Un soulagement profond força Eli à fermer les paupières en entendant la confirmation d’Ian. Robby n’était plus de ce monde. Que pouvait-elle dire d’autre qu’un : « -merci… » Elle aurait souhaité qu’Ian n’ait pas à le faire. Mais ils en avaient parlé ensemble et ils étaient d’accord sur le fait que cet homme, cette ordure, devait mourir. C’était chose faite. Eli avait bien d’autres questions, mais elle n’avait pas envie de les pose maintenant. Elle n’avait pas envie de repenser à tout ça. Pour le moment, elle voulait simplement savourer leur retrouvaille. Et le fait qu’ils s’en soient sorti l’un comme l’autre.

Eli avait la sensation de revenir à la vie. La présence d’Ian lui faisait du bien. Rire lui faisait du bien. Elle aimait l’entendre lui dire ces mots et se foutre gentiment de lui. « -continue alors… j’adore ça… » c’était comme une douce mélodie à ses oreilles. Ces mots, elle les avait lu sur le post it qu’il avait caché dans la poche de sa veste. Elle les avait prononcé pour lui alors qu’elle pensait mourir. Là maintenant, blottit l’un contre l’autre dans ce lit d’hôpital, elle pouvait lui répété parce qu’elle allait vivre. Sans croiser la route d’Ian, elle aurait choisi de sauver le reste du monde, elle aurait probablement tenté de fuir malgré sa blessure, le plus loin possible, afin que la bombe explose sans faire trop de dégât. Mais lorsqu’elle avait su qu’il était là, si proche… elle avait eut peur de mourir, pour la première fois. Peur de ne plus jamais pouvoir le voir, le toucher, entendre sa voix…

Eli fut touchée de voir son supérieur apporter des fleurs. Ce n’était pas dans leurs habitudes. Il le faisait seulement lorsqu’elle passait trop prêt de la mort. Toujours les mêmes fleurs… Elle fut également reconnaissante qu’il décide de leur laisser un peu de temps. Parce qu’il aurait pu faire un retour à chaud sur ce qu’ils venaient tous de vivre. Mais elle avait besoin de repos. Elle ne mit pas longtemps à s’endormir aux creux des bras d’Ian, juste après ces paroles rassurantes. C’était terminé. C’était du passé…

Un passé qui malgré tout laissait des traces. La cicatrisation de la blessure prenait du temps. Sans compter qu’elle avait bien du mal à poser le pieds à terre sans qu’une vive douleur se pointe. Elle avait voulu sortir plus tôt. Brennan avait déchiré les papiers de décharges qu’elle avait signé. C’était en marchant avec une béquille pour s’aider qu’Eli sortait aujourd’hui. Et surtout en serrant les dents. Mais elle avait besoin de quitter cet endroit. « -oui. » avait elle répondu en enfilant sa veste avec lenteur. « -oui… » avait elle ajouté avec une légère pointe d’agacement. Ce n’était pas contre Ian, elle voulait seulement partir d’ici et que tout le monde lui foute la paix cinq minutes. Agent Griffins, vous devez vous reposer. Agent Griffins, rallongez-vous. Agent Griffins, rester tranquille. Merde à la fin. Elle s’apprêtait à répondre un autre oui un peu plus mordant mais elle n’avait pas envisagé cette question. Alors elle s’était retournée pour regarder Ian, lui avait sourit avec douceur et répondu de la même façon : « -oui. » seule chez elle, ça n’irait pas. Elle n’avait pas envie d’être loin de lui d’ailleurs. Elle redoutait également qu’il soit seul… Ce qu’ils avaient vécu, ce n’était pas rien.

« -c’est bon, je m’en vais ! Vous allez être soulagé ! » clama la jeune femme en passant devant les infirmières. « -on va s’ennuyer surtout avec patients sages ! » « -ahah ! Merci pour tous. » elle leur adressa un dernier sourire, avant de serrer les dents pour se rendre jusqu’à la voiture. Non, elle ne voulait pas sortir d’ici en fauteuil roulant ! Oui, elle avait mal. Oui, ça jouait sur son mauvais caractère. Une fois assise dans la voiture, elle reprit son souffle en posant la tête contre le siège. « -t’as pas mieux comme déclaration d’amour ? Parce que ça me donne pas du tout envie de t’arracher ta chemise… » ironisa Eli. « -ça va. Je te le ferais savoir si ce n’est pas le cas. » elle n’avait pas besoin d’une baby-sitter. « -et puis si je tourne de l’œil tu seras là pour me rattraper. » un sourire. En arrivant devant l’agence, elle inspira profondément. Elle avait des questions. Mais elle avait aussi des craintes. « -penses à mon cul en bikini si jamais tu perds ton calme d’accord ? » Dwayne serait présent, elle savait parfaitement qu’il n’allait pas leur faire d’éloge. Elle eut la sensation de mettre trois heures à arriver dans les bureaux. Et lorsque Brennan ouvrit la porte de la salle de réunion, elle était livide. Cependant, elle attendit sagement qu’on l’autorise à s’asseoir.

Ian savait que la jeune femme n’était pas dans son élément, enclavée dans sa chambre d’hôpital sans pouvoir en sortir selon son bon vouloir. Ce qui engendrait une relation complexe avec le personnel soignant qui n’avait pas su appréhender la personnalité de la belle brune, exigeant de cette dernière qu’elle agisse comme une patiente exemplaire. Sans compter que l’agent Brennan s’était opposé à une sortie anticipée de son agent. Elle devait se reposer et accepter les soins prodigués. Donc pour éviter qu’elle soit également accablée par la solitude qu’offrait cet endroit, Ian avait passé le plus clair de son temps auprès d’Eli, et aujourd’hui, c’était sa dernière visite. Elle rentrait avec lui. Après un détour par Langley. Il aida la belle brune à rassembler ses effets personnels et sentit l’agacement percer dans sa voix. Il releva alors son regard sur elle, sans mot dire. Il savait qu’elle était lassée de cette situation, elle étouffait et avec ses questions, il ne l’aidait en rien. Il faisait donc preuve de patience à son encontre et lui rendit son sourire tout en hochant simplement de la tête. La belle brune allait vivre avec lui quelques temps, lui permettant ainsi de veiller sur elle jusqu’à la fin de sa convalescence.

