Je n'avais pas vraiment imaginé voir notre week-end prendre cette tournure. Dans un sens , je suis heureux de ne pas avoir mon arme sur moi , sinon il est fort probable que je me serais fais "griller" par Aura , après avoir réglé gentiment le compte de ce blaireau.
Ce type est malade. Voilà qu'il se met à tirer en l'air , quand un gars annonce qu'il a appelé les flics. Non mais il a quoi dans la tête ce mec ? Juste pour un coup dans le nez ?
Je vais avoir des emmerdes...
Pourquoi l'autre con a appelé les flics , merde !

Et maintenant , on a Aura qui nous fait un numéro de je sais pas trop quoi , mais c'est n'importe quoi !
Un week-end tranquille !

Pendant que le mec est occupée à se faire arroser par Aura , je viens derrière lui pour lui bloquer les jambes , et le faire basculer totalement dans l'eau. Dès qu'il s'est étalé , je récupère son arme , avant de le frapper à l'entrejambe. Coup bas , mais Aura connait bien.

C'est son regard à elle qui m'empêche de faire plus , de le frapper jusqu'à sang , jusqu'à la mort. Je balance me flingue le plus loin possible , avant de prendre ma main de la brésilienne pour qu'on se tire d'ici , vite fait bien fait.

"Non mais t'étais complètement malade !" , je lui fais remarquer , énervé , une fois que nous sommes à l'abri. C'est la peur que j'ai ressenti qui me fait péter un câble.

"Pourquoi tu t'es jeté sur lui comme ça ? Il a failli te coller une balle !"

Je ne sais même pas ce qui m’a pris. Je crois que la peur de perdre Aaron a supplanté toutes mes craintes. Mais pour sûr, je raconterais tout ça, au Krav Maga. Bon, de base, je ne suis pas censée attaquer quiconque mais je ne crois que mon cerveau se soit fait la malle. Aaron me tire loin de la scène, sans que je puisse y dire quoi que ce soit, ce qui est bête, la police va nous chercher, quoi qu’il arrive mais je me laisse trainer. J’avais trop peur qu’il s’en prenne violemment à moi. Ce qui est paradoxale vu ce qu’il venait de se produire. Je lui demande – bien trop bas – de s’arrêter mais il ne m’entend pas – logique – puis il me fait face. Je recule quand il me gueule dessus, apeurée.

- Aaron .. Il allait te … Tuer .. Et .. Tu sais qu’on va être interrogé … Tu vas où ? Je .. Désolé ! Je ne sais pas ce qui m’a pris .. Je … Te protéger … C’était … Bête de ma part … Mais depuis qu’on a été séparé à l’attaque … Je n’en sais rien .. Je suis stupide .. Je te demande pardon .. Est-ce que tu es blessé ?

Je baisse la tête, honteuse. J’avais si mal agi. Qu’aurais-je pu faire ? Je ne pouvais me résoudre de le voir avec la cervelle explosée. Et l’image échoue dans mon esprit et j’éclate en sanglots. Toute l’adrénaline redescend et tout ce qui s’est passé tournoie dans mon cerveau. Je sèche rapidement mes larmes, c’était terrible de se montrer aussi fragile, et j’articule du mieux que je peux.

- Retournons au bungalow. Je ne sais pas ce qui va se passer, à présent. Je ne voulais pas tout gâcher.

Je culpabilisais, si je m’étais tenue tranquille, on n'en serait pas là. Etais-je un danger ambulant pour lui ? Allions-nous rompre ? Je n’ose même plus le regarder.

La scène que nous venons de vivre m'a fait perdre tous mes moyens. La colère que j'ai en moi , celle que j'essaye toujours de contenir en présence d'Aura , vient de se libérer de manière violente. Je ne me rends pas compte immédiatement que mon comportement peut l'effrayer , que je peux la perde pour m'être défendu si violemment , pour l'agresser elle verbalement. C'est pourtant la dernière chose à faire , je le sais bien. C'est justement la lueur de peur que je remarque dans ses yeux lorsqu'elle croise mon regard qui me fait me figer sur place , de peur , de honte.

