Cette conversation, qui aurait dû se résumer à de simples détails de leurs vies respectives, était notamment l’occasion de reparler du début de leur relation… Qui n’avait pas été finalement que purement professionnelle, comme il avait pu le penser pour les premiers mois. Leur relation était restée professionnelle parce que Maggie s’était imposé une distance avec lui pour éviter qu’il ne chamboule complètement sa vie. Ce qu’il avait fini par faire, parce que sans lui, elle serait sûrement mariée à David et non dans son lit, à discuter de tout cela. Quelque peu surpris par ces quelques paroles, Nolan répondit tout de même à sa question « Non. Je pensais que c’était dû à mon mauvais caractère et à la mise en garde de tes collègues » et se mit à sourire avec timidité en se rendant compte de ces révélations « Je suis content que tu es arrêté de lutter contre ça ». Et cela, même si leurs disputes ne manquaient pas de piquants. Toutefois, il savait aussi qu’il y avait une limite à ne pas dépasser, et qu’il risquait de la perdre le jour où il partirait pour ne pas la blesser. Un point de non-retour qu’ils n’avaient pas envie d’envisager autant l’un que l’autre « Moi non plus » souffla-t-il avec douceur.

Un haussement de sourcils, un sourire heureux sur les lèvres, il rétorqua un « C’est vrai ?! » comme si elle lui avait annoncé qu’ils allaient dans un parc d’attraction. Nolan souhaitait seulement qu’elle soit épanouie et qu’elle renoue avec ce qu’elle a toujours aimé faire, celle qu’elle était vraiment. Qu’elle se sente libre, tout simplement, et le roller-derby faisait partie de ces choses qu’elle avait arrêté de faire malgré elle. Alors de savoir qu’elle était prête à retenter l’expérience, oui, ça ravissait Nolan. Les parents de cette dernière risquaient sûrement de le détester un peu plus en apprenant qu’il l’avait poussé à retourner sur ses patins, mais il n’en avait rien à foutre. En pensant à ces derniers, le chef de chantier lui demanda s’ils étaient au courant de son existence « Ça me rassure de savoir que je ne suis pas le grand n’importe quoi dans ta vie » en riant légèrement et fit un signe négatif « Non, et j’ai demandé à Desmond de ne rien dire non plus à ce sujet. Parce que c’est récent et que j’ai envie de prendre mon temps » et présenter les parents, c’était une étape bien trop importante alors qu’ils n’étaient ensemble que depuis quelques semaines à peine.

« Je trouve aussi ! » avait-il répondu avec amusement. Ils n’étaient pas doués pour créer des scénarios, mais se complétaient bien tous les deux dans le meilleur d’être et sourit quand Maggie joignit ses mains ensemble « Je trouve aussi ». Elle était la personne qui rassurait dans les moments difficiles et il était celui qui était patient dans leur histoire. Un duo qui se complétait et permettait d’ôter tous doutes lorsqu’ils se présentaient chez l’un ou l’autre. Toutefois, il était prêt à la laisser partir si elle le souhaitait, mais il eut bien vite sa réponse. Maggie ne comptait aller nulle part et encore moins maintenant qu’ils étaient ensemble. « Parfait » répondit-il alors en la laissant prendre place sur lui. Lorsqu’elle ôta son t-shirt, le chef de chantier n’écouta plus rien. Tout ce qu’il voulait maintenant, c’était elle et seulement elle. En entendant la réponse de Maggie, cette dernière commençait sûrement à prendre conscience du pouvoir qu’elle avait sur lui. Ses lèvres contre les siennes, le quarantenaire passa au-dessus d’elle, répondant à sa question tout en continuant de goûter sa peau, comme s’il n’en avait jamais assez, et cela, tout en descendant jusqu’à sa féminité et la rassura sur le fait qu’il n’irait pas plus loin. Un sourire en entendant sa réponse. Elle avait confiance en lui. Il reprit possession de ses lèvres, la laissant répondre à son tour « Alors il va falloir… essayer… beaucoup de choses pour savoir » tout en continuant de l’embrasser. Un sourire alors qu’il écoutait ses réponses, lui rendant ses baisers entre chaque phrase. Il chercha son regard, mais elle l’embrassa et Nolan fronça les sourcils tout en se laissant faire par Maggie qui avait décidé de prendre les choses en main.

Sous elle et complètement à sa merci, Nolan glissa ses mains sur les cuisses de cette dernière « On essaiera quand tu en auras envie » alors qu’il savourait la vue qu’elle lui offrait. Elle était si belle. Il se mit à sourire en entendant les quelques mots qu’elle prononça « Je suis tout à toi » alors qu’il la désirait tout autant. Un soupir de plaisir traversa ses lèvres en se sentant entrer en elle. Ses mains sur ses hanches montèrent jusqu’à sa poitrine qu’il caressa tout en soupirant sous ses ondulations. Il la laissa prendre les commandes, savourant sa prise d’initiative, ses vas-et-viens, soupirant de plaisir, se redressant pour embrasser sa peau, soufflant des « Continue… encore… » à son oreille, et se laissa retomber sur le lit, la laissant poursuivre jusqu’à sentir la jouissance l’envahir. Un sourire de bien-être sur ses lèvres, Nolan posa son regard sur Maggie alors qu’il reprenait ses esprits « Tu m’as surpris… à vouloir prendre les commandes…. J’ai beaucoup aimé… vraiment beaucoup aimé » et l’embrassa avec douceur « Quand je pense que tu avais peur que ça ne fonctionne pas entre nous niveau sexe. Je te le dis en tant qu’homme, Maggie chérie, tu n’as pas à douter de toi, sur ça ou autre chose ». Il la regarda avec tendresse avant d’ajouter « Tu ne m’as pas demandé ce qui m’a fait craquer sur toi ».

