaments à l’hôpital » précisa-t-il pour la rassurer, et resta silencieux quelques secondes à la question qui suivit. Il baissa ses yeux sombres sur la jeune femme « Parce que je ne voulais pas vivre avec sa mort sur la conscience… Certains associent tuer quelqu’un comme sortir les poubelles. Pour ma part, je n’ai pas envie de savoir ce que l’on ressent ». Jacob avait toujours fait en sorte de ne jamais tuer un suspect, même si sa vie était en danger. Parce qu’il ne voulait pas être hanté par son meurtre jusqu’à la fin de sa vie « Je voulais seulement qu’il arrête de te faire du mal » souffla-t-il.

« -c’est toi qui nous a sauvé la vie. » avait elle répondu avec bien plus de sérieux. Même si Vic savait où Jacob rangeait son arme de service, elle ne savait pas s’en servir. Est-ce qu’il était chargé ? Le cran de sureté… Alors oui, c’était bien l’intervention du lieutenant qui faisait qu’ils étaient encore en un seul morceau dans cette salle d’attente, et surtout bien vivant.

Une fois à l’hôtel, forcé de constaté qu’il n’y avait qu’un seul lit, Vic fit le constat que les collègues de Jacob ne faisait pas exception. Ils avaient également un avis sur eux et leur relation. Elle le fixa du regard quelques secondes, le dos toujours contre la porte. Elle finit par se mordre la lèvre inférieure, touchée par les mots qu’il venait d’ajouter. Elle savait qu’il avait raison. Qu’elle n’était pas censée se définit comme telle. Sauf que pour les gens, elle était et resterait la fiancée de l’ex détenu retrouvé calciné. Celle qui était classée dans ce dossier certainement traité à la va vite.

Elle lui proposa de prendre une douche, elle en ferait de même juste après. Histoire de délasser son corps, et retirer le sang qui tachait encore son visage et son cou. L’eau lui fit du bien, même si elle n’y resta pas longtemps. Simplement parce qu’elle était épuisée et qu’elle avait surtout besoin de s’allonger. Une fois dans les bras de Jacob, elle lui demanda s’il souffrait. « -et tu les as avalé ? » demanda Vic avec un petit sourire. Elle imaginait que oui. Jacob n’était pas inconscient. Pourquoi souffrir inutilement. Surtout que leur agresseur avait frappé là où ça faisait bien mal, dans cette plaie tout juste cicatrisé, encore parfois douloureuse. Après un léger silence, elle lui demanda pourquoi il avait seulement blessé le type en question. Ça aurait été simple pour Jacob de lui tirer une balle en pleine tête. Il était entrainé pour ça. « -tu n’as donc pas de planque à cadavre… » avait elle répondu avec un sourire tendre et amusé à la fois. « -je comprends… » oui, elle comprenait sa réaction et sa logique. Elle ne l’en trouvait que plus humain. Comment pouvait il douter d’être un homme bien ? « -ça aurait pu être pire… mais je n’ai rien de grave. J’ai seulement mal de partout… et ça sera pire demain. » elle espérait passer une nuit réparatrice. Sans cauchemar. Juste se reposer. Juste oublier.

Lorsqu’elle se réveilla au petit matin, elle avait le visage niché dans le cou de Jacob. Elle adora cette sensation rassurante de ses bras autour de son corps, du poids de ses jambes mêlées aux siennes. Et son souffle régulier, prouvant qu’il était bien vivant. Elle ne bougea pas, glissant seulement sa main gauche sous le débardeur de Jacob, caressant sa peau. Elle lui devait tellement…