Je lui fais peur. À Aura. Mon cœur se serre irrémédiablement de l'apprendre. Il faut que je me contienne. Tout de suite. Aura se met à enchaîner les phrases , les excuses , et je vois bien qu'elle retient ses larmes. Je me sens comme un con. Un vrai con. Un salaud presque.
Si on sera interrogé ? Avec un peu de chance , non. Puis , de toute façon , le type avait pas à nous braquer , que je lui ai pété le nez ou non.

"Nan Aura...merde...Je...Je voulais pas te faire autant de reproches. J'ai..." , j'ai moi même du mal à soutenir son regard , mais je ne veux pas laisser de non dits entre nous .

"J'ai vraiment eu peur. Pour toi. Te voir te lancer sans réfléchir comme ça, te mettre en danger , à cause de cet abruti...ça m'a mis hors de moi. Je sais que j'aurais pas dû réagir comme ça, t'en envoyer dessus mais...c'est plus fort que moi. Quand j'ai peur , ma colère prend le dessus. J'suis un con , je sais. Je suis désolé."

Je viens la prendre doucement dans mes bras , naturellement sans trop y réfléchir . Je ne veux pas être celui qui la fait pleurer , qui la traîne plus bas que terre. J'ai toujours su que je ne suis pas l'homme qui lui faut , mais j'ai de plus en plus de mal à l'accepter.

"Tu n'as pas tout gâcher. C'est moi qui n'aurait pas dû réagir aussi vivement..." , quelques secondes de flottement où je ne me rends pas tout de suite compte de quelles paroles , l'émotion du moment me fait prononcer , dans un murmure : "Je t'aime..."

Il se radoucit aussitôt. Le cœur se serre. J’ai envie de pleurer. Encore plus. Je n’avais pas réalisé à quel point, il était si bouleversé. Surtout à sa dernière phrase. Je suis choquée. Etat de choc ? Ou il le pensait véritablement. Je reste sans voix. Il venait de me dire quoi ? Je n’ose même pas lui faire répéter. Mon cœur se retourne. Je crois que j’ai raté un battement. Ou je ne venais de les dédoubler.

Que sais-je ? Où suis-je ? Qui suis-je ? Il … Il l’avait dit. Et le premier. Ce n’était pas un moi aussi. Mais bien … Cette sublime phrase. Tout se mélange dans ma tête. Bon, je l’admets, en sa présence, ma capacité à raisonner était drastiquement réduite. Mais là … C’est le vide dans mon crane. Les larmes ravagent mon visage.

J’étais totalement chamboulée. Je me serre contre lui, qu’importe qu’on soit au milieu d’un chemin. On pouvait bien nous écraser, j’étais avec lui, dans ses bras. Et j’avais l’intime conviction que rien ne pourrait m’arriver avec lui. Elan de passion, mes lèvres s’écrasent sur les siennes. Baiser se muant en plus fougueux. Je recule ma tête quand je n’ai plus de souffle, collant mon front contre les siens, mes mains sur sa nuque. Souriant comme une collégienne, tout en rougissant.

- Je t’aime aussi Aaron Jackson. Tu peux plus te débarrasser de moi. Ou je te fais la même prise. Compris ?

Je me sentais tellement légère. Même si j’avais encore du mal à y croire. C’était lui, qui l’avait dit en premier. Et je ne sais pas, ça me rend tellement émotive. On klaxonne et je sursaute. Je m’excuse de la main et on se décale pour laisser la voiture.

- Bon, allons nous mettre à l’abri avant de provoquer une autre bagarre.

Main glissant dans la sienne. J’étais à deux doigts d’oublier ce qui nous avait conduit à une telle déclaration. On retourne à notre bungalow et j’échoue sur le canapé, épuisée. Mentalement et physiquement.

- Ca va aller ? T’es blessé quelque part ?

Je tais mon inquiétude, mais je pariais sur la venue des flics à un moment donné.  

