J'ai 30 ans et je vis à Port Real, même si la vrai maison est Castral Roc. Dans la vie, je suis Prince des Sept Couronnes mais surtout Commandant de la Garde Royale sur ordre de mon père. et je m'en sors comme je peux avec l’équipe d’incapables qui m’a été confiée.. Sinon, grâce à ma malchance, je suis veuf et je le vis plutôt très mal. Le second fils de Redroc Lannister, l’actuel Roi des Sept Couronnes, est à l’image des gouverneurs de l’Ouest : grand à la silhouette élancée, cheveux blondis par le soleil de Port Real, il possède des yeux aussi bleus que l’océan qu’il aime tant. Son agilité naturelle qui fait de lui un combattant hors pair, et lui donne une confiance naturelle.
Le statut privilégié de l’homme lié à son appartenance à la famille royale lui a donné accès à un enseignement de qualité, une bibliothèque bien fournie, et de nombreux passe-temps qui favorisent une culture développée. Rapidement, il s’est passionné pour la pêche, le fonctionnement des océans et… par-dessus tout : la navigation.
Zaran s’est marié à l’âge de 17 ans à la fille du Prince de Dorne, Yaja Martell, afin de calmer les tensions entre la principauté et Redroc. Contre toute attente, et malgré les nombreuses fausses couches de Yaja au début de leur union, ils considéraient leur mariage comme heureux. A la mort de Yaja, sauvagement assassinée par un brigand en pleine rue de Port Real, le doux sourire de Zaran s’envola, et laissa place à la mélancolie qui le tient debout depuis dix ans. Dix années que le prince, convaincu que son appartenance à la Royauté est responsable de son meurtre, s’est retiré de la vie royale pour Castral Roc : une vie modeste était préférable pour voir grandir Ara. Pas de domestiques ou de jardiniers, seulement l’ancienne femme de chambre de Yaja devenue gouvernante, cuisinière, confidente… mais surtout la mère de substitution de son unique fille.
La peine, la douleur… sont les sentiments que Zaran laisse passer à travers ses yeux devenus vitreux. L’éclat qui jadis faisait rugir le lion Lannister s’était éteint, laissant place à une terrible envie de solitude sur son voilier, et un silence de plomb. Il ne parlait plus que nécessaire, s’autorisant quelques sourires avec la prunelle de ses yeux : sa petite fille aux traits de Yaja, dont les grands yeux noirs ne faisaient que resserrer son cœur à chaque fois qu’il les croisait.
Il était assez impensable que l’auberge dans laquelle ils venaient de mettre pied à terre soit aussi fréquentée. Tous les hommes de Zaran Lannister n’auraient pas leur propre chambre, et ils devraient se contenter d’un maigre repas. Pour le Seigneur de Castral Roc, il ne s’agissait là que d’intendance, et il se fichait bien de devoir partager une chambre avec l’un de ses hommes.
L’homme fut invité par l’aubergiste à le suivre pour lui montrer les chambres disponibles. Il enfila une cape épaisse, destinée à affronter la fraicheur du crépuscule, puis emboita le pas du gérant de l’établissement. Le répit ne fut que de courte durée, car lorsque Clegane pénétra dans la pièce chauffée par une grande cheminée, le Commandant de la Garde Royale se figea.
Il lança un regard interrogateur en direction du nouvel entrant. Ce dernier haussa les épaules, ahuri devant le visage de son Commandant. « Où est la prisonnière ? » Questionna le Lion dont la chevelure dorée ressortait tout particulièrement avec la lumière du foyer ardent. « Vous avez donné à Gaunt l’ordre de la conduire aux cachots. » L’air détendu du soldat ne resta pas longtemps sur sa figure, lorsque l’éclair envoyé par les prunelles de son dirigeant le foudroya sur place. Comment cet imbécile avait bien pu gober une ineptie de la sorte ? Tout le monde savait que Zaran Lannister ne faisait pas confiance à son Capitaine… « Il n’y a même pas de cachots ici, Clegane. Où sont-ils passés ? »
Clegane n’en avait, bien évidemment, aucune idée. « Dehors, je suppose, Seigneur Zaran… » Aussi rapidement qu’il avait pénétré dans l’enceinte de l’auberge, l’homme posa sa main sur le pommeau de son épée puis regagna l’extérieur. « Je suppose… Je suppose… Quand on a pas de cervelle, pas besoin de supposer ! » Grommela Zaran, tous les sens en alerte. Il lui fit tout de même signe de le suivre, ignorant depuis combien de temps elle était seule avec lui.
Zaran ne connaissait que trop bien la réputation de celui qu’on lui avait imposé comme bras droit : il ne donnait pas cher à celle qui avait osé le défier. Le Lion s’engouffra dans la pénombre déjà bien épaisse à la recherche d’un quelconque indice lui permettant de retrouver la fugitive. Il manquait d’ailleurs quelques hommes à l’appel, en plus de Gaunt.
Dernière lui, Clegane peinait à suivre le rythme de ses foulées.
« … Petite traînée ». L’air lui rapporta la voix répugnante, mais reconnaissable parmi toutes, de l’homme qu’il recherchait. Le volume était faible, mais le cadet des frères Lannister était sur la bonne voie. Il accéléra le pas, main toujours serrée contre le métal de son arme. « Bon sang mais dépêchez-vous Clegane. »
Dans quel état trouverait-il cette femme dont le seul crime avait été de tenir tête à un égo bien trop gros ?
« Tenez-la plus fort ! » vociférait cette voix à l'abris de quelques arbres. Zaran les distinguait enfin : deux soldats comprimaient une silhouette luttant de toutes ses forces pour s’échapper. En face de la seule femme qui voyageait à leurs côtés, le Capitaine et son expression la plus furieuse tentaient de lui arracher ses vêtements. « Encore plus fort, cette chienne ne veut pas me laisser faire… Mais je l’ai pas besoin qu’elle soit d’accord ! » Il ricana à en faire froid dans le dos du Commandant.
Le seul qui se fraya un passage, pourtant, avait une démarche féline : souple et délicate, silencieuse comme une ombre. Seul le tintement de son épée aurait pu le trahir si les cris de l’homme, entrecoupés par les sanglots de sa victime, n’avaient pas monopolisé l’attention de chacun. Zaran Lannister attendit le dernier moment pour se racler la gorge.
Les deux soldats qui tenaient la jeune femme s’écartèrent si vite qu’on aurait pu croire qu’ils venaient d’être frappés par la foudre. Gaunt, trop occupé à se dévêtir à son tour, n’entendit pas la lame siffler, et ne comprit que trop tard ce qu’il venait de se produire. Zaran lui avait sévèrement entaillé le bras.
Le Seigneur de Castral Roc s’imposa entre sa prisonnière et l’horrible personnage à qui on offrait une réputation de héros de guerre à Port Real. « Il est tout à fait compréhensible d’obéir à mes ordres, Gaunt. » Il n’avait pas même essayé de lui rétablir le titre de Capitaine, qu’il lui donnait habituellement par politesse. Oh ça non, Zaran n’avait aucune obligation d’être courtois après ce qu’il venait de faire. « Encore faut-il que j’ai donné ces ordres… »
La lame argentée brillait sous l’éclat de la pleine lune, renvoyant ses rayons pâles vers le visage de l’agresseur : Zaran se tenait droit, inversant la menace par rapport au soir où il avait dû faire cesser le combat. « Mon Prince, pardonnez cet affront mais… Je… Je ne pouvais pas laisser la putain crever de froid dans la nuit. Il était de mon devoir de… » Cette fois, la lame s’enfonça jusqu’à ce qu’une goutte de sang se mette à perler dans le cou de l’insolent.
« Oh. J’oubliais comme votre vie entière est vouée au service du Royaume des Sept Couronnes. » Ironisa Zaran alors que seule sa raison l’empêchait de lui trancher la tête sur le champ. Tout en abaissant son arme, l’homme grogna en direction des deux autres soldats. « Changement de programme. » Le visage de Gaunt reprit instantanément des couleurs, et il s’agenouilla pour remercier son Seigneur.
C’était sans compter la rage que Zaran retenait comme le lion devant sa proie. L’homme lui écrasa la tête au sol, et lui assena un violent coup de pied à l’arrière de la nuque. « Enfermez-le dans sa cage. » Ordonna-t’il en rangeant son épée, sans prendre le temps d’essuyer sa lame. « Clegane est votre nouveauu Capitaine. Et que je ne vous prenne pas à obéir aux ordres de ce parjure. »
La déglutition inquiète de l’un des soldats ne suffit pas au Seigneur de Castrol Roc pour s’adoucir. Il maintenait ses poings serrés, s’en voulant de ne pas avoir gardé un oeil sur celle qui s’était présentée comme Sybelle, quelques jours plus tôt. La concernée gisait sur le sol, tremblante.
Clegane se tenait droit comme un piquet, derrière son Commandant, ingurgitant tant bien que mal les informations qu’il venait de recevoir. L’homme lui passa quelques consignes, et attendit qu’il se soit suffisamment éloigné pour se retourner vers la jeune femme. Il n’était pas la meilleure personne sur cette terre pour intervenir auprès d’elle… mais il n’y avait que lui à cet instant.
Le Seigneur ôta sa longue cape, puis a jeta sur les épaules de la fugitive afin de lui rendre le peu de pudeur dont elle disposait. Pas un mot ne lui vint à l’esprit, et il se doutait bien que cela n’arrangerait rien. Pendant ce long silence, elle aurait la possibilité de retrouver son souffle. Du moins, il l'espérait.
Zaran était si furieux qu’il aurait pu frapper dans l’arbre le plus proche, mais il resta agenouillé en silence, à côté de celle qui fut sa prisonnière quelques heures auparavant. Après un mutisme qui lui sembla infini, son cerveau avait rassemblé bien assez de mots pour pouvoir enfin s’exprimer. « Je m’assurerai personnellement qu’il ne puisse plus vous nuire. Venez vous mettre au chaud. » La voix grave du Lion s’était élevée, plus douce que jamais, parmi les branches de la forêt.
* * *
Dans la seule chambre individuelle de disponible -les autres devant se résigner à ronfler tous ensemble dans le même dortoir-, une bassine d’eau chaude avait été disposée par l’aubergiste. Le Seigneur de Castral Roc, qui mourrait d’envie de ressentir l’eau contre sa peau, se résigna. Elle en aurait bien plus besoin que lui.
« J’oubliais… Vous êtes libre. » Déclara-t’il en la laissant seule dans la pièce, à la recherche d’une pinte de bière. Pourvu qu’il en reste.
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Mad Max
Mer 10 Nov - 18:46
Desmera Stark
J'ai 20 ans et je vivais à Winterfell. Dans la vie, je ne suis plus qu'une vagabonde et je m'en sors moyennement bien.. Sinon, grâce à ma chance, je suis célibataire et je tiens profondément à ma liberté.
The lone wolf.
Diplomacy is the art of telling people to go to hell in such a way that they ask for directions.
Desmera, c’est une enfant du Nord, du froid, là où la neige est éternelle et où la brise mord autant que les loups qui peuplent le territoire. Dans ses yeux, on retrouve ce bleu glacé qui rappelle celui du ciel nordien, seulement son sourire, lui, évoque un Soleil lumineux et chaleureux. Mais rares sont ceux qui ont eu un aperçu de cette mimique. Bien qu’elle soit restée dans l’ombre de ses deux frères durant des années, Desmera n’a jamais manqué une occasion de tirer une leçon de chaque situation. Bonne ou mauvaise.
Réfléchie et cultivée, elle est de ceux qui se fient à leur esprit. La parole est d’argent, mais le silence est d’or.Un mantra qui la suit depuis qu’elle a été en âge de comprendre que les mots sont une arme, pour celui qui sait les manier. En tant que fille du gouverneur du Nord, Desmera a reçu une éducation digne de son rang, dont la sévérité a permis de lui forger un esprit ferme et inflexible.
