« -tes sentiments ne changent rien à qui je suis Ian. Si ce n’est que je vais faire bien plus attention que d’habitude, parce que j’ai une véritable raison de rester en vie… » Elle lui avait presque coupé la parole. « -on dois faire l’un comme l’autre notre boulot… » c’était techniquement le plus important. « -je sais faire le mien et il en va de même pour toi. Eli avoua ensuite qu’elle était loin d’être invincible et surtout qu’elle était comme lui. Oui, elle avait des peurs. Seulement elle était obligée de les mettre de côté. Parce qu’entre ses mains il y avait la vie de plusieurs millier de personne. Elle savait pourquoi elle avait signé, les risques de ce job. Elle ne voulait pas qu’Ian perdre de vu cela. Comme elle lui avait dit, elle ne voulait pas devenir son point faible. Au contraire. Elle voulait qu’il redouble de vigilance, qu’il redouble d’intelligence. Parce qu’ils devaient sauver ces gens, mais aussi se sauver eux. Ils allaient la vivre leur putain de belle histoire. Mais il devait chasser cela de son esprit, lui faire confiance et faire son job. Il n’avait pas le choix.

Eli avait dressé la liste de ses peurs. Il y en avait d’autre. Bien sur qu’elle avait peur de le perdre. Cette peur était là, présente en elle depuis pratiquement le début. Depuis qu’elle avait appris à l’apprécier, à le connaitre. Elle avait perdu Jebediath. Elle s’en voulait toujours. Et s’en voudrait toujours de ne pas avoir été assez méticuleuse, d’avoir trop ouvert sa gueule aussi… aujourd’hui, savait ce qu’elle devait faire. Ce matin, le geste de Robby avait comme tiré une sonnette d’alarme… Elle devait moins l’ouvrir, se faire moins visible aussi. « -je sais… je le savais… » enfin elle pensait l’avoir devinée. Elle avait voulu croire en son instinct. Eli fronça les sourcils. « -tu vas vraiment prendre le défense de Brennan ? » il était sérieux ? Elle roula des yeux. « -ba lui il aussi devrait se concentrer sur son job. » elle avait la sensation d’être une gamine…

La belle brune accorda un peu plus de tendresse à Ian. Il en avait besoin. Ce n’était plus dans ses habitudes ce genre de gestes. Et pourtant, c’était comme si c’était totalement naturel, comme si elle n’avait pas oublier la sensation que cela pouvait procurer. Un hochement de tête lorsqu’il se redressa, avant de souffler un : « -d’accord… » elle ne compris pas exactement ce qu’il voulu dire dans sa dernière phrase. Mais elle lui rendit son baiser avant de le laisser partir dans la chambre. De son côté, elle fit la vaisselle, avant de sortir sur l’escalier de secours afin de fumer une cigarette. Elle resta longtemps assise ici, profitant du soleil, profitant des bruits de la ville, comme si elle avait besoin d’écouter la vie… Deux heures plus tard, Ian dormait toujours. Elle l’observa sur le pas de la porte, se tenant au montant. Il était là, allongé dans ses draps. Un soupire et elle prit le temps d’écrire un post it sur la table, afin qu’il ne s’inquiète pas si jamais il se réveillait en son absence. Je suis partie remplir le frigo. Je serais pas longue. Puis elle récupéra ses clés, ferma le verrou et descendit les escaliers. Elle rentra une heure plus tard, les bras chargés de deux paquets. Elle ouvrit la porte avec quelques difficultés, espérant ne pas avoir réveillé Ian si jamais il dormait encore. De son côté, elle était incapable de dormir pour le moment.

Ian se sentait comme submergé après l’ensemble de ses révélations, après la soirée et la nuit qu’il avait passé avec la jeune femme. Un amas de sentiments, de craintes et de doutes dont il ne parvenait pas à se défaire. Sans parler de cette fatigue qui l’accablait. Depuis le début de son infiltration, ses nuits étaient courtes ou résultaient d’un trop plein de bourbon bon marché. La nuit blanche qu’il avait passé dans les bras d’Eli n’était donc pas la première. Même si les dernières heures de sommeil passées dans ses bras furent réparatrices, elles étaient bien trop insuffisantes pour lui permettre d’éprouver les derniers évènements. La jeune femme allait sûrement le trouver faible et ne disposant pas de la carrure suffisante pour une telle mission. Elle aurait sûrement raison de penser ainsi. La belle brune semblait si sereine vis-à-vis d’eux deux, de leur relation. Eli prenait le temps de le rassurer, d’apaiser ses craintes, alors qu’il portait lui aussi une plaque et une arme. Qu’est-ce qui était en train de se passer ?! Pourquoi se sentait-il si inquiet pour la sécurité de la jeune femme ?! Son regard dans le sien, l’agent acquiesça, en soufflant un timide « OK… ». Les sentiments qu’elle avait pour lui avait dissipé son envie de disparaître de ce monde, et ça lui faisait du bien de l’entendre. Il devenait une véritable raison de rester en vie, et il devait percevoir la jeune femme de la même manière. « Tu as raison…Je… ne sais pas ce qui me prend…. » répliqua-t-il en baissant la tête, quelque peu honteux. Ian devait se souvenir que des vies étaient en jeu, pas seulement la leur. Il allait devoir se reprendre au risque de mettre leur opération en péril.

