– Tu as des paillettes partout.
– Hm … Toi aussi. C'est donc pour ça que je t'ai trouvé si brillant sur scène ? je raille à mon tour tandis qu'il s'amuse à étaler ses fichues paillettes un peu partout.

Je ne suis pas certaine que pour s'en débarrasser un bain soit particulièrement efficace, mais cela nous permet de rester enlacer dans les bras, l'un de l'autre. Nous avons tous deux besoin de ce petit moment d'apaisement après l'énergie déployée durant ces derniers jours… Lui plus encore après ce concert.

Bien immergée sous l'eau chaude, je lui parle alors de Castine et de tout ce qui m'attend là-bas. Sean m'a annoncé la livraison de mon nouvel évier, je vais donc pouvoir avancer dans les travaux de réfection de ma cuisine. Cette dernière en a bien besoin. Ensuite, il y a encore cette histoire de nouvelle galerie que je dois régler avec Brenda. Je sais qu'elle s'est déjà rendue chez Amanda pour récupérer les toiles qui s'y trouvent encore. Je vais donc devoir lui rendre visite pour que nous ayons une petite explication… Après cela, il va me falloir créer de nouvelles toiles pour cette fameuse galerie, enfin… Je suppose. Reste à connaître les modalités de cette dernière. Néanmoins, j'ai tout de même de quoi me tenir occupée pendant quelques semaines encore.

– Au fait, au sujet de ton âge… Dois-je encore essayer de deviner ?
– Oui, je suis curieuse de savoir si tu peux trouver sans mon aide, je pouffe en venant m'allonger face à lui. Je vais te donner un petit indice… Je suis plus jeune que toi, mais je suis bien plus âgée que Kelly. Ça t'aide ?

Niveau indice, c'est effectivement un peu léger.

– On peut jouer ça en cinq essais… Voir si tu chauffes, dis-je en déposant un baiser sur son torse. Ou si tu refroidis.

Cette fois, je recule un peu.

"– Tu as des paillettes partout."
"– Hm … Toi aussi. C'est donc pour ça que je t'ai trouvé si brillant sur scène ?"
"– Je brillais juste pour toi. Même sans les paillettes."

Le retour à Castine sera chargé pour Emily, si je peux en juger par la quantité de choses qui l'attendent sur place. Finalement, j'ai l'impression que nous sommes tous les deux confrontés aux mêmes challenges sur le plan professionnel. Une nouvelle galerie pour elle, et peut-être un nouveau label pour moi. Une belle manière de reprendre le contrôle de notre avenir.

"– Au fait, au sujet de ton âge… Dois-je encore essayer de deviner ?"
"– Oui, je suis curieuse de savoir si tu peux trouver sans mon aide", rit-elle.

Elle se déplace pour venir se positionner face à moi, et une fois de plus je ne manque pas de la détailler d'un regard avide. J'ai bien envie de voir si je peux réussir à étaler des paillettes un peu plus bas.

"– Je vais te donner un petit indice… Je suis plus jeune que toi, mais je suis bien plus âgée que Kelly. Ça t'aide ?"

"– Pas trop", j'admets en riant. "Mais je suis absolument certain que tu as plus de trente ans. Ce qui réduit donc grandement les possibilités."
"– On peut jouer ça en cinq essais… Voir si tu chauffes."

Et je tressaille tandis que ses lèvres se posent sur mon torse.

"– Ou si tu refroidis."
"– Je te confirme que j'ai tout de suite beaucoup plus chaud", je plaisante.

Je m'avance pour me saisir de ses lèvres. Juste quelques secondes. Mais assez pour assouvir ce besoin de contact.

"– Et quelle est ma récompense, si je parviens à deviner ?" j'ajoute à mi-voix en venant lui caresser la joue.

Je suis déçu de la voir reculer. Mais peut-être est-ce préférable si elle souhaite que je garde un minimum les idées claires.

Et je décide de me lancer.

"– Il me semble que tu m'avais dit que tu n'avais pas trente-cinq ans. Donc trente-six, peut-être ? Juste un an de moins que moi ?"

– Je vais te donner un petit indice… Je suis plus jeune que toi, mais je suis bien plus âgée que Kelly. Ça t'aide ?
– Pas trop. Mais je suis absolument certain que tu as plus de trente ans. Ce qui réduit donc grandement les possibilités.