Pourtant, en dépit de la rudesse de son environnement...la louve a su garder une certaine douceur, que ses proches ont souvent considéré comme une faiblesse, voire même une certaine forme de stupidité. Se complaisant dans la solitude, Desmera s’est rapidement détachée des jugements d’autrui au cours de son adolescence. Libre. La rébellion dans le sang. Elle a finalement su prouver que l’agneau pouvait avoir des crocs aussi aiguisé que n’importe quel loup nordien, en tenant tête au Seigneur de Winterfell.
A wolf is a wolf, even in a cage, even dressed in silk.
Comme si un nœud enserrait ses cordes vocales, aucun son ne s’échappait de sa gorge.Il n’y avait que ses larmes, silencieuses, roulant par dizaines sur ses joues, dévalant son visage à mesure que les mains du Capitaine se rapprochaient de ses cuisses. Desmera voulait hurler. Elle voulait crier son impuissance, son désespoir et sa haine. Mais à quoi bon ? Qui aurait pu entendre ses plaintes ? Il n’y avait que la forêt et le couvert des arbres, les dissimulant aux regards d’autrui, scellant alors son sort qui semblait à présent inévitable. Personne ne viendrait. Elle était seule. Loup solitaire, emprisonné entre les griffes de bêtes trop lâches pour l’affronter dans un combat équitable. Elle était seule. Sa complainte se perdrait dans le vent et nul n’entendrait sa souffrance. Alors, la peur tétanisait ses lèvres. Mais son corps lui...continuait de remuer, galvanisé par une rage florissante, insufflée par les propos du soldat et de ses rires glaciaux.
La vagabonde crut entendre un raclement de gorge. Seulement, le son lui parut trop étouffé pour qu’elle l’assimile à une forme d’espoir. Elle sentit alors l'étau sur ses membres se desserrer complètement et les guerriers reculèrent de manière si précipitée, que son esprit fit pendant un court instant abstraction de sa terreur pour prendre conscience du monde autour de lui. Une lame traversa son champ de vision. Vive. Rapide. L'extrémité de l’arme effleura le bras du Capitaine. Bien que sa vue était brouillée par les larmes, Desmera discerna une grande silhouette, dotée d’une cape d’un rouge pourpre, reconnaissable entre mille...mais ce fut la voix qui gronda, sévère et d’une autorité à faire frémir, qui fit naître en elle un soulagement infini. Le loup n’était plus seul. Et contre toute attente, c’était le lion, un prince, qui venait de mettre un terme à ses supplices. C’était lui qui faisait dorénavant face au Capitaine, droit et implacable, dégageant ainsi une force inégalée mais entièrement maîtrisée. Ce qui en était que plus terrifiant. Le Lannister contrôlait le moindre de ses gestes, sans nul doute parfaitement conscient de l’étendue du pouvoir qu’il possédait sur les autres.
La nordienne en resta pétrifiée. Les mots que les hommes échangés parvenaient à peine à se frayer un chemin jusqu’à son esprit, lequel se retranchait de nouveau dans la panique et l’angoisse. Une sorte de torpeur l’envahissait. Gaunt s’écroula lourdement sur le sol. Desmera le contemplait, insensible à la scène qui se jouait devant ses yeux. Insensible à son environnement. La fraîcheur de la terre s’était dissipée. L’odeur particulière des bois s’était dissoute. Même la douleur sur ses poignets et ses chevilles paraissait...lointaine, inexistante. Un épais brouillard s’était déposé dans son esprit, empêchant ainsi la réalité de l’atteindre.
Ce n’est que lorsque le Prince Lion déposa sa cape sur ses épaules, que Desmera remarqua ses tremblements. Tout son corps était agité par des frémissements incontrôlés. Ses larmes continuaient encore de couler, derniers vestiges de sa frayeur. Sa paume se referma automatiquement sur le tissu mais elle se retrouvait incapable d’exprimer le moindre mot, le moindre remerciement.
Ses yeux fixaient le vide. Elle aurait préféré disparaître dans l’obscurité mais la Lune, cette traîtresse, diffusait un semblant de lumière, formant un halo lumineux autour du lion et du loup. Ce fut le commandant, qui brisa finalement le silence. Sa voix était d’une agréable douceur, comme les premiers rayons du soleil durant une matinée d’hiver. Le regard de la vagabonde glissa lentement vers le Lannister. Elle ne prononça pas un seul mot. Elle se contenta de contempler cet étranger de ses prunelles rougies par ses sanglots, estimant silencieusement la valeur de ses paroles et se demandant s’il était digne de confiance. Pouvait-elle le croire ? Sa méfiance naturelle obstruait son jugement. La tension dans son corps persista mais Desmera accepta de suivre le lion, se remettant à une promesse dont elle doutait à moitié de sa véracité. Mais à qui d’autre pouvait-elle se fier ? Il n’y avait que lui, pour le moment. Et à cet instant...son esprit ne désirait rien d’autre que de se réfugier dans le premier abri qu’il trouverait et peu lui importait que ce sanctuaire soit gardé par un Lannister. Son être n’aspirait qu’à la sérénité. Au calme. Et au silence.
Mais même après avoir gagné la petite chambre de l’auberge, la vagabonde n’avait toujours pas émis le moindre son, pas même un murmure, encore glacée par ce qu’il venait de se passer. C’est à peine si elle respirait. Ses larmes avaient fini par sécher. Ses tremblements avaient cessé. Mais le choc était tel que Desmera sentait que son esprit était encore enveloppé par le brouillard, lui prodiguant la sensation d’évoluer dans une sorte de brume léthargique. Elle avait terriblement froid. Mais aucune couverture n’aurait réussi à la réchauffer ; il n'existait aucun moyen pour atteindre les tréfonds de son âme.
Ses yeux suivaient discrètement les mouvements du Lannister. Elle trouvait sa présence, d’une certaine manière, réconfortante. Ou du moins, paisible. Il lui avait apporté un peu de paix. Et après ce qu’elle venait de vivre...elle n’était pas en mesure de repousser sa clémence. Elle refusait de se reposer entièrement sur lui mais la nordienne n’était pas assez fière pour prétendre qu’elle s’en serait bien sortie sans son aide. Et qu’elle continuerait de s’en sortir, seule. C’était impossible. Aujourd’hui, ça n'avait été que le capitaine...mais que lui réservait l’avenir ? Elle était une proie facile. Un loup sans meute. Tôt ou tard, elle subirait les envies d’un autre, encore et encore, jusqu’à ce que la vie disperse sa fierté aux quatre coins du continent. Son corps se crispa. Non, plus jamais elle n’éprouverait l’impuissance qu’elle avait ressentie entre les mains des soldats. Desmera s’en fit la promesse.
La voix du lion résonna, après un long silence presque interminable dans lequel la nordienne s’était enfermée. Sa déclaration la laissa entièrement dubitative. Pendant quelques instants, elle songea à une mauvaise interprétation. Ses yeux s’écarquillèrent sous l’effet de la surprise. Seulement, le Commandant ne lui laissa aucunement le temps de l’interroger ; avant qu’elle ne réagisse, il disparut dans le couloir, l’abandonnant avec la question qui lui brûlait les lèvres. Pourquoi ? Pourquoi la libérait-il ? N’avait-elle pas enfreint la loi ? Desmera resta un long moment immobile, scrutant la porte entrouverte, s’attendant à ce que le prince apparaisse sur le seuil. Mais elle n’entendit ni le bruit de ses pas, ni le cliquetis métallique de son épée. La nordienne se leva. Sans plus attendre, elle referma la porte et retira tous ses vêtements en s’approchant de la cuve fumante. Le contact de l’eau chaude fit frémir tout son être. La jeune femme se laissa glisser dans la bassine, savourant la chaleur qui l’enveloppa tout entière. Des hématomes commençaient à se former sur sa peau, à divers endroits, lui rappelant ce qu’il serait arrivé si le Lannister n’était pas intervenu. Comme pour faire taire ses angoisses, elle plongea entièrement la tête sous l’eau. Elle ferma les yeux. Le temps s’arrêta de filer. Elle ne s’extirpa du bac que lorsque l’humidité commença à plisser l'épiderme autour de ses ongles.
Où irait-elle à présent ? Si ce n’était pas un mensonge...alors elle était libre d’aller où bon lui semblait. Pas de cachot. Pas de Port-Réal. Elle était libre. Mais que pouvait-elle bien faire de cette liberté ? Lorsque Desmera termina d’enfiler son dernier vêtement, la réponse à cette interrogation lui parut bien moins évidente qu'auparavant. En vérité, la réalité se clarifiait de plus en plus. La vagabonde n’avait aucun endroit où se terrer. Elle n’en avait jamais eu. Même lorsqu’elle avait quitté Winterfell, la nordienne n’avait jamais pensé à ce qu’il adviendrait de son futur. Et maintenant...elle n’avait plus d’argent, rien dans l’estomac et plus aucune volonté à poursuivre son chemin seule. Que vaut la liberté, si on ne possède aucune raison d’en profiter ? Rien, sûrement. La vagabonde s’installa sur le lit, écrasée par le poids des possibilités qui s’offraient à elle.
Le plancher se mit à grincer. Une ombre émergea du couloir et Desmera tourna aussitôt le regard pour observer l’arrivant. Le Lannister. Elle le jaugea, cette fois-ci, d’une manière nouvelle. La méfiance l’empêchait de détendre les muscles de son visage, mais son expression dévoilait dorénavant une froideur courtoise.
“ Pourquoi avez-vous changé d’avis ?”demanda-t-elle aussitôt, sortant enfin de sa torpeur après des heures à se murer dans un silence protecteur. Le brouillard dans son esprit s’était levé. Son regard avait recouvré son éclat, bien qu’il était encore un peu terne. “ Merci. Pour ce que vous avez fait.”Elle détourna le regard. Un simple remerciement, que la reconnaissance dans ses yeux rendait bien plus signifiant que le laissait entendre son ton froid et prudent. Elle se redressa. Se pouvait-il que ce soit réellement la bonté qui ait poussé le Lannister à lui porter secours ? Elle l’observa du coin de l'œil. Il possédait toujours cette posture intimidante, propre à son rang mais Desmera ne se sentait pas menacée par sa présence. Sa main se porta à son flanc, inconsciemment...et se figea dans le vide. Avec les événements, elle en avait oublié son arme. La nordienne redressa aussitôt les yeux pour étudier le lion. “ Pourrais-je récupérer mon épée ?”Maintenant qu’elle ressentait l'absence de l’arme, le vide laissé par celle-ci la déstabilisait. Où pourrait-elle bien aller ? Desmera l’ignorait pour le moment...mais, ce dont elle était certaine en revanche, c’est qu’elle retrouverait entièrement ses esprits une fois qu’elle aurait retrouvé ce qui faisait sa force.
But do you feel like a young God? You know the two of us are just young Gods and we'll be flying through the streets with the people underneath...And they're running, running, running.
J'ai 30 ans et je vis à Port Real, même si la vrai maison est Castral Roc. Dans la vie, je suis Prince des Sept Couronnes mais surtout Commandant de la Garde Royale sur ordre de mon père. et je m'en sors comme je peux avec l’équipe d’incapables qui m’a été confiée.. Sinon, grâce à ma malchance, je suis veuf et je le vis plutôt très mal. Le second fils de Redroc Lannister, l’actuel Roi des Sept Couronnes, est à l’image des gouverneurs de l’Ouest : grand à la silhouette élancée, cheveux blondis par le soleil de Port Real, il possède des yeux aussi bleus que l’océan qu’il aime tant. Son agilité naturelle qui fait de lui un combattant hors pair, et lui donne une confiance naturelle.
Le statut privilégié de l’homme lié à son appartenance à la famille royale lui a donné accès à un enseignement de qualité, une bibliothèque bien fournie, et de nombreux passe-temps qui favorisent une culture développée. Rapidement, il s’est passionné pour la pêche, le fonctionnement des océans et… par-dessus tout : la navigation.