La jeune femme prit le temps de lui citer toute une liste de craintes qu’elle éprouvait elle aussi, mais qu’elle savait dissimuler mieux que lui, apparemment. Elle était parvenue à le faire sourire et la rassura sur un point. Eli n’avait plus besoin d’avoir peur de tomber amoureuse d’un terroriste. Il n’en était pas un. De nouveau ce sourire sur ses lèvres « Oui… ». Heureusement que leurs instincts avaient eu raison. Sinon il n’imaginait pas la tournure qu’aurait pris cette matinée avec l’agent Brennan. Agent dont il prit la défense, ce qui ne semblait pas vraiment pas satisfaire la belle brune. Il émit un petit « Ouh… » et ajouta « On va avoir notre première dispute… » avec légèreté, puis poursuivit « Je ne prends pas sa défense. Je tente juste de comprendre ses raisons » et acquiesça « On va classer l’agent Brennan dans la boite des sujets sensibles. D’accord ? » sinon ils risquaient de se disputer pour un homme que lui ne reverrait sûrement jamais par la suite. Il préféra la douceur de la belle brune par la suite, cette caresse sur sa joue. Tout était si naturel entre eux. Ian finit par se lever et l’embrassa avant de rejoindre le lit de cette dernière. Il ne mit pas longtemps pour sombrer dans les bras de Morphée, mais ce fut un repos de courte durée. Il se réveilla en sursaut au milieu des draps, la respiration haletante. Il se passa une main sur le visage, avant de poser les pieds à terre, la tête entre ses mains, le temps de renouer avec la réalité. Il remit ses chaussures et enfila à sa veste, tout en appelant « Eli ? » dans l’appartement. Sans réponse. Un froncement de sourcils, et s’avança lentement dans l’appartement pour finalement apercevoir le post-it. Elle était partie faire des courses.

Il entendit la porte s’ouvrir et se hâta jusqu’à cette dernière pour l’aider, récupérant les deux sacs « Tu as dévalisé le magasin ? » et les déposa sur l’établi de la cuisine, avant d’entourer la taille d’Eli de ses bras « Je vais me reprendre. J’ai eu un moment de panique tout à l’heure, mais je vais me reprendre. Je veux que tu puisses compter sur moi. D’accord ? » et déposa ses lèvres dans son cou, avant de se charger de défaire les sacs de courses « Tu as prévu de faire la cuisine ce soir ? » et fronça les sourcils, non sans un sourire en coin « Tu sais cuisiner au fait ? ». Il l’observa évoluer dans la cuisine. Comme si rien n’était nouveau. Il laissa glisser ses yeux sur son corps, puis finit par poser son dos contre l’établi, croisant les bras, arborant toujours ce petit sourire espiègle « Je peux te poser une question ? » et finit par demander « Est-ce que tu veux sortir avec moi ? Parce qu’on a baisé toute la nuit et… Je ne sais pas, je me posais la question ».

« -quoi ? » elle avait plissé les yeux et avait souri en même temps. « -non on va pas s’engueuler ! » bon d’accord, avec elle, c’était parfaitement possible. Elle avait toujours cette sensation de trahison, et l’entendre trouver des excuses à Brennan, ça n’était pas exactement ce qu’elle voulait entendre. Solidarité masculine ? Mouais… peut-être… ou alors Ian était capable de prendre plus de recule quelle. Cependant, il ne connaissait pas l’agent de liaison comme elle. « -ouais… ouais on va faire ça. » c’était mieux. « -je me prendrais la tête avec lui, pas avec toi. » il y avait de l’évolution du côté d’Eli. La belle brune laissa Ian aller se coucher. Il avait besoin de repos. De son côté, ça allait devoir attendre un peu. Même si elle paraissait sereine, il n’en était rien. Elle avait besoin de réfléchir, de se calmer aussi de l’intérieur. Alors elle prit le temps de savourer les rayons du soleil, de fumer une, puis deux, puis trois clopes… tout en essayant de ranger le bordel dans sa tête.

En le regardant dormir là dans ses draps, elle ressentit une grande culpabilité. Alors elle décida de sortir, pour se changer les idées. Tout en se rendant à l’épicerie, elle ne cessait de penser à Jebediath. Elle l’avait hurlé à Brennan, cela faisait treize ans qu’il était décédé. Pourtant, elle souffrait toujours de son absence. Elle ne cessait de se demander si elle avait le droit de lui trouver un remplaçant… d’être heureuse sans lui, avec un autre homme. Eli détestait ces pensées, parce qu’elles refaisait surface de temps à autres… qu’elle lui mettait le spleen. En choisissant des tomates, elle observa un couple qui semblaient incapable de respirer sans la bouche de l’autre. Est-ce qu’ils étaient capable d’être vraiment heureux avec Ian ? Ils se connaissaient sans vraiment se connaitre… Et puis elle avait souri… elle s’était sentie si bien cette nuit avec lui. Pas seulement pour le sexe. Elle s’était trouvée belle dans ses yeux, elle qui se détestait depuis si longtemps…