Bon, déjà je sais que je ne fais pas plus jeune que mon âge. Je suis presque certaine que Lucy se servait vexée à ma place. Je lui propose donc un petit jeu… Un jeu plutôt coquin, il est vrai, mais c'est tout de même un bon moyen de se changer les idées.

– Je te confirme que j'ai tout de suite beaucoup plus chaud, raille-t-il avant de venir brièvement s'emparer de mes lèvres.
– À la bonne heure !
– Et quelle est ma récompense, si je parviens à deviner ?
– Quoi ? Le simple fait d'obtenir la réponse ne te suffit pas ? Tu es bien gourmand… je souffle en reculant. Voyons déjà si tu me ramènes à toi.
– Il me semble que tu m'avais dit que tu n'avais pas trente-cinq ans. Donc trente-six, peut-être ? Juste un an de moins que moi ?
– J'ai dit ça moi ? je rétorque en reculant encore un peu. Tu refroidis.

"– Quoi ? Le simple fait d'obtenir la réponse ne te suffit pas ? Tu es bien gourmand… "
"– Juste pour toi..."

Je soupire en la voyant reculer.

"– Voyons déjà si tu me ramènes à toi."

Je peux lire cette lueur dans son regard. L'amusement y est évident. Mais il y a autre chose. Une sorte de défi qu'elle me lance. J'espère bien être à la hauteur de ses attentes.

"– Il me semble que tu m'avais dit que tu n'avais pas trente-cinq ans. Donc trente-six, peut-être ? Juste un an de moins que moi ?"
"– J'ai dit ça moi ? Tu refroidis."

Je gémis en la voyant reculer une fois de plus. Mais à vrai dire, j'imagine qu'elle n'a pas très bien pris le fait que je lui donne un âge plus avancé que son âge véritable.

"– Et trente-et-un an, alors ?"

Je fais de mon mieux pour ne pas bouger, même si je meurs d'envie de la rejoindre.

"– Ou peut-être tout juste trente, finalement ?", j'ajoute ensuite.

–Et trente-et-un an, alors ?Ou peut-être tout juste trente, finalement ?
– Doucement ! Tu vas trop vite ! dis-je avant d'éclater de rire. Bon, et bien… Je reste à la même place, tu as chauffé puis refroidi.

Sans doute pense-t-il que le fait de me "vieillir" me dérange. Je le vois à sa manière de changer la donne dans ses suppositions qui visent plutôt à me "rajeunir cette fois".

– Mais tu n'es pas très loin, je précise en souriant. Dépêche-toi de trouver, tu commences déjà à me manquer et… j'ai un peu froid sans toi.

"– Doucement ! Tu vas trop vite !" s'exclame-t-elle avant d'éclater de rire.

Son rire est communicatif et il achève cette tension qui me crispait encore. Je me sens déjà beaucoup mieux. Mais la situation pourrait encore s'améliorer si Emily retrouvait sa place dans mes bras.

"– Bon, et bien… Je reste à la même place, tu as chauffé puis refroidi."

Je ris une fois de plus. Un rire de frustration, cependant. J'ai terriblement envie de la sentir à nouveau contre moi.

"– Avoue que tu aimes me torturer."
"– Mais tu n'es pas très loin."

Pas très loin, pas très loin.
Peut-être.
Sauf qu'il ne me reste que deux possibilités sur les cinq données au départ.
Et Emily est elle beaucoup trop loin à mon goût.

Je lève un pied et envoie de l'eau dans sa direction avec un sourire joueur.

"– Dépêche-toi de trouver, tu commences déjà à me manquer et… j'ai un peu froid sans toi."

Je me mords la lèvre inférieure, sans lâcher Emily du regard. Mine de rien, j'ai bien du mal à me concentrer.

"– Peut-être que tu devrais juste me donner ton âge ?" je lui propose en haussant un sourcil. "Tu pourrais revenir dans mes bras, et je trouverai un moyen de te réchauffer. Qu'en penses-tu ?"

Mais je sens bien qu'elle n'est pas prête à lâcher l'affaire.

Je soupire donc avec exagération.

"– Je vais miser sur trente-deux, dans ce cas. En espérant que ce soit correct. Sinon il ne me restera plus qu'un seul essai avant de donner ma langue au chat... ou peut-être à toi ?"

Puis je lui jette un regard amusé, et je laisse ma main glisser sur le rebord de la baignoire.

"– Ou sinon, je trouverai bien moyen de me réchauffer tout seul."