Le sac dans la main, il resta à proximité de la jeune femme qui eut un mot pour le personnel soignant qui amusa l’agent. Il déposa son fardeau dans le coffre du SUV et prit place sur le siège conducteur. Il avait préféré attendre la dernière minute pour lui informer qu’ils étaient conviés à une réunion avec leurs deux agents de liaison. Il posa sa tête sur le dossier et lui adressa un sourire « Comme… Hum… Je t’aime, et que j’ai passé ces deux dernières semaines à réfléchir à une manière de te prendre sans aggraver nos blessures » et émit un petit rire, avant de poser sa main sur sa cuisse « Très bien ». Il retira ensuite son écharpe autour du cou, libérant ainsi son bras « Ne tombe pas trop fort, je n’ai qu’un bras à t’offrir », puis baissa son regard sur son entre-jambe « Quoi que… peut-être bien deux », et lui adressa un sourire avant de prendre la route. « Si Dwayne ferme sa gueule, il ne devrait pas y avoir de problèmes ». Peu importe s’ils avaient commis des erreurs, leurs blessures, la peur de se perdre l’un et l’autre, pallier chacune d’entre elle. Ian resta à proximité de la belle brune sans jamais détourner le regard d’elle, et attendit qu’on les autorise à s’asseoir. Il ne souhaitait pas qu’Eli tombe dans ses bras de cette manière.

Installé sur le rebord de son siège, à l’extrémité de l’imposante table ovale qui comblait pratiquement l’entièreté de l’espace de la salle de réunion, Ezékiel étudiait le dossier. Une fois encore. L’ensemble des informations recueillies se trouvaient entre les deux pans de la pochette cartonnée. Les photographies du corps de Robert Wood, communément appelé Robby par les membres de la cellule, ainsi que celles des différentes bombes qui avaient été désamorcées successivement au cours de la journée. Il s’attarda sur les photos prises dans la rame de métro après qu’Elionor ait été emmenée de toute urgence à l’hôpital. La douille de la balle qui l’avait transpercée gisait dans le sang qu’elle avait fait couler. Ce fut à ce moment que Dwayne pénétra dans l’enceinte de la salle de réunion « Monsieur Brennan ? Les agents Edwards et Griffins arrivent ». Le ton était solennel, et cela, parce que le directeur du FBI le talonnait. À sa venue, Ezékiel recula son siège pour se dresser sur ses jambes, dominant l’homme de quelques centimètres à peine. Il lui tendit la main « Vous devez être l’agent Brennan ? Le Directeur Denton m’a expliqué que j’avais dorénavant affaire à vous pour la suite » « En effet, Directeur Andrews. Je vous laisse prendre place » en désignant le siège à sa gauche, pendant que Dwayne prenait place à sa droite. Il pouvait presque l’entendre jubiler derrière le rictus qu’il affichait. « Je vous présente l’agent McCarthy, qui était l’agent de liaison de l’agent Andrews » « Je sais. J’ai reçu vos comptes rendus » répliqua le Directeur en ne prenant pas la peine de lui serrer la main en retour. Ezékiel haussa brièvement les sourcils, quelque peu interloqué par la froideur qui régnait dans la pièce. Il se reconcentra sur le dossier, le temps d’une minute, tout au plus, parce que la porte de la salle de réunion s’ouvrit pour l’informer de la venue des deux agents. Il se leva et les attendit à la porte. Les ecchymoses sur le visage de Ian avaient commencé à disparaître avec le temps, quant à son bras, il restait en écharpe. Quant à Elionor, il savait qu’elle était sortie de l’hôpital juste avant de venir à sa convocation à Langley. Il le regrettait. Mais tels étaient les ordres des deux directeurs d’Agence. « Agent Griffins. Agent Edwards. Je vous laisse prendre place, je vous prie » en tendant la main en direction des différents sièges. « Souhaitez-vous de l’eau, du café ? », puis reprit sa place.