« -ba oui ! On verra bien si je suis capable de tenir la distance. » ça n’était qu’en essayant qu’elle pourrait voir si jamais ça collait encore. Elle avait réellement envie d’essayer à nouveau, de renouer avec ce sport qu’elle avait tant aimé. Les encouragements de Nolan la poussait dans ce sens, alors elle ferait un test. Peut être qu’elle serait recalée directement aux sélection. Mais au moins elle aurait tenté. « -tu pensais que c’était toi ? » demanda Maggie en plissant les yeux. « -non, le grand n’importe quoi c’est de jeter aux orties une relation de huit ans et un futur mariage. » elle leva les yeux : « -oui je sais, ça aussi ça fait mamie comme expression ! » elle s’en était rendue compte en le disant. Un léger soulagement lorsqu’il avoua n’avoir rien dit non plus de son côté. « -tu veux qu’il dise quoi ? Il ne me connaît pas encore de toute façon. » ils n’avaient d’ailleurs pas placé de date pour cette rencontre. Mais ça viendrait, comme Nolan venait de le dire, tout était encore trop récent. Ils ne voulaient pas brûler les étapes, autant l’un que l’autre.

Ils étaient complémentaires sur bien des points et ils étaient d’accord là dessus. C’était plaisant et rassurant. Bien sur la jeune femme ne s’attendait pas à ce que ça soit tout beau tout rose tout le temps. Chaque couple avait ses hauts et ses bas. Mais pour le moment ils parvenaient à faire une belle équipe. Et cela la confortait dans son choix d’avoir lâché son ancienne vie et mis un point final à sa relation avec David. Maintenant qu’ils étaient ensemble, qu’ils pouvaient être ensemble, Maggie n’avait pas la moindre intention de partir ou de s’éloigner. Encore moins là tout de suite alors que l’envie montait à nouveau en elle.

La conversation qu’ils abordaient, était toute aussi importante que les précédentes. Du moins pour elle. La jolie rousse avait bien trop mis sa vie sexuelle entre parenthèse depuis quelques années. Et avec Nolan, elle avait envie de plus, d’explorer plus, de prendre réellement du plaisir avec lui. Un sourire avant de l’embrasser encore et encore, heureuse qu’il comprenne, qu’il soit capable d’avoir cette patience avec elle. Et là tout de suite, elle avait envie de lui montrer à quel point elle le désirait et qu’elle était capable de bien des choses. Prendre les commandes de leur ébats, c’était aussi reprendre en main sa vie sexuelle et alors qu’il lui soufflait des encore à l’oreille, Maggie se sentait presque revivre. Chaque va et viens était délicieux et faisait grimper la plaisir, la rapprochant un peu plus de l’orgasme qui la saisit quelques secondes après Nolan. Elle gémit son plaisir en fermant les yeux, se mordant les lèvres…

Le souffle court, elle mis quelques secondes à revenir sur terre, et se laissa glisser sur le côté. Fermant les yeux, elle savoura ce bien être d’après l’amour qu’elle avait presque oublié avec le temps. Un sourire amusé se dessina sur les lèvres de la jolie rousse lorsqu’elle entendit les commentaires de Nolan. « -tant mieux... » souffla Maggie le souffle toujours rapide. « -c’était le but. » elle n’avait pas la moindre envie qu’il la crois trop coincé ou se sente obligé de faire attention à chacun de ses gestes en la touchant. L’envie ça ne se contrôlait pas. Elle se tourna sur le côté pour lui faire face, la tête sur l’oreiller, encore sur son petit nuage de plaisir. Un léger rire : « -oui j’ai des idées étranges parfois... » ajouta t elle. « -qu’est ce qui t’as fais craquer sur moi ? » demanda t elle alors en reprenant les mots de Nolan, souriant incapable de le quitter des yeux.

« Je ne me fait pas de souci pour ça » avait-il alors répondu avec un sourire ravi sur les lèvres. Il avait confiance en elle et en ses capacités. Il ne restait plus qu’à remonter sur les patins et tout donner sur le terrain. Ce qui allait ravir les parents de Maggie qui ne semblait pas vraiment accepter la nouvelle vie de leur fille. « Oui. Je ne corresponds sûrement en rien aux attentes de tes parents et je passe après le gendre idéal que tu as largué presque devant l’autel. Je suis la définition même d’un grand n’importe quoi dans ta vie » en souriant avec amusement, même si au fond de lui, Nolan appréhendait la rencontre qu’il espérait qu’elle arriverait le plus tardivement possible. Pas qu’il n’avait pas envie de voir sa relation avec Maggie avancer, mais il craignait de se retrouver confronter à des parents qui ne l’acceptent pas et une jolie rousse qui prend conscience qu’elle pourrait avoir mieux que lui dans sa vie… Mais pour ce soir, Nolan garda sa pensée sous silence. Il se mit plutôt à rire devant l’expression utilisée par la jeune femme « Tu peux appeler les années 50, on a retrouvé l’une de leur expression » en se moquant d’elle « Et toi, tu te sens comment par rapport à ça ? Je veux dire, on n’a pas reparlé de ta séparation avec David depuis… eh bien depuis ta séparation ». Enfin, elle était complètement nue dans son lit, blottit tout contre lui. Il se disait qu’elle devait plutôt bien le vivre. « Tu n’as pas idée du pouvoir qu’à les mots : Papa a une copine, et le nombre de questions qu’ils peuvent soulever chez mes parents » en riant presque. Et Nolan n’avait pas envie de subir un interrogatoire en bon uniforme lors de sa visite habituelle. Il était encore bien trop tôt pour la présenter à ces derniers. Le chef de chantier voulait prendre son temps avec elle, faire les choses correctement.