Zaran s’est marié à l’âge de 17 ans à la fille du Prince de Dorne, Yaja Martell, afin de calmer les tensions entre la principauté et Redroc. Contre toute attente, et malgré les nombreuses fausses couches de Yaja au début de leur union, ils considéraient leur mariage comme heureux. A la mort de Yaja, sauvagement assassinée par un brigand en pleine rue de Port Real, le doux sourire de Zaran s’envola, et laissa place à la mélancolie qui le tient debout depuis dix ans. Dix années que le prince, convaincu que son appartenance à la Royauté est responsable de son meurtre, s’est retiré de la vie royale pour Castral Roc : une vie modeste était préférable pour voir grandir Ara. Pas de domestiques ou de jardiniers, seulement l’ancienne femme de chambre de Yaja devenue gouvernante, cuisinière, confidente… mais surtout la mère de substitution de son unique fille.
La peine, la douleur… sont les sentiments que Zaran laisse passer à travers ses yeux devenus vitreux. L’éclat qui jadis faisait rugir le lion Lannister s’était éteint, laissant place à une terrible envie de solitude sur son voilier, et un silence de plomb. Il ne parlait plus que nécessaire, s’autorisant quelques sourires avec la prunelle de ses yeux : sa petite fille aux traits de Yaja, dont les grands yeux noirs ne faisaient que resserrer son cœur à chaque fois qu’il les croisait.
Zaran Lannister dévala les escaliers qui permettaient de rejoindre la salle principale de l’auberge. La délivrance de sa détenue avait à peine été prononcée qu’il avait disparu, et il comptait lui laisser un peu de temps pour reprendre ses esprits. Les nerfs à vif, le Commandant prit place à table où ses soldaient avaient commencé à se saouler. Lorsqu’il se posa à l’extrémité d’un banc, les voix s’abaissèrent, comme intimidées par l’arrivée de l’homme qui venait de faire tomber le Capitaine. « Ne vous avisez pas de toucher à la roturière, où je vous réserve le même sort. » Grogna Zaran pour confirmer leurs craintes. « Pour le reste, vous ne craignez rien. » Soupira-t’il en attrapant une chope de bière.
Il toucha à peine au ragoût de viande qu’on lui servit, préférant de loin l’épaisseur réconfortante de la pinte. Néanmoins, les quelques morceaux de viande séchée qu’il avait partagés dans leur dernier campement ne suffiraient pas à le maintenir à cheval une journée de plus. Il se força donc, comme tous les jours depuis qu’il avait quitté Castral Roc.
Zaran n’avait aucune idée du temps qu’il restait avant que l’aube ne montre le bout de son nez. Il eut une vague idée de l’avancée de la nuit avec le taux d’imbécilités que les frères Clegane déblatéraient. il avait lui-même beaucoup de mal à comprendre ce qu’ils se disaient, tant ils peinaient à articuler. Lui gardait un peu de perspicacité de côté pour le moment où il retournerait dans sa chambre.
Le poids de ses paupières le poussa à abandonner son envie de veiller jusqu’au petit matin. Il remonta doucement l’escalier en bois pour regagner le dortoir qui lui avait été assigné. En chemin, il ramassa le ragoût tiède pour le remonter à son ancienne prisonnière. Il fut aucunement surpris de trouver la chandelle encore allumée, et la silhouette de la jeune femme se redressant sur le lit à son arrivée. L’unique lit.
L’homme referma derrière lui, restant à bonne distance de son interlocutrice. « Je n’avais qu’une seule cage pour deux criminels. » Répondit-il avec un pragmatisme dont lui seul avait le secret. « J’ai relâché celle que je jugeais la moins coupable. » Il retint un sourire, imaginant la tête de son géniteur s’il avait assisté à la scène. Les Lannister n’étaient habituellement pas réputés pour être indulgents.
Zaran n’avait de Lannister que le physique : une carrure imposante à la chevelure dorée et aux yeux bleu délavé. Personne n’avait compris pourquoi le second fils du roi s’écartait tant de ses autres frères.
Surpris qu’elle se soit soudain mise à remercier celui dont elle devait le plus se méfier, le Lion haussa les épaules modestement. Comment pouvait-elle le remercier alors qu’elle aurait certainement mis une raclée à Gaunt le premier soir ? S’il n’avait pas cédé à la pression de ses soldats, elle n’aurait certainement jamais eu à endurer le désagréable contact avec son ancien Capitaine. Le souvenir seul lui procura un frisson de dégoût… qui fut rapidement évincé par la demande de la jeune fille du Nord.
D’un revers de la main, l’homme balaya la flamme qui dansait sur le bougeoir, dissimulant par la même occasion le sourire narquois qui s’était dessiné au coin de ses lèvres. « J’ai encore quelques affaires à boucler pour le roi… qui impliquent que je sois en encore vie. Je préfère mettre toutes les chances de mon côté. » L’humour tranchant du Lannister était plus affûté que sa lame. « Vous l’aurez demain matin, ainsi que quelques vivres et votre monture. » Finit-il par déclarer alors que ses yeux commençaient à s’accoutumer à l’obscurité.
L’homme se dirigea vers la cuve remplie d’eau qui se situait à l’autre extrémité de la pièce. Profitant de la pénombre pour contenter sa pudeur, Zaran se déshabilla. Il plongea son index dans le bac pour en apprécier la température de l’eau : sans surprise, elle était froide. L’aubergiste avait dû la remplir à leur arrivée, plus tôt dans la soirée. Pour autant, le Commandant de la Garde Royale s'y glissa sans ennui. A défaut de trouver une rivière pour nager, il avait au moins une eau fraîche pour se rincer.
Les longues chevauchées de ces derniers jours avaient largement engourdi les jambes du Seigneur de Castral Roc. Il n’avait plus l’habitude de voyager, et la fraicheur de l’eau lui apaisa le feu de la fatigue. Toujours plongé dans l’obscurité de la chambre, il profita d’un court instant de silence pour débarrasser sa peau de la crasse, laissant une fine odeur de savon le recouvrir. Enfin, il attrapa un linge humide pour se sécher et se rhabilla.
Bien qu’il se soit largement habitué à la luminosité minimale de la chambre, Zaran n’était pas en mesure de savoir si la roturière s’était assoupie, ou si elle attendait quelques explications de plus. Le lion rouvrit la porte pour récupérer un peu de feu sur la chandelle de l’entrée.
Elle ne dormait pas.
Zaran s’efforça de ne pas s’attarder sur son visage pâle aux traits d’une rare finesse. Il détourna le regard, s’intéressant à une pile de coussins qu’il disposa sur le sol avant de s’y étendre. Avant de fermer les paupières, il scruta les longues mèches blond argenté qui s’échappaient de la tresse de la jeune femme. Il remarqua seulement, et malgré sa jeunesse, la grâce de son visage. Ensuite, le sommeil s’empara de tout son esprit.
Zaran Lannister rouvrit les yeux lorsqu’un rayon de soleil rougeâtre lui chatouilla la paupière. Se relever fut une affaire plus compliquée qu’il ne l’avait imaginée : la nuit à même le sol n’avait pas arrangé les douleurs de ses jambes ou de son dos. Il observa rapidement le visage à peine éveillé de la femme, puis se focalisa sur son armure. S’équiper de son habit de combat devenait un grand art avec l'épuisement. Le Commandant se surprit à regretter de n’avoir rien avalé, réalisant qu’il ne teindrait pas longtemps dans cet état.
Peu importait. Ils étaient à quelques heures de marche de Corcolline, ils n’avaient pas de temps à perdre. Zaran rangea son épée à la tête de lion dans le fourreau qui lui était réservé sur sa hanche, puis s’empara de la seconde lame, bien plus légère. Dans le regard de la roturière, une lueur s’éclaira à la vue de l’acier brillant -il avait pris soin de la nettoyer avec la sienne, quelques jours plus tôt. Sans un mot, il lui lui tendit par la pointe, afin que sa main puisse se saisir de la poignée. Alors qu’il s’apprêtait à dire quelques mots, les premiers de la journée, des coups martelèrent la lourde porte en bois.
« Entrez. » Dit-il, légèrement surpris qu’on vienne l’importuner à cette heure-ci. Le visage gris de Clegane passe à travers le cadre de la porte. « Mon Commandant, des soldats se présentent à l’aubergiste, ils demandent à vous rencontrer. » Le visage du Lion se referma, concentré, alors qu’il se pressait à descendre dans la salle principale. « On lève le camp immédiatement. »
Pendant que Clegane vidait les effets personnels de son Seigneur, et accompagnait froidement la roturière à regagner la pièce principale, Zaran se présenta à l'aubergiste. Deux soldats discutaient avec lui d'un ton qui lui sembla plutôt cordiale. Un emblème de chasseur, peint en rouge sur leur bouclier, attira son attention. La maison Tarly. Il se retournèrent vers celui qui arborait l’insigne des Lannisters.
« Seigneur Zaran Lannister, le Seigneur de Corcolline a appris votre visite, et nous a chargés de vous escorter jusqu’au château. » annonça le plus petit des deux soldats. « C’est bien aimable à la maison Tarly. » Répondit poliment le Seigneur de Castral Roc en hochant la tête d'un signe entendu. Les voyageurs étaient pressés d’arriver à destination, et ne seraient pas mieux accompagnée que par des guides chevronnés.
« Nous nous chargerons avec plaisir de vous conduire, vos hommes et vous, jusqu’à Lord Randyll. » Mais alors qu’il énonçait les quelques grâces habituelles, le soldat s’attarda avec insistance sur la silhouette de la jeune femme qui se tenait à côté de Clegane. « J'ignorais que vous voyagiez avec votre femme de chambre, Seigneur Zaran. Ma Dame, si vous le voulez bien, je vais vous aider à charger les bagages de votre Seigneur. » Dit-il avec sympathie. Zaran se retourna vers la jeune femme, confus, afin de rectifier la situation. Mais Clegane mentionna la présence du prisonnier à transporter, ce qui détourna l’attention de tous.
Le Seigneur resta un instant immobile, perplexe. Tout le monde quitta l’auberge, à l’exception de la roturière qui se tenait toujours devant lui. Il plongea son regard bleuté dans le sien, ne trouvant pas les mots pour la saluer.
La salle redevenue vide les plongea dans un semi silence, claircemé de cris venant de l'extérieur. « Votre liberté commence ici. » Dit-il d'une voix douce, tout en soutenant son regard saisissant. « Mais vous êtes la bienvenue parmi nous si vous ne savez pas où aller. J'ai bien une place de femme de chambre qui pourrait convenir. » Il avait pourtant eu l'intention de démentir cette information... mais il sentait qu'après les divers évènements de ces derniers jours, un petit peu d'aide ne serait pas de refus. En tout cas, une énergie au fond de lui -la même qui lui avait donné de l'appétit quand elle était dans sa tente-, lui soufflait que c'était la meilleure chose à faire.
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Jeu 2 Déc - 16:37
Desmera Stark
J'ai 20 ans et je vivais à Winterfell. Dans la vie, je ne suis plus qu'une vagabonde et je m'en sors moyennement bien.. Sinon, grâce à ma chance, je suis célibataire et je tiens profondément à ma liberté.
The lone wolf.
Diplomacy is the art of telling people to go to hell in such a way that they ask for directions.
Desmera, c’est une enfant du Nord, du froid, là où la neige est éternelle et où la brise mord autant que les loups qui peuplent le territoire. Dans ses yeux, on retrouve ce bleu glacé qui rappelle celui du ciel nordien, seulement son sourire, lui, évoque un Soleil lumineux et chaleureux. Mais rares sont ceux qui ont eu un aperçu de cette mimique. Bien qu’elle soit restée dans l’ombre de ses deux frères durant des années, Desmera n’a jamais manqué une occasion de tirer une leçon de chaque situation. Bonne ou mauvaise.
Réfléchie et cultivée, elle est de ceux qui se fient à leur esprit. La parole est d’argent, mais le silence est d’or.Un mantra qui la suit depuis qu’elle a été en âge de comprendre que les mots sont une arme, pour celui qui sait les manier. En tant que fille du gouverneur du Nord, Desmera a reçu une éducation digne de son rang, dont la sévérité a permis de lui forger un esprit ferme et inflexible.