Lui qui leur avait sauvé la vie… Jacob ne répondit rien à ces mots, tout simplement parce que ça soulevait inexorablement la question de son absence, et il ne souhaitait pas y songer. C’était trop douloureux d’imaginer ce qu’il aurait pu advenir de Victoria s’il était rentré plus tard ou qu’il avait choisi de passer la nuit chez ses parents. Tout ce qui importait, c’était qu’ils s’en étaient sortis, et qu’ils pouvaient enfin se reposer dans cette chambre d’hôtel choisie par Wendy. Un unique lit. Leurs entourages n’étaient donc les seuls à envisager plus qu’une amitié entre eux, et cette idée ne semblait pas convenir à la jeune femme. Elle était la fiancée de la victime, du délinquant qui avait semblablement récupéré une importante somme d’argent qui ne lui revenait pas. Toutefois, Jacob coupa court au fil de ses pensées, de ses théories sur l’opinion de ses collègues en ce qui les concernait. Il se moquait de leur avis. Cela relevait de sa vie privée. Il était amis et aimait qui il souhaitait, même la petite-amie de la victime si c’était ainsi. En la voyant se mordre la lèvre inférieure, Jacob sut qu’il avait été pertinent dans le choix de ses mots et lui adressa un sourire avant de s’éclipser pour une douche chaude. Il s’était ensuite glissé sous les draps, sentant son corps se détendre au contact du matelas. Il craignait les courbatures au petit matin, mais il devrait y survivre. Un regard pour Victoria qui quitta à son tour la salle de bain pour le rejoindre sous les draps, et un sourire en la sentant venir se blottir aussitôt contre lui. Il la serra dans ses bras, remerciant de pouvoir le faire. « Oui, c’est inutile d’avoir mal quand on peut faire autrement » répliqua-t-il avec une pointe d’amusement dans la voix. Il ne faisait pas partie de ces collègues qui préféraient encaisser la douleur que de prendre des médicaments. En ce qui le concernait, il avait été médecin et appréciait l’idée qu’il était possible d’anesthésier la douleur de temps à autre.

Un petit silence envahit ensuite la pièce jusqu’à ce que Victoria l’interroge sur les évènements de la soirée. Pourquoi n’avait-il pas abattu cet homme qui menaçait pourtant leur vie à tous les deux ?! Tout simplement parce que leur agresseur serait mort, et que c’était lui qui allait devoir vivre avec ce poids énorme sur la conscience. Il était devenu flic pour aider les gens, et non pour les tuer. Un petit rire qui le fit grimacer et rétorqua « J’ai dis que j’avais une planque à cadavres, pas que j’avais des cadavres dedans » et hocha lentement de la tête tout en venant la blottir contre celle de Victoria « Je pense, mais tu t’en remettras sans mal… ». Du repos leur ferait le plus grand bien. Et Jacob ne tarda pas à sombrer dans les bras de Morphée jusqu’au petit matin, émettant un petit gémissement de bien être en sentant la main de Victoria caresser sa peau. Il finit par ouvrir les yeux et se mit à sourire avec douceur en sentant le corps de la jeune femme dans ses bras « Salut toi… » répliqua-t-il d’une voix endormie tout en refermant les yeux. Il parvint à les rouvrir deux petites secondes plus tard pour croiser les prunelles de la jolie brune, et vint glisser sa main sous le haut de cette dernière, caressant son dos du bout des doigts « Bien dormi ? ». Son visage était si prêt du sien… Il sentit son cœur battre un peu plus fort dans sa poitrine alors que son regard vacillait entre ses yeux et ses lèvres, éprouvant une certaine envie de l’embrasser en cet instant. Peut-être les évènements de la veille, peut-être cette main venant caresser son torse de bon matin, ou la sienne découvrant le grain fin de celle de Victoria. Il rapprocha légèrement son visage du sien, alors qu’une voix lui criait que c’était son amie, et déposa finalement ses lèvres contre son front « Je vais aller prendre une douche, et on ira petit-déjeuner à l’extérieur, ça te va ? » finit-il par souffler sans pour autant bouger. Il était bien ici, dans cette bulle hermétique au reste du monde.