Il reporta ensuite son regard sur le dossier devant lui, restant silencieux l’espace de quelques minutes, et finit par rétorquer « Nous allons parler de l’opération ». D’un geste de la main, il se saisit de la télécommande pour afficher les différentes photographies et vidéos que contenaient les rapports sans pour autant actionner le bouton. Il commença « Le 4 juillet, une série d’attentat était prévu par la cellule de Toby, auto-proclamé chef de la cellule anticapitaliste. Les membres étaient : James, surnommé Jiminy. Son corps a été retrouvé le 9 juin sur le parking d’un supermarché. Byron Foster, agent de la CIA infiltré, qui a été exécuté le 26 mars, à proximité de l’Anacostia, sous le pont de East Capital St. Edwards » et releva son regard sur Ian « Un signe, peut-être », et reprit comme si de rien n’était « Maxine, surnommé Max, qui a été arrêté le 4 juillet, Robert Woods, surnommé Robby, qui a été tué par l’agent Edwards le 4 juillet d’un coup de couteau dans la jugulaire ». Il releva de nouveau son regard sur ce dernier, et reprit la lecture du rapport « Franz Mikkelsen, appelé aussi Le Doc, a été tué au cours de son arrestation. Et Tobias Englewood, surnommé Toby, qui est à ce jour porté disparu ». Ezékiel releva cette fois-ci la tête pour observer Elionor « Les recherches sont toujours en cours. On le retrouvera », puis ajouta « Bien évidemment, il y a vous deux ». L’agent Brennan fit défiler les différentes photographies des bombes, du corps de Robby, ainsi que du sang dans la rame de métro. Puis arrêta le défilement jusqu’à la vidéo de l’interrogatoire de Max « La seule qu’on ait parvenu à arrêter. Max. C’est elle qui a informé Robby et Toby de votre véritable identité ». Sur ces mots, Ezékiel posa la télécommande sur la table, et croisa les mains devant lui « Elle a surpris une vos conversations sur le toit. Elle a trouvé étrange le changement de comportement de Ian O’Brien. Soudainement, il voulait sauver la veuve et l’orphelin. « Soit elle suce si bien qu’il en perd ses principes, soit il y avait anguille sous roche. Eh bah bordel ! C’étaient les deux ! Qui aurait cru ?! Il se la tape et c’est un agent » » et releva son regard des quelques lignes qu’il lisait « Je la cite ». Il prit une longue inspiration « Elle a joué double-jeu, semblerait-il et vous êtes tombés dans son piège ». Il les observa tour à tour et finit par dire « Votre infiltration est terminée. On attend vos rapports de fin de mission au plus vite. L’affaire a été transférée à un autre département de la CIA pour rechercher activement Toby.. Il ne doit pas être bien loin. Je pense que vous avez conscience des erreurs commisses. A l’avenir, agent Edwards, je vous invite à garder la ligne directrice de votre couverture. Cela évitera de foutre en l’air un an d’infiltration de votre coéquipière et qu’elle prenne une balle. Agent Griffins, quant à vous, vous avez manqué de vigilance avec Toby... ». Il n'éprouva pour autant aucune déception. Il avait connaissance de son potentiel... Mais surtout, il avait eu peur de la perdre, de perdre celle qu'il considérait comme son enfant, et reprit « Je suppose que vos médecins ont exigé un minimum de repos. J’attends de vous que vous écoutiez leurs directives. Par la suite, j’ai une affaire qui devrait vous convenir sur mon bureau. Elle patientera le temps le temps nécessaire ». Il tourna la tête en direction du Directeur du FBI qui était resté étrangement silencieux « Je suppose que vous souhaitez réquisitionner un de nos bureaux pour échanger avec l’agent spécial Edwards » « J’apprécierais. Merci ». Ezékiel se leva et demanda « Des questions ? ».

Les gens avaient l’habitude de dire qu’Eli avait un caractère de merde. Dans cette chambre, elle commençait à se sentir à l’étroit. Elle voulait sortir d’ici et que tout le monde arrête de la faire chier pour un oui ou un non. Oui elle avait mal. Oui, c’était normal ! Merde elle avait prit une balle ! Et ça faisait seulement une semaine. C’était un peu logique que cette douleur joue sur sa patience et son sourire non ? Lorsqu’elle entendit la question d’Ian, elle réalisa que c’était à lui qu’elle s’adressait. Elle eut envie de s’excuser, mais n’en fit rien. Il la connaissait après tout. Il lui dirait merde si elle allait trop loin. La belle brune aux traits tirés fut soulagée d’être arrivée à la voiture sans flancher. Elle qui avait pensé découvrir l’appartement d’Ian et passer la journée dans le canapé, c’était foutu. « -ah ba oui ! Voilà ! C’est bien mieux ça ! » s’amusa Eli avec un sourire mi amusé mi amoureux. « -et tu as trouvé ? » demanda-t-elle curieuse et taquine à la fois. « -parce que la demoiselle en détresse ça te fait bander directe ? » elle aimait quand les conversations étaient ainsi. Ça faisait du bien. Ça l’aidait beaucoup. « -il fermera pas sa gueule, c’est un connard. Alors : bikini et petit cul ! » elle glissa sa main jusqu’à l’entre jambe d’Ian, juste pour s’assurer que cela avait l’effet escompté. En descendant de la voiture, elle l’embrassa. Un dernier baiser avant de reprendre leurs rôles d’agents.

Eli fit de son mieux pour prendre le temps de poser son cul sans trop de précipitation. Elle glissa la béquille sur le sol, et croisa les doigts sur ses jambes, réprimant une envie de faire un doigt d’honneur à Dwayne ou de lui faire bouffer son petit rictus. « -non merci monsieur. » elle était déjà bien assez sur les nerfs. Un hochement de tête. Elle écouta alors avec un intérêt certain ce que disait Brennan. Elle tomba des nues quand il évoqua Max. Cligna des paupières plusieurs fois en comprenant que l’affrontement entre Ian et Robby avait été violent. Elle releva les yeux quand Tobby fut nommé. Il était toujours en cavale. Eli serra les dents. Quand Brennan revint sur Max, Eli avait la nausée. Elle s’était vraiment fait avoir sur toute la ligne… Elle fixa Brennan d’un regard froid lorsqu’il reprit les mots de Max. Est-ce qu’il était obligé de faire ça ? Elle avait envie de se lever et de tout casser ! Une colère sourdre grimpait en elle. « -c’est ma faute monsieur. » coupa la jeune femme, avec assurance.