Eli eut la même sensation, cette sorte de confirmation lorsqu’il lui saisit les sacs de courses des mains. « -c’est moi qui t’es réveillé ? » grimaça la jeune femme désolée d’avance si c’était le cas. « -ba il parait que mon frigo en avait besoin… » commenta Eli en souvenir de ce asse dalle rapide qu’il avait fait avec les moyens du bord. Elle le laissa s’occuper des sacs, refermant la porte à clé, retirant sa veste. Elle pencha la tête sur le côté lorsqu’il entoura sa taille de ses bras. Pas de sourire, mais un froncement de sourcils. « -j’en ai jamais douté Ian… » articula la jeune femme avec lenteur. Elle n’avait pas besoin d’être rassuré là-dessus. Elle lui faisait confiance. Elle piocha dans le premier sac, et commença à ranger : « -oui, c’était l’idée… » moins il y avait de va et viens à son appartement, mieux c’était. Donc pas de livraison. « -c’est quoi ce sourire ? » elle ouvrit de grands yeux en souriant : « -je sais cuisiner ! Tu t’imagines le contraire avoue ! » non mais sérieusement ! « -tu peux aussi m’aider à ranger. » répliqua Eli alors qu’il venait de se poser pour la regarder faire. Elle referma la porte du frigo avec lenteur, avec un sourire lumineux sur le visage. Elle se rapprocha de lui et vint passer ses bras autour de son cou : « -je sais pas trop… ça inclus quoi si j’accepte ? » ça faisait du bien de faire semblant de rien. De ne pas penser au bureau, à la CIA, à la pression qui pesait sur eux.

Ian comprit à ses dépens que le sujet concernant l’agent Brennan n’était peut-être pas à aborder dans l’immédiat. Eli éprouvait toujours une certaine amertume à l’égard de son supérieur. Mais aussi légitime puisse-t-elle être, il percevait la situation sous un angle différent. Pour lui, l’agent Brennan avait simplement voulu protéger celle qu’il considérait sûrement un peu trop comme sa fille spirituelle. Néanmoins, il ne comptait pas poursuivre la conversation avec Eli dans l’immédiat. C’était trop prématuré. Toutefois, Ian ne put retenir une expression de surprise sur son visage. Depuis quand ils ne se disputaient plus pour si peu ?! « C’est bien une première » osa-t-il donc lui faire remarquer, tout en décidant que le sujet abordé ferait dorénavant partie des conversations sensibles. Eli confirma. Ce qui le fit sourire avec un certain amusement « J’aime quand tu me cries dessus, tu sais ». Il n’avait aucun mal à se souvenir de la tension sexuelle qui s’élevait lors qu’ils se disputaient. L’un et l’autre savait qu’il suffisait d’un rien pour qu’ils s’embrassent à pleine bouche. Ils n’avaient jamais succombés dans un tel moment, finalement. Maintenant, ils n’auraient plus à refreiner leurs envies. C’était de l’histoire ancienne. Épuisé par les derniers évènements, Ian fit le choix de retrouver les bras de Morphée dans le lit de la belle brune. Et sans cet affreux cauchemar, il dormirait sûrement encore au moment où la jeune femme rentra des courses, les bras chargés. Il se saisit de son fardeau, pendant qu’elle s’afférait à fermer à double-tour la porte d’entrée « Non. Un mauvais rêve. Tu es partie depuis longtemps ? » demanda-t-il tout déposant les sacs de course sur l’établi de la cuisine « Le mot est faible » précisa-t-il avec un sourire en coin. Le rangement allait attendre encore une minute ou deux. L’agent avait besoin de se confier à la belle brune, entourant sa taille de ses bras « OK… Parce que tu as l’air si… forte, et moi à côté… » et lui sourit tout en détachant d’elle « Je voulais juste que tu saches que je serais à la hauteur » et lui adressa un clin d’œil avant de ranger quelques courses.

Un regard pour Eli qui semblait décidée à cuisiner. Ce qui le poussa à s’interroger sur ses talents culinaires. Il n’avait jamais imaginé la jeune femme cuisiner, ou même qu’elle sache cuisiner. Son sourire en coin trahissait le fond de sa pensée, et réprima un petit rire « Oh rien ! » et comprit bien vite ce qu’il laissait sous-entendre par sa question « Je t’imagines plus commander des repas chez le chinois du coin, et manger les restes le lendemain » et leva les mains « Mais je me trompe apparemment », avant de poser son dos contre l’établi de la cuisine, les bras croisés, en l’observant avec toujours ce même sourire sur les lèvres « Je peux aussi, oui ». Mais avant, il avait une question à lui poser. Est-ce qu’elle voulait sortir avec lui. Ian décroisa ses bras quand la jeune femme vint se blottir contre lui, ses mains jointes dans sa nuque. Il entoura sa taille pour la serrer un peu plus contre lui, alors qu’il sentait son sourire s’agrandir à cette question à laquelle il ne s’était pas attendue le moins du monde « Eh bien… Hum… » et leva les yeux au plafond pour réfléchir, avant de croiser à nouveau ses prunelles sombres « Du sexe. Oui, beaucoup de sexe » et ouvrit de grands yeux, avant de rire et poursuivit « Des soirées à regarder un film tous les deux… Des disputes aussi… On pourrait aussi préparer le dîner ensemble…. Des brioches. Oui, beaucoup de brioches… Des nuits dans mes bras… Des rires parce que j’aime vraiment t’entendre rire… Des mots doux. Oui, on peut ajouter ça aussi à l’offre, du genre : Tu as un très joli cul ou… » et réfléchit de nouveau « Ou bien tu es la plus belle chose qui me soit arrivée depuis longtemps » et ajouta « Tout ça pour seulement 19 dollars 95 par mois. C’est une offre à ne pas rater ».