Et je ponctue cette phrase d'un clin d'œil moqueur.

– Peut-être que tu devrais juste me donner ton âge ?Tu pourrais revenir dans mes bras, et je trouverai un moyen de te réchauffer. Qu'en penses-tu ?
– C'est presque tentant, dis-je en faisant mine d'hésiter. Mais non. Comme tu l'as si bien fait remarquer, j'aime bien te torturer.

Je lui tire la langue avant de l'éclabousser à mon tour.

– Je vais miser sur trente-deux, dans ce cas. En espérant que ce soit correct. Sinon il ne me restera plus qu'un seul essai avant de donner ma langue au chat... ou peut-être à toi ?

Enfin la bonne réponse. Néanmoins, il ne me laisse pas vraiment le temps d'avancer puisqu'il se lance dans une nouvelle plaisanterie…

– Ou sinon, je trouverai bien moyen de me réchauffer tout seul.
– J'allais te féliciter pour cette bonne réponse, mais si tu préfères te réchauffer tout seul, qui suis-je pour venir contrecarrer tes plans? je rétorque en haussant négligemment les épaules.

Je ne me pensais pas aussi joueuse. Avant de le rencontrer, j'étais d'ailleurs bien plus fermée à ce genre de choses.

– Mais bon, c'est dommage… C'est notre dernière soirée avant je-sais-combien de temps… J'aurais préféré partager cette "chaleur" avec toi… Beaucoup… Passionnément… À la folie ?

J'éclate de rire lorsqu'elle décide de prendre sa revanche et de m'éclabousser. L'eau commence à tiédir un peu, mais celle que je me prends dans la figure ne fait rien pour calmer la chaleur qui grimpe en moi.

J'ai envie d'embrasser ces lèvres, et de virer cet air moqueur de son visage. Ou peut-être ai-je simplement envie de voir cette expression joueuse se transformer en tout autre chose.

Je me lance à nouveau, en proposant trente-deux ans. Et en plaisantant sur le fait que je n'aurais sinon qu'à me réchauffer d'une autre manière. Tout seul, donc.

"– J'allais te féliciter pour cette bonne réponse, mais si tu préfères te réchauffer tout seul, qui suis-je pour venir contrecarrer tes plans?"

Je ris à ce haussement d'épaules. Comme si l'issue de ce bain ne l'intéressait pas plus que ça.

Mais je note cette information dans mon esprit. Trente-deux ans, donc ?
En la regardant dans les yeux j'ai parfois l'impression d'avoir devant moi une femme beaucoup plus âgée. Comme si la vie l'avait profondément marqué. Mais au fur et à mesure qu'elle me dévoile son histoire, ce finalement n'est guère étonnant.

"– C'est ce que je disais", je ris. "Tu aimes me torturer, mademoiselle Greene."

Mon regard glisse vers ses lèvres. Elle est encore beaucoup trop loin. Et elle continue de me provoquer.

"– Mais bon, c'est dommage… C'est notre dernière soirée avant je-sais-combien de temps… J'aurais préféré partager cette "chaleur" avec toi… Beaucoup… Passionnément… À la folie ?"
"– Passionnément", je grogne en me redressant.

Je lui attrape la main et je l'attire vers moi, la réceptionnant dans mes bras avec un éclat de rire.

"– C'est mieux comme ça, non ?" je murmure juste avant de l'embrasser avec fougue.

Nous avons beau nous tourner autour, jouer au jeu du chat et de la souris, nous finissons toujours par nous retrouver et laisser nos corps s'exprimer bien mieux qu'avec de simple mots.

Mon cœur bat à la chamade, et je ne peux que me concentrer sur la pression de ses lèvres contre les miennes, sur la douceur de ses seins contre mon torse, et sur les soupirs que nous échangeons dans cette baignoire encore bien trop grande.

"– A la folie me va aussi très bien", je gémis contre ses lèvres.

Je ne peux m'empêcher d'éclater de rire lorsqu'il se redresse pour me ramener contre lui. Le mouvement est vif qu'il provoque un mini raz de marée qui se répand sur le sol de la salle de bain. Néanmoins, je m'amuse beaucoup trop en cet instant pour me soucier du ménage.

– C'est mieux comme ça, non ? murmure-t-il avant de s'emparer de mes lèvres avec ardeur.

