Victoria eut besoin de quelques minutes pour émerger et prendre conscience que ce n’était pas son amant d’un soir dans la cuisine, mais bel et bien Jacob qui était rentré plus tôt de son séminaire. Il avait assister, tout sourire, à sa réaction en le constatant au bout de quelques instants. Évidemment, cette dernière ne lui sauta pas au cou, heureuse de le retrouver après ces quelques jours passés à New York. En fait, elle était plus intriguée sur son arrivée, et c’était compréhensible. Jacob ne mentit pas et lui confia être rentré la veille au soir, et ainsi, il avait pu être témoin que Victoria ne lui avait mentit. Elle était plus qu’expressive dans l’intimité. Elle se sentait honteuse face à lui alors qu’elle cachait son visage entre ses mains et lui demandait de ne pas renchérir « De quoi as-tu honte ? Tu en éprouvais l’envie depuis un moment, tu n’as fait que succomber » lui confia-t-il. Le médecin prenait cela à la dérision depuis qu’elle s’était réveillée, mais intérieurement, il était loin d’éprouver un certain enthousiasme vis-à-vis de son aventure d’une nuit. Mais ça ne revenait à rien de le lui confier. Elle avait su le lui faire comprendre par le passé, ils n’étaient que des amis. Il la laissa prendre place sur le tabouret alors qu’il préparait le petit-déjeuner pour eux deux « C’est ton droit » répliqua-t-il simplement, avant de rire doucement « Des boules quies quand je suis partit me coucher ». Ce n’était pas pour lui laisser l’intimité dont elle avait besoin, mais tout simplement parce qu’il ne cessait d’imaginer les mains de cet inconnu caresser le corps de sa meilleure amie, de s’aventurer au cœur même de son intimité… Ce n’était pas pour autant qu’il était parvenu à dormir paisiblement durant la nuit.

Un regard pour Victoria qui venait de poser sa tête contre le comptoir de la cuisine peu de temps après lui avoir confié qu’il avait rencontré son amant d’une nuit au petit matin « Je lui ai dit que j’étais ton mari. Il a défailli sur place. Mais j’ai précisé que nous étions en union libre. C’est là qu’il m’a appelé par mon prénom, et il a ajouté autre chose aussi » et se mit à réfléchir « Oui, de ne pas m’inquiéter. Je n’ai pas vraiment compris » et ajouta « Je suis sincère » dans un souffle. Il était rassuré de constater qu’elle n’était pas tombé sur un déséquilibré « Oui, je serais intervenu et tu le sais ». Par contre, son partenaire aurait fini nu dans la rue ou avec les menottes aux poignets. Il prit place à ses côtés et lui sourit pour seule réponse à son remerciement, et posa son regard sur cette dernière, le visage fermé « Je te rassure, on ne va pas en reparler… » et mordit dans sa tartine tout en tournant la cuillère dans sa tasse de sa main libre. Il s’essuya la bouche après avoir avalé sa bouchée « Parce que je voulais te faire une surprise Victoria. Je ne pouvais pas savoir que tu avais prévu un autre type de soirée… Je… Je voulais juste te faire une surprise », et finalement, ils avaient été surpris tous les deux. « Tu vas le rappeler ? Je veux dire, même pour une nuit ». Après tout, elle avait l’air d’apprécier. « Je suis désolé, si j’avais su, je serais resté jusqu’au terme du séminaire, crois-moi… ». Oui, il aurait aimé ne jamais l’entendre crier sous les coups de reins de son amant, il aurait jamais rencontré ce dernier également. Il aurait aimé rester dans l’ignorance.