En sortant de leur appartement, juste après s’être fait agressée, Vic s’était imaginée être incapable de trouver le sommeil. Trop sur les nerfs, trop sous le choc… Mais en sortant de l’hôpital, elle s’était quelque peu apaisée. Finalement, ni elle, ni Jacob n’était gravement blessé. Alors tout ce qui comptait, c’était qu’ils soient vivant et qu’ils puissent être en sécurité durant la nuit. Surtout être ensemble. Et c’était ainsi qu’ils s’étaient endormi. Ensemble. Blottit l’un contre l’autre. Et aucun mauvais rêves n’étaient venu les perturber, et c’était avec douceur qu’elle avait ouvert les yeux, pour constaté qu’ils n’avaient pas bouger. Aucun d’eux ne s’était détaché de l’autre. Elle sentait son souffle sur sa peau… « -salut toi… » avait elle soufflé en souriant autant avec les lèvres qu’avec les yeux. Roh qu’est ce qu’elle le trouvait beau comme ça… Vic chassa rapidement les souvenirs qui remontaient à la surface. Les mots d’Eva qui avait fait échos à cette question qu’elle avait posé, sans oser aller au bout de sa pensée. Elle avait refermé les yeux, puis les avaient ouvert de nouveau pour lui sourire. « -très bien… » pourquoi avait elle envie de glisser ses doigts dans ses cheveux, et de continuer à la regarder dormir…

Son regard accrocha celui de Jacob. Elle lui sourit. Lorsqu’il embrassa son front, elle ferma les paupières. C’était quoi ce sentiment au fond d’elle ? De la déception ? Est-ce qu’elle aurait vraiment aimé qu’il l’embrasse ? Est-ce qu’elle avait le droit de changer d’avis ? De vouloir plus alors qu’il lui avait clairement dit que c’était hors de question pour lui d’à nouveau une vie de couple ou tomber amoureux ? « -ok… » elle leva les yeux sur lui, et sourit avant de prendre sur elle et de décider de sortir de ce lit avant de faire une connerie. Parce que c’était trop tentant… Alors, elle avait lancé en riant : « -prem’s à la douche ! » en quittant le lit. Elle poussa un gémissement parce qu’elle avait mal de partout. « -ouais… ouais une douche chaude pour aider mon corps… » ou une douche froide pour calmer ses envies… Quoi qu’il en soit, elle gagna la chambre, adressa un dernier sourire à Jacob, et ferma la porte. Elle grimaça en voyant son visage dans le miroir, eut du mal à retirer ses vêtements tellement son corps était rouillé. Elle soupira en sentant l’eau chaude, et soupira de nouveau en constatant qu’elle n’avait pas prit d’affaire de rechange… Elle s’enroula dans un drap de bain et ouvrit la porte. « -tu peux prendre la place. » elle prit soin de ne pas regarder Jacob, et d’aller directement vers le sac ou elle trouva des affaires de rechanges. Et puis ne le voyant pas bouger, elle constata qu'il semblait s'être rendormi. Elle hésita un moment, mais elle n'allait pas rester en serviette pendant une demi heure. Alors elle enfila ses sous vêtements en prenant soin de le pas faire tomber la serviette. Du lit, techniquement, il ne devait rien voir. Puis elle enfila un jean, et enfin un tshirt, toujours dos au lit.  

Jacob avait envisagé la possibilité de se réveiller en sursaut au beau milieu de la nuit, craignant que l’agression de la veille ait réveillé le traumatisme de la fusillade qui avait eu lieu quelques semaines auparavant, mais n’en fut rien. Éreinté, il avait eu un sommeil paisible avec Victoria dans le creux de ses bras. Sa présence à ses côtés avait sûrement éloigné les mauvais rêves, et ce fut sa main caressant sa peau qui l’extirpa des bras de Morphée le lendemain matin, lui tirant un gémissement de bien-être et un sourire alors qu’il peinait à ouvrir les yeux. Il apprécia le son de sa voix au petit matin, et au vu du sourire de la belle brune, il n’était pas le seul à apprécier ce réveil tout en douceur. Son regard resta accroché à celui de Victoria en cet instant, éprouvant une envie irrépressible de l’embrasser, de goûter ses lèvres pour la première fois. Il se fit violence pour ne pas succomber à cet appel viscéral, et déposa finalement ses lèvres contre son front. Oh que c’était difficile de résister ! Une douche froide lui ferait le plus grand froid, et s’éloigner également, mais n’en fit rien. Jacob resta toujours blottit tout contre la jeune femme, appréciant cette petite bulle hermétique au reste du monde, rien que tous les deux. Finalement, ce fut Victoria qui se décida pour lui en s’extirpant de sous les draps, et se mit à rire, non sans grimacer sous les courbatures « Je crois que je n’ai pas trop le choix » et l’observa s’éloigner « Oui… Bonne idée ». Même si pour sa part, il s’en moquait bien de son corps endoloris, il devait à tout prix faire taire cette envie qu’il éprouvait pour elle.