Et il fallait croire que la patience et la compréhension dont il faisait preuve à l’égard de Maggie portait ses fruits lorsqu’elle décida de prendre l’initiative de leurs ébats. Complètement à sa merci, Nolan l’avait laissé lui faire l’amour. Il n’avait pas tenté de reprendre le dessus. Non, le chef de chantier s’était laissé guider par les ondulations de reins de sa petite-amie, lui répétant seulement des encore pour lui faire comprendre qu’il aimait sa manière de lui faire l’amour. Il aimait savoir qu’elle se sentait en confiance pour pouvoir se retrouver au-dessus de lui, ainsi, et il aima encore plus l’entendre gémir de plaisir juste après lui. Ils parvenaient à trouver la même complicité dans l’intimité qu’en dehors les draps de ce lit. Nolan ne s’empêcha pas pour autant de lui dire qu’il était surpris de cette initiative, mais qu’il avait aussi aimé cela, toujours dans cet élan de sincérité entre eux. Un sourire, même un léger rire où s’entendait encore sa respiration haletante dû à leurs ébats « Refais-ça quand tu veux ». Il finit par se tourner face à elle, son bras plié sous sa tête et son regard ancré dans le sien « A rien y comprendre » ajouta-t-il pour la taquiner un peu. Plus calme, Nolan lui fit remarquer qu’elle ne savait pas ce qui l’avait fait craquer sur elle et se mit à rire lorsqu’elle reprit ses mots.

Le chef de chantier se rapprocha d’elle, entrelaçant ses jambes aux siennes et posant sa main sur sa hanche « Que tu me donnes tort ». C’est sûr qu’avec ça, elle allait comprendre. « J’ai tenté de te cerner dès la première seconde où je t’ai vu te battre pour ouvrir la porte de l’immeuble ». Nolan se souvenait de ce moment comme si c’était hier « Mais à chaque fois que tu as agis ou dit quelque chose, tu as démonté tout mon profil, et j’ai aimé ça. J’ai aimé aussi ta manière de dire les choses sans pincette et avec une sincérité déconcertante. Je me suis sentie bien moins seul soudainement » parce qu’on n’avait cessé de lui reprocher sa grande gueule et son manque de diplomatie « Il y a eu aussi ta passion pour l’architecture. Une passion réelle que je partage. Puis ton corps, bien sûr » avant de rire « Quoi ?! C’est vrai ! Ton sourire, tes yeux, et ton corps… Que j’aime encore plus maintenant que je le vois nu » et se pencha pour l’embrasser sans se départir de son sourire. Il se recula « Au fait, tu ne m’as pas répondu au sujet de l’endroit le plus insolite où tu as fait l’amour ».

« -leur définition peut être. Pas la mienne. Ça t’inquiète de ne pas leur plaire ? » Elle savait parfaitement que la réponse était oui. Ils avaient déjà évoqué le sujet avant d’être officiellement ensemble. Même si Nolan affichait assez naturellement un je m’en foutisme pour pas mal de chose, Maggie savait qu’il n’était pas rassurer en profondeur. Ça pouvait se comprendre. Maggie s’était bridée, avait masqué et muselé une partie de sa personnalité dans l’unique but de correspondre aux attentes de ses parents. Il avait certainement peur qu’elle ouvre les yeux, se rende compte qu’elle avait fait une erreur. Il le lui avait assez dit avant qu’elle ne quitte David. « -tu me rends heureuse. Ça compte ça non ? y’a que ça qui devrait compter. S’ils ne sont pas capable de le voir et le comprendre alors... » elle haussa les épaules sans finir sa phrase. Elle mettrait de la distance. Avec sa sœur ça ne serait pas bien compliqué. Avec sa mère un peu plus. Son père… elle savait parfaitement que ça n’était pas sa première déception de sa part, un peu plus un peu moins.

Un rire joyeux quand il se moqua d’elle à nouveau avant de baisser les yeux. « -ça va. » un haussement d’épaule avant de le regarder à nouveau : « -tout ce qui est papiers au sujet du loft, des comptes bancaire, c’est bientôt tout réglé. J’ai moins à le voir et c’est tant mieux. Parce que ses yeux de chien battu merci bien. » c’était trop tard. C’était à l’annonce de sa volonté de rompre que David aurait du vouloir se battre pour elle. Pas maintenant qu’elle avait retrouver le sourire, qu’elle se sentait bien mieux. « -j’ai demandé à ma mère d’arrêter les visites surprises et surtout ses arguments en faveur de David. Elle tente de comprendre j’imagine, parce qu’elle a peur pour moi sans doute… » forcement, Maggie n’avait pas raconté toute l’histoire, jamais parlé de Nolan, de l’effet qu’il avait eut sur elle, que c’était grâce à lui qu’elle avait ouvert les yeux. « -pour le moment ça n’est pas vraiment concret pour lui non ? Le jour où on se rencontrera, il sera capable de se faire un avis. D’en dire plus. Tes parents aiment bien tes ex femmes ? » si quelques mots de la part de Desmond pouvait semer le trouble et engendrer un tas de questions, il devait bien y avoir une raison.

La conversation avait laissé place à l’envie de faire l’amour à nouveau, et Maggie avait décidé que c’était à elle de prendre les devant. « -j’en prends bonnes notes... » répondit elle avec un sourire amusé. Elle nota également qu’elle avait adoré ses mots à son oreille durant l’acte. Puis elle écouta la réponse de Nolan, et fronça presque tout de suite les sourcils« -c’est à dire ? » demanda Maggie, il fallait qu’il en dise un peu plus. « -et tu m’as pris pour une bourgeoise coincée, maladroite et doublé d’une architecte avec un caractère de chieuse. » une petite moue du bout des lèvres avant de sourire et déposer ses lèvres sur son torse. Puis elle écouta la suite et souffla un : « -d’accord... » surprise de ce qu’il énonçait. Vraiment étonné parce que c’était tout des traits de caractère que David n’appréciait pas. Elle se mis ensuite à rire : « -forcement ! » puis elle se moqua de lui en riant : « -oh oui parce que c’est mon sourire que tu as vu en premier ! Avoue que c’est mes fesses que tu as maté ! » elle lui rendit son baiser, sourire aux lèvres avant de dire : « -oh heu oui… j’ai pas répondu parce que j’avais très envie de toi et qu’évoquer ça, ça voulait dire penser à David et il n’avait rien à foutre dans ma tête à ce moment là ! Mais pour te répondre, les toilettes d’un avion. La première année qu’on était ensemble si mes souvenirs sont bons. » ils étaient encore capable de choses dans ce genre à l’époque. Elle baissa les yeux sur les tatouages de Nolan et les caressa du bout des doigt avant de souffler : « -parfois je me demande comme j’ai pu autant me perdre… »