Vic avait regardé Jacob, dubitative. De quoi est ce qu’elle avait honte ?! Il posait vraiment la question. Oui, d’accord, il avait raison, ça faisait déjà un moment que ça la travaillait, mais… mais pas comme ça ! Elle n’osait pas imaginer ce qu’il avait entendu, ce qu’il avait pensé… « -je me suis dit que comme ça, j’arrêterais d’y penser… » avait elle répliqué comme pour se justifier, le regard baisser comme une petite fille prise en faute. Surtout arrêté de penser à lui ! Mais ça, elle ne risquait pas de lui dire. « -ok tu désapprouves… j’ai compris. » rien que sa façon de répondre le prouvait, et qu’il n’osa pas lui dire le contraire. « -j’espère que tu es parti te coucher très vite… » avait-elle ensuite marmonné de nouveau, grimaçant au passage. Pourtant Evan avait dit qu’il y avait quelqu’un ! Et elle n’avait rien voulu écouter. Bravo ! Belle erreur.

« -mon mari ? Mais pourquoi t’as dit ça ?! » sa voix était légèrement partie dans les aigues en disant cela. Elle n’avait cessé de le peindre comme son colocataire durant toute la soirée ! « -oh on est en union libre ! » de mieux en mieux. « -pourquoi il a dit ça ? » se demanda la jeune femme, plus pour elle-même que pour aider Jacob dans son résonnement. Etrange… Durant quelques secondes, elle eut presque de la peine pour Evan. Et puis elle se dit qu’il allait bien faire rire ses amis avec une histoire pareil. « -je sais… » à nouveau elle se sentait comme prise en faute. « -et je sais aussi que c’était pas ce qu’on avait convenu… et je suis désolée… » Vic était sincère elle aussi. « -tu m’en veux vraiment… j’ai compris. » roh mais pourquoi est ce que ça devait se passer comment ça ?! Pourquoi est ce qu’il était rentré plus tôt… S’il était resté à son séminaire, il n’en aurait jamais rien su et ça aurait été très bien ainsi. Maintenant, il y avait comme une sorte de jugement dans sa voix et elle n’aimait pas ça.

« -non. » que répondre de plus. Bien sur que non elle n’allait pas le rappeler. Le pauvre type. Déjà qu’elle avait crié le nom de Jacob au moment de jouir. Et en plus il était tombé sur Jacob justement alors qu’il quittait l’appartement ! « -en tout cas, il risque pas de rappeler non plus. Enfin de toute manière, il a pas mon numéro. » comme si cela réglait le problème. Un long soupire passa les lèvres de Victoria. « -c’est moi qui suis désolée… » et à nouveau c’était sincère. Lui qui avait voulu lui faire une surprise… c’était clairement loupé. Enfin, si elle avait été plus que surprise de la voir dans la cuisine. Elle avala son café, et quitta la pièce pour aller prendre une douche. Lorsque se fut chose faite, elle s’occupa de changer les draps de son lit. Puis elle désinstalla l’application. C’était une belle erreur. La seule chose qu’elle en tirait, c’était que son psy avait tort. C’était Jacob qu’elle voulait. Mais comment lui dire ? Pas aujourd’hui, c’était certain.

Pourquoi ça le dérangeait tant qu’elle se soit donné ainsi à un autre homme, à cet inconnu ?! Par sa réaction, Victoria se sentait dorénavant presque honteuse d’avoir répondu à cette envie qu’elle ressentait depuis des semaines maintenant. Elle avait eu envie de succomber. Une nuit sans lendemain. Une nuit à se donner sans retenue pour venir combler ce désir qui s’était accru avec le temps. Il rétorqua un « Je l’avais deviné » accompagné d’un sourire de convenance. Il ne parvenait pas à s’enthousiasmer pour elle, pour ce cap qu’elle venait de franchir… Même s’il tournait cela à la dérision pour camoufler son désarroi. Il releva soudainement son regard sur la jolie brune « Je n’ai pas dit ça » corrigea-t-il et se mit à rire doucement « Oui, je te rassure ». Cela ne signifiait pas pour autant qu’il était parvenu à dormir durant la nuit en sachant sa meilleure amie dans le lit avec un autre homme. Mais il passa ce détail sous silence. « J’ai le droit de m’amuser aussi. Tu aurais vu sa tête ! » rétorqua-t-il avec amusement « Je ne sais pas jouer le mari jaloux, désolé » expliqua-t-il ensuite en ce qui concernait l’union libre. Il n’avait pas envie de gâcher les souvenirs de ce dernier. Un haussement d’épaule « Je n’en ai pas la moindre idée ». Ces quelques mots l’avaient laissé perplexe, et encore maintenant, il ignorait le sens de ces quelques mots. « Ne le sois pas, je crois que j’aurais préféré être absent… » finit-il par avouer, et ignorer ainsi tout cette partie de jambes en l’air.

