« Qu'est-ce que... qu'est-ce que tu lui as dit pour qu'il vienne ? »

Il ne me faut pas longtemps pour comprendre que mon enculé de meilleur ami m’avait purement et simplement menti. Mais bon, je le défoncerais plus tard, pas comme il espérait, c’en était certain. Je garde la face, parce qu’elle restait un bon coup et partir maintenant, ruinerait probablement, ce qu’ils construisent avec plus ou moins – très moins, faut l’avouer – avec moi. Bon, comment, rattraper ça maintenant. Je comprends aussi que je venais de merder.

« Il s’est dit que deux paires de bras ne seront pas du luxe pour te tenir compagnie. En prime, j’ai eu une grosse journée et comme tes cheveux sentent bon, je me dis que ça fera l’affaire pour oublier la tristesse de cette journée »

C’était un putain de mensonge. Bon mes journées sont rudes mais chacune a son lot qui prend le cœur en étau. Et ce n’est clairement pas vers la demoiselle que je me serais tourné sauf pour un coup de rein. D’ordinaire, je me pose dans un bar, bu mon saoul et reparti en titubant jusqu’à mon canapé. Mais pour ce soir, je ferais une exception. Et elle s’en vraiment bon des cheveux.

« Sur ce, tu nous sors des verres, parce que j’ai faim et vraiment soif. Et tout nous raconter. »

Je tente un sourire convaincant. Cette soirée allait être un cauchemar mais bon, si la petite avait besoin d’un remontant, je pouvais bien tenter ce soir. Ca y est, je commence à changer, j’ai envie de prendre mes jambes à mon cou.

Quand notre tiers - malgré moi - a le dos tourné, je fais semblant de me trancher la gorge en regardant bien Jay. Celle là, il ne l’enverra pas au paradis, c’est claire et nette.

Moins dupe que ce que j'avais pu imaginer, Alexandra ne met pas longtemps à poser les questions qui fâchent. Heureusement pour moi, Loyd, peut-être plus concerné qu'aucun d'entre nous aurait pu le croire réponds à ma place, et sauve la mise. « Il s’est dit que deux paires de bras ne seront pas du luxe pour te tenir compagnie. En prime, j’ai eu une grosse journée et comme tes cheveux sentent bon, je me dis que ça fera l’affaire pour oublier la tristesse de cette journée ». Je le laisse rajouter une nouvelle couche de mensonge sur ceux qu'il y a déjà concernant cette soirée. Après tout, on était plus à ça près. Et puis je n'avais aucune honte sur mon attitude. Si la demoiselle allait mal, c'était autant à lui qu'à moi de la consoler, de l'aider à aller mieux. Il n'y avait pas de raison qu'il puisse profiter seulement des bons côtés de la jeune femme. Si je n'avais pas fait d'effort avec elle, certes, on ne serait pas là, mais il y a des mois que notre trio endiablé aurait prit fin.  Alors pour une fois, il pouvait prendre un air concerné,  faire comme s'il s'inquiétait pour elle et l'écouter. Quelques heures et on rentrerait, ce n'était pas la mort après tout. Sourire charmeur, j'approuve de vive-voix les propos de Loyd, espérant que ça suffirait pour duper la demoiselle. De toute façon, il savait si bien les embobiner.

Une fois le dos de la demoiselle tournée, l'expression de Loyd change, et je le regarde me menacer gestuellement. S'il faisait semblant auprès de la jeune femme, je n'oubliais pas pour autant qu'une sacrée mise au point allait être faite dès qu'on sortirait de là. Comme je le disais, c'était pas l'idée du siècle de lui avoir menti, mais c'était nécessaire pour garder le dynamisme de notre trio. Un haussement d'épaule vient lui apporter une réponse silencieuse pour lui faire comprendre que je me fichais un peu de ses menaces, prêt à les accepter. De toute façon, c'était trop tard pour moi. Après quinze ans, je n'avais plus peur de Loyd et des méthodes qu'il pourrait utiliser pour ses venger d'une telle mascarade. J'étais plutôt résigné à mon sort.