« -monsieur, sauf votre respect, je suis l’unique responsable de l’échec de la mission. Je vous demande de ne pas blâmer l’agent Edwards. » qui à la base n’était pas infiltré pour l’aider… Quant à son manque de vigilance, elle s’en voulait bien assez comme ça. Le commentaire au sujet des ordres du médecin était bien entendu dirigé sur elle. Elle détourna le regard ailleurs. « -bien monsieur. » finit elle par souffler. Eli se leva avec difficulté en même temps que Brennan et les autres. Un rapide regard pour Ian qui devait quitter le bureau pour suivre son directeur, puis un pour Brennan dont le téléphone sonnait. Elle se retrouva seule avec Dwayne. Ce connard se mit à applaudir : « -Bravo Eli, tu as prouvé à tout le monde que tu pensais mieux avec ton cul qu’avec ta tête. » « -ta gueule. » souffla la jeune femme en récupérant la béquille dont elle avait besoin pour se déplacer. « -sérieusement Eli, tu vas faire comme si ce n’était pas de ta faute ? Tu l’as dit à voix haute. Si ce cinglé court toujours, c’est parce que tu as merdé. » « -et toi tu as fait quoi hein ? Tu m’expliques ? Boire du café ? Tu n’étais même pas sur place parce que t’es qu’un petit trou du cul de trouillard ! » « -Tu devais mesurer tes paroles. J’ai eu les félicitations du directeur du FBI… toi par contre… » il grimaça. Elle avait envie de le frapper. « -il t’a félicité pour ta capacité à lécher des culs ? » avait elle ajouté. « -oh non… pour avoir mit en lumière les problèmes d’agressivité de l’agent Edwards. Son penchant pour la bouteille pour que prononcé. Sans compter son incapacité à suivre des ordres et des directives précises. » Eli serra de nouveau les dents. Elle fit trois pas pour se rapprocher de lui : « -t’es qu’une ordure… le jour où tu sauras ce que c’est de risquer ta vie, on pourra reparler. Un jour tu vas tomber et tu sais quoi… je serais là pour te regarder crever la gueule ouverte dans la boue. » c’était une sorte de promesse. Il finirait par payer pour son arrogance et ses manigances. « -agent Griffins. » la voix de Brennan venait de résonner dans la pièce. « -agent Macarthy vous nous laissez. Merci. » Dwayne sourit à Eli avant de quitter la pièce. « -Elionor, assieds-toi. » elle se tourna avec lenteur vers son supérieur, soupira et vint prendre place à nouveau dans son siège. « -monsieur s’il dois y avoir sanction, c’est à moi de l’endosser. »

La jeune femme était enfin libérée de sa chambre d’hôpital et pourrait retrouver un semblant de normalité à compter d’aujourd’hui, même s’ils étaient conscients l’un et l’autre, que ça ne serait qu’un répit de quelques semaines. Dès le moment où ils seraient de nouveau capable de fonctionner, leur Agences respectives leur confiront une nouvelle mission, d’un nouvel ordre. Mais ils allaient pouvoir goûter à la vie à deux, sans devoir faire semblant la journée et veiller à leur sécurité au quotidien. Ils allaient pouvoir mener une existence un semblant normal le temps de quelques jours. Ian aimait cette idée. Mais avant de connaître cette quiétude amplement mérité, ils étaient convoqués à la CIA. Des mots qui ne plurent pas particulièrement à sa petite-amie qui le lui fit savoir à sa manière. Il décida donc de la faire rêver en lui confiant avoir passé tout son temps libre à réfléchir à la meilleure manière de lui faire l’amour, et sourit face à son enthousiasme, et acquiesça « Oui, et j'ai hâte de te montrer » répliqua-t-il tout en sentant cette lueur d’envie briller dans ses prunelles qu’il avait posé sur elle. « Seulement quand la demoiselle en détresse, c’est toi. Ça me donne envie de jouer aux docteurs » répliqua-t-il en se mordant la lèvre inférieure. Mais avant de pouvoir se ruer l’un sur l’autre, ils devaient affronter l’agent Brennan et l’agent McCarthy notamment. Il se mit à sourire tout en continuant de l’observer, l’imaginant uniquement vêtu d’un bas de bikini, sur une plage réservée rien que pour eux. Oui, l’idée était pertinente. Dwayne était à milles lieux de ses pensées. Il laissa échapper un petit soupir alors qu’Eli aventurait sa main jusqu’à son entre-jambe qui réagissait sans mal à la réunion d’une pensée peu chaste et les doigts de la jeune femme « Tu vas devoir assumer tes responsabilités quand on va rentrer » et roula jusqu’à Langley. Il lui rendit son baiser et se rendirent jusqu’à la salle de réunion.

L’atmosphère était lourde, pesante, alors que personne à l’exception de l’agent Brennan ne parlait. Quant à la présence du directeur du FBI, Ian la percevait comme le signe d’un mauvais présage. Il tira la chaise pour qu’Eli puisse prendre place autour de la table, et en fit de même à ses côtés, avant d’écouter la conclusion de l’opération. Plus Ezékiel parlait, et plus l’agent se sentait blêmir. Revoir l’image du corps de Robby, entendre les mots prononcés par Max, les reproches à peine dissimulés de l’agent Brennan. Il finit par passer ses deux mains sur son visage. Il pouvait lire tout la consternation dans les yeux de son supérieur. Il releva brusquement la tête en entendant la jeune femme le défendre pour les erreurs commisses et réagit aussitôt « Non. Eli, arrête. Tu n’as pas à me défendre. Pendant un an, tout s’est déroulé pour le mieux et il a fallu que j’arrive pour tout foutre en l’air » et tourna la tête en direction de l’afro-américain « Brennan, vous devez m’écouter ! Elle n’a rien fait. Elle est restée elle-même tout du long… Il suffit de voir que jusqu’à mon arrivée, il n’y a eu aucun faux pas. C’est… de ma faute… » finit-il par avouer. Il était tombé amoureux d’elle et pour ne pas la perdre, il avait décidé de changer brusquement son fusil d’épaule. Pour autant, il ne regrettait pas son choix. La mission restait une réussite si on omettait la disparition de Toby.