« Je ne t’en veux pas, arrête s’il te plaît Victoria. Seulement… » et réfléchit un instant tout en l’observant, menant un combat intérieur, et finit par réplique dans un soupir « Ce n’était qu’une nuit, il n’y a rien à dire de plus ». Il ne voulait pas lui mentir, mais n’avait d’autres choix que de le faire. Il ne souhaitait pas perdre sa meilleure amie en lui avouant que ça lui avait fait mal. Et la douleur risquait de croitre si elle comptait revoir cet homme, mais sa réponse fut sans appel, et ce dernier n’aspirait pas à davantage non plus. Il resta silencieux quelques secondes, et posa son regard sur la jolie brune qui s’excusa « Tu n’as rien à te reprocher » et termina son café, la laissant s’éclipser pour prendre une douche et changer ses draps pendant qu’il faisait la vaisselle et défaisait sa valise. Il avait pris aussi quelques minutes pour se changer, et arriva dans la chambre de Victoria, restant dans l’entrée, son épaule contre l’encadrement de la porte « Je tiens à m’excuser pour ma réaction. Tu as passée une nuit agréable, et tu n’as pas dû apprécier la matinée qui a suivi… » et se détacha pour venir à sa rencontre « La prochaine fois, envoie-moi un message et je passerais la nuit ailleurs ». Il déposa ses lèvres sur son front en murmurant « Encore désolé joli cœur », et se recula légèrement « C’est seulement que je crois… que… » et se mit à rire nerveusement, une main dans la nuque trahissant son malaise « que tu… que je suis en train de... » et son portable sonna. Il ferma les paupières avec force tout en émettant un petit grognement de frustration. Il leva son index et ajouta « Une petite seconde. Ok ?! » et se hâta pour récupérer son portable. Le travail. L’appel dura une longue demi-heure, faisant les cent pas dans l’appartement tout en répondant aux interrogations de son confrère. La conversation se conclut par un « J’arrive, ne faites rien en mon absence », et poussa un soupir en raccrochant. Il revint à la rencontre de Victoria « J’ai un patient… On a besoin de moi à l’hôpital. Quand je rentre, on pourrait dîner en extérieur ? ».

Normalement, Victoria aurait dû être heureuse de voir que Jacob était rentré plus tôt de son séminaire. Pour elle ! Pour passer du temps avec elle. Et elle aurait également dû être contente de sa soirée. Après tout, elle s’était envoyée un l’air et ça avait été plutôt pas mal. Elle aurait pu tomber sur un mec pire d’Evan. Et en réalité, elle était totalement en train de culpabiliser. La question était donc : pourquoi ?! La réponse était simple. Parce que c’était Jacob… C’était avec Jacob qu’elle aurait aimé passer la nuit. C’était ses mains à lui qu’elle avait imaginé sur sa peau. Ses lèvres, son souffle, ses coups de reins et ses va et viens. Et là, clairement, la réaction de Jacob était en train de l’énerver. Il venait de dire qu’il ne lui en voulait pas ?! Pourquoi sa réaction donnait une toute autre impression. « -ba c’est pas l’impression que ça donne. » voilà ce qu’elle avait claqué avant de quitter la cuisine pour se rendre sous la douche.