« -je sais… mais là… c’est pas vraiment le moment… » Elle n’était pas certaine que c’était ce dont Ian avait besoin. « -et oui, j’ai le droit de choisi quand je te cris dessus ou pas… » s’amusa Eli. L’homme qui se trouvait juste là à côté d’elle, avait besoin de dormir pour avoir les idées plus claires. Rien d’autre. Ce n’était pas à lui de subir le caractère de merde d’Eli, mais bien à Brennan. Aucun raison donc, qu’elle s’en prenne à lui. Elle le laissa dormir et décida d’aller faire quelques courses. Rester enfermer, ça n’était pas son truc. Et puis… comme lui, elle avait besoin d’être seule pour faire le point.

Lorsqu’elle rentra à l’appartement, les bras chargés, son cœur se gonfla en le voyant presque accourir pour l’aider. Il était là… « -un mauvais rêve ? » demanda la jeune femme alors qu’il ne lui pique les paquets des bras. Ça ressemblait presque à un échange alors qu’elle rentrait du travail… Le petit sourire qu’il avait au coin des lèvres lui prouvait qu’il allait déjà mieux. Elle en éprouva une certaine sorte de soulagement. Est-ce qu’il l’avait senti ? Pourquoi est ce qu’il se senti obligé de lui préciser qu’il allait se reprendre et assurer lui aussi. Est-ce qu’elle avait laissé sous-entendre qu’elle doutait de lui ? « -si c’est pour dire de la merde, la meilleure option s’est de te taire, tu le sais ? » merde, ils n’allaient pas se laisser abattre moralement. Elle fixa Ian du regard quelques secondes, presque avec gravité. « -je sais Ian. » c’était lui qui était en plein doute, pas elle. Eli croyait en lui, en ses capacités. Ce n’était pas parce qu’il avait posé un genou à terre qu’elle allait le jeter ou le juger. Il était humain. Au même titre qu’elle.

Elle apprécia de voir qu’il allait mieux, au point de se mettre à la taquiner au sujet de ses talents en cuisine. « -alors je vais pas mentir, je suis pas derrière la cuisinière tous les soirs et j’irais pas ouvrir un restaurant. J’adore la pizza, pas trop le chinois. » un haussement d’épaule. La question d’Ian la fit sourire. C’était presque enfantin comme demande. Comment ne pas passer ses bras autour de son cou et demander des précisions, juste pour profiter du moment. Elle se pinça les lèvres en souriant : « -hum… c’est plutôt intéressant ça… » minauda la jeune femme. « -oui j’ai cru comprendre que ça te tenait à cœur. » commenta Eli au sujet des disputes. « -oh parce que tu vas m’aider ? » elle souriait de plus en plus, amusée de tout ça. « -non ! Je vais prendre du cul après ! » cette fois elle rit, avant de sourire en penchant la tête sur le côté. Il aimait l’entendre rire ? Vraiment ? Son rire redoubla à l’annonce du prix de l’offre. « -ah pour ce prix-là comment résister ?! » elle posa ses lèvres sur celles d’Ian toujours avec ce sourire aux lèvres. Elle eut envie de revenir sur cette histoire de mauvais rêve, mais se dit que ça serait pour plus tard. Elle n’avait pas envie de gâcher ce moment. « -donc m’a réponse est oui… j’ai envie qu’on essaie, pour voir ce que ça peut donner… » encore une fois, pas de promesses. Au fond d’elle-même, Eli savait parfaitement que Brennan avait raison. Elle était instable… « -je peux pas te promettre que ça sera facile tout les jours… finalement on se connait encore assez peu… » même s’ils avaient évoqué leur plus gros traumatismes. « -ta main ça va ? » demanda la jeune femme en penchant le visage, même si les mains d’Ian étaient dans son dos. « -et du coup, toi tu sais cuisiner autre chose que des sandwich ? » demanda Eli avec un petit ton moqueur.