En patientant, le trentenaire referma les yeux et plongea dans un presque sommeil, vacillant entre la réalité et le rêve, jusqu’à ce qu’il entende la voix de Victoria qui sortait de la salle de bain. Il enfonça un peu plus son visage dans l’oreiller, le temps de sortir de sa torpeur et rouvrit lentement les yeux. Il aperçut la jeune femme se changer à quelques mètres de lui, et décida qu’il était temps pour lui de prendre une douche, et se hâta jusqu’à la salle de bain. Il se faufila sous l’eau froide qui lui tira un petit cri de surprise, sa respiration se saccadant quelques secondes. Il ne resta pas plus de quelques minutes et noua la serviette autour de sa taille, se maudissant intérieurement de ne pas avoir envisagé le fait que ses affaires se trouvaient dans la chambre. Sa main tenant sa serviette, il quitta la pièce et fouilla dans le sac commun pour trouver un boxer, un jean et un t-shirt. Un regard pour Victoria « Désolé, j’ai oublié de prendre mes affaires » tout en les levant à hauteur de son visage pour confirmer ses propres dires. Il resta quelques secondes ainsi, à l’observer, se disant qu’il était nu comme un ver sous cette serviette qu’il n’avait qu’à lâcher… Il cligna des yeux, rougissant légèrement à ses pensées et retourna dans la salle de bain pour n’en ressortir qu’une fois vêtu « Prêt pour petit-déjeuner ? » et ajouta pour lui-même « Faut que je sorte de cette chambre ».

Elle avait encore seulement la tête dans son t-shirt, qu’elle entendit Jacob bouger et se lever du lit. Vic passa les bras, sans se retourner. Est-ce qu’ils allaient revenir sur le sujet ? Est-ce qu’ils devaient revenir sur le sujet surtout ? Ou est ce qu’ils le voulaient… Elle avait la sensation que les lignes pourtant bien établies étaient en train de se brouiller peu à peu. En enfilant ses chaussures, elle eut envie de maudire Eva avec toutes ces conneries ! Et en même temps, ce n’était pas la faute d’Eva, si elle se sentait bien dans les bras de Jacob au petit matin ! Si elle avait eu envie qu’il embrasse ses lèvres plutôt que son front. Si sa main sous son haut lui avait causé un délicieux frisson. Rah et voilà qu’il sortait de la salle de bain avec seulement une serviette autour de la taille… enfin, elle ne pouvait pas le blâmer, elle avait fait exactement la même chose. « -pas de souci… » avait elle répondu en prenant soin de rester de dos, après avoir fait deux pas de côté.

Elle s’occupa à refaire le lit, le laissant s’habiller dans la salle de bain. « -on y va. » avait elle répondu en prenant son téléphone et son sac à main. Hop ! Un peu d’air frais et un café et tout irait bien. Une fois dans un café, elle s’installa en face de Jacob et après avoir commandé elle demanda : « -c’est Wendy qui va prendre notre déposition ? » elle n’avait pas la moindre idée de comment tout cela allait se dérouler. Elle allait devoir expliquer ce qui s’était passé. Revivre ça mentalement… et on allait lui poser les questions qui fâchent. Est-ce qu’elle connaissait cet homme ? Pourquoi s’en prendre à elle ? Est-ce qu’il pouvait être lié à Roberto ? Elle en avait déjà marre d’avance. Elle n’était pas ou courant de ce que faisait Roberto comme trafic. Elle avait voulu lui faire confiance et croire qu’il ne trempait plus dans tout ça. Elle s’était trompée… Cela avait conduit à la mort de son fiancé… Sans rien dire de plus, elle avait prit sa tasse de café et l’avait porté à ses lèvres. « -je devais passer voir ma mère demain… je vais annuler. Si elle me vois comme ça… » elle désigna son visage : « -elle va être pire que les flics pour l’interrogatoire… » et Vic ne tenait pas à supporter ça. Ni à ce que sa mère se fasse plus de souci encore, pour elle.