Le bruit du verre teinte me permet de me tourner à nouveau vers la jeune femme. En la détaillant un peu plus, je remarque ses yeux et son nez rougis. Visiblement, elle avait dû pleurer. Je lui fais signe de mes mains de se décaler pour nous servir à boire. Si c’était elle qu’on devait consoler, alors à nous de faire des efforts. Je lui sers une bonne dose de tequila, agrémenté d’un quartier de citron que je venais de découper. « Bois ça, et après tu nous racontes tout. ». Je sers également deux autres verres, pour Loyd et moi, espérant que l’alcool aiderait tout le monde à oublier un peu ses peines, rancoeurs, et toutes ces choses qui faisaient que ma soirée risquait d’être compliquée à vivre.

Elle en comprend plus rien, Alexandra, alors que Loyd demande comment elle va. Elle ne s'attendait même pas à le voir ici pour être honnête... Et face à sa question, elle comprend qu'il ne savait pas vraiment pourquoi il venait, si bien qu’elle se tourne instinctivement vers Jay pour comprendre, questionner ce dernier sur ce qu'il avait put dire sur leur soirée pour faire venir Loyd. Parce que le voir ici.. et le fait qu'il ne semble pas savoir qu'elle aille mal... Au fond, elle sait très bien ce qui s'est passé, ce qui a été dit. Ça ne peut être que ça, il n'y a que pour ça qu'il répond présent, le médecin. Mais il sème le doute en elle, en évoquant le fait que Jay pensait que deux paires de bras ne seraient pas de trop, qu'il avait eu une salle journée, qu'il voulait se perdre dans le parfum de ses cheveux. Se perdre dans le parfum de ses cheveux ? Elle marque un temps d'arrêt. Ce n'est pas exactement ce qu'il a dit, mais c'est tout comme. Elle le regarde surprise par ses mots.

«- Mes cheveux sentent bons ?»

Et elle répète ce qu'il vient de dire, sans croire ce qu'elle vient d'entendre. Sérieusement ? Elle ne s'attendait pas à ça. Pas plus qu'elle ne s'attendait à ce qu'il prenne les choses en main, lui demandant de sortir des verres parce qu'il a faim, qu'il voudrait manger et qu'elle pourrait leur dire ce qui n'allait pas. Si elle s'exécute, la jeune femme est loin de comprendre tout ce qui se passe ici. Et comme elle revient avec les verres, Jay les sert en tequila, la priant de boire en disant qu'elle leur raconterait tout ensuite. Tout, elle n'en était pas sûre. Elle n'était même pas sûre de raconter un bout maintenant.

«- Non mais... en fait vous... Vous allez... Loyd va....»

Ouai, c'était sa réaction à lui qui l'inquiétait, qui l'intriguait. Elle avait peur de la manière dont il pourrait accueillir la nouvelle, tant elle n'avait pas l'habitude de le fréquenter en dehors du cadre sexuel et after sexe. Comment pouvait-elle parler de ça ? Si elle boit la tequila, la demoiselle ne trouve pourtant pas vraiment le courage de se confier.

«- Trouver ça stupide.» 

Je me retiens de rire. Ma belle, ma présence dans ton appartement. Ce mensonge.

Cette situation.
Tout est stupide !

Mais maintenant qu’on est là, autant en profiter, non ? Je prends le shot et le citron. D’une traite dans le gosier et je lui offre un grand sourire. Pour cette fois et seulement fois, je ferais mon Jay : le prince répondant au secours de sa belle. Je ne me fais pas prier en dévoilant le plateau de sushis.

Je vais lui mettre des paillettes dans les yeux.

« Si j’ai bien lu, tes préférées sont les Salmons Rolls avec du fromage » J’en dépose quelques-uns vers elle. « Je ne réponds presque jamais mais je lis quand même » ou peu.

Mais ce qu’elle ne sait pas, ne peut pas te faire du mal. Ça demande de l’Energie de jouer le Prince Charmant. « Je te promets de ne pas rire, de ne pas te juger. Nous sommes là uniquement pour te consoler. Je ne suis pas avenant mais je me préoccupe de ton bien-être »

DONNEZ MOI UNE MEDAILLE LES GARS !