Pas le moment… Ian n’avait pas besoin davantage d’explications pour comprendre que c’était de lui qu’elle parlait. La jeune femme avait raison. Ce n’était pas le moment opportun pour une dispute. Pas dans son état actuel. Il esquissa un sourire de convenance en soufflant un simple « Tu as raison… ». Eli tentait de le préserver au mieux. C’était une décision avertie. Il était suffisamment épuisé et submergé par les derniers évènements pour être capable d’endurer une dispute avec la jeune femme sur un sujet qui ne le concernait aucunement, en finalité. « Très bien Madame » conclut-il avant un dernière étreinte, un dernier baiser. Il prit ensuite la décision de rejoindre la chambre de cette dernière pour dormir quelques heures, ou en tout cas caresser le doux espoir de parvenir à fermer l’œil plus d’une heure ou deux. C’était également une manière pour lui de s’isoler du monde extérieur, et notamment de la jeune femme. Ressassant les derniers évènements tout en fixant le plafond de la pièce, l’agent ne s’était pas sentit sombrer dans le sommeil. Le repos fut de courte durée, réveillé brusquement par un mauvais rêve, tel qu’il le mentionna à Eli lorsqu’elle revint à son appartement, les bras chargés de course. Tout en se saisissant du fardeau, il répliqua un « Ce n’est rien ». Il ne souhaitait pas l’importuner pour un cauchemar. Ce n’était pas le premier, et ça ne serait pas le dernier. Il déposa les sacs sur l’établi et se rapprocha ensuite d’Eli parce qu’il avait besoin de lui parler, de la rassurer également. « C’est important pour moi, Eli » répliqua-t-il alors que cette dernière ne trouvait pas pertinent qu’il la rassure sur ce point. Elle avait confiance en lui et en ses capacités d’agent de terrain. Un hochement de tête suivit et il décida de l’aider un temps pour ranger les courses.

C’était l’occasion pour en savoir un peu plus sur la jeune femme dont il ignorait finalement tant de choses. Est-ce qu’elle aimait cuisiner ? Est-ce qu’elle savait cuisiner également ? Cela pouvait paraître anodin, mais pour lui, ça ne l’était pas. Il ne connaissait finalement que la femme capable de braquer son arme sur un inconnu, et qui le soir venu, jouait une partie de poker avec des russes à deux heures de route de Washington, dans un lieu sans âme qui vive à plusieurs kilomètres à la ronde. Maintenant, Ian voulait apprendre à connaître également la femme derrière le semi-automatique. Eli décida de répondre à ses interrogations sans fioritures pour l’impressionner. De toute manière, ce n’était pas nécessaire. « J’ai pu comprendre que tu étais plus adepte de la cuisine italienne » et ajouta « De temps en temps, tu aimes prendre le temps de cuisiner ? ». Il finit par poser son dos contre l’établi, les bras croisés, pour l’observer ranger les dernières courses, et finit par lui demander si elle voulait sortir avec lui. Tel un adolescent. Mais cela eut l’effet escompté car la jeune femme se rapprocha, nouant ses bras autour de son cou. Il passa alors les siens autour de sa taille et énuméra tous les avantages à accepter. Le sexe, dans un premier temps. Ce qui la fit aussitôt réagir et le fit sourire « Je trouve aussi » et poursuivit pour évoquer les disputes « C’est important qu’on se dispute. Ça a un lien avec le sexe, je t’expliquerais » et continua, jusqu’à évoquer les brioches « Ton cul est parfait ». Puis il y avait son rire. Ce joli rire qu’il avait que trop peu entendu. Elle était réellement la plus belle chose qui lui soit arrivé depuis des années, et il ne souhaitait pas la laisser filer. Ian la couva tendrement du regard quand ce beau rire résonna dans la pièce, le faisant aussitôt sourire, de ce sourire amoureux « Tu ne peux pas » répliqua-t-il, et lui rendit son baiser.

En entendant la confirmation de la belle brune, Ian sentit son cœur bondir dans sa poitrine « Cette réponse me rend heureux » répliqua-t-il sans se départir de son sourire, tout en continuant de l’écouter. Elle le mettait en garde sur les hauts et les bas de cette relation « Ça tombe bien, je n’ai jamais aimé les promesses » signifiant qu’il savait pertinemment dans quoi il s’engageait et n’avait pas peur. « J’ai toujours un peu mal, mais je devrais survivre ». Il émit à son tour un rire sincère « Moque-toi ! Ils étaient très bons ces sandwichs » et ajouta « Tu sauras très chère, que je suis un professionnel des gnocchis maison, ainsi que des aubergines au parmesan ! » et poursuivit « Et quand je parle des aubergines, je parle bien évidemment du légume et pas de ma … » et se tut de lui-même en l’embrassant, avant de lui demander, toujours sourire « Tu as fait des courses avec une idée particulière pour le dîner ou tu as mis tout un tas d’aliments dans le chariot sans réfléchir ? ».

A peine était elle revenue à l’appartement, qu’Ian revenait sur le sujet. Elle pensait que les quelques heures de sommeil lui aurait fait du bien. De son point de vue, il n’avait pas à la rassurer outre mesure. Elle savait de quoi il était capable. Elle savait qu’elle pouvait lui faire confiance. Oui, elle savait ! Elle n’avait pas douté. C’était lui qui semblait en proie aux doutes. « -d’accord… » avait elle finit par répondre. Maintenant qu’il avait précisé, le sujet était clos. Tout le monde avait droit à un léger passage à vide, agent fédéral inclus.