Je crois que moi-même je n'ai pas réalisé la portée des mots que je viens de prononcer. Tout me semblait pourtant évident à l'instant où je l'ai dit , mais là, en croisant le regard d'Aura , j'ai plus l'impression d'être redevenu un enfant que d'avoir avancé. Je n'aime pas le silence qui suit mes paroles. Ça m'angoisse chaque seconde un peu plus.

Qu'est ce que je dois penser de ses larmes ?
Qu'elle n'était pas prête à l'entendre après ce qu'elle a vécu ?
Ou...

J'oublie mes doutes à son baiser , qui veut tout dire. Je lui rends moi-même toute l'intensité qu'elle y met , bien plus heureux d'un seul coup que je ne l'ai été depuis des années. Son sourire est contagieux :

"J'ai bien compris. Évitons les prises de ce genre , ça sera mieux pour notre santé , je crois..."

C'est quand on se décale que je reviens davantage à la réalité.
Comment lui promettre de ne pas l'abandonner ,avec ce que je fais chaque semaine ?
Combien de temps avant que je me prenne vraiment une balle , comme mon frère , ou que mes actions retombent sur elle ?

Mon enthousiasme diminue un peu quand je prends conscience de tout ça.
Inquiet quant à la possible arrivée de la police, je fais mine de ranger mes affaires pour reprendre discrètement mon arme , et je monte à la salle de bain , disant que j'ai besoin de me rafraîchir rapidement. Je cache le pistolet sous plusieurs serviettes un peu à la va vite , avant de redescendre.
Ensuite , je me laisse quand même tombé sur le canapé à côté d'elle , comme le gros tas que je suis.

"Non , t'en fais pas , il n'a pas vraiment réussi à me toucher. Je lui ai plus fais mal que l'inverse..." , je lâche un petit rire plus de stress que de véritable amusement. "Et toi , rien de cassé ?" , je lui prend doucement la main.

C'est quelques minutes plus tard que la police débarque , évidemment...Heureusement pour nous , je reste calme cette fois, répondant à leur question de manière la plus objective possible. Ma seule véritable crainte c'est qu'ils se mettent à fouiller dans nos affaires...Surtout qu'un des flics bloque véritablement sur ma tête, nan sur ma couleur de peau je devrais plutôt dire...à ses yeux je suis bien plus coupable que le type qui nous a véritablement "tiré" dessus.

Les battements de mon cœur s'accélère quand les deux policiers rentrent dans le gîte. Et vient le moment fatidique où ils fouillent nos affaires...et heureusement , ils ne cherchent pas trop loin. Ils ne montent pas dans la salle de bain , et apres une dernière discussion un peu houleuse où je me retiens de réagir trop vivement grâce à la présence d'Aura , ils partent enfin. Heureusement qu'elle était là, sinon j'aurais fais une nouvelle connerie.

Le fait , plutôt important , de ranger mon arme me sort complètement de l'esprit , et je ne pense plus au fait de le dégager des serviettes. Il y traîne encore.

"Boooon..." , je soupire longuement. "On s'en sort pas trop mal de toutes ces histoires , finalement hein ?"

Quand les forces de l’ordre sont arrivées, je n’avais pas la sensation qu’ils venaient prendre notre déposition. Comme une horrible sensation qu’on nous accusait à demi-mots. Le “faut pas s’énerver pour si peu”, je ne risque pas de l’oublier. Et puis cette manière de parler à Aaron est exécrable. Et je sens bien que mon petit ami se retient de répondre avec une réplique franchement sèche. Chose dont je ne me prive pas. C’est aberrant d’être traité comme des criminels. Et c’est pire quand ils fouillent le chalet, je reste sans voix. Routine qu’ils disent. J’étais atterrée et clairement soulagée quand ils sont repartis. Je regarde Aaron quand il ose avouer qu’on s’en sort bien.  

Si on prend en compte, que tu es entier, ainsi que moi. Que c’est limite fait accuser de trouble à l’ordre public, je trouve qu’on s’en sort très bien. Mais je n’ose plus sortir. Ça se trouve, à cause de nous, les proprios vont perdre en réputation. Ou tout l’inverse. M’enfin, tout de façon c’est fait. Je te propose de te faire des pates spéciales super héros et de se glisser dans le jacuzzi pour détendre tes petits muscles.