Je reste tout de même humain. Cela fait également parti de mon travail et si mon tiers de jambe en l’air n’est pas dans le bon mood, fini les roulés-boulés donc autant la remettre sur pied aussi rapidement que possible. Oui, il y a toujours un intérêt dans ce que je fais, sinon, ce n’est guère drôle. J’ose même un petit regard compatissant afin de l’encourager.

« J’entends de tout à mon travail. C’est mon rôle de devoir rassurer les gens. Parfois les patients ont besoin d’avoir une oreille attentive. Et je me dois d’être présent quand le besoin se fait ressentir. Au pire, tu paieras en nature. »

Et pour le coup, je dis la vérité. C’est régulier que les patients s’effondrent quand il voit un membre du personnel. Et quand bien même, je sois aux urgences, j’aime prendre cinq minutes pour leur faire relativiser leur situation. Je ne suis pas totalement un enculé.

Si Alexandra accepte le verre et le boit, elle semble toujours avoir du mal à se confier, inquiète de ce que pourrait penser Loyd. Pauvre chérie, si tu savais. Quoi que tu diras, il trouvera ça stupide. C’est sur, le connaissant. Rien que cette situation devait lui sembler stupide. Mais j’allais devoir trouver un moyen de convaincre la jeune femme de parler, ou mon meilleur ami allait vraiment m’assassiner. Déjà que je l’avais piégé, si en plus c’était pour rien, je ne donnais pas cher de ma peau. Pourtant, quitte à être là, Loyd avait l’air décidé à sortir le grand jeu, la jouer prince charmant qu’il n’était pas. Plateau de sushis découvert, Loyd lui en sert quelques uns, ses préférés d’après ce qu’il avait lu. Je roule des yeux. Pas sûr qu’il lise, mais avec la chance qu’il avait, ça avait du popper au moment où il avait ouvert la conversation. Et je n’ignorais pas ce talent qu’avait Loyd à tourner les choses à son avantage.

Alors je le regarde en faire trop beaucoup trop. A tel point que la comédie me semblait évidente, mais j’avais quinze ans d’expérience avec lui, et qui sait, la demoiselle n’y verrait peut-être rien. Dans ce cas là, j’attribuerais un oscar à mon ami. Parce qu’il le mériterait largement. Il continue de vouloir se montrer rassurant, bienveillant, utilisant son travail pour justifier qu’il pouvait être à l’écoute, et que rien n’était vraiment stupide. Quelque chose me disait qu’il avait surtout hâte de pouvoir se barrer, et qu’il avait compris que ça n’arriverait que lorsque la demoiselle irait mieux. Et puis maintenant qu’on était tous là, on pouvait faire en sorte d’essayer de passer un bon moment ensemble, même si ça n’impliquait pas d’activité physique.

Je bois mon verre à mon tour et resserre tout le monde. Un ou deux verre de plus, et tout le monde serait surement plus ouvert, rassuré sur le fait de devoir écouter les confidences des uns ou des autres. « Tu n’as rien à craindre. Il fait le gros dur en apparence, mais il est plus sensible qu’il n’y paraît. ». Et ce n’était pas un mensonge. Il n’était pas du genre à en parler, ou le montrer, mais il n’était pas non plus insensible. Il fallait juste prendre le temps de l’apprivoiser. Longtemps, mais après, les choses allaient d’elles-mêmes.

Le moins que l’on puisse dire c’est que cette soirée était étrange. Car Loyd se montrait plus prévenant qu’Alexandra ne l’aurait jamais cru. Il l’étonnait, c’est le moins que l’on puisse dire. Alors qu’elle avait peur de dire ce qui l’avait peiné, peur de révéler devant lui ce qui avait put lui faire du mal tant elle ne pensait pas possible qu’il en ait quelque chose à faire de ses états d’âme. Il n’était toujours là que pour la sauter d’ordinaire, le reste elle ne savait pas qu’il pouvait y accorder de l’attention. Mais il affirme que si, en déballant les sushis et la servant en salmon roll, ses préférés. Ceux avec le fromage au centre et une tranche de saumon tout autour. De quoi la surprendre largement.

«- Je ne pensais pas que tu lisais...» avoue la demoiselle.