Cette tentation qu’il avait éprouvé au petit matin, ce désir qu’il avait ressenti pour elle… Ce n’était pas pour répondre à des envies primaires qu’il pourrait combler avec n’importe quelle femme. C’était elle qu’il désirait, et seulement elle. Il voulait goûter la saveur de ses lèvres, sentir ses mains sur sa peau… Alors pour éviter de commettre l’irréparable, il décida de quitter cette chambre d’hôtel au plus vite, afin de ne pas tenter le Diable davantage. Installé dans un café non loin de leur hôtel, il prit soin de commander un grand café noir, et de quoi se substanter « Normalement oui » rétorqua-t-il tout en posant son dos contre le dossier de la banquette « Tu dois seulement dire la vérité sur ce que pouvait trafiquer Roberto, que tu ignorais tout de notre agresseur et de cette somme d’argent, et tout ira bien. J’appuierais tes dires de mon côté. Ça ne sera pas une partie de plaisir, mais tu vas t’en sortir » et lui sourit avec douceur « Tu as affronté un type plus grand que toi et plus que fort que toi, une petite déposition, ce n’est pas grand-chose à côté » avant de lui faire un clin d’œil. Il se saisit ensuite de la tasse de café que la serveuse leur avait apporté et en prit une longue gorgée. Il émit ensuite un petit rire à l’attention de Victoria « Dis-lui que tu as la grippe, et que tu dois rester au chaud, que je prends soin de toi donc pas besoin qu’elle débarque avec une soupe magique pour soigner tous les maux ». Il coupa un morceau de beignet et le porta à ses lèvres « On va devoir acheter un tapis pour couvrir la tâche sur le parquet… Et investir dans un nouveau système de sécurité… ». Sans en prendre conscience, Roberto avait entrainé sa fiancée dans une situation dont elle ignorait tout et qui la mettait en danger.

Jacob l’observa en silence, perdu dans le fil de ses pensées, et sursauta en entendant son portable sonner. Il le porta à son oreille « Wendy ? » « … » « On sera là d’ici une petite demie heure » « … » « A tout à l’heure », et rangea ledit appareil dans la poche de son jean, et s’avança sur son siège « On ne va pas tarder » et déposa l’argent pour payer leur consommation, termina son beignet et son café, puis se rendirent au commissariat. Wendy les attendait tous les deux à son bureau « Je commence par lequel ? » « Je vais me charger du Lieutenant Reyes » rétorque le capitaine derrière lui, et vers qui il se retourna. Un hochement de tête, posa sa main dans le dos de Victoria « Tout ira bien » et interpella sa coéquipière « Je te la confie » et se dirigea dans le bureau du capitaine qui le convia à s’asseoir sur le siège devant son bureau « Vous m’expliquez ce qui s’est passé cette nuit dans votre appartement ». Jacob conta donc comment l’intru avait pénétré chez eux, s’en était pris physiquement à Victoria, ainsi qu’à lui, et comment il était parvenu à récupérer son arme avec l’aide de la jeune femme. Un silence suivit ses explications, et la première question tomba « Vous avez une relation intime avec Victoria Ruiz ? » « Je pense que ça ne vous concerne pas ». Le capitaine hocha lentement de la tête et poursuivit « Qu’est-ce qui vous dit qu’elle ignore tout des agissements de son fiancé ? » « Parce que c’est le cas » « Vous vous portez donc garant pour elle ? » « Exactement » « Vous devez sacrément tenir à elle pour jurer de son innocence de la sorte» « Je vous le répète encore une fois, ça ne vous concerne pas » « Bien… Elle ignore qui est cet homme ? » « Oui ». L’interrogatoire se poursuivit ainsi, le capitaine ne cachant pas le fond de sa pensée tout du long, et à chaque fois, Jacob se porta caution de la jolie brune. Les deux homme se serrèrent ensuite la main « Je vous fais confiance Lieutenant. Mais s’il s’avère qu’elle est mêlée à toute cette histoire… » « Il n’en est rien. Je vous en donne ma parole. Cherchez du côté des amis de Roberto. Ils en savent sûrement plus que ce qu’ils veulent bien en dire ». Le capitaine sourit, acquiesça et relâcha son emprise sur la main de son lieutenant qu’il laissa partir.