Il avait beau dire le contraire, il la jugeait et il n’était pas ravi pour elle. De son côté, maintenant elle culpabilisait. Elle se sentait super mal. Et s’était pour ça qu’elle avait passé un temps fou sous l’eau chaude. Pour tenter de calmer ses nerfs. Pff elle aurait du être des plus détendu après une nuit de sexe. Enfin une nuit… Elle changea les draps, et elle était en train de désinstaller l’application quand Jacob colla son épaule contre sa porte de chambre. Elle leva uniquement les yeux sur lui : « -oui, ça a été agréable, même si je ne le referais pas. » son psy allait prendre une engueulée monstrueuse ! « -c’est pas ça Jacob… c’est juste que… je me sens mal que tu sois au courant, que tu l’ai vu, que tu aies entendu et que… » elle regarda par la fenêtre avant de soupirer. Elle avait envie de lui dire de laisser tomber. « -il n’y aura pas de prochaine fois… » elle ferma les yeux en sentant ses lèvres sur son front. Il était en train de la torturer. Puis elle fronça légèrement les sourcils. Il se mettait à bafouiller, semblait hyper mal à l’aise. Qu’est ce qu’il voulait lui dire exactement ? « -laisse sonner. » il était en train de lui parler, et elle ne savait pas pourquoi mais ça lui semblait être important.

Un long soupire passa les lèvres de la jeune femme, affaissant ses épaules, alors que Jacob quittait la pièce. Elle écouta de loin. C’était le boulot… deux jours avec elle… mais bien sûr. « -rentre déjà et on verra. » avait-elle répliqué. Quand il parait, il ne savait jamais quand il rentrait. Un léger sourire : « -va sauver des vies ! » son léger rire sonna presque faux. Lorsqu’il quitta l’appartement, elle se fit la réflexion que son ex-femme devait certainement réagir comme ça. Non mais ça devenait n’importe quoi. Il fallait faire quelque chose. Soit elle prenait son courage à deux mains et elle avouait tout. Soit elle enfouissait tout ça bien profondément et se contentait de leur amitié. Lorsqu’il rentra au soir, Vic dormait déjà.
 

Jacob ne parvenait pas à être heureux pour elle, et il ne souhaitait pas enfiler l’habit du meilleur ami en cet instant. Celui qui s’enthousiasmait pour cette aventure d’un soir, celui qui demandait des détails pour savoir si elle avait aimé, et quand serait le prochain. Il en était tout bonnement incapable parce qu’il ne voulait pas être cet homme-là, parce que ce n’était pas en adéquation avec ce qu’il ressentait depuis qu’il était rentré la veille au soir. Pourtant, ce n’était pas faute d’avoir tenté de masquer tout cela derrière un écran de fumée, mais la perspicacité de Victoria eut raison de son subterfuge. Il resta refermé dans son mutisme. Il était assez perspicace pour savoir quand il était temps pour lui de se taire, et en cet instant, c’était clairement le cas. Il laissa une longue heure d’accalmie avant de revenir à sa rencontre, son épaule contre l’encadrement de la porte, en tentant de formuler de véritables excuses. La jolie brune venait de tirer un trait sur les rencontres d’un soir, et osa « C’est à cause de ma réaction de ce matin ? » et fit quelques pas dans la chambre « Et que quoi Victoria ? », et finit par acquiescer, sans mot dire. Au lieu de ça, il déposa ses lèvres sur le front de cette dernière, et se recula, sentant qu’il était temps pour lui de lui confier ce qu’il éprouvait, ce qu’il avait sur le cœur. Cette aventure d’un soir l’avait dérangé, mais tout simplement parce qu’il aurait aimé être cet homme-là. Il voulait être celui à qui elle vole un baiser chaque matin, et contre qui elle trouve refuge le soir venu pour veiller sur ses rêves à la nuit tombée… Il bafouilla, il était mal à l’aise, maladroit. Jacob avait si peur de ruiner à tout jamais leur amitié, mais il ne voulait plus avoir mal de la voir avec un autre homme, ou de l’imaginer faire sa vie avec un autre que lui. Il ferma les yeux en entendant son portable sonner, et rouvrit les yeux aux mots de la jeune femme « Je ne peux pas… » murmura-t-il, s’éloignant pour répondre. C’était le travail.