Oh non, ça elle était loin de le penser, mais il fallait croire qu’elle se trompait. Il savait au moins ça du coup. Et quoi d’autre ? Elle n’en savait rien. Et il ne lui laisse pas le temps de poser la question comme il promet de ne pas rire, de ne pas la juger, assurant être là pour la consoler et se préoccuper de son bien-être. Ah ouai ? À ce point ? Il pouvait passer du je m’en foutisme le plus impressionnant à ce genre de chevalier servant ? Ça semblait un peu énorme. Mais il enfonce le clou, parlant de son taf, assurant qu’il en entend pas mal.

S’il se permet une petite blague sur la fin, une petite plaisanterie sur un éventuel paiement en nature, la demoiselle ne relève pas et Jay vient en renfort à son meilleur ami avec un nouveau verre, assurant que ce dernier n’était pas insensible. Certes. Mais ils n’étaient… pas très proches. A vrai dire, elle ne l’était peut-être pas réellement du sportif non plus et se faisait des idées. Mais ce n’était pas le moment de se poser de telles questions.

«- Hé bien...» la demoiselle trempe les lèvres dans le second verre que Jay vient de lui servir et elle se jette à l’eau, le coeur battant, réalisant comme il est plus aisé de parler à Jay seul. «Je… j’ai perdu mon chien. Enfin… celui de mes parents mais…»

Mais elle aimait cette bête, qui avait été fidèle à la famille tout au long de sa vie et qui était partie maintenant, sans que sa petite maîtresse n’ait put lui dire au revoir.

«Je… j’ai perdu mon chien. Enfin… celui de mes parents mais…»

Je m’attendais pas du tout à ça. Je me mords la langue pour ne pas rire. Et je fixe Jay. Connard, c’est pour toi les animaux. Un point commun entre les deux, lui qui possède Jade. Je ne dis pas que j’en suis insensible. Mais ayant les deux pieds dans le logis de la demoiselle - et je rappelle de force - j’espérais quelque chose bien plus dramatique. D’autant que c’est le chien de ses parents.

M’enfin, je n’ai pas envie de passer pour un sans-cœur mais moi, je foutais les poissons morts dans la cuvette des chiottes et le soir même, j’en avais un nouveau dans un plus grand aquarium. Donc, la mort d’un chien, je vous avoue, que c’est triste, on ne peut pas le nier mais …

Enfin bref, je préfère nous resservir. On trinque pour la mort du chien. Espérant qu’il puisse trouver sa place dans le paradis des toutous. Et je maudis encore plus Jay. Je m’abstiens de leur donner le fond de ma pensée. Parce que je pouvais une croix sur de potentiels coucheries sinon. Enfin notre trio dans un pieu ou partout où s'y adonnait.

Un dernier shoot et je m’approche de la demoiselle pour la serrer dans mes bras, un baiser sur sa joue et j’incite l’autre couillon à faire de même. Un cocon pour la soutenir dans cette épreuve. Une mort reste une mort. Même si je ne partage pas les mêmes ressentiments, je peux faire preuve d’humanité.

Et une BabyFace triste, cela ne ravit pas du tout ma libido. Coincée entre nous deux, je dépose moult baisers sur le haut de son crane et profite de la proximité pour claquer aussi silencieusement que possible la tête de Jay.

« Exceptionnellement ce soir, tu as le droit de nous parler de ce petit chien et de foutre ton film favori. Et on ne te jugera pas si tu chiales tout ton saoul » Filez-moi, un oscar.

Je romps le contact entre nous trois et l’incite à exécuter mon conseil en la tirant de son tabouret, finissant par la foutre sur mon épaule.

« Allez Princesse, c’est ton jour de gloire » Une claque sur le moelleux fessier dont j’admire chaque fois que je le peux. Et je la redépose la jette presque sur son canapé.

« Amène-toi tête de bite, on a notre troisième mousquetaire à soutenir » Je mérite une statue sur le parvis de la mairie.