Le reste de la conversation s’orienta sur des choses plutôt classique et basique. Est-ce qu’elle était bonne cuisinière, est ce qu’elle aimait cuisiner ou capable de cuisiner quelque chose. Ça sonnait plutôt comme ça d’ailleurs ! Eli s’en amusa. Elle ne voulait pas de prise de tête. Pas maintenant. De plus, pourquoi être susceptible sur quelque chose qui était à moitié vrai. Elle apporta quelques précisions. Non, elle n’était pas un cordon bleu. Sa mère avait bien d’autre chose à faire que de lui apprendre la cuisine, lorsqu’elle était plus jeune. Ensuite… et bien elle était rapidement devenue agent, alors… non, elle ne passait pas son temps en cuisine. « -oui… ça me permets de revenir à la vie normale. » répondit la jeune femme. « -je passe la plus part de mon temps en infiltration. Ça veut dire sous tension, à devoir tout le temps être sur mes gardes. Enfin tu sais ce que c’est… alors cuisiner, ça donne un semblant de normalité dans une vie qui ne l’ait pas. » ainsi elle devenait durant quelques heures, juste madame tout le monde.

Et puis Ian posa sa question et elle ne résista pas bien longtemps pour venir se coller à lui. Sa façon d’étoffer sa demande la fit sourire. D’amusement mais aussi avec beaucoup de tendresse. « -je veux bien des explications oui… » elle avait la sensation que rien ne pouvait les atteindre, la tout de suite. C’était appréciable. Vraiment. « -le tiens est pas mal non plus. » répliqua Eli du tac au tac. Elle accepta sa demande, même si elle ne pouvait promettre une histoire pleine de je t’aime et de pétales roses. Ils le savaient l’un comme l’autre, ça ferait des hauts et des bas. Il y aurait des flammes aussi… mais ils étaient prêt à tenter l’aventure. « -parfait alors… » elle s’inquiéta ensuite de sa main blessée et sourit à sa réponse. « -quoi ?! Je me moque pas ! Tu as été un magicien ! Faire ça avec le peu que tu avais sous la main, ça relevait de l’impossible ! » elle écarquilla les yeux : « -ah wahou… on joue pas dans la même cours, je te préviens tout de suite. » ça devait prendre des plombes pour faire ce genre de plats. « -et ça se mange de la même manière ? » demanda Eli avant de reculer et de reprendre le rangement des courses, qui n’allaient pas le faire toutes seules. Elle regarda ce qu’il y avait dans le sac et répondit : « -heu… et bien… » elle fit une petite grimace. « -pas vraiment… j’avais pas de plan d’action… mais il y a des tomates… du poulet… de la crème… » elle releva les yeux sur Ian. « -on va se débrouiller avec ça. » un léger haussement d’épaules avant de ranger quelques trucs dans le frigo. « -ça fait un millénaire que je n’ai pas mangé de façon saine… » et ça ne pourrait que lui faire du bien de manger des légumes… « -j’ai bien fais de te laisser un petit mot avant de partir… je voulais pas te réveiller juste pour te dire que je sortais. » il s’était visiblement réveillé d’un coup, et l’avait probablement chercher.

Peut-être que c’était une mauvaise idée, que c’était naïf de penser ainsi, mais Ian avait envie de croire qu’ils avaient le droit à quelques instants de répits, de vie normale. En tout cas, c’était l’impression qu’il éprouvait alors qu’ils rangeaient tous les deux courses, dans cette cuisine, en évoquant les talents culinaires d’Eli. Bien évidemment, leurs métiers n’étaient jamais loin, même au cours de leur conversation. Mais il voulait sincèrement croire que c’était possible, et il avait la sensation qu’il n’était pas le seul à ressentir ce même désir d’une vie simple, de temps à autre. « Un instant de répit que tu t’autorises de temps à autre. Je comprends ». L’avantage, quand vous exercez le même métier, c’était que la compréhension était plus simple. Un détail qui lui avait toujours fait défaut avec son ex-femme. Elle n’avait jamais compris l’importance des Marines dans son quotidien, ni même pourquoi il prenait de tels risques alors qu’il aurait pu être ouvrier, plombier ou bien enseignant. Et peu importe les arguments qu’il pouvait tenir, l’incompréhension était de mise. Ça avait mené leur relation à sa perte. Alors qu’avec Eli, tout était différent. Elle comprenait le quotidien d’un agent, le danger permanent, les déplacements, ce goût du risque. Ils pouvaient en parler librement. Ils se comprenaient, parce qu’ils partageaient le même quotidien. Pas de reproches. Il n’y en avait aucun à faire. Ils vivaient avant tout pour leur carrière… Même si depuis quelques temps, cela avait changé pour Ian. Il aspirait à ne pas vivre uniquement pour le FBI, mais aussi pour la jeune femme. Il aspirait à construire une vie à deux. Alors il lui vanta tous les avantages à accepter sa proposition de sortir avec lui.