Nolan appréhendait le jour de sa rencontre avec les parents de Maggie, et ce n’était pas peu dire. Il ne correspondait en rien à l’image du gendre idéal, comme cela pouvait être le cas de David. Il ne portait pas de jolis costumes, ne travaillait pas à Wall Street, ne mettait pas leur fille à l’abri du besoin, et de surcroît, il déjà deux divorces à son actif et un enfant. Sans parler de son physique qui, même s’il avait le sourire charmeur et le regard rieur, contrastait avec celui de David. Barbe de plusieurs jours, tatoué, veste en cuir, moto, appartement de célibataire et grande gueule. Donc oui, Nolan appréhendait la rencontre avec les parents de sa petite-amie, et surtout les conséquences que cela pouvait engendrer… « Oui ». Et alors que Maggie se voulait rassurante en lui confiant qu’elle serait capable de mettre de la distance si sa famille ne l’acceptait pas, Nolan ne perçut pas cela comme des paroles rassurantes « Je n’ai pas envie de parler de tout ça pour le moment, d’accord ? » en lui souriant avec douceur. Nolan souhaitait garder cette légèreté dans leur conversation.

Enfin… Elle ne dura pas bien longtemps car il lui demanda comment elle se sentait face à cette séparation avec David. Mais au moins, elle était parvenue à rire entre-temps, tout autant que lui qui se moquait d’elle et de ses expressions « Il se rend compte qu’il t’a perdu ? ». Il avait un bon train de retard. Un hochement de tête quand elle lui confia que sa mère avait peur pour elle « Tu es une grande fille et pleine de ressource. Elle peut avoir confiance en toi ». Il valait mieux attendre avant de parler de lui à ses parents, parce que sa mère risquait d’avoir encore plus peur pour elle qu’auparavant, se disant qu’elle faisait une connerie, ou qu’elle avait perdu au change. En ce qui concernait Desmond, il acquiesça d’un signe de tête « Non, pas vraiment. Il sait juste que j’ai quelqu’un dans ma vie, mais ça s’arrête-là » et se mit à rire « Ils étaient ravis de ma séparation avec Julie ! » et haussa les épaules « Et ils m’en ont voulu pour mon divorce avec Helen. Ils considèrent que j’aurais pu sauver mon mariage si j’avais su apprendre de mes erreurs ». Mais il avait quelques difficultés à apprendre de ses erreurs…

Ils finirent par faire l’amour, faisant ainsi taire ce désir qui n’avait cessé de s’accroître au fur et à mesure de leur conversation, et encore plus lorsque Maggie avait ôté son haut devant lui. Un sourire quand elle prit note du souhait de Nolan d’être de nouveau à sa merci lorsqu’ils referont l’amour. Ce fut ensuite à son tour de lui dire ce qui l’avait séduit chez elle. Il se montra plus précis lorsqu’elle le lui demanda avant de se mettre à rire « Tu n’es pas loin, en effet ! » tout en baissant les yeux sur Maggie qui embrassait son torse. Il avait aimé qu’elle lui donne tort, qu’elle lui parle avec franchise, qu’elle aime autant l’architecture que lui, et bien sûr, il avait aimé son corps, ses yeux et son sourire. Un nouveau rire « Je t’ai regardé dans l’ensemble en premier, et puis dans le monte-charge, je me suis permis de te regarder plus en détail, y compris ton cul » avait-il répondu après l’avoir embrassé. Il changea ensuite radicalement de sujet et se mit à sourire en coin « Ça me rassure de savoir que tu pensais bien à moi pendant qu’on faisait l’amour » et haussa les sourcils, surpris par l’endroit « Je sens que je vais beaucoup aimer partir en vacances avec toi. On prendra que des vols longues distances » en sous-entendant qu’il n’était pas contre l’idée d’essayer l’expérience avec elle.

Le quarantenaire baissa ses yeux sur les doigts de Maggie qui caressait ses tatouages, et releva son regard sur elle, posa sa main sur sa joue « On entre dans un quotidien, dans une spirale et puis un jour, on découvre qu’on a changé… Le principal, c’est que tu te retrouves après toutes ces années à te cacher pour plaire à ton entourage » et lui sourit avec douceur tout en se rapprochant d’elle, la serrant dans ses bras, ses doigts caressant son bras. Nolan laissa passer un léger silence, et se lança sur le sujet qu’il avait souhaité éviter un peu plus tôt, parce qu’il n’avait pas envie de reporter des sujets au lendemain. Ce n’était pas sa manière d’être, et pas celle de Maggie non plus. « Pour ce qui est de la rencontre avec tes parents… J’appréhende. J’ai peur que tu mettes de la distance entre eux et toi, juste pour moi, parce que ça reste ta famille ». Il ne connaissait que trop bien la valeur qu’avait la famille. Il avait failli perdre son père quelques années auparavant, alors l’idée même qu’il serait responsable de l’éloignement de Maggie avec ses proches… Non, il n’était pas d’accord avec cette décision. « Et j’ai peur aussi que tu… comment dire ça… que tu te rendes compte que je ne suis qu’une passade. Une crise de la quarantaine en avance, et que tes parents te fassent comprendre que je ne suis pas le genre de type qu’il te faut. Donc ne pas les voir, c’est retarder l’échéance du jour où tu me quitteras ». Nolan avait dit cela en fixant la bibliothèque qui servait de séparation entre la chambre et son salon « Que quand tu te seras retrouvée, tes attentes auront changées et qu’elles ne seront plus les mêmes que lorsqu’on s’est rencontrés… ».