Deuxième verre, et la demoiselle se confie enfin. Si elle était triste ce soir, c’est parce que le chien avec qui elle avait surement partagé sa vie de jeune adulte avait disparu. Un point sur lequel je ne pouvais pas la juger, sachant combien on pouvait s’attacher à ces boules de poils. J’en avais d’ailleurs moi-même une, reçue en cadeau dont j’avais juré de prendre soin. Tout simplement parce que j’avais craqué pour sa petite truffe. Et que les chiens et moi, de toute façon, ça avait toujours été une longue et belle histoire d’amour. Alors je me montre compatissant, venant caresser doucement le dos de la jeune femme alors que Loyd me regarde avec des yeux assassins. Oui, bon, il se sentait niqué, mais jamais je n’aurais pu penser que la demoiselle nous aurait fait venir pour ça. D’autant plus que ce chien, on en avait jamais entendu parler.

Mais étonnement, Loyd semble décidé de jouer son rôle de prince charmant jusqu’au bout. Lui qui fait rarement preuve de marque d’affection sans arrières pensées vient serrer la jeune femme dans ses bras, m’intimant du regard de faire de même. Mes bras se referment à peine sur le corps d’Alexandra que je prends une légère tape derrière la tête. Loyd prince charmant pour l’une, mais prêt à devenir Jack l’éventreur pour l’autre. Je lui fais le gros yeux, même si je sais que ça ne changerait rien. J’allais me faire détruire en sortant d’ici. En espérant que ça n’arrive pas de si tôt. « Dis toi qu’il aura eut une belle vie. Il aura été choyé et aimé. On est toujours triste, parce qu’ils partent avant nous, mais si vous l’avez aimé autant qu’il vous a aimé, alors vous avez tout réussi avec lui. ». Je tente quelques mots réconfortants, bien que je n’ais en réalité jamais été très bon pour parler sentiments.

Sur proposition de Loyd, ou ordre, selon le point de vue, nous migrons vers le canapé pour une soirée cocooning dans le but de raviver le coeur de la jeune femme. Son film préféré pour accompagner le repas, ainsi que le droit de nous parler de sa boule de poil toute la soirée. On a compris Loyd, tu vises le titre de prince charmant du mois, mais calme toi quand même. Mon meilleur ami s’occupe de ramener la jeune femme sur le canapé, tandis que je ramène les victuailles laissées sur le plan de travail pour les poser sur la table basse. Verres, alcool, sushis, la demoiselle n’avait plus qu’à lancer le film de son choix et profiter de se faire chouchouter, comme une princesse, entre le médecin et moi.

Si Alexandra n'avait demandé qu'à Jay de venir, c'est bien qu'elle le pensait être le plus à même de gérer la situation, de la comprendre aussi, parce qu'il était celui dont elle était la plus proche. Celui avec qui elle avait partagé le plus de choses au cours de ces derniers mois, celui avec qui elle avait le plus parlé, même si elle ne lui avait jamais parlé de la petite bête qu'elle venait de perdre, ou à peine. C'était lui qui était le plus apte à la consoler, selon elle. Lui qu'elle avait eut envie de voir, surtout, parmi tous les ami.e.s qu'elle aurait put contacter. Enfin, après sa meilleure amie, mais celle-ci n'était pas sur Oslo ces jours-ci.

Alexandra n'avait pas pensé que Loyd pourrait s'investir autant dans cette soirée ou dans le réconfort dont elle avait besoin, bien qu'elle même trouve qu'il en faisait peut-être un peu trop là, tout à coup, dans le rôle du chevalier servant. Un peu trop pour que la demoiselle ne remarque rien, en tout cas. Il est le premier qui vient l'enlacer, se montrant plus tendre et plus proche qu'il ne l'avait jamais été, déposant une multitude de baisers sur le sommet du crâne de la demoiselle... il était impossible, donc, qu'elle ne songe pas, ne serait-ce qu'une seconde, que son comportement était étrange. Mais l'étreinte qu'ils lui offrent et les mots de Jay l'empêche de réellement s'en soucier. Peu importe que Loyd surjoue peut-être un peu, elle avait trop besoin de leur présence ce soir pour s'en formaliser. Et il la fait même rire quand, l'entraînant sur le canapé du salon, il appelle Jay sans douceur pour que ce dernier les rejoigne.