Le sourire aux lèvres, ses bras autour de sa taille, Ian se plaisait à trouver des arguments en sa faveur et à entendre Eli commenter chacun d’entre eux. Tout comme cette nuit, il avait la sensation d’être hors du temps. Dans une bulle aseptisé du monde extérieur. Rien ne comptait, excepté eux deux. Bien évidemment, il avait conscience que la réalité finirait par les rattraper tôt ou tard, au cours d’un appel ou d’une transaction de dernière minute, mais pour le moment, l’agent souhaitait l’ignorer et seulement profiter. Aucun d’eux n’était assuré de vivre encore demain, alors Ian souhaitait vivre l’instant présent tel qu’il se présentait. « Ça va rendre le sexe encore plus torride » répliqua-t-il avant de poser son index sur ses lèvres « Mais chut », et joignit de nouveau ses mains dans son dos. « Maintenant que nous deux, c’est fait. Tu peux me l’avouer. Tu l’as souvent maté, n’est-ce pas ? » demanda-t-il en posant un regard inquisiteur sur elle, contrastant avec le sourire taquin qu’il arborait. Eli acceptait de leur offrir une chance. Pas de contes de fée. Des hauts et des bas, et peut-être plus de bas que de hauts, mais Ian s’en moquait. Ils étaient tous les deux abimés et brisés par la vie. Il ne faisait aucun doute que ça se répercuterait tôt ou tard sur leur relation, mais la vie était faite d’expériences, et il avait envie de vivre celle-ci pleinement avec elle.

« Tu es sûre de ça ?! » finit-il par demander en parlant en même temps qu’elle et acquiesça de la tête « C’est peu dire ! ». Oui, il était parvenu à cuisiner des sandwichs avec un rien. Il avait fait un véritable miracle la veille au soir. Toutefois, lorsqu’il avait les ingrédients nécessaires, il aimait cuisinier. Une révélation qui surprit Eli, alors il se justifia « Ma grand-mère m’a appris à cuisiner. Elle me disait qu’un homme devait savoir tenir une maison aussi bien qu’une femme. Ça allait de l’entretien de la maison à apprendre à cuisiner ». Il avait donc appris à cuisiner. Des souvenirs qui lui étaient chers. Il se plut à comparer l’aubergine à sa virilité, sans pour autant la mentionner, et à sa question, il se mit à rire « Il y en a une que tu peux mordre, mais pas l’autre ». Il la laissa se détacher de lui, et l’aida à ranger le restant des courses, tout en lui demandant si elle avait une idée pour le diner de ce soir. Et à sa réponse, il devina aisément que la réponse était négative « On va trouver » et lui jeta un coup d’œil au-dessus de la porte du réfrigérateur « Ton estomac va réussir à accepter de manger des légumes ? » en se moquant gentiment de cette dernière. « Je me suis un peu inquiété en ne te voyant pas dans l’appartement, puis j’ai vu ton mot et tu es arrivée presque aussitôt ». Il lui sourit et ajouta « Je t’aurais appelé le cas contraire. Enfin, je veux dire, avant d’ameuter toutes les forces de police du pays ». Il plaisantait, bien évidemment. « Pourquoi tu n’es pas venu dormir un peu avec moi tout à l’heure ? » et ajouta « Ne me dit pas que tu n’es pas fatiguée après la nuit qu’on a passé ».

Ils avaient besoin de retour à la normal. Entre la soirée de la veille – pas le sexe mais la possible mort d’Ian – puis le reste de la soiée – le sexe cette fois-ci – et tout le reste… trop… trop de trop. Eli voulait qu’ils passent une soirée tranquille, un peu comme si ils n’étaient pas agents, et encore moins infiltrés au milieu de terroristes. Elle voulait mettre entre parenthèse tout ça durant quelques heures encore. Juste faire la cuisine, discuter, même si forcement parfois ils devaient évoquer ce qu’ils étaient vraiment. Ian comprenait ce besoin de normalité. Elle eut envie de lui demandé ce qu’il faisait réellement au FBI, l’infiltration ne devait pas être son activité principale. Mais elle préféra lui sourire.

L’un comme l’autre avaient très envie de poursuivre cette aventure entre eux. De découvrir ce que cela pouvait donner. Même si ça ne serait pas un long fleuve tranquille. Cela ne semblait pas faire peur à Ian, qui au contraire projetait des disputes afin de mieux s’envoyer en l’air par la suite. Il avait raison, cela avait toujours créé une sorte de tension sexuelle entre eux. « -ouais, mais ça venait aussi du fait qu’on n’avait pas le droit de toucher… » précisa Eli. Peut-être que maintenant qu’ils avaient franchit la ligne, ça serait différent. « -ouais… c’est vrai. » avoua Eli sans avoir besoin de passer la torture pour cela. « -c’était la seule chose que je pouvais faire ! Mater et fantasmer… » et elle n’était pas la seule dans ce cas. Elle le savait, pas besoin de poser la question.

« -mais oui ! Tu as fais l’effort de faire à manger ! Je vais quand même pas me moquer ! » elle ne cessait de dire à cet instant, adorant cet échange. Eli plissa les yeux en l’écoutant parler de sa grand-mère. « -une femme sage ta grand-mère… » précisa Eli même si Ian ne devait pas en penser moins. « -tu fais aussi le ménage… très intéressant ça… » s’amusa Eli, même si elle ne perdait pas son temps avec ça, et que quelqu’un était payé pour le faire dans son véritable appartement, où elle n’était jamais. Un rire au sujet de la dégustation des aubergines, puis elle reprit la rangement des courses. Un sourire tendre alors qu’il se moquait gentiment d’elle. « -ça lui fera pas de mal en tout cas. « -j’ai bien fais… » maintenant qu’il savait qui elle était vraiment, si jamais elle venait à disparaitre, il ferait rapidement un signalement, c’était certain. Alors oui, elle avait bien faire de griffonner ce petit post-it avant de s’absenter. Eli baissa les yeux sur ce qu’elle avait entre les mains avant d’approcher du frigo, et surtout de répondre à sa question. « -tu avais besoin de repos, j’allais faire que tourner et retourner dans les draps… donc te gêner plus qu’autre chose. Et tu m'as dis que tu avais besoin d'être seul. » elle posa ce qu’elle avait dans les mains dans le frigo, puis ajouta : « -je suis pas quelqu’un qui a besoin de ses sept heures de sommeil pour être bien. » un léger haussement d’épaules. « -j’avais besoin de réfléchir… je dormirais ce soir. » en soit, rien de grave. Elle soupira. Ils allaient devoir en parler quand même. Mais ils pouvaient en parler tout en cuisinant, comme si ils avaient des jobs normaux. « -je me pose trop de questions. J’irais voir Brennan demain, sinon ça va me prendre la tête. »