Il fit un simple signe négatif pour répondre à la question de Brennan, et entendit la voix d’Andrews pour la première fois depuis leur arrivée « Agent spécial Edwards, vous me suivez ». Le regard baissé, il talonna son supérieur jusqu’à un bureau voisin, referma la porte derrière lui et refusa de s’asseoir sur la chaise, malgré l’invitation de son supérieur à le faire. Ce dernier prit place sur le bureau, une jambe à moitié posée dessus, les mains jointes devant lui « J’ai lu les rapports de mission, ainsi que ceux de l’agent McCarthy. Vous l’avez frappé à deux reprises, dont une fois sur une scène de crime. Qu’est-ce qui vous ait passé par la tête Edwards, bon sang ? Vous tombez ensuite amoureux d’une terroriste, vous vous faites surprendre par l’un des membres de la cellule et vous finissez par tuer l’un d’eux à la fin. Vous m’expliquez ? ». Ian émit un petit rire nerveux « Dwayne est un sale con arrogant incapable de foutre un pied sur le terrain. Il a eut des propos qu’il n’aurait jamais dû tenir et… » « Vous étiez soule la première fois et foncièrement énervé la seconde fois. Ce sont ces dires ». Ian détourna le regard, serrant sa mâchoire encore douloureuse « Oui… » « J’ai toujours fait en sorte de passer sous silence votre alcoolisme parce qu’il n’a eu, jusque-là, aucun incident sur votre comportement au travail. J’ai eu tort, semblerait-il » « Monsieur… » « Non. C’est moi qui parle maintenant Andrews. Vous avez bu en service, vous avez frappé un agent de la CIA, vous avez mis en péril la mission parce que vous éprouvez des sentiments pour l’agent Griffins. Votre histoire aurait pu vous tuer, tous les deux ». Il vit Andrews se lever « D’après votre médecin, vous auriez pu reprendre le travail de bureau dès la semaine prochaine. Je refuse. Vous êtes mis à pied, sans solde, pour les deux prochains mois. Vous devez également consulter pour votre dépendance à l’alcool Edwards » « Monsieur, je vais bien » « Non. Vous n’allez pas bien. Pas après ce que vous avez vécu, ce n'est pas possible. Vous me rendrez votre arme et votre plaque demain matin. Sortez d’ici maintenant ».

La conclusion de cette opération aurait pu être plus dramatique qu’elle l’était aujourd’hui. Néanmoins, Ezékiel ne pouvait pas passer sous silence les impairs commis par ses deux agents. Les faits étaient probants. Ils avaient commis des erreurs, leur identité avait été révélée et cela aurait pu causer leur perte. Leur survie relevait du miracle et du professionnalisme des autres agents présents. L’agent Brennan devait leur faire entendre pour que cette situation ne se réitère pas à nouveau dans l’avenir, peu importe que les circonstances de cette mission étaient particulières. Il doutait qu’Elionor tombe à nouveau amoureuse d’un autre agent sous couverture à l’avenir. Cela éviterait peut-être ce genre de brouhaha désagréable qui résonnait dans la pièce, alors qu’ils tentaient chacun d’assumer les responsabilités de l’un et l’autre. Un « Ça suffit ! » rétorqua l’agent d’une voix profonde qui instaura de nouveau le silence dans la pièce « Ce sont mes conclusions et je le trouve concluante. Vous avez tous les deux commis des erreurs qui auraient pu mener à votre perte. Vous avez compris. La conversation est close ». Il s’adressa ensuite au Directeur Andrews, lui proposant d’évoquer la suite de sa carrière avec Ian Edwards dans le bureau voisin. Il s’apprêtait à proposer à Eli de rester un instant pour qu’ils puissent converser en privé, mais la sonnerie de son téléphone retentit, le contraignant à s’éloigner un instant tout en gardant un œil sur sa protégée. Il ne faisait aucun doute que l’animosité qu’éprouvaient les deux agents ne s’étaient pas dissipés au cours de cette dernière opération. « Oui, je vous écoute » répliqua-t-il à son interlocuteur. Il continua d’échanger brièvement avec ce dernier et raccrocha, pour se rapprocher de Dwayne et Elionor, répliquant de sa voix profonde « Agent Griffins ! » et s’adressa ensuite à l’agent de liaison « Agent McCarthy, vous nous laissez. Merci ». Il prit ensuite place sur le siège qu’avait occupé précédemment Ian, posant ses mains sur les genoux de cette dernière « Elionor, s’il te plaît » et retira ses doigts du jean de la jeune femme.

Un soupir lui échappa et rétorqua « L’agent Edwards ne dépend pas de mon autorité. Le directeur Andrews a lu les rapports, et apparemment, son alcoolisme n’était pas un secret d’État. Il a dépassé les bornes en frappant l’agent McCarthy à deux reprises. Il a planté Robby au lieu de procéder à son arrestation en bon uniforme. Il est instable Elionor. Et si aujourd’hui, tu es amoureuse de lui, je veux que tu fasses attention. Je crains qu’il sombre après aujourd’hui, et je ne suis pas certain que tu sois assez forte pour l’aider… Alors » et chercha son regard « Alors je veux que tu m’appelles, que ça soit le jour ou la nuit, si jamais tu as besoin d’un endroit où dormir, que tu veux t’en éloigner ou que tu veux seulement parler. D’accord ? ». Il lui sourit avec douceur, et renchérit « Quant à Dwayne, j’irais lui parler. Je pense que l’envoyer sur le terrain quelques mois lui ferait le plus grand bien pour comprendre les enjeux d’être en mission », et se pencha vers elle « C’est mon cadeau pour toi », avant de lui adresser un clin d’œil et un sourire « Je suis content de te voir en-dehors de l’hôpital. Et dès que tu te sentiras prête, j’aurais du travail pour toi. Sur une durée semblable. Un an environ. Alors tu prends le temps d’y réfléchir » et se leva pour récupérer le dossier et revint vers elle « C’est juste une synthèse de l’opération que je te propose. Le dossier est sur mon bureau. Tu peux venir le consulter selon ton bon vouloir ». Il l’observa un instant, plissant les yeux « Les erreurs que tu as commises là, je ne veux pas que tu les réitères sur la prochaine. Tu m’entends ? J’ai confiance en toi, et je sais que tu sauras te reprendre ». Il tourna la tête vers la porte en apercevant un Ian déconfit s’approcher « Il est sortie. Laisse-lui un peu de temps. Je doute que les nouvelles aient été bonnes. Et tu sais où me trouver si tu as besoin ». Il se leva, posa sa main sur son épaule et se rendit à l’extrémité du bureau pour récupérer les dossiers, avant de quitter la salle de réunion, avant de voir Dwayne approcher l’agent Edwards, et haussa le ton « McCarthy, dégagez le plancher maintenant. C’est un ordre ! », évitant ainsi une surenchère et une altercation.