Comme Jay les rejoint sur le canapé, apportant de quoi boire et les sushis, Lexie attrape son ordinateur portable pour ouvrir son site de streaming habituel, cherchant le film qu'ils pourraient regarder ce soir. Elle avait besoin de quelque chose de drôle, de quelque chose qui la ferrait rire et lui changerait les idées... Apercevant la couverture d'échange standard, elle décide de lancer ce film là, prête à regarder Ryan Reynolds devenir Jason Bateman et Jason Bateman devenir Ryan Reynolds dans un méli-mélo de situations loufoques et improbables. Le film se lance et Lexie commence déjà à grappiller dans les sushis. Mine de rien, elle avait été patiente, pour une fois.

Le film terminé – les sushis également et depuis longtemps – les peines de la demoiselle sont presque passées, ayant rit pendant toute la durée du film, tant à cause de celui-ci que des remarques des garçons ou les siennes, rebondissant sur les vannes du film. Lexie s'étire, les regardant tour à tour.

«- Merci d'avoir été là...» souffle la demoiselle finalement, avant de promener son regard sur les vestiges de leur dîner. «C'était... c'était difficile parce que... j'avais quatorze ans quand elle est arrivée chez moi. J'ai passé toute mon adolescence avec ce chien...» confie-t-elle. «C'était une tervueren. Elle avait l'habitude, quand ça n'allait pas, de venir frotter sa truffe sur ma joue...» se perd-elle dans ses souvenirs.

La demoiselle pousse un soupir, avant de regarder les garçons, allant de l'un à l'autre en souriant. Elle réalisé, alors, qu'ils sont là pour elle et que... c'est agréable de passer du temps avec eux. Là, simplement, en dehors du lit, pour faire quelque chose de simple, de normal... regarder un film. Elle voudrait bien que cela se reproduise, en de meilleures circonstances...

«- C'est... c'est cool que vous soyez là...» remarque-t-elle. «Je veux dire... c'est sympa de passer du temps avec vous comme ça sans... enfin sans sexe.» souffle la demoiselle. «J'aimerai bien que... qu'on refasse ça... à l'occasion.»

« Merci d'avoir été là... C'était... c'était difficile parce que... j'avais quatorze ans quand elle est arrivée chez moi. J'ai passé toute mon adolescence avec ce chien.. C'était une tervueren. Elle avait l'habitude, quand ça n'allait pas, de venir frotter sa truffe sur ma joue...»

Je ne sais même pas c’est quoi comme race. Qu’est-ce que je fous là ? Je viens de me taper un film avec ce vieux Reynolds. Enfer. C’est ce que je suis entrain de vivre. J’ai beau sourire, caresser le dos d’Alexandra pour la soutenir. J’étais déjà entrain de lister les personnes qui pourront m’aider à faire disparaitre le corps de Jay. Je perdrais mon meilleur ami mais bon, je trouverais bien une bonne excuse à donner à sa famille. En tant que médecin, j’ai moult idées. Mais pour l’heure, on avait une douce, mal au point et malgré que je pense souvent avec mon chibre la concernant, elle allait mal. Et étant à peu près humain, je commençais à être un peu touché. Un chouilla.

« C'est... c'est cool que vous soyez là… Je veux dire... c'est sympa de passer du temps avec vous comme ça sans... enfin sans sexe. J'aimerai bien que... qu'on refasse ça... à l'occasion. »

Je crois que mon cerveau vient de faire un blackout. Se refaire ça… Sans sexe. Je sais qu’elle est envahie par le chagrin. Mais ce qui nous réunit tous les trois sont ses merveilleux fondements. Je vais buter Jay. Je vais le buter. Et le rebuter. Et piétiner son cadavre. Je soupire longuement. Je ne savais même pas quoi dire… J’étais abasourdi. Et pourquoi pas vivre ensemble non plus ? Je reste comme un nouveau-né n’ayant jamais appris la parole.

« Je suppose qu’après des mois, cela soit un geste normal pour te soutenir. »

Je suppose que je suis entrain de répondre à côté de la plaque mais je suppose que je ne pouvais laisser le silence me rendre plus muet qu'il ne le devrait. Est-ce la fin de ma carrière dans le cinéma ?