Lorsqu’il eut raccroché, Jacob lui confia devoir se rendre à l’hôpital pour un patient sans en dire davantage, et lui proposa un dîner en extérieur à son retour. Il serra la mâchoire en entendant les mots de cette dernière « Victoria… Ne me dit plus jamais ça… » parce qu’il avait la sensation de revenir plusieurs mois en arrière, dans l’appartement qu’il partageait avec Sharon. Une nouvelle soirée qu’elle allait devoir passer seule, et toujours ce commentaire. Il la fixa quelques secondes, sans le moindre sourire, et récupéra sa mallette et quitta l’appartement le cœur lourd. Il passa toute la journée durant à l’hôpital, et en rentrant, son antre était plongé dans la pénombre. Victoria dormait déjà. Il dina donc seul les restes du réfrigérateur, pris une douche et se rendit dans sa propre chambre, le cœur toujours aussi lourd. Le lendemain matin, Jacob avait souhaité enterrer la hache de guerre, et s’était afféré derrière les fourneaux pour préparer un brunch : Pancakes, bacon grillé, œufs, toast, jus de fruits, café, sirop d’érable, fruits frais. Il y avait passé deux longues heures, mais le résultat lui plaisait. Il se rendit donc à pas de loup dans la chambre de la jeune femme, prit place sur le rebord du lit et l’observa dormir quelques secondes. Elle était si belle… Il effleura sa joue du dos de sa main « Bonito Corazòn, réveille-toi » et lui sourit « Bonjour. Je t’ai préparé une petite surprise », et retira une mèche de cheveux rebelle de son visage « J’en ai deux en fait », et sortit son portable de la poche pour lui montrer l’éteindre « Rien que tous les deux aujourd’hui. Pas de travail. Pas de téléphone ».

Elle avait envie de lui dire. Lui dire que c’était à lui qu’elle avait pensé dans les bras de cet homme, que c’était son nom qu’elle avait crié. Que c’était avec lui qu’elle désirait passer une telle nuit. Mais comment lui dire tout ça sans le perdre ? Jacob avait été tellement claire sur ce qu’il ne désirait plus. Plus d’amour, plus de vie à deux de cette façon. Alors si elle ouvrit la bouche et lui avouait qu’elle tombait amoureuse de lui… Il était devenu tellement important pour elle. Impossible de le perdre. Ça serait trop douloureux de le voir s’éloigner, trop douloureux d’être repoussée. Contre toute attente Jacob se mit à bafouiller mais le téléphone sonna et mit fin à cette conversation. Impossible pour lui de laisser sonner. Alors elle avait soupiré. Et fait la réflexion de trop. Elle l’avait alors laissé partir, le cœur gros. Elle était en train de tout gâcher. Durant la journée, elle avait passé quelques heures à chercher un appartement. Peut-être que la seule manière de conserver leur amitié était de prendre de la distance. Physiquement. Même si cela lui faisait mal.

Il lui avait manqué pendant le diner. Elle avait eut envie, mille fois, de lui envoyer un message. Pour s’excuser de nouveau. Mais elle s’était résignée à chaque fois. Elle était partie se coucher assez tôt. Et le lendemain matin, elle dormait encore d’un sommeil lourd quand il était venu prendre place sur le bord de son lit. Elle avait sourit en sentant sa main sur sa joue. Puis elle avait ouvert un œil. Une surprise ? Elle n’eut pas le temps de dire bonjour qu’il lui montrait son téléphone et l’éteignait. « -tu parles trop… » avait elle marmonné, la voix encore pleine de sommeil. « -j’arrive… » avait elle ajouté quelques secondes plus tard en se frottant les yeux. Comme elle l’avait dit, elle se pointa dans la cuisine quelques secondes plus tard. Elle portait un tshirt de Jacob qu’elle avait enfilé la veille pour dormir avec son odeur. Jacob était prêt de la cafetière et sans dire quoi que se soit elle vint se blottir contre lui. « -excuses moi pour hier… » elle regrettait ses mots. « -je n’aurai pas dû dire ça… je m’en suis rendue compte avant même que tu ne répondes. » elle recula légèrement et lui adressa un petit sourire navré. « -je crois que… je crois que je suis… » son sourire s’étira : « -je suis en manque de toi… » elle se reprit : « -tu me manques… on fait que se croiser depuis qu’on bosse à nouveau tous les deux et… » un haussement d’épaules : « -je m’étais trop habituée à notre quotidien et j’ai un peu de mal à m’habituer au nouveau. Elle tourna la tête vers ce qu’il avait préparé : « -roh tu as fait du bacon ! » elle adorait ça… « -ça fait combien de temps que tu as debout ? » il y avait là un festin de roi.