Un hochement de tête pour lui dire d’accord silencieusement. S’il ne tenait pas à en parler, ils aborderaient le sujet une prochaine fois. Ils ne voulaient pas assombrir la soirée, et elle comprenait. Mais évoquer David n’était pas le sujet le plus plaisant non plus. « -oui, et je pense qu’ils ont tous bien du mal à encaisser de me voir plus épanouie et mieux dans ma peau. » ils étaient tous convaincu qu’elle avait fait une erreur monumentale, ce qui ne collait pas du tout avec ses réactions personnelles. Acheter un nouvel appartement, tout reprendre depuis le début… Ils ne savaient pas que Nolan faisait parti de sa vie, et pour l’instant elle ne voulait pas leur dire. Parce que c’était son bonheur à elle, et que Maggie n’avait pas envie que quelqu’un se permettent de juger sa relation sans connaître l’homme qu’était le chef de chantier. Un métier ou des tatouages ne résumaient pas une personne. « -oui sans doute, mais se sont des peurs de maman. Je ne peux pas lui en vouloir. » c’était normal et naturelle que sa propre mère s’inquiète de tous ces changements. « -vous n’étiez peut être tout simplement pas fais pour être ensemble toute votre vie. » souffla la jeune femme. Dans une relation de couple, il n’y avait jamais de tord que d’un côté.

« -comme si tu ‘en avais douté. » marmonna Maggie en bougeant lentement la tête de gauche à droite. « -je vois que tu fantasmes déjà beaucoup sur les prochains vacances... » s’amusa Maggie avant de caresser la peau de Nolan et les dessins qui l’ornait, avant de relever les yeux sur lui. « -tu as raison... » souffla t elle comme réponse en se blottissant dans ses bras. Elle fixa un point invisible durant quelques secondes, écoutant les battements du coeur de Nolan, avant d’écouter sa voix sans bouger. « -continue. » elle savait très bien qu’il n’avait pas terminé. Mais elle ne pu faire autrement que de se redresser pour le regarder. Assise elle dit : « -quoi ?! » elle préféra ne rien ajouter tout de suite pour analyser ce qu’il venait de dire. « -attends ça veut dire quoi ? » demanda la jeune femme avec une petite pointe d’agacement dans la voix : « -tu penses sincèrement que... » elle fit rouler ses yeux devant l’absurdité de la chose : « -que le fait que je sois avec toi c’est comme un… une sorte de caprice ou d’envie du moment pour me changer les idées ? Me conforter dans mes choix ? » elle recula son visage en clignant des yeux plusieurs fois, remontant le draps sur sa poitrine avant d’ajouter après quelques secondes méditation : « -c’est pas toi qui parle quand tu dis des trucs comme ça, c’est ton manque de confiance en toi. » elle chercha le tshirt, se pencha pour le récupérer et l’enfila rapidement avant de souffler un : « -j’ai faim. » elle n’avait rien mangé tout de l’heure et ça lui faisait une excuse pour se lever. Elle récupéra également sa petite culotte en dentelle.

La mauvaise foi fit son entré en scène. « -enfin tu as peut être raison après tout. C’est vrai, je viens de faire voler en éclat ma petite vie bien rangée, tout ça pour me laisser encore et encore influencer par mes parents. » elle gagna la cuisine et fouilla dans les placards, trouvant des céréales qui feraient parfaitement l’affaire. Un bol, et elle revint prêt du lit après en avoir mangé trois pépites. « -si ça t’angoisse tant que ça de rencontrer mes parents, je te les présenterais dans dix ans, voir vingt ans ! » elle exagérait. Elle reprit place sur le lit, croisant les jambes en tailleur, ses coudes sur les genoux, ses mains tenant son bol : « -peut importe ce que je pourrais dire, si tu as ces doutes en toi… je... » elle haussa les épaules en le regardant : « -je peux seulement te demander de croire en moi, en nous même je dirais. Et d’avoir confiance en moi. Qui sais peut être qu’on aura même pas besoin de mes parents pour tout faire merder ! » un léger rire nerveux. « -il faut vraiment que tu arrêtes avec ton complexe d’infériorité. Je m’en fou de tes sous, je m’en fou qu’on vive plus tard dans un palace ou une cabane, je veux seulement qu’on soit ensemble. Toi et moi. Et qu’on soit heureux. Et ça… David savait pas le faire. »

Épanouie et mieux dans sa peau… Cela aurait dû rassurer Nolan, mais il n’en était rien. Tout ce qu’il entendait, c’était que la famille de Maggie ne comprenait pas qu’elle se sente si libérée de son choix et avait même du mal à l’accepter. Alors qu’en sera-t-il lorsqu’ils sauraient qu’il était en partie responsable de sa décision ?! Toutefois, il resta silencieux sur sa pensée, une fois encore, et répondit un « Il s’attendait plutôt à devoir essuyer tes larmes en te rendant compte que tu avais fait le mauvais choix » tout en esquissant un sourire tout en douceur, tout comme lorsqu’il répondit « C’est une maman » au sujet des inquiétudes de la mère de Maggie. La sienne n’était pas mieux le concernant lorsqu’il lui arrivait des coups durs. « Nous en sommes arrivés à cette conclusion avec Helen » et c’était pour cela que leur divorce s’était passé en toute quiétude, sans éclats de voix ou d’assiettes brisées au sol, et cela, jusqu’à devenir des amis proches aujourd’hui.