Pourtant, en dépit de la rudesse de son environnement...la louve a su garder une certaine douceur, que ses proches ont souvent considéré comme une faiblesse, voire même une certaine forme de stupidité. Se complaisant dans la solitude, Desmera s’est rapidement détachée des jugements d’autrui au cours de son adolescence. Libre. La rébellion dans le sang. Elle a finalement su prouver que l’agneau pouvait avoir des crocs aussi aiguisé que n’importe quel loup nordien, en tenant tête au Seigneur de Winterfell.
A wolf is a wolf, even in a cage, even dressed in silk.
L’homme qui lui faisait face ne pouvait appartenir à la famille des Lannister. C’était...impossible. Ils étaient réputés pour leur férocité, leur mépris pour les autres ainsi que pour leur manque de tolérance. L’indulgence ne faisait guère partie de leur vocabulaire. Pourtant, le Commandant semblait encore une fois faire une entorse au règlement. Cette différence ne le rendait pas plus digne de confiance mais Desmera ne pouvait que lui être reconnaissante pour son intervention et, même si elle n’appartenait plus à la noblesse, son éducation la poussait à paraître moins revêche. Il était difficile de baisser sa garde en présence d’un lion. Sa méfiance étant instinctive, la nordienne ne parvenait pas à repousser le besoin d’être sur la défensive. Malgré tout, son visage se fendit d’un léger sourire, incapable de demeurer insensible à l’humour du Lannister, aussi...absurde soit-il. Heureusement, l’obscurité ambiante dissimula la discrète incurvation de ses lippes, laquelle s’affaissa aussi rapidement qu’elle était apparue. “ Très bien.”concéda-t-elle, à contrecœur. Il lui tardait de récupérer son arme et de sentir de nouveau son poids peser contre ses hanches.
Alors que le bruissement de l’eau du bassin lui parvenait, la vagabonde s’allongea sur le matelas, cherchant à trouver un semblant de réconfort sous la couette...mais elle n’en trouva aucun. Elle se glissa sous la couverture, tout habillée. Le contact du vêtement sur la peau la rassurait et bien que la température de la pièce était agréable, elle tenait à avoir le plus de couche possible sur son corps.
Les yeux rivés sur les flammes qui dansaient dans l’âtre, le sommeil refusait de la gagner. Pourtant épuisée, Desmera ne demandait qu’une longue nuit de repos mais c’était sans compter la vivacité de son esprit qui lui rappelait ce qu’elle avait failli subir, un moment plus tôt. Si le Lannister ne s’était pas interposé. Sa main se referma sur les pans de la couverture. Elle avait envie de le haïr car, s’il ne l’avait pas arrêté dans cette auberge, elle serait sans aucun doute à cavaler dans la forêt, sans connaître l’horreur de l’impuissance. Mais il l’avait aidé. Il ne cessait de lui témoigner un semblant de sympathie bien qu’il se montrait froid et sévère. En dépit de tous ses efforts, ce n’était pas contre lui qu’elle dirigeait sa colère. Mais contre Gaunt. Il était l’unique responsable de ses malheurs...et savoir qu’il était déchu de son titre lui prodiguait un immense soulagement. Et une grande satisfaction.
Le grincement du plancher lui apprit que son compagnon de chambrée revenait et leurs regards se croisèrent naturellement lorsque Desmera aperçut sa silhouette se découper dans les ténèbres. La lueur de la bougie faisait jouer des ombres sur son visage, le rendant plus sévère qu’il ne l’était à la lumière du jour. Elle n’émit aucun son. Lui non plus. Le silence accompagna le moindre de ses gestes tandis qu’il s’installa sur un amas de coussins. La vagabonde se concentra sur le feu de cheminée, qui crépitait doucement, brisant ainsi la quiétude de la pièce. La jeune femme jeta un énième regard au Commandant. Il avait finalement succombé à la fatigue en premier. Comprenant qu’elle était en sécurité, la nordienne inspira profondément avant de s’efforcer d’en faire de même, relâchant la tension qu’elle exerçait sur la couette.
La clarté de l’aube la tira de son repos. Tous les sens en alerte, Desmera se redressa brusquement, à moitié endormi, à moitié éveillé. Elle balaya la salle du regard...puis se détendit en remarquant la présence de l’homme, encore assoupi. Les événements de la veille lui revinrent progressivement en mémoire et la louve se rallongea, se rappelant alors qu’elle était...libre. Mais depuis sa capture, rien n’avait changé.
Elle n’avait toujours aucun endroit où se réfugier, ni d’argent pour prolonger son voyage. En dépit de sa préoccupation, Desmera se leva lorsque le Lannister s’éveilla à son tour, décidée à s’inquiéter sur son sort une fois qu’elle serait de nouveau en route. Mais avant...il lui fallait récupérer son épée. Craignant que le lion ai oublié ce détail, Desmera s’apprêta à évoquer le sujet lorsqu’il la devança. Son visage se détendit aussitôt en voyant l’arme. En parfait état. Bien plus brillante que lorsqu’on le lui avait arraché. L’avait-on nettoyé ? Sa paume se referma sur le pommeau alors qu’un éclat de soulagement illuminait son regard. Ses yeux glissèrent le long de la lame et, absorbée par sa contemplation, elle remarqua à peine que l’on frappait à la porte de la chambre. La nordienne rangea finalement son épée dans son fourreau. Puis, sans rien ajouter, elle retourna dans le hall tout en épiant discrètement avec méfiance le géant qui l’escorta.
Lorsqu’on lui adressa la parole, Desmera se figea. Son expression se tordit légèrement sous l’incompréhension et pendant un court instant, son regard passa du prince lion au soldat de la maison Tarly. Surprise, aucun mot ne s’échappa de sa bouche. Mais elle préférait, et de loin, être confondue avec une vulgaire femme de chambre qu’avec la fille disparue des Stark.
La pièce se vida entièrement. La nordienne tenait à remercier une dernière fois le Lannister pour sa bienveillance, mais ce dernier la prit de court. Cette fois-ci, l’étonnement fut clairement visible dans ses yeux. “ Vous me proposez d’être votre femme de chambre alors que pas plus tard qu’hier, vous craigniez que je sois une menace ?” demanda-t-elle avec détachement, les lèvres à peine incurvées. Une lueur amusée dansa dans son regard. Desmera Stark. Femme de chambre. Ah, si son géniteur assistait à la scène, il aurait sans aucun doute trembler de colère et de dédain pour son unique fille.
La vagabonde épia la porte de sortie. L’incertitude s’opposait à sa confusion tandis qu’elle analysait les diverses possibilités qui se présentaient à elle. C’était une opportunité. Une merveilleuse opportunité. Pour un loup, il n’y avait pas de meilleure cachette que l’antre d’un lion ; personne ne penserait à venir la chercher au milieu des Lannister. Et puis...elle aurait un toît sur la tête. Une occupation. Et Zaran Lannister semblait être un seigneur juste, bien plus humain qu’elle ne l’imaginait. Le servir ne serait pas si désagréable...du moins l’espérait-elle. “ Je n’ai aucune expérience dans le domaine, Seigneur.” Elle planta son regard dans le sien. Le désarroi désertait peu à peu son visage pour laisser place à une profonde détermination. En dépit des nombreux risques que l’offre comportait, Desmera ne pouvait pas refuser cette proposition, pas alors que sa vie se résumait pour l’heure à errer de village en village. Se terrant dans l’ombre de sa capuche. D’autant plus que le manque de monnaie la conduirait sans aucun doute à la famine et la louve n’avait pas parcouru tout ce chemin pour se jeter dans les bras de la mort.
“ Mais si vous n’y voyez aucun inconvénient...je ferais mieux de m’occuper de vos bagages, dans ce cas.”ajouta-t-elle, son timbre retrouvant une intonation plus distante et neutre. “ Merci, seigneur.” Et sur ce remerciement, la jeune femme disparut à l’extérieur. Un vent frais l'accueillit. Elle chercha des yeux le soldat qui l’avait interpellé précédemment tout en évitant soigneusement le regard hargneux de l’ancien capitaine. Ses privilèges de noble l’empêcheront-il de pourrir dans une cellule ? Sans aucun doute. Mais il allait avoir un arrière-goût de la vie de prisonnier, au moins pour une courte durée...Desmera se dirigea vers le représentant de la maison Tarly et, se pliant au rôle que lui avait offert le Lannister, aida à charger les bagages du Commandant. Et comme le lui avait promis ce dernier, on lui apporta une monture.
Le camp fut rapidement levé et la délégation se retrouva sur les chemins ; la roturière se plaça en fin de file, décidée à profiter d’un semblant de solitude pour rassembler ses pensées et réfléchir à son avenir. Elle ne resterait pas indéfiniment au service du lion. Une certaine fierté l’empêchait de se projeter ainsi sur du long-terme, ne supportant pas l’idée de passer son existence à recevoir des ordres et à ployer face aux nobles. Mais avait-elle vraiment le choix ? Elle avait abandonné une vie de confort pour...pour une vie de misérable, où elle ne sera pas plus considérée qu’un cheval. Zaran Lannister serait-il différent de tous les autres nobles qu’elle avait croisés jusqu’à maintenant ? Depuis leur rencontre, il n’avait cessé de témoigner une étrange bienveillance à son égard...malgré le fossé factice entre eux. Avait-elle pris la bonne décision ? À présent, seul l’avenir serait en mesure de le confirmer...ou de l’infirmer.
But do you feel like a young God? You know the two of us are just young Gods and we'll be flying through the streets with the people underneath...And they're running, running, running.
J'ai 30 ans et je vis à Port Real, même si la vrai maison est Castral Roc. Dans la vie, je suis Prince des Sept Couronnes mais surtout Commandant de la Garde Royale sur ordre de mon père. et je m'en sors comme je peux avec l’équipe d’incapables qui m’a été confiée.. Sinon, grâce à ma malchance, je suis veuf et je le vis plutôt très mal. Le second fils de Redroc Lannister, l’actuel Roi des Sept Couronnes, est à l’image des gouverneurs de l’Ouest : grand à la silhouette élancée, cheveux blondis par le soleil de Port Real, il possède des yeux aussi bleus que l’océan qu’il aime tant. Son agilité naturelle qui fait de lui un combattant hors pair, et lui donne une confiance naturelle.
Le statut privilégié de l’homme lié à son appartenance à la famille royale lui a donné accès à un enseignement de qualité, une bibliothèque bien fournie, et de nombreux passe-temps qui favorisent une culture développée. Rapidement, il s’est passionné pour la pêche, le fonctionnement des océans et… par-dessus tout : la navigation.
Zaran s’est marié à l’âge de 17 ans à la fille du Prince de Dorne, Yaja Martell, afin de calmer les tensions entre la principauté et Redroc. Contre toute attente, et malgré les nombreuses fausses couches de Yaja au début de leur union, ils considéraient leur mariage comme heureux. A la mort de Yaja, sauvagement assassinée par un brigand en pleine rue de Port Real, le doux sourire de Zaran s’envola, et laissa place à la mélancolie qui le tient debout depuis dix ans. Dix années que le prince, convaincu que son appartenance à la Royauté est responsable de son meurtre, s’est retiré de la vie royale pour Castral Roc : une vie modeste était préférable pour voir grandir Ara. Pas de domestiques ou de jardiniers, seulement l’ancienne femme de chambre de Yaja devenue gouvernante, cuisinière, confidente… mais surtout la mère de substitution de son unique fille.
La peine, la douleur… sont les sentiments que Zaran laisse passer à travers ses yeux devenus vitreux. L’éclat qui jadis faisait rugir le lion Lannister s’était éteint, laissant place à une terrible envie de solitude sur son voilier, et un silence de plomb. Il ne parlait plus que nécessaire, s’autorisant quelques sourires avec la prunelle de ses yeux : sa petite fille aux traits de Yaja, dont les grands yeux noirs ne faisaient que resserrer son cœur à chaque fois qu’il les croisait.
L’étonnement que le Lion lisait dans le regard de la jeune femme… lui-même le partageait. Il avait toujours refusé d’avoir une femme de chambre, même à l’époque où il résidait à Castral Roc avec sa femme. Seule Yaja se faisait aider, ayant toujours connu le confort par son statut de Princesse de Dorne : elle appréciait cependant l’intimité qu’ils partageaient, sans personne pour venir les déranger.