Je me perds volontiers dans cette impétuosité amoureuse avec la ferme intention de profiter pleinement de nos derniers instants ensemble. Mon cœur bat au même rythme que le sien, cognant vivement dans ma poitrine. La chaleur de sa peau imprègne la mienne…

– Beaucoup mieux oui, je chuchote lorsque nos lèvres se séparent, ne serait-ce que pour un court instant.
– A la folie me va aussi très bien.
– C'est toi qui me rend folle, dis-je en souriant. L'eau refroidi…

Je murmure ces derniers mots avant de me redresser. L'eau tiède ruisselle sur ma peau, mais cela ne suffit pas à me donner froid. Je sors alors de la baignoire en prenant grand soin de ne pas glisser sur la flaque. Puis je récupère une serviette avec laquelle j'essore mes cheveux avant de m'essuyer. Le regard que je lui lance est lourd de sous entendu, je l'attend…J'ai terriblement envie de retrouver la chaleur de sa peau… Non, en réalité, j'en ai même besoin.

Les paillettes n'ont pas entièrement disparu. Au contraire, elles se sont éparpillées çà et là, parsèment sa peau d'un millier de petits points brillants.

– Je ne suis pas certaine que tu puisses t'en débarrasser un jour… je raille en l'entraînant avec moi dans la chambre.

"– C'est toi qui me rends folle."

J'embrasse sur ces lèvres ce sourire qui me manquera tant. Et qui me rend également complément fou.

"– L'eau refroidi…"
"– Et moi qui croyais que j'étais là pour te réchauffer", je plaisante.

Mais Emily sort déjà du bain, et je suis du regard ces gouttes d'eau qui roulent sur sa peau. J'ai envie de les cueillir une à une avec mes lèvres.

Et ce n'est pas en restant dans ce bain que j'en serai capable.

Surtout qu'Emily m'attend. Le regard qu'elle pose sur moi est empli de mille et une promesses délicieuses qui ne demandent qu'à être exaucées.

Je sors à mon tour, et entreprend de me sécher comme je peux.
Mais je dois admettre que je suis facilement distrait par Emily. Et je ne peux m'empêcher de lui voler quelques baisers, qui se font de plus en plus fiévreux.

Mais ma compagne semble être beaucoup plus intéressée par les paillettes qui se sont propagées partout sur mon corps.
Sur mon torse, sur mes bras, sur mon ventre. Et même entre mes jambes. J'ai l'impression qu'aucune parcelle de ma peau n'a été épargnée.

"– Je ne suis pas certaine que tu puisses t'en débarrasser un jour…", me taquine-t-elle en m'attrapant la main pour me tirer en direction de la chambre.
"– Et tu penses que tu t'en sortiras indemne ?", je ris. "J'ai bien l'intention de voir si je peux te rendre toute aussi brillante, mon amour."

J'ai bien du mal à rester raisonnable. Mais après tout, dois-je vraiment le rester ? C'est ma dernière soirée en compagnie d'Emily avant je ne sais pas quand. Et c'est justement cette incertitude qui me rend plus tactile, plus passionné aussi. Si au départ elle me tire par la main, j'ai tôt fait de prendre le dessus, et de l'attirer à moi pour l'embrasser une nouvelle fois.

Nous chancelons, puis atterrissons contre le mur attenant à la salle de bain. Je la plaque un peu plus contre ce dernier, venant coller mon corps au sien pour venir chercher un peu de chaleur. Sa chaleur. La seule dont j'ai besoin en cet instant. Et tant pis pour le sol presqu'un peu froid sous mes pieds, ou ce lit décidément beaucoup trop loin.

Je dévore ses lèvres avec une ardeur qui ne diminue pas, comme si j'avais un besoin vital de goûter encore et toujours ces dernières.

Ses cheveux ne sont pas encore tout à fait secs, et ces fameuses gouttes d'eau me provoquent toujours plus, jusqu'à ce que je ne sois plus capable de résister. Je viens en cueillir une dans son cou. Puis mes lèvres viennent se perdre dans la vallée entre ses seins, pour m'emparer d'une seconde.

Je glisse à l'oreille d'Emily quelques mots au sujet de cette humidité, qui fait écho à celle que je trouverai sans aucun doute entre ses jambes.

"– Ca me rappelle vaguement quelque chose", je murmure ensuite avant de lui mordiller le lobe de l'oreille. "Sauf que cette fois nous ne sommes pas dans ma loge. Nous ne serons donc pas interrompus. Et nous avons toute la nuit devant nous."