Le chef de chantier se mit à rire doucement tout en répondant un « Pas vraiment non » alors qu’il fantasmait déjà sur leurs futures vacances « Je suis un visionnaire ». Le changement de sujet de Maggie fit disparaître son sourire et se montra plus sérieux, peut-être trop sérieux quand il évoqua ses doutes à voix haute. Ce n’était pas chose aisée pour lui que de mettre des mots sur ses craintes, mais il se devait de le faire. Néanmoins, la réaction de Maggie n’était pas celle à laquelle il s’était attendu. Elle s’agaçait… Et ça le fit soupirer alors qu’il se redressa aussi dans les draps, posant son dos contre le mur en brique, le reste du drap couvrant le bas de son corps « Non Maggie… Ce n’est pas ce que je crois. C’est ma crainte ». Intérieurement, Nolan encaissa mal sa réaction tout en détournant le regard. Sans bouger la tête, il lui lança un regard en coin tout en rétorquant « Tu crois ?! ». Évidemment que c’était son manque de confiance en lui qui parlait. Qui d’autres ?! Nolan ramena ses genoux contre son torse et se passa les deux mains sur le visage tout en soupirant lorsqu’elle s’habilla pour se rendre dans la cuisine. Il reposa sa tête contre le mur derrière lui, déjà épuisé par la conversation… la dispute qui pointait le bout de son nez.

Lorsque Maggie reprit parole, Nolan ne décolla pas sa tête du mur derrière lui, la faisant seulement pivoter vers elle, puis finalement la redressa en entendant les mots de la jeune femme. Silencieux, il reposa l’arrière de sa tête contre le mur, ne sachant plus s’il devait être en colère ou épuisé par la réaction de sa petite-amie. Et voilà qu’elle se mettait à exagérer sans raison. Renfermé dans son mutisme, il serra la mâchoire tout en attendant que la pression redescende au risque de réveiller les voisins par leurs éclats de voix. Il ferma les yeux avec force, continuant de l’écouter et il n’avait pas envie de rire en entendant la fin de sa phrase, parce qu’il ne savait que trop bien ce que ça faisait que d’être responsable de l’échec d’une relation ou d’un mariage… Il réouvrit les paupières, redressa la tête et prit enfin la parole « Ce n’est pas une question d’argent Maggie. C’est une question que tu es trop bien pour moi, sur tous les plans. Tu es la fille populaire qui se rebelle contre ses parents, et je suis le garçon au fond de la classe qui n’aura jamais le courage de te dire qu’il tient à toi ». Ce fut à son tour de quitter le lit, enfilant rapidement son boxer pour ouvrit l’une de ses fenêtres et inspirer l’air frais et revint vers le lit « Je te parle de mes craintes et toi, tout ce que tu fais, c’est t’emporter. C’est quoi le souci Maggie ?! C’est que tu ne sais pas comment me faire entendre raison ? Ou que tu as des doutes sur ce que je viens de te dire, et que c’est peut-être une hypothèse ? » alors qu’il croisait les bras contre son torse, comme s’il s’enlaçait lui-même. Son corps trahissait son esprit. Il se protégeait. Il avait peur d’avoir mal. Il baissa la tête, poussa un soupir « Les types comme moi, qui n’ont pas confiance en eux, ne sortent pas normalement avec des filles comme toi. Mais au lieu de me rassurer en me disant que tu tiens à moi et que tout ira bien, tu joues la mauvaise foi et l’exagération. Tu ne comprends pas que si j’ai peur de te perdre, c’est parce que je tiens vraiment à toi ? Que je… Laisse tomber. Tu as peut-être raison, on n’aura peut-être pas besoin de tes parents pour tout faire merder… » et ferma les yeux avec force « La prochaine fois, je garderais mes craintes pour moi » et récupéra ses affaires au pied du lit pour les poser sur la chaise posée dans un coin à cet effet, et se rendit dans la cuisine pour boire un grand verre d’eau.  

La soirée avait été parfaite de bout en bout. Là tout de suite, elle aurait préféré qu’il remette à encore plus tard l’explication qu’il était en train de lui donner. Crainte ou pas, elle prit assez mal ce qu’il venait de dire. Comment pouvait il imaginer qu’il n’était qu’une sorte de passe temps ? C’était bien mieux qu’il ne dise rien, et ainsi n’aggrave pas les choses. D’ordinaire, lorsque ça tournait ainsi avec David soit l’un soit l’autre quittait les lieux. La plus part du temps, elle. Pour s’enfermer dans la salle de bain, pleurer un coup sous la douche. Et quelques heures plus tard ils faisaient comme si rien ne s’était passé. Sauf qu’il s’agissait de Nolan et qu’elle n’avait pas envie de laisser couler. Comme à chaque fois qu’ils se disputaient, elle fit preuve de mauvaise foi. Il allait falloir qu’il s’y fasse. Ou qu’il ajoute ça à la liste de ses défauts. « -et que donc quoi ? Que la fille populaire elle décide de sortir avec le mec du fond de la classe simplement pour s’amuser un peu ? » elle le fixa des yeux durant de longues secondes, ne comprenant pas pourquoi est ce qu’ils doutaient tant.

« -je n’ai aucun doute moi. » répondit la jeune femme avec sa sincérité et son aplomb déconcertant. Elle voyait bien qu’il était mal mais qu’est ce qu’elle pouvait faire ! Lui non plus n’était un petit chiot à qui elle pouvait grattouiller la nuque. C’était un homme adulte avec un vécu bien assez lourd côté sentimentale. D’accord il avait peur, elle l’avait compris mais elle l’interprétait autrement. Il n’avait pas confiance en lui, mais il n’avait pas confiance en elle non plus. Elle haussa les sourcils en entendant les mots : filles comme toi. Ça voulait dire quoi exactement ? Que leur relation était une aberration ? « -mais bien sur que si je le comprends ! Et non je laisserais pas tomber ! » Non visiblement juste elle ça allait suffire. Maggie baissa les yeux et soupira en l’entendant battre en retraite et s’éloigner.