La normalité était une denrée rare dans leurs domaines. Alors, lorsqu’ils parvenaient à ce que cela devienne presque concret, ils en savouraient chaque instant. Un peu comme maintenant. Ranger les courses, discuter du repas du soir, s’enlacer entre deux sacs à vider pour seulement discuter. C’était précieux aux yeux de l’agent, de partager tout cela avec Eli. Ils ignoraient de quoi serait fait demain, alors ils savouraient le moment présent, parce que c’était le seul à compter finalement. Comme l’idée qu’ils pourraient peut-être envisager de construire une histoire à deux. Cela pouvait paraître presque utopique. Après tout, rien ne leur assurait qu’ils survivraient à cette opération, qu’ils en sortiraient, ne serait-ce qu’indemne. Mais aujourd’hui, ils avaient d’y croire. Ils avaient envie d’envisager leur relation sans cette Épée de Damoclès au-dessus de leurs têtes. De toute manière, s’ils le faisaient, rien de tout cela ne se serait produit entre eux, et ils ne parviendraient jamais à être heureux. Ian voulait donc des étreintes sous les draps, des disputes, et des mots doux inopinés au cours de la journée. « Nous n’avons toujours pas le droit de nous toucher ». Au sein de la cellule, ils n’étaient que deux coéquipiers. Ils allaient de nouveau éprouver cette frustration. Pas de regards trop appuyés, d’effleurement, et encore moins envisager de s’envoyer en l’air sur le bureau parce qu’ils avaient eu un mot plus haut que l’autre. Ils n’auraient d’autres choix que de patienter jusqu’au soir venu, ou de se montrer particulièrement inventif. Ce qui allait être aussi frustrant que grisant. Cela ne faisait aucun doute. « Maintenant, tu peux mater, fantasmer et toucher ». Cet aveu ne surprenait aucunement l’agent. Il savait qu’elle avait fantasmé sur lui lorsqu’elle avait eu cette aventure d’un soir avec cet inconnu. Alors il ne faisait aucun doute que ça n’avait pas été l’unique fois qu’elle avait osé un regard en sa direction, en désirant lui retirer ses fringues.

« Humhum… Non mais je te crois… mais tes yeux ont dit le contraire » répliqua-t-il en acquiesçant pour son propre argument. C’était léger et plaisant. Ian la rassura toutefois sur ses talents culinaires. Cela ne se résumait pas uniquement aux sandwichs. Sa grand-mère, qui l’avait recueillit chez elle pendant presque dix années, avait fait en sorte de lui inculquer des valeurs qui lui tenaient toujours à cœur. « Tu l’aurais beaucoup aimé. Elle aussi ». Elle avait toujours apprécié les femmes de caractère. « Tu es en train de mettre en place une sombre machination qui consisterait à troquer du sexe contre un coup… de balai. Oui, un coup de balai » répliqua-t-il en esquissant ce petit sourire espiègle qui trahissait ses pensées. Ce fut au tour de Ian de se moquer de la belle brune qui n’était pas coutumière des légumes. Elle risquait de surprendre son organisme ce soir. « Les frites, c’est bon aussi ». Un regard pour Eli ensuite, et il acquiesça simplement pour seule réponse. Oui, Eli avait été perspicace en lui laissant un post-it pour mentionner son absence. Maintenant qu’il savait qu’elle était agent de la CIA, il aurait eu tendance à alerter Brennan. Néanmoins, la jeune femme aurait pu également le rejoindre, mais n’en avait rien fait. Ce qui piqua la curiosité de l’agent. « On aurait tourné ensemble » en sous-entendant qu’ils auraient sûrement fait une toute autre activité que dormir si elle l’avait rejoint. « Tu n’as pratiquement pas dormi cette nuit… » lui rappela-t-il à son bon souvenir, avant de finalement obtenir la véritable raison. Elle aussi, elle avait eu besoin de réfléchir « A quoi avais-tu besoin de réfléchir ? » osa-t-il donc poser la question. Elle était libre de lui répondre ou non. Quand elle évoqua Brennan, il comprit « C’est le seul à pouvoir te rassurer ». C’était la vérité. Il jeta les sacs papiers dans la poubelle, et se tourna en direction de la belle brune « On a encore trois bonnes heures avant le dîner. Tu veux qu’on parle de l’opération ? ».