Je ris doucement et fuis rapidement dans la cuisine pour nous cuisiner.  Je mets de la musique en fond et je me lance dans un plat assez simple mais avec les fameux féculents, des légumes et des entrecôtes. Une sauce pour parfaire le tout. Des œillades parfois vers l’homme. Et je me dis que j’ai quand même de la chance de l’avoir. Je ne pensais pas retrouver quelqu’un après ma fuite. On aura probablement des disputes et des ajustements à effectuer mais à ses côtés, je me sentais en confiance. Et il n’était pas contre de rencontrer Hope, ce qui était un point non négligeable.  

Repas prêt, on s’installe, je baisse la musique pour s’entendre parler. Tu veux faire quoi demain ? Une petite randonnée à la fraiche ? Je le regarde en coin, souriant de plus belle. Ou alors du vélo ? Je ne sais pas si je vais le convaincre. Ou encore rester au lit toute la journée à mater une série ? Une option non négligeable. Glander c’est bien aussi.

Je continue de le taquiner avec des tas d'activités dont je n'avais absolument pas envie de faire. Mais à voir sa tête par moment, c'était clairement drôle. Fou rire entre chaque bouchée puis je me redresse pour l'embrasser et me rassoir pour finir mon assiette. Bon, j'arrête de t'embêter. On débarrasse une fois que nous avons terminé. Vaisselle à deux, ce qui est franchement agréable. tout le devient avec lui dans les parages, je ne pouvais pas le nier.    

Cuisine et table propres, on peut enfin aller se prélasser dans les bulleuses. Allez viens donc, on va barboter, tu l'as amplement mérité. Je fais un détour pour activer le jacuzzi. Puis, je grimpe à l'étage pour me changer et enfiler mon maillot de bain. J'attrape une serviette dans mon sac. Je ferme les yeux devant le miroir sinon je n'allais jamais redescendre. Et je me presse devant lui, intimidée.

Je plonge ma main dans l'eau, température parfaite et juste avant de me glisser dedans, je pars chercher une bouteille de champagne et de flutes que je remplis. Je lui tends la seconde et on trinque. A notre premier weekend karatéka.

Je me sens coupable. Coupable d'avoir sur-réagi , d'avoir probablement gâché nos vacances. Je ne pensais pas qu'Aura se sentirait angoissé à l'idée de devoir sortir , ni que cette histoire retomberait sur l'entourage. À vrai dire , nos propriétaires , je m'en fous pas mal. Mais angoisser Aura , c'est une chose qui me dérange à un niveau bien plus haut.

"C'est ça : on est entier. Accusés peut être , mais sans poursuite." , petit baiser sur ses lèvres avant de continuer. "Tu ne dois pas avoir peur de sortir. Ne gâchons pas nos journées à cause d'un connard. Et , je valide ton programme à 200 % , ma chérie."

Souvent , je me dis que tout est plus simple avec Aura. C'est facile d'être avec elle , de discuter , de rire. Je n'ai pas besoin de réfléchir , de me poser 36 questions pour savoir comment me comporter avec elle. Malgré mes mensonges , je reste naturel , plus que je ne le suis avec mon gang. Bien plus. Cette impression de me retrouver , d'être pleinement moi quand je suis avec elle. Et , je ne veux perdre ça pour rien au monde.

Le véritable problème , c'est que je sais que ce cadre idyllique, Aura cuisinant ses merveilleux plats , moi essayant de goûter ce qui l'agace à chaque fois , la musique à fond , ce cadre de film romantique en somme...tout cela ne peut pas durer. Un jour ou l'autre , tout va exploser , et je ne pourrais pas récupérer les morceaux du cœur d'Aura qui sera brisé. Ce qui s'est passé aujourd'hui me le fait encore comprendre.

Faut se remettre dedans , discuter d'activités , et je dois dire qu'elle en propose des quantités. Je n'aurais même pas assez d'imagination pour en trouver autant. Je ne serais pas contre glander à la maison c'est certain , mais après ce qu'Aura m'a dit sur sa peur de sortir , je préfère prendre les devants.
Puis , on est pas venu pour rien faire , nan ?