Jacob n’avait pas envisagé de tomber amoureux de sa meilleure amie. C’était arrivé soudainement, sans même qu’il en prenne conscience. Lui qui pensait avoir tiré un trait définitif sur l’amour après la disparition soudaine et brutale de Mia, ainsi qu’à la suite de son divorce… Il s’était bel et bien fourvoyé, et aujourd’hui, il était partagé entre tout lui avouer de ses sentiments ou se taire à jamais pour maintenir ce lien qui les unissait depuis le début. Il avait donc fait une tentative, bafouillant, mal à l’aise parce que c’était un tourbillon de sentiments contraires qui s’affolait en lui, et finalement son portable avait sonné, mettant fin à son maigre aveu. Puis les mots que prononça Victoria eut raison de sa patience le temps d’un instant. Pendant une seconde, Jacob avait eu l’amer sensation de revenir un an auparavant, encaissant les reproches à tout va de son épouse, ce qui avait mené tout droit à son infidélité, mais aussi à leur divorce. Ce n’était pas cette relation qu’il souhaitait avec Victoria. Il répondit avec froideur et quitta l’appartement, ne revenant que le soir même pour dîner avec lui-même. La nuit aussi, il la passait seul dorénavant, et ça lui manquait de sentir le corps chaud de la jolie brune au petit matin, blottit dans ses bras. Il s’était donc réveillé relativement tôt, lui permettant de s’afférer derrière les fourneaux durant deux longues heures, et s’était rendu dans la chambre de la jeune femme.

Prenant place sur le rebord du lit, il avait caressé son visage et avait émit un petit rire à son commentaire, soufflant un « Je sais » tout prêt de son oreille. Il acquiesça, hésita quelques secondes, et se leva pour rejoindre la cuisine, servant ainsi un café chaud à cette dernière en attendant qu’elle arrive. En entendant ses pieds glisser sur le sol, il se retourna et se mit à sourire « Tu m’as pris un t-shirt ». C’était devenue une habitude chez la jeune femme et il ne s’en offusquait pas. En fait, il aimait ça. Il la trouvait belle ainsi vêtue, les cheveux en bataille, les yeux encore mi-clos et ne put s’empêcher de sourire. Il fut surprit de la voir se blottir tout contre lui de si bonne heure, et ne se fit pas prier pour resserrer son étreinte autour de son corps « Ce n’est pas grave… Je sais que je travaille beaucoup, seulement je n’ai pas envie de réitérer les mêmes erreurs qu’avec Sharon. Donc on passe ces deux prochains jours ensemble ». A la différence qu’ils n’étaient pas mariés. Il se mit à sourire et sentit son cœur se gonfler en entendant ces quelques mots « Je suis en manque de toi aussi », sinon il ne serait pas rentré du séminaire si tôt rien que pour la voir elle. « Je vais tenter d’alléger mon emploi du temps, histoire que je ne te manques pas trop non plus » répliqua-t-il en souriant avant de se retourner en direction du buffet « Deux bonnes heures », et déposa un baiser sur sa chevelure, tout en laissant glisser sa main dans son dos. Il prit place à table et commença à se servir « Je voulais m’excuser pour hier, pour ma réaction du matin et mon absence qui n’aurait pas dû durer aussi longtemps… J’étais rentré plus tôt pour passer du temps avec toi, et j’ai tout gâché » et ajouta « Que souhaites-tu faire aujourd’hui ? ».