Cette liberté, le cadet des frères Lannister s’y était accroché, et ce même après la disparition de Yaja. Bien sûr, il avait dû lâcher un peu de leste et se faisait aider par sa gouvernante pour l’éducation de sa fille Ara.
Les soldats feraient les yeux ronds en apprenant que Zaran Lannister avait sollicité l’aide d’une femme de chambre. Celui qui refusait qu’on selle son cheval ou qu’on l’aide à enfiler son armure se serait-il un peu adouci ? Adouci... Non. Il avait en revanche fait le constat qu’une présence étrangère lui avait redonné de l’appétit et quelque peu apaisé son sommeil. Peut-être était-il temps d’accepter un peu de renfort ?
« Les temps sont durs. » Finit-il par lui répondre, lui-même réfrénait un sourire amusé qui lui titillait le bord des lèvres. Il ne la connaissait pas, mais ressentait au fond de lui qu’il fallait qu’il le lui propose. « Je n’aime pas beaucoup les femmes de chambre expérimentées, elles sont un peu… » Commenta Zaran redevenu plus sérieux. « Classiques. J’ai tendance à éviter les protocoles. » Elle était bien trop maligne pour ne pas l’avoir remarqué.
Zaran ne fut pas en capacité de déterminer ce qu’il ressentait lorsqu’elle le remercia : l’inquiétude de ne pas pouvoir lui offrir la place la plus intéressante ? Elle passerait le plus clair de son temps à l’attendre, le chercher, ou le couvrir lorsqu’il fuirait ses obligations… Ou était-ce le soulagement d’intégrer du sang neuf dans la troupe qui voyageait avec lui ? Les deux options pouvaient se mélanger, après tout.
Il était pourtant bien convaincu d’une chose : Il lui devait bien cela, après le mal que lui avait causé son ancien capitaine.
Zaran la laissa s’éloigner tandis que son regard la suivait jusqu’à la fermeture de la lourde porte de l’auberge. Il resta seul jusqu’à ce que l’aubergiste ne le sorte de ses pensées en lui offrant un sac de vivres. « C’est aimable à vous, aubergiste, je ne manquerai pas de vanter les mérites de cet endroit aux voyageurs que je rencontrerai en chemin. » L’homme s’inclina, honoré, puis raccompagna le Commandant à l’extérieur.
L’homme, comme à son habitude, pansa sa monture et l’harnacha pour prendre la route. Ils n’étaient plus qu’à quelques heures de marche de Corcolline, il aurait bientôt accompli la mission pour laquelle son père l’avait nommé. Une pensée -certes déraisonnable- au fond de lui, espérait qu’il lui trouve un remplaçant à son retour.
La chevauchée fut bien plus agréable que les jours précédents : ils approchaient de leur destination. Le moral des troupes était bien remonté. Placé au centre du cortège, Zaran Lannister se tenait fièrement sur son étalon aussi blanc qu’une boule de neige. Son regard suivait distraitement les méandres de la rivière comme un guide. La température était agréable, et les bruits de sabots mélangés aux champs des oiseaux égailla l’atmosphère.
« Mon Prince, soyez le bienvenu à Corcolline, terres de la Maison Tarly. » Annonça l’un des soldats qui les escortait alors qu’une immense colline verdoyante se dessinait devant leurs yeux. En l’occurence, il s’agissait plutôt des Montagnes Rouges qu’une colline… mais Zaran appréciait considérer le grand palais perché au sommet comme le dôme de la colline. Le Lion inclina la tête serrant sur les flancs de son cheval, sans pour autant accélérer la cadence de marche de son cheval. Rênes longues sur son encolure, le Lion laissait vagabonder son esprit le long de l’eau qui ruisselait sur sa gauche. Il réalisa seulement lorsqu’il croisa le regard de la jeune femme qui était devenue, quelques heures plus tôt, sa femme de chambre, qu’il avait dégringolé au bout de la file.
Il n’écouta pas les grommellement de Gaunt sans sa cage, préférant de loin les bruit de la nature.
L’homme reprit un peu de hauteur dans la file lorsqu’ils entamèrent la montée vers le palais. Quelques courtes minutes plus tard, la porte laissa apparaitre une cour pleine de soldats aux couleurs de la maison Tarly. Au centre, Lors Randyll Tarly arborait une longue robe vert émeraude ornée de symboles rouge sang. Zaran crut reconnaître l’emblème des Tarly, le même que celui des boucliers de son armée. L’homme était à peu près aussi âgé que son père : peut-être paraissait-il plus dur encore.
« Soyez le bienvenu à Corcolline, Seigneur Zaran Lannister, Prince des Sept Couronnes, Commandant de la Garde Royale, Seigneur de Castral Roc. J’espère que vous vous sentirez ici comme chez vous. » Le Seigneur Randyll s’inclina, rapidement imité par l’ensemble de la cour qui l’accompagnait. Zaran, embarrassé par les mondanités, sauta de sa selle et s’inclina à son tour. « Je n’en doute pas, Seigneur Randyll. Je vous remercie pour votre hospitalité » Il n’osa pas le contredire sur le statut qu’il lui avait donné, même s’il avait espéré que le royaume serait au courant de son refus d’être un éventuel héritier du trône de fer.
« Pendant que vos hommes s’installent confortablement, je vous propose de m’accompagner dans les jardins. J’ai entendu dire que vous aimez les marches silencieuses, Mon Prince. » L’attention de son hôte était très prévenante. Zaran accepta l’offre avec plaisir, bien qu’un moment de répit pour se débarrasser de son armure n’aurait pas été de tout refus.
La marche des deux hommes, accompagnés à bonne distance par les deux gardes avec qui ils avaient voyagé, fut immédiatement utilisée pour discuter des affaires de son père. « Les intentions du Royaume des Sept Couronnes sont simples, Lord Randyll : prêtez allégeance aux Lannister, et nous ferons de vous les prochains Seigneurs de Hautjardin. » La marche, ponctuées par de nombreuses questions du Seigneur Tarly, et réponses et argumentations du Commandant de la Garde Royale, se termina dans le bureau du palais de Corcolline avec un parchemin et deux plumes encrées.
L’accord fût conclu en fin de journée, alors que les domestiques s’affairaient encore à préparer le festin de la soirée.
Les deux hommes échangèrent une poignée de main. « Retrouvons-nous pour le banquet, Mon Prince. Nous allons vous conduire à vos appartements. » Mais Zaran n’avait pas tout à fait la même idée en tête. Il demanda à ce qu’on l’emmène vers l’accès le plus proche de la rivière. Soit, la demande était quelque peu inédite, mais ses voeux furent exhaussés immédiatement.
Un pied dans l’eau et son soulagement fut immédiat. Dans une seconde vie, il avait du être un poisson.
Zaran Lannister plongea entièrement dans l’eau glaciale, appréciant le contact du liquide sur tout son corps. En remontant à la surface, les gouttes ruisselaient sur son visage. La mousse du fond du ruisseau lui caressait les plantes de pieds. Il inspira longuement, conscient qu’il venait de passer l’étape la plus importante du voyage.
Quelques centaines de mètres plus loin, Clegane entra en trombes dans la chambre attribuée à son Commandant, sidéré de ne pas l’y trouver. En revanche, Sybelle se retrouva directement en contact avec l’imposante carrure du Capitaine. « Où est-il ? » Bien sûr, qu’au fond de lui, le nouveau bras droit de Zaran avait la réponse à cette question. Avec toute la bienveillance d’un rhinocéros sauvage, le Capitaine aboya sur la femme de chambre que son unique mission était de veiller à ce que Zaran Lannister soit apprêté pour le banquet. Et là, ce n’était visiblement pas le cas.
« L’est sûrement à la rivière… toujours à la rivière quand on a besoin de lui ! » Soupira-t’il avant de repartir aussi vite qu’il était entré. Le concerné, lui, était à mille lieues de se douter qu’il n’avait réalisé, en réalité, que le début de sa mission… La suite étant de représenter les Lannister devant les invités de la maison Tarly… qui prêteraient eux aussi allégeance à sa famille d’ici quelques heures. En tout cas, c’est ce qu’il devait garder en tête.
Et pour l’heure, sa tête s’enfonçait dans le cours d’eau au rythme de sa nage effrénée.
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Lun 10 Jan - 15:15
Desmera Stark
J'ai 20 ans et je vivais à Winterfell. Dans la vie, je ne suis plus qu'une vagabonde et je m'en sors moyennement bien.. Sinon, grâce à ma chance, je suis célibataire et je tiens profondément à ma liberté.
The lone wolf.
Diplomacy is the art of telling people to go to hell in such a way that they ask for directions.
Desmera, c’est une enfant du Nord, du froid, là où la neige est éternelle et où la brise mord autant que les loups qui peuplent le territoire. Dans ses yeux, on retrouve ce bleu glacé qui rappelle celui du ciel nordien, seulement son sourire, lui, évoque un Soleil lumineux et chaleureux. Mais rares sont ceux qui ont eu un aperçu de cette mimique. Bien qu’elle soit restée dans l’ombre de ses deux frères durant des années, Desmera n’a jamais manqué une occasion de tirer une leçon de chaque situation. Bonne ou mauvaise.
Réfléchie et cultivée, elle est de ceux qui se fient à leur esprit. La parole est d’argent, mais le silence est d’or.Un mantra qui la suit depuis qu’elle a été en âge de comprendre que les mots sont une arme, pour celui qui sait les manier. En tant que fille du gouverneur du Nord, Desmera a reçu une éducation digne de son rang, dont la sévérité a permis de lui forger un esprit ferme et inflexible.
Pourtant, en dépit de la rudesse de son environnement...la louve a su garder une certaine douceur, que ses proches ont souvent considéré comme une faiblesse, voire même une certaine forme de stupidité. Se complaisant dans la solitude, Desmera s’est rapidement détachée des jugements d’autrui au cours de son adolescence. Libre. La rébellion dans le sang. Elle a finalement su prouver que l’agneau pouvait avoir des crocs aussi aiguisé que n’importe quel loup nordien, en tenant tête au Seigneur de Winterfell.
A wolf is a wolf, even in a cage, even dressed in silk.
Desmera commençait presque à regretter sa décision. Évoluant dans les sinueux couloirs du château, elle ne pouvait s’empêcher de surveiller les alentours, incapable de réprimer la désagréable sensation d’être épiée.
Et si on la reconnaissait ? N’importe quel royaume abritait des espions contre son gré…et elle ne tenait pas à tomber sur les sbires de son géniteur, ces derniers auraient tôt fait d’informer le Gouverneur du Nord que son insolente fille se trouvait à Corcolline. En se faisant passer pour une femme de chambre. Pire, en se faisant passer pour la femme de chambre d’un Lannister…elle couvrirait de honte toute sa famille si l’on découvrait sa petite mascarade. Son cœur battait si rapidement que sa poitrine semblait être devenue trop étroite pour contenir ses palpitations. Il ne lui restait plus que quelques mètres à parcourir…Et ensuite, elle pourrait se terrer dans les appartements du Prince Lion en prétextant devoir peaufiner les derniers préparatifs de sa chambre. Envahie par le doute, la nordienne jeta un regard derrière elle. Personne. Le soulagement s’enracina progressivement dans son être, permettant à ses muscles engourdi de se détendre enfin…lorsqu’elle manqua de percuter ce qui lui parût être une véritable colonne d’acier.
Desmera s’arrêta de justesse. Elle redressa brusquement la tête…et un frisson dansa le long de sa colonne vertébrale. Le Capitaine Clegane était planté devant elle, le visage tendu, la toisant de ses yeux sombres et empreint d’une colère qui rappelait la fureur d’un chien fou. Le poids de son regard l’écrasa totalement. Et lorsqu’il ouvrit la bouche pour vociférer ces ordres, la vagabonde sentit son corps frémir avant d’être gagnée par la déception.