"Pourquoi pas une randonnée ? Il y a de magnifique paysages dans le coin ce serait dommage de ne pas en profiter. Puis , en plus , tu pourras me voir galérer au bout d'une heure ce qui , j'en suis sûr te feras bien rire..." , je ris doucement. "Oui tu devrais arrêter de m'embêter. Plus sérieusement , le vélo ça serait sympa. Ça me ferait peut être un peu moins souffrir...enfin quoique..." , j'en suis pas certain.

Coup de stress énorme quand Aura monte à la salle de bains , quand notre repas est terminée. Mon cœur bat la chamade alors que je prie , sans savoir qui d'ailleurs , pour qu'elle ne trouve pas l'arme par hasard. Ce serait bien ma veine. Mais, heureusement pour moi Aura revient , et n'a pas l'air en colère ou quoi. J'en ai profité pour me mettre un caleçon de bain , laissant le reste de ma peau nue.
Je retiens un soupire de soulagement , craignant qu'elle l'interprète mal, qu'elle comprenne que je lui cache quelque chose :

"Je t'impressionne ? Je sais que j'ai un faux corps d'athlète..." , je la taquine , amusé avant de rentrer dans le jacuzzi. Pour détendre , ouais c'est parfait , on ne va pas se mentir. Je prends une gorgée de champagne après avoir trinqué : "C'est ça. On développe de nouvelle compétences , tu vois ?" , quelques discussions , et taquineries , ainsi qu'une flûte de champagne plus tard, je me rapproche quelques peu d'elle. Jamais été aussi proche d'elle , avec ce genre de tenue...

"Je trouve que c'est parfait comme week-end. Ce moment est parfait." , je lui souffle , un bri plus charmeur que d'habitude , caressant tendrement sa joue. On a jamais été trop loin dans notre relation , et je sais qu'il ne faut pas la brusquer , qu'elle a ses peurs et je le comprends. Loin de moins l'idée de la mettre mal à l'aise. C'est juste que je me sens bien avec elle. "Je ne regrette pas notre petite virée en tout cas. Puis , je prends goût à tes excellents plats...enfin les pâtes ça reste le meilleur !" , petit clin d'oeil même si elle sait que j'adore quand elle me gâte comme ça. "Je t'aime..." , dernier murmure avant de venir capturer ses lèvres.

Baiser qui m’étourdit. Homme qui me rend folle. Cadre idyllique. Cet homme me fait littéralement fondre. Première fois que nous étions aussi proches. Et je l’admets avec le champagne mes esprits étaient confus. L’entendre me parler ainsi n’aide pas à me calmer. Bien au contraire. Encouragé par l’ivresse, je me fais audacieuse. Je crois que je suis prête Aaron. Mes orbes se plongeant dans les siennes. Non, je ne crois pas. Je suis certaine. Mes joues se teintent. M’enfin la chaleur de l’eau m’avait déjà rendu pourpre et le torse de l’homme ainsi que ses mots m’avaient fait ôter toute pudeur. J’ai le souffle court. Mais je décide de me lever et de quitter le jacuzzi. Tout est confus mais je lui tiens la main, souriant de plus belle, je ne me suis jamais sentie aussi épanoui. Et sans le quitter des yeux, je marche à reculons jusqu’aux escaliers. Toujours sa main dans la mienne, on remonte dans la chambre. Porte refermée. Une nuit d’amour que seuls nos corps en seront témoins. Et la fatigue du lendemain.  

Je me lève la première malgré tout, radieuse. Nuit courte, faut l’admettre. Mais comblée. Alors, je quitte le lit aussi doucement que possible, enfilant ma nuisette (remerciant les filles d’en avoir mis deux) et je descends préparer un bon petit déjeuné pour au moins la matinée possiblement sportive qu’on allait passer. J’étais sur un nuage alors, un mot de lui, et on pouvait tout aussi bien retourner au lit. C’est donc au son de la musique, que je danse et que je prépare de quoi lui remplir la panse. Une bonne dizaine de minutes et je prépare un magnifique plateau. Je remonte avec et le pose aussi loin du lit pour ne rien cassé. Je grimpe sur le lit, commençant à l’embrasser dans le cou. Dormeur, le petit déjeuné est prêt.  