Elle s’était endormie seule, et n’avait pas imaginer que Jacob viendrait la tirer du lit. Sa mauvaise foi avait pensé qu’il serait resté dormir à l’hôpital, et qu’il aurait enchainé, oubliant ces deux jours qu’ils devaient passer ensemble. Mais il avait caressé sa joue, et elle avait eut envie de l’attirer à elle pour un câlin sous la couette. Au lieu de ça, elle avait râlé et confiée qu’elle arrivait. Les pieds nus sur le parquet, tout comme ses jambes, elle tenta de chasser le sommeil de ses yeux. Et pour cela, elle opta pour une étreinte. Quoi de mieux pour se faire pardonner ? Et puis elle avait terriblement envie. « -dis pas que c’est pas grave du coup. » il se contredisait dans sa phrase. Ce genre de réaction avait mit fin à son mariage. Même si il n’avait pas dormi sur le canapé, c’était tout comme. Et Vic n’avait pas envie de ça. « -je ne suis pas Sharon. » elle trouvait cela important de le préciser. « -et d’accord pour les deux jours ensemble. » plus que d’accord même.

Victoria tenta d’expliqua sa réaction, et avoua qu’il lui manquait. Que c’était difficile pour elle de s’adapter à ce nouvel emploi du temps. « -on va s’adapter… ça va aller… » oui, elle n’avait pas envie d’être un frein pour son nouveau poste. Il aimait ce qu’il faisait. Il fallait seulement qu’il évite d’être submergé par le boulot. L’odeur du bacon lui fit détourner les yeux. Elle avait faim et en voyant tout ce qu’il avait préparé elle fut forcé de demandé depuis quand il était debout. « -sérieusement ? » deux heures ?! « -je vais faire honneur à tes talents culinaires ! » proclama la jeune femme. « -oh y’a des pancakes aussi ! » elle avala une gorgée de jus de fruit et répliqua : « -tu n’as pas à me faire d’excuses. » son sourire se fit taquin : « -mais je les accepte quand même ! » parce que tout avait l’air délicieux. Elle prit un morceau de bacon entre ses doigts. « -j’aimerais bien qu’on regarde pour ce nouvel appartement dont on avait parlé et ce soir… il y a la fête foraine… » elle ne savait pas s’il était du genre manège et barbe à papa. Elle, elle avait toujours adoré ça. Elle laissa passé un hum de plaisir alors qu’elle mordait dans un pancake. « -meilleur que ceux de ma mère. » elle fixa Jacob : « -interdiction de lui dire ! » sa mama risquait de très mal le prendre. « -et sinon tu parles de Noël au téléphone, tu voulais faire quoi ? » elle avala : « -je travaille le 24 durant la journée. »
 

Jacob avait ressenti une nouvelle fois cette envie de goûter ses lèvres alors qu’elle se réveillait à peine. Il avait préféré rejoindre la cuisine avant de commettre l’irréparable, et avait attendu patiemment sa venue jusqu’à lui, vêtue de son t-shirt. Il entoura son corps de ses deux bras alors qu’elle était venue se blottir tout contre lui, de bon matin, dans l’unique but de s’excuser des mots prononcés la veille, avant son départ pour l’hôpital. Un petit sourire étira ses lèvres « D’accord. Ça m’a fait mal d’entendre ces mots de ta bouche, mais je m’en suis remis, regarde », en se désignant de la main avant de joindre de nouveaux ses doigts dans le dos de Victoria « Je sais Vic… et c’est pour ça que je… » et se tut, se mordit la lèvre inférieure, rétorquant un « Que je tiens à toi », avant de sourire alors que la jolie brune était partante pour l’avoir pour elle durant les deux prochains jours. Il avait éteint son portable, et ne le rallumerait que le jour où il reprendrait le chemin de l’hôpital. Ils ont réussi à effectuer toutes ces années sans lui à l’hôpital, ils parviendraient bien à survivre deux jours tout de même ! Et puis ils avaient besoin de se retrouver. Il manquait à Victoria, et c’était réciproque « J’ai confiance » souffla-t-il avant que l’odeur du bacon n’ait raison de l’attention de la belle brune « Oui, je voulais faire les choses biens » répliqua-t-il en souriant, laissant la jeune femme prendre place à ses côtés « Je n’en doute pas une seconde ».