En écoutant son supérieur faire un rapport de l’opération, les paroles qu’elle avait échangé avec Ian dans la voiture étaient bien loin. Avec ce qui était en train de se dire, pas sûr qu’ils aient envie de s’envoyer en l’air… Et voilà qu’il prenait sa défense alors qu’elle aurait vraiment aimé qu’il la ferme. C’est Brennan qui fit de nouveau régner le silence. Fin de la réunion… Il y allait avoir des sanctions… elle redoutait le conséquence pour Ian. Un peu plus encore lorsque Dwayne décida de s’adresser à elle. Eli avait seulement envie de lui coller son poing dans la tronche. Heureusement pour lui Brennan raccrocha avant qu’Eli décide de le frapper. Elle serra les dents et vint reprendre place sur sa chaise, évitant ainsi de flancher. Rester debout trop longtemps était encore compliqué pour elle. Tout de suite elle prit la parole, mais en voyant son supérieur prendre place à ses côtés, elle su que la conversation allait être personnelle.

« -les rapports de Dwayne… » elle avait un tel sentiment d’injustice. Et puis cette colère sourde contre ce connard qui ne savait pas ce qu’était de risquer sa vie à longueur de temps. « -monsieur nous savons tout les deux que c’était mérité ! On parle de Dwayne Macarthy ! » elle savait parfaitement que Brennan détestait qu’elle lui coupe la parole. « -c’était de la légitime défense. Enfin… vous avez vu son épaule ! » sérieusement Brennan allait reproché à Ian d’avoir défendu sa vie. Elle serra les dents pour éviter de dire une connerie. Ian lui avait fait promettre. « -et bien comme ça nous sommes deux ! » rah comment pouvait-il rester impassible ! Elle baissa les yeux quand il parla des sentiments qu’elle éprouvait pour Ian. Oui… elle était amoureuse. Pas la peine de le confirmer à voix haute. « -monsieur… » souffla Eli comme pour lui faire comprendre qu’elle voulait qu’il arrête là. Ou bien qu’elle était consciente de ce qu’il était en train de dire. Elle sentit son cœur se serrer. Elle ouvrit la bouche mais aucun mot n’en sorti. Puis elle hocha la tête et souffla un triste : « -d’accord… » Elle aurait préféré lui dire qu’elle n’aurait pas besoin de l’appeler, mais elle n’en avait pas la moindre certitude. Ils s’aimaient mais se connaissaient peu… Un léger rire lorsqu’il parla de faire les pieds à Dwayne. « -comptez pas sur moi pour aller lui sauver les miches. » quoi que ça pouvait être assez jouissif…

Elle se décomposa sur place par la suite. Un an. Un dossier semblable. Non… non pour le moment c’était haut dessus de ses forces. « -laissez moi quelques jours… voir quelques semaines… » elle esquissa un léger sourire qui sonnait bien faux. Brennan savait lire en elle. Elle savait qu’il savait. Elle récupéra le dossier qu’il lui tendait en hochant la tête. Le souffle lui manquait soudainement. Elle déglutit « -entendu monsieur. » à nouveau il lui fit baisser les yeux telle une enfant prise en faute. Il n’y aurait certainement pas d’autre mission. Elle avait envie de lui dire également que la prochaine fois ça serait pas mal de la mettre au courant de tout. Mais elle n’avait pas la force de lancer une dispute. « -merci monsieur… » souffla Eli en se leva. Un regard en direction d’Ian. Elle fut ravie de voir Dwayne se barrer, et fit quelques pas pour se rapprocher d’Ian. « -tu veux bien qu’on rentre ? » elle n’avait pas envie de lui dire qu’il avait une sale gueule. Pas ici. Ils en parleraient une fois chez lui. Côte à côte ils quittèrent le bâtiment, silencieux. Eli dût faire une pause en chemin. « -tu… tu veux bien aller chercher la voiture… » elle souffrait le martyre et n’avait pas envie de s’accrocher à son bras pour faire la route qu’il restait.