Dos à la cuisine, en tailleur sur le lit, elle prit quelques secondes pour laisser retomber la pression chez elle comme chez lui. Puis elle se leva, et silencieusement elle s’approcha de la cuisine. Elle déposa son bol sur le comptoir et vint glisser ses bras autour de la taille de Nolan, collant sa joue contre son dos. Ça serait peut être plus simple ainsi. « -pardonnes moi… » commença la jeune femme en sachant très bien que c’était trop facile de demander ça. « -je… j’aurai pas du réagir ainsi. Je comprends… mais… » elle déposa ses lèvres sur la peau de Nolan avant d’ajouter sur un ton de confidence : « -si tu n’as pas confiance en toi, je voudrais que tu aie confiance en moi. Parce que j’en ai besoin. Parce que je veux être avec toi et seulement avec toi. » elle marqua un silence avant de se détacher lentement et de reculer de quelques pas. « -je crois que… je crois que tu ne te rends pas compte de ce que tu éveilles en moi. Des sentiments que j’ai. Je veux pas te perde. Je veux que tu crois en nous. Pas que tu te demandes si chaque fois qu’on se vois si ça sera la dernière avant que je me réveille. Je suis bien éveillé Nolan, et je… » elle haussa les épaules en signe d’impuissance : « -je t’aime… » elle ferma les yeux en levant les deux mains : « -je t’en pris ne pars pas en courant. » ça ne servait à rien d’attendre encore cent mille ans. Les sentiments qu’elle avait pour lui étaient réels ! Ils étaient probablement là depuis le début ! Dans la sorte de stress et d’angoisse qu’elle avait dans le creux du ventre avant qu’ils ne se voient, dans les battements de son coeur qui s’emballait lorsqu’elle le voyais, dans le chamboulement qu’il avait été capable de mettre dans sa vie et dans sa tête.

Maggie finit par croiser les bras et porter son index à ses lèvres, ne sachant pas comment il allait réagir à tout ça. Elle s’en voulait de tout gâcher, de ternir leur soirée. « -tu vas me prendre pour une dingue mais j’ai cette sensation que tu es la personne qu’il fallait à ma vie pour quelle soit belle, pour qu’elle vaille vraiment le coup d’être vécu. Jusqu’à présent y’avait comme un manque, un sorte d’incomplet que David était incapable de combler... » si ses parents l’aimaient un tant soit peu, ils seraient à même de comprendre ça non ? Ils avaient un coeur à la base ! "-j'ai pas envie de laisser tomber, j'ai pas envie de tout gâcher... "

La douceur de la soirée s’était rapidement envolée au moment même où Nolan avait mis des mots sur des craintes. Il s’était attendu à biens des réactions, mais pas à celle de Maggie. Une fois encore, elle lui donnait tort. Mais ce soir, il aurait aimé qu’il en soit autrement… La voir se laissait emporter par l’agacement parce qu’il avait peur qu’elle se lasse de lui ne faisait qu’accroitre ses craintes, ainsi que son propre agacement. Alors, pour ne pas se laissait emporter et prononcer des paroles qui dépasseraient sa pensée, Nolan se renferma dans son mutisme jusqu’à ce qu’elle évoque l’argent. Ce n’était pas une question d’être plus riche ou moins riche que pouvait l’être David, c’était tout simplement qu’il était aux antipodes de ce dernier et qu’il craignait qu’elle ne se lasse, qu’il ne soit que de passage dans sa vie. Comme lors du scénario qu’ils avaient inventé de toute pièce quelques instants auparavant : Il était l’adolescent au fond de la classe et elle était la fille populaire. Deux mondes. « Non. Sortir avec lui jusqu’à ce que ses parents lui fassent comprendre qu’elle mérite mieux » avait-il alors répondu avec aplomb, son regard se posant sur elle lorsqu’il prononça les derniers mots. Elle méritait mieux.

Néanmoins, la réaction de cette dernière l’inquiéta d’autant plus. Deux hypothèses s’offraient donc à eux : Soit elle ne savait pas comment le rassurer, soit elle doutait elle aussi du rôle qu’il jouait dans sa vie en ce moment. La réponse de Maggie fut sans appel et avec une sincérité déconcertante. Il ne répondit rien, tentant de lui faire comprendre le fond de sa pensée, pour finalement baisser les bras. Il n’aurait jamais dû parler de tout cela. Maggie avait peut-être raison, ils allaient peut-être courir eux-mêmes à leur perte, pas besoin de l’ingérence de ses parents dans leur relation… Fatigué, Nolan s’éloigna pour rejoindre la cuisine, avalant un grand verre d’eau qu’il déposa au fond de l’évier, et posa ses mains sur le rebord de ce dernier, la tête baissée entre ses épaules. Il avait mal en cet instant et avait seulement envie de prendre la porte et partir loin. Mais il savait aussi qu’il risquait de la perdre en faisant cela, alors il resta ainsi, essayant de retrouver son calme. Il se raidit un bref instant en sentant les bras de Maggie autour de son corps, ne s’attendant pas à la voir venir et se détendit presque aussitôt, posant sa main sur les siennes, tout en l’écoutant. La pardonner… Lui faire confiance… Il la sentit s’éloigner et Nolan se retourna après une brève hésitation, restant toujours collé contre l’évier, ses bras croisés contre son torse, comme un peu plus tôt.