Durant quelques secondes, il la couva du regard avec tendresse alors qu’elle s’émerveillait des plats qu’il avait prit le temps de préparer pour elle, et se mit à sourire à son tour alors qu’il s’était décidé à petit-déjeuner également « C’est tout ce qui m’importe » et lui demanda ce qu’elle souhaitait pour occuper leur journée. Il acquiesça tout en enfourchant du bacon dans sa bouche « J’adore les fêtes foraines ! » s’exclama-t-il avant de préciser « Tu as commencé à regarder pour l’appartement ? » parce que d’ici peu, il allait récupérer la somme qui lui revenait de la vente du dernier bien en commun avec Sharon. Il ne comptait pas acquérir un nouvel appartement pour autant, mais ils auraient un budget plus confortable pour qu’il puisse répondre à tous leurs critères. Sa réaction à la dégustation du pancake le laissa interdit quelques secondes, et se mit à rire « C’est ce que j’ai constaté » et l’imita en prenant soin d’accentuer le « Hum » et rit de nouveau, imitant par la suite une fermeture éclair « Je suis tenu au secret ». Il prit une bouchée de pancakes avant de grimacer légèrement « J’ai appris hier que j’étais de garde. L’autre chirurgien part à Londres pour les vacances et c’était prévu plusieurs mois à l’avance, je n’ai rien pu faire. Mais on peut fêter le 25 ensemble, avec nos familles. Qu’en penses-tu ? ».

« -je ne cherchais pas à te blesser en disant cela. » C’était le ton de voix employé qui avait trompé Jacob. « -je voulais seulement dire que… qu’on verrait le planning une fois que tu serais rentré et que c’était compliqué de prévoir quoi que ce soit. » à la base, c’était ça sa pensée. Mais elle s’était mal exprimée. Et cela avait sonné comme un reproche. Un reproche comme était capable de le faire son ex-femme. Un reproche qui avait blessé Jacob en faisant écho à sa vie d’avant. Alors elle précisa qu’elle n’était pas Sharon. Voulant dire par là qu’elle n’agirait pas comme elle. Ils n’avaient pas la même relation de toute manière. Elle avait sourit entendant la suite. Il tenait à elle… qu’avait elle pu imaginé alors qu’il bafouillait la veille… Comme s’il allait lui dire autre chose.

Quoi qu’il en soit, Jacob avait voulu se faire pardonner, même si du point de vu de Vic, ce n’était pas à lui de se faire pardonner. Elle acceptait sans souci cette réconciliation et le petit déjeuner de roi qu’il avait préparé. Elle avait la sensation que tout redevenait normal entre eux et ça faisait du bien. Pour ce qui était du planning de la journée, elle proposa recherche d’appartement et fête foraine. Un planning qui lui plaisait plutôt bien. « -c’est vrai ?! Alors on va bien s’amuser. » et ça leur ferait le plus grand bien. « -un peu… mais c’est pas évident de choisir sans toi. » elle avait surtout fait des recherches pour des appartements en solo. Mais elle avait finit par se réviser. Elle n’avait pas envie de vivre sans lui. Ils ne se voyaient que très peu, alors ils n’habitaient plus ensemble… Vic lui adressa une grimace alors qu’il se moquait ouvertement d’elle. « -c’était une sorte de compliment alors ne te moques pas ! » elle ajouta la bouche pleine : « -tu as plutôt intérêt ! » hors de question que sa mère apprenne ça.

Vic lança ensuite le sujet noël. Ils en avaient rapidement parlé au téléphone. Très rapidement. Trop rapidement. Bref… elle précisa qu’elle travaillait la journée du 24. Lui aussi. « -pas de souci. J’irais chez mes parents le 24 au soir. Attends quoi ? » elle fronça les sourcils comme si elle venait de percuter. « -nos deux familles ensemble ? Pour Noël ? Dans le même espace, pendant plein d’heure ? Ensemble ? Tous ? » oui bon il avait comprit l’idée. « -elles vont nous faire un concours de dinde ! » elle se moquait mais c’était une idée. « -ça se passe comment noël chez toi ? » chaque famille avait ses habitudes et ses traditions.