La rivière ? Mais que diable pouvait-il bien faire là-bas ? Tandis qu’elle rebroussait chemin, la conversation entre les deux seigneurs lui revenait progressivement en mémoire. Le Lion avait interrogé leur hôte au sujet du fleuve…si sa question avait brièvement suscité son intérêt et sa surprise, Desmera ne s’était pas attendue à ce que sa première occupation soit de flâner près des flots. Alors qu’ils venaient tout juste d’arriver. Et qu’en tant que Prince, il était contraint de respecter les bienséances. Un sourire, qu’elle ne parvint pas à retenir, apparut brièvement sur son visage alors que Desmera empruntait le chemin qui menait jusqu’à la rivière. Manifestement, le Lannister n’avait pas menti sur ses tendances à éviter les protocoles…
Le doux clapotis de l’eau se mit à résonner dans ses oreilles. Son regard scruta alentour à la recherche de la silhouette du prince tandis que Desmera s’approchait de la rivière, lorsque des mouvements à la surface attirèrent son attention. Elle se figea. Bien qu’il se déplaçait vite et que ses cheveux humides étaient à présent plaqués sur son crâne, elle reconnut aussitôt l’homme qui s’épanouissait dans le ruisseau. Un homme attendu au banquet. L’invité d’honneur des festivités de ce soir…sidérée par cette vision, la vagabonde ne prononça aucun son. De son emplacement, elle pouvait aisément remarquer ses muscles rouler sous sa peau au moindre de ses gestes, démontrant ainsi une facilité déconcertante à se déplacer harmonieusement dans l’eau. La nordienne secoua brusquement sa tête, comme pour disperser ses pensées. Elle s’égarait. Un peu trop à son goût. Desmera se racla la gorge, interdisant intérieurement à ses yeux de descendre plus bas que le menton du prince.
“ Mon seigneur…”déclara-t-elle enfin d’une voix puissante pour espérer se faire entendre. Elle joignit ses deux mains sur son abdomen, se redressant entièrement pour retrouver une certaine contenance. “ Vous êtes attendus pour les festivités de ce soir et, jusqu’à preuve du contraire, je ne crois pas que les poissons soient les invités d’honneur.” Son regard repoussait les limites de l’interdit. Elle sentait ses prunelles s’attarder sur les épaules du Lion, admirant la rudesse et la puissance qui émanait de lui. “ Je crains que vous risquiez d’être en retard si vous ne commencez pas à vous préparer maintenant pour le banquet.”ajouta-t-elle sur un ton faussement préoccupé par ce qui paraissait être un véritable outrage aux yeux de certains, dont Clegane. La vagabonde recula d’un pas. Ses yeux glissèrent en direction de la végétation verdoyante, se retrouvant happée par la beauté monotone et fade de celle-ci.
“ J’aimerais ne pas faillir à mes premières tâches en tant que femme de chambre...”Fut un temps où les protocoles l’étouffaient, elle aussi. En son for intérieur, Desmera ne pouvait que comprendre ce que subissait sûrement le prince, dont l’existence devait être régi par des règles à n’en plus finir. Et même si le regard furieux de Clegane la poursuivait encore…un semblant d’amusement, bien dissimulée, s’était emparée de la nordienne. Le Lannister, un prince un peu rebelle ? Si elle ne l’avait pas vu de ses propres yeux, Desmera n’aurait jamais cru une telle chose possible.
But do you feel like a young God? You know the two of us are just young Gods and we'll be flying through the streets with the people underneath...And they're running, running, running.
J'ai 30 ans et je vis à Port Real, même si la vrai maison est Castral Roc. Dans la vie, je suis Prince des Sept Couronnes mais surtout Commandant de la Garde Royale sur ordre de mon père. et je m'en sors comme je peux avec l’équipe d’incapables qui m’a été confiée.. Sinon, grâce à ma malchance, je suis veuf et je le vis plutôt très mal. Le second fils de Redroc Lannister, l’actuel Roi des Sept Couronnes, est à l’image des gouverneurs de l’Ouest : grand à la silhouette élancée, cheveux blondis par le soleil de Port Real, il possède des yeux aussi bleus que l’océan qu’il aime tant. Son agilité naturelle qui fait de lui un combattant hors pair, et lui donne une confiance naturelle.
Le statut privilégié de l’homme lié à son appartenance à la famille royale lui a donné accès à un enseignement de qualité, une bibliothèque bien fournie, et de nombreux passe-temps qui favorisent une culture développée. Rapidement, il s’est passionné pour la pêche, le fonctionnement des océans et… par-dessus tout : la navigation.
Zaran s’est marié à l’âge de 17 ans à la fille du Prince de Dorne, Yaja Martell, afin de calmer les tensions entre la principauté et Redroc. Contre toute attente, et malgré les nombreuses fausses couches de Yaja au début de leur union, ils considéraient leur mariage comme heureux. A la mort de Yaja, sauvagement assassinée par un brigand en pleine rue de Port Real, le doux sourire de Zaran s’envola, et laissa place à la mélancolie qui le tient debout depuis dix ans. Dix années que le prince, convaincu que son appartenance à la Royauté est responsable de son meurtre, s’est retiré de la vie royale pour Castral Roc : une vie modeste était préférable pour voir grandir Ara. Pas de domestiques ou de jardiniers, seulement l’ancienne femme de chambre de Yaja devenue gouvernante, cuisinière, confidente… mais surtout la mère de substitution de son unique fille.
La peine, la douleur… sont les sentiments que Zaran laisse passer à travers ses yeux devenus vitreux. L’éclat qui jadis faisait rugir le lion Lannister s’était éteint, laissant place à une terrible envie de solitude sur son voilier, et un silence de plomb. Il ne parlait plus que nécessaire, s’autorisant quelques sourires avec la prunelle de ses yeux : sa petite fille aux traits de Yaja, dont les grands yeux noirs ne faisaient que resserrer son cœur à chaque fois qu’il les croisait.
Le Seigneur de Castral Roc, l’espace d’un instant, oublia toutes ses contrariétés. L’eau était son échappatoire. Un éternel renouvellement dont il avait besoin. Ressentir le liquide translucide contre sa peau lui donnait l’impression d’être protégé, mais aussi minuscule au milieu des éléments de la Nature. Les Hommes qui essayaient de contrôler les flots se rendaient rapidement compte que les vagues étaient plus puissantes encore.
En pleine conscience de ses mouvements, Zaran Lannister se mouvait avec aisance, allongeant bras et jambes pour dompter le courant. Tantôt dans son sens, tantôt à contre-courant, sa respiration s’adaptait à l’effort. Le vide dans sa tête lui procurait un bien-être indescriptible.
Toute personne normalement constituée aurait évité d’intervenir lorsque l’ancien Prince était dans l’eau. Encore fallait-il que cet individu ait été prévenu des activités… inhabituelles de Zaran.
Alors que le Lion entamait une nouvelle longueur à contre-courant, le souffle saccadé par l’effort, une voix attira son attention. Mon seigneur. Il s’arrêta net, se redressant dans le lit de la rivière. La surface de l’eau se heurtait à ses clavicules. L’homme passa sa main dans sa chevelure, devenue plus sombre, pour l’empêcher de dégouliner sur son visage.
Le temps que ses yeux s’habituent de nouveau à la lumière ambiante, il fit quelques pas pour se rapprocher de la berge, à la recherche du meilleur chemin pour éviter de glisser. Sybelle.
Le Seigneur savait que sa cachette ne serait pas éternellement tenue secrète, mais il ne s’attendait pas à ce qu’elle le retrouve aussi vite. Peut-être avait-il totalement perdu la notion du temps, ce qui était tout à fait plausible.
Son visage resta impassible pour ne pas démontrer la surprise qui l’animait. Plus les paroles sortaient de la bouche de la jeune femme à la chevelure blond cendré, et plus le flegme du Lion se dissipait. Aussi loin que sa mémoire lui permettait de se souvenir, il ne retrouvait personne qui ait été aussi direct avec lui. Un sourire incontrôlé s’esquissa au coin de ses lèvres. « Je prends toujours soin de choisir ce que j’ai envie de manger. » Ironisa-t-il en guise de réponse, bien que l’audace de la jeune femme l’ait déstabilisé.
Il avança quelques pas de plus pour prendre appui sur une racine de saule. Sans aucune difficulté, le seigneur bondit sur le haut de talus, à quelques mètres de la silhouette de la femme de chambre. « Comment m'avez-vous trouvé ? » Demanda-t-il en croisant son regard, avant de réaliser que ses bas en lin détrempés et son torse nu n’étaient pas forcément une tenue appropriée pour s’adresser à une jeune femme. Il s’était trop longtemps écarté des protocoles car les deux seules personnes à partager son quotidien –sa fille, et sa gouvernante- ne venaient jamais le trouver lorsqu’il nageait.
Pudique, le Seigneur de Castral Roc se retourna pour récupérer la tunique –en lin elle aussi-, qu’il avait abandonnée quelques minutes plus tôt. Il passa le vêtement au-dessus de sa tête, mais cela n’eut pas vraiment l’effet escompté… car le tissu fusionna avec sa peau détrempée.
Le cran de la jeune femme continuait à le faire sourire, et son regard s’était mis à étinceler de malice lorsque le Lion fit de nouveau face à son interlocutrice. « Je n’en attendais pas moins de votre part. J’espère que vous êtes aussi douée pour les préparatifs d’un seigneur pas très coopératif… que pour pêcher ! » Dit-il d’une voix douce, dissimulant tant bien que mal l’inconfort provoqué par la confiance de la jeune femme.
Il laissa la jeune femme prendre la tête, suivant docilement celle qui était venue le sortir de sa rêverie. Dans les couloirs du château de Corcolline, des regards le dévisagèrent… non pas à cause de sa tenue, mais plutôt parce que tout le monde savait que Zaran Lannister ne suivait que ses propres envies… Et là, en l'occurence, il n’émettait aucun signe de protestation devant l’aisance de la nouvelle venue. C’était totalement inédit, il s’attendait déjà à des bruits de couloirs indécents… Pourtant, l’ancien Prince n’avait que faire de l’opinion des autres.
Ils regagnèrent les appartements qui lui avaient été attribués –Zaran fut ravi qu’elle puisse l’y conduire, car il n’avait pas écouté la moindre explication concernant cette partie de la présentation du Seigneur Randyll à ce sujet.
La pièce où étaient entreposées les affaires du Commandant était grande, éclairée par de nombreuses fenêtres bien plus hautes qu’un homme. Une table ronde en bois y avait soigneusement été entreposée pour disposer les cartes du dirigeant de la Garde Royale. La petite attention était appréciable, si bien qu’il attrapa machinalement l’un des parchemins pour le découvrir avec curiosité.
Un geste de la femme de chambre le ramena à la réalité, arrachant de nouveau un sourire au Seigneur de Castral Roc. Elle répéta une nouvelle fois cette formule de politesse propre au protocole… Mon Seigneur. Il détestait ce titre. En réalité, il détestait tous les fonctions qu’on lui imposait depuis la naissance. Il n'en avait jamais voulu.
Il leva les mains à hauteur de ses épaules, s’écartant d’un pas de la table pour soutenir le regard clair de la jeune femme. Il réalisa, alors qu’un rayon de soleil orangé traversait la pièce, qu’elle était d’une beauté sans pareils.
« Je ne ferai pas de vagues ce soir, c’est promis… » Dit-il en tentant de rester sérieux quelques instants. Ce soir était une précision importante… elle ne manquerait sûrement pas de le soulever. « … En revanche, je souhaiterais que vous m’appeliez par mon prénom. » Sur ces quelques paroles, Zaran Lannister s’empara de la tenue –bien trop habillée à son goût- soigneusement déposée sur son lit puis s’absenta derrière le paravent voisin pour s’y changer.
Il ressortit quelques instants plus tard, vêtu d’une longue tunique de cuir sombre, de laquelle ressortait un col vermeil, aux couleurs de la Maison Royale. L’heure avançant, et les derniers rayons de l’astre de lumière perçant l’horizon, l’homme plaça son épée dans le fourreau dédié puis s’apprêta à rejoindre ses hôtes.