Le regard rivé sur un point invisible sur le sol, la tête baissée, Nolan la laissa poursuivre jusqu’à entendre ces trois petits mots qui lui fit relever les yeux sur elle. Elle l’aimait… Et lui demandait de ne pas partir. Il répondit dans un murmure « Je ne vais nulle part », signifiant qu’il la laissait poursuivre. Nolan ne s’attendait pas à entendre ces mots. Il rendait sa vie un peu plus belle… Personne d’autre ne lui avait dit cela avant elle, ce soir, dans sa cuisine. Quoi répondre à cela ?! Il décroisa les bras, se passa les deux mains sur son visage, encaissant tout cela, et reposa ses mains contre le rebord de l’évier derrière lui. Silencieux, il baissa la tête, puis se mit à sourire, relevant son regard brun sur elle « Tu m’aimes ?! » et acquiesça lentement de la tête, répondant presque timidement « On ne m’a jamais dit ça auparavant, tu sais. Que je pourrais rendre ta vie plus belle, qu’elle mérite d’être vécu. C’est nouveau… ». Il se pencha en avant pour retirer la main de Maggie qu’elle portait à ses lèvres, et l’attira à lui, glissant ses bras autour de sa taille « Tu m’as fait mal tout à l’heure » et posa son doigt sur les lèvres de cette dernière « Je ne te dis pas ça pour que tu t’excuses ou culpabilise, laisse-moi terminer » et retira lentement son doigt pour entourer de nouveau sa taille de ses deux bras « Je me rends compte que j’ai dû te faire mal aussi en disant que j’avais peur d’être une passade pour toi » sinon elle n’aurait sûrement pas réagi ainsi, si brusquement. Il le comprenait maintenant qu’il était plus calme. « Je ne te promets pas que je n’aurais pas peur à l’avenir, parce que je reste convaincu que tu es trop bien pour moi – Un petit sourire dont il avait le secret - Mais j’ai envie de tout faire pour que ça marche entre nous. Pour que tes parents se rendent compte que je suis à la hauteur. Tu m’as donné bien souvent tort et j’ai envie de leur donner tort à mon tour. Pour toi ». Il fit glisser ses mains jusqu’à ses hanches, puis les posa sur son visage avec douceur « Si je te dis que je t’aime maintenant, ça va faire copieur et je n’aime pas ça. J’ai de la personnalité » en se mettant presque à rire, puis l’embrassa avec tendresse, et souffla « Je t’aime Maggie chérie » et ajouta dans un murmure « Je n’ai aucune personnalité ».

Maggie avait mis tout ce qu’elle avait dans la bataille, réalisant qu’elle avait mal réagit et qu’elle avait certainement blessé Nolan. Il s’était montré sincère et elle n’avait pas su l’écouter et le rassurer comme il le fallait. Mais c’était nouveau ça pour elle, un homme capable de dire exactement ce qu’il pensait, d’avouer ce qu’il avait su le coeur. Nolan et David n’étaient pas fait du même bois -encore une expression de vieux. David était quelqu’un de rationnel, toujours constant dans ce qu’il ressentait. Nolan lui, était un passionné et forcement ils ne réagissaient pas du tout de la même façon. Et c’était ça qu’elle voulait. Même si pour l’instant elle le gérait assez mal. Mais elle tentait au mieux de rattraper son erreur, de lui faire comprendre qu’elle était désolée, qu’encore une fois elle avait merdé, mais qu’il ne devait pas s’inquiéter ainsi. Elle ne calcula rien et elle lui avoua l’aimer alors qu’à la base elle n’avait pas prévu de lui dire ça tout de suite. Trop tard. Sur le coup elle eut peur de l’effet que cela allait avoir alors elle lui demanda de ne pas partir en courant.

« -oui je sais, c’était peut être pas le bon moment pour le dire, mais en même temps je ne suis pas certaine qu’il y ait de bon moment pour ça. Et puis… et puis je… enfin ça fait peut de temps qu’on est ensemble mais ça fait bien plus longtemps qu’on se connaît et… » mais elle laissa sa phrase en suspens, la bouche ouverte, penchant légèrement la tête pour écouter ce qu’il disait. « -quoi ? » demanda Maggie à mi voix, ayant du mal à croire que durant deux mariages ni Helene ni Julie n’avaient dit ces mots. Mais Nolan poursuivit et elle comprit mieux. Lorsqu’il prit sa main elle réalisa dans quelle position elle était, avançant de deux pas pour le rejoindre. « -je sui... » commença la jolie rousse avant d’être coupé dans son élan. Elle ferma la bouche pour écouter la suite et le laisser s’expliquer comme il le lui demandait. Puis elle baissa les yeux pour unique réponse. Oui, elle n’avait pas vraiment apprécié non plus.

« -tu n’as rien à prouver à personne. Surtout pas à mes parents. Je suis plus une gamine depuis longtemps. C’est à eux d’évoluer et de comprendre que je suis capable de faire les choix dont j’ai envie. Et mon choix c’est toi. Toi et moi. » elle caressa la joue mal rasé de Nolan et ajouta avec douceur : « -je ne veux pas que tu changes pour ça. Parce que c’est ta version actuelle de toi que j’aime. Pas une autre qui rentrerait mieux dans le cadre étriqué de la vision des choses de mes parents. » c’était vraiment important pour elle. « -t’es pas obligé de le dire. » répliqua Maggie avec son sens du tact à toute épreuve. Elle ferma les yeux pour savourer ce baiser, soulagé et heureuse qu’ils aient été capable de se comprendre. « -dis le autant que tu veux et quand tu veux, je me lasserais pas de l’entendre... » lui souffla la jeune femme en retour, avant d’ajouter pour se foutre de lui et vraiment conclure tout ça : « -copieur ! » pour ensuite venir se blottir dans ses bras. « -quoi qu’il en soit, je suis désolée… c’est mon égo qui a réagit et… » elle grimaça quelque peu avant d’ajouter : « -ce qui est nouveau pour moi c’est de partager ma vie avec quelqu’un capable d’exprimer ce qu’il ressent. C’est assez troublant et la preuve en est, je sais pas encore le gérer comme il faut... »