Nuit douce et tendre. Probablement , l'une des plus belle qu'il m'ai été donné de vivre. Moment inoubliable.
Pourtant , je fais mine de toujours dormir lorsque Aura se lève le lendemain. Je garde les yeux fermés , ne bougeant pas. Une fois qu'elle a franchit la porte , je me tourne et me retourne , mon regard fixant le plafond immaculé.

Est-ce que je suis allé trop loin ?

Elle était prête , elle le voulait , je m'en suis suffisamment assuré. Mais...C'est une phase non négligeable dans notre relation. Une étape déterminante. Je sais que pour certains , ce n'est qu'une formalité , mais je n'ai jamais vu les choses comme ça. Bien au contraire , d'ailleurs.
Se livrer , s'offrir par amour...
Ça me lie presque définitivement à elle.

Non que j'ai envie de la fuir ou de la quitter. Néanmoins , peut être que je le devrais un jour.
Mais , après ça, où est ce que je trouverais la force de le faire ?

Grand soupire en me retournant une énième fois dans les draps , en entendant Aura , manifestement plus que joyeuse. Je ne peux pas , et ne pas agir comme un connard , pourtant , je suis perturbé.
Troublé, mais heureux.

Au fond , je ne peux absolument pas regretter cette nuit passée avec la femme que j'aime.

Je referme les yeux en l'entendant monter. Je souris au contact de ses lèvres dans mon cou , et doucement je l'amène pour qu'elle reste dans le lit , tout contre moi :

"Quel chanceux je suis...servi comme un roi." , je réplique en déposant un baiser sur ses lèvres. "Merci ma chérie. Va juste falloir que j'arrive à sortir du lit...ce qui est pas gagné." , si le petit déjeuner est tentant , la journée sportive , un peu moins. Autant faire durer un peu le moment moelleux dans les draps , encore un peu.

Je ne sais pas si je le sers comme un Roi mais bel et bien comme celui qui fait battre mon cœur. Et un peu plus fort chaque fois que je suis à ses cotes. C'est aussi doux qu'effrayant. Je n'aurais pas pensé pouvoir revivre un tel sentiment. Cinq ans, que je refusais de vivre une quelconque histoire. Avais-je eu raison pour le rencontrer Aaron ? Je n'aurais jamais la réponse. Mais je compte bien profiter de chaque minute à ses côtés. Je me sentais chanceuse de rencontrer un tel homme. Charmant et intéressant. Je réponds à son baiser, le regardant tendrement. Ressemblais je à une groupie ? Je ne sais pas. Mais je ne voulais l'échanger avec quelqu'un d'autre pour rien au monde. Et si je pouvais rendre sa Vie plus jolie, j'accepte ma mission. Je ris quand il suggère de larver dans le lit. L’idée ne me déplait pas, je t’assure. Mais il y a un magnifique soleil ! Je veux en profiter. Faut bien éliminer les pâtes d’hier mon chéri. Même si un sport moins chaste me va, j’avais envie de découvrir le paysage. Je me retire de ses bras, à contre cœur. Mange donc, tu vas avoir besoin d’énergies. Je cherche un stylo et une feuille de papier où j’écris deux propositions. Je la déchire en deux, mélange les deux boules que je cache dans mes mains. Tu as le choix entre dix kilomètres à pied ou vingt kilomètres de vélo. Tu veux quoi ? Grand sourire, bien heureuse de pouvoir lui rappeler quand il pestera sur le trajet. Promis, je te masserais et te laisserais feignantiser dans le lit ensuite. Et faire une activité plus calme, et je te laisse même choisir ce qu'on va manger ce soir. N'est-ce pas un bon deal ? Je fais bouger mes deux mains, espérant l'avoir suffisamment motivé pour choisir et se lancer dans une matinée sportive.