Profitant de l’absence de Ian et de l’éloignement de Dwayne, il prit place sur le fauteuil voisin pour lui parler en toute intimité, à l’abri des oreilles indiscrètes. Il posa brièvement ses mains sur ses genoux pour attirer son attention pleine et entière sur sa personne, Ils devaient évoquer l’agent Edwards et le probable danger qu’il pouvait représenter autant pour lui que pour elle. Bien évidemment, il avait conscience que cet homme aimait d’un amour sincère la jeune femme, il en avait été témoin ce jour-là, sur le quai du métro. Il avait entendu ses mots, il avait vu les larmes couler sur son visage à la pensée de perdre Elionor. Toutefois, les rapports de Dwayne faisait état de quelques élans de violence, notamment sous l’emprise de l’alcool. Il connaissait le passé de sa protégée, et il ne voulait pas qu’elle revive ces évènements à nouveau, pas de la part de l’homme qu’elle avait choisi. À l’issue de son rendez-vous avec le directeur Andrews, il serait sûrement particulièrement abattu et chercherait à trouver refuge dans l’alcool, comme tout bon alcoolique. Il voulait prévenir sa protégée sur ce qui risquait de se produire. Cette dernière ne put se retenir d’intervenir, lui coupant la parole, ce qui le fit soupirer « Il y a d’autres moyens de réduire au silence un homme, sans avoir besoin d’user de la violence. L’agent McCarthy l’a utilisé en dévoilant ses rapports à son directeur, dans l’objectif d’anéantir sa carrière au FBI ». Il ne défendrait pas les actes de violences d’Edwards à l’encontre de l’un de ses agents, aussi insupportable puisse-t-il être. « Ils se sont battus Elionor, mais je ne suis pas certain que nous détenions toute la vérité ». Il émettait toujours une réserve sur ce point. Peut-être se fourvoyait-il en pensant qu’il n’y avait pas qu’une question de légitime défense au cœur de cette altercation, mais il préférait envisager toutes les hypothèses, y compris celle-ci. « Elionor, s’il te plaît » finit-il par soupirer. Il comprenait qu’elle l’aimait, mais il ne voulait pas qu’elle en devienne aveugle.

« Je ne dis pas que ça peut se produire, je t’informe seulement que je serais présent si tu as besoin de quoi que ce soit, comme une nuit au calme. J’ai une chambre d’ami à disposition » renchérit-il en ne souhaitant pas l’entendre le contredire une fois encore. Ezékiel émit un petit rire sincère « Je n’ai pas envisagé de plan de secours pour le moment ». Dwayne voulait jouer dans la cours des grands, Brennan lui en donnait l’opportunité. Il était lassé de son caractère impétueux et arrogant. Une mission de quelques mois sur le terrain lui apprendrait la modestie et la discrétion, sinon il risquait de se faire exécuter. Il profita de cette aparté pour évoquer sa prochaine mission. Le dossier était sur son bureau, mais il apporté un résumé de cette dernière si elle souhaitait en prendre connaissance durant sa convalescence « Tu prends ton temps. Rien ne presse. Tu te rétablis et… On envisagera cela plus tard ». Seulement, les erreurs commisses dans sa dernière mission ne devaient pas se réitérer dans la prochaine. Il releva la tête en direction de la porte qui était restée ouverte et lui indiqua que Ian était sortie de son entrevue. En apercevant Dwayne s’approcher de ce dernier, il lui ordonna de déguerpir. Généralement, il restait en retrait, mais ce dernier s’apprêtait à battre un homme déjà à terre. Ce n’était pas envisageable. « Elionor… Fait attention à toi ».

Le directeur Andrews venait de lui assener le coup fatal en prononçant, à son encontre, une mise à pied de deux mois sans solde. Il exigeait également qu’il consulte pour son addiction à l'alcool. C’était donc abattu que Ian sortit du bureau. Il avait servi d’instrument aux mains de la CIA, venant à risquer sa vie et celle d’Eli, et c’était ainsi qu’on le remercier pour service rendu à la nation… Tout cela parce qu’ils émettaient des soupçons sur les circonstances de la mort de Robby et qu’il était perçu comme un individu instable, capable de violence physique sous l’emprise de l’alcool. Entendre son nom lui fit lever la tête et il croisa les prunelles claires de celui qui était à l’origine de sa mise à pied. Est-ce qu’il allait vraiment venir le torturer davantage ? Foutre en l’air plus de quinze ans de carrière n’était pas suffisant ? Il s’apprêtait à répondre, mais la voix de l’agent Brennan retentit du centre de la salle de réunion, ordonnant à ce dernier de déguerpir. Ian ne cacha pas sa surprise face à l’intervention de ce dernier, et le remercia d’un simple signe de tête, tout juste perceptible. Son regard dévia par la suite sur Eli qui venait à sa rencontre difficilement. Ian glissa ses mains dans les poches de son jean et acquiesça en silence à sa demande. Lui aussi souhaitait partir aussi loin que possible de cet endroit. D’un pas lent, il accompagna la jeune femme jusqu’à l’extérieur, et toujours sans un mot, s’éloigna pour récupérer le SUV. En prenant place côté conducteur, il laissa sa tête retomber quelques seconde sur le dossier. Il encaissait la décision de sa direction de l’éloigner du FBI quelques semaines. Il finit par tourner la clef de contact et conduisit jusqu’à la jeune femme, sortit de la voiture et lui ouvrit la portière pour l’aider à prendre place sur le siège passager. Il retourna derrière le volant et conduisit, sans prononcer le moindre mot, jusqu’à son appartement. Il gara la voiture au pied de l’immeuble et aida Eli à sortir du véhicule. Il posa sa main dans son dos et l’accompagna jusqu’à l’ascenseur.