« J’oubliais… A protocole aménagé… fonctions aménagées. Prenez un peu de temps pour vous. » Dit-il de sa voix la plus posée avant de rejoindre Clegane qui l’attendait de pied ferme. Ce dernier fut même presque surpris de le trouvé habillé en temps et en heures. « Que se pass-t-il, Seigneur Clegane ? » Celui-ci ronchonna dans sa barbe, mais escorta son Commandant dans le grand salon sans ajouter un mot.
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Dim 23 Jan - 18:21
Desmera Stark
J'ai 20 ans et je vivais à Winterfell. Dans la vie, je ne suis plus qu'une vagabonde et je m'en sors moyennement bien.. Sinon, grâce à ma chance, je suis célibataire et je tiens profondément à ma liberté.
The lone wolf.
Diplomacy is the art of telling people to go to hell in such a way that they ask for directions.
Desmera, c’est une enfant du Nord, du froid, là où la neige est éternelle et où la brise mord autant que les loups qui peuplent le territoire. Dans ses yeux, on retrouve ce bleu glacé qui rappelle celui du ciel nordien, seulement son sourire, lui, évoque un Soleil lumineux et chaleureux. Mais rares sont ceux qui ont eu un aperçu de cette mimique. Bien qu’elle soit restée dans l’ombre de ses deux frères durant des années, Desmera n’a jamais manqué une occasion de tirer une leçon de chaque situation. Bonne ou mauvaise.
Réfléchie et cultivée, elle est de ceux qui se fient à leur esprit. La parole est d’argent, mais le silence est d’or.Un mantra qui la suit depuis qu’elle a été en âge de comprendre que les mots sont une arme, pour celui qui sait les manier. En tant que fille du gouverneur du Nord, Desmera a reçu une éducation digne de son rang, dont la sévérité a permis de lui forger un esprit ferme et inflexible.
Pourtant, en dépit de la rudesse de son environnement...la louve a su garder une certaine douceur, que ses proches ont souvent considéré comme une faiblesse, voire même une certaine forme de stupidité. Se complaisant dans la solitude, Desmera s’est rapidement détachée des jugements d’autrui au cours de son adolescence. Libre. La rébellion dans le sang. Elle a finalement su prouver que l’agneau pouvait avoir des crocs aussi aiguisé que n’importe quel loup nordien, en tenant tête au Seigneur de Winterfell.
A wolf is a wolf, even in a cage, even dressed in silk.
Desmera maudissait l’indécence de son comportement. Ses yeux bien trop curieux ne pouvaient s’empêcher d’effleurer le torse dénudé du seigneur qu’elle avait décidé de servir, capturant ainsi les gouttes d'eau qui perlaient sur sa peau et la finesse de sa musculature. Ses manières, si juvéniles, l’exaspéraient. La Nordienne espérait que son masque d’indifférence dissimule la curiosité dont elle faisait preuve…bien que les mouvements du Lannister ébranlaient son mutisme, la poussant alors à garder le regard résolument posé sur la végétation environnante. Le coin de ses lèvres remua légèrement. Mais le sourire qui aurait pu apparaître sur son visage resta finalement dans l’ombre car le Lion émergea de la rivière pour venir se planter tout près d’elle. Trop près d’elle. Assez pour lui permettre d’étudier dans les moindres détails sa physionomie et son buste bâti dans le marbre. Son regard épingla le sien. “ On m’a poliment informé de votre présence à la rivière.”répliqua-t-elle nonchalamment après un court silence qui permit à Desmera de rassembler ses pensées éparpillées.
La vagabonde remercia silencieusement les anciens Dieux lorsque le prince lui tourna le dos. Mais sa tentative de cacher sa nudité fut vaine. Seulement, lorsque Zaran fit volte-face pour l’observer de nouveau, ce furent ses prunelles, empreintes de malice, qui prirent Desmera au dépourvu. Elle haussa un sourcil face à cette plaisanterie. Son timbre, autant que son expression, la surprenait. Elle n’aurait jamais cru un Lannister capable d’une telle attitude, mais ce n’était pas la première fois que la Nordienne notait la différence entre Zaran et les préjugés affublé à sa famille. “ Je l’espère aussi. Mais j’ai réussi à vous trouver, manifestement, tout est possible. ” Et, sur ces mots, Desmera prit la direction du château d’un pas déterminé. Pourtant, un nœud se forma dans sa gorge. Sa nervosité s'accroissait à mesure qu’ils évoluèrent parmi le dédale de couloir, crispant quelque peu les traits de son visage. Sa tension se dissipa quand ils se retrouvèrent dans l’intimité des quartiers du commandant.
Elle ne s’autorisa aucun répit. A peine furent-ils entrés que déjà, Desmera s’activait pour rassembler les vêtements du Seigneur. Elle avait la désagréable impression que Clegane scrutait le moindre de ses gestes, comme s’il se trouvait avec eux, dans la même pièce alors qu’il était sans aucun doute simplement posté dans le couloir à attendre les ordres. Elle revoyait distinctement ses petits yeux plissés par la fureur… L’idée qu’il puisse de nouveau lui aboyer -poliment- dessus suffisait à lui insuffler une détermination sans faille. Aussi s’efforça-t-elle de démontrer une troublante efficacité, se concentrant sur ses tâches avec le zèle d’une femme de chambre experte dans le domaine.
Mais un sourire amusé parvint à fissurer son masque de glace. Elle commençait à croire que Zaran Lannister se faisait un malin plaisir à faire des vagues, au sens propre autant qu’au sens figuré. Desmera garda cependant cette pensée pour elle. Pensée qui disparut dès l’instant où le Prince reprit la parole. Sa réponse fut immédiate. “ Non.”Elle ne s’était pas attendue à paraître aussi…catégorique, mais la demande du Lion la sidérait. Son expression ne cachant plus rien de ses sentiments, ses yeux s’étaient écarquillés et ses lèvres étaient à présent serrés l’une contre l’autre.
“ Je veux dire…je regrette, je ne peux pas. C’est...inconvenant, mon seigneur.”se rattrapa-t-elle brusquement, sur un ton plus distant et respectueux, espérant que le seigneur ne lui tienne pas rigueur pour cet instant de…révolte soudaine. Elle attrapa les vêtements trempés afin de les étendre près de la fenêtre. Même dans une autre situation, la Nordienne n’aurait jamais accepté une telle familiarité ave un homme aussi puissant que le Lannister...bien que cette discipline de fer ne l’avait pas empêché d’épier discrètement les mouvements gracieux de ses muscles lorsqu’il nageait dans la rivière, un moment plus tôt. En repensant à ses manières, Desmera réprouva ardemment son comportement. Un comportement qui n’était pas digne d’une femme de son rang. Ou plutôt…un comportement qui n’était pas digne de la femme qu’elle avait été.
Elle se détourna de sa tâche en percevant les mouvements du Commandant. Il quittait le paravent derrière lequel il s’était changé, vêtu d’une tenue qui mettait en avant le pouvoir et richesse qui découlaient de son titre. En revanche, l’armure seyait bien mieux à sa carrure de guerrier. Et son regard autoritaire. Desmera le remercia d’un signe de tête, se gardant bien de dévoiler le soulagement qui l’enveloppa. Elle quitta à son tour la chambre lorsqu’elle se retrouva seule, s’interrogeant sur ce qu’elle allait pouvoir faire de son temps libre…mais la réponse lui apparut rapidement. Elle quitta le château, ses pas la menant sciemment vers la forêt, portés par l’espoir d’y retrouver son compagnon de voyage. Leurs chemins s’étant abruptement séparés, la vagabonde craignait que le loup l’ait abandonné…mais à peine fut-elle entrée dans les bois, que les fougères près d’elle se mirent à frémir pour finalement s’écarter sur le passage d’une bête aux poils grisâtres. Il l'avait retrouvé.
Un sourire sincère illumina instantanément son visage. Desmera laissa le loup venir à elle, le couvant d’un regard doux, d’une tendresse qui reflétait son attachement pour son compagnon. Du bout des doigts, elle effleura son museau…Et elle ignora combien de temps elle passa aux côtés d'un être qui lui était familier, soulagée de pouvoir profiter d’un moment de liberté en présence de l’animal qui, dès que le jour se lèverait, serait contraint à se terrer de nouveau dans la forêt.
Installée à même le sol, le dos appuyé contre un tronc, la Nordienne contemplait les courants de la rivière. L'atmosphère lui paraissait si paisible, maintenant que la nuit avait chassé les dernières lueurs du crépuscule, plongeant les bois dans une obscurité presque totale. Seule la clarté de la Lune lui offrait un semblant de lumière. Ses rayons venaient effleurer la surface de l’eau, diffusant une pâle luminosité tout autour d’elle. Desmera aurait pu rester ainsi toute la nuit… Seulement, son loup se redressa brusquement, un léger grondement jaillissant de sa gorge, alarmant tous les sens de la vagabonde. Elle sauta aussitôt sur ses pieds. Le corps tendu, les souvenirs de sa mésaventure avec le Capitaine refirent brusquement surface dans sa mémoire. Mais elle n’était pas seule, cette fois-ci. Et encore moins sans défense. Sa main se referma sur le pommeau de son épée, qu’elle avait récupéré et dissimulé sous les pans de sa cape avant de venir dans la forêt. Non, Desmera n’était plus sans défense.
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J'ai 30 ans et je vis à Port Real, même si la vrai maison est Castral Roc. Dans la vie, je suis Prince des Sept Couronnes mais surtout Commandant de la Garde Royale sur ordre de mon père. et je m'en sors comme je peux avec l’équipe d’incapables qui m’a été confiée.. Sinon, grâce à ma malchance, je suis veuf et je le vis plutôt très mal. Le second fils de Redroc Lannister, l’actuel Roi des Sept Couronnes, est à l’image des gouverneurs de l’Ouest : grand à la silhouette élancée, cheveux blondis par le soleil de Port Real, il possède des yeux aussi bleus que l’océan qu’il aime tant. Son agilité naturelle qui fait de lui un combattant hors pair, et lui donne une confiance naturelle.
Le statut privilégié de l’homme lié à son appartenance à la famille royale lui a donné accès à un enseignement de qualité, une bibliothèque bien fournie, et de nombreux passe-temps qui favorisent une culture développée. Rapidement, il s’est passionné pour la pêche, le fonctionnement des océans et… par-dessus tout : la navigation.
Zaran s’est marié à l’âge de 17 ans à la fille du Prince de Dorne, Yaja Martell, afin de calmer les tensions entre la principauté et Redroc. Contre toute attente, et malgré les nombreuses fausses couches de Yaja au début de leur union, ils considéraient leur mariage comme heureux. A la mort de Yaja, sauvagement assassinée par un brigand en pleine rue de Port Real, le doux sourire de Zaran s’envola, et laissa place à la mélancolie qui le tient debout depuis dix ans. Dix années que le prince, convaincu que son appartenance à la Royauté est responsable de son meurtre, s’est retiré de la vie royale pour Castral Roc : une vie modeste était préférable pour voir grandir Ara. Pas de domestiques ou de jardiniers, seulement l’ancienne femme de chambre de Yaja devenue gouvernante, cuisinière, confidente… mais surtout la mère de substitution de son unique fille.
La peine, la douleur… sont les sentiments que Zaran laisse passer à travers ses yeux devenus vitreux. L’éclat qui jadis faisait rugir le lion Lannister s’était éteint, laissant place à une terrible envie de solitude sur son voilier, et un silence de plomb. Il ne parlait plus que nécessaire, s’autorisant quelques sourires avec la prunelle de ses yeux : sa petite fille aux traits de Yaja, dont les grands yeux noirs ne faisaient que resserrer son cœur à chaque fois qu’il les croisait.
La passion de l’ancien Prince pour l’eau n’était un secret pour personne, et surtout pas pour les soldats de la Garde Royale qui l’accompagnaient depuis son départ de Port Real. Tout était calculé pour qu’il puisse trouver l’apaisement à la fin d’une chevauchée éreintante. Bien sûr, qu’ils en avaient informé sa nouvelle femme de chambre… Les habitudes de Zaran Lannister ne rentraient pas dans les mœurs, et elle serait dans l’obligation de composer avec au quotidien. « Je vois que les rumeurs vont bon train. » Avait-il soufflé, une pointe d’amusement dans la voix, avant de suivre la jeune femme à la chevelure cendrée dans le dédale de couloirs.