Les deux mains dans les poches de son jean, Jacob se rapprocha de sa coéquipière et de Victoria, adressant un sourire à sa dernière, avant de demander « On peut rentrer ? » « Oui, j’ai tout ce qu’il me faut » rétorqua Wendy avec douceur « Merci », et quittèrent enfin le commissariat, prirent un taxi et retournèrent à leur chambre d’hôtel pour récupérer leurs effets personnels « Comment s’est passé ta déposition ? ».

Elle l’avait écouté en silence, sa tasse de café entre les mains, le dos coller dans sa chaise. « -ils vont me faire chier avec ça… sauf que… sauf que je… » elle soupira en regardant ailleurs. « -sauf que je pensais Roberto assez sincère pour me dire la vérité… » c’était douloureux de se rendre compte qu’il lui avait vraiment menti… Jusqu’à présent ce n’était qu’une idée. Il n’y avait pas eut de vraie preuves. Mais cette agression, cet homme qui en était venu jusqu’à la retrouver après plus de six mois… il ne semblait même pas au courant que Roberto était mort. « -c’est dur de se rendre compte qu’on a été assez aveugle pour ne pas voir les choses… assez débile pour faire confiance alors que… » un nouveau soupire : « -l’amour c’est vraiment de la merde. » conclusion amer. « -après si c’est Wendy… ça devrait aller… » enfin elle l’espérait. Peut-être que cela lui éviterait le justement de valeur. « -je vais rien lui dire du tout, seulement décaler. » elle n’avait pas l’intention de se lancer dans des explications ou des mensonges. Si elle annonçait avoir la grippe, forcement sa mère allait débarqué en courant. Donc elle dirait seulement que c’était impossible. Un regard pour Jacob. Un hochement de tête. Un tapis… Jacob était locataire. Il fallait espérait que son proprio n’allait pas faire d’histoire.

Un appel de Wendy, un nouveau hochement de tête et elle termina son café avant de suivre Jacob. Pas le choix. Comme prévu, elle fut face à Wendy. Elle ne connaissait pas l’homme qui avait décidé de prendre la déposition de Jacob. A nouveau elle avait hoché la tête. Elle ne semblait savoir faire que ça aujourd’hui. Wendy l’invita à s’asseoir et peu à peu l’interrogatoire commença. Victoria raconta ce qui s’était passé. Sa curiosité, l’agression, le type qui lui était inconnu… et puis la question qu’il avait posé, le rapport qu’elle avait fait, tout comme Jacob. Il devait connaitre Roberto. Wendy n’insista pas lourdement et mentalement Vic l’en remercia. Elle ne fit pas non plus le moins sous-entendu déplacé concernant sa relation avec Jacob. Vic donna quelques noms, si cela pouvait aider. Même si elle ne voulait plus être mêler à quoi que ce soit concernant Roberto. Comment tourner définitivement la page si son passé ne cessait de revenir.

Victoria resta silencieuse durant tout le trajet en taxi, le visage tourner vers la vitre. Une fois à l’hôtel, elle referma la porte derrière elle et répondit en retirant sa capuche : « -bien. » elle récupéra ses maigres affaires dans la chambre, sans rien dire de plus. Et puis en fermant le sac, elle dit : « -on devrait peut-être chercher un autre appartement… » elle regarda Jacob et ajouta : « -ou je devrais peut-être t’offrir un tapis et déménager… » tout ce qu’elle voyait c’était qu’à cause d’elle, il avait été mis en danger. Enfin… à cause de son passé.