Ian ouvrit ensuite la porte d’entrée qui donnait sur un petit couloir aux murs blancs sur la moitié et composé d’une bibliothèque incrusté sur la fin, avant de tourner en angle droit pour se rendre dans la pièce de vie. Le sol était revêtu d’un parquet vieillissant qui craquait sous leurs pas. Il s’avança jusqu’à la seule porte dudit couloir, à gauche en arrivant de l’extérieur « C’est la salle de bain ». C’était étroit, mais suffisamment pour une baignoire à pied, un vasque et des toilettes. Il fit quelques pas et tourna à l’angle droit, donnant aussitôt sur deux marches descendant et donnant sur un salon dont la lumière résultait de l’imposante baie vitrée qui accédait à une terrasse, à droite, la cuisine quelque peu caché par une verrière en bois et des plantes qui grimpaient tout le long. Le salon était simple. Un canapé installait au milieu de deux étagères remplies de livres, une table basse et un meuble sur lequel reposé la télévision. Le tout était arboré de différentes plantes vertes. Il tourna sur la gauche « Notre chambre est ici. J’ai fait de la place pour tes effets personnels ». Il déposa le sac à côté du canapé et ouvrit la baie vitrée pour faire entrer l’air chaud de cette fin de Printemps. Il se rendit ensuite dans la cuisine, servit deux tasses de café et s’autorisa un verre de bourbon qu’il but lentement, appréciant la brûlure que laissait le liquide ambré sur son chemin. Il termina le verre juste avant de se saisir des deux tasses de café qu’il apporta sur la table basse, et prit place sur le rebord du canapé « Deux mois de mise à pied sans solde et je dois consulter pour l’alcool… ». Il enfouit sa tête dans ses mains quelques secondes, puis les laissa retomber devant lui, avant de tourner la tête en direction de la belle brune « J’imaginais ton arrivée ici différemment… » et s’enfonça dans le canapé, tendant son bras valide pour qu’Eli vienne se blottir tout contre lui « Vous avez parlé de quoi avec Brennan ? ».

« -vous savez parfaitement que j’aurai agit de la même façon à sa place. » elle était aussi impulsive qu’Ian. « -et Dwayne est un connard ! ça ne serait pas arrivé si Ian avait eu droit à un autre agent de liaison ! Vous le savez ! » pour elle, s’était de l’injustice. Si Ian avait décidé de frapper Dwayne, c’était parce qu’il l’avait cherché, par parce qu’il avait été sympa ! Et c’était Ian qui se retrouvait jugé et certainement sanctionné ?! C’était injuste et injustifié ! Eli ferma les yeux quelques instants. Ian allait maudire le jour où il avait été chargé de l’enquête. Il allait perdre son job… lui qui avait déjà tant perdu… « -monsieur… Robby voulait la mort d’Ian. Il a tenté de me violer ! Ne me dites pas que vous auriez préféré qu’il reste en vie ! ça n’a pas de sens ! » c’était du n’importe quoi. Elle ouvrit de nouveau la bouche mais finit par soupirer devant le demande de Brennan.

« -ça… ça n’arrivera pas. » avait elle répondu pourtant peu sur d’elle. Elle savait parfaitement qu’elle était incapable d’aider Ian avec son addiction. Qu’elle ne se montrerait pas très tolérante avec ça non plus. C’était son problème. Pas celui d’Eli. C’était à lui de le gérer, et non à elle de le subir. Ian le savait. Ils étaient conscients de leurs passés sombres et douloureux. Ils savaient qu’ils ne pouvaient pas sauver l’autre de ses propres démons. « -si il sombre, l’unique responsable sera Dwayne et le FBI. » elle avait tant de colère contre l’agence. Putain ils étaient prêt à donner leurs vies pour cette mission ! Et Ian allait devoir rendre des comptes ?! Elle récupéra le dossier que Brennan lui tendait. Un hochement de tête. Elle n’était pas vraiment pressée d’ouvrir la pochette cartonnée. Bien plus de quitter les lieux. « -merci monsieur… je le ferais. » une sorte de promesse silencieuse d’une fille à son père.

Elle s’était attendue à ce silence le long du chemin, tout comme dans la voiture. Le dossier sur les genoux, elle regarda par la fenêtre, même si elle aurait pu poser sa main sur la cuisse d’Ian. Elle ne voulait pas être repousser. Il avait sans doute besoin de temps pour encaisser. Lorsqu’il serait prêt, il lui dirait. La jeune femme bénit le ciel qu’il y ait un ascenseur ! Lorsqu’elle pénétra dans l’appartement, elle fut agréablement surprise. Ça n’avait rien avoir avec le studio minable dans laquelle elle l’avait trouvé malade à crever quelques mois plus tôt. Elle le suivit avec lenteur pour la visite, désirant ardemment rejoindre le canapé. Elle esquissa un sourire timide quand il parla de leur chambre. Un hochement de tête au sujet des rangements dispo. Elle n’avait pas dit qu’elle emménageait… mais ce n’était pas le sujet. Pas le moment non plus.

Eli se laissa tomber sur le canapé alors qu’Ian allait faire du café. Elle se massa la cuisse en grimaçant. Il fallait vraiment qu’elle reste tranquille. La jeune femme se passa les deux mains sur le visage, les laissant finir leur course dans ses cheveux détachés. Un coude sur le genou de sa jambe valide, la tempe contre son poing, elle le regarda revenir en le détaillant. Elle ne parvenait pas à trouver les mots pour le faire sourire à nouveau. Intérieurement elle était bien trop en colère. « -deux mois… quelle bande de connards… » râla Eli avec dégout. Pour ce qui était de l’alcool, elle n’osa rien dire. Mais elle trouvait que c’était une bonne idée. Et que ça ne pouvait pas lui faire de mal. Au contraire. Ian en était sans doute conscient. Pas la peine qu’elle remu le couteau dans la plaie. « -on savait qu’ils n’allaient pas faire peter les confettis et danser sur les tables… » ils savaient d’avance que ça allait être douloureux.
Elle se rapprocha de lui et répondit : « -il m’a demandé de respecter les ordres des médecins et les siens… en gros, il ne veut pas que j’en fasse qu’à ma tête. » elle était fatiguée. Laissa passer un silence. « -ils ont des doutes sur ta version des faits avec Robby… » elle bougea la tête de gauche à droite. « -je… je ressens une telle déception de mon agence… j’ai donné un an de ma vie pour cette mission… et on me dit que j’ai mal agit… ils n’ont qu’à envoyer des robots plutôt que des humains avec des émotions et des sentiments ! Quant à Dwayne… j’espère qu’il va morfler… »