En quittant la pièce, l’homme avait pris soin de proposer à la jeune femme de prendre du temps pour elle. Le trouble dans le regard du Seigneur était pourtant difficile à oublier. Non. Elle avait rétorqué avec de telles hâte et détermination qu’il n’avait pas trouvé les mots pour rebondir.
Zaran Lannister resté sans voix, un fait assez exceptionnel pour être relevé. Les paroles qui avaient suivi ce non, très cordiales et compréhensives, se dissipaient. Seule la négation de la femme de chambre raisonnait dans son esprit. Le Commandant de la Garde Royale ne se souvenait pas de la dernière fois où on lui avait refusé quelque chose avec autant d’assurance. Peut-être était-ce aussi la dernière fois qu’il s’était senti aussi démuni, ou celle où il avait vraiment souri aussi… Autant de sentiments confus dans la même journée ?
« Rien, Mon Commandant. Nos hôtes ont hâte de vous faire découvrir les spécialités culinaires de Corcolline. » Répondit Clegane en essayant d’analyser le visage du Lion. Ce dernier prit une longue inspiration, puis tâcha de retrouver son flegme naturel. Il avait montré bien assez de faiblesse pour la journée.
Au fur et à mesure que la soirée avançait, Zaran comprenait que la gastronomie des terres du Seigneur Randyll n’était pas la raison principale de l’engouement général. La jeune femme à la chevelure de jais et aux prunelles ambrées assise à côté du Lannister, était plus intéressante pour les habitants de Corcolline… La tranquillité de Castral Roc lui manquait terriblement alors que la fille du Seigneur essayait de se montrer sous son meilleur jour. Les regards insistants de son Capitaine le forçaient à rester calme, mais il refrénait une pressante envie de fuir. Zaran Lannister, que Westeros tout entier voyait comme un Prince veuf… et donc une cible rêvée pour toutes les jeunes filles à marier. Zaran était veuf, oui, mais son accord pour diriger la Garde Royale était de ne pas se marier de nouveau. Le Roi avait accepté la condition. Encore fallait-il que le Royaume de son père en soit informé.
Évitant tant bien que mal tout contact oculaire avec la jeune Randyll –bien trop jeune pour qu’il puisse la considérer comme une femme-, Zaran se sentait suffoquant. Il avait à peine entamé son assiette, et ne laissait que quelques gouttes de bière venir épancher sa soif.
« Je vous prie de bien vouloir me pardonner, Ma Dame, mais le voyage a été long… Je vais me retirer dans mes appartements. » Une courbette polie plus tard, et le Seigneur s’éclipsa vers le hall d’entrée. Les allées du château étaient désertes. Le calme à présent retrouvé n’aida pourtant pas le Lion à balayer la tension qui tordait son estomac, compressait ses poumons.
Il récupéra un manteau de fourrure beige, puis s’assura qu’il n’était pas suivi avant de se diriger vers la sortie la plus proche. Dehors, la nuit était claire : la lune illuminait le paysage d’un halo délicat, adoucissant les courbes de la canopée. Le Seigneur s’enveloppa dans l’épaisse cape, puis entreprit de marcher lentement vers les bois.
Ses yeux s’étaient suffisamment habitués à l’obscurité pour qu’il discerne sans aucun mal les éléments de son entourage. Sans surprise, son instinct le guida vers la rivière : bientôt, il entendit le clapotis de l’eau contre les berges enherbées. Une fine couche de rosée recouvrait déjà le sol, remontant les odeurs d’humus qu’il aimait tant.
Un froissement de fougères attira l’attention du Commandant de la Garde Royale. Il eut à peine le temps de se poser des questions qu’il dégaina son épée, en garde. Les brigands devaient probablement courir les rues à cette heure tardive. « Qui est là ? » demanda-t-il d’une voix ferme, aussi tranchante que sa lame.
Il s’avança de quelques pas, entrevoyant une silhouette à quelques pas de lui. Son épée se tendit droit devant lui, sourcils froncés, tandis qu’il commençait à deviner les contours floutés de la personne qui se tenait devant lui.
« Par les Sept, mais que faites-vous ici ? » Surpris, Zaran abaissa son arme. Sa longue chevelure argentée ressortait sous la lumière de l’astre de la nuit. Il ne rangea cependant pas l’épée. « Vous vous êtes prise de passion pour la pêche ? » Difficile, devant le ton glacial du Lion, de savoir si son cynisme était la continuité de leurs échanges lorsqu’elle l’avait trouvé à la rivière...
Pendant le court silence durant lequel il attendit la réponse de la jeune femme, les yeux de l’homme s’attardèrent sur son visage harmonieux aux traits relevés par la douce clarté de la nuit. Il inspira, puis observa les volutes blanches que son expiration libéra. En arrière-plan, l’eau continuaient sa lente descente vers la vallée. Le bruit des galets roulants dans le lit de la rivière lui rappela que, quelques heures plus tôt, il foulait ce sol en découvrant le visage surpris de Sybelle. Un léger sourire au coin de ses lèvres dissimula la nervosité du Seigneur de Castral Roc. Pourquoi se sentait-il nerveux ?
« Eh bien… Je vois que nous avons trouvé la même cachette. » L’homme rangea son épée dans son fourreau, observant à présent les remous du torrent.
Toujours emmitouflé dans l’épaisse fourrure claire, Zaran Lannister adressa un sourire à sa femme de chambre. « A moins que vous n’ayez pas tenu plus d’une journée à mes côtés… ce qui ne serait pas étonnant ! » Après tout, tout le monde n’était pas fait pour courir derrière un Lion à longueur de temps.
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Jeu 3 Mar - 11:13
Desmera Stark
J'ai 20 ans et je vivais à Winterfell. Dans la vie, je ne suis plus qu'une vagabonde et je m'en sors moyennement bien.. Sinon, grâce à ma chance, je suis célibataire et je tiens profondément à ma liberté.
The lone wolf.
Diplomacy is the art of telling people to go to hell in such a way that they ask for directions.
Desmera, c’est une enfant du Nord, du froid, là où la neige est éternelle et où la brise mord autant que les loups qui peuplent le territoire. Dans ses yeux, on retrouve ce bleu glacé qui rappelle celui du ciel nordien, seulement son sourire, lui, évoque un Soleil lumineux et chaleureux. Mais rares sont ceux qui ont eu un aperçu de cette mimique. Bien qu’elle soit restée dans l’ombre de ses deux frères durant des années, Desmera n’a jamais manqué une occasion de tirer une leçon de chaque situation. Bonne ou mauvaise.
Réfléchie et cultivée, elle est de ceux qui se fient à leur esprit. La parole est d’argent, mais le silence est d’or.Un mantra qui la suit depuis qu’elle a été en âge de comprendre que les mots sont une arme, pour celui qui sait les manier. En tant que fille du gouverneur du Nord, Desmera a reçu une éducation digne de son rang, dont la sévérité a permis de lui forger un esprit ferme et inflexible.
Pourtant, en dépit de la rudesse de son environnement...la louve a su garder une certaine douceur, que ses proches ont souvent considéré comme une faiblesse, voire même une certaine forme de stupidité. Se complaisant dans la solitude, Desmera s’est rapidement détachée des jugements d’autrui au cours de son adolescence. Libre. La rébellion dans le sang. Elle a finalement su prouver que l’agneau pouvait avoir des crocs aussi aiguisé que n’importe quel loup nordien, en tenant tête au Seigneur de Winterfell.
A wolf is a wolf, even in a cage, even dressed in silk.
À la seconde où Desmera reconnut le propriétaire de cette voix autoritaire, habituée à commander, elle poussa le loup dans les fougères dans l’espoir de le faire disparaître avant que Zaran ne le découvre. L’animal se fondit dans la nature, son pelage grisonnant s’évanouissant dans la verdure.
Alors qu’un flot de soulagement se répandait dans ses muscles, la vagabonde avisa brièvement du regard l’arme tendue du Commandant, avant de plonger ses yeux dans les siens. Si l’homme semblait être surpris de sa présence ici…la Nordienne ne partageait pas tout à fait son sentiment. Elle commençait à croire que la rivière attirait le soldat aussi assurément que le nectar attire les abeilles. Son timbre glacé était aussi mordant que la brise qui effleurait ses joues mais Desmera s’appliqua à soutenir le regard du lion avec un détachement manifeste. Sa question fit remuer les coins de ses lèvres. “ La situation de ce matin me laisse croire que je ne vais pas avoir d’autre choix que de m’intéresser à la pêche, mon seigneur.”répliqua la vagabonde. Si le son de sa voix demeurait monocorde, sa tête légèrement inclinée sur le côté lui conférait un air malicieux.
La sensation de ses yeux, rivés sur elle, la força pourtant à se rembrunir. Il ne s’attarda qu’un instant, mais la sensation de son regard explorant la moindre parcelle de son visage perdura même lorsque le Prince se détourna. Le croiser, à cette heure avancée de la nuit…rendait cette entrevue moins formelle. Comme si, au milieu de la quiétude et du clapotis de l’eau, ils avaient perdu leurs titres respectifs pour n’être que deux inconnus. Sauf que l’un d’entre eux était Zaran Lannister. Prince des Septs Couronnes et Commandant de la Garde Royale. Jamais Desmera ne pourrait l’oublier, pas même en un lieu aussi apaisant que la forêt.Et comment le pourrait-elle ? Même à la clarté de la Lune, la carrure à moitié dévorée par l’obscurité, la vagabonde se trouvait happée par la précellence de sa prestance, que les ténèbres ne rendait que plus imposante. Pas étonnant que son regard l’ai déstabilisé. Il avait été d’une telle intensité un moment plus tôt, que la jeune femme s’était sentie…aussitôt dévoilée. Seuls les Dieux savaient que la Nordienne possédait un secret que le Lion ne devrait jamais découvrir.
Elle fouilla du regard les alentours. Mais l’animal s’était évaporé dans la noirceur des bois, discret et furtif comme une ombre. Desmera plongea de nouveau ses yeux dans ceux du Lannister, priant pour ne dévoiler rien d’autre qu’une froide et profonde déférence typique d’une femme de sa condition envers un Prince. Mais le sourire qui jouait sur ses lèvres brisait l’allure si martiale qu’il dégageait à longueur de journée. Son instinct lui souffla que c’était un sourire qui inspirait la bienveillance, même pour une femme aussi méfiante que la Nordienne. Elle n’avait pas oublié ce qu’avait fait le Lannister, quelques jours plus tôt. Sa dignité lui aurait été brutalement arrachée…s’il n’était pas intervenu pour mettre un terme à son supplice. Le respect qu’elle lui portait…n’était pas feint. Du moins, pas entièrement.
“ Pas étonnant ? Est-ce pour cette raison que vous n’avez pas de femme de chambre ?”l’interrogea-t-elle, avant de rajouter. “ Parce qu’elles prennent toute la fuite après une journée passer à vos côtés ?”Ce n’était pas surprenant, non. Une journée avec le Commandant lui avait suffi pour remarquer qu’il s’adonnait à éviter les protocoles tout en s’éloignant des mœurs seigneuriales. Et puis…il y avait l’homme au visage marqué par les flammes, dont le regard hargneux aurait fait frémir de peur n’importe qui. “ Rassurez-vous, je suis plus tenace que j’en ai l’air. Je devrais pouvoir survivre à votre…Quotidien, mon seigneur.” Elle n’avait guère d’autres choix. Demeurer aux côtés du Prince était risqué, mais c’était également le meilleur moyen d’assurer sa survie. Desmera ne se voyait pas affronter de nouveau le monde extérieur, errant sans but précis, si ce n’est l’envie de se faire oublier par les mémoires de sa famille. Si tant est que cela soit possible.
But do you feel like a young God? You know the two of us are just young Gods and we'll be flying through the streets with the people underneath...And they're running, running, running.
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Chaos is a ladder ((Zaran Lannister & Desmera Stark))